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Abbaye de Corbie
abbaye de Corbie L'abbatiale Saint-Pierre, dont la construction fut amorcée en 1520, est aujourd'hui amputée de son chœur suite à la vente des biens ecclésiastiques sous la Révolution. Latitude
LongitudePays France Région Picardie Département Somme (80) Ville Corbie Culte Catholique romain Type abbaye Rattaché à Ordre bénédictin Début de la construction VIIe siècle Fin des travaux XVIe siècle Localisation Géolocalisation sur la carte : France modifier L’abbaye Saint-Pierre de Corbie est un monastère bénédictin fondé en 657 par la reine Bathilde, mère du roi franc Clotaire III. Par la production de son scriptorium et l'activité de ses missionnaires, elle joua un rôle de premier plan dans la Renaissance carolingienne.
Sommaire
Fondation
La reine Bathilde imagina dès 650 de convertir en abbaye le fort de Corbie dominant la vallée de la Somme.
Le premier abbé, Théofroy, un moine de l'abbaye de Luxeuil, prit ses fonctions en 657-658. Suivant la tradition bénédictine, le monastère forma d'emblée des moines lettrés, tels Leutcharius, Abellinus et Martin de Corbie qui fut précepteur du futur intendant du palais, Charles Martel. Théofroy eut pour successeurs Adalard de Corbie (le fondateur de l'abbaye-sœur de Corvey en Westphalie), Wala, et le théologien Paschase Radbert. D’après les recherches récentes du médiéviste allemand Klaus Zechiel-Eckes, Paschase Radbert serait l'auteur des Fausses décrétales, un apocryphe que l'historien Johannes Haller juge comme l'une des plus grandes falsifications historiques[1].
Scriptorium
La bibliothèque d'Amiens détient plusieurs manuscrits exécutés dans le scriptorium de l'abbaye de Corbie, qui fut, avec celui de l'abbaye de Fulda, l'un des plus importants du Moyen Âge. Les moines y mirent au point une écriture fameuse, la minuscule caroline de Corbie. Un nombre important de manuscrits semble avoir été produit sous la direction du bibliothécaire de l'abbaye, Hadoard. Parmi les textes de l'Antiquité préservés par le travail des moines de Corbie, on trouve :
- le Vaticanus Latinus 3864, unique témoin des discours de Salluste ;
- le Laurentianus 63,20, contenant le texte de la troisième Décade de Tite-Live ;
- le Classicus Latinus F. V. 1 conservé aujourd'hui à Léningrad, l'un des deux témoins du De re rustica de Columelle ;
- le Parisinus Latinus 12161, un palimpseste contenant des fragments des lettres de Fronton ;
- plusieurs manuscrits uniques de Tertullien[2], formant le corpus Corbiense, dont des pseudépigraphes de Tertullien dus à Novatien ;
- quelques traités des hérésiarques montanistes[3] ;
Le scriptorium a également joué un rôle important dans la diffusion des connaissances mathématiques, car on y a recopié les géométries de Boèce et de Cassiodore[4].
L’abbaye de Corbie fut mise à sac et incendiée par les Vikings en 881 mais fut bientôt reconstruite ; elle bénéficia par la suite de plusieurs privilèges royaux, sans toutefois retrouver le rayonnement politique et culturel qui était le sien dans la première moitié du IXe siècle.
En 1638, 400 manuscrits sont transférés à la bibliothèque de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés à Paris. Puis sous la Révolution l'abbaye ferme ses portes et sa congrégation est dispersée ; suite au décret de confiscation de la Convention nationale, les 300 manuscrits qui restaient à Corbie prennent la direction de la bibliothèque d'Amiens. Quant aux manuscrits de Saint-Germain-des-Prés, ils sont pillés et mis en vente : quelques rares manuscrits seront rachetés par la suite par un diplomate russe, Piotr Doubrovsky, et sont aujourd'hui consultables à Saint-Pétersbourg. D'autres manuscrits de Corbie appartiennent à la Bibliothèque nationale de France. Au total, plus de deux cents manuscrits du scriptorium de Corbie ont survécu jusqu'à aujourd'hui.
Moines et missionnaires
- Martin de Corbie
- Paschase Radbert (né à Soissons vers 790, mort à Saint-Riquier en 851)
- Adalard de Corbie, abbé de Corbie de 780 à 815 puis de 821 à 826, compagnon d'armes de Charlemagne.
- Wala, abbé de 826 à 835
- Ratramne de Corbie
- Jean Mabillon, le père de la paléographie, a été moine à l'abbaye de Corbie.
- Colette de Corbie
Voir aussi
Notes et références
- ↑ "...ein der größten Betrug der Weltgeschichte". Ces pseudo-décrétales visaient à justifier l'autonomie des évêques vis-à-vis des archevêques (métropolites) et du pouvoir temporel.
- ↑ Cf. (en) Recensements des livres de la bibliothèque de Corbie
- ↑ L'origine de ce corpus d'écrits hérétiques n'est toujours pas clairement identifiée.
- ↑ [pdf] Marie-Thérèse Zenner, « Villard de Honnecourt and Euclidian geometry », Nexus journal. Consulté le 18 mai 2008.
- Ph. Pinchemel, J. Godard, R. Normand et C. Lamy-Lassalle, Visages de la Picardie, Horizons de France, coll. « Provinciales », Paris, 1949, 18,5x23,5 cm, 180 p., « La Picardie intellectuelle et littéraire », p. 90, « L'abbaye de Corbie »
- L.D. Reynolds et N.G. Wilson (trad. C. Bertrand, P. Petitmengin), D'Homère à Erasme : la transmission des classiques grecs et latins [« Scribes and scholars: A Guide to the Transmission of Greek and Latin Literature »], Editions du CNRS, Paris, 1986 (réimpr. 1986, 1991), 16x24 cm, XVI pl. + 262 p. (ISBN 2-222-03290-3)
- (en) David Ganz, « Corbie in the Carolingian Renaissance », dans Beihefte der Francia, Institut Historique Allemand, Sigmaringen, vol. 20, 1990
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