Wagnérien

Wagnérien

Richard Wagner

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Richard Wagner
Portrait de Richard Wagner (Munich, 1871)  Photographe : Franz Hanfstaengl
Portrait de Richard Wagner (Munich, 1871)
Photographe : Franz Hanfstaengl

Naissance 22 mai 1813
Leipzig, Allemagne Allemagne
Décès 13 février 1883
Venise, Italie Italie
Activité principale Compositeur
Style Opéra
Activités annexes Critique musical
Années d'activité 1833-1882
Collaborations Franz Liszt
Conjoint Minna Planer, Cosima Wagner
Descendants Siegfried Wagner
Œuvres principales

Wilhelm Richard Wagner (22 mai 1813, Leipzig - 13 février 1883, Venise) est un compositeur allemand.

Génie d'une rare universalité, Wagner doit son importance dans l'histoire de la musique occidentale à ses opéras, en particulier L'Anneau du Nibelung, festival scénique en un prologue et trois journées dont il écrivit lui-même les poèmes et dont la conception bouscula délibérément les habitudes de l'époque pour aller, selon ses propres termes, vers un « art total » : spectacle complet, mélodie continue et emploi du leitmotiv.

« La musique rejoint le vers pour former, depuis Wagner, la poésie. »

— Stéphane Mallarmé, Divagations

Sa vie bohème et fantasque lui fit endosser de multiples habits : révolutionnaire sans le sou, fugitif traqué par la police, homme à femmes, confident intime du roi Louis II de Bavière, critique et analyste musical, intellectuel en proie aux errements idéologiques de son époque qui sera récupéré par les nazis : son comportement et ses œuvres ne laissaient personne indifférent ; aussi doué pour nouer des amitiés dans les cercles artistiques et intellectuels que pour les transformer en inimitiés, sachant créer le scandale comme l'enthousiasme, il a suscité des avis partagés et souvent enflammés de la part de ses contemporains. Ses conceptions artistiques avant-gardistes ont eu une influence déterminante dans l'évolution de la musique dès le milieu de sa vie.

À l'égal d'un Verdi né la même année, mais au style radicalement différent, il est considéré comme l'un des plus grands compositeurs d'opéras du XIXe siècle.

Sommaire

Biographie

La jeunesse

Richard Wagner est né à Leipzig le samedi 22 mai 1813. Son père, petit fonctionnaire municipal, mourut six mois après sa naissance. Au mois d'août de l'année 1814, sa mère épousa l'acteur Ludwig Geyer qui pourrait bien être le véritable père de Wagner. Geyer mourut quelques années plus tard, non sans avoir transmis au jeune Richard sa passion pour le théâtre.

Wilhelmine "Minna" Planer (1835), par Alexander von Otterstedt.

Ce dernier nourrit d'abord l'ambition de devenir dramaturge, puis, vers l'âge de quinze ans, découvrit la musique qu'il décida d'étudier en s'inscrivant à l'université de Leipzig (1831). Parmi les compositeurs qui ont exercé sur lui une influence notable, on peut citer Carl Maria von Weber et Ludwig van Beethoven[réf. nécessaire].

En 1833, Wagner avait achevé l'un de ses premiers opéras, Les Fées. Cette œuvre, qui imitait nettement le style de Weber[réf. nécessaire], ne sera pas représentée avant un demi-siècle (1888). À la même époque, il réussit à décrocher successivement les postes de directeur musical aux opéras de Wurtzbourg et de Magdebourg, ce qui le sortit de quelques ennuis pécuniaires. C'est à cette époque que Wagner écrivit La Défense d'aimer (Das Liebesverbot), opéra inspiré d'une pièce de William Shakespeare (Mesure pour mesure). La création eut lieu en 1836, mais l'œuvre fut accueillie avec peu d'enthousiasme.

Un peu plus tard, en 1836, Wagner épousa l'actrice Minna Planer. Le couple emménagea alors à Königsberg puis à Rīga, où Wagner occupa le poste de directeur musical. Après quelques semaines, Minna le quitta pour une autre personne qui la laissa sans le sou[réf. nécessaire]. Bien que Wagner acceptât son retour, ce fut le signe annonciateur de la progressive décadence de leur mariage qui se termina dans la souffrance, trente années plus tard.

Avant même 1839, le couple était criblé de dettes et dut fuir Riga pour échapper à ses créanciers (les ennuis d'argent devaient tourmenter Wagner le restant de ses jours). Pendant leur fuite à Londres, ils furent pris dans une tempête qui inspira à Wagner Le Vaisseau fantôme. Le couple vécut également quelques années à Paris où Richard gagnait sa vie en réorchestrant les opéras d'autres compositeurs[réf. nécessaire].

Dresde

En 1840, Wagner mit la dernière main à son opéra Rienzi. Il retourna en Allemagne deux ans plus tard pour le faire jouer à Dresde, où il rencontra un succès considérable. Wagner s'installa dans cette ville où il vécut six ans, exerçant avec brio le métier de chef d'orchestre du grand théâtre. Pendant cette période, il composa et mit en scène Le Vaisseau fantôme et Tannhäuser, ses premiers chefs-d'œuvre.

Le séjour des Wagner à Dresde dut prendre fin en raison de l'engagement de Richard dans les milieux anarchistes[réf. nécessaire]. Dans les États allemands indépendants de l'époque, un mouvement nationaliste commençait à faire entendre sa voix, réclamant davantage de libertés ainsi que l'unification de la nation allemande. Wagner, qui mettait beaucoup d'enthousiasme dans son engagement, recevait fréquemment chez lui des anarchistes, tels que le Russe Bakounine[réf. nécessaire].

Le mécontentement populaire contre le gouvernement saxon, largement répandu, parvint à ébullition en avril 1849, quand le roi Frédéric-Auguste II de Saxe décida de dissoudre le Parlement et de rejeter la nouvelle constitution que le peuple lui présentait. En mai, une insurrection — vaguement soutenue par Wagner[réf. nécessaire] — éclata. La révolution naissante fut rapidement écrasée par les troupes saxonnes et prussiennes et des mandats d'arrêt furent délivrés contre les révolutionnaires. Wagner fut forcé de fuir, d'abord à Paris, puis à Zurich.

Exil et influences conjuguées de Schopenhauer et Mathilde Wesendonck

C'est en exil que Wagner passa les douze années suivantes. Ayant achevé Lohengrin avant l'insurrection de Dresde, il sollicita son ami Franz Liszt, le priant de veiller à ce que cet opéra fût joué en son absence. Liszt, en bon ami, dirigea lui-même la première à Weimar, en août 1850.

Wagner se trouvait néanmoins dans une situation très précaire, à l'écart du monde musical allemand, sans revenu et avec fort peu d'espoir de pouvoir faire représenter les œuvres qu'il élaborait. Sa femme Minna, qui avait peu apprécié ses derniers opéras, s'enfonçait peu à peu dans une profonde dépression. Pour couronner le tout, Wagner fut lui-même atteint d'érysipèle, ce qui accrut encore la difficulté de son travail[réf. nécessaire].

Pendant les premières années qu'il passa à Zurich, Wagner produisit un ensemble de remarquables essais (L'Œuvre d'art de l'avenir, Opéra et Drame) ainsi qu'un ouvrage antisémite, Le Judaïsme dans la musique. Avec L'Œuvre d'art de l'avenir (1849), il présente une nouvelle conception de l'opéra, la « Gesamtkunstwerk » ou « œuvre d'art totale », dans laquelle la musique, le chant, la danse, la poésie, le théâtre et les arts plastiques sont mêlés de façon indissociable.

Au cours des années qui suivirent, Wagner tomba sur deux sources d'inspiration indépendantes qui allaient le mener à son opéra révéré entre tous, Tristan et Isolde.

La première fut la découverte de la philosophie d'Arthur Schopenhauer. Wagner prétendra plus tard que cette expérience fut le moment le plus important de sa vie[réf. nécessaire]. La philosophie de Schopenhauer, axée sur une vision pessimiste de la condition humaine, fut très vite adoptée par Richard Wagner, ses difficultés personnelles n'étant vraisemblablement pas étrangères à cette adhésion. Il restera toute sa vie un fervent partisan de Schopenhauer, même quand sa situation personnelle sera moins critique.

Selon Schopenhauer, la musique joue un rôle central parmi les arts car elle est le seul d'entre eux qui n'ait pas trait au monde matériel[réf. nécessaire]. Cette opinion trouva un écho en Wagner qui l'adopta très vite, malgré l'incompatibilité apparente avec ses propres idées selon lesquelles c'est la musique qui est au service du drame. Quoi qu'il en soit, de nombreux aspects de la doctrine de Schopenhauer transparaîtront dans ses livrets ultérieurs : Hans Sachs, le poète cordonnier des Maîtres Chanteurs, est une création typiquement schopenhauerienne[précision nécessaire].

Mathilde Wesendonck (1850) par Karl Ferdinand Sohn.

C'est sous l'influence de Schopenhauer (fortement influencé par la philosophie orientale [réf. nécessaire]) que Richard Wagner deviendra végétarien et défenseur de la cause animale dont il développera une apologie dans Art et Religion[1]. . Il transmettra plus tard, mais temporairement, ce point de vue à Nietzsche.

La seconde source d'inspiration de Wagner fut le poète et écrivain Mathilde Wesendonck, la femme du riche commerçant Otto von Wesendonck. Il rencontra le couple à Zurich en 1852. Otto, grand admirateur de Wagner, mit à sa disposition une petite maison de sa propriété. Au bout de quelques années, Wagner s'était épris de Mathilde. Bien que ses sentiments fussent réciproques, Mathilde n'avait nullement l'intention de compromettre son mariage. Aussi tenait-elle son mari informé de ses contacts avec Wagner[réf. nécessaire]. Néanmoins, on ne saura jamais si cette liaison resta platonique ou eut une ou deux fois un début de concrétisation. Wagner n'en laissa pas moins de côté, brusquement, la composition de la Tétralogie – qu'il ne reprendra que douze ans plus tard – pour commencer à travailler sur Tristan et Isolde, œuvre issue d'une crise psychosomatique déclenchée par cet amour non réalisable, et correspondant à la perfection au modèle romantique de l'œuvre inspirée par les sentiments contrariés. Du reste, deux des ravissants Wesendonck-Lieder, Träume et Im Treibhaus, composés sur les poèmes de Mathilde, seront repris, étoffés, dans Tristan : Träume donnera « Descend sur nous nuit d'extase » et Im Treibhaus l'inquiétant prélude du troisième acte et ses sombres accords confiés aux violoncelles et contrebasse.

En 1858, Minna intercepta une lettre de Wagner à Mathilde. Wagner, après la confrontation qui s'ensuivit, quitta Zurich pour Venise[réf. nécessaire]. Il retourna à Paris l'année suivante afin de superviser la mise en scène d'une adaptation de Tannhäuser dont la création, en 1861, provoqua un scandale. Les représentations à venir furent alors annulées et Wagner quitta la ville précipitamment[réf. nécessaire].

Quand il put enfin retourner en Allemagne, il s'installa à Biebrich, en Prusse, où il commença à travailler sur Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg. Cet opéra est de loin son œuvre la plus joyeuse. Sa seconde femme Cosima écrira plus tard : « Puissent les générations futures, en cherchant du rafraîchissement dans cette œuvre unique, avoir une petite pensée pour les larmes qui ont mené à ces sourires ! [réf. nécessaire]». En 1862, Wagner se sépara finalement de Minna, mais il continuera de la soutenir financièrement jusqu'à sa mort en 1866 (ou du moins ses créanciers le feront-ils).

Sous le patronage du roi Louis II de Bavière

Cosima Liszt von Bülow Wagner (1877).

La carrière de Wagner prit un virage spectaculaire en 1864, lorsque le roi Louis II accéda au trône de Bavière à l'âge de 18 ans. Le jeune roi, qui admirait les opéras de Wagner depuis son enfance, fit venir le compositeur à Munich, régla ses considérables dettes et s'arrangea pour que son nouvel opéra puisse être représenté. Malgré les énormes difficultés rencontrées lors des répétitions, la création de Tristan et Isolde le 10 juin 1865 fut un succès retentissant.

Pendant ce temps, Wagner se trouvait mêlé à une nouvelle affaire qui concernait sa liaison avec Cosima von Bülow. Celle-ci était la femme d'un fervent partisan de Wagner : Hans von Bülow, le chef d'orchestre qui avait dirigé la création de Tristan. Fille de Franz Liszt et de la célèbre comtesse Marie d'Agoult, elle était de vingt-quatre ans la cadette de Wagner. En avril 1865, elle accoucha d'une fille illégitime qui fut prénommée Isolde. La nouvelle s'ébruita rapidement et scandalisa tout Munich. Pour ne rien arranger, Wagner était tombé en disgrâce parmi les membres de la Cour qui le soupçonnaient d'influencer le jeune roi. En décembre 1865, Louis II fut contraint de demander au compositeur de quitter Munich. Il aurait caressé un instant l'idée d'abdiquer son pouvoir pour suivre son héros en exil, mais Wagner l'en aurait rapidement dissuadé[réf. nécessaire].

Celui-ci s'installa alors à Tribschen, près de Lucerne, sur les bords du lac des Quatre Cantons. Son opéra Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg fut terminé en 1867 et créé à Munich le 21 juin de l'année suivante. En octobre, Cosima réussit finalement à convaincre son mari d'accepter le divorce. Le 25 août 1870, elle épousa Wagner qui, quelques mois plus tard, lui offrit l’Idylle de Siegfried à l'occasion de son anniversaire.

Ce mariage dura jusqu'à la mort du compositeur. Ils eurent une autre fille, Eva, et un fils prénommé Siegfried.

Bayreuth

Une fois installé dans sa nouvelle vie de famille, Wagner mit toute son énergie à terminer la Tétralogie. Devant l'insistance de Louis II, on donna à Munich des avant-premières de L'Or du Rhin et de La Walkyrie, mais Wagner tenait quant à lui à ce que le cycle complet fût représenté dans un opéra spécialement conçu à cet effet.

En 1871, il choisit la petite ville de Bayreuth pour accueillir sa nouvelle salle d'opéra. Les Wagner s'y rendirent l'année suivante : on posa la première pierre du Festspielhaus (Palais des festivals) dont le financement fut réalisé grâce à l'engagement particulier du roi Louis et de la baronne Marie von Schleinitz, une des amies plus proches des Wagner. Afin de rassembler les fonds pour la construction, le compositeur entreprit une tournée de concerts à travers l'Allemagne, et diverses associations de soutien furent créées dans plusieurs villes. Il fallut cependant attendre une donation du roi Louis II, en 1874, pour que l'argent nécessaire fût enfin rassemblé. Un peu plus tard dans l'année, les Wagner emménagèrent à Bayreuth dans une villa que Richard surnomma « Wahnfried ».

Le Festspielhaus ouvrit ses portes au mois d'août 1876 à l'occasion de la création de L'Anneau du Nibelung. D'illustres invités l'honorèrent de leur présence : citons notamment l'empereur Guillaume Ier, l'empereur Pierre II du Brésil, le roi Louis – qui resta incognito –, ainsi que des compositeurs aussi accomplis qu'Anton Bruckner, Edvard Grieg, Piotr Ilitch Tchaïkovski, ou Franz Liszt.

D'un point de vue artistique, ce festival fut un succès remarquable. Tchaïkovski, qui y avait assisté en tant que correspondant russe, écrivit : « Ce qui s'est passé à Bayreuth restera dans la mémoire de nos petits-enfants et de leur descendance [réf. nécessaire]». Financièrement, ce fut cependant un désastre absolu. Wagner dut renoncer à organiser un second festival l'année suivante et tenta de réduire le déficit en donnant une série de concerts à Londres.

Les dernières années

"Parsifal vor der Gralsburg" — Weimar 1928 von Hans Werner Schmidt (1859–1950)

En 1877, Wagner s'attela à son dernier opéra, Parsifal. La composition lui en prit quatre ans, durant lesquels il écrivit également une série d'essais réactionnaires sur la religion et l'art.

Il mit la dernière main à Parsifal en janvier 1882, et le fit représenter lors du second Festival de Bayreuth. Pendant l'acte III de la seizième et dernière représentation, le 29 août, le chef Hermann Levi fut victime d'une indisposition. Wagner entra discrètement dans la fosse d'orchestre, prit la baguette et dirigea l'œuvre jusqu'à son terme.

À cette époque, Wagner était gravement malade. Après le festival, la famille Wagner voyagea à Venise pour l'hiver. Le mardi 13 février 1883, Richard fut emporté par une crise cardiaque, au palais Vendramin Calergi. Son corps fut rapatrié et inhumé dans le jardin de Wahnfried.

L'éditeur exclusif de Wagner est la maison Schott à Mayence.

Style et apports de Wagner

Il est important de savoir que Wagner aurait voulu, dans sa jeunesse, être Shakespeare et non pas Beethoven[réf. nécessaire]. Wagner était l'auteur de ses livrets d'opéra, cas fort rare dans l'histoire de la musique de scène. En tant que poète il avait un talent évident, que seul le lecteur francophone familier de l'allemand peut apprécier à sa juste valeur.

Richard Wagner a entièrement transformé la conception de l'opéra à partir de 1850, le concevant non plus comme un divertissement, mais comme une dramaturgie sacrée. Les quatre opéras de L'Anneau du Nibelung illustrent cette réforme wagnérienne à la perfection. Dans la Tétralogie, chaque personnage (l'Anneau y compris) est associé à un thème musical autonome dont les variations indiquent dans quel climat psychologique ce personnage évolue : c'est le fameux « leitmotiv » (en allemand : motif conducteur), procédé préexistant que Wagner a poussé aux limites ultimes de la dramaturgie sonore. Ainsi lorsque Wotan évoque l'Anneau, les thèmes musicaux associés se mêlent en une nouvelle variation. On peut y voir une manifestation de « l'art total » au travers d'une musique reflétant à la fois les personnages et leurs sentiments, tout en soutenant le chant et soulignant l'action scénique. Mais l'apport de Richard Wagner à la musique sur le plan technique (harmonie et contrepoint) est tout aussi considérable, sinon plus encore[réf. nécessaire]. C'est principalement dans son œuvre la plus déterminante à cet égard, à savoir Tristan et Isolde, que Wagner innove de manière radicale. Conçu dans des circonstances psychologiques très particulières, plus rapidement que les autres opéras, Tristan constitue une singularité, et aussi une charnière tant dans l'œuvre de Wagner que dans l'histoire de l'harmonie et du contrepoint[réf. nécessaire].

Certes, comme le dit Wilhelm Furtwängler, il n'est pas dans Tristan un seul accord qui ne puisse être analysé tonalement, et cela a été démontré par le musicologue français Jacques Chailley dans une très précise et très fouillée analyse du fameux “Prélude”, où tous les accords et modulations sont ramenés, une fois éliminées les notes de passage, les appoggiatures, les échappées et autres broderies, à des enchaînements harmoniques parfaitement répertoriés. Il s'agissait il est vrai pour Chailley de faire un sort aux analyses qu'il trouvait tendancieuses de Arnold Schoenberg et plus tard Boulez[réf. nécessaire].

Cela ne retire rien au génie de Wagner, bien au contraire, puisqu'il a su justement faire du neuf avec du vieux : si presque tous ses accords peuvent se retrouver dans les chorals de Bach ou chez Mozart, leur emploi de manière isolée et expressive est une nouveauté géniale. Ainsi, le célèbrissime « accord de Tristan », qui intervient dés les premières mesures du “Prélude”, peut être interprèté de diverses façons, toutes finalement relativement traditionnelles: il s'apparente à un accord de neuvième sans fondamentale, mais on peut aussi l'analyser comme une septième d'espèce, ou encore, voulant échapper à une tradition française ne considérant que la verticalité, comme une sixte augmentée "à la française" avec appoggiature/note de passage du sol# conduisant au la, préparant traditionnellement, depuis le "style classique" du XVIIIe siècle, l'accord de dominante. En effet, chez Wagner, le contrepoint influence l'harmonie et non le contraire, technique germanique qu'il importe de Carl Maria von Weber et surtout de l'abbé Vogler[réf. nécessaire]. Wagner va cependant, avec des audaces moins connues, bien plus loin: résolution d'une neuvième mineure par sa forme majeure, appoggiature de neuvième mineure formant dissonance avec la tierce (formule dont le jazz fait un fréquent usage), emploi simultané d'appoggiatures, broderies et autres notes étrangères amenant aux limites de l'analyse de l'accord réel[réf. nécessaire], etc.

Par ailleurs, et contrairement à une idée reçue, ce qui frappe nettement à l'analyse de Tristan est l'influence évidente de Bach[réf. nécessaire], et particulièrement du Bach de L'Art de la fugue dont l'étude attentive se voit clairement dans les formules contrapuntiques et les enchaînements harmoniques du “Prélude du Ier Acte” de Tristan. Bach attaque dans le “Contrapunctus IV” une neuvième mineure sans préparation (“Contrapunctus IV”, mesure 79) cent ans avant Tristan, une audace de Bach parmi d'autres dont Wagner ne pouvait que se souvenir. Wagner a certes, apparemment, peu pratiqué la fugue, mais en réalité les entrées fuguées, camouflées ou non, sont innombrables dans Tristan, et permettent de plus grandes audaces harmoniques encore que les agrégations harmoniques « inédites ».

Wagner est également réputé pour avoir innové de façon décisive sur le plan de l'orchestration : certes, c'est d'abord son génie proprement musical qui fait vibrer l'orchestre tel que Beethoven le laisse à la fin de sa vie (IXe Symphonie et Missa Solemnis) d'une sonorité jamais entendue jusqu'alors. Wagner doit certaines formules à Gluck, à Beethoven et à Weber, l'ensemble sonnant pourtant… comme du Wagner. Wagner étire en effet des accords sur lesquels ses devanciers ne restent que deux notes, il utilise massivement des combinaisons que Beethoven n'a fait qu'employer une ou deux fois, son emploi des redoublements voire triplements de timbre qu'il reprend de Gluck[réf. nécessaire] et même de Haydn[réf. nécessaire] devient systématique, avec l'effet « magique » bien connu qui souvent se révèle, à la lecture de la partition, obtenu avec une étonnante économie de moyens. L'innovation s'observe également dans son orchestration des mélodies, qui, doublées extensivement, changent imperceptiblement d'un instrument à l'autre, certainement à l'origine de la Klangfarbenmelodie que Schönberg étendra[réf. nécessaire].

Wagner était, il faut l'avoir constamment à l'esprit, un autodidacte qui a toute sa vie acquis du métier en innovant. Comme tous les autodidactes efficaces[précision nécessaire], il a su être très conventionnel à ses débuts afin d'apprendre les ficelles de son art et faire éclore son génie. On a été jusqu'à affirmer que le génie de Wagner venait de ses lacunes même. Et de fait, Wagner n'a jamais réussi à créer de musique de chambre ou de musique instrumentale : ses essais dans ces domaines se sont soldés par de piètres résultats. Seul un motif scénique l'inspirait. Et pourtant, paradoxalement, transcrites pour piano seul ou petit ensemble, ses pages symphoniques de scènes conservent intacte leur magie : mystère insondable de tous les créateurs…

On ne peut négliger ce qui fait encore une spécificité de Wagner, à savoir l'influence considérable qu'il a eue sur ses successeurs, et notamment le plus illustre, Arnold Schoenberg. Schoenberg, par son génie même, est sans doute le responsable d'un grand malentendu. Seul Schoenberg a su à ses débuts pasticher, ou plutôt continuer Wagner, avec un niveau égal de qualité. La poignante Nuit transfigurée, les monumentaux Gurre-Lieder et le génial poème symphonique (dévalué de manière contestable par René Leibowitz) Pelleas und Melisande sont les seuls véritables exemples de continuation, non de Wagner, mais des techniques inventées par lui dans Tristan, avec un génie équivalent à celui du maître. Schoenberg en a déduit qu'une tendance évolutive était à l'œuvre dans l'harmonie moderne, et c'est bien Schoenberg, mais aussi des compositeurs comme Bruckner, Mahler, Strauss ou Reger, qui ont cru pouvoir faire progresser une tradition musicale exclusivement germanique, de Wagner vers, en ce qui concerne des compositeurs comme Hauer ou Schönberg, l'atonalisme et la composition avec douze sons.

Opéras

Les opéras de Wagner constituent son principal testament. On peut schématiquement les séparer en trois groupes :

Les Fées (Die Feen), La Défense d'aimer (Das Liebesverbot) et Rienzi sont les opéras de jeunesse. Ces œuvres n'ont rien de particulièrement remarquable et sont rarement jouées de nos jours.

Avec Le Vaisseau fantôme (Der fliegende Holländer), puis Tannhäuser et Lohengrin, Wagner écrit ses premiers grands opéras romantiques.

La période de la maturité débute avec la composition de Tristan et Isolde (Tristan und Isolde), souvent considéré comme son chef-d'œuvre. Viennent ensuite Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg (Die Meistersinger von Nürnberg) et L'Anneau du Nibelung (Der Ring des Nibelungen). L'Anneau du Nibelung, également appelé Tétralogie, est un ensemble de quatre opéras inspirés des mythologies allemandes et scandinaves. Le dernier opéra de Wagner, Parsifal, est une œuvre contemplative tirée de la légende chrétienne du saint Graal.

À travers ses œuvres et ses essais théoriques, Wagner exerça une grande influence dans l'univers de la musique lyrique. Mariant le théâtre et la musique pour créer le « drame musical », il se fit le défenseur d'une conception nouvelle de l'opéra, dans laquelle l'orchestre occupe une place au moins aussi importante que celle des chanteurs. L'expressivité de l'orchestre est accrue par l'emploi de leitmotivs (petits thèmes musicaux d'une grande puissance dramatique qui évoquent un personnage, un élément de l'intrigue, un sentiment...), dont l'évolution et l'enchevêtrement complexe éclairent la progression du drame avec une richesse infinie.

Contrairement à presque tous les autres compositeurs d'opéras, Wagner écrivait lui-même ses livrets, empruntant la plupart de ses arguments à des légendes et mythologies européennes, le plus souvent germaniques. Ses œuvres acquièrent de ce fait une unité profonde.

Liste des opéras par ordre chronologique
WWV Titre original Titre français Première (date) Première (lieu)
Œuvres
de
jeunesse
31 Die Hochzeit (inachevé) Les Noces Non représenté
32 Die Feen Les Fées 29 juin 1888 Königliches Hof- und Nationaltheater, Munich
38 Das Liebesverbot La Défense d'aimer 29 mars 1836 Nationaltheater, Magdebourg
49 Rienzi id. 20 octobre 1842 Königliches Sächsisches Hoftheater, Dresde
Premiers
succès
63 Der Fliegende Holländer Le Vaisseau fantôme 2 janvier 1843 Königliches Sächsisches Hoftheater, Dresde
70 Tannhäuser Id. 19 octobre 1845 Königliches Sächsisches Hoftheater, Dresde
75 Lohengrin id. 28 août 1850 Großherzogliches Hoftheater, Weimar
La maturité
90 Tristan und Isolde Tristan et Isolde 10 juin 1865 Königliches Hof- und Nationaltheater, Munich
96 Die Meistersinger von Nürnberg Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg 21 juin 1868 Königliches Hof- und Nationaltheater, Munich

86A
86B
86C
86D

Der Ring des Nibelungen[2]
Das Rheingold
Die Walküre
Siegfried
Götterdämmerung
L'Anneau du Nibelung
L'Or du Rhin
La Walkyrie
id.
Le Crépuscule des dieux

22 septembre 1869
26 juin 1870
16 août 1876
17 août 1876


Königliches Hof- und Nationaltheater, Munich
Königliches Hof- und Nationaltheater, Munich
Palais des festivals, Bayreuth
Palais des festivals, Bayreuth

111 Parsifal id. 26 juillet 1882 Palais des festivals, Bayreuth

Œuvres non scéniques

À côté de ses opéras, qui constituent l'essentiel de son œuvre musicale, Wagner a écrit un certain nombre d'œuvres, qui occupent environ cent numéros du catalogue de ses œuvres, le Wagner Werk-Verzeichnis (WWV). Citons notamment :

  • une symphonie en ut majeur, écrite à l'âge de 19 ans,
  • quelques ouvertures,
  • des pièces pour piano, parmi lesquelles on peut citer :
    • l'ouverture Rule Britannia, composée en 1836 et consistant en la transcription de l'ode en l'honneur de la Grande-Bretagne de Thomas Arne,
    • plusieurs sonates,
    • une Élégie en la bémol majeur, longtemps appelée par erreur thème de Porazzi. Étroitement liée à la composition de Tristan et Isolde, celle de l’Élégie a commencé en 1858, probablement comme esquisse pour Tristan finalement rejetée au bout de huit mesures. En 1882, il se pencha de nouveau sur cette ébauche, la conclut par six mesures nouvelles, et l'offrit ainsi terminée à Cosima. La veille de sa mort à Venise, il la joua encore : ce fut sa dernière expression musicale[3].
  • la Marche impériale, composée en 1871 pour grand orchestre.
  • Siegfried Idyll, une merveilleuse pièce de musique de chambre écrite pour l'anniversaire de sa seconde femme Cosima, souvent jouée aujourd'hui sous sa forme symphonique. L’Idylle de Siegfried, sans faire partie de la Tétralogie, réunit plusieurs motifs de Siegfried.
  • La Cène des apôtres. Cette pièce pour chœurs d'hommes et orchestre date de début 1843. Au début de l'année, Wagner vient de faire jouer Rienzi à Dresde ; c'est un grand succès. En revanche, Le Vaisseau fantôme a connu un échec cuisant. Élu en début d'année au comité d'une association culturelle de la ville de Dresde, Wagner reçoit une commande qui doit évoquer le thème de la Pentecôte. La première de cette œuvre a lieu à la Dresdner Frauenkirche le 6 juillet 1843, interprétée par une centaine de musiciens et près de 1 200 choristes. Cette interprétration reçoit un accueil chaleureux.
  • Die Wesendonck Lieder. Ces chants furent composés pour célébrer l'amour que Richard Wagner portait à Mathilde Wesendonck.
  • Transcriptions pour piano d'airs d'opéras à la mode, que Wagner composa lors de son premier séjour à Paris,
  • Quelques mélodies pour piano dont un inattendu Mignonne, allons voir si la rose d'après Ronsard.

Extraits orchestraux pour concerts symphoniques

Des extraits de ses opéras sont fréquemment joués en concert comme des pièces à part entière, dans des versions éventuellement légèrement modifiées. Par exemple :

La pièce suivante n'est pas extraite d'un opéra, mais utilise plusieurs leitmotive de Siegfried. La version originale ayant été écrite pour treize instruments, Wagner en fit plus tard une orchestration :

  • Siegfried-Idyll (ou Idylle de Siegfried).

Œuvres non musicales

Wagner était un écrivain extrêmement prolifique. On compte à son actif des centaines de livres, poèmes et articles, en plus de sa volumineuse correspondance. Ses écrits couvrent un large éventail de sujets, comme la politique, la philosophie, ou encore l'analyse de ses propres opéras. Parmi les essais les plus significatifs, on peut citer Opéra et Drame (1851) et L'Œuvre d'art de l'avenir (1849). Il a également écrit une autobiographie, Ma vie (1880).

Wagner est à l'origine de plusieurs innovations théâtrales, telles que la conception et la construction du Festspielhaus de Bayreuth. Ce bâtiment à l'acoustique légendaire a été spécialement construit pour y jouer ses propres œuvres. Chaque été, des milliers d'amateurs d'opéra viennent du monde entier assister au célèbre Festival de Bayreuth. Pendant les représentations, le public est plongé dans l'obscurité et l'orchestre joue dans une fosse, hors de la vue des spectateurs.

Pour lire les textes de Wagner en anglais, se reporter à la section Références et liens.

L'antisémitisme de Wagner et l'appropriation de sa musique par les nazis

Cet aspect de la personnalité de Wagner a donné lieu à une abondante littérature polémique, largement alimentée tant par la récupération de sa musique par le régime national-socialiste que par l'amitié de l'épouse de son fils Siegfried, Winifred Williams Klindworth (Winifred Wagner) avec Adolf Hitler.

L'antisémitisme de Wagner n'a rien d'exceptionnel à son époque[réf. nécessaire]. Ces discours, comme les préjugés raciaux en général, étaient courants[réf. nécessaire]. Mais ces thèses étaient déjà combattues : Nietzsche par exemple se brouillera avec Wagner en partie pour ses opinions antisémites. L'antisémitisme était un débat central à l'époque, y compris aux yeux mêmes de nombreux intellectuels juifs. Entre pogrom et assimilation, les discussions entre penseurs juifs faisaient rage.

Tout au long de sa vie, dans ses conversations, dans ses écrits, Richard Wagner n'a cessé d'émettre des opinions violemment antisémites. Accusant fréquemment les Juifs, et en particulier les musiciens juifs, d'être des étrangers nuisibles à l'Allemagne, il préconisait leur assimilation à la culture germanique. L'assimilation était aussi sujet de débat entre les intellectuels juifs.

Le premier essai de Wagner, Le Judaïsme dans la musique, est publié en 1850 dans la revue Neue Zeitschrift für Musik sous le pseudonyme de « K. Freigedenk » (« libre pensée »). Wagner s'était donné pour but d'expliquer la prétendue « aversion populaire » envers la musique des compositeurs juifs tels que Felix Mendelssohn Bartholdy ou Giacomo Meyerbeer. Il écrivit notamment que le peuple allemand était « repoussé » par les Juifs en raison « de leur aspect et de leur comportement d'étrangers » ; les Juifs « sont des anomalies de la nature » jasant « de leurs voix grinçantes, couinantes et bourdonnantes ».

Wagner alléguait que les musiciens juifs, n'étant pas en relation avec l'esprit authentique du peuple allemand, ne pouvaient qu'écrire une musique artificielle, sans aucune profondeur, et rabâcher la vraie musique à la manière des perroquets.

L'article attira peu l'attention. Cependant, après que Wagner l'eut publié de nouveau en 1869 sous la forme d'un pamphlet signé de son véritable nom, de vives protestations s'élevèrent dans le public d'une représentation des Maîtres Chanteurs.

Wagner a également attaqué les Israélites dans d'autres essais. Dans Qu'est-ce qui est allemand ? (1879), il écrivit par exemple :

« Les Juifs [tiennent] le travail intellectuel allemand entre leurs mains. Nous pouvons ainsi constater un odieux travestissement de l'esprit allemand, présenté aujourd'hui à ce peuple comme étant sa prétendue ressemblance. Il est à craindre qu'avant longtemps la nation prenne ce simulacre pour le reflet de son image. Alors, quelques-unes des plus belles dispositions de la race humaine s'éteindraient, peut-être à tout jamais. »

En dépit de ses écrits antisémites, Wagner eut plusieurs amis juifs. Le plus représentatif d'entre eux est sans doute le chef d'orchestre Hermann Levi, un Juif pratiquant que Wagner désigna pour diriger la première représentation de Parsifal. Le compositeur souhaita d'abord que Levi se fît baptiser (sans doute en raison du contenu religieux de cet opéra), mais renonça finalement à cette exigence. Levi maintint des relations très amicales avec Wagner et fut sollicité, à ses funérailles, pour porter son cercueil.

Notons enfin que l'antisémitisme de Wagner n'est quasiment pas évoqué, dans ses abondants écrits, par son plus fervent admirateur, le viennois Arnold Schoenberg (1874 - 1951), fils de commerçants israélites convertis. Schoenberg réembrassa la foi judaïque dans les années 1930.

Après la mort de Wagner à Venise en 1883, Bayreuth devint le lieu de rassemblement d'un groupe soutenu par Cosima et formé d'admirateurs zélés du compositeur. À la mort de Cosima et de Siegfried en 1930, la responsabilité du festival échut à la veuve de ce dernier, Winifred Wagner, une amie personnelle d'Adolf Hitler. Hitler était lui-même un zélateur de Wagner, donnant une lecture national-socialiste à un antisémitisme retiré de son contexte et aux thèmes germaniques qui jalonnent son œuvre, censée inscrire le maître de Bayreuth dans l'idéologie nazie. Il déclara un jour que le national-socialisme n'avait qu'un seul prédécesseur légitime : Richard Wagner. Woody Allen en a fait un trait d'humour célèbre : « Quand j'écoute trop Wagner, j'ai envie d'envahir la Pologne. » Les nazis faisaient un usage courant de cette musique et la jouaient lors de leurs grands rassemblements. Ce n'était pas le seul compositeur apprécié des nazis : on oublie que Beethoven ou Bruckner furent aussi récupérés par le régime.

Eu égard à cette ambiguïté, les œuvres de Wagner ne sont pas représentées en public en Israël, pays pourtant de très haute culture musicale (largement fondée à l'origine par des Juifs d'Europe centrale imprégnés de civilisation germanique), où d'ailleurs Wagner est couramment diffusé sur des stations de radio ou sur des chaînes de télévision d'État sans créer plus de scandale qu'à New York, Paris ou Berlin. Jusqu'à présent, toutes les tentatives de représentation publique (notamment par le pianiste et chef d'orchestre Daniel Barenboïm) ont déclenché les plus vives protestations, certains auditeurs ayant même quitté la salle.

Citations

« Vous, mes frères souffrants de toutes les classes de la société humaine qui sentez une sourde colère couver en vous, quand vous aspirez à vous délivrer de l’esclavage de l’argent pour devenir des hommes libres, comprenez bien notre tâche, et aidez-nous à élever l’Art à sa dignité, afin que nous puissions vous montrer comment vous élèverez le métier à la hauteur de l’Art, le serf de l’industrie au rang de l’homme beau, conscient de lui-même, qui, avec le sourire de l’initié, peut dire à la nature, au soleil et aux étoiles, à la mort et à l’éternité : vous aussi vous êtes miens ; et je suis votre maître. »

— Richard Wagner, l’Art et la Révolution

« Si l'œuvre d'art grecque contenait l'esprit d'une belle nation, l'œuvre d'art de l'avenir doit contenir l'esprit de l'humanité libre en dehors de toutes les limites de nationalités: le caractère national ne peut être en elle qu'un ornement, un attrait fourni par les diversités individuelles, non pas un obstacle. »

— Richard Wagner, l'Art et la Révolution

Films inspirés par Richard Wagner

En raison sans doute de son côté théâtral mais aussi de son romantisme, la musique de Wagner a été très utilisée par l'industrie cinématographique, telle l'attaque des hélicoptères rythmée par la Chevauchée des Walkyries dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola (1979), ou le prélude de Lohengrin au son duquel Charlie Chaplin, déguisé en Hitler, joue avec un globe dans Le Dictateur (1940). La Chevauchée des Walkyries accompagne également Marcello Mastroianni dans ses fantasmes lorsqu'il s'imagine coursant et fouettant des femmes dans une ronde infernale, dans Huit et demi de Federico Fellini (1963). On en retrouve également les notes dans La Horde sauvage, thème musical d'Ennio Morricone illustrant la charge de 150 cavaliers sans foi ni loi dans Mon nom est Personne (1973).

En 1965, Yukio Mishima accomplit le rituel du seppuku aux sons du Liebestod de Tristan et Isolde dans Yukoku (Patriotisme), film de trente minutes, longtemps interdit à la projection par la veuve de l'écrivain. Ce Liebestod avait déjà été utilisé en 1929 par Luis Buñuel et Salvador Dalí dans Un chien andalou. C'est aussi la musique de Tristan qui accompagne le traquenard qui conclut La Monstrueuse Parade (Freaks) de Tod Browning (1932) ; elle apparaît aussi dans les arrangements de Bernard Herrmann pour Sueurs froides (1958) et dans The Milkman collector, un sketch des Monty Python !

Excalibur de John Boorman est rythmé par la musique du Ring, tandis que Le Nouveau Monde de Terrence Malick (2005) s'ouvre avec le prélude” de L'Or du Rhin que l'on peut entendre aussi dans une scène du Nosferatu de Werner Herzog (1979).

Entre autres sources d'inspiration (revendiquée) pour La Guerre des étoiles de George Lucas figure la Tétralogie : Luke Skywalker et Leia partagent avec Siegmund et Sieglinde la gémellité amoureuse. Leur père, Darth Vader, est proche de Wotan dans sa volonté de pouvoir contrariée par ses propres enfants. Le leitmotiv de Dark Vador évoque celui des Géants et, symboliquement, il est immolé sur un bûcher pour clore le cycle.

De nombreux musiciens hollywoodiens ont été influencés par Wagner : Erich Wolfgang Korngold, Max Steiner, etc.

Références et liens

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Liens externes

Généalogie

L'homme et l'œuvre

Iconographie

  • Sur gallica.bnf.fr, très riche iconographie de Richard Wagner et de sa famille, ainsi que d'autres documents relatifs à Wagner.

Partitions gratuites

Pour écouter

Bibliographie

Œuvres non musicales de Richard Wagner

Voir la Liste des œuvres en prose de Richard Wagner. On distingue particulièrement :

  • Opéra et Drame, Delagrave, Paris, 1910. Exposé des idées de Wagner sur le drame musical.
  • Ma vie, Buchet-Castel, Paris, 1978. Autobiographie, couvrant la période 1813-1864.

Correspondance de Richard Wagner

  • Avec Judith Gautier : Lettres à J.G. , coll. Connaissance de soi, NRF, 1964.
  • Avec Joseph Arthur de Gobineau : Correspondance (1880-1882), librairie Nizet, 2001.
  • Avec Émile Heckel : Lettres à E.H. , bibliothèque Charpentier, Eugène Fasquelle, 1929.
  • Avec Franz Liszt : Correspondance R.W. - F.L., coll. les Classiques allemands, trad. de L.M. Schmidt et J. Lacant, Gallimard, Paris, 1975.
  • Avec Louis II de Bavière : R.W. et Louis II, Lettres 1864-1883, intod. et choix de Blandine Ollivier, Plon, 1960 ; L'Enchanteur et le Roi des Ombres, choix de lettres traduites et présentées par Blandine Ollivier, Librairie Académique Perrin, 1976, (ISBN 2-262-00046-8).
  • Avec Minna Wagner : Lettres de R.W. à M.W. , coll. les Classiques allemands, trad. de Maurice Remon, NRF, Gallimard, 1943.
  • Avec Mathilde Wesendonck : R.W. à M.W., Journal et lettres (1853-1871), Parution, Paris, 1986.
  • Avec Otto Wesendonk (1852-1870) : Lettres à O.W. , P., Calmann-Lévy, 1924.
  • Avec Charles Nuitter : Correspondance, réunie et annotée par Peter Jost, Romain Feist et Philippe Reynal, Mardaga, avril 2002, (ISBN 9782870097854).
  • Lettres françaises de Richard Wagner, Bernard Grasset, 1935.
  • Wagner et Liszt (d'après leur correspondance), William Cart, Stalker Editeur, 2008.

Analyses

  • Frédéric Gagneux, André Suarès et le wagnérisme, Paris, Classiques Garnier,2009.
  • Bruno Lussato, L'Encyclopédie du Ring,
  • Franz Liszt, Lohengrin et Tannhäuser de Richard Wagner, 1851 ; édition Adef-Albatros, 1980.
  • Friedrich Nietzsche, Le Cas Wagner, 1888. traduction par Henri Albert disponible sur Wikisource.
  • Albert Lavignac, Le Voyage artistique à Bayreuth, Delagrave, 1896.
  • George Bernard Shaw, Le Parfait Wagnérien, 1898. Traduction en français, Laffont, Bouquins, Paris, 1994
  • André Cœuroy, Wagner et l'esprit romantique, Gallimard, Idées, Paris, 1965.
  • Thomas Mann, Wagner et notre temps, Hachette, Pluriel, Paris, 1978.
  • Marcel Schneider, Wagner, Solfèges, Seuil, 1983.
  • Jean-François Marquet, Wagner, le crépuscule de la chevalerie, dans Miroirs de l'identité, Hermann, 1996.
  • Timothée Picard, L'Art total : Grandeur et misère d'une utopie (autour de Wagner), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2006, 464 p. (ISBN 2-7535-0294-3)
  • Timothée Picard, Wagner, une question européenne : Contribution à une étude du wagnérisme,1860-2004, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, Collection Interférences, 2006, 550 p. (ISBN 2-7535-0302-8)
  • Timothée Picard (Cécile Leblanc, Francois lecas, Emmanuel Reibel, Nicolas Southon, Stéphane Roussel, Angela Braito, Frédéric Gagneux et 35 collaborateurs), Dictionnaire encyclopédique Wagner, Arles, Actes Sud, Collection Thesaurus, janvier 2009, 1500 p. (ISBN 978-2742778430) [4]
  • Christophe Looten, L'important, ce sont les petites notes, Paris, Editions Musica-nova, 2008, 223 p. (ISBN 978-2-9532-6450-0)

Témoignages directs

  • Champfleury, Richard Wagner, A. Bourdilliat et Cie, 1860. Texte sur Gallica : [1].
  • Cosima Wagner, Journal, 4 volumes, Gallimard, Paris, 1979.
  • Catulle Mendès, Richard Wagner, Bibliothèque Charpentier - Eugène Fasquelle, 1909.
  • Judith Gautier
    • Auprès de Richard Wagner. Souvenirs (1861-1882)[5], Mercure de France, 2e édition, 1943. Réédition en 1992[6]
    • Richard Wagner et son œuvre poétique depuis Rienzi jusqu'à Parsifal, Charavay Frères, 1882, Texte sur Gallica. Voir p. 18-64.
  • Angelo Neuman, Souvenirs sur Richard Wagner, Calmann-Lévy, 1908.

Témoignages sur la famille Wagner et Bayreuth

  • Friedlind Wagner[7] et Page Cooper, Héritage de feu, souvenirs de Bayreuth, Plon, 1947.
  • Wolf Siegfried Wagner[8], La Famille Wagner et Bayreuth 1876-1976, Chêne, 1976.
  • André Tubeuf, Bayreuth et Wagner, cent ans d'images 1876-1976, Jean-Claude Lattès, 1981.
  • Gottfried Wagner[9], L'Héritage Wagner, une autobiographie, NiL éditions, 1998. Traduction du livre Wer nicht mit dem Wolf heult, éditions Kiepenheuer & Witsch, Köln, 1997.

Sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Richard Wagner ».

Notes et références

  1. Qui sera reprise au 17 e Congrès Mondial du Végétarisme en 1957 IVU
  2. L'ordre des différentes parties de la Tétralogie est ici celui de leur composition, tandis que l'écriture de leur livret a eu lieu dans l'ordre parfaitement inverse.
  3. Source : jaquette du CD vol. II (Réf. : 313 062 H1) de l'intégrale des œuvres pour piano de Richard Wagner, piano et présentation de Stephan Möller.
  4. France musique, Note contre note, émission du 1er novembre 2008.
  5. Textes réunis par Gustave Samazeuilh : Naissance de ma foi wagnérienne, extrait de Richard Wagner et son œuvre poétique, Charavay, 1882 ; Séjour à Lucerne et à Münich (1869), extrait de Le Troisième Rang du Collier, Juven, 1909 ; Lucerne (1870) et Bayreuth (1876-1881), extraits de Richard et son œuvre poétique, Charavay, 1882 ; Histoire d'une collaboration, chronique publiée dans Le Temps du 23 février 1914, intitulée Les Grandes et Petites Querelles de Richard Wagner.
  6. Réédition des Souvenirs aux Editions Le Castor Astral avec une présentation et des notes de Christophe Looten, 1992,(ISBN 978-2-8592-0203-3)
  7. Friedlind Wagner, née en 1918, est sœur de Wieland et Wolfgang Wagner.
  8. Wolf Siegfried Wagner, né en 1943, est le deuxième enfant de Wieland Wagner.
  9. Gottfried Wagner, né en 1947, est le deuxième enfant de Wolfgang Wagner.
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