- Jacques Chailley
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Jacques Chailley Naissance 24 mars 1910
Paris, FranceDécès 21 janvier 1999
Montpellier, FranceActivité principale Compositeur, musicologue
Jacques Chailley est un musicologue et compositeur français né à Paris le 24 mars 1910, mort à Montpellier le 21 janvier 1999.
Sommaire
Biographie
Sa mère était la pianiste Céliny Chailley-Richez (1884–1973), son père le violoniste Marcel Chailley. Adolescent, il fut pensionnaire à l’Abbaye de Fontgombault (Indre) où il apprit à jouer de l’orgue et s'initia à la direction de chœurs. Âgé de 14 ans, il composa un Domine non sum dignus à quatre voix. En 1933, il fonda la Psalette Notre-Dame dans le but de faire revivre la musique du Moyen Âge, à laquelle il consacrera une grande part de son activité musicologique. Au Conservatoire de Paris, il étudie l’harmonie avec Nadia Boulanger, le contrepoint avec Claude Delvincourt, l’histoire de la musique avec Maurice Emmanuel et André Pirro, l’orgue avec Yvonne Rokseth et la composition avec Henri Busser. De 1946 à 1961, il dirige la chorale L’Alauda. Il fut secrétaire général (1937) puis sous-directeur (1941) du Conservatoire de Paris, dont il dirigea également un ensemble vocal. En collaboration avec Henri Rabaud en 1940 il établit une liste des étudiants juifs du conservatoire de Paris.
« L’éviction des élèves juifs se fait en deux temps. La première étape commence dès le début d’octobre 1940. [...] la direction du conservatoire (Rabaud ? Chailley, de sa propre initiative ?) réalise entre le 4 et le 10 octobre une enquête méticuleuse auprès des élèves. Ses résultats sont consignés dans un volumineux dossier, presque entièrement de la main de Jacques Chailley, qui comporte notamment les déclarations individuelles des élèves et des listes nominatives soigneusement établies[1]. »
Que cette liste ait été utilisée pour l'exclusion des étudiants juifs du Conservatoire, comme l'affirme la citation ci-dessus, a été contesté cependant par des témoins de l'époque[2]. Après 1941, Jacques Chailley compta en outre parmi les membres du Comité de Front national de la musique (organisation de résistance spécifique aux professionnels de la musique, vraisemblablement créée en septembre 1941 par Elsa Barraine, Roger Désormière, Louis Durey, Roland-Manuel et Claude Delvincourt)[3]. Son rôle pendant l'Occupation a fait l'objet d'une nouvelle polémique en 2011, après que la Sorbonne eut décidé de donner son nom à un amphithéâtre (polémique déclenchée par un article de l'hebdomadaire Le Canard enchaîné)[4].
En 1952 Jacques Chailley crée la première chaire d'histoire de la musique à la Sorbonne. Il fut également inspecteur général de la musique au Ministère de l'Éducation nationale et directeur, en 1982, de la Schola Cantorum.
Son érudition et son éclectisme, mais aussi son caractère tranché et ses opinions marquées firent de lui un des principaux personnages de la vie musicale française de l’après-guerre.
Compositeur conservateur, fermement opposé aux avant-gardes atonales et sérielles, il laisse une œuvre de 129 numéros d’opus, davantage oubliée aujourd’hui que son œuvre théorique.
Publications
Jacques Chailley a publié de nombreux ouvrages marquants, aussi bien sur la musique grecque que sur celle du Moyen Âge, sur les Passions, les chorals pour orgue et l’Art de la fugue de J. S. Bach ; sur les aspects maçonniques de La Flûte enchantée de Mozart, le Carnaval de Schumann, le Winterreise de Schubert ou le Tristan de Wagner. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’harmonie et son histoire, la question de la modalité (L’imbroglio des modes), ainsi qu’une importante histoire de la musique en plusieurs volumes et des ouvrages de vulgarisation, comme 40 000 ans de musique. On lui doit également des études sur Adam de la Halle, Guillaume de Machaut dont il rédigea la première transcription publiée de la Messe de Notre Dame, Gautier de Coinci, etc., ainsi qu'une Petite histoire de la chanson populaire française.
L'œuvre musicologique de Jacques Chailley comporte 53 livres et 429 articles divers, sans compter les nombreux textes de pochettes de disques. Citons :
- Histoire musicale du Moyen Âge, Paris, Presses Universitaires de France, 1950, 2ème édition : 1969, Index, 336 p.
- Traité historique d’analyse harmonique, Leduc, 1951, 1977
- 40 000 ans de musique. Paris, Plon, [1961], 326 p. Réédition : Paris, L'Harmattan, 2000, 328 p.
- Éléments de Philologie musicale, Alphonse Leduc, 1985, (ISBN 2-85689-027-X)
- Théorie de la Musique
- Petite histoire de la chanson populaire francaise
- Histoire musicale du Moyen Âge
- Les Passions de J.S. Bach
- Cours d'histoire de la musique
Notes et références
- Jean Gribenski, L’exclusion des juifs du conservatoire (1940-1942) dans La vie musicale sous Vichy, 2001, p. 147.
- Cahiers Boëllmann-Gigout, 1999-2000. Il faut souligner en outre que ces réfutations ont été publiées avant l'article de Jean Gribenski, qui reconnaît lui-même (p. 148) que la liste établie par Rabaud et Chailley n'a pas été communiquée aux Allemands. L'exclusion d'étudiants juifs n'a eu lieu que deux ans plus tard, sous la contrainte, alors que le Conservatoire était dirigé par Claude Delvincourt
- Henry Barraud, Un compositeur aux commandes de la Radio : Essai autobiographique, édité sous la direction de Myriam Chimènes et Karine Le Bail, Paris : Fayard / Bibliothèque nationale de France, 2010, p. 356, note 1.
- Bibliobs 4 avril 2011 « [En baisse Sorbonne 1940-1944] »
Bibliographie
- Myriam Chimènes (direction), La vie musicale sous Vichy, Bruxelles, Éd. Complexe, 2001 présentation en ligne sur Google books
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