- Rue Saint-Dominique
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7e arrtRue Saint-Dominique
Arrondissements 7e arrondissement Quartiers Saint-Thomas-d'Aquin
Invalides
Gros-CaillouDébut 219-223, boulevard Saint-Germain Fin place du Général-Gouraud Longueur 1 800 m Largeur 10 m Création Arrêts du Conseil des 22 juin 1700, 17 mai 1701 et 17 juillet 1703 Anciens noms cf. Histoire Géocodification Ville de Paris : 8813
DGI : 8529Nomenclature officielle Images et documents sur Wikimedia Commons Rue Saint-Dominique en direction de l'Esplanade des InvalidesLa rue Saint-Dominique est une rue de Paris située dans le 7e arrondissement.
Sommaire
Histoire
La rue Saint-Dominique est ainsi dénommée depuis 1631. Elle doit son nom aux religieux dominicains qui s'y étaient établis à cette époque. Elle a remplacé un chemin appelé anciennement chemin de la Longue Raye (1355), chemin des Treilles (1433), chemin Herbu ou chemin Herbu des Moulins à Vent (1523), chemin du Moulin à Vent, chemin de l'Oseraie (1527), chemin du Port (1530), chemin des Vaches (1542), chemin de la Justice, chemin des Charbonniers.
On a distingué pendant un certain temps une rue Saint-Dominique-Saint-Germain en deçà et une rue Saint-Dominique du Gros Caillou au-delà de l'esplanade des Invalides. Cette division a été supprimée par un arrêté du 31 août 1838.
Par ailleurs, avant le percement du boulevard Saint-Germain, qui en a absorbé une partie (longue de 625 mètres), cette voie commençait à la rue des Saints-Pères. Il en est résulté un certain nombre de changements de numérotation des immeubles.
Bâtiments remarquables
- no 1 (anciennement no 67) : Hôtel Amelot de Gournay, dit aussi de Mortemart : Construit par Germain Boffrand sur un terrain acheté par cet architecte en 1710. Vendu en 1713, en cours de construction, à un diplomate, Michel Amelot de Gournay. L'hôtel est particulièrement remarquable par sa cour ovale et sa façade sur cour à pilastres colossaux au sol, disposition extrêmement précoce. Ces dispositions habiles ont permis de donner de la monumentalité à un bâtiment contraint par l'étroitesse de la parcelle. L'hôtel passa des Amelot de Gournay au maréchal de Montmorency-Luxembourg, puis à son fils, Christian Louis de Montmorency-Luxembourg, prince de Tingry. En 1751, celui-ci le céda au comte de Guerchy, ambassadeur à Londres, qui le loua en août 1768 aux parents de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord. Ce dernier y résida de sa sortie du séminaire de Saint-Sulpice, au début de 1775, à novembre 1775. Hôtel d'Aguesseau en 1804, puis d'Haussonville en 1812. L'hôtel abrite aujourd'hui, dans l'aile droite sur cour, l'ambassade du Paraguay cependant que les salons du rez-de-chaussée dépendent de la Maison de l'Amérique Latine (V. no 217 boulevard Saint-Germain).
- no 3 : ancien Hôtel de Tavannes (1728). Puis hôtel de l'évêque de Poitiers (1744). Habité par le chimiste Jean-Baptiste Dumas.
- no 14 : Hôtel de Brienne (ministère de la Défense) : Hôtel construit en 1724 par François Debias-Aubry pour François Duret, président au Grand Conseil, mandaté par la marquise de Prie. Il est cédé en 1725, avant achèvement, à la marquise de La Vrillière. Il est ensuite remanié à plusieurs reprises, particulièrement dans ses décors intérieurs, par Nicolas Simonnet pour la princesse douairière de Conti, propriétaire en 1733 ; pour Louis-Marie-Athanase Loménie de Brienne, propriétaire en 1776, qui laisse son nom à l'hôtel ; pour Lucien Bonaparte, propriétaire en 1802 et pour Madame Mère, propriétaire en 1805, par l'architecte Louis-Ambroise Dubut. L'hôtel est acquis en 1817 par l'État qui y installe le ministère de la Guerre.
- no 16 : Petit hôtel de Conti : Construit en 1727-1729 par François Debias-Aubry pour l'abbé Charles Maurice de Broglie. Vendu en 1735 par l'abbé de Broglie à la princesse douairière de Conti. Cette dernière vend en 1774 cet hôtel et celui du no 14 à son petit-fils, le comte de La Marche, qui les revend avec bénéfice dès 1776 : le grand hôtel du no 14 au comte de Brienne, et le petit hôtel du no 16 aux entrepreneurs Claude-Martin Goupy et Louis-Pierre Lemonnier, mandataires du prince de Condé. L'hôtel est acquis par l'État en 1817 et réuni au précédent.
- no 28 : Hôtel de La Rochefoucauld d'Estissac : Hôtel construit en 1708 et habité successivement par Frédéric-Maurice de la Tour d'Auvergne puis par son fils, le cardinal Henri de la Tour d'Auvergne. En 1764, l'hôtel devient la propriété du comte de Caraman puis, en 1820, du comte de La Rochefoucauld, ambassadeur de France, qui le transmit ensuite à son fils, le duc d'Estissac, dont les descendants le conservèrent jusqu'en 1929. Il fut alors acheté par la Fondation de la Maison de la Chimie, reconnue d'utilité publique par décret du 12 août 1928 et chargée de réaliser une institution vouée à encourager les échanges entre les sociétés savantes et l'industrie chimique. Cette fondation fit aménager dans le style Art Déco les deux ailes en retour sur la cour et restaurer le corps central et ses décors intérieurs. La Maison de la Chimie abrite aujourd'hui des colloques et des conférences.
- no 35 : Hôtel de Broglie : Remarquable surtout pour les transformations effectuées au milieu du XIXe siècle par Gabriel-Hippolyte Destailleur pour le comte Joseph Othenin d'Haussonville et son épouse née Louise-Albertine de Broglie. Abrite aujourd'hui le Ministère de la Ville.
- no 45 : Hôtel de Montmorency-Luxembourg : Construit en 1829-1830 dans le style de Palladio pour le prince Édouard de Montmorency-Beaumont-Luxembourg par l'architecte Joseph-Antoine Froelicher. Il a été gravé par Normand. Acquis en 1919 par le Crédit national qui y installa ses bureaux au prix de profondes dénaturations.
- no s 49-51 : Hôtel de Seignelay : Remanié en 1768 par Pierre Mouret.
- no 53 : Hôtel Kinski : Il ne reste rien de l'hôtel construit en 1769 par Claude-Nicolas Ledoux pour la présidente de Gourgues. L'hôtel actuel, extrêmement remanié, comprend au rez-de-chaussée un grand salon qui a conservé un décor XVIIIe siècle exécuté pour la princesse Kinski, propriétaire en 1773, notamment un plafond peint en 1779 par Simon Julien. En 1801, l'hôtel est loué pendant trois ans à l'écrivain anglais William Beckford. Il appartient ensuite au maréchal Lannes. Au XIXe siècle, il est la résidence de l'écrivain Charles de Pomairols (1843-1916) qui y tient un salon littéraire. Il est acheté en 1919 par la banquier Louis Louis-Dreyfus, qui réalise des travaux dans le bâtiment sur rue. Réquisitionné sous l'Occupation, l'hôtel devient propriété de l'État en 1945. Après avoir abrité des services du ministère de la Culture (direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles), il est mis en vente par l'État en septembre 2006 et acheté par un membre de la famille régnante du Qatar. Édifié sur une parcelle de 4 137 m², l'hôtel, d'une superficie de 3 509 m², comprend un parc paysager de 2 400 m² avec grotte artificielle et pièce d’eau.
- no 57 : Hôtel de Monaco : Il ne reste sans doute rien, et en tout cas rien de visible, de l'hôtel construit en 1772 par Alexandre-Théodore Brongniart pour Maria Caterina Brignole Sale, princesse de Monaco, et qui abrita au XVIIIe siècle l'abbé Arnauld de Pomponne et, sous l'Empire, le maréchal Berthier, prince de Wagram. La construction actuelle, édifiée par Achille-Jacques Fédel, est une reconstruction, sans doute inspirée des dessins originaux de Brongniart, exécutée pour le banquier William Hope entre 1838 et 1841. En 1838, Hope acheta à la princesse d'Eckmühl, veuve du maréchal Davout, son grand hôtel du no 121 (loué depuis 1826 à l'ambassadeur d'Autriche), ainsi que plusieurs maisons avoisinantes et une petite église dédiée à Saint-Valère. Il fit construire un ensemble de bâtiments numérotés 129-131-133. Le no 131 fut loué à l'ambassade de Sardaigne et le reste forma sa résidence. Les travaux durèrent jusqu'en 1841 et coûtèrent 7 millions et demi de francs. La propriété s'étendait sur 12,000 m2 avec jardins, serres, bassins, pavillons, écuries pour 35 chevaux, manège. Pour l'hôtel principal, le plus grand luxe avait été déployé. Aux décors du XVIIIe siècle furent susbtitués des pastiches XIXe siècle d'une richesse écrasante. Le grand salon, entièrement tendu de damas de soie rouge, avait un mobilier d'ébène enrichi de bronzes dorés. Hope disposait de trois salles à manger : une pour 6 personnes, une pour 25 personnes, en acajou, et une pour 200 personnes. La salle de bal s'inspirait des modèles versaillais, avec colonnes et pilastres ioniques, plafonds ornés de peintures de Narcisse Diaz de la Peña. À la mort de Hope, l'hôtel fut adjugé au baron Achille Seillière qui le légua à sa mort, en 1873, à sa fille Jeanne, princesse de Sagan par son mariage avec Boson de Talleyrand-Périgord. Ce dernier y donna des fêtes magnifiques. L'hôtel abrite aujourd'hui l'ambassade de Pologne.
- no 92 : Église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou
- no 123 : Hôtel de Béhague : Construit en 1866 pour le comte Octave de Béhague par Gabriel-Hippolyte Destailleur et agrandi en 1895-1904 par Walter-André Destailleur pour Martine-Marie-Pol de Béhague, comtesse de Béarn. Abrite aujourd'hui l'ambassade de Roumanie.
- n°s 129-131 : Fontaine du Gros-Caillou, dite aussi de Mars : Construite en 1806 sur un dessin de l'ingénieur François-Jean Bralle (bas-relief de Pierre-Nicolas Beauvalet), elle fait partie d'un ensemble de 15 fontaines commandées par Napoléon Ier.
Bâtiments détruits
- no 11 : Cette portion de la rue, jusqu'à la rue de Bellechasse, dépendait au XVIIIe siècle du couvent des dames chanoinesses du Saint-Sépulcre, fondé en 1635. Les religieuses y avaient fait édifier plusieurs hôtels de rapport, dont l'un fut loué, de 1777 à 1788, par Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (qu'on appelait alors l'abbé de Périgord), alors agent général du clergé.
- no 11 bis : emplacement où s'élevait le Pavillon de Chartres, construit par l'architecte Bernard Poyet en 1778, où Madame de Genlis éleva les enfants du duc d'Orléans.
- no 23 : Hôtel Trumet de Fontarce : En 1877, le percement du boulevard Saint-Germain entraîna la démolition de l'hôtel Trumet de Fontarce, datant de 1671. La famille qui le possédait fit alors construire par l'architecte Germain Salard un hôtel particulier situé no 56 avenue d'Iéna, sur la façade duquel a été remonté le corps central à fronton de l'hôtel de la rue Saint-Dominique[1].
- Ancien no 28 : Hôtel de La Tour d'Auvergne : Transformé par Pierre Mouret en 1739-1740.
- no 33 : Hôtel de Luynes et de Chevreuse où résidait le duc Montmorency-Laval, lieutenant général de première classe, ambassadeur d'Espagne : Détruit lors du percement du boulevard Raspail et de la rue de Luynes. Boiseries et cheminée (v. 1770-1775) par Pierre-Louis Moreau-Desproux d'abord remontées dans l'hôtel Lebaudy, 57 rue François-Ier ; aujourd'hui au Musée du Louvre.
- nos 41-43 : Hôtel de Nointel : Construit dans les années 1720, il a été rasé en 1965, alors qu'il venait d'être protégé au titre des monuments historiques, par le Crédit national qui a construit à la place un immeuble de bureaux.
- nos 56-60 : Hôtel Bonnier de La Mosson (dit aussi de Lude) : Hôtel construit en 1710 par Robert de Cotte pour Joseph Bonnier de La Mosson (†1726), trésorier général des États de Languedoc. Appartient ensuite à son fils, le célèbre collectionneur Joseph Bonnier de La Mosson (1702-1744), qui y fait exécuter de superbes décors de style rocaille sur les dessins du peintre Jacques de Lajoüe[2]. Travaux effectués par Jean-Baptiste Leroux, puis par Chalgrin pour la duchesse douairière de Chaulnes née Anne-Josèphe Bonnier de La Mosson (1718-1787), veuve de Michel Ferdinand d'Albert d'Ailly (1714-1769), 6e duc de Chaulnes.
- A l'intersection de l'avenue du Maréchal-Gallieni : Fontaine des Invalides, construite en 1804 et détruite en 1840.
Littérature
C'est dans cette rue qu'Honoré de Balzac situe les plus beaux hôtels particuliers de la Comédie humaine. Notamment dans Splendeurs et misères des courtisanes : « Il ne faut pas demander si l'hôtel du duc de Grandlieu, l'un des plus beaux de la rue Saint-Dominique, exerçait mille prestiges sur l'esprit de Lucien; toutes les fois que la porte immense tournait sur ses gonds pour laisser entrer son cabriolet, il éprouvait cette satisfaction de vanité dont a parlé Mirabeau[3]. » . C'est également là que Wenceslas Steinbock s'installe dans La Cousine Bette[4]. Là également que la marquise de Listomère habite dans Étude de femme[5].
Notes et références
- Source : Alexandre Gady, Les hôtels particuliers de Paris, Paris, Parigramme, 2008, pp. 249-250
- Jean-Baptiste Courtonne a effectué un relevé de ces décors, conservé à la Bibliothèque d'art et d'archéologie de l'université de Paris. « Grâce à l'un [de ces dessins], au Muséum national d'histoire naturelle, nous avons pu rétablir dans sa disposition primitive, en 1985, un ensemble d'armoires que Buffon avait acquis au nom du roi après la mort de Bonnier de La Mosson. » (Michel Gallet, Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 161) V. F. Bourdier, « L'extravagant cabinet de Bonnier de La Mosson », dans Connaissance des Arts, 1959 (ISSN 0010-5988) ; Marianne Roland-Michel (préf. Jacques Thuillier), Lajoüe et l'art rocaille, Neuilly-sur-Seine, Arthena, 1984 (ISBN 2-903239-03-7) ; La rue Saint-Dominique : hôtels et amateurs, Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, 1984, 223 p. (ISBN 2-905118-00-8). L'architecte
- Furne de 1845, vol.11, p.409 Édition
- Furne de 1845, vol.17, p.124, 177,202, 204, etc Édition
- Furne de 1845, vol.1, p.402 Édition
Voir aussi
Bibliographie
- L'hôtel de Béhague. La résidence de Roumanie en France, hors-série de Connaissance des Arts (4ème trimestre 2008).
Catégorie :- Rue du 7e arrondissement de Paris
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