- René Coty
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Jules Gustave René Coty, dit René Coty, né le 20 mars 1882 au Havre et décédé le 22 novembre 1962 dans la même ville, est un homme d'État français.
Député de la Seine-Inférieure de 1923 à 1935 puis de 1945 à 1948, sénateur de la Seine-Inférieure de 1936 à 1944 puis de 1948 à 1953, il occupa les fonctions de ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme, de 1947 à 1948 dans le cabinet de Robert Schuman puis d'André Marie, il devient ensuite vice-président du Conseil de la République[2] jusqu'en décembre 1953, date à laquelle il est élu à la présidence de la République, au 13e tour de scrutin.
Son mandat est marqué par l'arrivée à la présidence du Conseil des ministres de Pierre Mendès France, le début de la guerre d'Algérie et le retour du général de Gaulle au pouvoir, qui entraîna la fondation de la Ve République et son départ volontaire, en janvier 1959 de la présidence de la République pour laisser place à de Gaulle, « le plus illustre des Français », comme l'appelait le président Coty.
René Coty est le second et dernier président de la IVe République.
Biographie
Une jeunesse littéraire
René Coty est le fils de Jean Coty, républicain modéré, directeur d'un collège, et de Blanche Sence. René Coty a deux sœurs, Nelly et Marthe, et deux frères, Marcel et Henri. Tous les membres de la famille Coty sont normands et ont exercé des métiers divers tels que cultivateurs, instituteurs ou encore artisans.
En 1899, le jeune René Coty obtient un double baccalauréat en sciences et en lettres, avec la mention bien. En 1900, cependant, il est exempté du service militaire, pour cause de maigreur. Deux ans plus tard, en 1902, il obtient une licence en droit et une licence en lettres et philosophie à l'université de Caen. Il prête serment d'avocat la même année et s'inscrit au barreau du Havre. Spécialiste en droit maritime et commercial, il plaide au civil et au pénal. Par deux, fois, l'avocat Coty fut bâtonnier de l'Ordre des Avocats. C'est au printemps que le jeune René Coty s'engage en politique, lorsqu'il soutient la campagne du député-maire du Havre Jules Siegfried lors des élections législatives.
Passionné de littérature et de philosophie, il fonde en 1905 le Cercle Vallonges, un cercle littéraire, avec quelques amis, également intéressés par les livres.
Mariage avec Germaine Corblet
Le 21 mai 1907, René Coty épouse, en l'église Saint-Michel du Havre, Germaine Corblet, fille d'un armateur havrais. Le couple a deux filles, Geneviève, née en 1908, épouse de Louis-Félix Egloff à partir de 1929, avec lequel elle aura six filles, et Anne-Marie, née en 1910, épouse du docteur Maurice Georges à partir de 1932, avec lequel elle aura trois filles et un fils. Geneviève et Anne-Marie décèderont toutes deux en 1987.
Benoît Duteurtre, né en 1960, qui est un arrière-petit-fils de René et Germaine Coty, est un romancier, essayiste et critique musical.
Une carrière politique importante
Débuts dans la vie politique locale
Laïc et démocrate, il s'inscrit dans la ligne de Gambetta, Jules Ferry et Waldeck-Rousseau.
En mai 1908, René Coty est élu conseiller municipal du Havre, sur la liste « Union du comité républicain du Bloc des Gauches ». Il exercera cette fonction jusqu'en 1919. Un an plus tard, en 1909, il est élu secrétaire général du Grand cercle républicain. Dans sa carrière d'avocat, Coty défend le syndicaliste Jules Durand en 1910, mis en cause dans l'assassinat d'un ouvrier non-gréviste. Ce fait divers inspira Salacrou, qui en fera une pièce, Boulevard Durand, en 1950.
En 1913, élu conseiller général de Seine-Inférieure, il désire se faire entendre, se faisant le défenseur de la vie politique locale. Il sera réélu à quatre reprises, en 1919, 1925, 1931 et 1937.
En 1914, Coty est engagé volontaire dans le 129e Régiment d'infanterie qui fait partie de la division Mangin. Il participera notamment à la bataille de Verdun, tout comme l'ensemble de sa division. En 1918, à la fin de la guerre, Coty reprend sa robe d'avocat et continue à travailler dans son cabinet.
Député de la Seine-Inférieure
En décembre 1919, René Coty se présente aux élections municipales, et brigue la mairie du Havre, mais est cependant battu. En juin 1923, il est élu député de la Seine-Inférieure. Il succède à son modèle, Jules Siegfried, prend ses distances avec le parti radical, et rejoint l'Union républicaine. Dès lors, il s'investit dans son travail parlementaire, et devient membre de plusieurs commissions, dont celle de la Marine marchande.
Le 13 décembre 1930, le député Coty est nommé sous-secrétaire d'État à l'Intérieur dans le gouvernement de Théodore Steeg. Il occupe cette fonction dix jours seulement, jusqu'au 23 décembre.
En 1932, il est élu vice-président du Conseil général de Seine-Inférieure. La même année, peu après sa réélection à la Chambre des députés, René Coty décide de quitter le barreau pour se consacrer à son travail parlementaire. Cependant, il ouvre un cabinet de conseiller juridique à Paris, la capitale.
Sénateur de la Seine-Inférieure
En 1936, René Coty est élu sénateur; c'est cette même année que le couple Coty s'installe, dans un appartement du quai aux Fleurs. Il devient membre de la comission des Finances.
Le 10 juillet 1940, le sénateur Coty vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, avant de se tenir à l'écart de la vie publique. En 1943, cependant, il travaille avec un petit groupe de sénateurs à Paris en faveur de la Libération. De 1944 à 1945, il sera déclaré inéligible, du fait de son vote en faveur du maréchal, en juillet 1940, mais, compte tenu de ses activités en faveur de la Libération, sera réhabilité le 11 octobre 1945 par un jury d'honneur.
Député de la Seine-Inférieure à l'Assemblée nationale constituante
Lors des élections législatives du 21 octobre 1945 puis de celles de juin 1946 qui doivent désigner une Assemblée nationale constituante, René Coty est à nouveau élu deputé de la Seine-Inférieure, en tant que membre du Parti des Républicains Indépendants. Il sera réélu élections législatives du 10 novembre 1946
Ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme
René Coty est nommé ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme dans le premier cabinet de Robert Schuman, du 24 novembre 1947 au 26 juillet 1948, dans le cabinet d'André Marie, du 26 juillet au 5 septembre 1948 et enfin dans le second cabinet de Robert Schuman, du 5 septembre au 11 septembre 1948.
Sénateur de la Seine-Inférieure au Conseil de la République
Lors des sénatoriales de novembre 1948, Coty retrouve son titre de sénateur de la Seine-Inférieure. En juillet 1949, il devient également vice-président de l'Union parlementaire européenne.
Réélu en 1952, Coty écrit la même année dans son journal personnel que sa « candidature à l'Élysée semble sérieusement envisagée par des gens sérieux ». Coty évoque alors, par le biais de cette éventuelle candidature, la succession du président de la République sortant, Vincent Auriol, qui ne songe pas à se représenter pour un second mandat de sept ans.
Président de la République française
Élection
René Coty devant un meuble en palissandre, combiné radio-électrophone, dans un salon de l'Élysée, en 1955.En 1953, le président de la République, Vincent Auriol, affirme qu'il ne se représentera pas au mois de décembre pour un second mandat de sept ans. Le président du Conseil des ministres, Joseph Laniel, est alors favori pour succèder au président Auriol.
Vice-président du Conseil de la République en 1948, René Coty approchait de ses soixante-douze ans à la fin de 1953, et sa candidature à l'Élysée pour succèder au président Vincent Auriol n'était pas une évidence. Mais, pour la première fois, alors que jusque-là le président de la République était rapidement élu dès le premier tour ou éventuellement au second, le scrutin s'éternisa lors de l'élection de 1953; Joseph Laniel, candidat de la droite et président du Conseil, n'arriva jamais à obtenir la majorité absolue, nécessaire dans ce genre d'élection.
Après le dixième tour, il se retira au profit de Louis Jacquinot, lequel fit encore moins bien, passant même au-dessous de son rival socialiste, Marcel-Edmond Naegelen ; il se retira à son tour au profit de René Coty, ancien ministre de l'Urbanisation et de la Reconstruction, qui, sans être candidat, avait obtenu 71 voix. Cette fois, le nouveau candidat de la droite passa d'emblée à douze voix de la majorité absolue ; on décida de procéder immédiatement au 13e tour de scrutin et René Coty fut largement élu, le 23 décembre 1953. Le nouveau président de la République entra en fonction le 16 janvier 1954, après la cérémonie de passation des pouvoirs avec son prédécesseur Vincent Auriol, lors d'une cérémonie au palais présidentiel de l'Élysée.
Mandat
Dans les attributions étroites que la Constitution de 1946 lui donnait, il se conduisit avec finesse et dignité, devenant vite très populaire dans le cœur des Français. On fut frappé de l'exclamation de son épouse, Germaine Coty, lorsqu'elle apprit l'élection de son mari : « Et dire que je viens de rentrer mon charbon pour l'hiver ! ».
Appel au général de Gaulle
En 1958, la tension politique due à la guerre d'Algérie est à son comble, et le putsch d'Alger fait craindre un coup d'État militaire. René Coty fait appel « au plus illustre des Français », le général de Gaulle et le nomme président du Conseil; le général de Gaulle est chargé de former le nouveau gouvernement.
Pour contrer l'opposition de l'Assemblée nationale dominée par la gauche, il menace de démissionner sur-le-champ en cas de refus d'investiture du Général. Cette menace conduit la moitié des députés socialistes et radicaux à accepter de Gaulle comme président du Conseil. Il confie alors à Charles de Gaulle la tâche de constituer un gouvernement. À ce sujet, Pierre Mendès France déclarera plus tard : « C'est parce que le Parlement s'est couché qu'il n'y a pas eu de coup d'État ! ».
La Constitution de la Ve République est promulguée le 4 octobre, et René Coty transmet ses pouvoirs au général le 8 janvier 1959 en déclarant « le premier des Français est désormais le premier en France ». Il désapprouvera cependant le recours au référendum de 1962 pour décider de l'élection présidentielle au suffrage universel.
La fin de sa vie
Membre de droit du Conseil constitutionnel, il est élu à l'Académie des sciences morales et politiques. Il occupe alors le fauteuil IV de la Section III (Législation, droit public et jurisprudence)[3].
René Coty meurt au Havre le 22 novembre 1962, victime d'une crise cardiaque. Le général de Gaulle prononce son éloge lors des obsèques nationales célébrées au Havre le 27 novembre suivant. Pour caractériser la personnalité de René Coty, il cita Jean de La Bruyère : « La modestie est au mérite ce que les ombres sont aux figures dans un tableau : elle lui donne force et relief »[4].
Hommage
Le principal centre commercial du Havre porte aujourd'hui son nom. L'Espace Coty a été inauguré en 1999.
Cinéma
- L'espion héros du film OSS 117 : Le Caire, nid d'espions, Hubert Bonisseur de La Bath, alias OSS 117, fait très souvent référence au président René Coty, son modèle, dans ses répliques avec un ton assez ironique et décalé. Il distribue fièrement, et à tout va, des photos du président de la République, n'hésitant pas à prononcer une véritable éloge à son égard : « C'est notre raïs à nous. C'est M. René Coty. Un grand homme. Il marquera l'Histoire ! ».
Notes et références
- « CHAN Centre historique des Archives nationales Paris ». Une biographie complète et détaillée du Président Coty
- Équivalent de l'actuel Sénat de la République française.
- Liste des académiciens appartenant à la Section III de l'ASMP
- Charles de Gaulle, Discours et messages pour l'effort. 1962-1965
Liens externes
- (fr) Biographie de René Coty sur le site de la présidence de la République
- (fr) René Coty sur le site du Sénat français
- (fr) Les archives du Sénat
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