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Massif du Vercors
Pour les articles homonymes, voir Vercors.Le massif du Vercors est un massif des Préalpes, à cheval sur les départements français de l'Isère et de la Drôme, culminant à 2 341 mètres au Grand Veymont.
L'adjectif correspondant est vertacomicorien, du nom d'un peuple celte qui occupait la région, ou vercusien.
Sa nature géologique principalement calcaire offre un relief plus complexe que le terme de « plateau » pourrait laisser penser, ce qui fait qu'il est divisé en plusieurs régions distinctes géographiquement et historiquement.
Il est notamment célèbre pour le maquis du Vercors qu'il a abrité durant la Seconde Guerre mondiale. C'est désormais un lieu de sports en pleine nature où l'environnement est protégé.
Sommaire
Géographie
Situation
Le massif du Vercors est un massif des Préalpes situé dans le sud-est de la France, à cheval sur les départements de l'Isère et de la Drôme (région Rhône-Alpes), à une centaine de kilomètres au sud de Lyon. Sa superficie est d'environ 135 000 hectares, ce qui en fait le plus grand massif des Préalpes du Nord.
Il est entouré par le massif de la Chartreuse au nord-est, le massif du Taillefer à l'est (il fait face à la Matheysine) et le massif du Diois au sud[1].
Il est arrosé du nord-est au nord-ouest par l'Isère, à l'est par le Drac (Trièves) et au sud par la Drôme (Diois). À l'ouest, il domine la vallée du Rhône.
Relief
Bien que résumée par le terme « plateau », la géographie apparente du Vercors est complexe. Vue de loin, elle semble simple : la différence d'altitude entre le massif et les vallées est de plusieurs centaines de mètres, pour atteindre les zones habitées qui se trouvent entre 800 et 1 200 mètres. La crête du flanc Est présente plusieurs sommets qui dépassent les 2 000 mètres, l'intérieur du massif oscillant entre 800 et 1 500 mètres.
Mais en y regardant de plus près, les contrastes sont importants : de larges vallées (val de Lans-en-Vercors, région d'Autrans, de la Chapelle-en-Vercors, etc.) et plateaux (forêt des Coulmes, forêt de Lente et les immenses Hauts-Plateaux du Vercors) sont séparés par de profondes gorges (gorges de la Bourne, du Furon, etc.), par des falaises imposantes de 1 000 mètres de profondeur (falaises de Presles, de Combe-Laval, etc.).
Cette géographie complexe explique que le Vercors n'ait pas eu d'unité réelle, les déplacements et échanges économiques se faisant entre le massif et la plaine plutôt qu'entre les différentes parties du massif. Le terme Vercors lui-même est d'usage récent pour désigner l'ensemble du massif : jusqu'au milieu du XXe siècle, il ne désignait que le canton de la Chapelle-en-Vercors relié au Royans. Le nord du massif, autour de Lans-en-Vercors, Villard-de-Lans, Autrans et Méaudre, en liaison avec la région grenobloise, était appelé Quatre Montagnes. Ce sont les tragiques évènements de la Seconde Guerre mondiale, le développement du tourisme et, enfin, la création d'un parc naturel régional sur le territoire qui donnèrent une unité au massif.
Du fait de ce relief, plusieurs parties du Vercors sont particulièrement isolées du reste du massif. Gresse-en-Vercors ne communique pas avec l'intérieur du massif. Il faut parcourir des dizaines de kilomètres pour rejoindre le sud du Vercors (en passant par le col de Rousset) et des dizaines aussi pour atteindre le nord du Vercors (en passant par Saint-Nizier-du-Moucherotte). Les villages de l'extrémité nord du Vercors sont coupés de l'intérieur du massif depuis qu'un éboulement a eu lieu près du tunnel du Mortier. La route n'a jamais été refaite, et il n'est pas prévu qu'elle le soit. De ce fait, les habitants doivent redescendre dans la plaine et remonter par une autre route s'ils souhaitent accéder à l'intérieur du Vercors. Le plateau du Peuil, petit plateau de l'est du Vercors, n'a pas non plus de moyens de communications avec l'intérieur du massif. Ce plateau est un témoin du glacier de l'Isère, qui, à l'époque glaciaire, remontait jusqu'à cette altitude. On y trouve une tourbière. C'est aussi un des belvédères du Vercors qui permet, par temps clair, de voir Grenoble, entre Chartreuse et Belledonne.
Le relief particulier du Vercors lui vaut deux surnoms. Celui de Forteresse[2] témoigne de l'accès difficile de la plaine au Vercors : il faut le plus souvent passer par des gorges de falaises calcaires ou des pas accessibles seulement aux randonneurs pédestres ; celui de Dolomites françaises[3] renvoie au massif calcaire italien connu pour ses formes de rochers particulières.
Régions du Vercors
En raison de ce relief particulier, le centre du Vercors est découpé en plusieurs régions distinctes[4].
Les Coulmes, au nord-ouest, ont toujours été la partie la plus boisée du massif. La forêt a été exploitée au XIXe siècle pour faire du charbon de bois, particulièrement par des personnes d'origine italienne, qui ont légué un des plats régionaux du Vercors, les ravioles. Dans cette région, le Vercors ressemble plus à une montagne qu'à une succession de plateaux, les plis du calcaire urgonien étant plus arrondis. Plusieurs routes impressionnantes permettent de se rendre dans les Coulmes, en particulier la route des gorges du Nan, et celle des gorges des Écouges.
Les Quatre Montagnes sont aujourd'hui la zone la plus développée du Vercors pour le tourisme, en particulier le ski de fond et le ski alpin. Cette région est très appréciée des Grenoblois pour leurs sorties du week-end. Néanmoins, il existe toujours des activités traditionnelles dans les Quatre Montagnes, en particulier l'élevage bovin laitier et la production de fromage. Les quatre villages principaux (Autrans, Méaudre, Lans-en-Vercors et Villard-de-Lans) sont répartis sur deux plateaux séparés par des monts boisés. Ces quatre villages sont des stations de ski mais possèdent toujours des fermes en activité.
Le Vercors drômois est constitué de plateaux plus petits, mais plus nombreux. Certains de ces plateaux sont spectaculaires (Ambel, Font-d'Urle), et offrent de belles vues des uns sur les autres ou sur les plaines environnantes. Au nord du Vercors drômois se trouvent plusieurs gorges traversées par des routes impressionnantes taillées à même la falaise. Les plateaux herbeux du Vercors drômois sont utilisés comme alpages en été. La transhumance est l'occasion d'une fête à Die.
Les Hauts-Plateaux du Vercors constituent la zone la plus haute, la plus sauvage et la plus protégée du massif. Cette zone ne comporte aucun résident permanent, aucune route bitumée, et aucun véhicule à moteur n'y est autorisé. Les seules activités économiques sont l'exploitation des forêts selon le modèle de la futaie jardinée et l'utilisation des pâturages comme alpages en été.
Sur le pourtour du massif, le parc régional du Vercors recouvre partiellement ou entièrement quatre autres zones géographiques.
Le Royans, au nord-ouest, est une région vallonnée dédiée à l'élevage et à la culture de noyers. Trois des plus impressionnantes gorges du Vercors convergent vers le Royans : les gorges de la Bourne, le cirque de Combe-Laval, et la vallée d'Échevis, comportant les petits et les grands goulets.
La Gervanne, dans le sud-ouest, est une zone de collines accidentées au pied des plateaux, où l'on trouve de jolis villages.
Le Diois, au sud, correspond à une partie de la vallée de la Drôme autour de la ville de Die. Cette zone a un caractère méditerranéen plus marqué, avec des vignobles et des champs de lavande. Dans cette région sont produits trois vins AOC : la clairette de Die, le crémant de Die et le vin de Châtillon-en-Diois.
Le Trièves, à l'est, est un bas plateau vallonné, entre les sommets du Vercors et les gorges du Drac. C'est depuis le Trièves que l'on a les plus belles vues du mont Aiguille.
Principaux sommets
Du nord au sud :
- le Moucherotte, 1 901 mètres, le sommet qui domine Grenoble, le plus au nord du massif ;
- Le Pic Saint-Michel, 1 966 mètres ;
- Roc Cornafion, 2 049 mètres ;
- les Arêtes du Gerbier, 2 109 mètres ;
- la Grande Moucherolle, 2 284 mètres ;
- la Petite Moucherolle, 2 156 mètres ;
- la Tête des Chaudières, 2 029 mètres ;
- les Rochers de la Balme, 2 063 mètres ;
- le Sommet de Malaval, 2 097 mètres ;
- Le Grand Veymont, 2 341 mètres, le point culminant du massif ;
- le Mont Aiguille, 2 086 mètres, à la silhouette caractéristique, sa première ascension en 1492, serait l'acte de naissance de l'alpinisme ;
- le Dôme ou Pié Ferré, 2 041 mètres, à l'est de Die, dans la montagne de Glandasse.
Principaux cols
- Col de l'Allimas, 1 352 mètres, entre Gresse-en-Vercors et Saint-Michel-les-Portes ;
- Col de la Chau, 1 337 mètres, entre Vassieux-en-Vercors et Bouvante ;
- Col de la Bataille, 1 313 mètres, entre Léoncel et Bouvante ;
- Col de la Rama, 1 279 mètres, à Bouvante (route forestière) ;
- Col de Rousset, 1 254 mètres (altitude du tunnel), entre Die et Saint-Agnan-en-Vercors ;
- Col de Saint-Alexis, 1 222 mètres, entre Vassieux-en-Vercors et Saint-Agnan-en-Vercors ;
- Col de la Croix-Perrin, 1 218 mètres, entre Lans-en-Vercors et Autrans - Méaudre ;
- Col de la Portette, 1 175 mètres, à Bouvante ;
- Col de Tourniol, 1 145 mètres, entre Léoncel et Barbières ;
- Col de Proncel, 1 100 mètres, entre Vassieux-en-Vercors et La Chapelle-en-Vercors ;
- Col des Limouches, 1 086 mètres, entre Léoncel et Peyrus ;
- Col de Romeyère, 1 069 mètres, entre Rencurel et Saint-Gervais ;
- Col de la Machine, 1 011 mètres, entre Saint-Jean-en-Royans et Bouvante.
Le tunnel du Mortier relie Montaud à Autrans, à 1 391 mètres d'altitude, mais a dû être fermé suite à un énième éboulement, impliquant 20 000 m³ de roche, le 20 avril 1992 qui a emporté une partie du versant nord de la route. L'instabilité de la paroi a toujours empêché la concrétisation de projet de reconstruction un peu plus en aval, notamment au profit de la route des gorges d'Engins depuis Sassenage (D531).
Principales gorges
Les gorges sont les étapes intermédiaires de circulation entre les eaux de ruissellement en grande partie souterraines du plateau et les zones de piedmont à la périphérie du massif.
- Grands Goulets, creusés par la Vernaison et sillonnés par une route vertigineuse creusée dans la paroi ;
- Gorges de la Bourne, creusées par la Bourne ;
- Gorges du Furon, creusées par le Furon ;
- Gorges d'Engins, creusées par le Furon ;
- Gorges du Nan, creusées par le Nan ;
- Gorges des Écouges, creusées par la Drevenne ;
- Gorges d'Omblèze, creusées par la Gervanne ;
- Combe Laval, creusée par le Cholet.
Ces eaux bien oxygénées et fraîches sont riches en poissons.
De plus, le projet Vercors Eau Pure vise à restaurer la qualité des eaux sur des plans de 6 ans[5].
Les Grands Goulets sont définitivement fermés à toute circulation, y compris celle des piétons, à cause des risques permanents d'éboulement. L'accès aux Barraques-en-Vercors se fait à partir de 2008 via un nouveau tunnel construit de 2006 à 2007.
Glacières et névés
Du fait de son altitude (2 341 mètres au point culminant), le Vercors ne possède pas de glaciers à proprement parler. En revanche, on dénombre un certain nombre de glacières, typiques des reliefs calcaires, comme la grotte de la Glacière, près de Corrençon[6] : située à une altitude modeste (environ 1 200 mètres), elle se présente sous la forme d'une ouverture béante de la roche orientée vers le ciel. L'hiver, la neige s'y accumule, et l'été, elle y est conservée par une température constante proche de 0°C. Ouverte au public jusque dans les années 1990, elle a été fermée depuis pour des raisons de sécurité, à cause d'éboulements notamment. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a servi de réfrigérateur naturel aux résistants. Aujourd'hui, l'épaisseur de glace diminue. Elle a aussi un temps approvisionné les bars de Grenoble en glaçons.
Les névés se retrouvent principalement à l'est du massif du Vercors. Suivant les années, on en trouve jusqu'en juin, juillet, voire début août sur le Grand Veymont notamment.
Villes
Les principaux villages des Quatre Montagnes sont Villard-de-Lans (3 798 habitants), chef-lieu du canton regroupant également Lans-en-Vercors (2 026 habitants), Autrans (1 541 habitants), Méaudre (1 039 habitants) et Corrençon-en-Vercors (332 habitants).
Dans le Vercors proprement dit ou Sud-Vercors, moins peuplé, figurent La Chapelle-en-Vercors (662 habitants), chef-lieu du canton comptant également Saint-Agnan-en-Vercors (402 habitants), Vassieux-en-Vercors (340 habitants), Saint-Martin-en-Vercors (295 habitants) et Saint-Julien-en-Vercors (214 habitants).
La plus grande ville à la périphérie du massif est Grenoble (158 000 habitants, 420 000 en incluant toute l'agglomération), préfecture du département de l'Isère. Elle se trouve au nord-est du massif, à l'entrée du Grésivaudan. Voreppe (9 231 habitants) et Moirans (7 627 habitants) sont situées un peu plus au nord. Pont-en-Royans (917 habitants) et Saint-Jean-en-Royans (2 895 habitants) sont deux communes loties au pied des montagnes, dans le Royans. Chabeuil (5 861 habitants), se trouve dans la vallée du Rhône, à une quinzaine de kilomètres de Valence, préfecture du département de la Drôme. Crest (7 739 habitants), Die (4 451 habitants) et Châtillon-en-Diois (523 habitants), au sud du massif, appartiennent au Diois. Enfin, Clelles (378 habitants) et Monestier-de-Clermont (921 habitants) sont situées au pied du versant oriental des crêtes, dans le Trièves.
Géologie
Orogenèse
Le Vercors est un massif karstique percé de nombreuses cavités (gouffre Berger, Trou Qui Souffle, etc.) réputées, par l'action de l'eau.
Le plateau près de Villard-de-Lans est un polje. Le Vercors présente ailleurs une alternance de versants abrupts pouvant atteindre 300 m de hauteur, correspondant à l'érosion des calcaires durs, résultant de la formation de récifs coralliens dans une mer tropicale peu profonde, et de versants moins pentus correspondant à l'érosion de marnes ou de roches marno-calcaires plus tendres formées dans une mer un peu plus profonde[7], ainsi qu'une zone de hauts-plateaux peu fréquentés (ancien camp militaire dans les années 1970). Cette sédimentation initiale remonte à la seconde moitié de l'ère secondaire (vers -150 à -65,5 millions d'années).
L'érection du massif Alpin a ensuite repoussé le massif vers l'ouest tout en soulevant d'environ 2 000 mètres les sédiments devenus roches calcaires. Ce soulèvement, en raison de la dureté de la roche, a créé de nombreux plis et failles[8]
Ultérieurement, durant le Miocène (-23 à -5,3 millions d'années), au cours de différentes transgressions marines, une sédimentation secondaire a formé les molasses présentes au pied du massif, suite au creusement des gorges et à l'érosion des falaises par l'action du ruissellement[7].
On dénote l'absence de recouvrement total par une calotte glaciaire ; tout au plus, des glaciers locaux ont pu se former, laissant des moraines et un drumlin en aval du Grand Veymont, entre Chichilianne et Gresse-en-Vercors[9]. Le relief est typique des milieux calcaires : lapiaz, dolines, cavités.
Le piedmont valentinois et le versant occidental du Vercors
Tout au long du versant occidental du Vercors, la dynamique périglaciaire fut présente : les alluvions transportées par les petites rivières[10] descendant du massif formèrent des cônes de déjection, longs plans inclinés en éventail. Ces matériaux, provenant des montagnes alpines et accumulés durant l'ère quaternaire, recouvrirent une grande partie du fond molassique tertiaire de la plaine et des dépôts fluvio-glaciaires de l'Isère[11].
La plaine de Valence et le Vercors entrent en contact sur une quarantaine de kilomètres par l'intermédiaire d'un piedmont qui constitue à la fois la partie haute de la plaine et la base du grand versant du Vercors.
Le versant occidental du Vercors a une structure complexe. Le grand pli bordier est un anticlinal constitué de surfaces d'érosion polygéniques au relief complexe. Il faut souligner le contraste, quant à la résistance à l'érosion, entre le calcaire urgonien et les couches sous-jacentes expliquant les nombreux versants à corniches. L'absence de cette carapace d'Urgonien, offrant de fortes possibilités d'érosion, fut à l'origine de dépressions ou combes[11].
Ces combes peuvent être fermées par une barre, percée de goulets par lesquels s'échappent les ruisseaux, comme dans le secteur de Beauregard-Baret à Barbières, où l'axe du pli reste relativement droit.
Dans le secteur de Saint-Vincent-la-Commanderie à Châteaudouble, le pli prend une forme de genou ; la corniche n'est plus que le rebord d'un plateau et la combes peut être dite « de flanc ».
Plus au sud, le rebord du plateau se redresse ; la combe se trouve réduite et disparaît même en laissant place à une simple crête monoclinale : la Raye.
Histoire
Préhistoire
Les nombreuses cavités naturelles du Vercors, à dominante verticale, n'ont pratiquement pas été utilisées comme habitat préhistorique, ou seulement pendant la saison estivale, sans doute à cause du climat rude qui régnait sur les plateaux d'altitude, en particulier durant les périodes glaciaires[12]. Nos ancêtres chasseurs-cueilleurs venaient simplement chasser le gibier de montagne (oiseaux, bouquetin, marmotte[13], etc.) et pêcher dans les torrents.
Au Paléolithique, les hommes préhistoriques viennent déjà des vallées pour récolter et tailler des silex de grande qualité, que l'on retrouve dans un vaste rayon autour du massif[14]. Au Néolithique, ils exploitent les rognons de silex autour de Vassieux-en-Vercors dans de très vastes ateliers de taille[15].
Peuplement progressif
Le Vercors doit son nom à un peuple celte vivant dans ces montagnes au moment de l'invasion romaine : les Vertacomicorii. L'occupation est limitée au cours de l'Antiquité aux zones de piémont. Le plateau est exploité de façon saisonnière, la trace la plus visible étant des carrières au sud des Hauts-Plateaux. Les Romains se sont probablement servi de pierres du massif pour la construction de Die (Dea Augusta, capitale septentrionale du peuple voconce à partir de la fin du Ier siècle)[16].
Au cours du Moyen Âge, le massif est peu à peu colonisé, en commençant par la « vallée du Vercors », comprenant La Chapelle, Saint-Julien, Saint-Martin et Saint-Agnan (le suffixe « en Vercors » étant une adjonction récente) ainsi que Rencurel, où de modestes châteaux en pierre remplacent de précédentes fortifications en bois et en terre, vestiges de la féodalité et des petites seigneuries locales, visant à contrôler la route commerciale entre le Diois et la région grenobloise. Peu à peu, les barons de Sassenage étendent leurs prérogatives sur le pays des Quatre Montagnes, les Coulmes et une partie du Royans, tandis que les évêques de Die contrôlent majoritairement le sud du massif. Cette frontière politique va se perpétuer au cours des siècles, et se retrouvera finalement dans le partage entre la Drôme et l'Isère à la fin du XVIIIe siècle[17].
Au XIIe siècle, des communautés de moines s'installent dans le même temps dans les « déserts » du Vercors : Chartreux aux Écouges et à Bouvante, Cisterciens à Léoncel puis Valcroissant, privilégiant eux davantage la vie collective. Ils contribuent en tout cas au façonnement du paysage (défrichages, culture, élevage)[18].
Période contemporaine
Le massif du Vercors est célèbre pour les résistants qui se sont réfugiés dans les maquis lors de la Seconde Guerre mondiale : certains plateaux y sont difficiles d'accès pour les non-initiés. Les jeunes français voulant échapper au Service du travail obligatoire (STO) s'y réfugient. Ils sont plusieurs centaines début 1944, contribuant ainsi à la création d'un réduit autonome. Le porche d'entrée de la grotte de la Luire servit brièvement d'hôpital de campagne au Maquis[19].
Mais le général allemand Karl Pflaum lance en juin 1944 depuis Grenoble une offensive qui est fatale à ce Maquis, utilisant notamment des troupes aéroportées par planeurs. Le Maquis du Vercors fut anéanti, mais sa résistance permit de retenir plusieurs divisions allemandes au moment des débarquements en Normandie et en Provence[20]. À la fin de la guerre, Vassieux-en-Vercors fut élevé au rang de Compagnon de la Libération, avec quatre autres communes méritantes de France.
Un mémorial a été bâti au centre de Vassieux-en-Vercors puis plus tard au col de la Chau, au-dessus du village, en l'honneur des maquisards[21]. Il a été inauguré par le Premier ministre français Édouard Balladur le 21 juillet 1994.
Article détaillé : Maquis du Vercors.Le 23 décembre 1995, 16 adeptes (dont 3 enfants) de l'Ordre du Temple solaire sont retrouvés brûlés dans le massif du Vercors, à Saint-Pierre-de-Chérennes[22].
Histoire économique
Peut-être plus encore que la plaine, le massif a connu des bouleversements économiques radicaux. D'une activité agricole et d'élevage marquée par la transhumance ovine depuis des siècles qui a creusée d'innombrables drailles et chemins muletiers vertigineux, le Vercors passe durant le XXe siècle à une activité plus industrielle dominée par l'exploitation de la forêt et la transformation en charbon de bois, perpétuée jusqu'en 1970[23]. La houille blanche s'est également développée à petite échelle sur les torrents. Des centaines de moulins sont installés ; la seule Vernaison compte une vingtaine d'installations hydrauliques au XVIIIe siècle[23].
Enfin, dans la seconde moitié du XIXe siècle, de grands travaux ont permis l'ouverture de routes dans les gorges. Le massif devient plus accessible et les communications sont facilitées. L'essor des stations de sports d'hiver bat rapidement son plein et depuis quelques dizaines d'années, le tourisme se popularise.
Équipement
Accès routier
La construction des routes 1810 - 1825
C’est à cette époque que les premiers gros travaux pour la construction de routes furent entrepris. La première grande voie d’accès vers le Vercors est celle reliant Sassenage au Villard de Lans, terminée en 1827. C’est dès 1818 que le préfet de l’Isère, apprenant que le chemin de Villard à Grenoble venait de subir des dégradations particulièrement graves, envoie sur les lieux un ingénieur chargé d’en préparer la réfection. Les communes du canton (Villard de Lans, Lans, Autrans, Méaudre) lui avait adressé une supplique pour que le chemin de muletier du Villard à Grenoble par Sassenage fut transformé en « une petite route praticable à de petites voitures seulement ». Elles souhaitaient cela principalement en vue de faciliter l’exportation du bois de construction à Grenoble, du bois de Marine pour l’Etat, et de mieux exploiter les pâturages. Pour faire face aux dépenses, toutes les communes intéressées participèrent, en acceptant de s’imposer. Cinq ans plus tard, le maire de Villard de Lans pouvait écrire : « la route tendant du Villard de Lans jusqu’à l’entrée des gorges de Lans, ainsi que celles d’embranchement tendant à Méaudre et Autrans seront incessamment ouvertes ». Le tracé était alors assez simple, et dut subir jusqu’en 1845 diverses modifications ; il y en eut d’autres encore en 1882 et 1886.
Le réseau du Vercors a ensuite continué à se développer avec une grande cadence, pendant tout le XIXe : La route des Goulets, démarrée en septembre 1843, est achevée en 1854 après 11 ans d’acharnements. Faute de moyens financiers, la construction de la route de la Bourne ne débuta, elle, qu’en 1861. Après de nombreuses difficultés, Villard est enfin relié à Pont en Royans par les gorges de la Bourne en 1872. Après la jonction routière entre Méaudre et les Jarrands, à l’entrée des gorges de la Bourne (1877-1883), les bois de toutes les communes du Canton vont de préférence se diriger vers Pont-en Royans. Une autre route Lans-Seyssinet par St Nizier est mise en chantier de 1869 à 1875.
Vers 1858, il est possible de gagner le val de Lans par une voiture à deux places partant de Grenoble deux fois par semaine pour la somme de deux francs. A partir de 1865, une diligence, la Patache assure un service journalier entre la Capitale du Dauphiné et le chef-lieu du canton.
Les voies d'accès au cœur du massif sont relativement peu nombreuses sur tout son pourtour :
- Routes principales :
- Route départementale D531 depuis Sassenage, versant nord-est, vallée de l'Isère, à travers les gorges d'Engins et du Furon ;
- Route départementale D518 depuis Die, versant sud, vallée de la Drôme ;
- Route départementale D68 depuis Chabeuil, versant ouest, vallée du Rhône ;
- Route départementale D76 depuis Saint-Jean-en-Royans, versant nord-ouest, vallée de l'Isère, à travers la Combe Laval (construction de 1893 à 1896, élargissement en 1938)[24] ;
- Routes départementales D518 et D531 depuis Pont-en-Royans, versant nord-ouest, vallée de l'Isère, à travers respectivement les Grands Goulets (construction de 1843 à 1851, élargissement en 1872) et les gorges de la Bourne (de 1861 à 1871)[24].
- Routes secondaires :
- Route départementale D106 depuis Seyssins, versant nord-est, vallée de l'Isère ;
- Route départementale D70 depuis Mirabel-et-Blacons, versant sud, vallée de la Drôme ;
- Route départementale D731 depuis Aouste-sur-Sye, versant sud, vallée de la Drôme ;
- Route départementale D101 depuis Barbières, versant ouest, vallée de l'Isère ;
- Route départementale D92 depuis Saint-Pierre-de-Chérennes, versant nord-ouest, vallée de l'Isère ;
- Route départementale D22 depuis Cognin-les-Gorges, versant nord-ouest, vallée de l'Isère ;
- Route départementale D35 depuis Saint-Gervais, versant nord-ouest, vallée de l'Isère.
L'ancien tramway
Une des curiosités du Vercors est son ancienne ligne de tramway. À son apogée, la ligne GVL (Grenoble - Villard-de-Lans) atteint 39 kilomètres[25].
Le 3 novembre 1909 débutent les travaux du tramway de Grenoble. En 1911, l'inauguration du premier tronçon de 7,8 kilomètres, composé de 18 arrêts, reliant le centre-ville (place Grenette) à Seyssins a lieu. En 1914, la Première Guerre mondiale met un frein aux travaux alors que le terminus se situe à Saint-Nizier-du-Moucherotte. En 1920, le chantier se termine et permet de relier Villard-de-Lans via Lans-en-Vercors depuis la plaine[26].
Mais avant la Seconde Guerre mondiale, la ligne est déjà en déficit, et celui-ci s'accroît après la Libération. En 1950, les journaux titrent « la route a vaincu le rail » alors que les rails sont démantelés et que des bus remplacent les wagons. L'exploitation de la ligne complète aura duré une trentaine d'années.
Aujourd'hui, toutefois, les ponts et les tunnels existent toujours, et il est possible de suivre l'ancien tracé à pied.
Habitat traditionnel
Jusque dans les années 1930, les toits de chaume en seigle ont recouvert les fermes traditionnelles du Vercors. En 1995, la dernière chaumière du massif, à la Bâtie, sur la commune de Gresse-en-Vercors, a disparu. Pourtant ils sont à l'origine des traditionnelles lauzes du plateau des Quatre-Montagnes, extraites des carrières calcaires environnantes. Elles recouvraient les pignons, étaient surnommées « saut de moineaux » et protégeaient les toits du vent et de la pluie[27]. Une pierre ronde, appelée épi de faîtage ou « couve » (symbolisant la fertilité), recouvrait la plus haute des dalles[24].
En raison de la rudesse du climat et du relief, chaque élément architectural apporte une réponse à une contrainte. Les caractéristiques communes des fermes sont un grand volume allongé et des murs de pierre enduits avec peu d'ouvertures larges pour garder la chaleur, deux pans de toiture fortement inclinés pour chasser la neige, et un arbre feuillu (fruitier si possible), pour avoir de l'ombre en été mais de la lumière en hiver.
Au XIXe siècle, l'ardoise et la tôle ont remplacé la chaume dans le nord du massif, les tuiles dans le sud.
Climatisme
Lors de l'entre-deux-guerres, sur le territoire de Villard-de-Lans, se sont bâtis des dizaines d'établissements ayant pour vocation le climatisme infantile. Le premier d'entre eux a vu le jour en 1926 par refus de voir construire un sanatorium pour tuberculeux. Destinés à soigner les enfants fragiles et délicats, on en compte finalement près d'une centaine à la fin des années 1960[28].
Ces bâtiments présentent une architecture tout à fait singulière, pensée pour faire bénéficier de l'air pur, de l'ensoleillement, du froid sec de l'hiver et de la fraîcheur de l'été : grandes fenêtres, longs balcons, galeries extérieures, orientation au soleil. En même temps, ils sont abrités du vent par des rangées de résineux. Enfin, les murs étaient peints et exempts d'angles droits, et le sol recouvert de matériaux faciles à laver, pour éviter les poussières[29].
Avec le traitement par la pénicilline, les établissements ont perdu leur vocation, mais cette architecture est passée dans le savoir-faire sur le plateau.
Climat
Le Vercors est traversé par la frontière climatique entre Alpes du Nord (bassin versant de l'Isère) et Alpes du Sud (bassin versant de la Drôme) au niveau du col de Rousset. Alors que la partie septentrionale reçoit une quantité de précipitations à peu près constante tout au long de l'année (environ 100 mm d'eau par mois) avec une prépondérance du climat océanique, la partie méridionale est marquée par un creu durant l'été (moins de 50 mm en juillet et août) avec une prépondérance du climat méditerranéen[30]. L'hiver, les précipitations se produisent la plupart du temps sous forme de neige, à cause de l'influence de l'altitude. Il n'est pas rare de mesurer des températures de -15°C à Autrans. Le record de température minimale mesurée en Isère l'a d'ailleurs été à Villard-de-Lans le 7 janvier 1985 avec -28°C[31]. Toutefois, les moyennes annuelles se situent entre -5°C l'hiver et +15°C l'été (mesures sur une période de 30 ans)[32].
Cette différence climatique se ressent très fortement au niveau de la végétation. Au nord, plus de 50% de la surface est boisée, tandis qu'au sud, les sols sont plus secs et les espèces typiques du climat méditerranéen[31].
Activités
Chiffres du tourisme
En 1999, le Vercors a attiré entre 120 000 et 140 000 visiteurs[33].
Stations de sports d'hiver
Le Vercors est un des royaumes du ski de fond[34] : 250 kilomètres de pistes sur les domaines d'Autrans - Méaudre[35], 130 kilomètres sur le domaine des Hauts-Plateaux (Corrençon - Bois-Barbu - Herbouilly)[36], ainsi que de la raquette à neige et des courses de chiens de traineaux qui est un moyen de circulation dans le massif depuis 1937 et développé depuis les années 1950[37]. Le massif du Vercors est un des hauts lieux français pour la pratique du ski de randonnée nordique.
Isère :
- Autrans : ski alpin (la Sure, le Claret), tremplin, ski nordique (Gève et village)
- Méaudre : ski alpin, ski nordique (Narces)
- Lans-en-Vercors : ski alpin, ski nordique, stade de neige
- Villard-de-Lans : ski alpin (Côte 2000), ski de fond (Bois-Barbu)
- Corrençon-en-Vercors : ski alpin (Clos de la Balme), ski nordique
Article détaillé : Domaine skiable de Villard-de-Lans / Corrençon-en-Vercors.- Presles - Rencurel : ski nordique (Coulmes), ski alpin (au col de Romeyère)
- Gresse-en-Vercors : ski alpin, ski nordique
Drôme[38] :
- Saint-Martin-en-Vercors: ski nordique (Herbouilly)
- Léoncel : ski nordique (le Grand Échaillon)
- La Chapelle-en-Vercors: ski nordique (col de Carri)
- Bouvante (Font-d'Urle Chaud-Clapier) : ski alpin, ski nordique (Lente)
- Saint-Agnan-en-Vercors (col de Rousset) : ski alpin, ski nordique, chiens de traineaux
- Vassieux-en-Vercors : ski nordique, chiens de traîneaux
En tout, le Vercors c'est[33] :
- 1 000 kilomètres de pistes de ski de fond
- 90 pistes de ski alpin
- 78 remontées mécaniques
- 10 écoles de ski
Plusieurs épreuves des Jeux Olympiques d'hiver de 1968 de Grenoble se déroulèrent dans le Vercors, à Saint-Nizier-du-Moucherotte, Villard-de-Lans et Autrans.
Chaque année, au mois de janvier, le village d'Autrans accueille la Foulée blanche, course de ski de fond à laquelle participent près de 5 000 sportifs ou amateurs. En mars, la Grande Traversée du Vercors (ou GTV) entre Vassieux et Villard-de-Lans est réservée à des skieurs aguerris.
Spéléologie et canyoning
Sans parler des grottes de Choranche, qui sont un très fameux site touristique unique en Europe, connu depuis environ 1875[39], la géologie du massif permet aux spéléologues avertis d'assouvir leur passion grâce à de nombreuses grottes, dont les plus connues sont le gouffre Berger, les Cuves de Sassenage et, la grotte de la Luire, la grotte de Gournier et les grottes du Bournillon[40].
Le gouffre Berger a joué un rôle important dans l'histoire de la spéléologie : il a été le « gouffre le plus profond » du monde. Sa résurgence, les « cuves de Sassenage », est ouverte au public.
Hormis certaines des gorges précédemment citées et présentant des niveaux de difficulté variables, il est possible de pratiquer le canyoning[41] au Rio Sourd, au sud du parc, dans le Diois, ou encore au site des Trois Blaireaux, une grande cascade à descendre en rappel.
Escalade
La géologie du Vercors offre de nombreuses possibilités d'escalade. L'ascension du Mont Aiguille en 1492 marque d'ailleurs symboliquement la naissance de l'alpinisme. Mais les sites d'Archiane, Presles ou les falaises surplombant la vallée du Drac permettent d'emprunter des voies de difficultés variables. Le développement de cette pratique a débuté dans les années 1960 avec l'ouverture de nouvelles voies jusqu'à offrir actuellement 150 sites reconnus[42].
Randonnée et environnement
Le Parc naturel régional du Vercors englobe depuis le 16 octobre 1970 l'ensemble du massif ainsi que les régions avoisinantes sur 186 500 ha dont 100 000 hectares de forêts, soit 37 communes en Isère et 38 dans la Drôme, pour une population totale de 37 000 habitants[43].
Le Parc s'est constitué à cette date en Syndicat mixte qui a pour objet la contribution aux actions de protection et de développement de son territoire et siège à Lans-en-Vercors. Il est administré par un Comité syndical composé de délégués élus en collèges qui élaborent le règlement intérieur du Syndicat mixte et votent le budget. Il exerce toutes les fonctions réglementaires en vigueur sur le fonctionnement des syndicats et définit les pouvoirs qu'il délègue au Bureau syndical. Celui-ci met en œuvre la politique générale du Parc en matière de protection et de mise en valeur des sites et monuments, de réalisation d'équipements de qualité, de promotion de l'économie rurale et de développement des activités touristiques et culturelles. Il élit le président qui convoque aux réunions du Comité syndical et du Bureau syndical. Enfin le directeur assure l'administration générale du Parc[44].
Les trois objectifs qui ont conduit à sa création sont la protection et la valorisation des richesses (protection du patrimoine, aménagement du territoire, développement économique, accueil et information, pédagogie, recherche et expérimentation), le maintien de l'activité économique et le développement d'une harmonie entre les hommes et le milieu[45], auxquels s'ajoutent depuis 1996 l'accueil et l'information du public[46].
La réserve naturelle des Hauts-Plateaux du Vercors, également à cheval sur les deux départements, représente une surface de 16 600 hectares dont 6 000 hectares de forêts (plus vaste réserve naturelle de France[43]) et protège les plateaux situés au sud du massif, ainsi que le mont Aiguille, de Villard-de-Lans et Corrençon-en-Vercors à Châtillon-en-Diois. Elle a été créée en 1985 et la réglementation y interdit toute atteinte à la flore, à la faune et aux richesses minérales, tous travaux, toute circulation motorisée, toute publicité, toute activité industrielle ou commerciale, toute introduction de chiens, tout feu et campement. Pour découvrir les Hauts-Plateaux, des sentiers de grande randonnée existent, jalonnés par de simples abris de sécurité[45].
Le massif se prête donc très bien à la pratique de la randonnée et des sports en pleine nature avec 2 850 kilomètres de sentiers de marche balisés, 1 200 kilomètres d'itinéraires de VTT et 800 kilomètres de sentiers équestres[33]. Le Tour du Vercors propose aux marcheurs 350 kilomètres de sentiers, à parcourir à la journée ou sur plusieurs jours. Il offre des connexions avec les sentiers de grande randonnée GR 9, GR 91, GR 93, GR 95, et les Tours de Pays (tour des Coulmes, tour des Quatre Montagnes, tour du mont Aiguille), tandis que la traversée du Vercors (60 kilomètres sur 3 à 5 jours) permet de découvrir les Hauts-Plateaux de part en part[43],[47] sur un parcours similaire à la course de ski de fond.
On trouve dans le Vercors à la fois des mammifères de l'étage collinéen (cerf, chevreuil, lièvre, sanglier) et des étages montagnard et alpin (mouflon, chamois, bouquetin des Alpes, marmotte, lièvre variable) qui représentent en tout 75 espèces, ainsi que dix-sept espèces de reptiles et d'amphibiens[45]. De nombreuses espèces d'oiseaux sont aussi visibles[48] notamment sur les falaises du Glandasse au-dessus de Die suite à la réintroduction du vautour fauve[45] et d'un couple d'aigles.
Il en va de même pour la flore, avec 80 espèces végétales protégées, du sabot de Vénus dans les milieux forestiers à la campanule des Alpes dans les éboulis, en passant par la primevère oreille d'ours dans les falaises ou les tulipes sauvages dans les pelouses subalpines[45].
Article détaillé : Flore du Vercors.Agriculture
L'activité agricole dans le Vercors, en quelques chiffres[33], c'est une surface agricole de 32 000 hectares pour un total de 700 exploitations. La production se répartit pour 36% du chiffre d'affaires du secteur dans la production laitière et pour 23% dans la production de viande (une exploitation sur deux possède des bovins) ; les noix et le vin représentent 14% du chiffre d'affaires. De plus, on estime que 15 000 ovins et 300 bovins sont en transhumance.
Le cheval du Vercors est connu au moins depuis l'Antiquité. Cette espèce, descendant probablement du tarpan, mesure entre 1,40 et 1,55 mètre et pèse entre 400 et 570 kilogrammes. Rustique, solide et docile, c'est un cheval très bien adapté au terrain montagnard, ainsi qu'aux différents climats. En 1760, un moine de l'abbaye de Léoncel, Dom Perrier, qui rêve de monter un haras écrit : « Expériences faites, les chevaux nés dans le pays, sont vifs, robustes, adroits, déliés, jambes sèches et nettes, pieds surs, la selle dure, comme leur constitution qui tient de l’air toujours froid ou frais et d’un pâturage au foin sec et moelleux ». Déjà au XVIIe siècle, des actes de vente attestent du commerce de ces bêtes. Réputés travailleurs et adroits, capables de franchir les pas les plus difficiles, leur nombre se multiplie, entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, avec le développement des cultures. Pourtant, à la même époque, des éleveurs sont tentés d'acquérir des grands chevaux et des grosses vaches, comme dans la vallée ; une série d'hivers rigoureux les entraînent à quitter les montagnes. La famille Barraquand, originaire d'Ambel, comprend rapidement la nécessité d'avoir des bêtes adaptées et finit par recréer un large cheptel. Afin de trouver les meilleurs pâturages en toute saison, ils pratiquent la transhumance et marquent les traditions locales. Lors de la Seconde Guerre mondiale, le domaine, foyer de la Résistance, est détruit et les chevaux exterminés ou réquisitionnés par les Allemands. Au fruit d'une laborieuse reconstruction, les descendants de la famille reconstituent l'élevage. La mécanisation met fin en 1954 à la transhumance. La famille, peu à peu déficitaire dissout l'élevage en 1963. Pour autant, la plupart des bêtes autour de Léoncel sont des descendants du cheval du Vercors[49].
Spécialités culinaires
Les spécialités suivantes sont typiques du massif du Vercors :
- le bleu du Vercors-Sassenage est un fromage au lait cru à pâte persillée bénéficiant d'une AOC depuis 1998 ;
- le Petit Léoncel est un fromage au lait de vache produit dans le village du même nom ;
- les ravioles sont une spécialité de Romans et du Royans, issue des bûcherons italiens émigrés.
Par ailleurs, dans les environs proches, ou dans une zone plus diffuse, on peut apprécier :
- les noix de Grenoble, produites dans la vallée de l'Isère, et dont on tire le vin de noix
- le gratin dauphinois, spécialité régionale à base de pomme de terre en gratin
- les cardons, dont on mange les côtes, également préparés en gratin
- la pogne, viennoiserie de Romans, et le Saint-Genix, spécialité de Saint-Genix-sur-Guiers
- le saint-marcellin et le saint-félicien, fromages au lait cru de vache produits dans les villes du même nom
- le picodon, fromage de chèvre produit notamment dans la Drôme, en particulier dans le sud du Vercors
- la clairette de Die, vin mousseux AOC depuis 1942, et le crémant, vin brut AOC depuis 1993, produits dans le Diois
Filmographie
L'action des films suivants se passe pour tout ou partie dans le massif du Vercors :
- Une hirondelle a fait le printemps (2001) : Sandrine est formatrice en informatique dans la région parisienne. Mais elle ne supporte pas sa vie et décide de se consacrer à l'agriculture. Après une formation, elle arrive dans le massif du Vercors pour s'occuper d'une ferme qu'elle veut acheter au vieil Adrien. C'est le choc des cultures.
- Le Franc-tireur (1972, rediffusé dans quelques salles en 2002) : le 21 juillet 1944, le plateau du Vercors est investi par les troupes allemandes qui ont décidé de le nettoyer des francs-tireurs qui s'y sont réfugiés. Michel Perrat est venu rendre visite à sa grand-mère, mais le village est attaqué. En fuyant pour sauver sa peau, il se joint à une poignée de maquisards et de civils qui tentent d'échapper à l'ennemi nazi. Le piège se resserre autour d'eux.
- Le Papillon (2002) : Elsa, une petite fille délaissée par sa mère décide de suivre à son insu Julien, un septuagénaire passionné de papillons à la recherche d'une espèce toute particulière, l'Isabelle.
- La Bride sur le cou (1961) : Sophie, une cover-girl, apprend que son amant va la quitter pour une autre et ne semble avoir pour option que de le reconquérir ou tuer sa rivale. C'est sans compter l'intervention d'un docteur qui tombe sous son charme.
- La Trilogie de Lucas Belvaux (2002) : un des concepts originaux de cette trilogie repose sur le fait que l'action des trois films se déroule dans les mêmes lieux, dans la même période de temps, avec les mêmes personnages. Certains des personnages principaux dans l'un sont les personnages secondaires dans l'autre et réciproquement, et ainsi de suite pour le troisième. Il s'agit de filmer la même histoire, mais racontée selon trois points de vue différents, et selon trois ambiances différentes.
Galerie
Annexes
Articles connexes
- Maquis du Vercors
- Flore du Vercors
- Géographie des Alpes occidentales
- Climat de l'Isère
- Climat de la Drôme
Bibliographie
- Alexis Nouailhat, Patrick Berhault, Le massif du Vercors, Editions du Fournel, coll. « AQUARELLE », 2004 (ISBN 2915493065)
- Bernard Jalliffier-Ardent, Randonnées en Vercors, Glénat, coll. « Montagne Randonnée », 2005 (ISBN 2723450856)
- Roberto Neumiller, Vercors : images intimes, Glénat, 2006 (ISBN 2723455351)
- Michel Wullschleger, Le Vercors : Forteresse ouverte, Dauphiné Libéré, coll. « Les patrimoines », 2004 (ISBN 291173968X)
- Marie-France Chevalier, Marie-Paule Richard, Mon Vercors, Éd. Jean-Pierre Huguet, 2002 (ISBN 2907410792)
- Anne Da Costa, Fabian Da Costa, Découvrir le Vercors, La Taillanderie, 2002 (ISBN 2876292564)
- Laurent Ardenne, Jean-Pierre Nicollet, Le Vercors : voyage dans les paysages des Alpes, Glénat, 1999 (ISBN 2723426009)
- Daniel Pennac, Le Vercors d'en haut : La Réserve naturelle des hauts-plateaux, Milan, 1996 (ISBN 2841133621)
Liens externes
- (fr) Massif du Vercors sur Wikitravel
- (fr) Parc naturel régional du Vercors
- (fr) Géologie du Vercors
- (fr) Les anciens glaciers du Vercors
- (fr) Les Grandes traversées du Vercors
Références
- ↑ Le Vercors sur Wikimapia
- ↑ Michel Wullschleger, Le Vercors : forteresse ouverte, Dauphiné Libéré, coll. « Les patrimoines », 2004 (ISBN 291173968X)
- ↑ [pdf]Gresse-en-Vercors, au pied des Dolomites françaises
- ↑ Parc naturel régional du Vercors : les régions
- ↑ Parc naturel régional : l'eau
- ↑ Étude du fonctionnement d'une glacière naturelle : la glacière de Corrençon - Étude du lycée Champollion de Grenoble
- ↑ a et b Parc naturel régional du Vercors : géologie
- ↑ Géologie du Vercors : aperçu géologique d'ensemble
- ↑ Les anciens glaciers du Vercors
- ↑ Les rivières descendant du Vercors sont les suivantes : à Beauregard-Baret, un ruisseau temporaire (sans nom) ; à Rochefort-Samson, le ruisseau d'Oyan et celui de Fleurs ; à Barbières, la Barberolle ; à Saint-Vincent-la-Commanderie, le ruisseau de Boisse ; à Peyrus, la Lierne, se jetant dans la Véore voisine ; à Châteaudouble, le Chevillon, affluent de la Véore ; à Combovin, la rivière Véore et plusieurs petits affluents
- ↑ a et b Philippe Ravit, Le paysage valentinois, de la fondation de la colonie de Valentia (Valence) au IIIe siècle ap. J.-C., Lyon 3, 2007, 202 p. (mémoire)
- ↑ Histoire du Vercors
- ↑ [pdf] Étude de la marmotte des Alpes et de son exploitation par les chasseurs du Paléolithique final de la grotte Colomb (Méaudre - Vercors - France)
- ↑ Parc naturel régional du Vercors : Préhistoire
- ↑ Le musée de la préhistoire de Vassieux
- ↑ Parc naturel régional du Vercors : la présence romaine
- ↑ Parc naturel régional du vercors : le Moyen Âge
- ↑ Parc naturel régional du Vercors : les moines
- ↑ Site national historique de la résistance
- ↑ [pdf]Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère - 1939 1945 l'Isère en Résistance, l'espace et l'histoire, Editions Le Dauphiné Libéré
- ↑ Mémorial de la Résistance à Vassieux
- ↑ Le massacre du Vercors, site de prévention contre les sectes
- ↑ a et b Parc naturel régional du Vercors : l'industrie
- ↑ a , b et c Vercors.com Site officiel de l'Office du tourisme de La Chapelle-en-Vercors
- ↑ Ville de Fontaine : histoire du tramway
- ↑ Saint Nizier du Moucherotte, la belle époque
- ↑ Parc naturel régional du Vercors : chaumières
- ↑ Maisons d'enfants du Vercors : patrimoine et mémoire du climatisme au pays des Quatre Montagnes, Marion Vivier, musée Dauphinois, éditions « Patrimoine en Isère », 2004, (ISBN 2905375671)
- ↑ [pdf]Parc naturel régional du Vercors : le climatisme
- ↑ Le climat du Vercors : les précipitations
- ↑ a et b Météo France : climat en Isère
- ↑ Le climat du Vercors : les températures
- ↑ a , b , c et d Parc naturel régional du Vercors : les données
- ↑ Parc naturel régional du Vercors : ski
- ↑ Station de ski de fond d'Autrans
- ↑ Site nordique du Haut Vercors
- ↑ Parc naturel régional du Vercors : traineaux à chiens
- ↑ Site officiel de la Drôme - Les 9 stations de la Drôme
- ↑ Les grottes de Choranche, site officiel
- ↑ Parc naturel régional du Vercors : spéléologie
- ↑ Parc naturel régional du Vercors : canyoning
- ↑ Parc naturel régional du Vercors : escalade
- ↑ a , b et c Isère Magazine, n°83 juin 2007 (p. 36)
- ↑ Parc naturel régional du Vercors : l'institution
- ↑ a , b , c , d et e Parc naturel régional du Vercors : un territoire d'exception
- ↑ Parc naturel régional du Vercors : les missions
- ↑ Parc naturel régional du Vercors : randonnée
- ↑ Répartition et description des 140 espèces d'oiseaux du Vercors
- ↑ [pdf] Le cheval du Vercors : comment le territoire et l'histoire ont forgé le cheval du Vercors
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