- Le commerce à Banzerte
-
Bizerte
Bizerte Administration Pays Tunisie Gouvernorat Bizerte Délégation(s) Bizerte Nord
Bizerte SudMaire Moncef Ben Gharbia Code postal 7000 Site web officiel Municipalité de Bizerte Démographie Population 114 371 hab. (2004[1]) Gentilé Bizertin Géographie Bizerte (بنزرت) est une ville du nord de la Tunisie située entre la mer Méditerranée et le lac de Bizerte. Elle est le chef-lieu d'un gouvernorat peuplé de plus d'un demi-million d'habitants.
Sommaire
Géographie
Elle se trouve à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Tunis, la capitale du pays, et à cinq kilomètres du cap Blanc, la pointe septentrionale de l'Afrique.
Histoire
Petit comptoir fondé aux environs de 1100 av. J.-C. par les Phéniciens, la ville passe sous l'influence de Carthage après la défaite d'Aghatocle pendant les guerres puniques. Elle est ensuite occupée par les Romains sous le nom d'Hippo, Hippo Accra, Hippo Diaritus ou Zaritus. Sa conquête efface d'un trait neuf siècles d'histoire punique. Démantelée, la ville voit son territoire passer sous la coupe d'Utique qui prend le parti de Rome. Il faudra longtemps pour qu'une nouvelle ville romaine s'érige à la place du site punique d'Hippo Diarrhytus. Son nom arabe, Banzart, dérive d'une déformation phonétique de son nom antique[2].
La ville est ensuite conquise par les armée musulmanes qui lui donnent son nom actuel. À partir de 1050, le déferlement des tribus hilaliennes provoque l'effondrement de l'État ziride et le pays éclate en une multitude de petites principautés indépendantes. Bizerte n'échappe pas à la tentation séparatiste. La restauration de l'autorité almohade annonce une nouvelle rupture : quelques 20 ans plus tard, l'Ifriqiya accède au statut de province autonome et voit émerger la dynastie hafside.
En 1535, les troupes de Charles Quint prennent la ville, mais les Turcs les chassent en 1574. Elle connaît alors, grâce à son port, sa première grande période de prospérité. C'est alors une base de course associée à Tunis[3] et le nombre des captifs chrétiens dépasse les 20 000 au début du XVIIIe siècle[réf. nécessaire]. En réaction, la ville subit le bombardement de la marine du roi de France en 1681. Les 4 et 5 juillet 1770, l'escadre du comte de Broves bombarde à nouveau la ville et détruit les installations du port. En 1784 et 1785, ce furent les Vénitiens qui bombardent la ville et le port avec des bombes incendiaires.
L'abolition de la piraterie en 1818 aurait pu porter un coup fatal à Bizerte mais le lac, dans lequel se reproduisent dorades, soles, mulets, loups et pageots si faciles à piéger quand ils regagnent la mer en empruntant le chenal qui traverse la ville, compense pendant quelques années ces pertes de revenus. Les Bizertins deviennent donc pêcheurs et c'est par centaines de tonnes que le poisson est exporté chaque année vers Tunis, l'Italie et la France. En 1786, un décret beylical accorde à la France les droits exclusifs de la pêche du corail. Les contrebandiers suivent aussitôt et, en 1800, on estime le nombre de corailleurs à 8 000. Génois, Catalans, Vénitiens, Siciliens, Pisans, Corses et Marseillais, ils fondent nombre d'entrepôts et de commerces dans l'îlot de R'baâ mais ne mettent qu'une cinquantaine d'année à détruire les massifs de corail. En 1850, ils ne sont plus que 2 000.
La France obtient la primauté de la ville lors du traité de Berlin en 1878 et entreprend alors la construction d'un grand port militaire sur le modèle de celui de Toulon du fait du rôle stratégique de la ville sur le canal de Sicile. Ainsi, un canal est creusé pour relier la mer Méditerranée au lac de Bizerte où est aménagée une rade. De l'autre côté du lac est fondée la cité de Ferryville qui est appelée aujourd'hui Menzel Bourguiba.
En décembre 1920 le gouvernement français autorise l'escadre russe de l'armée des volontaires à se réfugier à Bizerte. Elle y restera jusqu'à sa dissolution définitive en 1924. Lors de la Seconde Guerre mondiale, la ville est occupée en novembre 1942 par les Allemands puis, après l'avoir bombardée de nombreuses fois, les Americains la reprennent le 7 mai 1943.
Malgré l'indépendance accordée à la Tunisie en 1956, la France conserve la base de Bizerte jusqu'en 1963, ce qui entraîne de nombreuses tensions entre la Tunisie d'Habib Bourguiba et la France de Charles de Gaulle qui atteignent leur paroxysme lors de la crise de Bizerte. La ville est aujourd'hui tournée vers le tourisme malgré la forte présence de l'armée tunisienne, Bizerte étant la plus grande base aérienne de Tunisie.
Démographie
La municipalité compte une population de 114 371 habitants au terme du recensement de 2004 mais on peut estimer la population de son agglomération, comprenant également Menzel Jemil et Menzel Abderrahmane, à environ 150 000 habitants.
Les Bizertins sont les descendants d'immigrés arabes et berbères d'Algérie, fuyant les années de sécheresse de la fin du XIXe siècle, de musulmans d'Andalousie, de slaves musulmans de l'Empire ottoman, de Siciliens, de Corses, de Sardes, de Maltais et de Russes blancs[4] installés à Bizerte après la Révolution russe de 1917.
Infrastructures
Bizerte présente plusieurs atouts grâce à ses nombreuses infrastructures. Elle est en effet reliée à la capitale par une autoroute de 51 kilomètres qui permet à la ville d'être à moins de 45 minutes de Tunis et de l'aéroport international de Tunis-Carthage. Elle est également reliée par une voie rapide à Menzel Bourguiba et à son chantier naval. Elle est par ailleurs reliée à la capitale par une ligne ferroviaire.
Un port de plaisance, un port de pêche et un port de commerce[5] complètent l'ensemble.
Projet français
Avant les travaux menés par les Français, la communication entre le lac et la mer est établie par deux canaux prenant leur origine dans le vieux port et se rejoignant avant d'atteindre le lac. Leurs contours donnent un aspect original à Bizerte qui est surnommée la « Venise africaine » avec son « pont des Soupirs ». Ces deux canaux envasés et n'ayant qu'une profondeur de un à deux mètres ne peuvent être facilement utilisés pour la navigation de grands navires.
Aussi les nouvelles autorités du protectorat eurent l'idée de couper l'isthme de sable qui sépare le lac de la mer et de créer un nouveau chenal et un nouveau port à l'est de la ville. Le chenal mesurera 800 à 900 mètres de long, 100 mètres de large et neuf mètres de profondeur afin que le nouveau port puisse devenir le plus important de Tunisie et le quatrième de l'Afrique française après Oran, Philippeville et Bône. L'amiral Théophile Aube, pendant son passage au ministère de la marine, projette de transformer le vieux port mais ne peut que faire opérer quelques dragages et c'est en 1890 que commencent les travaux concédés à la maison Hersent et Couvreux pour mettre en communication le lac avec la mer et transformer la rade en un abri sûr. Dans ce but, on décide de construire deux grandes jetées, d'une longueur d'environ un kilomètres chacune, protégeant une étendue de littoral de 1,8 kilomètres et formant un avant-port d'une superficie de plus de 100 hectares. Entre les musoirs des deux jetées, une ouverture de 400 mètres permet l'entrée simultanée et facile de plusieurs navires. Pour accomplir cet important travail, la Société du port de Bizerte utilise la carrière d'Aïn Meriem, située à quatre kilomètres au nord de la ville, qui fournit les blocs de granit qu'un chemin de fer à voie étroite amène jusque sur la digue. Les jetées, une fois terminées, protègent l'entrée du chenal contre les tempêtes et l'envasement.
Rôle économique
Favorisé par sa position stratégique sur l'axe traversant la mer Méditerranée et le développement des zones industrielles de la région (Menzel Bourguiba, Menzel Jemil et Utique), le port de Bizerte a vu transiter 4 790 313 tonnes de marchandises en 2006 dont la quasi-totalité dans le cadre du trafic international[6]. Près des deux tiers des marchandises sont destinés à l'Europe et près des deux tiers sont constitués d'hydrocarbures[6].
L’accès au quai de commerce et au bassin de Menzel Bourguiba se fait par un canal, traversé par le pont mobile, large de 75 mètres et disposant d'un tirant d'air de 13 mètres. Par ailleurs, avec ses quatre bassins de radoub sur le lac de Bizerte et leurs installations, le chantier naval présente des avantages comparatifs par rapport aux chantiers du nord de la Méditerranée grâce à une main d'œuvre qualifiée et à un coût compétitif[6]. En outre, la proximité du réseau ferroviaire, l'accès à l'autoroute Tunis-Bizerte ainsi que la voie rapide reliant Menzel Bourguiba à Bizerte confèrent au site les atouts d’un port moderne.
Jumelages
- Tanger (Maroc) depuis 1976
- Port-Saïd (Égypte) depuis 1977
- Annaba (Algérie) depuis 1985
- Kalamata (Grèce) depuis 1997
- Palerme (Italie) depuis 2001
La ville de Bizerte entretient d'autre part des relations fructueuses avec la ville de Toulon en France.
Références
- ↑ (fr) Recensement de 2004 (Institut national de la statistique)
- ↑ (fr) Histoire de Bizerte (Bizerte.org)
- ↑ Michel Fontenay, « Course et piraterie méditerranéennes de la fin du Moyen Âge aux débuts du XIXe siècle », Revue d'histoire maritime, n°6, 2006, p. 179
- ↑ (fr) Ridha Kéfi, « Anastasia, doyenne des Russes de Tunisie », Jeune Afrique, 11 septembre 2005
- ↑ (fr) Présentation du gouvernorat de Bizerte (Chambre de commerce et d'industrie du nord-est)
- ↑ a , b et c (fr) Port de Bizerte - Menzel Bourguiba (Office de la marine marchande et des ports)
Bibliographie
- Habib Dlala, « Bizerte à l'époque contemporaine », Encyclopédie berbère, éd. Laboratoire d'anthropologie et de préhistoire des pays de la Méditerranée occidentale & Edisud, Aix-en-Provence, 1991, pp. 1523-1526
- Habib Dlala, « Les grands moments de l'évolution démo-spatiale de la ville de Bizerte », Revue tunisienne de géographie, n°1, 1992, 35 p.
- Habib Dlala, « Bizerte. Les grands partis d'aménagement », Revue tunisienne de géographie, n°27, 1995, pp. 107-141
Voir aussi
Liens internes
Lien externe
- Portail de la Tunisie
- Portail de la Méditerranée
Catégories : Ville portuaire de Tunisie | Ville membre de l'AIMF
Wikimedia Foundation. 2010.