Le Deuxième Sexe

Le Deuxième Sexe
Le Deuxième Sexe
Auteur Simone de Beauvoir
Genre philosophique
Pays d'origine Drapeau de France France
Lieu de parution Paris
Éditeur Gallimard
Date de parution 1949
ISBN 2070205134

Le Deuxième Sexe est un essai existentialiste et féministe[1], paru en 1949, lannée des 41 ans de son auteur, Simone de Beauvoir. Cet essai, divisé en deux tomes, est considéré comme lœuvre majeure de la philosophe. Langle dattaque choisi par Simone de Beauvoir est celui de lexistentialisme. Ainsi, son essai nest pas un simple constat sur la situation des femmes après la Seconde guerre mondiale ; cest une œuvre à teneur philosophique, riche de références littéraires, historiques, sociologiques, biologiques et médicales. Le credo qui paraît en filigrane tout au long des pages est bien quaucune femme na de destin tout tracé. Simone de Beauvoir, excluant tout déterminisme chez lhumain, sintéresse donc autant à linfériorisation de la femme en tant que fait, quà ses causes, qui ne sauraient venir de quelque ordre naturel. Lexistentialisme implique aussi lentière responsabilité humaine : ainsi, Beauvoir incrimine presque autant les femmes, dont elle dénonce la passivité, la soumission et le manque dambition, que les hommes, quelle accuse de sexisme, de lâcheté et parfois de cruauté. Elle estime en conséquence que lémancipation féminine réussira grâce à la volonté solidaire des hommes et des femmes. Selon elle, les deux grands faits qui permettraient à la femme de sémanciper sont le contrôle des naissances et laccès au monde du travail. Le Deuxième Sexe sest vendu à plusieurs millions dexemplaires dans le monde, traduit dans de nombreuses langues. Il reste à ce jour la référence de la philosophie féministe.


Sommaire

Structure de lessai

Le Deuxième sexe est divisé en deux tomes composés respectivement de trois et quatre parties.

TOME I. Introduction / Première partie : « Destin » / Deuxième partie : « Histoire » / Troisième partie : « Mythes »

TOME II. Introduction / Première partie : « Formation » / Deuxième partie : « Situation » / Troisième partie : « Justifications » / Quatrième partie : « Vers la libération » / Conclusion

Lessai est dédicacé à Jacques Bost. Les deux tomes sont précédés chacun de deux épigraphes. Tome I : « Il y a un principe bon qui a créé lordre, la lumière et lhomme et un principe mauvais qui a créé le chaos, les ténèbres et la femme. » (Pythagore) ; « Tout ce qui a été écrit par les hommes sur les femmes doit être suspect, car ils sont à la fois juge et partie. » (Poullain de La Barre). Tome II : « Quel malheur que dêtre une femme ! et pourtant le pire malheur quand on est femme est au fond de ne pas comprendre que cen est un. » (Kierkegaard) ; « À moitié victimes, à moitié complices, comme tout le monde. » (Sartre)


Tome I

Introduction

Beauvoir commence son essai par une considération existentialiste : sil est incontestable que les femmes existent (comme les Juifs ou les Noirs, autres minorités auxquelles les femmes sont parfois comparées), le mythe de léternel féminin est en revanche critiquable : aucune femme nest immuable et son essence est indéfinissable. Le problème est que la femme nest pas une évidence et lhomme, si. La femme est lautre, la négation, celle à qui il manque quelque chose. Cette altérité proviendrait dune tendance fondamentale de la conscience à exclure, à raisonner selon une dichotomie. De plus les femmes (contrairement aux Juifs et aux Noirs) vivent parmi leurs oppresseurs qui ont besoin delles et dont elles ont besoin. Enfin le sexisme des hommes sajoute à leur soumission. « Comment trouver lindépendance au sein de la dépendance ? » (page 34)[2], sinterroge Beauvoir.


Première partie : Destin

Avant de chercher par elle-même les causes de linfériorisation de la femme, Beauvoir sintéresse à trois points de vue possiblement explicatifs mais à chaque fois récusés.

Chapitre premier : les données de la biologie

Dans leur formation biologique, lhomme et la femme sont égaux et symétriques. Chez certains animaux, comme la mante religieuse, le mâle est au service de la femelle. Certes chez les mammifères la femelle est soumise à la gestation et a moins de force et dindépendance que le mâle. Mais lhumanité nest pas seulement une espèce, cest aussi une civilisation au seuil de laquelle la biologie doit sarrêter : celle-ci ne peut expliquer que partiellement la situation des femmes.

Chapitre II : le point de vue psychanalytique

Beauvoir émet deux critiques sur la psychanalyse : premièrement, elle sest peu intéressée à la femme quelle calque sur lhomme ; deuxièmement, elle est fondée sur des postulats, comme la souveraineté du père, engendrant un déterminisme chez lhomme et la femme. Cette conception soppose à lexistentialisme, pour lequel lhomme choisit son destin et ses valeurs. La fatalité est inapte à expliquer linégalité entre les hommes et les femmes.

Chapitre III : le point de vue du matérialisme historique

Le matérialisme (que lon peut définir comme une approche de lhistoire basée sur le travail et ses techniques) se présente comme une troisième et dernière approche déjà expérimentée et intéressante car il va au-delà du donné naturel. De plus Beauvoir est convaincue que la moindre force physique et les grossesses de la femme ne sont pas un handicap à partir du moment la société ne veut pas quelles en soient un. Pour comprendre le point de vue matérialiste sur la femme, elle sappuie sur louvrage de Friedrich Engels, L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, qui considère que lhistoire de la femme « dépendrait essentiellement de celle des techniques. » (page 99) Ainsi, « le problème de la femme se réduit à celui de sa capacité au travail. » (page 101) Beauvoir distingue donc trois phases dans lhistoire de la femme : lâge de pierre tout était mis en commun, les hommes et les femmes se partageaient leurs tâches ; lère de la propriété privée, lhomme, ayant besoin desclaves mit les femmes à sa disposition ; enfin le capitalisme, qui a empêché les femmes de se hisser à égalité avec les hommes malgré les possibilités offertes par les machines. Beauvoir trouve ces explications brillantes mais nen est pas tout à fait satisfaite. De même que la psychanalyse ne voit que la sexualité, le matérialisme historique ne voit que léconomie. Or, le lien entre la propriété privée et linfériorité de la femme ne peut être quarbitraire. Beauvoir conclut que la biologie, la psychanalyse et le matérialisme apportent des éclaircissements certes intéressants mais insuffisants sur la condition féminine. Lexistentialisme se présente dès lors comme un outil dimportance.


Deuxième partie : Histoire

Cette partie, qui étudie les rapports entre les hommes et les femmes à travers lHistoire, ne se penche que sur lOccident, ce qui n'empêche pas l'ensemble de l'essai de prétendre à l'universalité.

I. Beauvoir sinterroge dabord sur la cause profonde de linégalité entre les hommes et les femmes, tâchant de remonter à la Préhistoire. Elle se demande pourquoi la maternité a infériorisé la femme plutôt que le contraire. Constatant que lethnologie propose trop de thèses contradictoires sur la question, elle se lance dans une interprétation existentialiste et subjective. Son idée est la suivante : en enfantant et en allaitant, la femme reste dans lanimalité, limmanence, tandis que lhomme, débarrassé de ces obligations, chasse, crée, se détache donc de son animalité pour entrer dans la transcendance.

II. Le pouvoir appartenait dès la Préhistoire aux hommes, et si les femmes bénéficiaient de valeurs positives, comme la fertilité, elles navaient pas de sort enviable. Lhomme restait le maître. À mesure que lagriculture sest développée, que le hasard a été limité, la femme a été de plus en plus écartée ; elle était un objet de vénération pour lhomme angoissé, rien de plus. Peu à peu, la femme a perdu tout rôle économique tandis que lhomme la repoussée dans limmanence de la procréation, tout en gardant un certain respect pour elle, comme en témoigne la Vierge Marie du christianisme.

III. Dans les siècles qui ont suivi les temps primitifs, « cest à la propriété privée que le sort de la femme est lié à travers les siècles : pour une grande partie son histoire se confond avec lhistoire de lhéritage. » (page 138). La femme nhérite pas, ne possède pas ; elle est possédée, assurant à lhomme puissance et aliénation. Nombreuses sont les lois - la polygamie par exemple - qui assujettissent la femme. Celle-ci perpétue le patrimoine, en procréant, sans le posséder. Beauvoir analyse notamment la situation de la femme grecque ou égyptienne, « réduite à un demi-esclavage » (page 150), mais surtout celle de la femme romaine, beaucoup plus émancipée mais victime de misogynie et pas assez éduquée pour accomplir ses projets : « Elle est librepour rien’ » (page 158).

IV. « Lidéologie chrétienne na pas peu contribué à loppression de la femme » (page 158) écrit ensuite Beauvoir. Dans lAncien Testament, la femme est subordonnée à lhomme. Puis les saints pères ont rabaissé la femme. Au Moyen Âge, celle-ci a une vie difficile, étant ballottée, utilisée, répudiée. Les femmes célibataires restent les plus libres et les mariées ne connaissent « guère dautre forme de liberté que la désobéissance et le péché. » (page 173) Dans lensemble, les hommes possèdent tout et méprisent les femmes. La littérature, hormis la courtoise, nest pas tendre avec elles. Durant la Renaissance, leurs conditions saméliorent. Dans le domaine des arts et des connaissances, les hommes et les femmes prouvent leur talent. Mais celles-ci sont encore peu instruites et ce sont les nobles, les reines surtout, qui ont les destins féminins les plus riches : Catherine de Médicis, Élisabeth d'Angleterre, Isabelle la Catholique. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les femmes continuent de briller intellectuellement : Mlle de Gournay, Mme de Rambouillet, Mlle de Scudéry, Mme de Sévigné (XVIIe siècle) ; Mme Geoffrin, Mme du Deffand, Mlle de Lespinasse, Mme dÉpinay, Mme du Teucin (XVIIIe siècle). De grands auteurs féminins les défendent, comme Charles Perrault, La Bruyère, et surtout Poullain de La Barre, ouvertement féministe dans son ouvrage De lÉgalité des deux sexes.

V. Beauvoir déplore que la Révolution française nait que peu amélioré les conditions des femmes malgré des revendications féministes comme la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne dOlympe de Gouges en 1789. Le code napoléonien a détruit leurs « minces conquêtes » (page 190), annonçant un XIXe siècle misogyne. Auguste Comte est pour une « hiérarchie des sexes » (page 192) ; Balzac valorise la bourgeoise conservatrice et antiféministe. Quant aux bourgeoises elles-mêmes, elles ne réclament rien, illustrant la complicité fautive des femmes, déplorée par Beauvoir. De pseudo-féministes comme Victor Hugo desservent la femme en renforçant les clichés tels que lintuition féminine : « Elle est discréditée aussi par la maladresse de ses partisans. » (page 195) Néanmoins, la femme bénéficie de la Révolution industrielle en cours en se faisant plus autonome et en étant défendue par les réformistes, exception faite de Proudhon. Mais elle est plus exploitée et peine à sorganiser : « Cest une tradition de résignation et de soumission, un manque de solidarité et de conscience collective qui les laisse ainsi désarmées devant les nouvelles possibilités qui souvrent à elles. » (page 200) Si les conditions de la travailleuse saméliorent petit à petit - augmentation des salaires, vie syndicale -, un problème essentiel perdure, « la conciliation de son rôle reproducteur et de son travail producteur. » (page 203) Commence alors un rapide historique de la contraception, qui existe depuis lAntiquité, et de lavortement, toléré dans les civilisations gréco-latines et orientales. Pour Beauvoir, le nœud de lémancipation féminine est clair : « Cest par la convergence de ces deux facteurs : participation à la production, affranchissement de lesclavage de la reproduction, que sexplique lévolution de la condition de la femme. » (page 209) Beauvoir fait ensuite le tour de différents pays. En France, le féminisme na que lentement porté ses fruits : Napoléon a déclaré la femme dépendante de lhomme ; des femmes ont même protesté contre la solidarité de sexe au profit dune solidarité de classe, comme Louise Michel, qui « se prononce contre le féminisme parce que ce mouvement ne fait que détourner des forces. » (page 211) ; de façon générale, les femmes sont plus conservatrices que les hommes, même pour leur propre sort. Finalement, « il a fallu attendre jusquen 1945 pour que la Française acquière ses capacités. » (page 213) Les Anglaises, les Américaines et les Suédoises ont été plus vite émancipées que les Françaises au XXe siècle, tandis que les Italiennes ont été victimes, en tant que femmes, du fascisme.

La conclusion de la deuxième partie est sans appel : « Toute lhistoire des femmes a été faite par les hommes. » (page 222) Si Beauvoir insiste ensuite sur le poids coupable des traditions et le grand effort demandé aux femmes pour se libérer, elle signale aussi la responsabilité de ces dernières : « La majorité des femmes se résignent à leur sort sans tenter aucune action (…). » (page 223) Les revendications des femmes féministesà commencer par la volonté de ne pas être exaltées dans leur féminité et de voir leur transcendance lemporter sur limmanencesont nombreuses et lémancipation sera difficile.


Troisième partie

Chapitre premier

Par son existence et sa domination, lhomme se pose face à la femme, lAutre inessentiel quil peut posséder. En en faisant une sorte détrangère, il fait naître le mythe féminin, englobant le dégoût de son corps et de ses menstrues, lobsession de la virginité (vue différemment selon les cultures), les exigences dune beauté sophistiquée. Beauvoir insiste surtout sur les rapports sexuels, durant lesquels la femme est, selon elle, nécessairement infériorisée : physiquement dabord, puisquelle est possédée, symboliquement ensuite, en rappelant à lhomme son animalité, sa mort, en adossant donc un rôle négatif. Le christianisme a renforcé cet effroi pour le corps féminin. Le mythe féminin, cest aussi la sainte chrétienne - dont le corps est alors abstrait, la bonté et la moralité de la mère, la soumission de lépouse. Dans tous les cas, la femme valorise lhomme, le reconnaît comme essentiel. « Figure sensible de laltérité » (page 295), la femme est partout, symbolisant avec gloire des valeurs telles la liberté ou la victoire ; elle est associée à la terre et à la fertilité. Elle est définitivement associée à la douceur et à la protection, mais « trop docile pour menacer lœuvre des hommes, [elle] se borne à lenrichir et à en assouplir les lignes trop accusées. » (page 298) Elle est au service des hommes, telle la muse du poète. Lhomme est généreux avec elle pour mieux lasservir. Il a besoin de son regard pour se sentir conquérant, nécessaire. Il projette sur elle sa transcendance. Mais prise dans la réalité, la femme perd de sa magie : lépouse par exemple rend servile et jaloux ; elle est fausse et infidèle. La femme est à la fois le bien et le mal, dualité qui se retrouve chez la prostituée. Dès quelle est libre et indépendante, elle déçoit car elle sort du mythe, des représentations des hommes. La femme est même étrangère à elle-même, puisquelle est hantée par sa propre essence forgée par les hommes et entretenue par elle-même.

Chapitre II

Beauvoir analyse la pensée de cinq écrivains, du plus misogyne au plus féministe. Les quatre premiers ont contribué à renforcer le mythe féminin.

I. Montherlant ou le pain du dégoût

Henry de Montherlant est un écrivain à la misogynie aiguë : il naccorde pas une seul qualité à la femme, quil juge nuisible à lhomme, encombrante dans le mariage. Ainsi, il crée des héros solitaires qui ne peuvent souffrir la rivalité des femmes. Mais celles-ci ne sont pas pour autant oubliées : « (…) cest en niant la Femme quon peut aider les femmes à sassumer comme êtres humains. » (page 325) La femme est donc femme par défaut de virilité ; son corps est haïssable, sauf celui de la sportive ; elle est définitivement chair ; elle est inessentielle, inférieure. Mais une contradiction apparaît chez Montherlant : il méprise la femme, pourtant il a besoin delle, de sa conscience, pour se mettre sur son piédestal viril. Beauvoir accable Montherlant et sa solitude trompeuse : lhomme seul ne peut se comparer ; la supériorité virile nest quun leurre dans lisolement.

II. D.H. Lawrence ou lorgueil phallique

Lauteur de Lady Chatterley « se situe aux antipodes dun Montherlant » (page 342) mais nest pas féministe pour autant. Pour lui, lhomme et la femme doivent satteindre, sunir, non dans leur singularité, mais dans leur généralité. En se donnant lun à lautre, ils oublient leur subjectivité, ce qui établit entre eux une apparente égalité. Mais en réalité lhomme est considéré comme supérieur. Être phallique, il incarne la transcendance, tandis que la femme est passive, enfermée, immanente. Lawrence exècre dès lors les femmes qui veulent inverser les rôles, les femmes modernes qui cherchent à avoir une « sensualité autonome » (page 349). La femme est nécessaire et bénéfique à lhomme, mais toujours dans la subordination.

III. Claudel et la servante du Seigneur

Par son catholicisme, Paul Claudel a une vision peu émancipatrice de la femme. Celle-ci est dabord une tentatrice, qui « a sa place dans lharmonie de lunivers » (page 355) parce qu’« il est bon que lhomme connaisse les tentations de la chair » (page 355). Sa destinée terrestre est son union à lhomme devant Dieu ; socialement inférieure, elle le soutient, car son dévouement est une de ses grandes qualités. Dans lau-delà, elle acquiert en revanche une transcendance égale à celle de lhomme ; son rapport à Dieu est identique. Sur Terre et dans lœuvre de Claudel, la femme reste indéfectiblement lAutre, celle grâce à qui le salut arrive ; mais cela implique quelle est autonome dans la recherche de son propre salut. Beauvoir veut démystifier dans ce chapitre la gloire céleste qui tente de cacher son infériorisation terrestre.

IV. Breton ou la poésie

Dans la poésie dAndré Breton, comme dans l'œuvre de Claudel, la femme « arrache lhomme au sommeil de limmanence » (page 366). Elle est mystère, révélation, poésie, magie. « Elle ouvre les portes du monde surréel. » (page 369). Elle est lessence de la beauté et du monde, grâce à laquelle lhomme peut se sauver. Mais elle est toujours autre quelle-même, car elle nest vue que poétiquement. « Vérité, Beauté, Poésie, elle est Tout : une fois de plus tout sous la figure de lautre, Tout excepté soi-même. » (page 375)

V. Stendhal ou le romanesque du vrai

Beauvoir apprécie Stendhal car ses romans nentretiennent aucun éternel féminin. Cest « un homme qui vit parmi des femmes en chair et en os. » (page 376) Il a même été explicitement féministe : « Tous les génies qui naissent femmes sont perdus pour le bonheur public » a-t-il écrit (page 377). Il a très bien compris que linfériorisation de la femme était due à son éducation. Inversement, il aime lauthenticité des femmes qui, étant moins instruites, sont exemptes d’« esprit de sérieux », généreuses, vraies ; jamais elles ne saliènent dans des affaires prétendument importantes. Elles sont libres de tout préjugé, de toutes valeurs bourgeoises, comme Clélia Conti (La Chartreuse de Parme) ou madame de Rênal (Le Rouge et le noir). Leurs pensées et leurs décisions sont guidées par « un authentique souci de la valeur. » (page 386) Beauvoir acclame Stendhal qui, de façon tout à fait inhabituelle, parle de la femme en tant quêtre libre, et non en tant quessence : « La femme selon lui est simplement un être humain : les rêves ne sauraient rien forger de plus enivrant. » (page 389)

VI.

Hormis Stendhal, les écrivains analysés par Beauvoir cherchent en la femme un autre par lequel ils pourront se révéler à eux-mêmes.

Chapitre III

Beauvoir conclut brillamment le premier livre du Deuxième Sexe par un bref chapitre dans lequel elle se demande si le mythe féminin, si présent dans la littérature, est important dans la vie quotidienne. Premier constat accablant : « Les démentis de lexpérience ne peuvent rien contre le mythe. » (page 395) Par ailleurs il ny a pas un mythe, mais des mythes, variables selon les sociétés et les époques. Le plus ancré de tous est celui du mystère féminin, conséquence de la position dautre de la femme. Ce mystère crée une telle confusion qui ni lhomme ni la femme ne sauraient définir la femme. Et pour cause : dun point de vue existentialiste, on ne saurait dire qui on est. Pour rétablir une égalité des sexes, une réciprocité est nécessaire. Hommes et femmes doivent y participer, les premiers sans duplicité, en considérant les secondes comme des êtres à part entière.


Tome II

Introduction

Beauvoir rappelle que par le mot femme elle ne se « réfère évidemment à aucun archétype, à aucune immuable essence. » (page 9)[3]

Première partie : formation

Lensemble de cette partie est un développement pessimiste sur les premières années de la vie dune femme, laissant deviner des expériences personnelles et des observations négatives chez Beauvoir.

Chapitre premier : Enfance

« On ne naît pas femme : on le devient. » (page 13) Beauvoir commence le tome II du Deuxième Sexe par une phrase devenue un des adages du féminisme. Pour comprendre comment une fille devient une femme (au sens stéréotypé du terme), elle remonte à lenfance. Durant celle-ci, deux facteurs conduisent à une rapide infériorisation de la petite fille : la valorisation du pénis, liée à léducation et non la biologie, et la préparation au rôle de mère. Contrairement aux garçons, les filles peuvent rester longtemps dans les bras de leurs parents, être coquettes, comédiennes. Elles vivent un complexe de castration, regrettent de ne pouvoir uriner debout. Elles apprennent la beauté, la séduction, entrent dans limmanence. Elles sont éduquées par des femmes, prises alors dans un cercle vicieux. Elles sont plus proches du stade adulte que les garçons car des tâches ménagères leur incombent vite. Les parents ont aussi plus destime pour les garçons. La découverte décisive des filles est la supériorité des hommes. Tandis quun garçon rivalise avec son père souverain, la fille ladmire, passive. La culture est à lexaltation féminine ; la littérature glorifie peu les femmes ; dans le christianisme, Dieu est le père. Quelques filles sont rebelles, luttent contre leur féminité : « En elles, la transcendance condamne labsurdité de limmanence. » (page 49) Les filles sont plus rêveuses que les garçons, plus intéressées par le mariage. Leur puberté, plus précoce, est un bouleversement : elles se sentent humiliées par leurs règles, regardées ; elles entrent dans le clan des femmes. Chez les garçons, la puberté prolonge la virilité ; alors que les règles sont un malheur, le pénis apporte de la fierté. Mais ce nest que la dévalorisation de la féminité qui entraîne de telles associations. En 1949, les jeunes filles sont encore mal informées sur la sexualité quelles découvrent grâce à la culture qui fait de lhomme un orgueilleux et la femme un être aliéné. On veut la jeune femme pure, celle-ci vit alors des refoulements, se réfugie dans la mauvaise foi, les fantasmes. Les parents comme la culture préparent donc la fillette à son futur rôle de femme infériorisée.

Chapitre II : La jeune fille

La jeune fille attend le mariage tandis que le jeune homme pense à un avenir dont la femme nest pas un élément indispensable. Tout persuade la jeune fille quelle doit se soumettre à lhomme, quil est lautre essentiel. La transcendance des garçons se confirme avec le temps : ceux-ci exercent des sports violents, se lancent des défis, alors que les jeunes filles ne prennent pas de risques. La violence physique est un moyen pour les garçons de saffirmer ; la colère non physique des filles est frustrante car elle ne touche pas le monde. Chez la jeune fille, le lien entre le corps et la psychologie est fort, entraînant angoisses et handicaps. Pourtant il nexiste aucun obstacle physiologique chez une femme. Mais les filles ne sont encouragées ni en sport, ni dans les domaines intellectuels. Létudiante a souvent des tâches ménagères en plus de son travail. Elle est rarement indépendante et insouciante. Les filles se sentent inférieures aux garçons et se complaisent dans la médiocrité. Elles se font passives pour plaire, se modèlent sur les désirs des garçons. Elles oscillent, voulant être elles-mêmes mais aussi lautre, linessentiel : « Elle se met à exister dehors. » (page 100). La passivité donne un certain pouvoir, séduit. Chez les garçons, le narcissisme décline à ladolescence ; chez les filles, il se développe, se transformant en « culte du moi ». Ce culte sexprime par exemple dans les journaux intimes, le moi caché est considéré comme vrai et exceptionnel. Les rêveries des jeunes filles sont sans prise sur le monde. Le narcissisme sexprime aussi à travers les grandes amitiés lautre fille est vue comme un double. Pour être dans la vie, elles chercheront plus une femme, comme leur professeur. Dans les amours lesbiennes, elles trouvent lamour sans la pénétration ou laliénation. Mais ces amours sont transitoires : les filles se savent vouées à lhomme. Elles se réfugient dans des amours imaginaires, le sexe nexiste pas ; elles fuient alors les expériences concrètes et exaltent leur moi. Lhomme imaginaire est puissant et autoritaire : il est un moi dexception impossible autant quun refus des prétendants réels et de la sexualité. Le passage à lamour véritable est alors difficile et décevant, voire impossible. Si la sexualité est acceptée, la jeune femme se fait autre et inessentielle. Elle est à la fois blessée et flattée par le regard des hommes. Elle est déchirée entre le destin assigné par la société et la rébellion. D sa fuite, ses ruses, ses ricanements : elle refuse à moitié sa situation. Par le masochisme et les automutilations, elle anticipe lacte sexuel qui leffraie. La mauvaise foi la caractérise : elle fuit la réalité, elle se révolte et se désespère sans savoir ce quelle veut. Mais en même temps, elle ne cherche pas à repousser les limites du monde réel. Elle nagit pas vraiment, garde ses secrets. Lhomme aussi est responsable, en la poussant à plaire, à rester dans limmanence. Alors la jeune fille ne fait rien, rêve, au mieux est extravagante. Elle peut aussi développer des qualités, comme la juste observation des sentiments ou lanticonformisme ; elle peut être authentique, aimer la nature, la liberté. Certaines jeunes filles réalisent des projets, sont adaptées à la réalité ; pourtant, leur intégration reste difficile. La fin de ladolescence saccompagne dune amélioration : la jeune fille est moins troublée, moins complexée et moins rêveuse. Elle est préoccupée par le mariage et délaisse les amitiés féminines. Beauvoir a voulu montrer que « le caractère et les conduites de la jeune fille expriment sa situation : si celle-ci se modifie, la figure de ladolescente apparaît aussi comme différente. » (page 142) En 1949, les femmes sont plus ambitieuses, mais, encore accaparées par le mariage, elles abandonnent souvent leurs projets.

Chapitre III : Linitiation sexuelle

Le début de la vie sexuelle dune femme est plus brutal et plus lourd de conséquences que celui dun homme. Son érotisme est complexe, à limage de sa situation. Alors que lhomme doit être disponible pour quil y ait rapport sexuel, la femme, elle, est toujours disponible. Leur situation morale est également différente : la femme doit être chaste et se donner, tandis que lamant conquiert. Beauvoir dénonce en revanche lidée selon laquelle une vierge doit être initiée par un homme en raison dune prétendue absence de désirs. Selon elle, lélan érotique de la femme nest pas satisfait : celle-ci désire mais est aussi une proie. Linexpérience de la jeune fille et les tabous autour de la sexualité entraînent blocage et refus du coït. À lappui de nombreux témoignages, Beauvoir veut montrer que la défloraison est traumatisante, car la jeune fille est attachée à lenfance et à limaginaire. Celle-ci est passive, lhomme juge ; son corps est une chose inerte ; elle est un être nié. Lattitude de lamant est déterminante la première fois ; elle peut causer des névroses ou de la frigidité. La femme ne sest jamais bagarrée, alors sa première fois est une lutte dans laquelle elle se sent impuissante. « La première pénétration est toujours un viol », écrit catégoriquement Beauvoir (page 161). La jeune femme est aliénée dans son corps, par la pénétration et la douleur. Elle connaît mal son vagin, donc ses désirs, alors que lhomme impétueux est dans le contrôle. Les tabous et linhibition de la jeune femme sont liés à léducation, à la société et aux dégoûts personnels. Souvent elle se révolte contre son destin sexuel. La peur de lenfant est une gêne supplémentaire et le préservatif donne un aspect chirurgical aux rapports. Lidéal pour la jeune fille serait un apprentissage progressif de la sexualité. La vraie maturité nest pas la défloraison mais le trouble de la chair. Mais la femme assume mal ses désirs et le problème crucial du début de sa sexualité est labsence de plaisir, qui provoque chez elle une rancune. Le plaisir clitoridien est refusé par de nombreuses femmes car il paraît infligé ; celles-ci veulent du plaisir elles en donnent ; elles veulent la réciprocité, sous peine de frigidité, qui est alors une punition assénée à lhomme. Cette frigidité prend fin avec un amant délicat. Mais il nexiste pas de symétrie entre lhomme et la femme dans le plaisir : celui du premier est limité, facile à circonscrire, celui de la femme plus complexe. Lassouvissement de la femme nest jamais clair. Sa sexualité dépend de sa situation et nest soumis à aucune règle. Selon la psychanalyse, la femme a le goût pour le masochisme, aime être dominée. Ce masochisme est lié chez certaines femmes au narcissisme qui aliène lego, pose le moi hors du plaisir, fait fuir la femme. Pour quil y ait égalité, le don de soi doit être réciproque. Ce nest que tardivement que la femme saccomplit sexuellement et devient authentique, sacceptant comme chair.

Chapitre IV : La lesbienne

Étudier la lesbienne est un moyen pour Beauvoir de mieux comprendre les rapports de la femme avec les hommes et avec la féminité. Elle émet dabord des réserves sur des analyses de Freud (la lesbienne serait une clitoridienne dont le complexe dŒdipe nest pas achevé) et dAdler (la lesbienne refuse son absence de pénis et la domination masculine). Pour Beauvoir, il ny a ni fatalité ni normalité ; seule compte lauthenticité dun choix. Lhomosexualité peut dailleurs être une étape vers lhétérosexualité, des adolescentes faisant lapprentissage de la sexualité avec dautres femmes. Il existe deux types de lesbiennes : les masculines (qui veulent imiter les hommes) et les féminines (qui ont peur des hommes). Les premières sont inauthentiques dans la mesure elles considèrent lhomme comme essentiel, puisquelles limitent. Les femmes viriles seraient mêmes des hétérosexuelles revendiquant autonomie et égalité. Cest pourquoi de nombreuses artistes et intellectuelles sont homosexuelles. Lhomosexualité est difficile à vivre si la femme refuse la féminité tout en la voulant. Labsence de pénis interdit le deuil de la féminité. Les rapports avec la mère conditionnent le type de relation lesbienne : si la mère a été protectrice, la lesbienne recherchera le même bonheur ; si la mère a été dure, elle recherchera une bonne mère. Dans la relation lesbienne, lautre est un miroir garantissant la réciprocité. Il est difficile de comprendre une lesbienne car une comédie sociale se superpose souvent à des rapports sincères. Sa sexualité est ambiguë car tout en refusant la domination masculine, la lesbienne veut dominer une autre femme. Ses conflits sont liés à la sincérité et à des problèmes dintégration dans la société. Elle fréquente parfois des hommes si elle leur trouve des intérêts communs, mais le plus souvent elle les fuit, voyant en eux des rivaux. La lesbienne peut vivre dans lépanouissement et lauthenticité mais dès lors quelle senferme dans un rôle, elle devient inauthentique.


Deuxième partie

Chapitre V : La femme mariée

La destinée traditionnelle de la femme est le mariage. Si en 1949, lunion est le plus souvent consentie par les deux époux en France, les mariages arrangés sont encore fréquents dans la bourgeoisie bien-pensante. Dans le mariage, la femme dépend de lhomme ; cest sa seule justification sociale. Pour lhomme, le mariage est une expansion de son existence ; pour la femme, il est une façon dexister. Lhomme est producteur et transcendant ; la femme est une reproduction figée dans limmanence, sans prise sur le monde. Si être au foyer est une situation préférable à celle dun emploi mal payé, peu de jeunes femmes sont enthousiastes à lidée de mariage, principalement parce que celui-ci ne coïncide pas avec lamour. Cest que la société veut que lintérêt collectif prime sur le bonheur individuel. Le plaisir est ainsi distinct de la reproduction, et même nié. Proudhon estime que le mariage nest pas de lamour tandis que Montaigne, quatre siècles plus tôt, comprend la frustration des femmes. Au XIXe siècle, la montée de lindividualisme fait naître le droit à lamour. Néanmoins, lintégration de lamour au mariage se fait très lentement et en 1949, reste insuffisante. Des tabous entravent dès le début le mariage. La grande valeur encore accordée à la virginité bride le désir féminin ; la nuit de noces est un moment gênant, autant pour la femme inexpérimentée que pour lhomme impressionné par la solennité du moment. Le mariage ne peut donc être réussi que si le désir est réciproque. Cependant, le devoir règne encore dans le couple en 1949. Une fois le couple installé, lhomme se réalise à lextérieur et la femme se consacre à la maison. Elle est gagnée par une dialectique : elle renonce au monde mais veut en conquérir un autre. La maison lui pose des limites quelle nie. Elle lui permet une prise sur la matière sans la sortir cependant de limmanence. Les tâches ménagères sont nombreuses et répétitives, elles représentent une lutte permanente contre le mal et perpétuent sans cesse le présent. La poussière fâche la femme au foyer en réalité révoltée contre son sort. Le ménage prenant permet une fuite loin de soi et une compensation sexuelle dans les sociétés puritaines. La cuisine a un aspect plus positif que le ménage : elle fait sortir au marché les femmes se retrouvent ; elle transforme de la matière, telle de la magie. Beauvoir est explicitement critique de la vie au foyer, à limage du peu de considération dont elle souffre de plus en plus en 1949. Pour elle, le foyer, surtout les premières années du mariage passées et les enfants arrivés, noffre aucune perspective davenir. Le mariage est aussi discrédité : lamour (sil y en a jamais) est éphémère, les différences et les conflits nombreux, lentente rare. Le fossé entre le mari et la femme est encore profond en 1949. La femme est souvent plus jeune et infantilisée. Elle se fait croire quelle aime son mari et nie sa déception ; elle se persuade alors quelle a besoin de son mari et compense son manque damour par la jalousie. Elle est aussi intellectuellement inférieure à son mari : même si elle est intelligente, elle manque dinstruction. Lhomme est alors flatté ; il pense pour le couple. Il aime soumettre la femme qui dès lors se rebelle ou se complaît dans le masochisme. Dans le premier cas, elle saccroche à ses convictions et tente dhumilier son mari dans sa virilité, lui ôtant de cette façon sa transcendance. En même temps, elle doit faire attention à ne pas perdre son mari. En fait, si la femme est compliquée, cest à cause de linstitution du mariage qui lui demande de tout donner. En 1949, les couples marchent de mieux en mieux mais restent victimes de lennui et de la solitude. Ils ignorent le vrai amour. Ils connaissent mal lautre. Lhomme mystifie la femme en simplifiant sa psychologie. Il ment en affirmant que son épouse a une influence sur lui. La vie de famille est décidément très mal vue par Beauvoir, qui y voit un mari décevant, une femme rêveuse, peu stimulée intellectuellement. Le mariage idéal serait lunion de deux êtres libres qui se reconnaissent comme tels réciproquement. En 1949, les époux sont, du point de vue de la loi, quasi-égaux. Mais un obstacle de taille demeure : le manque dautonomie financière des femmes.

Chapitre VI : La mère

Beauvoir aborde presque immédiatement un sujet brûlant en 1949, présenté ainsi comme une urgence : lavortement. Nétant pas légal à cette époque en France, il génère beaucoup dhypocrisie. En effet, les avortements clandestins ne sont pas freinés par la loi ; ils sont même aussi nombreux que les naissances. Beauvoir dresse alors un tableau désastreux du problème. Elle critique lhypocrisie de lÉglise catholique (qui a autorisé des meurtres mais juge que lavortement en est un) et des hommes (qui condamnent lavortement mais poussent leurs femmes à y avoir recours quand cela les arrange), ainsi que les vieilles traditions anti-féministes. Mais elle ajoute que la répression a toujours été inefficace. Elle dénonce aussi le manque de soin que les femmes ayant tenté de se faire avorter reçoivent à lhôpital et lattitude culpabilisante du personnel soignant. Les femmes sont divisées dailleurs, entre culpabilité, doute et refus de garder un enfant non désiré. Beauvoir note que les bourgeoises sont plus favorisées car elles ont plus facilement accès aux méthodes contraceptives ; lavortement est alors un révélateur dinégalités sociales. Beauvoir accuse les hommes démissionnaires et hypocrites, mais aussi, une fois de plus, la soumission des femmes : « […] elle est généralement trop timide pour se révolter délibérément contre la mauvaise foi masculine. » (page 338). Il apparaît clairement que Beauvoir revendique la légalisation de lavortement. Elle traite ensuite du problème de la grossesse, annonçant demblée que chacune est vécue différemment et que toutes les femmes, pour des raisons diverses, ne souhaitent pas être enceintes. Sa vision de la grossesse est très négative, faisant osciller la femme entre transcendance (elle donne la vie) et immanence (elle la subit), entre sentiment dimmortalité et de mortalité. La naissance est aussi loccasion de réactions diverses, allant du vide à létonnement. Beauvoir précise à ce moment son soutien aux méthodes daccouchement sans douleur. Elle nie lidée dun instinct maternel : « Lattitude de la mère est définie par lensemble de sa situation et par la manière dont elle lassume. » (page 364) Lorsque la mère veut saliéner dans lenfant, qui est un être autonome, celui-ci mène à la désillusion. Souvent lamour maternel nest pas authentique ; la maternité a été trop mystifiée pour quil le soit. Fréquemment la mère veut dominer, modeler son enfant, ou au contraire sen faire son esclave pour combler un vide. Léducation est difficile, mais plus simple sil sagit dun garçon, dune part parce que les garçons bénéficient dun plus grand prestige, dautre part parce que les rapports mère/fille sont compliqués par la jalousie ou lhostilité : la mère craint en effet souvent dêtre substituée par sa fille (qui participe aux tâches ménagères) et a de la rancœur contre elle, qui peut encore améliorer sa vie. Beauvoir veut pour finir démonter deux préjugés : celui selon lequel la maternité rend toute femme heureuse ; et celui prétendant inversement que tout enfant sera heureux grâce à sa mère. Car la femme ne doit pas se borner à son enfant et rester ainsi dans limmanence. Pour cela, elle doit travailler et Beauvoir estime que travail et maternité sont conciliables, à condition que lEtat accepte daider.

Chapitre VII : La vie en société

Sa vie mondaine est loccasion pour une femme de se montrer. Elle saliène alors dans ses toilettes, joue un personnage. On attend delle élégance et féminité. La robe représente un érotisme dans la vie sociale, rendant le mari fier et éveillant le désir des autres hommes. La femme se fait coquette, pratiquant du sport et faisant des régimes : elle libère alors sa chair tout en se créant une dépendance. Elle est belle pour « se faire être » (page 400) ; cest pourquoi elle supporte mal les critiques. Les réceptions mondaines sont des institutions creuses lhomme sennuie et la femme se montre. Les amitiés féminines sont importantes et constituent un « contre-univers » (page 405) les femmes se réfugient et se lient dans une « complicité immanente » (page 405). Elles sont entre elles sincères tandis quavec leurs époux elles sont en représentation et font semblant de saccepter comme inessentielles. Cependant, la complicité va rarement vers lamitié : les femmes se dépassent vers le monde et non vers les autres. Elles peuvent même ressentir de la jalousie. Cest lhomme qui garde le prestige et une femme ne pourra le remplacer. Cest pourquoi la femme se confiera à un homme, un médecin ou un prêtre par exemple. A lextérieur, les femmes chercheront la passion. Leur infidélité est plus souvent due à la déception quà la rancune. Ladultère est la conséquence du mariage sans amour. Lamant est préféré au mari car il ne déflore pas et donne à la femme un sentiment de liberté. Mais ladultère est plus condamné chez la femme que chez lhomme car cest par la première quil risque de naître des bâtards. La société confond encore femme libre et femme facile. Cela dit, ladultère comme la vie mondaine ne constitue pas une vie authentique pour la femme.

Chapitre VIII : Prostituées et hétaïres

La prostitution est en partie une conséquence du mariage puisque le mari impose la chasteté à sa femme. Les prostituées permettent donc aux femmes honnêtes dêtre respectées alors quelles-mêmes ne le sont pas. Elles sont intellectuellement normales, mais incitées à se vendre par la misère et le chômage. Souvent elles ont été déflorées jeunes, sans amour, parfois sous la contrainte. Elles simaginent que leur travail est provisoire mais sont vite enchaînées. Leur souteneur est un appui moral et financier, parfois un amant, parfois un objet de haine. Les prostituées sont souvent homosexuelles ; avec les autres femmes, elles se créent un contre-univers la dignité humaine demeure. Les rapports avec les clients sont variés, allant de lindifférence à la haine en passant par le mépris. Le vrai problème des prostituées nest pas tant dordre moral ou psychologique : les prostituées souffrent avant tout de pauvreté et dune santé fragile. Elles sont des choses. Supprimer la prostitution revient à supprimer un besoin et à instaurer lamour libre et consenti entre les hommes et les femmes. Lhétaïre (au sens moderne et métaphorique du terme), quant à elle, nest pas exactement une prostituée : elle se fait connaître dans sa singularité. Une haute destinée peut lui être offerte mais elle a pour cela besoin dun homme. Au XIXe siècle, cétait une demi-mondaine ; au XXe siècle, cest une star. Entre la prostitution et lart, le passage est incertain. En effet, lhétaïre se sert de son corps pour réussir. Si le créateur se transcende dans lœuvre, elle engloutit lhomme dans son immanence. Elle est certes économiquement autonome et agit en conquérante avec les hommes, mais son égalité avec eux est un leurre, car elle a besoin deux comme une femme a besoin de son mari. Son protecteur affirme dailleurs sa puissance à travers elle. À Hollywood, les vedettes sont soumises à un esclavage : leur corps doit être parfait, elles doivent lutter contre le temps, et leur vie devient vite publique. Cependant lhétaïre accepte sa condition, à limage du célèbre personnage de Zola, Nana ; elle vit dans une « complaisance desclave » (page 445) et vise des valeurs toutes faites, comme largent ou la gloire. Dans le fond, elle sennuie autant quune femme au foyer.

Chapitre IX : De la maturité à la vieillesse

Plus que lhomme, la femme dépend de son destin physiologique. La ménopause lui fait perdre ce qui la justifiait. La vieillesse lui fait horreur car elle doit toujours plaire. Elle est prise de nostalgie face à son « existence manquée » (page 453). Elle fait ce quelle na pu faire avant, adopte un nouveau comportement sexuel. Elle a une nouvelle vie imaginaire. Elle fantasme comme lorsquelle était adolescente, développe une érotomanie, cherche du secours auprès de Dieu pour avoir une vérité. Mais elle subit la fatalité du vieillissement. Elle ne peut réveiller la flamme conjugale et cherche des amants plus jeunes quelle qui lui donnent lillusion dêtre respectée. Lorsque sa vieillesse est acceptée, elle devient un être nouveau. Son défi est alors de garder une place sur Terre. Certes, elle a moins de contraintes et un mari moins dominant, mais que peut-elle faire de sa nouvelle liberté ? Avec ses enfants, ses rapports sont compliqués. Si elle a un fils, elle va vouloir en faire sa chair, son existence, se rendre indispensable ; larrivée de la bru va être pénible. Si elle a une fille, elle risque de se sentir sa rivale et de pousser cette dernière à la rébellion. Finalement, rares sont les mères équilibrées qui senrichissent de la vie de leurs enfants. Les femmes sans descendance, elles, vont sen créer une avec des homologues denfants. Mais quelle que soit leur postérité, les femmes ne trouveront pas de « justification de la vie déclinante » (page 470). Seule, la femme vieillissante va se consacrer à des œuvres, des associations, qualifiées d’« ersatz daction » (page 472) car elles ne permettent pas davoir une réelle prise sur la réalité. Beauvoir dresse au final un triste portrait de la femme âgée, jugeant rares celles qui agissent vraiment. Elle reconnaît toutefois quen fin de vie les femmes ont moins besoin de leurs époux que le contraire et quelles ont une psychologie plus fine de lautre.

Chapitre X : Situation et caractère de la femme

La femme na connu que peu de changements à travers les siècles, constate Beauvoir en 1949. Elle admet les défauts reprochés à la femme (comédie, mesquinerie…) mais dénonce surtout la situation qui la pousse à ces défauts. Deux problèmes majeurs sont une entrave à son émancipation : sa résignation et son absence de solidarité avec les autres femmes, due à son intégration parmi les hommes. De plus, elle na pas de formation et demeure impuissante. Elle compense son ignorance par une admiration pour les hommes, par des superstitions, du fanatisme, un refus du changement. Les hommes sont responsables aussi, en ne donnant pas les moyens aux femmes de se libérer. Elles subissent les hommes tout en sen plaignant. Leurs larmes et leurs scènes reflètent leur inauthenticité, leur refus quelles ne peuvent concrétiser. La femme est donc « librement esclave » (page 496). Lhomme, lui, nest pas clair non plus, oscillant entre une prétendue morale et une incitation à limmoralité. Il critique la femme mais sen trouve ainsi enorgueilli. De cette façon, lessence masculine est vue comme parfaite, provoque des fantasmes. Pour devenir essentielle, la femme fait de son monde (accouchements…) de grands événements. La religion compense sa frustration, lui offre un « mirage de la transcendance » (page 507). Les mystères sopposent à la logique des hommes. Dans la religion, les femmes sont poussées à se faire victimes, à se complaire, se résigner. Beauvoir admet néanmoins que la vie de la femme moyenne comporte quelques avantages : elle a finalement plus de liberté que lemployé moyen ; elle est moins attachée que les hommes aux valeurs toutes faites, mentalité qualifiée d’« esprit de sérieux » ; elle est plus attentive à ses propres émotions et a des conversations plus agréables. Seule la bourgeoise, oisive convaincue de ses droits mais qui ne sait rien, reste très critiquée.


Troisième partie

Beauvoir analyse dans cette partie les attitudes que les femmes adoptent souvent pour fuir leur liberté.

Chapitre XI : La narcissiste

Dans le narcissisme, « le moi posé comme une fin absolue et le sujet se fuit en lui » (page 519). La femme est narcissiste principalement pour deux raisons : la frustration de ne pas avoir de pénis contractée dans lenfance et la frustration sexuelle survenant à lâge adulte. La femme narcissiste na pas de projet, pas de possibilité dagir. Elle reste dans limmanence en vouant un culte au moi. En se regardant, elle se fige dans la mauvaise foi. Lun des grands rôles de la femme narcissiste consiste à se faire passer pour malheureuse, se plaindre, se mettre en scène. Le mythe féminin lencourage à se croire mystérieuse. Elle sait quelle peut toujours plaire, être une égérie, mais linaction mène ses ambitions de gloire à léchec. Lapothéose du narcissisme est le fantasme de lamant exceptionnel dans les yeux duquel la femme se sent supérieure. Celle-ci na alors aucune prise sur le monde réel. Le narcissisme est donc un échec, car la femme qui sy complaît et attend une reconnaissance du monde quelle ne considère pas.

Chapitre XII : Lamoureuse

Lamour nest pas vu de la même façon par un homme et par une femme et provoque ainsi des malentendus. Pour lhomme, il est une occupation, pour la femme, un don total de soi. Dans une relation amoureuse, lhomme est souverain et la femme immanente. « Cest la différence de leur situation qui se reflète dans leur conception que lhomme et la femme se font de lamour. » (page 540). La femme dévouée à lhomme est tyrannique avec elle-même ; elle se croit nécessaire et vit une déception quand elle découvre que lhomme nest pas Dieu. Elle veut emprisonner lhomme mais pas complètement, pour que sa transcendance soit sauvée : cest la coquette décrite par Jean-Paul Sartre dans L'Être et le Néant. Beauvoir a une vision négative de lamour passionné, qui serait soumission. Lamour authentique implique lacceptation de la contingence et de la liberté de lautre, lexistentialisme considérant chaque homme et chaque femme comme des libertés autonomes. Lamoureuse attend, sennuie, na pas de prise sur le destin. Elle ne peut surmonter une rupture que si elle a des projets. Lhomme est aussi responsable de sa dépendance : il veut que la femme donne tout et, en même temps, est excédé par son attitude.

Chapitre XIII : La mystique

Nombreuses sont les femmes dévotes qui ont des relations affectives avec Dieu, lamour divin sauvant de la contingence de lexistence. Elles confondent lhomme et Dieu et sont proches des érotomanes : elles veulent être chéries. Leurs mots, leur attitude sont sexuels. Dans lexpérience mystique, elles sont narcissistes et désirent être aimées et admirées. Elles se font objets, idoles.


Quatrième partie : Vers la libération

Les libertés civiques ne suffisent pas à lémancipation féminine. En effet, la femme ne peut saffranchir que dans le travail, qui lui permettrait de devenir un sujet transcendant. Mais de nombreux obstacles sopposent à cette émancipation : le monde est encore masculin ; les travailleuses appartiennent le plus souvent aux classes opprimées ; le travail ne libère pas complètement des traditions ; les salaires sont encore faibles. Dès lors la tentation dêtre entretenue par un homme est grande. De plus la femme na pas encore de liberté morale. Elle doit être un objet ; la notion de féminité lui pèse. Dune part des femmes intellectuelles, autonomes, narrivent pas à être des femmes stéréotypées et jouent la comédie ; dautre part certaines femmes refusent dêtre les semblables des hommes. Lidéal est une femme qui allie travail et séduction ; mais les dilemmes demeurent même dans ce cas-. La femme na pas le droit par exemple aux aventures légères. Les hommes nont quant à eux pas envie de laisser leur place aux femmes et agissent en conquérants. Légalité fait cependant son chemin en France en 1949. Une fonction féminine reste lourde à accepter : la maternité. Beauvoir espère quun jour la contraception sera libre. Pendant ses études, la jeune fille est partagée entre ses rêves dadolescente (« lhéritage de son passé », page 610) et la réalité (« lintérêt de son avenir », page 610). La femme est toujours tenaillée par des doutes, des angoisses ; elle est confrontée au destin des femmes entretenues. Elle est aussi moins instruite que les hommes. Cest quelle ne croit pas en elle et ne travaille pas comme il faudrait. Son attitude est défaitiste ; elle accepte la médiocrité, a de petites ambitions, est déjà heureuse de gagner sa vie seule. Une femme patronne est mal vue (par les hommes et les femmes) et doit toujours faire ses preuves. La femme nest pas assez aventureuse ; elle est trop attentive à ses petites réussites ; il lui manque « loubli de soi » (page 615). Sil y a de plus en plus de femmes créatrices, celles-ci ont souvent une attitude négative : elles ne sattachent pas assez au réel, ont une écriture bavarde, ne prennent pas la création au sérieux. Elles confondent charme et talent, se concentrent sur lexpérience de leur moi, naiment pas la critique. Peu dentre elles persévèrent. Beauvoir constate avec tristesse que les hommes restent les plus doués. Les femmes oublient dessayer de comprendre le monde ; elles privilégient le vocabulaire (qui révèle létat du monde) à la syntaxe (qui établit un rapport entre les choses). En fait la situation des femmes écrivains est trop neuve pour permettre le génie. Il leur manque encore la liberté concrète qui ouvre les portes du monde. « La femme libre est seulement en train de naître » (page 630), conclut Beauvoir.


Conclusion

Les hommes et les femmes ne sont pas satisfaits les uns des autres, à cause de loppression exercée par les premiers sur les secondes. Celles-ci veulent passer de limmanence à la transcendance, ceux- hésitent à accepter et provoquent de lhostilité. Beauvoir accuse autant les hommes arrogants avec les femmes émancipées que les femmes ambiguës, qui veulent lindépendance mais aussi de vieilles prérogatives (comme être séduites), se faisant alors sujet et objet. La guerre continuera tant que les hommes et les femmes ne sestimeront pas semblables, tant que lhomme mystifiera la femme pour lui faire oublier son malheur, tant que la femme sera complice de sa destinée. Si la femme devenait autonome, tout le monde y gagnerait. Mais en 1949, le passé pèse encore. Lévolution doit être collective, léducation changer, notamment en matière de sexualité et de mixité scolaire. Il faudra aussi faire le deuil du charme féminin. Certains craignent que légalité hommes-femmes rende le monde ennuyeux ; il nen sera rien, légalité nannulant pas les différences, ni la passion.


Réception, influence, postérité

Dès sa parution en 1949, Le Deuxième Sexe connut un grand retentissement : il fut immédiatement traduit dans plusieurs langues, bouleversa de nombreuses lectrices - issues de milieux intellectuellement favorisés pour la plupart - et suscita de vives réactions, majoritairement hostiles. En France, les critiques négatives vinrent surtout des catholiques et des communistes : les premiers, parmi lesquels lécrivain François Mauriac, virent dun très mauvais œil les analyses de la sexualité féminine ainsi que la défense des femmes ; les seconds jugèrent lœuvre bourgeoise et condamnèrent la revendication de lavortement et de la contraception, qui selon eux ne devaient pas passer avant les droits de la travailleuse. Le contexte en général explique cette hostilité : en 1949, la France entamait une politique nataliste ; et jamais la question de légalité des sexes navait jusqualors intéressé réellement les écrivains et les intellectuels. Beauvoir pensait par ailleurs quavec la popularisation de la psychanalyse, des chapitres tels que « Linitiation sexuelle » ou « La lesbienne », seraient compris ; elle se méprit. Enfin à travers la critique du Deuxième Sexe était attaquée Beauvoir compagne de Sartre et représentante de lexistentialisme. Hors de France, les réactions furent diverses. Beaucoup de pays catholiques rejetèrent lessai : lEspagne franquiste la censura (il fallut attendre une première traduction espagnole en 1962, en provenance dArgentine) ; au Québec et en RDA, le livre fut longtemps difficile à trouver. Les pays protestants furent plus ouverts, comme la RFA, 14 000 exemplaires furent écoulés dès 1956. Le Deuxième Sexe fut traduit surtout en allemand, en anglais et en japonais. Mais au début, ces traductions ne portaient souvent que sur des extraits ou comportaient des erreurs gênantes. Un regain dintérêt, lié aux crises, au libéralisme, à la dégradation de la condition féminine, se dessina dans les années 1970, avec des traductions russes, perses, japonaises, etc. Linfluence du Deuxième Sexe sur les mouvements féministes des années 1950 et des années 1960 fut certaine puis, malgré lengagement de Beauvoir, satténua dans les années 1970 avec larrivée dautres féministes. Dans les années 1980, Beauvoir et son œuvre subirent les foudres de nombreux critiques à cause de la découverte de ses correspondances et de sa vie privée. Depuis la fin des années 1990, Le Deuxième Sexe intéresse de nouveau. Contrairement aux idées reçues, cest bien en France que les premiers travaux analysant lœuvre ont été écrits ; mais il est vrai quaujourdhui lessai est plus étudié aux États-Unis, en Grande-Bretagne et dans les pays scandinaves quen France. Le Deuxième Sexe reste une référence de la philosophie féministe ; il sest vendu en France à environ 500 000 exemplaires, acquérant ainsi un statut de best-seller.

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. Simone de Beauvoir, ‘’Le Deuxième Sexe’’, tomes I et II, éd. Gallimard, 1949, 400p. (ISBN 978-2-07-020513-4) et 588 p. (ISBN 978-2-07-020513-4)
  2. La pagination des citations est celle de la réédition en livre de poche : Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, tome I, éd. Gallimard, 1949, rééd. Folio essais, 1976, 409 p. (ISBN 2-07-032351-X)
  3. La pagination des citations est celle de la réédition en livre de poche : Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, tome II, éd. Gallimard, 1949, rééd. Folio essais, 1976, 654 p. (ISBN 978-2-07-032352-4)

Bibliographie

  • Simone de Beauvoir : le Deuxième Sexe. Le livre fondateur du féminisme moderne en situation, ouvrage dirigé par Ingrid Glaster, Paris, Éditions Champion, 2004 (ISBN 274531209X)
  • À propos de la réception critique de l'ouvrage, se reporter à :
    • Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir, textes réunis et présentés par Ingrid Galster (Presses de l'université Paris-Sorbonne, 2004) sont présentés, entre autres, les articles contradictoires de Armand Hoog et Francine Bloch parus dans le même numéro de La Nef;
    • Christine Delphy et Sylvie Chaperon (sous la direction de), Cinquantenaire du Deuxième Sexe, éd. Syllepses, coll. Nouvelles questions féministes, 2002, 400 p., (ISBN 2-913165-61-03)



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Le Deuxième Sexe de Wikipédia en français (auteurs)

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