- Misogynie
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La misogynie est un trait de caractère qui se manifeste par un sentiment de mépris, éventuellement d'hostilité, à l'égard des femmes. Bien que la misogynie concerne surtout les hommes, certaines femmes manifestent également ce trait de caractère. C'est l'une des deux formes de sexisme. La forme opposée est la misandrie.
Le mot misogynie vient du grec ancien misosgyné. Il est formé de deux mots grecs anciens μῖσος (misos) (haine) et de γυνή (gyné) (femme) [1].
Dans son Dictionnaire de philosophie, Christian Godin donne deux sens au mot misogynie :
- "Détestation des femmes qui va de l'aversion pour leur corps au mépris pour leur comportement et leur personnalité;
- Point de vue de celui qui se refuse à admettre l'égalité entre les hommes et les femmes."[1]
Sommaire
Psychologie sociale de la misogynie
La misogynie est une relation intergroupe entre hommes et femmes où les femmes sont sous-évaluées par rapport aux hommes. C'est un phénomène social qui apparaît dans les trois cas suivants :
- Lorsqu'il y a un groupe dominant. Dans ce premier cas, la dominance masculine pourrait être due à la différence de force physique et à la charge que représente le fait de porter un enfant, éventuellement de l'élever (voir patriarcat). Cela dit, on peut contester cette explication, notamment dans le cas de l'existence de sociétés matriarcales, mais très peu nombreuses.
- Lorsque les deux groupes se surestiment eux-mêmes (l'ingroup) et sous-estiment les autres (outgroup). Il s'agit d'un biais plus ou moins universel. Dans ce deuxième cas, la misogynie serait masculine, et les femmes de leur côté seraient misandres dans la même proportion. Cela n'explique pas la misogynie de la part d'une femme.
- Lorsqu'il y a des préjugés sur le groupe sous-évalué. Les préjugés du genre "les femmes ne savent pas conduire" serait la cause de cette sous-évaluation. Ce genre de préjugé sert aussi à justifier les comportements négatifs (ici qu'on écarte les femmes de la conduite).
Ces explications ne sont pas mutuellement exclusives, elles peuvent se combiner.
Les différences intergroupes peuvent être atténuées, compensées ou inversées par d'autres différences intergroupes (Doise et Deschamps). Par exemple, on peut être un homme dans l'entreprise A ou une femme dans l'entreprise B, mais aussi une femme dans l'entreprise A ou un homme dans l'entreprise B. Enfin, même dans une société à dominance globalement masculine, une femme peut représenter le pouvoir, par exemple dans le cas d'une relation hiérarchique, ce qui change le rapport de force. Cela fait que le problème n'est pas aussi binaire qu'on pourrait le croire.
Misogynie et langage
Article détaillé : langage sexiste.La misogynie peut passer inaperçue à la conscience lorsqu'elle est portée par le langage. En langue française, par exemple, on peut remarquer que le mot prononcé "homme" a un sens ambigu, désignant à la fois l'individu de sexe masculin et l'espèce humaine.
En langue française les genres ne sont pas masculins ou féminins mais "genre non marqué" et "genre marqué féminin". Ainsi, un groupe d'étudiants est composé d'hommes, de femmes ou d'un ensemble des deux tandis qu'un groupe d'étudiantes est exclusivement composé de femmes. L'accord des groupes de mots mixte (ex : un étudiant et une étudiante) se fait en utilisant le genre non marqué.
Par confusion on abrège parfois cette règle en "le masculin l'emporte sur le féminin", alors qu'il serait correct de dire : seul les groupes exclusivement féminin sont féminins, les autres utilisent le genre non marqué[2].
Misogynie et homosexualité
Dans les civilisations antiques guerrières, l'homosexualité était parfois admise, mais pénétrer était valorisé alors qu'être pénétré était dévalorisé (voir Homosexualité dans l'Antiquité). Cela était valable pour l'homosexualité comme pour l'hétérosexualité (dans ce cas il s'agit de misogynie). Être pénétré étant considéré comme une position "passive donc inférieure" et pénétrer comme une position "active donc supérieure" ; cette vision des choses perdure de nos jours comme on peut le voir dans les vocables de la duperie (duper/être dupé) : baiser/être baisé, enculer/être enculé. L'utilisation de ces termes remplacent les mots tromper/être trompé, alors plus dédié à la notion d'adultère, et renforcent le caractère "humiliant" : il est vu comme humiliant de se faire pénétrer.
Notes et références
- Godin, p.810
- [1]Le genre sur le site de l'académie française
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Catégories :- Sexisme
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