Julie De Lespinasse

Julie De Lespinasse

Julie de Lespinasse

Julie de Lespinasse

Jeanne Julie Éléonore de Lespinasse, née le 9 novembre 1732 à Lyon et morte en le 23 mai 1776 (à 43 ans), est la fille illégitime du comte Gaspard de Vichy, frère de Marie du Deffand, et de la comtesse d’Albon.

Son père épousa par la suite sa sœur naturelle. Julie fut donc élevée par sa mère, restant avec elle jusqu’à la mort de cette dernière encore jeune, qui la confie de nouveau à son père, de sorte qu’elle se retrouve gouvernante des enfants de sa sœur naturelle et belle-mère, enfants qui sont également ses demi-frères et sœurs.

Sa tante naturelle, Marie du Deffand, sentant sa vue décliner, la prend alors comme lectrice dans le salon qu’elle tient à Paris et qui est déjà connu en 1754, donnant ainsi à sa nièce l’occasion de sortir d’une situation familiale sans doute assez déplaisante.

Dès 1747, ayant noué une amitié avec d’Alembert, son salon est fréquenté par des écrivains et philosophes tels que Fontenelle, Montesquieu, Marmontel et Marivaux. C’est dans ce monde qu’elle introduit sa nièce. Julie, sans être vraiment belle, est intelligente et surtout très habile à diriger la conversation. Sa vivacité d’esprit et sa finesse ne tardent pas à séduire les hôtes de sa tante et les conversations commencées dans le salon de celle-ci se terminent dans la chambre de Julie. Marie du Deffand l’ayant appris se jugea trahie et en conçut une grande jalousie qui ne la quittera plus même après la mort prématurée de Julie, qu’elle finit par renvoyer en 1763.

Julie de Lespinasse ouvrit alors, en 1764, son propre salon rue de Bellechasse, où elle reçut également Condillac, Condorcet et Turgot, outre ceux qu’elle recevait déjà auparavant chez sa tante. On a pu dire de son salon qu’il fut le « laboratoire de l’Encyclopédie », dont elle fut l’égérie. Nombreux furent ceux qui subirent le charme de cette jeune femme au caractère ardent et passionné, mais c’est avec d’Alembert qu’elle se lia d’une profonde amitié, qui semble n’avoir été que platonique. Enfant illégitime comme lui, ils ont des points communs qui les rapprochent. Malade, elle le recueille chez elle et le soigne. Ils ne se quitteront plus.

Julie s’éprend cependant profondément du marquis de Mora, fils de l’ambassadeur d’Espagne en 1766, tout aussi épris d’elle. Ils envisagent le mariage, mais la famille de Mora fera l’impossible pour le contrecarrer et y parviendra.

Rentré en Espagne, il tombe malade et y reste pour être soigné. Leur correspondance reflète déjà ces amours passionnées qui fleuriront dans la littérature romantique. Pour oublier les angoisses que lui cause l’éloignement de son amant, elle fréquente pour se changer les idées les maisons de campagne de ses nombreux amis et rencontre, au Moulin-Joli de Bezons, le colonel de Guibert en 1772. Elle se prend pour ce dernier d’une irrésistible passion qu’elle éprouvera jusqu’à sa mort, malgré l’apparente indifférence qu’il lui témoigne.

Durant de longs mois, elle nourrit des sentiments de culpabilité, partagée entre ses deux amants, ne pouvant oublier l’un mais désirant l’autre. Mora, malade, revenu en France pour la rejoindre, meurt à Bordeaux en 1776. C’est à ce moment que Julie et Guibert deviennent amants. Quand Julie vient à apprendre cette coïncidence, le désespoir s’empare d’elle, le chagrin et les remords ébranlent sa santé. Elle songe au suicide : « J’ai souffert, j’ai haï la vie, j’ai invoqué la mort, » écrira-t-elle, « et je fais serment de ne pas lui donner le dégoût et de la recevoir au contraire comme une libératrice ».

« Il n’y a qu’une chose qui résiste, c’est la passion et c’est celle de l’amour, car toutes les autres resteraient sans répliques ». « Il n’y a que l’amour-passion et la bienfaisance qui me paraissent valoir la peine de vivre. » Dans ces quelques lignes pourrait se résumer la personnalité de Julie.

Elle ne survivra pas au mariage de Guibert ; désespérée par l’échec de ses deux liaisons, elle meurt à quarante-trois ans, le 23 mai 1776. Sa correspondance avec Guibert sera publiée en 1809 par la veuve de celui-ci. Comme celle de sa tante du Deffand, cette correspondance constitue un document psychologique et historique de référence.

Diderot a fait d’elle, avec le médecin Bordeu, un personnage de son Rêve de d’Alembert.

Bibliographie

  • Marie-Christine d'Aragon et Jean Lacouture, Julie de Lespinasse. Mourir d’amour, Complexe, 2006.
  • Julie de Lespinasse, Lettres, La Table Ronde, Paris, 1998.
  • Julie de Lespinasse, Lettres à Condorcet, Desjonquères, Paris, 1992.
  • René La Croix de Castrie (duc de), Julie de Lespinasse, Le drame d’un double amour, Albin Michel, Paris, 2000.
  • Maxime Druhen, "Mlle de Lespinasse et Suard - Correspondance inédite", 1927, Extrait du Bulletin de l'Accadémie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Besancon.
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