- Vieillesse
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La vieillesse est l'âge ultime de l'être humain, qui succède à l'âge mûr[1], appelé aussi par euphémisme « troisième âge » (on nomme parfois quatrième âge le moment où l'on devient dépendant, qui correspondait dans la décennie 1990 au moment où on bénéficiait de l'aide physique de ses enfants nouvellement retraités). La vieillesse était naguère associée à l'entrée dans la soixantaine, voire avant. Elle est aujourd'hui située, pour reprendre l'ancien slogan du journal Tintin (aujourd'hui disparu) "à 77 ans". Au XVIIe siècle, on parlait des personnes ayant entre 40 et 70 ans comme de vieillards : les barbons de Molière ont à peine plus de quarante ans. S'il n’y a pas réellement d’âge biologique de la vieillesse, le regard social met un peu plus de temps à suivre l'évolution de la santé publique. Dans les sociétés occidentales contemporaines, des expressions telles que senior[2] ou personne âgée remplacent cependant vieux ou vieillard, déplacés à des âges ultérieurs de la vie. Il n'en reste pas moins que Gérard Depardieu, dans une interview au journal Le Monde, disait ne pas imaginer qu'on puisse être heureux et vieux.
Un premier palier commence vers l'âge de soixante-cinq ans lorsque la plupart des personnes ont pu quitter la vie active (avec retraite ou pension). Ces personnes peuvent avoir autant d'activités, voire davantage, mais celles-ci s'exercent plus souvent pour leurs loisirs ou encore dans le bénévolat, et de façon plus espacée qui évite enfin la routine quotidienne des transports.
L'étude de la vieillesse et du vieillissement est la gérontologie (terme formé sur le mot grec geron, gerontos, vieillard). La médecine de la vieillesse est la gériatrie. Les efforts visent davantage à prévenir les altérations de l'âge par un mode de vie sain qu'à soigner des altérations une fois celles-ci apparentes, et pour le moment peu réversibles.
Sommaire
Signes
On retrouve en général, chez une personne âgée, rides, cheveux blancs et perte des cheveux (pouvant provoquer – souvent chez l'homme – une alopécie complète ou incomplète; les uns comme les autres de ces symptômes peuvent commencer entre 40 et 60 ans). Après 75 ans, des signes de faiblesse physiques tendent à se développer. Entre ces deux âges apparaissent souvent l'arthrite, l'arthrose, les rhumatismes, qui font perdre de leur grâce à la démarche et aux gestes et rendent aussi la vie quotidienne moins commode.
La vieillesse répond aujourd'hui principalement à des injonctions sociales et médiatiques. La dépendance, ou la perte d'autonomie, de la personne du quatrième âge est la mesure principale de l'état de vieillesse. Un sociologue comme Serge Guérin propose le terme de Senior Fragilisé (SeFra) pour exprimer que la fragilisation peut être d'ordre physique, mental ou moral, mais aussi économique.
La fragilisation mentale comprend la maladie d'Alzheimer. Quand une personne âgée commence à faire de l'Alzheimer, la zone temporelle où elle se projette devient plus centrée sur le présent, et elle devient principalement préoccupée par sa sécurité et sa survie. On disait autrefois, maladroitement, qu'elle "retombait en enfance". La part de vérité de cette formulation est qu'elle a plus que jamais depuis l'enfance besoin d'affection et de réconfort. Quand on n'arrive plus à accomplir certains actes de la vie courante, rien n'est plus réconfortant que la présence des êtres chers même si la personne malade ne semble pas reconnaître ses proches.
Les personnes atteintes d'un début d'Alzheimer s'habituent à leur environnement, qu'elles appellent "leur maison" et appréhendent fortement l'idée de s'en éloigner. Lors d'un déménagement, la conservation des meubles familiaux les rassure[3], mais elles sont longtemps désorientées. Dans des cas plus sérieux, ces personnes commencent à confondre les choses, par exemple ne savent plus si elles ont vu récemment des personnes ou des photos de celles-ci. Un avantage de la situation est qu'elles sont rassurées si elles sont entourées de photos ou d'objets familiers. Pour les cas plus graves, il existe maintenant des tapis qui font appel à l'aide aussitôt que la personne âgée débarque de son lit, ou se lève de sa chaise, évitant ainsi la contention.
Etant donné que le nombre des personnes âgées augmente pendant que le nombre de préposées aux bénéficiaires a de la misère à satisfaire la demande, le personnel des foyers où résident les personnes qui commencent à faire de l'Alzheimer n'ont pas toujours le temps d'aller chercher les personnes qui n'ont pas entendu l'avertissement d'aller à la cafétéria pour le repas. Le fait de mettre une horloge à la disposition de la personne âgée lui permet alors de satisfaire son besoin de survie par la nourriture en se rendant elle-même à la cafétéria quand l'heure du repas est arrivée. Cela lui évite de rester assise, sur le bord de son lit, toute la journée en branlant les jambes pour courir à la cafétéria aussitôt que l'avertissement d'aller manger sera crié dans les corridors. Comme le dit Abraham Maslow, le premier besoin de tout être vivant est la survie par la satisfaction de ses besoins de base et personne n'y échappe.
Bien entendu, à mesure que la maladie prend de l'ampleur, comme la personne Alzheimer ne comprend plus l'utilité des choses, elle enlève ses dentiers, tous les fils qui servent à sonder ses signes vitaux, son appareil pour entendre, et, finalement, ses vêtements qui lui serrent le corps, etc. Elle finit par détester ceux qui lui donnent des injections pour sa santé, car elle les voit comme des méchants, et s'impose des soins de confort jusqu'à sa mort qui ne tardera pas. C'est dans ce sens qu'évolue la mode de l'euthanasie pour les personnes consentantes (ou plutôt qui imposent aux autres de lui accorder l'euthanasie).
Proverbe
« Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait »
— Henri Estienne, Les Premices
Citation
« On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d'années : on devient vieux parce qu'on a déserté son idéal.
Les années rident la peau ; renoncer à son idéal ride l'âme.
Les préoccupations, les doutes, les craintes et les désespoirs sont les ennemis qui, lentement, nous font pencher vers la terre et devenir poussière avant la mort.
Jeune est celui qui s'étonne et s'émerveille.
Il demande, comme l'enfant insatiable : Et après ?
Il défie les événements et trouve de la joie au jeu de la vie.
Vous êtes aussi jeune que votre foi.
Aussi vieux que votre doute.
Aussi jeune que votre confiance en vous-même.
Aussi jeune que l'espoir propre au sens.
Aussi vieux que votre abattement.
Vous resterez jeune tant que vous resterez réceptif.
Réceptif à ce qui est beau, bon et grand.
Réceptif aux messages de la nature, de l'homme et de l'infini. »— Douglas MacArthur, extrait de son discours d'adieu aux étudiants de l’Académie militaire de West Point - 1962 (extrait)
« On honore la vieillesse mais on ne l'aime point »
— Diderot
Notes et références
- Pierre Desproges rappelait de façon désabusée que ce qui succédait à l'âge mûr ne pouvait être que l'âge pourri.
- Philippe Bouvard, qui mène en 2010 une vie très active à plus de 70 ans, rappelle dans son livre éponyme que cette terminologie a ses avantages, dès lors qu'on rapproche senior de seigneur et non de sénile.
- Les maisons de retraite de haut de gamme permettent à la personne âgée de garder un de ses meubles familiaux dans sa chambre, ce qui a un effet psychologique excellent.
Annexes
Bibliographie
- La Vieillesse de Simone De Beauvoir [livre d'argumentation]
- La chance de vieillir de Michel Billé [livre de gérontologie sociale]L'Harmathan, 2006
- Les nouvelles frontières de l'âge de Richard Lefrançois [livre de gérontologie] PUM, 2004
- Vieillesses oubliées de Richard Lefrançois [livre de gérontologie] GGC, 2009
- Vive les vieux ! de Serge Guérin [livre de pédagogie] Michalon, 2008
- L'invention des seniors de Serge Guérin [livre de sociologie] Hachette Pluriel, 2007
- De l'Etat Providence à l'Etat accompagnantde Serge Guérin [livre de sociologie], Michalon, 2010.
- Philosophie des âges de la vie de Eric Deschavanne et Pierre-Henri Tavoillot, Hachette Pluriel, 2008
Articles connexes
- les trois âges de la vie : jeunesse | âge adulte | vieillesse
Liens externes
- Le blog des sciences du vieillissement et de la prévention de la dépendance Ce blog présente l’enjeu fondamental que constitue la prévention de la perte d’autonomie. Vous y trouverez des informations sur le contexte social et économique du vieillissement de la population en France, les signes de la perte d’autonomie, les structures médicales et de recherche consacrées au vieillissement.
- Senescience
- Explications détaillées sur la sénescence cellulaire
- L’enseignement des papes sur la vieillesse
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