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Subjectivité
Dans son sens ordinaire, « subjectif » désigne le caractère de ce qui est personnel, opinioné, en opposition à « objectif » qui tient de la neutralité. La subjectivité est un concept vulgaire et une question philosophique.
Sommaire
Approche générale
Définition
La subjectivité est le propre du sujet.
Si le mot sonne un peu comme « affectif », c'est bien, pour reprendre l'expression de Jocelyn Benoist, parce que la subjectivité est « ce motif omniprésent qui se manifeste partout où est la relation sociale, dans la variation infinie de ses jeux » :
- « dans la culture de l'affection et des pensées, dont l'expérience constitue la teneur du retour à soi, il ne faut voir que le ressac du monde, le retour à soi étant retour du monde à soi, non pas dans la clôture de ses jeux, mais dans le passage toujours de nouveau possible d'un de ses jeux à un autre. La "solitude" où je "me" trouve me reconduit vers les autres, vers l'expérience d'autres formes de la relation sociale, en dehors des codes établis. Le moi se noue et se dénoue, d'un code à un autre. L'échelle de ces variations est la subjectivité.»
Parcours philosophique
« Subjectif » désigne tout aussi bien le rapport à une nature « humanisée », dès lors que la nature et l'artifice tendent à se confondre. Le rapport à autrui n'est plus une question de sympathie, comme chez Scheler, mais d'éthique. Benjamin, Adorno, Kracauer interrogent le rapport à la nature dans son historicité : elle n'est plus une incarnation spirituelle, mais une réalité saturée d'histoire, marquée par les transformations concrètes de la technique. Deleuze et Foucault questionnent l'affect dans ce qu'il a d'irréductiblement étranger à l'intention – dans sa folie : l'affect n'est plus relatif à des valeurs, mais renvoie à l'expérience de l'impossible.
Des subjectivités en crise
On ne peut prendre la subjectivité comme donnée, configurée par les structures universelles de la psyché, mais, au contraire, il faut supposer des engendrements différenciés de subjectivations, laissant ouverte la question de savoir quel type de rapports la(/les) subjectivité(s) et l(es) identité(s) entretiennent dans un contexte mondialisé [1].
La « subjectivité » tend ici à avoir une valence directement politique, qui intéresserait quelque chose comme une anthropologie élargie, comprenant celle, spécifique, ouverte au début du XXe siècle par des philosophes comme Weber ou Simmel, centrée sur les particularités subjectives inscrites dans la culture, l'histoire, et qui posa la question non pas de « qu'est-ce que l'homme ? », mais « qui sommes nous aujourd'hui, qu'est-ce qu'être moderne ? », donc bien au-delà de la problématique réductrice des idéologies [2].
Approche épistémologique
Bibliographie
Philosophie générale
- Valérie Marange, « Les outils de la pensée » in Joël Roman (éd.), Chronique des idées contemporaines, Rosny, Bréal, 1995
- Jocelyn Benoist, « La subjectivité » in Denis Kambouchner (éd.), Notions de philosophie, II, Paris, folio, 1995
- Maxence Caron, Pensée de l'être et origine de la subjectivité, Le Cerf, 2005.
Politique et clinique
- Rosi Braidotti, « Vers une subjectivité viable : un point de vue philosophique et féministe », in M.G. Pinsart (éd.), Genre et bioéthique, Annales de l'Institut de philosophie de l'Université de Bruxelles, 2003
Voir aussi
- Sujet (philosophie)
- Objectivité
- Critique de la faculté de juger de Kant
- Phénoménologie | Structuralisme et post-structuralisme
- Conception subjective de la valeur
- Analyse des logiques subjectives
Notes
- ↑ Voir Félix Guattari, Philippe Zarifian ou Rada Ivekovic par exemple. Et sur Félix Guattari, l'article de François Fourquet, « La subjectivité mondiale », Le Portique, n°20, 2007.
- ↑ Selon Félix Guattari, par exemple, « les phénomènes de lutte sociale, tels qu'ils se dégagent de l'histoire du monde ouvrier (et donc pas seulement à travers l'analyse des théoriciens marxistes) sont des processus qui s'inscrivent dans la généalogie des repérages subjectifs. Ils constituent donc, d'un seul tenant, des rapports de force objectifs et des entreprises de production de subjectivité. On ne peut pas comprendre l'histoire du mouvement ouvrier si on refuse de voir qu'à certaines époques des institutions du mouvement ouvrier ont produit de nouveaux types de subjectivité et, pour forcer les choses, je dirai même des "races humaines" différentes. L'histoire nous propose aussi de véritables "guerres de subjectivité", dont on ne peut saisir la portée si on ne fait pas entrer en ligne de compte les mutations dont il est ici question » (Pratique de l'institutionnel et politique, éd. Matrice) à savoir celles relevant de l'interaction entre les équipements collectifs (y compris les média) et les esprits et les imaginaires
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