Clitoris

Clitoris

Le clitoris est un organe du sexe féminin dont la partie visible se situe au sommet des petites lèvres ; il forme une proéminence d’environ 0,5 à 1 cm de diamètre, mais s’avère en fait être la conjonction, en profondeur, de deux racines de 10 cm qui entourent le vagin et l’urètre. Cet organe, bien plus innervé que le gland du pénis chez l’homme, joue un rôle similaire dans l’excitation sexuelle.


Sommaire

Anatomie

Vue externe
Anatomie d’une vulve, avec le clitoris en haut
Les muscles du périnée féminin
Coupe sagittale d’un bassin féminin, segment droit

Le clitoris possède une vascularisation abondante qui le rend érectile. C’est également l’organe le plus sensible qu’on puisse trouver chez l’être humain avec 8 000 terminaisons nerveuses au niveau du gland (en comparaison le gland du pénis n’en possède « que » 6 000)[1]. Lorsqu’il est stimulé, il déclenche une ouverture et une lubrification du vagin.

Selon certaines études récentes[2], les « bulbes du vestibule » — structure symétrique autour du vagin et de l’urètre — appartiennent également au clitoris. De même origine embryonnaire que le pénis, le clitoris présente une structure identique : corps caverneux -corpus cavernosum- correspondant aux piliers du clitoris (en) (désignés aussi sous le terme de Clitoris crus ou Crus clitoridis et qui ont 10 cm de longueur), convergant en avant vers la symphise pubienne pour former le corps du clitoris (constitué du coude - appelé aussi genou - et de la hampe) ; corps spongieux correspondant aux bulbes vestibulaires qui mesurent en moyenne de 3 à 5 cm de longueur ; gland du clitoris, recouvert par un prépuce (appelé aussi capuchon, il est formé par la partie antérieure des petites lèvres, tandis que la partie postérieure forme le frein). Le corps et le gland, seuls éléments visibles extérieurement du clitoris, ont une longueur d'environ 2 cm et un diamètre d'1 cm[3].

De récentes recherches tendent à montrer davantage encore la similitude entre ces deux organes du point de vue de leur anatomie et de leur physiologie (contraction des muscles ischiocaverneux, riche réseau de veines vestibulaires et clitoridiennes -le plexus veineux de Kobelt -).

Cette similitude est particulièrement visible chez la hyène tachetée, chez qui le clitoris prend les proportions et la forme d’un pénis, peut entrer en érection, est complété par des grandes lèvres gonflées par deux boules graisseuses, et constitue un ensemble ressemblant alors tout à fait au sexe du mâle, rendant ainsi la distinction très difficile entre les sexes de cette espèce[4].

Dans l'histoire

Hippocrate l’appelait « le serviteur qui invite les hôtes » et pensait qu’il était l’organe du plaisir féminin. Mais il pensait aussi que les femmes avaient une « semence » : la cyprine, et qu’elles devaient jouir pour être enceintes. Ainsi au Moyen Âge, selon cette doctrine et malgré la profonde « méfiance » de l’Église vis-à-vis du plaisir charnel, les médecins préconisaient des traitements inattendus pour assurer une bonne fertilité : enduire d’huile parfumée un doigt et frotter le bouton d’amour dans un mouvement circulaire.

C’est au XVIe siècle que la littérature médicale reconnaît l’existence du clitoris pour la première fois. Il donnera lieu à des querelles : Realdo Colombo (aussi connu sous le nom de Matteo Renaldo Colombo), qui enseignait la chirurgie à l’Université de Padoue en Italie, publia en 1559 un ouvrage intitulé De re anatomica dans lequel il décrit le « siège du plaisir féminin ».

Son successeur à Padoue, Gabriele Falloppio (qui donnera son nom aux trompes de Fallope) affirma qu’il était le premier à découvrir le clitoris.

Au XVIIe siècle, un anatomiste danois réfuta les deux déclarations en avançant que le clitoris était déjà bien connu par la médecine depuis le IIe siècle.

La fonction du clitoris

Chez les mammifères (y compris ceux à œstrus), la période d’excitation de la femelle en relation avec son ovulation s’accompagne d’une émission de phéromones odorants rendant sa sécrétion vulvaire attirante (la cyprine). L’attrait de ces phéromones ayant rapproché le mâle (parfois de très loin), celui-ci y porte sa langue à la fois comme entrée en contact avec la femelle et à la fois comme moyen d’apprêt à l’accouplement. Léchant la vulve, il lèche le clitoris[5] et l’effet provoqué favorise, par intumescence des bulbes du vestibule, l’ouverture du vagin que le mâle pourra alors pénétrer. C’est ici la fonction du clitoris.[réf. nécessaire]

Le clitoris est un élément important de l’orgasme féminin[6]. Selon les travaux de Masters et Johnson, l’orgasme ferait toujours intervenir le clitoris, quel que soit le lieu de la stimulation (externe ou interne). Le clitoris serait selon ces auteurs au centre de la sexualité féminine. Cette nouvelle notion anatomique que l’on doit au Dr Helen O’Connell (Royal Melbourne Hospital - Australie) en 1997 remet en cause la classification fort décriée entre « clitoridienne » et « vaginale » car la stimulation vaginale entraînerait automatiquement une stimulation des bras profonds du clitoris.

Les chercheurs Masters et Johnson ont observé et mesuré avec des appareils spécialisés plus de 10.000 réponses sexuelles auprès de 694 femmes et hommes. Ils ont montré que le clitoris de la femme (et le pénis de l'homme) étaient les principales régions à l'origine du plaisir sexuel, et les principales à procurer l'orgasme[7]. C'est pour cette raison que le clitoris est la région du corps la plus stimulée au cours des activités sexuelles (comportement érotique). Les activités érotiques préférées des femmes sont les activités qui stimulent le clitoris (cunnilingus, pénétration vaginale, masturbation …), et qui procurent un maximum de stimulations intenses (tactiles, pression, chaleur) sur l'ensemble du clitoris (partie externe (gland du clitoris) et parties internes). Ces activités sexuelles procurent le maximum de plaisir érotique[8].

Article principal : Comportement érotique.

Cette préférence pour les activités érotiques génitales favorise les activités qui permettent la fécondation et la reproduction.

Anecdotes et développements

  • Marie Bonaparte, freudienne passionnée, s’était fait déplacer chirurgicalement le clitoris afin qu’il soit plus facilement excité lors du coït, qui selon Freud était le seul acte valable de plaisir : elle n’en a cependant jamais été pleinement satisfaite. Elle a d’ailleurs écrit, sous le pseudonyme de A.E. Narjani, un article intitulé Considérations sur les causes anatomiques de la frigidité chez la femme, dans lequel elle explique la frigidité féminine par une fixation clitoridienne induite par une distance trop grande entre le clitoris et le vagin. Elle appuya sa thèse par la mesure de la distance du clitoris et du méat urétral sur une population de 200 femmes, prises au hasard. Au sujet du clitoris, elle écrira : Les hommes se sentent menacés par ce qui aurait une apparence phallique chez la femme, c’est pourquoi ils insistent pour que le clitoris soit enlevé (Marie Bonaparte, « Notes sur l’excision » - Revue française de psychanalyse XII, 1946).
  • Robert Bourguignon, chirurgien assistant de Dominique-Jean Larrey, lui-même chirurgien de Napoléon exécuta plusieurs ablations de clitoris le considérant comme une excroissance tumorale bénigne.
  • L’excision ou ablation du clitoris est une mutilation pratiquée de nos jours sur 100 à 140 millions de femmes dans une grande partie du continent africain et n'est pas vraiment une anecdote. Elle se pratique par cautérisation du gland clitoridien. D’une partie du clitoris à l’ablation totale de celui-ci et des petites lèvres jusqu’à d’autres pratiques avec sutures et pose d’un anneau. L'excision est défendue principalement au nom de l’amélioration du plaisir sexuel masculin et la protection contre le désir féminin, afin que la femme ne ressente plus aucun plaisir sexuel, cela afin qu’elle n’aille pas chercher le plaisir sexuel chez d’autres hommes. L'excision est illégale dans la plupart des pays du monde[9].
  • Certaines femmes seraient atteintes d’une maladie rare connue sous le nom de « syndrome d’excitation génitale persistante » (SEGP) ou PSAS pour « Persistent Sexual Arousal Syndrome ». Ce syndrome fait que ces femmes éprouvent régulièrement des excitations à point de départ génitales de façon inopinée et nécessitant parfois plusieurs orgasmes pour s’amender[10].

Bibliographie

  • Gérard Leleu, La caresse de Vénus : les rêves secrets du clitoris, Paris, éditions Leduc.S, 2005
  • Maïa Mazaurette et Damien Mascret, La Revanche du clitoris, La Musardine, 2008.
  • Rosemonde Pujol, Un petit bout de bonheur : Petit manuel de clitologie, Paris, éditions Jean-Claude Gawsewitch, 2007.

Filmographie

Notes et références

  1. DOMINICI Michele et FIRMIN Stephen, Clitoris, ce cher inconnu
  2. Dr. Helen O’Connell, Journal of Urology, juin 1998, vol. 159, Royal Melbourne Hospital
  3. Patrice Lopès, François-Xavier Poudat, Manuel de sexologie, Elsevier Masson, 2007, 451 p. [lire en ligne], p. 15 
  4. Stephen Jay Gould, Quand les poules auront des dents
  5. «le contact oral-génital est un préliminaire régulier à la copulation chez plusieurs mammifères» p.66 dans Claude Crépault,Joseph Josy Lévy,Henri Gratton, Sexologie contemporaine, Presses de l'Université du Québec, 1981
  6. L’orgasme féminin, induit par la stimulation externe ou interne du clitoris, provoque des contractions utérines qui faciliteraient la « remontée » des spermatozoïdes vers l’ovule et occupe ainsi une fonction également reproductrice
  7. MASTERS William, JOHNSON Virginia. Human sexual response, Bantam Books 1980
  8. (fr) WUNSCH Serge, Thèse de doctorat sur le comportement sexuel [PDF] EPHE-Sorbonne, Paris, 2007.
  9. DfES, Research Website
  10. Damien Mascret, Le syndrome d’excitation génitale persistante, Le Généraliste, no 2413, 1er juin 2007

Voir aussi

Articles connexes

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