La Terreur

La Terreur

Terreur (Révolution française)

Estampe de la Guillotine, « la Garde qui veille aux barrières du Louvre », durant la Terreur.

La Terreur est le nom par lequel on désigne[1] deux périodes de la Révolution française au cours desquelles la France est gouvernée par un pouvoir d’exception reposant sur la force, l’illégalité et la répression[2]; elle est principalement politique et répressive[3].

Sommaire

Chronologie

Sa datation et sa définition restent très fluctuantes[4]. Toutefois, on distingue deux périodes "visibles" de Terreur[5] :

Entre l’été 1793 et l'été 1794, la Terreur atteignit, à Paris et en province, son paroxysme, autorisant toutes les violences et toutes les surenchères. Le Comité de salut public divisé sur la répression, créa, au printemps 1794, un « bureau de police » qui lui est propre pour contrôler les dérives du Comité de sûreté générale que contrôle Alexis Vadier - président inamovible de ce Comité de la Terreur -, André Amar et Grégoire Jagot, eux-mêmes sous la férule de trois membres éminents du Comité de salut public, à savoir : Bertrand Barère de Vieuzac - ami intime de Vadier -, Nicolas Billaud-Varenne et Jean-Marie Collot d’Herbois. Le Comité de sûreté générale n’est autre qu’une police politique, fonctionnant en liaison étroite avec le Tribunal révolutionnaire. Il ressort que le Comité de sûreté générale, et lui seul, a délivré infiniment plus de mandats d’arrêt que toutes les autres autorités répressives réunies, notamment le Comité de salut public du département et les divers comités de surveillance relevant de l’autorité de la Commune [10].

Ce n’est qu’au mois de mars 1794, après le vote des lois de ventôse, qu’on assista à un renforcement des pouvoirs de l’État qui furent concentrés, hormis la partie financière[11], entre les mains du seul Comité de salut public[12] dont les membres se sont peu à peu opposés sur la question des « sévérités nécessaires » : Robespierre était partisan de la modération et des sévérités motivées, contre l’avis de Bertrand Barère de Vieuzac, Collot d'Herbois et Billaud-Varenne qui ont eu à répondre avec Vadier et André Amar du Comité de sûreté générale, de nombreux crimes et actes de barbarie, ce qui valut aux trois premiers une condamnation à la déportation en l’an III.

Au motif allégué de la guerre et du « salut public », une politique de répression a été instaurée par le gouvernement révolutionnaire, sous la pression d’événements très graves menaçant la sûreté de l’État. C’est l’application outrancière de ces sévérités nécessaires, c’est-à-dire le terrorisme se superposant à la répression, qui ouvrit à nouveau la porte à une terreur que l’on n'avait pas connue depuis les massacres de septembre 1792, un an plus tôt. Les révélations de complots dans la Lettre anglaise qui fut publiée en juillet 1793 par la Convention, le soulèvement de Lyon puis de la Vendée, la prise de Toulon, etc. furent chaque fois l’occasion, pour le Comité de salut public et la Convention, de réactions motivées, mais qui donnèrent lieu, chaque fois ou presque, dans les faits, à des exagérations dans le dosage de la répression, que ce soit en Vendée ou Lyon, dans le Nord et dans le Midi, ou à Paris. Dès la mise à l’ordre du jour de la terreur par Bertrand Barère de Vieuzac[13]., les libertés commencèrent à être réduites et une politique de lutte contre les dangers intérieurs et extérieurs menaçants la République avait été décrétée et aussitôt mise en application : d’abord la loi contre les étrangers du 5 septembre, puis la si importante loi des suspects du 17 septembre 1793 qui eut des aménagements successifs jusqu’à sa suppression alors que l’Autriche et l’Angleterre étaient toujours en guerre[14].

La loi du 22 prairial (10 juin 1794) qui simplifia à l’extrême les procédures de mise en accusation et supprima toute défense, instaura, à Paris seulement, une série d’exécutions massives, toujours à caractère terroriste, et qu’on baptisa la Grande Terreur.

On considère que la Terreur s’acheva le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) avec la chute de Robespierre et de ses partisans et leur exécution le lendemain. Les acteurs majeurs de la période sont, notamment, Bertrand Barère de Vieuzac, Collot d’Herbois, Billaud-Varenne et Lazare Carnot[15]. Contrairement à une tradition bien ancrée dans les manuels scolaires, Maximilien de Robespierre, Saint-Just, Couthon n’ont jamais poussé à la surenchère terroriste. Au contraire, Robespierre a fait obstacle, contre l’avis de ses collègues, aux manœuvres sanguinaires et parfois crapuleuses, en province, de Fouché, de Le Bon, de Carrier et autres représentants proches de Barère de Vieuzac. Néanmoins le rôle de Robespierre dans la Terreur a été amplifié à cause de son discours resté célèbre, prononcé à la Convention nationale, le 25 décembre 1793 (extraits) :

« Le but du gouvernement constitutionnel est de conserver la République ; celui du gouvernement révolutionnaire est de la fonder. […] Le gouvernement révolutionnaire doit au bon citoyen toute la protection nationale ; il ne doit aux Ennemis du Peuple que la mort. Ces notions suffisent pour expliquer l’origine et la nature des lois que nous appelons révolutionnaires […]. Si le gouvernement révolutionnaire doit être plus actif dans sa marche et plus libre dans ses mouvements que le gouvernement ordinaire, en est-il moins juste et moins légitime ? Non ; il est appuyé sur la plus sainte de toutes les lois : le salut du Peuple. »

En fait Robespierre ne parle que de répression encadrée et non d’exactions et d’exagérations. Il fut le premier en effet à dénoncer les exagérations hébertistes de la Commune de Paris qu’il fit partiellement épurer en février et mars 1794, et celles des envoyés en mission sanguinaires - du moins ceux cités ci-dessus - qu’il voulut faire rappeler.

Les victimes les plus importantes de cette période sont aussi bien royalistes, comme l’ex-souveraine Marie-Antoinette, que républicains comme Vergniaud, Danton, Camille Desmoulins, etc. D’autres personnes furent victimes de règlements de compte (voir Vadier et Darmaing), d’autres avaient le tort d’être trop riches (Antoine Lavoisier et les fermiers généraux)[16], d’autres encore étaient des témoins gênants, d’autres enfin ne surent jamais pourquoi on les avait condamnés à la peine de mort (Cécile Renault).

Contexte et mise en place de la Terreur

Les origines de la Terreur

La Patrie en danger et la « première » Terreur

Sans-culottes
Représentation populaire (1789).

Depuis le 20 avril 1792, la France a déclaré la guerre à deux des monarchies européennes solidaires de la famille royale française, l’Autriche et la Prusse. Les défaites successives de l’armée française et l’entrée en guerre de la Prusse (6 juillet) ont contraint l’Assemblée législative à proclamer, le 11 juillet suivant, la « patrie en danger ». La provocation publiée dans le manifeste de Brunswick (25 juillet 1792)[17] dont le but principal est d’intimider les Parisiens en les menaçant de représailles en cas de violence contre le roi et sa famille[18], loin d’atteindre son objectif, contribue à précipiter les événements d’août et de septembre[19].

Le 10 août, les sans-culottes et les fédérés, entraînés par les principales têtes pensantes de la Commune insurrectionnelle de Paris, prennent d’assaut le palais des Tuileries où réside Louis XVI. Celui-ci est incarcéré à la prison du Temple avec la famille royale tandis que les armées étrangères pénètrent sur le sol français.

Pendant cette période, dite de la « Première Terreur » (été 1792), le pays a un gouvernement transitoire dont l’exécutif est confié à la commune insurrectionnelle de Paris, nouveau pouvoir auto-proclamé, qui dispose d’un conseil exécutif composé de six membres[20]. L’Assemblée législative, que la nouvelle commune a décidé de supprimer subsiste provisoirement, mais doit reconnaître celle-ci que des élections ont portée à 288 membres[21] ; elle peut ainsi continuer de siéger normalement et valide le décret de suspension de Louis XVI le soir du 10 août[22]. L’une de ses dernières initiatives sera d’envoyer des représentants en mission auprès des armées afin de purger le haut commandement et de lutter contre les accapareurs.

Dans le même temps, elle décide de mettre en accusation ceux que l’on appelle "les ennemis de la Révolution et les suspects", définition vague qui frappe pêle-mêle toutes sortes de citoyens : 3 000 personnes sont arrêtées, pour souvent être relâchées les jours suivants[23]. Une partie des défenseurs du palais des Tuileries, lors de l’insurrection du 10 août, sont exécutés sommairement[24]. Sous la pression des sans-culottes un tribunal d’exception est organisé le 17  août  1792, avec un jury populaire composé de membres des sections parisiennes ; ce sont aussi les sections parisiennes, qui à la même période, forment des comités de surveillance, lesquels organisent des visites domiciliaires, des perquisitions et des arrestations [25].

L’annonce de la chute de Verdun aux mains des Prussiens (29 août 1792) et les rumeurs de complot créèrent un climat favorable aux massacres qui se déroulèrent au début du mois de septembre 1792 dans les prisons.

Article détaillé : Massacres de septembre.

Ces opérations furent décidées par le commandant de la garde nationale, le général Santerre (qui prit sur lui de couvrir l’opération) et les membres du Comité de surveillance de la Commune de Paris, à savoir Étienne-Jean Panis, Pierre Jacques Duplain, Didier Jourdeuil et Antoine Sergent. Ces responsables s’adjoignirent l’aide d’un certain nombre de personnes parmi lesquelles Jean-Paul Marat. Celui-ci annonça lui-même, la veille, les massacres dans son journal. Ces tueries préméditées à l’arme blanche contre lesquelles le maire de Paris Jérôme Pétion et le président de l’assemblée nationale ne purent rien faire, durèrent trois jours et ne furent pas l’effet d’une folie collective ou d’une colère. Les massacres de septembre 1792, qui préludèrent à la terreur de 1793, firent entre 1 000 et 1 400 morts. Les réactions indignées des Parisiens, malgré la peur, commencèrent à s’exprimer à partir de la mi-septembre - Roch Marcandier et Olympe de Gouges furent les premiers à protester - et furent relayées par les députés de la Législative puis de la Convention qui réclamèrent une commission d'enquête parlementaire.[réf. nécessaire]

Après les défaites à répétition de l’armée, la bataille de Valmy (20 septembre 1792) marqua un premier succès militaire - même si les raisons de ce succès sont obscures[26] - et déclencha l’enthousiasme à Paris. La Première République fut proclamée le lendemain et la Convention nationale remplaça l’Assemblée législative.

Les débuts de la Convention nationale (septembre 1792-juin 1793)

Exécution de Louis XVI

La nouvelle assemblée de la Convention fut élue au suffrage universel, à charge pour elle de rédiger une nouvelle constitution pour le pays. Les députés siégèrent selon leur appartenance politique : en haut des tribunes de la salle du manège, située dans le jardin des Tuileries, se trouvaient les Montagnards ; les Girondins prirent l’habitude de s’asseoir ailleurs, dans la "plaine". Le fossé entre les deux « partis » s’agrandit au cours des premiers mois de 1793. Les Montagnards et les Girondins ne s’entendirent pas sur le contenu à donner à la République. Beaucoup de députés, liés d'amitié profonde quelques mois plus tôt se séparèrent sur des questions d’hommes et de projets. Ils se divisèrent sur différentes questions importantes. La première, qui envenima leurs rapports jusqu’à l’élimination physique des uns par les autres fut celle des sanctions judiciaires à donner aux responsables des tueries de septembre. Puis ils se divisèrent sur les pouvoirs de la Commune, exorbitants aux yeux des Girondins qui redoutaient le poids de son bras armé sur l’indépendance et la sérénité des débats parlementaires. Le troisième point d’achoppement tint au procès de Louis XVI, à son principe et à sa forme puis à son déroulement ; et le dernier aux questions diplomatiques relatives à la Grande-Bretagne, à la Hollande et aux pays qui n’étaient pas encore entrés dans la coalition.

Après le procès de Louis XVI, la Convention nationale vota l’exécution du roi (21 janvier 1793), ce qui provoqua la formation d’une coalition européenne : les Britanniques attaquèrent les côtes méditerranéennes et du Nord-Ouest, les Espagnols tentèrent de passer les Pyrénées, les Sardes franchirent les Alpes ; les frontières du nord et de l’est cédèrent devant les armées austro-prussiennes. Les armées révolutionnaires reculèrent (défaite de Neerwinden, le 18 mars 1793), à cause des faiblesses du commandement et des effectifs. Les émigrés français étaient souvent d’anciens officiers : même si leurs forces sont en réalité très faibles, elles alimentent l’idée du complot aristocratique[27].

Pour pallier le manque de soldats, la Convention décréta en mars 1793 la levée en masse de 300 000 hommes, sur le principe du volontariat. Devant le manque de volontaires, on décida de procéder à un tirage au sort. Les départements de l’Ouest refusent de partir à la guerre et dénoncent les privilèges accordés aux notables. Avec la guerre de Vendée, l’unité de la République est mise en péril. La Convention réagit d’abord en envoyant des contingents armés en Vendée et prit des mesures radicales : tout insurgé serait condamné à mort et des listes de résidents seraient affichées sur les portes des immeubles de la capitale[28].

Au cours du printemps 1793, des pillages de magasins et de boulangeries eurent lieu dans Paris. L’approvisionnement que gérait la Commune, se faisait mal et on fit courir le bruit que la faute en incombait aux "aristocrates". Le 4 mai la Convention para aux manœuvres destinées à faire soulever la population en fixant un maximum des prix pour les grains et les farines, afin d’arrêter le renchérissement des denrées.

Dans la rue et dans les sections parisiennes, les quelques meneurs de la commune qui avaient la force armée pour eux, réclamèrent, sous de fallacieux prétextes, l’arrestation des députés girondins qui réclamait avec insistance le renvoi des meneurs aristocrates de la commune devant le tribunal révolutionnaire. Devant l’intimidation créée par les canons de la Commune sur la Convention, et pour éviter de nouveaux massacres, les députés décidèrent de prendre des mesures radicales et exceptionnelles. Danton affirmait : «  Soyons terribles pour éviter au peuple de l’être »[29]. Le comité de sûreté générale, principal organe de la répression eut des pouvoirs d’investigation étendus. Il était issu du Comité des recherches de la Constituante auquel s’était substitué sous la Législative un comité de surveillance et de sûreté dont les principaux membres furent François Chabot, Claude Basire et Merlin de Thionville. Sous la Convention, le comité de surveillance fut trois fois réorganisé : le premier comité de surveillance, issu le 2 octobre 1792 de l’installation de la Convention[30], fut considérablement restructuré en janvier 1793, et il fonctionna avec la même composition de X membres jusqu’au 14 septembre suivant ; à cette date, des scandales multipliés avaient amené le Comité de salut public et la Convention à réorganiser entièrement et à recomposer le Comité de sûreté générale (à l’exception de Amar) que Barère plaça sous l’autorité de son ami Vadier : c’est le « grand » comité de sûreté générale qui donna consistance à la répression, débouchant très vite sur la période dite de terreur[31]. Outrepassant ses droits au nom de l’efficacité révolutionnaire, pratiquant le zèle par calcul politique, le Comité de sûreté générale fut une véritable police politique inquisitoriale, qui monta des affaires politico-policières et cultiva le secret sur ses opérations. Son influence dévastatrice fut combattue par Robespierre mais maintenu par Barère, Billaud-Varenne et Collot d’Herbois jusqu’au 9 thermidor. Les divers comités de surveillance dont le Comité de salut public du département de paris et les comités révolutionnaires de section qui furent institués le 21 mars, complétèrent le dispositif : il leur fallait surveiller et dénoncer, dans chaque département, dans chaque quartier ou section de chaque ville, les « ennemis de la République ».

Un tribunal révolutionnaire réclamé par les députés de tous les bords fut chargé de juger les "ennemis de la République" selon une procédure d’exception fondée par le décret du 10 mars qui énumérait ses prérogatives. Il fonctionna en liaison étroite avec le Comité de sûreté générale auquel il était subordonné sinon en principe du mois dans les faits. Ses membres principaux (présidents successifs, accusateur publics, substituts et adjointe, et également la composition de son jury, à Paris, se caractérisèrent, dès le début, par une forte homogénéité politique de tendance exagérée.

Le 28 mars, l’appareil législatif contre les émigrés rentrés fut revu et durci (Loi des témoins) .

Enfin et surtout le grand Comité de Salut Public où entrèrent Bertrand Barère de Vieuzac et Georges-Jacques Danton fut mis en place par décret le 6 avril, en remplacement du comité de défense général : organe de gouvernement révolutionnaire, il était en principe subordonné à l’Assemblée et devait permettre de concentrer le pouvoir exécutif. Bientôt, la Convention nationale, débarrassée en deux fois d’une centaine de députés Girondins[32], entérina ses décisions dans la crainte puisque le Comité de salut public s’était donné le droit de faire arrêter les députés "suspects" à titre préventif. Composé de neuf puis de douze membres, le Comité de Salut Public fut l’un des organes de coordination de la répression. Son membre le plus influent - et le premier rentré - ne fut pas Robespierre mais Bertrand Barère de Vieuzac qui eut, après le départ de Danton en juillet 1793, constamment une majorité pour lui et les décisions qu’il voulait imposer à la Convention devenue une chambre d’enregistrement.

En septembre 1793, Bertrand Barère de Vieuzac mettait la terreur à l’ordre du jour le 5 septembre 1793. Jouant avec les mots, celui-ci mêlait deux concepts distincts : la répression aussi sévère soit-elle, prônée par Robespierre qui ne vit pas immédiatement le danger, et le terrorisme d’État qui est l’exagération de la répression, selon la définition qui en fut donnée au Tribunal révolutionnaire chargé de juger en ventôse an II ceux qui l’avaient pratiquée, du moins ceux que l’on avait identifié et décidé de sacrifier.[33] C’est de cette époque et sur cette question du terrorisme comme instrument de gouvernement que devait se fissurer l’unité apparente qui avait prévalu au sein du Comité de salut public. Les divisions — qui devaient déboucher sur le 9 thermidor — sont en effet directement en rapport avec la question cruciale de la poursuite de la guerre et de la reconnaissance de la république, puisque, indépendamment des neutres (Suède, Danemark, Turquie), plusieurs états, comme la Prusse et l’Espagne, se disaient prêts — si l’on arrêtait le terrorisme — à négocier et reconnaître la République.

Le 4 frimaire an II (24 novembre 1793) fut présenté le décret relatif à l’organisation du gouvernement révolutionnaire, qui renforçait la centralisation du gouvernement.

Article détaillé : Gouvernement révolutionnaire.

Les mesures de la Terreur (juin 1793-juin 1794)

La guerre contre les coalisés

Le général Custine, condamné par le tribunal révolutionnaire et guillotiné en août 1793

Plusieurs mesures sont prises pour rétablir la situation militaire de la République et éviter un coup d’État : des représentants en mission sont envoyés pour inspecter les armées et surveiller les généraux. Cette surveillance aboutit à des exécutions de généraux jugés trop tièdes ou traîtres : en 1793, 11 d’entre eux sont exécutés comme Adam Philippe de Custine ou Jean Nicolas Houchard, 31 en 1794 (voir aussi Liste des généraux de la Révolution et du Premier Empire ayant été exécutés). Ces généraux sont remplacés par de jeunes officiers sortis du rang et fidèles à la République. Ils mettent en pratique la stratégie offensive décidée par le Comité de salut public. Ensuite, les étrangers sont bannis de l’armée car ils sont considérés comme suspects[34].

Réorganisation des armées

Les armées républicaines sont réorganisées, notamment par Lazare Carnot, surnommé l’Organisateur de la victoire : les effectifs augmentent grâce à la levée en masse (23 août 1793), qui porte momentanément les effectifs de l’armée à 750 000 hommes fin 1794[35] (contre 270 000 fin 1792 et 550 000 fin 1793). Tous les hommes célibataires de 18 à 25 ans sont mobilisés de force. Le budget consacré à l’effort de guerre est augmenté. Les régiments sont transformés en demi-brigades, par l’amalgame de l’armée royale et des volontaires : chaque bataillon de soldats de l’armée d’Ancien Régime reçoit deux bataillons de volontaires ; ces derniers, plus jeunes et généralement plus enthousiastes envers la Révolution, bénéficient de l’expérience des premiers, les entraînent lors des combats et les surveillent, ce qui évite les trahisons d’unités entières. L’amalgame est achevé en 1796.

La mobilisation de tous pour l’effort de guerre

Pour combler le déficit d’armes et de munitions, le Comité de salut public crée, en 1793, la commission des armes et des poudres, qui multiplie les manufactures d’armes et réorganise la collecte des matières premières, et confie au comité militaire, réduit à un rôle technique et consultatif, l’organisation des levées d’hommes et leur encadrement, le développement de la cavalerie et la réquisition des charrois, la surveillance des hôpitaux militaires et des troupes cantonnées à Paris[36]. La production d’armes augmente. Pour améliorer la qualité des métaux utilisés et les techniques de fabrication, le chimiste Gaspard Monge et l’ingénieur des mines Hassenfratz sont chargés de l’organisation de la manufacture d’armes de Paris, le chimiste Carny de faciliter l’extraction du salpêtre, Berthollet et Choderlos de Laclos de travailler sur la composition de la poudre et expérimenter de nouveaux projectiles. Le 14 frimaire an II (4 décembre 1793), tous les citoyens, y compris les enfants, sont invités à récolter le salpêtre sur les murs de leurs caves[37]. La Convention décide le 26 juillet 1793 la construction de relais pour le télégraphe par sémaphore de Claude Chappe ; la première ligne est installée entre Lille et Paris durant l’été 1794. Dès l’automne 1793, l’armée utilise des ballons captifs, dont le général Jourdan se sert notamment à Fleurus. Des camps d’entraînement pour les nouvelles recrues sont aménagés.

Le 15 novembre 1793, la Convention décrète que l’approvisionnement des armées doit primer sur celui des civils. En décembre 1792, le ministre de la guerre Jean Nicolas Pache a remplacé les intendants des armées, système qui favorise la corruption, par la régie directe, pratique abandonnée par son successeur Beurnonville en février 1793. Finalement, un décret du 27 juillet 1793 résilie tous les marchés passés et leur substitue la régie, et l’approvisionnement devient l’un des domaines de prédilection des envoyés en mission.

Résultats

Après l’été 1793, la situation militaire semble se redresser : le 2 septembre, Toulon est reprise par les armées républicaines après un long siège. Ces dernières remportent plusieurs victoires dans le nord et l’est : Hondschoote (8 septembre 1793), Wattignies (16 octobre 1793), Tourcoing (18 mai 1794) et enfin Fleurus (26 juin 1794). Par ces victoires, la République se renforce et exporte ses idéaux révolutionnaires en dehors de la France.

Libération ou conquête ?

Le but premier de la guerre est, pour la Convention, de détruire les forces contre-révolutionnaires et de libérer les peuples européens qui leur sont soumis. Les premières Républiques-sœurs sont constituées en 1793 (République rauracienne, dans le Jura suisse, et République de Mayence). Pourtant, les objectifs initiaux sont vite dévoyés et font place à une politique d’occupation des territoires conquis. L’armée doit réquisitionner du matériel et de la nourriture.

Répression ou terreur ?

La loi des suspects et répression

En juillet 1793, l’assassinat de Marat par Charlotte Corday renforce les sentiments anti-royalistes. Les insurgés fédéralistes de Normandie marchent sur Paris mais sont finalement arrêtés à Pacy-sur-Eure. Il faut attendre le mois d’octobre pour que Bordeaux et Lyon soient reprises par le gouvernement. En août, les sujets britanniques résidant en France sont menacés d’être arrêtés[38] et en octobre est instituée la Loi contre les Anglais. Le 12 août 1793, Robespierre déclare à la Convention :

« Que le glaive de la loi, planant avec une rapidité terrible sur la tête des conspirateurs, frappe de terreur leurs complices ! Que ces grands exemples anéantissent les séditions par la terreur qu’ils inspireront à tous les ennemis de la patrie ! »

La loi des suspects est adoptée le 17 septembre 1793. Sont jugés « suspects » d’après l’article 2 :

« Ceux qui, soit par leur conduite, soit par leurs relations, soit par leurs propos ou leurs écrits, se sont montrés partisans de la tyrannie ou du fédéralisme et ennemis de la liberté […]. Ceux à qui il a été refusé des certificats de civisme. Les fonctionnaires suspendus ou destitués de leurs fonctions par la Convention nationale ou ses représentants. Les nobles, les maris, les femmes, pères, mères, fils ou filles, frères ou sœurs, qui n’ont pas constamment manifesté leur attachement à la Révolution. Ceux qui ont émigré du 1er juillet 1789 au 8 avril 1792, bien qu’ils soient rentrés en France »

La justice révolutionnaire est chargée de juger les suspects : elle est exclusivement parisienne après la création du tribunal révolutionnaire de Paris en mars 1793, puis elle se trouve étendue à la province par plusieurs représentants en mission, avec la création de commissions révolutionnaires ou militaires dans les zones de guerre civile.

Le 10 octobre 1793 est proclamé le gouvernement révolutionnaire : la constitution de 1793 n’est pas appliquée et les libertés sont suspendues en attendant le retour à l’ordre et à la paix. Le pouvoir est concentré et centralisé. Grâce à la création du Bulletin des lois de la République, les décisions de la Convention sont connues et applicables immédiatement. C’est à partir de cette date que Robespierre prend de plus en plus d’ascendant sur les différents acteurs politiques à Paris. Le comité de sûreté général ainsi que les comités locaux sont chargés d’appliquer les lois et de trouver les suspects. Ils font leur rapport hebdomadaire devant le Comité de salut public. En province, les institutions locales sont purgées. Finalement les agents nationaux surveillent les districts.

Malgré les victoires contre les fédéralistes (Lyon tombe le 9 octobre 1793), la Terreur continue en province comme à Paris. La loi de ventôse an II (février-mars 1794) permet la redistribution des biens des opposants vers les alliés des dirigeants politiques du moment. L’obtention d’un certificat de civisme devient une nécessité vitale pour les nombreuses personnes suspectes.

Les Vendéens

Articles détaillés : Guerre de Vendée et Virée de Galerne.
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Le décret de destruction de la Vendée (1er août 1793) témoigne de l’exaspération de la Convention devant les victoires vendéennes (Vihiers en juillet 1793). En dépit des victoires des armées républicaines à Cholet (17 octobre 1793) ou à Savenay (23 décembre 1793), une guerre d’embuscades et de coups de main se poursuit, conduisant à l’organisation de colonnes incendiaires par le général Turreau. Certains ont parlé de « volonté génocidaire » dans la répression menée par plusieurs individus.

Les colonnes infernales dirigées de janvier à mai 1794 font entre 20 000 et 40 000 morts[39]. Les massacres commis à cette occasion sont qualifiés par certains historiens de « génocide » vendéen[40]. D’autres rappellent que la destruction de la Vendée correspond à une pratique propre aux guerres de l’époque moderne et la comparent à la destruction du Palatinat par les armées de Louis XIV en 1689. Jean-Clément Martin rappelle que le discours de Barère du 1er août 1793, qui a servi pour justifier l’idée d’un « génocide » commis par les révolutionnaires, précise qu’il faut protéger les femmes, les enfants, les vieillards, et même les hommes sans armes[41].

La devise des chouans était « Pour Dieu et pour le Roi », les chouans avaient formé l'Armée Catholique et Royale. Leurs idéaux que certains ont traduit par écrit, révèle un Catholicisme impliquant un royalisme. En effet, c’est à cause de l’interdiction du culte puis par le régicide que les chouans vont prendre les armes contre la république.

En revanche certains "catholiques" appartiennent, dans ces régions comme dans le reste de la France, au camp républicain, comme en témoignent les nombreux ex-voto fabriqués pour protéger des chouans ou les martyrs et les "saints" républicains (non reconnus par Rome) vénérés par les villageois, en l’absence du curé ou de l’évêque. La parodie de la religion catholique a été souvent utilisée par les révolutionnaires.

Le représentant en mission Carrier incarne les abus de la politique de la Terreur contre les Vendéens : de la fin décembre 1793 à la fin février 1794, il fait fusiller 2 600 prisonniers[42], puis il organise les noyades dans la Loire qui font plusieurs centaines de victimes.

La chouannerie

Article détaillé : Chouannerie.

La Grande Terreur (juin-juillet 1794)

L’exécution de Robespierre, le 28 juillet 1794
marque la fin de la Grande Terreur

La politique de Terreur inaugurée en juin 1793 semble porter ses fruits : les manifestations fédéralistes sont matées, les Vendéens sont écrasés, les attaques de la coalition sont repoussées. Cependant, le Comité de salut public souhaite asseoir la République. Pour ce faire, il lui faut exterminer ses ennemis, selon le mot de Couthon, dans son rapport de la loi de prairial, et développer une nouvelle classe de petits propriétaires. Les décrets de ventôse décident la confiscation des biens de ces ennemis de la République, qui doivent être distribués aux patriotes indigents ; ils prévoient la constitution de listes d’indigents par les autorités locales et la création de commissions révolutionnaires pour faire la part entre les vrais ennemis de la République et les personnes injustement emprisonnées (le tribunal révolutionnaire ne doit juger que des accusés triés, en contradiction avec le décret du 19 mars 1793) ; une partie, seulement, verra le jour. En outre, le 27 germinal (17 avril 1794), un décret ordonne la suppression des tribunaux populaires en province ; tous les suspects doivent passer devant le tribunal révolutionnaire de Paris, sauf dans le Nord et le Vaucluse, où les commissions révolutionnaires d’Orange et de Cambrai sont maintenues.

La loi de prairial et les préparatifs du 9 thermidor

Enfin, la loi du 22 prairial An II (10 juin 1794), rédigée par Robert Lindet et présentée par Georges Couthon simplifiait les procédures et, appliquée sans le filtrage des commissions populaires dont la mise en fonctionnement fut sabotée par les partisans de l’exagération, instaura ce que l’on a appelé la Grande Terreur. La sentence était rendue selon l’intime conviction morale des juges et des jurés. Désormais, il n’existait que deux issues aux procès : l’acquittement ou la peine de mort[43] .

Ces décisions appliquées dans une précipitation calculée — avec l’aval de Barère de Vieuzac, Collot d’Herbois, Billaud-Varenne, les membres du Comité de sûreté générale excepté Le Bas, et Fouquier-Tinville — débouchèrent sur une accélération des procédures de jugement et une augmentation des condamnations au Tribunal révolutionnaire, en juin et juillet 1794. Pour le seul mois de juin 1794, on procède à des exécutions massives à Paris où la guillotine fonctionna presque tous les jours[44]. Le 29 Prairial an II (17 juin 1794), 54 personnes sont condamnées à mort dans le procès des chemises rouges. Au début de Thermidor, on comptait environ 8 000 suspects dans les prisons parisiennes[45]. Les prisonniers hanovriens et anglais sont massacrés[46] et la guérilla contre les chouans se poursuit avec violence. En fait, aussi paradoxal que cela puisse paraître, la loi de Prairial représentait pour ses initiateurs un moyen de ramener la Terreur aux strictes "sévérités nécessaires", en limitant les causes d’exclusion politique : l’esprit de cette loi visait à absoudre tous ceux qui avaient été entraînés dans les excès contre-révolutionnaires à cause de leur ignorance (cela concernait beaucoup de fonctionnaires qui avaient suivi les sirènes de l’hébertisme), elle remettait en cause la systématicité de la répression en rapport avec la faute reprochée. De même, elle offrait une définition plus précise des motifs d’accusation (article 6), ce qui réduisait l’arbitraire. Déjà, en avril, Robespierre avait obtenu qu’on ne poursuive pas les nobles qui avaient acheté leur noblesse. De même, les articles 10, 11 et 18 stipulaient que les comités de salut public et de sûreté générale devaient pouvoir contrôler les poursuites engagées devant le Tribunal révolutionnaire[47].

Pour Jacques Godechot et Jean-Clément Martin, comme autrefois pour Albert Mathiez et Olivier Blanc[48], la loi du 22 prairial a été sabotée par les adversaires de Robespierre pour le discréditer, ainsi le 17 juin quand Fouquier-Tinville envoya un groupe hétéroclite de 54 condamnés (dont Henri Admirat et Cécile Renault) à l’échafaud, revêtus des chemises rouges de « parricides » (laissant ainsi sous-entendre que Robespierre serait le « roi de France »)[49], des assassins et empoisonneurs[50]. Patrice Gueniffey, de son côté, prétend à tort que Robespierre a eu un rôle central dans l’élaboration de la loi du 22 prairial — rédigée en fait par Georges Couthon et Robert Lindet[51] — conçue intentionnellement comme un moyen de destruction des "ennemis du peuple", désormais définis selon des critères moraux et non politiques, indépendamment des périls susceptibles de menacer la Révolution[52].

Depuis le printemps 1794, en effet, des dissensions naissent au sein du gouvernement révolutionnaire. Le Comité de sûreté générale est ulcéré par la création du bureau de police générale, par le Comité de salut public, qui empiète sur ses fonctions. De même, quand Robespierre reprend le dossier de l’affaire Catherine Théot, à travers laquelle Vadier moquait le culte de l’Être suprême et tentait de compromettre l’Incorruptible, Billaud-Varenne et Collot d'Herbois profitent de son départ volontaire du Comité de salut public — ne voulant pas s'associer aux crimes de la Grande Terreur — et tentent de le faire passer pour un tyran et un dictateur[53].

Carnot et la victoire de Fleurus, le 8 messidor (26 juin 1794).

D’autant qu’en juillet, le malaise économique s’aggrave (le 9 thermidor, des ouvriers manifestent contre la décision de la Commune de Paris d’appliquer strictement le maximum des salaires).

Par ailleurs, au sein de la Convention nationale, les représentants en mission corrompus et prévaricateurs, rappelés à Paris par Robespierre pour exagération dans l’accomplissement de leurs fonctions — ainsi Lebon à Arras qui voulut faire arrêter la sœur de Robespierre — intriguaient en secret à la mise en accusation de l’Incorruptible. Fouché prit la tête des opérations en concertation avec Tallien et Bourdon de l’Oise qui se savaient menacés eux aussi. À son retour des armées, après Fleurus, Saint-Just tenta de rétablir une apparence d’unité au sein du Comité de salut public[54] ; avec Barère de Vieuzac, qui feignit de se rallier à ce projet, ils organisent avec leurs collègues une réconciliation de façade qui ne dura qu’un ou deux jours (4 et 5 thermidor). Sans méfiance Saint-Just se chargea de rédiger un rapport manifestant l’unité retrouvée du gouvernement, et la création d’une seconde commission populaire (sur les quatre prévues à l’origine) fut décidée.

En fait les événements du 9 thermidor étaient programmés depuis un moment. Tout était désormais question d’opportunité. Ne croyant pas à la sincérité de ses adversaires, l’Incorruptible décida d’en appeler à la Convention par un de ses plus beaux discours le 8 thermidor. Bien qu’applaudi dans un premier temps, il ne convainquit pas ceux qui étaient décidés à l’abattre. Car il demandait la punition des "traîtres" (dans les différentes interventions, qu’il s’agisse de Robespierre ou de Couthon, ils sont au moins cinq ou six parmi lesquels Fouché, Tallien, Bourdon, Legendre et probablement Barras), le renouvellement des bureaux du Comité de sûreté générale, l’épuration de ce Comité lui-même, subordonné au Comité de salut public, l’épuration du Comité de salut public lui-même[55], l’établissement d’une réelle « unité du gouvernement sous l’autorité suprême de la Convention nationale, qui est le centre et le juge », et la fin des factions au sein de la Convention. Le soir, Robespierre relit son discours aux Jacobins, où il fut vivement applaudi, tandis que Collot d’Herbois et Billaud-Varenne étaient conspués ; le peintre David promit alors à son ami de boire la ciguë avec lui.

De retour dans les locaux du Comité de salut public, Jean-Marie Collot d’Herbois et Billaud-Varenne aperçurent Saint-Just, qui était occupé à rédiger le rapport sur les évènements au sein du gouvernement révolutionnaire, dont il avait été chargé, suite aux réunions des 4 et 5 thermidor. Convaincus qu’il rédigeait leur acte d’accusation, ils se jetèrent sur lui en l’insultant et en l’accusant de préparer leur décret d’accusation. Choqué, Saint-Just quitta la salle ; on ne le reverra plus que le lendemain, à la Convention où, contrairement à ses promesses, il commença à lire son discours sans en avoir fait une lecture préalable à ses collègues du comité. Devant ce qu’ils prennent à tort pour l’attaque décisive des « robespierristes », les membres du Comité de salut public se joignirent alors au complot, qui s’était tramé avec l’appui des anciens représentants en mission rappelés et qui redoutent d'avoir à rendre des comptes (Tallien, Legendre, Fouché, Rovère, Guffroy, etc.). Il savaient avoir l’appui des députés du Marais à qui on avait promis la fin de la Terreur. Le 9 thermidor, cette coalition hétéroclite obtint la chute de Robespierre, puis son exécution sans procès, après l’insurrection de la Commune[56].

Article détaillé : Convention thermidorienne.

Thermidoriens contre anciens terroristes

Après quelques semaines, cette coalition qui avait réalisé le coup de force du 9 thermidor se défit d’elle même. Elle éclata entre d’une part, les Thermidoriens, réunis autour de Tallien, Lecointre de Versailles ou encore Merlin de Thionville, etc., et les "Montagnards de l’an III", partisans d’une poursuite de la Terreur, rassemblés autour de Barère, de Billaud-Varenne et de Collot d’Herbois, les anciens terroristes comme on les appelait déjà. À l’hiver 1794, les militants des sections populaires et les Babouvistes abandonnèrent leur dénonciation de la Terreur et des Jacobins et s’unissent aux Crêtois. Dès l’été 1794, cependant, la réaction thermidorienne commence : ce fut le temps des comptes, que les sections de Paris furent les premières à réclamer. Les Thermidoriens mettent fin à la terreur économique et réintègrent les anciens députés girondins. Les sociétés jacobines sont dissoutes. Ils gardent cependant quelques éléments de la Terreur judiciaire, comme les lois contre les prêtres réfractaires et les émigrés. Jean-Baptiste Carrier est guillotiné en novembre 1794, les membres du Tribunal révolutionnaire de Paris en mai 1795, Joseph Lebon en octobre 1795. De nombreux Jacobins sont emprisonnés et plusieurs fonctionnaires accusés de « robespierrisme » révoqués. Parmi les personnes concernées, on peut citer Louis David, Jean Antoine Rossignol ou Napoléon Bonaparte (qui est d’ailleurs vite libéré). Par divers artifices, les grands artisans de la terreur, et à leur tête Bertrand Barère de Vieuzac, bien que dénoncés et décrétés d’arrestation puis mis en accusation[57], échappent à la guillotine. Collot et Billaud-Varennes sont néanmoins déportés, l’un mourra en Guyane, l’autre deviendra négrier. D’autres terroristes, comme le riche Vadier[58] et ses collègues du sanguinaire Comité de sûreté générale, ou encore Joseph Fouché l’auteur avec Collot d’Herbois des terrifiantes mitraillades de Lyon parviennent à se faufiler entre les mailles du filet.

La loi du 10 juin 1794, 22 prairial An II, (extraits) :

« Article 4 : Le tribunal révolutionnaire est institué pour punir les ennemis du peuple.

Article 5 : Les ennemis du peuple sont ceux qui cherchent à anéantir la liberté publique. […]
Article 6 : Sont réputés ennemis du peuple, ceux qui auront provoqué le rétablissement de la royauté, ou cherché à avilir ou à dissoudre la Convention nationale et le gouvernement révolutionnaire et républicain. […] Ceux qui auront cherché à empêcher les approvisionnements de Paris, ou à causer la disette dans la République. […]

Article 7 : La peine portée contre tous les délits, dont la connaissance appartient au gouvernement révolutionnaire, est la mort. […] L’accusé sera interrogé à l’audience et en public : la formalité de l’interrogatoire secret qui précède est supprimée comme superflue […] S’il existe des preuves […], il ne sera point entendu de témoins. […] »

Bilan de la Terreur

Mesures économiques

L’objectif principal fut, pour éviter les insurrections populaires, d’assurer le ravitaillement des armées et de Paris contre les provocations des Exagérés de la Commune[59]. Pendant le printemps et l’été 1793, la situation est dramatique : la valeur des assignats s’est fortement dépréciée et la pénurie menace la population. Les pillages se multiplient et les sans-culottes réclament des mesures énergiques. Pour faire face, la Convention décide de limiter certains prix dès le 4 mai 1793. En juillet, les municipalités peuvent utiliser la peine de mort contre les accapareurs (Loi sur l'accaparement) [60]. À partir du mois d’août, il est interdit d’envoyer des capitaux à l’étranger. Les sociétés par action, la Bourse et la caisse d’escompte sont fermées. Le 29 septembre 1793 est passée la loi du maximum général, (extraits) :

« Les objets que la Convention nationale a jugés de première nécessité et dont elle a cru devoir fixer le maximum sont : le pain, la viande, le vin, les grains, les farines, les légumes, les fruits, le beurre, le vinaigre, le cidre, l’eau-de-vie, le charbon, l’huile, le savon, le sel, les viandes et poissons, le miel, le sucre, le papier, le chanvre, les laines, les cuirs, le fer et l’acier, le cuivre, les draps, la toiles et toutes les étoffes, les soieries exceptées. Le maximum du prix des denrées et des marchandises sera le prix que chacune d’elles avait en 1790. »

Le maximum général encourage le marché noir et met en difficulté les industries du textile.

  • Taxation du prix des grains.
  • Emprunts forcés sur les riches, confiscation des terres des « ennemis du peuple » et des suspects (décret du 26 février 1794), perquisitions chez les banquiers[61].
  • Réquisitions encadrées par une Armée révolutionnaire et les gardes nationaux, ce qui se révèle efficace au moins jusqu’au début de 1794.
  • Émission d’assignats, emprunts extérieurs
  • La « Terreur financière » est engagée pour éviter l’hyperinflation, dès le 2 juin 1793.
  • Dirigisme économique.

Mesures sociales

Mesures religieuses et culturelles

Cathédrale de Clermont-Ferrand : « Le peuple français reconnoit l’Être Suprême » (marquage à la peinture mis au jour lors d’une restauration).
  • Suppression de toutes les congrégations le 18 août 1792.
  • Suppression des universités le 15 septembre 1793.
  • Suppression des académies en décembre 1793.
  • Création d’un Calendrier républicain.
  • Création d’un calendrier de fêtes républicaines, dont la fête de la Raison et la fête de l’Être suprême, fixé par décret du 18 floréal an II (7 mai 1794).
  • Une vague de déchristianisation se développe dans la capitale sous la direction de la Commune, et dans plusieurs départements de province, où elle est encouragée par des représentants en mission comme Fouché. 3 000 communes[63] changent de nom : par exemple, Versailles devient Berceau-de-la-Liberté. Dans la Nièvre, les cloches des églises sont fondues et des mascarades anticléricales sont organisées : on force les curés à parader sur un âne. Fouché fait donner une fête civique dans la cathédrale de Nevers[64]. Mais en novembre 1793, Robespierre prononce un discours aux Jacobins dans lequel il condamne l’athéisme[65]. En 1794, alors qu’il contrôle toutes les institutions républicaines, l’Incorruptible impose le culte de l’Être suprême et proclame l’immortalité de l’âme.
  • L’archevêque de Paris, Mgr Gobel, et de nombreux prêtres démissionnent, de nombreuses églises sont désaffectées ou transformées en temples de la Raison.
  • Confusion entre prêtres réfractaires et prêtres constitutionnels, qui semblent tous suspects.
  • Censure des théâtres parisiens : le Comité de Salut Public propose que soient jouées « des pièces au patriotisme reconnu »[66].
  • Culte de la Raison demandé par Robespierre. Fête de l’Être suprême (juin 1794).
Calendrier républicain de 1794, dessin de Louis-Philibert Debucourt.

Dans la nouvelle organisation administrative (découpage en départements), les représentants en mission sillonnent la France pour appliquer les consignes de la Révolution.

Les mesures de déchristianisation commencent à se faire sentir, comme le culte de la Raison, à partir de 1792-1793. Les agendas étaient le principal canal d’information des campagnes, faiblement alphabétisées. Il fallait donc supprimer le calendrier grégorien, et le remplacer par un nouveau calendrier.

Des mesures de rétorsion sont prises vis-à-vis des prêtres réfractaires.

  • Bilan de la déchristianisation : 20 000 prêtres ont abandonné leurs ministères et 5 000 se sont mariés[67].

Administration

Les prisons se multiplient à travers la France. Voir la Liste des prisons de Paris lors de la Révolution.

La déchristianisation

Pierre-Antoine Demachy, Fête de l’Être suprême au Champ de Mars (20 prairial an II - 8 juin 1794), 1794, Musée Carnavalet, Paris

La déchristianisation, déjà entamée avec le culte de la Raison, s’intensifie.

Dans le rapport du 18 floréal, Robespierre présente, au nom du comité de salut public un calendrier de fêtes républicaines devant remplacer les fêtes catholiques, à travers lequel sont affirmées les valeurs républicaines et respecté le sentiment religieux de la majorité des Français de l’époque. La Convention affirme la croyance du peuple français en l’immortalité de l’âme et en l’Être suprême. La première fête de l'Être suprême, le 20 prairial an II (8 juin 1794), est orchestrée par le peintre David.

Les révolutionnaires attaquent les symboles de la monarchie absolue : la nécropole royale de Saint-Denis est livrée au pillage et plusieurs tombes royales sont dévastées. La Sainte Ampoule, utilisée pour le sacre royal, est détruite. De nombreuses églises subissent des mutilations ou des destructions.

Le culte catholique est interdit. Les églises parisiennes sont fermées le 23 novembre 1793, pour ne rouvrir que le 31 mai 1795. Elles sont transformées en temples de la Raison, ou bien en entrepôts. Le Concordat de 1802 entérine le retour au libre accès au culte.

Les agendas sont supprimés dans les campagnes, suite à l’instauration du calendrier républicain. Le calendrier grégorien n’est rétabli qu’en 1806.

Le bilan humain

Guillotines de 1792 (à gauche) et de 1872 (à droite)
  • Les exécutions

Durant cette période, de 16 000 à 17 000 personnes furent guillotinées[68], 25 000 furent victimes d’exécutions sommaires et environ 500 000 emprisonnées[69] à un moment ou à un autre, depuis le début de 1793. Environ 2 500 personnes furent guillotinées rien qu’à Paris : 1 306 d’entre elles reposent dans la fosse commune du cimetière de Picpus[70]. Le Tribunal révolutionnaire de Paris n’a prononcé que 16 % des sentences de mort, malgré la loi du 16 avril qui ordonnait que tous les suspects soient désormais déférés devant lui. Géographiquement, c’est l’Ouest, à cause de la guerre de Vendée, et la Vallée du Rhône, en raison de l’activisme fédéraliste, qui ont été les plus touchés, ainsi que les provinces frontalières, où se déroulaient les opérations militaires. Près de quatre condamnations sur cinq ont été rendues pour cause de rébellion ou de trahison, contre seulement 1 % pour des motifs économiques, accaparement ou faux assignats, et 9 % pour délit d’opinion.

  • La guerre de Vendée : d’après les estimations de l’historien Jean-Clément Martin, en 1802, un manque de 200 000 personnes est détectable, par rapport à 1790, si l’accroissement démographique n’avait pas été ébranlé par la guerre, dans les quatre départements concernés. Ce manque est dû pour une part aux pertes directes et indirectes de la guerre civile (hausse de la mortalité), pour une autre au déficit des naissances (baisse de la natalité) et aux mouvements de population (solde migratoire négatif), exacerbés par les violences.
  • Les massacres en province
    • À Nantes : entre 1793 et 1794, Jean-Baptiste Carrier, représentant de la Convention en mission à Nantes, ordonne un grand nombre d’exécutions sommaires, certaines par noyade dans la Loire depuis des bateaux munis de trappes : les condamnés, attachés deux par deux (un homme, une femme), se noient mutuellement ; Jean-Baptiste Carrier avait baptisé ces exécutions la « déportation verticale », elles sont restées célèbres sous le nom de « mariages républicains ». Il est rappelé à Paris pour être jugé, suite au rapport de l’agent du Comité de salut public, Jullien de Paris, fils du député Jullien de la Drôme et proche de Robespierre.
    • À Lyon : pendant la Révolution française, Lyon prit en 1793 le parti des Girondins et se souleva contre la Convention. La ville subit un siège de plus de deux mois avant de se rendre le 9 octobre 1793. La répression de la Convention fut féroce. Environ 2 000 Lyonnais furent fusillés ou guillotinés, et plusieurs riches hôtels particuliers autour de la place Bellecour détruits. Joseph Fouché, l’un des représentants en mission en charge de la répression, fut surnommé le « mitrailleur de Lyon ». Lyon fut renommée Ville-affranchie. Le 12 octobre 1793, parut un décret stipulant :
Lyon fit la guerre à la liberté, Lyon n’est plus.

Jugements sur la Terreur

La Terreur a longtemps fait l’objet de débats entre les historiens. Elle constitue l’un des épisodes les plus controversés et passionnés de l’Histoire de France. Les discussions portent sur les causes, les responsabilités et le lien entre Terreur et Révolution.

Jugement des contemporains

George Cruikshank. Caricature britannique, hostile à la Révolution française, 1819

À Marseille et dans quelques villes, des citoyens, notamment les lecteurs de l’ami du Peuple de Marat, inspirateur et auteur des massacres, et du Père Duchêne de Jacques-René Hébert, juge du peuple autoproclamé à la prison de la Force, se félicitent des meurtres pour des raisons qu’on n'a toujours pas fini d’élucider. Toutefois, plusieurs partisans de la Révolution, en France et en Europe, sont profondément choqués. En fait, ces massacres dans les prisons parisiennes, poursuivis en province les jours suivants, déclenchent une indignation généralisée et durable puisque le dossier des massacres de septembre a été rouvert par tous les gouvernements et tous les régimes jusqu’à la Restauration[75].

Les libéraux européens, qui avaient placé leurs espérances dans la France révolutionnaire, désapprouvent les méthodes violentes et arbitraires du Comité de salut public.

Le Saint-Siège condamna évidemment les égorgements de prêtres sans défense. Les catholiques assimilèrent les Vendéens et les prêtres réfractaires à des martyrs. Les monarques étrangers ainsi que les royalistes réprouvent l’exécution de Louis XVI et des nobles.

Dès la période révolutionnaire, la Révolution française et sa période terroriste, ont font l’objet de nombreux pamphlets et de nombreuses études, parmi les royalistes, qu’il s’agisse du roman l’Émigré (1797), où Gabriel Sénac de Meilhan développe une analyse intelligente et pondérée, de l’Essai sur les révolutions (1797) de Chateaubriand, qui est fasciné par la Révolution mais bouleversé par ses excès, des essais de Joseph de Maistre, qui voit dans la guerre civile qui ensanglante la France sous la Révolution une catastrophe d’ordre métaphysique, ou des Mémoires pour servir à l’histoire du Jacobinisme de l’original abbé Augustin Barruel, qui voit dans la Révolution un complot des francs-maçons, thèse contrebattue par le Constituant Mounier et d'autres après lui. De même, parmi les républicains libéraux, on assiste à une critique de l’égalitarisme de l’an II, avec une dénonciation de la loi agraire, qui aurait été prétendument défendue par les Jacobins.

Jugements postérieurs

Plusieurs philosophes ont réfléchi sur la portée et le "sens" à donner à l’épisode terrorriste dès le XIXe siècle : Madame de Staël, Benjamin Constant. Louis-Gabriel de Bonald estime qu’elle est le prélude nécessaire d’une régénération. Sous la Restauration, on enseigne aux élèves que la Révolution française ne fut qu’une série de massacres et qu’une période d’anarchie généralisée. Les écrivains français Victor Hugo, Honoré de Balzac ou Alfred de Vigny « voient dans la violence révolutionnaire l’expression de la crise radicale des valeurs que la France a traversée[76] … ». L’historien Hippolyte Taine est clairement hostile à la Terreur.

A la fin du XXe siècle, de nombreux historiens ont mis en avant des documents relativisant la "théorie des circonstances" défendue par l’école léniniste puis stalinienne pour justifier ses propres atrocités. C’est la thèse selon laquelle le terrorrisme aurait constitué, pour le gouvernement révolutionnaire, un instrument destiné à sauver la République de l’invasion militaire et de la contre-révolution. François Furet a indiqué qu’une répression modérée aurait suffi et il a mis en lumière les "dérapages" nombreux qui, en effet, ont accompagné la Révolution. Olivier Blanc s’est interrogé sur les raisons de ces dérapages dont certains, selon lui, n’étaient pas fortuits mais provoqués par certains révolutionnaires dont principalement Barère de Vieuzac, qui, pour des raisons diverses, voulaient éviter des négociations de paix et faire reconnaître la République par les états qui y étaient disposés[77].

Plus récemment, Patrice Gueniffey a consacré un essai à la "politique de la Terreur"[78]. La définissant comme une stratégie destinée à provoquer un "degré de peur jugé nécessaire à l'accomplissement d'objectifs politiques", se basant intentionnellement sur l’arbitraire afin d’obtenir la soumission de tous les citoyens, l’auteur soutient que la Terreur est devenue un moyen de gouvernement destiné à asseoir la légitimité du régime révolutionnaire. Il la considère comme une fatalité dans toute révolution "considérée comme modalité du changement". L’auteur tente de démontrer que, dès 1789, est apparue au sein même de l’Assemblée constituante une "rhétorique implacable et meurtrière". Peu à peu, la concurrence entre les révolutionnaires a entraîné une surenchère de la violence, dans un contexte de décomposition de l’État. La Révolution a fabriqué et multiplié ses propres adversaires, sous le prétexte de complots, afin de permettre au système terroriste de se perpétuer, indépendamment des circonstances politiques et militaires. La période de la Terreur présentée comme consubstantielle à la Révolution française a continué de servir de repoussoir pour tous les pouvoirs libéraux, mais conservateurs. Pour les tenants des thèses adverses, elle continue à justifier d'une part le rejet de l’héritage révolutionnaire par les catholiques et les royalistes, d’autre part, de toute idéologie révolutionnaire (qualifiée par certains philosophes d’« utopistes », depuis les années 1980) par les libéraux et la gauche modérée.

Par comparaison, la Terreur blanche désigne deux épisodes de l’histoire de France au cours desquels la répression est menée par les royalistes. Après la révolution russe d’octobre 1917, les communistes, autour de Lénine instaurent ce qu’ils appellent la dictature du prolétariat qui se réclame de l’héritage terroriste de l’an II, pour asseoir le régime soviétique, tandis que, dans les territoires contrôlées par les armées blanches, favorables au tsar, se développe une autre terreur blanche, contre les communistes

Sens et contenu du mot terreur révolutionnaire

La Terreur comme instrument de gouvernement a pu être considéré comme indispensable, avec des nuances, et dans des sens différents, parmi les mouvements démocratiques des XIXe et XXe siècles, selon qu’ils parlaient de "terrorrisme d'état" ou de "répression motivée en temps de guerre".

Certains rares auteurs acceptent le principe du terrorrisme d’état : c’est par exemple le cas de l’écrivain et révolutionnaire allemand Georg Forster (1754-1794)[79].

Après une lecture globalement hostile à la terreur révolutionnaire, dans les premières décennies du XIXe siècle, un mouvement s’est développé parmi les historiens français pour expliquer, justifier et atténuer la portée des crimes commis durant cette période. Ils ont cherché à voir la Terreur comme une réponse liée aux circonstances, avec des lectures extrêmement différentes selon ce qu’ils entendaient par "Terreur"[80], opposant des historiens modérés comme Edgar Quinet à des historiens socialisants comme Louis Blanc.

Sous la IIIe République, l’opposition entre 1789 et 1793 qui prévalait jusque-là parmi les républicains modérés tend à s’estomper (selon le mot de Georges Clemenceau : « la Révolution est un bloc »).

Toutefois, un conflit opposa, sur ce point, Alphonse Aulard, l’un des principaux spécialistes de la Révolution à cette époque, défenseur de Danton, contre son ancien élève, Albert Mathiez, admirateur de Robespierre. Pour Mathiez, les sévérités préconisées par Robespierre étaient nécessaires, aussi défend-il le rôle du gouvernement révolutionnaire de l’an II et établit les sources du socialisme dans le discours robespierriste. Albert Mathiez, mort prématurément sans avoir eu le temps d’aborder la question de la responsabilité relative de Robespierre dans les dérapages de la terreur révolutionnaire[81], a eu une influence décisive sur plusieurs grands noms de l’histoire, qu’il s’agisse de Lucien Febvre, de Georges Lefebvre ou de Albert Soboul[82], (qui reprend la grille de lecture marxiste de l’histoire et offre un regard plus amène sur Hébert et sur les exagérés). Les écoles de la IIIe République justifient la Terreur et les manuels Lavisse qui approuvent la mort de Louis XVI, la présentent sans nuance comme une réponse appropriée au soulèvement vendéen et à la coalition. S’impose peu à peu dans l’opinion française que la Terreur n’a été qu’une réponse à la violence de la monarchie absolue et aux agressions étrangères ; elle n’est exercée que par une minorité d’individus et ne doit pas faire oublier les sacrifices des autres Français.

La recherche historique de l’après Seconde Guerre mondiale tente d’analyser le mouvement révolutionnaire et la répression qu’il préconise dans ses structures politiques et socio-économiques, avec l’étude des mercuriales[83], de l’organisation du foncier, des pratiques agricoles, des structures proto-industrielles, etc. Le courant de la Nouvelle histoire se lance dans de grandes études sérielles, privilégiant les périodes longues. À partir de l’entre-deux-guerres, le courant de l’École des Annales, initié par Marc Bloch et Lucien Febvre, puis Fernand Braudel, dénonce le primat de l’histoire politique événementielle et la méthode positiviste de Langlois et Charles Seignobos, et base ses travaux sur des interrogations d’ordre économique, social ou culturel en multipliant les types de sources correspondant.

Dans la même orientation, les Annales historiques de la Révolution française, revue de la Société des études robespierristes (fondée en 1907, et dont le premier président fut Albert Mathiez) sous la direction de Georges Lefebvre et d’Albert Soboul, se désintéresse des épisodes sanglants de cette période, ne remet pas en cause "l'utilité" de la Terreur, s’attachant plutôt à l’analyse du rôle des classes sociales. Titulaire de l’histoire de la Révolution française à la chaire de la Sorbonne, Soboul étudie le mouvement sans-culotte, le mouvement jacobin, etc. Dans les années 1990, Michel Vovelle, membre de la société des études robespierristes, ne remet pas en cause les thèses de ses prédécesseurs. Il cherché néanmoins à renouveler les grandes études sociales et économiques, avec une approche plus directe de l’individu, liée à la micro-histoire et à l’histoire culturelle.

En rupture profonde avec les thèses communisantes sur les "circonstances", François Furet et Denis Richet ont relancé en 1989 le débat historiographique, intégrant les nouvelles problématiques et en plaçant la Révolution dans la longue histoire. Ils se placent depuis les années 1980 dans une perspective critique par rapport aux enseignements du régime soviétique et de l’idéologie communiste[84].

Fondements idéologiques

Pour les Révolutionnaires, la terreur va de pair avec la vertu rousseauiste.[réf. nécessaire] Saint-Just oppose, dans un discours à la Convention du 23 Pluviôse an II, la terreur à la vertu et la terreur aux aristocrates cachés sous le masque du patriotisme, désignant par là certains membres de la Commune et des clubs : « Il est temps que tout le monde retourne à la morale, et l’aristocratie à la terreur ; il est temps de faire un devoir de toutes les vertus, de faire la guerre à toute espèce de perversité, de mettre la révolution dans l’état civil, d’immoler sans pitié sur la tombe du tyran tout ce qui regrette la tyrannie, tout ce qui est intéressé à la venger, tout ce qui peut la faire revivre parmi nous… Il y a dans la république une conjuration ourdie par l’étranger pour empêcher par la corruption que la liberté ne s’établisse ; c’est la ligue de tous les vices armés contre la vertu. Que la justice et la probité soient mises à l’ordre du jour ! »

Dans son Rapport sur les principes de morale politique qui doivent guider la Convention nationale dans l’administration de la République du 18 pluviôse, Robespierre fait allusion aux "affaires", entre autres celle de la liquidation de la Compagnie des Indes, à quoi il oppose la vertu. Il écrit que : « la première maxime de notre politique doit être que l’on conduit le peuple par la raison, et les ennemis du peuple par la terreur. Si le ressort du gouvernement populaire dans la paix est la vertu, le ressort du gouvernement populaire, en révolution est à la fois la vertu et la terreur. La vertu, sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur, sans laquelle la vertu est impuissante. La terreur n’est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible : elle est donc une émanation de la vertu ; elle est moins un principe particulier qu’une conséquence du principe général de la démocratie appliqué aux plus pressants besoins de la patrie. »

Robespierre s’inscrit en faux contre Montesquieu[réf. nécessaire], qui avait théorisé que les formes de gouvernement républicain et despotique ont en commun, pour principe, la vertu et la crainte, en ajoutant : « On a dit que la terreur était le ressort du gouvernement despotique. Le vôtre ressemble-t-il au despotisme ? Oui, comme le glaive qui brille dans les mains des héros de la liberté ressemble à celui dont les satellites de la tyrannie sont armés. »

Que le despote gouverne par la terreur ses sujets abrutis, il a raison comme despote. Domptez par la terreur les ennemis de la liberté, et vous aurez raison comme fondateurs de la république. Le gouvernement de la révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie.[réf. nécessaire]

Cette vertu devient donc, comme celle du Prince de Machiavel, une vertu, moins morale que politique, dont l’ultime dessein est de conserver le pouvoir.[réf. nécessaire]

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

À lire

Ouvrages en français

  • Daniel Arasse, La Guillotine et l’Imaginaire de la Terreur, Paris, Flammarion, 1987
  • Bronislaw Baczko, Comment sortir de la terreur. Thermidor et la Révolution, Paris, Gallimard, 1989.
  • Biard Michel (sous la direction de), Les Politiques de la Terreur, Paris, Société des études robespierristes et Presses universitaires de Rennes, 2008, 485 pages.
  • Roger Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine : Tome 2, La République jacobine : Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire 1792-1794, Paris, Seuil, 2005, (ISBN 2-02-039818-4).
  • Patrice Gueniffey, La politique de la Terreur. Essai sur la violence révolutionnaire (1789-1794), Paris, Fayard, 2000; Gallimard - TEL, 2003.
  • C. Kintzler, La République et la terreur, Paris, Kimé, 1998, (ISBN 2-84174-023-4)
  • Jean-Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d’un mythe national, le Seuil, 2006.
  • Histoire de la France religieuse, sous la direction de Jacques Le Goff et René Rémond, le Seuil, Tome 3, XVIIIe siècle - XIXe siècle (Indications sur le culte de l’Être suprême et la déchristianisation pendant la période).
  • Germain Sicard, Justice et politique : la Terreur dans la Révolution française, Toulouse, Presses de l’Université des Sciences Sociales de Toulouse, 1997, (ISBN 2-909628-33-7)
  • Michel Vovelle, 1793, La Révolution contre l’Église, de la Raison à l’Être Suprême, éditions Complexe, 1988.
  • Sophie Wahnich, La Liberté ou la mort. Essai sur la terreur et le terrorisme. Paris : La Fabrique Éditions, 2003.
  • Mémoires sur la Révolution de France et recherches sur les causes qui ont amené la Révolution de 1789 et celles qui l’ont suivie (4 volumes), de Vincent-Marie Viénot de Vaublanc Texte en ligne : [2]. (spécialement le tome 2, livre IV, chapitre II de la pages 243 à 296), édition G-A Dentu, Paris, 1833.
  • Olivier Blanc
    • La dernière lettre, prisons et condamnés de la Révolution, préface de Michel Vovelle, Robert Laffont, 1984 & Collection Pluriel 1986 (avec Critiques et Commentaires).
    • Les hommes de Londres, histoire secrète de la Terreur , Albin Michel, 1989.
    • La corruption sous la Terreur, Robert Laffont, 1992.
  • Antoine de Baecque (sous la dir.), Pour ou contre la Révolution française, Paris, Bayard, 2002.

Articles

  • Jean-Maurice de Montremy, « 1789 et 1793 : la Terreur en question », dans L’Histoire, no 90, p 72-74
  • François Lebrun, « La logique de la Terreur », dans L’Histoire no 113
  • François Lebrun, La Terreur à l’ordre du jour, dans Les collections de l’Histoire, no 25, p 74-79
  • Jean-Clément Martin, « La Révolution a coupé la France en deux », dans L’Histoire no 311, juillet-août 2006
  • Alain Texier, « La terreur institutionalisée », dans Historia no 624, décembre 1998
  • Antoine de Baecque, « Apprivoiser une histoire déchaînée : dix ans de travaux historiques sur la Terreur », Annales, 2002, no 4, pp. 851-865. [lire en ligne]

Sources

Ces ouvrages ont été utilisés pour rédiger cet article :

  • Collectif, Oublier nos crimes. L’amnésie nationale : une spécificité française, Paris, Autrement, Série Mutations n°144, 1994, (ISBN 2-86260-470-4)
  • François Furet, Mona Ozouf, Dictionnaire critique de la Révolution française, Paris, Flammarion, 1988, (ISBN 2-08-211537-2)
  • Roger Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. Tome 2 : La République jacobine, Paris, Seuil, 2005, (ISBN 2-02-039818-4)
  • Jean Tulard, Jean-François Fayard et Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française. 1789-1799, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1987,1998 [détail de l’édition]
  • Albert Soboul, Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, Quadrige, 2005, (ISBN 2-13-053605-0)
  • François Furet, Denis Richet, La Révolution française, Paris, Hachette Littératures, 1999, (ISBN 2-01-278950-1)

Notes et références

  1. On trouve des définitions de ce mot dans les dictionnaires historiques cités en bibliographie et dans la majorité des ouvrages sur la Révolution tels ceux donnés en bibliographie
  2. Définition de J. Tulard, J.-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, 1987, p.1113 ; voir aussi P. Gueniffey, La politique de la Terreur, 2000, p.13 : la Terreur se caractérise par l’« emploi de la contraintes et de la violence à des fins politiques et dans le silence des lois »
  3. Jacques Godechot Les Révolutions, 1770-1799, P.U.F 1965 p. 169
  4. Jean-Clément Martin, « La Révolution a coupé la France en deux », L’Histoire, n°311, p. 39 ; P. Gueniffey, La politique de la Terreur, 2000, p.13
  5. Sur ce découpage voir : A. Soboul, La Révolution française, 1981, page 253, F. Furet, D. Richet, La Révolution française, 1999, p.158 et J. Tulard, J.-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, 1987, p.1113
  6. Pas plus que la chute de la royauté, la première réunion de la Convention nationale n’aurait pu sauver la France des dangers qui la menaçaient.
  7. Frédéric Bluche, Septembre 1792. Logiques d’un massacre, Robert Laffont, 1986, p. 22
  8. Claude Mazauric propose de faire débuter la Terreur proprement dite le 17 septembre 1793, date de la « loi des suspects », dans Albert Soboul, Dictionnaire historique de la Révolution française, 2005, p. 1021.
  9. Pour Patrice Gueniffey, le 9 thermidor tourne plutôt une page de l’histoire de la Terreur qu’il n’en signe la fin. La politique de la Terreur. Essai sur la violence révolutionnaire 1789-1794, Gallimard 2003 p.16
  10. Alexandre Tuetey, Répertoire des sources manuscrites de l’Histoire de Paris pendant la Révolution, (volumes IX, X et XI): la Commune de Paris, qui possède, depuis le 10 août 1792, le pouvoir militaire, a participé dans une moindre mesure à la politique de répression ; le Comité de surveillance du département de Paris a, en revanche, délivré un certain nombre d’ordres d’arrestation et entraîné le renvoi de nombreux suspects devant le Tribunal révolutionnaire
  11. Cambon fut le seul ministre en titre qui exerça ses fonctions avec une relative indépendance
  12. Jean-Clément Martin, « La Révolution a coupé la France en deux », L’Histoire, no 311, page 39
  13. Selon Barère, dans sa "carmagnole du 5/9/1793, c’est la "pression" des sans-culottes - autrement dit la pression de la Commune hébertiste ou exagérée de Paris qui avait dicté ce choix. Cette interprétation de Barère est validée par Diane Ladjouzi, « Les journées des 4 et 5 septembre 1793 à Paris. Un mouvement d’union entre le peuple, la Commune de Paris et la convention pour un exécutif révolutionnaire », in Annales historiques de la Révolution française, no 321, [En ligne], mis en ligne le : 21 février 2006. URL : http://ahrf.revues.org/document178.html. Consulté le 24 mai 2007.
  14. Cette constatation montre que la "Loi des suspects" était indépendante de l'état de guerre comme Barère l'avait fait croire à l'opinion.
  15. Ils ont cosigné de très nombreux sinon la plupart des mandats d’arrêt que leur présentaient Vadier et Amar du Comité de sûreté générale : voir A. Tuetey, Répertoire des sources manuscrites (…), vol IX, X et XI
  16. Dupin de Beaumont et son ami Barère prélevèrent une sorte de dîme sur l’argent récolté après la saisie des biens des fermiers généraux
  17. Et connue à Paris le 1eraoût suivant
  18. « La ville de Paris et tous ses habitants sans distinction seront tenus de se soumettre sur le champ et sans délai au roi. Leurs Majestés Impériales et Royales rendant personnellement responsables de tous les évènements, sur leur tête, pour être jugés militairement, sans espoir de pardon, tous les membres de l’Assemblée Nationale, du département du district, de la municipalité et de la garde nationale de Paris (…) déclarent (…) que si le château des Tuileries est forcé ou insulté, que s’il est fait la moindre violence, le moindre outrage à Leurs Majestés, le roi, la reine et la famille royale (…) elles en tireront une vengeance exemplaire et à jamais mémorable. » Extrait de manifeste de Brunswick, 25 juillet 1972»
  19. Dictionnaire historique de la Révolution française Albert Soboul édition « Quadrige » P.U.F. 2005 p. 363
  20. J. Tulard, J.-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, 1987, p.1113 ; R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.156
  21. Georges Lefebvre, Raymond Guyot, Philippe Sagnac La Révolution française Librairie Félix Alcan 1930, p.120
  22. Il a été décidé que la déchéance du roi ne peut être prise que par une Convention élue au suffrage universel
  23. J. Tulard, J.-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, 1987, p.1113 ; A. Soboul, Dictionnaire historique…, 2005, p.1020
  24. A. Soboul, Dictionnaire historique …, 2005, p.1020
  25. François Furet et Denis Richet, La Révolution française Fayard 1973, p. 169
  26. De nombreux contemporains ont avancé que Brunswick s’était retiré volontairement pour éviter une nouvelle offensive de la Commune, cette fois sur la prison du Temple
  27. F. Furet, D. Richet, La Révolution française, 1999, p.135
  28. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.59
  29. F. Furet, D. Richet, La révolution française, 1999, p.195
  30. Le nombre de membres fut fixé à trente le 17 octobre suivant
  31. Composé de douze membres ; Vadier, Voulland, Amar, Jagot, La Vicomterie, Dubarran Moyse Bayle, Elie Lacoste, Louis du Bas Rhin, Ruhl, David.
  32. Le 2 juin 1793, la Commune de Paris envoya 80 000 hommes poussant des canons devant eux encerclèrent la Convention et réclamèrent l’arrestation de 29 députés et deux ministres girondins : F. Furet, D. Richet, La révolution française, 1999, p.200
  33. Principalement des individus qui avaient prôné l’exagération comme Chaumette, Hébert, Desfieux, etc. que Barère et Collot d’Herbois, leurs soutiens jusqu’alors, abandonnèrent à contre cœur. Ils devaient donner des gages à Robespierre qui avait pris conscience du danger politique que représentait pour la République, l’exagération de la répression à Paris et en province.
  34. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.174
  35. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.175
  36. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.176
  37. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.178
  38. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.146
  39. Bilan estimé dans R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.267
  40. Expression reprise dans J. Tulard, J.-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, 1987, p.1113. À la suite des travaux de Reynald Secher, quelques historiens utilisent le terme de « génocide ». On peut citer ainsi Stéphane Courtois (« The crimes of Communism »), Reynald Secher (Le génocide franco-français : la Vendée vengée, PUF, Paris, 1986) ou Pierre Chaunu qui écrit : « je reprends donc l’expression de génocide franco-français pour la Vendée. » (postface du livre La Vendée après la Terreur, la reconstruction, Librairie Académique Perrin, Paris, 1997). Pour une critique de ces thèses, on peut lire Peter McPhee (commentaire de la thèse de Secher), sur l’évolution de l’historiographie et l’influence de Chaunu, Julian Jackson (in Stefan Berger, Mark Donovan, Kevin Passmore (dir.), Writing National Histories - Western Europe Since 1800, Routledge, Londres, 1999, pp. 247 sq.)
  41. Jean-Clément Martin, « Un génocide ? », in L’Histoire, no 311, « La guerre civile. 2000 ans de combats fratricides »
  42. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.170
  43. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.263
  44. J. Tulard, J.-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, 1987, p.1114
  45. F. Furet, M. Ozouf, Dictionnaire critique de la Révolution française, p.158
  46. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.266
  47. Jean-Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d’un mythe national, éditions du Seuil, 2006, p. 221-226
  48. Olivier Blanc La Terreur, l’État de la France pendant le Révolution, sous la direction de Michel Vovelle, 1989, p. …
  49. Olivier Blanc, Les hommes de Londres, Paris, Albin Michel, 1989; Jean-Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d’un mythe national, éditions du Seuil, 2006, p. 226-233
  50. article 4, titre Ier, 1re partie, Code pénal de 1791
  51. Robespierre qui voyait surtout l’article 10 qui réduisait le pouvoir (le "vagabondage") des comités révolutionnaires et donc de la Terreur, n’a pas mesuré les inconvénients d’une application détournée d’autres articles, comme l’article 13 sur les preuves matérielles et les témoins. Voir Philippe Le Bas, Annales de l’Histoire de France, p.377.
  52. La politique de la Terreur, Paris, 2000, p. 277-315
  53. Cette campagne était menée par voie de presse et d’affiches, également à l’assemblée où certains voulaient lui attribuer une garde prétorienne, attribut des tyrans anciens et modernes.
  54. Mathiez, Autour de Robespierre
  55. Avec le remplacement du noyau dur des partisans de la continuation de la Terreur, formé par Collot d’Herbois, Barère de Vieuzac et Billaud-Varenne
  56. Le lendemain, 71 membres du conseil de la commune de Paris furent guillotinés puis enterrés dans des fosses communes. Voir R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.281
  57. Les députés Lecointre de Versailles et Saladin ont publié tous les éléments accablants qui devaient servir à instruite leur procès
  58. L’un des plus gros contribuable de sa région
  59. Voir les travaux importants de Richard Cobb
  60. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.211
  61. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.207
  62. Nadine Vivier, Propriété collective et identité communale. Les Biens Communaux en France, 1750-1914, 1998
  63. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.223
  64. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.231
  65. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.235
  66. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.222
  67. Chiffres donnés par R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.236-237
  68. Ces chiffres sont le fruit du travail de Donald Greer, The Incidence of the Terror during the French Revolution : A Statistical Interpretation, Cambridge (USA), Harvard University Press, 1935. Ils sont repris dans J. Tulard, J.-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, 1987, p.1114 et dans A. Soboul, Dictionnaire historique …, 2005, p.1023 ; 50 000 personnes ont été exécutées pour l’ouvrage collectif, Oublier nos crimes, 1994, p.94
  69. D’après F. Furet, M. Ozouf, Dictionnaire critique de la Révolution française, p.162 ; 300 000 dans Collectif, Oublier nos crimes, 1994, p.94
  70. Laurent Zecchini, « La Fayette, voilà tes maires ! », dans Le Monde du 28-12-2007, mise en ligne le 27-12-2007, [lire en ligne]
  71. J. Tulard, J.-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, 1987, p.1114
  72. J. Tulard, J.-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, 1987, p.1114
  73. A. Soboul, Dictionnaire historique …, 2005, p.1023
  74. A. Soboul, Dictionnaire historique …, 2005, p.1023
  75. Alexandre Tuetey, Répertoire des sources manuscrites de l’histoire de Paris pendant la révolution, volume VII (1905).
  76. Collectif, Oublier nos crimes, 1994, p.89
  77. Olivier Blanc, Les espions de la Révolution et de l’Empire, Paris, Perrin, 1995
  78. La politique de la Terreur. Essai sur la violence révolutionnaire (1789-1794), Paris, Fayard, 2000.
  79. Collectif, Oublier nos crimes, 1994, p.87
  80. Le mot est toujours utilisé voire instrumentalisé avec des sens différents selon les buts que l’on veut atteindre. Depuis 1793, ce mot recouvre pêle-mêle, selon les utilisateurs, les expressions différentes de "terrorrisme d'état" ou de "répression motivée en temps de guerre".
  81. Il avait pressenti les divisions au sein du Comité de salut public que l’on croyait soudé, et remarqué après Hamel l’influence particulière de Robespierre pour faire cesser, contre l’avis de ses collègues, les exagérations terrorristes du Comité de sûreté générale. Mais ses travaux ont été (sciemment ?) abandonnés par ses successeurs des Études robespierristes.
  82. qui font partie du courant de l’historiographie révolutionnaire : lire P. Gueniffey, La politique de la Terreur, 2000, p.10
  83. ébauchée avec l’étude des prix sous la Terreur, par Albert Mathiez
  84. Collectif, Oublier nos crimes, 1994, p.92
Bon article
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