- Première Guerre d'Afghanistan
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Guerre d'Afghanistan (1979-1989)
Pour les articles homonymes, voir Guerre d'Afghanistan.Guerre en Afghanistan
Carte de l'invasion par l'armée soviétique de l'Afghanistan en 1979 Informations générales Date 27 décembre 1979 au
15 février 1989Lieu Afghanistan Casus belli Invasion du territoire afghan par l'URSS pour venir en aide au gouvernement communiste Issue Retrait soviétique; la guerre civile afghane continue ensuite Belligérants Union soviétique
Moudjahidines d'Afghanistan Commandants Serguei Sokolov
Valentin Varennikov
Boris Gromov
Babrak Karmal
Mohammed Najibullah
Abdul Rachid DostomAhmed Chah Massoud
Abdul Haq
Ismail Khan
Gulbuddin Hekmatyar
Jalaluddin Haqqani
Abdullah AzzamForces en présence 115 000 soldats soviétiques
env. 100 000 soldats afghans [1]150 000 (en 1984) à 250 000 hommes (en 1986) Pertes env. 15 000 morts soviétiques au combat env. 70 000 morts au combat La première guerre d'Afghanistan de l'histoire contemporaine a opposé, du 27 décembre 1979 au 15 février 1989, l'armée de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), l'Armée rouge, aux moudjahidines (« guerriers saints »). Durant dix ans, cette guerre a ravagé l'Afghanistan. Du fait de l'implication des États-Unis et de l'URSS, cette guerre est considérée comme une des dernières crises de la guerre froide.
Sommaire
Contexte et déroulement
L'invasion soviétique s’inscrit dans le contexte de la guerre froide : puisque les États-Unis soutiennent le Pakistan face à une Inde qui se voulait le fer de lance des pays non-alignés, l’URSS soutient l’Afghanistan qui avait, depuis 1919, des revendications territoriales sur les régions à majorité pachtoune du Pakistan dont l'acquisition aurait permis à l’Afghanistan de se désenclaver en possédant un accès à la mer d’Oman.
À la suite d'un coup d’État fomenté en 1973 par le prince Mohammed Daoud Khan, l’État afghan s’éloigne de plus en plus de Moscou. Pour éviter sa perte d’influence dans la région, l'URSS décide d’intervenir en Afghanistan, dès 1978, pour y placer un régime à ses ordres. Celui-ci entretient des relations privilégiées avec l’URSS et met en place une série de réformes collectivistes et sociales (imposition d'un athéisme d'État[2], alphabétisation, droit des femmes, réformes agraires...) qui contrarient les coutumes conservatrices afghanes, ainsi qu'une politique répressive envers les élites et classes moyennes du pays[3]. L’opposition grandissante menace le régime communiste de Kaboul, ce qui pousse Brejnev à intervenir en Afghanistan en décembre 1979.
Moscou envoie l'Armée rouge en Afghanistan, le 24 décembre 1979, pour ramener Babrak Karmal au pouvoir (son prédécesseur Hafizullah Amin, porté au pouvoir par un coup d'État en septembre 1979, étant jugé incapable de faire face à la guérilla par les communistes est éliminé par les Spetsnaz).
L'URSS justifie son intervention par la volonté de préserver le régime en place et de maintenir le calme en Asie centrale.
Le plan « Chtorm 333 » (baptisé également « Opération Prague ») prévoit l'entrée en force de la 40e armée soviétique commandé par le général Borissov. Un pont aérien est établi entre Tachkent, en Ouzbékistan et les principaux aéroports d’Afghanistan. Les troupes d’élites s’emparent des lieux stratégiques, à commencer par la capitale, tandis que le reste des forces emprunte la « route des invasions » à partir des deux villes frontalières de Kuska (à l’ouest) et Termez (à l’est).
La force d'invasion déploie 3 divisions d'infanterie équipées de nombreux blindés, une division aéroportée et différentes unités autonomes, soit un total de 55 000 hommes.
En décembre 1979, les hommes du général Serguei Sokolov prennent plusieurs villes afghanes après que les renseignement soviétiques (GRU) ont commandité la mort de Hafizullah Amin. Dans le même temps, des troupes aéroportées soviétiques occupent des villes du centre.
Une vive résistance nationale se met en place face à un occupant soviétique qui ne s’attendait pas à une telle réaction. De plus cette agression soulève une grande émotion dans l’ensemble de l’oumma et de nombreux islamistes issus de divers pays, (Algériens, Bosniaques, Philippins, Saoudiens, Palestiniens, Égyptiens, voire quelques Européens d'origine maghrébine) se joignent à la résistance afghane moudjahidine, soutenue et financée entre autres par la CIA.
Durant les trois premières années, les Soviétiques étendent leur contrôle sur le pays et augmentent leurs effectifs sur place, passant de 85 000 hommes en mars 1980 [4] à 108 000 et 118 000 hommes selon que l'on compte les détachements KGB ou non[5].
Mais ils font ensuite face à la désertion des deux tiers de leur alliée l'armée afghane (120 000 hommes), et les moudjahidines, soutenus et armés par les Etats-Unis, prennent progressivement le contrôle de la majorité du territoire (80%) à l'exception des villes principales. Les Soviétiques sont réduits à des opérations ponctuelles comme la protection de leurs convois ou le largage de millions de mines antipersonnelles.
En 1986, Mohammed Nadjibullah remplace Babrak Karmal à la tête de l'État afghan et veut négocier avec les rebelles en suivant un processus de réconciliation nationale sur le principe d'une perestroïka afghane. Les Soviétiques envoient des raids d'hélicoptères MI-24 Hind et des chasseurs bombardiers vers les places fortes afghanes, les Spetsnazs subissant de lourdes pertes au sol.
En 1986, les moudjahidines commencent à recevoir des missiles sol-air FIM-92 Stinger, ce qui fait perdre aux Russes le contrôle du ciel, bouleversant l'équilibre des forces. En février 1988, Mikhaïl Gorbatchev décide de retirer les troupes, appuyé par la trêve négociée avec Ahmed Chah Massoud.
La trêve devient effective un an plus tard, le 15 février 1989, date de la fin du retrait soviétique d'Afghanistan.
Rapidement, la guerre civile s'installe entre les différents groupes armés moudjahidines et l'armée du gouvernement communiste fidèle au président Mohammed Nadjibullah.
Conséquences
Dans les années 1990, la guerre civile fait suite à la lutte contre l’URSS. Dès la chute du régime prosoviétique, des dissensions ont commencé à apparaître entre moudjahidines afghans et volontaires islamistes étrangers (des arabophones le plus souvent) qui entendent désormais faire de l’Afghanistan une base pour l’entraînement à la guerre sainte (jihad) contre l’Occident et un État respectant la charia. En 1996, les talibans, soutenus par le Pakistan et les États-Unis, prennent le pouvoir et contrôlent, avec l’aide des islamistes étrangers, la majeure partie du pays en repoussant progressivement les moudjahidines du commandant Massoud dans les confins du nord-est du pays. Durant cette période de trouble, le Mollah Omar, chef militaire et religieux des talibans, impose la loi islamique à l'ensemble du pays. L'Afghanistan deviendra effectivement un camp d'entraînement pour les terroristes islamistes. Il est en effet assez largement reconnu que c'est en Afghanistan qu'ont été formés les personnes accusées d'avoir causé les attentats du 11 septembre 2001.
Les États-Unis
Au cours de la guerre froide, les États-Unis, via l'Opération Cyclone de la CIA, ont dépensé 3,3 milliards de dollars américains et l'Arabie Saoudite presque autant[6] durant les dix ans de la guerre d'Afghanistan, pour alimenter la résistance antisoviétique et anticommuniste incarnée par, entre autres, les moudjahidines du commandant Massoud et de Oussama Ben Laden.
Cela se fera en collaboration plus ou moins étroite avec l'Inter-Services Intelligence pakistanaise, les services de renseignement de la république populaire de Chine et divers autres services secrets occidentaux [7].
Les armes sont d'abord transportées au Pakistan puis distribuées par les services pakistanais [8][9].
L'amateurisme règne, Ben Laden coordonne l'arrivée des militants à Peshawar via une organisation appelée « Bureau des services ». Il met en place une véritable organisation et assure la formation militaire et idéologique des combattants (camps d'entrainement, mosquées, écoles, etc.) ainsi que l'approvisionnement en armes. Peu à peu, il prend en charge les familles. Il s'occupe des veuves et de l'éducation religieuse des enfants. L'organisation devient alors une véritable fraternité et une nouvelle force politique dans un Afghanistan déjà morcelé.
Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller pour la sécurité de Jimmy Carter, a affirmé en janvier 1998 que c'est « le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l'assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul », six mois avant l'intervention des Soviétiques (Le Nouvel Observateur, 15-21 janvier 1998, p.76) avec pour objectif d'entrainer l'Armée rouge dans le « piège afghan ».
En janvier 1989, John Glassman, le chargé d'affaires américain à Kaboul, avait annoncé au moment de l'évacuation de son ambassade : « Je rouvrirai la boutique en septembre ». De son côté, Marin Strmecki du Centre de sociologie de l'innovation expliquait : « Il y aura une guerre et une victoire rapide des rebelles dans les régions du Sud et de l'Est [...] Puis le siège et la prise de la capitale. Enfin, la conquête du Nord. Le régime devrait ainsi s'effondrer, six mois après le départ du dernier soldat soviétique ».
Cette déclaration de John Glassman a été contredite par les faits, le régime ayant tenu plus de trois ans après le départ des Soviétiques, en effet Kaboul ne tombera aux mains des rebelles que le 28 avril 1992 suite à la résistance des troupes du président Nadjibullah.
Bilan
Au total, durant leurs 110 mois de présence militaire, plus de 900 000 Soviétiques servirent en Afghanistan, 14 000 furent tués et 75 000 blessés, 800 hélicoptères et avions, 1 500 blindés et plusieurs milliers de véhicules ont été détruits. Le coût financier pour l’URSS est estimé entre 2 et 3 milliards de dollars américains par an.
Les pertes afghanes (tous bords confondus) sont estimées à 1 242 000 morts dont 80 % de civils. On estime que 30 % de la population avait quitté le pays ou s’était déplacée à l’intérieur des frontières. Depuis 1992, sur les 6 millions d’expatriés afghans, environ 3 millions étaient revenus en 1998[10].
Répercussions internationales
L'invasion de l'Afghanistan par l'URSS a provoqué un vaste mouvement de protestation parmi les gouvernements pro-occidentaux. L'une des conséquences fut le boycott des jeux Olympiques d'été de 1980 à Moscou par de nombreux pays pro-occidentaux.
Notes et références
- ↑ J. Bruce Amstutz.(1994); Afghanistan; The First Five Years of Soviet Occupation; ISBN 0 788111-11-6 [1], p.155
- ↑ http://www.vfw.org/resources/levelxmagazine/0203_Soviet-Afghan%20War.pdf The Soviet-Afghan War: Breaking the Hammer & Sickle
- ↑ The April 1978 Coup d'etat and the Democratic Republic of Afghanistan
- ↑ (fr) [pdf] Les Soviétiques en Afghanistan, Cahier de la Recherche Doctrinale, 17 novembre 2008
- ↑ (en) Colonel-General G.F. Krivosheev, Soviet casualties and combat losses in the twentieth century, Greenhill Books, London 1997, p 286-288
- ↑ Noam Chomsky, Israël, Palestine, États-Unis : Le triangle fatidique, édition remise à jour (mars 1999), p. 10.
- ↑ [image] Quelques circuits de la résistance à l'occupation soviétique - Afghanistan 1979-1989
- ↑ Les services secrets chinois, Roger Faligot, (nouveau monde, 2008
- ↑ Jacques Baud ,Encyclopédie du renseignement et des services secrets, Lavauzelle, 1997
- ↑ FAO/SMIAR - Rapport Spécial, Afghanistan, 2 juillet 1998
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (fr) L’URSS en Afghanistan : aux sources de la décision d’intervention de décembre 1979, comment le directeur du KGB de l'époque a imposé l'intervention militaire face au Politburo
- (fr) Rétro Afghanistan 1980-1984, avec notamment une interview de Massoud - février 1984 - INA
- (fr) L'URSS en Afghanistan, de l'invasion au retrait, Jacques Lévesque, 1990, ISBN 2-87027-357-6
- (fr) Les Soviétiques en Afghanistan 1979-1989 sur le site du Centre de doctrine et d'emploi des forces de l'Armée française
Bibliographie
- 2003 : « La guerre de Charlie Wilson : L'extraordinaire histoire de la plus grande opération secrète de l'histoire » de George Crile.
- 2004 : « Ghost Wars : The Secret History of the CIA, Afghanistan and Bin Laden, from the Soviet Invasion to September 10, 2001 » de Steve Coll (ISBN 1-59420-007-6)
Au cinéma et à la télévision
- Films
- 1988 : Rambo III de Peter MacDonald.
- 1988 : La Bête de guerre de Kevin Reynolds.
- 2005 : Le 9e escadron film Russe de Fyodor Bondarchuk.
- 2008 : La Guerre selon Charlie Wilson de Mike Nichols avec Tom Hanks et Julia Roberts tiré du livre précédant de George Crile.
- Documentaire
- 2005 : The Power of Nightmares, d'Adam Curtis
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