Embuscade d'Uzbin

Embuscade d'Uzbin
Embuscade d'Uzbin
Uzbin3b-fr.png

Avant poste de Tora, ville de Surobi, vallée d'Uzbin et village de Sper Kunday
Informations générales
Date 18 août 2008
Lieu 50 km à l'est de Kaboul
Issue Victoire tactique pour la FIAS mais victoire stratégique talibane: FIAS maître du terrain mais succès de propagande pour les insurgés.
Belligérants
Drapeau de France France
Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau d'Afghanistan Afghanistan
Flag of Jihad.svg Hezb-e-Islami Gulbuddin[1]
Flag of Taliban.svg Insurgés talibans
Commandants
Général Michel Stollsteiner Gulbuddin Hekmatyar
Commandant Farouki
Forces en présence
100 hommes initialement
300 hommes de renfort[2]
140 hommes initialement[3]
150 hommes de renfort
Pertes
10 morts et 21 blessés français[4]
1 mort et 2 blessés afghans
30-80 morts et 30 blessés
(déclaration de la FIAS)[5],[6]
10 morts (déclaration des talibans)
Notes
Pertes civiles : De 20[7] à 40 morts, 2 000 réfugiés[3].
Guerre d'Afghanistan
Batailles
Rhino et Gecko – Mazar-e-Charif – Hérat – Siège de Kunduz – Prise de Kaboul - Qala-e-Jangi – Kandahar - Tora Bora – Opération Anaconda – Opération Jacana – Opération Red Wing – Lashkargah – Opération Mountain Thrust – Opération Kaika – SanginPremière Panjwaye – Deuxième Panjwaye – Opération Médusa – Opération Mountain FuryOpération Falcon Summit – Opération Achilles – Opération Hoover – Chora – Opération Hammer - Base Anaconda – Opération Harekate Yolo – Musa Qala – Opération Karez – Prison de SarposaDistrict d'Arghandab – Wanat – Bataille de Shewan - Embuscade d'Uzbin – Opération Eagle's Summit – Balamorghab - Opération Dinner Out - Chahar Dara- Opération Panther's Claw - Opération Strike of the sword - Dahaneh - KamdeshOpération Avalon - Opération SeptentrionKaboulOpération MushtarakKorengal

L'embuscade d'Uzbin[1] (aussi écrit Uzbeen[7]) ou embuscade de Surobi[8], ou bataille de Surobi[4] (aussi écrit Saroubi[7]), est un engagement militaire entre une patrouille de la Force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS) composée de soldats français, afghans et américains, et d'insurgés talibans et du Hezb-e-Islami Gulbuddin dans le cadre de la guerre d'Afghanistan. Elle s'est déroulée les 18 et 19 août 2008 à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Kaboul autour du village de Sper Kunday[Note 1], dans la vallée d'Uzbin, dans le Nord du district de Surobi[Note 2],[9].

Dix soldats français ont été tués, 21 autres ont été blessés et de 10 à 80 talibans ont été tués ainsi que 20 à 40 civils. Les pertes pour l'armée française ont été les plus élevées en une seule fois depuis l'attentat du Drakkar en 1983 à Beyrouth, qui avait coûté la vie à 58 soldats français[10]. Cette embuscade a infligé le plus grand nombre de victime à la FIAS depuis deux ans[4] et a eu une réaction politico-médiatique internationale[4],[11],[12],[5]. En France, les répercussions ont provoqué un débat politique sur la pertinence de la présence française et internationale en Afghanistan, ainsi que sur le niveau opérationnel de l'armée française.

Sommaire

Contexte : la deuxième guerre d'Afghanistan

Tireur de précision français allongé sur un talus.
Tireurs de précision du 2e régiment étranger d'infanterie en Afghanistan en 2005 armé d'un FR-F2.

Depuis le renversement du régime taliban par la coalition internationale en 2001, la situation n'a cessé de se dégrader pour la FIAS, avec une recrudescence des attaques terroristes et de guérilla et donc une augmentation des pertes militaires, qui ont dépassé, au cours de certains mois de l'année 2008, celles subies dans la guerre d'Irak pour les forces américaines qui représentent la majorité des effectifs de la FIAS. Alors que la production afghane d'opium – en 2008, elle représentait 93 % de sa production mondiale[13] – a repris de plus belle et que l'argent de son trafic finance aussi bien des responsables du gouvernement afghan que les talibans[14], près de la moitié du pays échappe au contrôle du gouvernement afghan qui n'exerce qu'un contrôle limité en dehors de Kaboul. C'est ce qui conduit l'ONU à craindre, fin 2006, que l'Afghanistan ne devienne un état en déliquescence[15].

C'est dans ces conditions que les États-Unis et le Canada, impliqués dans des engagements armés dans différentes régions du pays, demandent de l'aide à leurs alliés de la coalition, dont la France, qui avaient jusqu'ici une mission de « stabilisation du pays » et d'appui au gouvernement. Le Canada, qui a le même effectif en place que la France et a perdu 80 hommes, contre 14 pour les Français, va même jusqu'à menacer de retirer ses troupes[7]. Devant la situation et malgré le fait qu'il avait suggéré un retrait des troupes françaises entre les deux tours de la campagne électorale de 2007, le président français Nicolas Sarkozy annonce en novembre 2007 un renforcement des effectifs militaires français qui étaient alors de 1 100 hommes, précisant que « l'échec n'était pas une option »[16]. Les forces françaises qui, jusqu'ici, se cantonnaient surtout à la formation des forces afghanes et au maintien de l'ordre dans la région de Kaboul, dans le cadre de la « stabilisation du pays » décidé par l'ancien président Jacques Chirac et le gouvernement Jospin, vont passer à un engagement armé[7]. 2 600 soldats français sont déployés en Afghanistan en août 2008[17].

Situation à Surobi avant l'embuscade

Cinq hommes des Forces italiennes de la FIAS dont un sous perfusion.
Forces italiennes de la FIAS (image d'archive).

Les Français, qui ont déjà eu la zone sous leur contrôle en 2006 et 2007, n'ont dépassé le 35e parallèle qu'une seule fois, le secteur au-delà étant considéré comme dangereux[18]. Ensuite jusqu'en août 2008, le district de Surobi est sous la responsabilité de 140 soldats italiens, qui ont entrepris des actions civilo-militaires et des projets de développement en faveur de la population locale, dans le cadre de la stratégie « d'approche globale » de la FIAS, comme par exemple en rénovant des écoles, le gouvernement italien considérant que le mandat de la FIAS se limite à la stabilisation du pays sans engagement armé[7]. Le district est présenté par l'OTAN comme un exemple de réussite dans le rétablissement de la sécurité et il est considéré comme un secteur militaire tranquille. Cependant, certains officiels reconnaissent qu'il y avait encore des poches de résistance d'insurgés dans des zones isolées comme la vallée d'Uzbin. Des militants talibans et des forces loyales au seigneur de guerre Gulbuddin Hekmatyar sont reconnues comme actives dans le district[12]. Selon un reportage de The Times d'octobre 2009 et démenti par L'OTAN, le calme est dû au fait que les services secrets italiens ont payé les insurgés afin de ne pas subir d'attaque, pratique dont les Français n'étaient pas informés[18]. Les Italiens ne sortaient presque plus de la base depuis qu'ils comptaient un mort dans leurs rangs[6].

En août, à la suite du changement de commandement de la région centre de la FIAS, qui passe de l'Italie à la France, les forces françaises en Afghanistan remplacent les Italiens dans la base de Tora qui contrôle la route reliant Kaboul à la frontière pakistanaise[19]. Cette base avait été créée par l'Armée rouge au début de la guerre civile Afghane, et la garnison d'une cinquantaine de soldats russes avait été entièrement tuée en 1984, les blessés achevés par les moudjahidins[20]. Contrairement aux Italiens qui se cantonnaient à des actions humanitaires, les Français commencent des patrouilles militaires dans ce secteur stratégique, les talibans ayant des bases arrière au Pakistan[7]. Les italiens n'étaient jamais allé dans la vallée d'Uzbin[21]. La France et ses militaires ont une image pro Massoud, nom du commandant d'ethnie Tadjik qui combattait les talibans alors que Gulbuddin Hekmatyar était opposé à Massoud[21]. Les soldats français font une reconnaissance dans la vallée trois jours avant l'embuscade, et ils sont prévenus de ne pas aller plus loin par des villageois[22]. Les Français leur confirment néanmoins qu'ils reviendront[6].

Déroulement de l'embuscade

Disposition des forces

Véhicule de l'avant blindé français en patrouille.
Véhicule de l'avant blindé français patrouillant près de Surobi en 2009.

Le 18 août, une patrouille composée d'une centaine d'hommes quitte la base opérationnelle avancée de Tora à bord d'une vingtaine de véhicules blindés. Elle comprend la section Carmin 2 du 8e régiment de parachutistes d'infanterie de marine, la section Rouge 4 du régiment de marche du Tchad, une autre de l'Armée nationale afghane (ANA), et une section de la garde nationale américaine, composées de 15 hommes sur deux pick-ups, et 12 membres des forces spéciales des États-Unis, composés d'une équipe de soutien aérien rapproché JTAC et son escorte[23]. La mission consiste à reconnaître le terrain et prendre contact avec les populations, point important dans une guerre contre-insurrectionnelle[24], c'est-à-dire reprendre une zone abandonnée aux talibans[25]. La vallée d'Uzbin est moins déserte que les autres vallées alentour et est peuplée de 30 000 habitants[24]. La patrouille s'attend à trouver des insurgés talibans dans la vallée[8] mais ne bénéficie d'aucune reconnaissance aérienne ou d'héliportage sur les crêtes pour éviter une embuscade, les hélicoptères français étant utilisés pour une mission d'inspection de haut-gradés[6].

Talibans armés de fusils et de lances-roquettes installés à l'arrière d'un pick-up.
Talibans armés de fusils d'assaut AK-47 et de lances-roquettes RPG-7 (image d'archive).

Pendant ce temps, 140 insurgés prennent position sur le col que la patrouille doit traverser. Cette préparation des insurgés avait fait suspecter une fuite d'information volontaire ou forcée provenant notamment de traducteurs afghans, disparus peu auparavant du camp de Tora[7]. Cette information a été démentie par l'armée française et par les talibans, qui ont précisé qu'ils avaient des guetteurs et préparé des caches d'armes dans les environs[3].

Le groupe taliban est constitué principalement de combattants étrangers selon un communiqué du secrétaire général de l'Élysée[26], information démentie par un des chefs du groupe taliban qui admet cependant une aide en armes, combattants et financement de l'étranger[3]. Une enquête du Parisien montre que l'embuscade a d'abord été improvisée par des responsables locaux du Hezb-e-Islami Gulbuddin, parti islamiste armé considéré comme terroriste par la FIAS et qui tient la vallée d'Uzbin, auquel se serait joint les talibans devant l'ampleur de l'opération[1]. Une enquête du Nouvel Observateur a confirmé cette répartition des forces, qui était constituée aussi de villageois des environs affiliés à l'une ou l'autre des organisations, alors que, dans un autre entretien, des chefs talibans affirment que le Hezb-e-Islami Gulbuddin n'a pas participé à l'opération. Les journalistes précisent que la plupart des combattants talibans ayant participé à l'embuscade et leurs chefs sont des réfugiés afghans qui résident au Pakistan et passent fréquemment la frontière[27].

Les insurgés ont préparé l'embuscade dans le cadre d'une stratégie d'encerclement de la capitale afghane, Kaboul, l'OTAN dépendant à 70 % des approvisionnements passant par cette route qui va jusqu'à Jalalabad et au Pakistan. L'ordre a été donné depuis le siège du mouvement Hezb-e-Islami Gulbuddin basé au Pakistan, en concertation avec les talibans[28]. Cependant, des commandants talibans ayant participé à l'embuscade affirment que le Hezb-e-Islami Gulbuddin n'a pas participé à l'attaque, et que celle-ci a été préparée en deux heures à peine par trois unités de talibans afghans. Une partie d'entre eux vit au Pakistan qui n'est qu'à trois heures de la vallée de Surobi[27].

Le pays et les zones tribales pakistanaises abritent des millions de réfugiés afghans, la frontière est extrêmement poreuse et permet le passage de combattants ou de nombreux trafics tel que l'opium et les armes. Ces talibans étaient généralement soutenus par une partie des services secrets pakistanais. Une certaine rivalité existe entre les talibans et le Hezb-e-Islami Gulbuddin[27].

Embuscade et tentative d'encerclement des troupes françaises

Carte topographique détaillant la position des forces en présence lors des premiers tirs.
Arrivée à 50 mètres du col, Carmin 2 se retrouve sous le feu de deux groupes d'insurgés au nord et au sud de sa position[29].
Carte topographique détaillant la position des forces en présence lors de l'arrivée d'un troisième groupe d'insurgés.
Rouge 4 fait mouvement pour secourir Carmin 2 et tombe sous le feu d'un troisième groupe d'insurgés embusqués derrière une crête au nord de Sper Kunday[29].
Carte topographique détaillant la position des forces en présence lors de la tentative d'encerclement.
Rouge 4 se déploie et contourne Sper Kunday par le nord. Ce faisant, elle tombe sur un autre groupe d'insurgés faisant mouvement pour encercler le village et prendre les VABs de Carmin 2 à revers. Un combat de rencontre éclate[29].

Vers 13 heures 30, après avoir débarqué de quatre véhicules de l'avant blindé (VAB) parce qu'il était impossible de poursuivre par la piste[24], une partie de la section Carmin 2 accompagnée d'un légionnaire du 2e régiment étranger de parachutistes et d'un interprète, soit 24 hommes, effectue à pied une reconnaissance d'un petit col à 1 750 mètres d'altitude situé à l'est de la vallée d'Uzbeen et contrôlant les accès dominant le village de Sper Kunday, et situé à 10 kilomètres à peine de leur base[7]. Les quatre VAB de Carmin 2 et leurs équipages, soit 8 hommes, restent en soutien au pied du col, plus loin se trouve la section Rouge 4[2]. La section de l'ANA est retardée suite à une panne et rejoindra le village plus tard. La section de la garde nationale, en fait une unité de police militaire, garde un barrage plus bas dans la vallée.

La colonne s'étirant, les premiers éléments arrivent à 15 heures 30[30] ou 15 heures 45[24] selon les sources à 50 mètres du but. C'est alors que les talibans, situés sur la crête septentrionale, ouvrent le feu avec des fusils de sniper SVD Dragunov[23], des fusils d'assaut AK-47 et des lance-roquettes RPG-7[6]. L'avant garde de la section Carmin 2, prise par surprise et en infériorité numérique, est débordée. Les combats sont confus, ont lieu dans la poussière, les belligérants sont très proches et il y a des pertes des deux côtés dès les premières minutes de l'engagement. Le chef de section, l'adjudant Gaëtan Évrard, blessé, compare à la radio la situation à la bataille de Bazeilles[23]. L'interprète et un opérateur radio sont mortellement blessés, une deuxième radio est détruite et la colonne se disperse pour chercher des abris et s'éparpille sur 200 mètres[2]. Les talibans sont 150[20] et se battent à cinq contre un[6]. D'après un instructeur de Tora, trois snipers talibans concentrent leurs tirs sur certaines cibles : officiers, interprète, radio et infirmier, une technique militaire pakistanaise ou tchétchène[20].

Simultanément, les talibans attaquent depuis une crête au nord du village l'arrière de Carmin 2, c'est-à-dire le groupe de VAB qui est 600 mètres plus bas[2]. Les VAB répliquent à la mitrailleuse de 12,7 mm pour soutenir l'avant de la colonne qui est immobilisée par les tirs ennemis. Les soldats français décrivent des talibans combattant avec des techniques occidentales, et ayant parfaitement préparé l'embuscade, coinçant les Français dans ce qui est décrit par les survivants comme une « zone [qui] était comme un fer à cheval. Nous étions en plein centre, encerclés.»[2]

La section Rouge 4 du régiment de marche du Tchad, qui était placé en appui à un kilomètre du village, se porte au secours de la section prise sous le feu et atteint les abords de Sper Kunday huit minutes plus tard, mais sans faire la jonction avec l'arrière de Carmin 2, toujours fixée, et ne peut que la soutenir à distance avec ses mitrailleuses et quatre tirs de missile Milan. Elle est aussi prise à partie par les tireurs talibans[24] et ne peut déployer ses mortiers, pourtant réclamé par Carmin 2. Les positions des talibans sur les crêtes d'un cirque leur permettent de manœuvrer pour essayer d'encercler la patrouille en descendant vers les abords du village. La patrouille est prise au piège[30] et presque encerclée[8], elle peine à maintenir libre l'accès vers la vallée.

La patrouille demande des renforts dès 15 heures 52, puis le chef de section de Carmin 2 demande un appui aérien, à 16 heures 10, guidé par l'équipe JTAC américain. Deux McDonnell Douglas F-15 Eagle américains en alerte arrivent quelques minutes plus tard mais ne peuvent bombarder car Français et talibans sont trop proches les uns des autres[30], une manœuvre tactique des talibans qui avaient anticipé la riposte aérienne[24]. Les Fairchild A-10 Thunderbolt II arrivent 10 minutes plus tard, mais sans pouvoir tirer eux non plus, à cause de l'imbrication. Une autre explication est que le JTAC américain était encore en formation et n'a probablement pas pu fournir un ciblage complet[31], ce groupe a été relayé une heure plus tard par un autre JTAC américain posté sur une crête proche.

La position est intenable pour la partie de Carmin 2 en haut du col qui essaye de se mettre à couvert des tirs croisés extrêmement précis en ripostant au FA-MAS ; des duels de snipers ont lieu. Les talibans sont si proches que les Français utilisent des grenades à main pour se dégager ; certains soldats se sacrifient pour couvrir la retraite de leur section et de leur sous-officier, maintenir le contact radio ou pour tenter de secourir les blessés[23],[6]. Les munitions commencent à manquer pour Carmin 2[2],[23]. Le lieutenant qui dirige la section Rouge 4 a plus tard dit « c'est un miracle qu'on s'en soit sorti ! »[8].

Arrivée des renforts

Tir de missile par un homme placé derrière un talus.
Tir de missile Milan (image d'archive).

La force de réaction rapide appelée en renfort depuis Tora rejoint la zone de combat une heure vingt minutes après le début de la bataille, soit à 17 heures 05. Elle est composée des sections Rouge 3 du RMT et Carmin 3 du 8e RPIMa, renforcées d'un groupe d'appui disposant de mortiers, de VAB avec canons de 20 mm et de missiles Milan ainsi qu'une équipe de neutralisation et enlèvement des explosifs (EOD). Elle est prise à partie avant d'arriver au village mais réussit à fournir un tir d'appui à Carmin 2 et Rouge 4[24] et ravitailler l'équipage des VAB de Carmin 2 en munitions[2]. Pendant ce temps, les talibans reçoivent également des renforts.

À 17 heures 50, les talibans continuent l'encerclement malgré les renforts et s'approchent dangereusement de Sper Kunday. La situation devenant critique les Fairchild A-10 Thunderbolt II et les Bell OH-58 Kiowa commencent leurs tirs d’appui aérien malgré la proximité des combattants. Ils attaquent les positions des insurgés pendant une heure pour les empêcher d'encercler Sper Kunday et de poursuivre les éléments de Carmin 2 qui commencent à regagner le village[24], le plus souvent par petits groupes. Certains témoignages de soldats font état de tirs amis lors de ces bombardements ou par des soldats de l'armée nationale afghane[25],[2], informations démenties par l'état-major. Deux hélicoptères Sikorsky UH-60 Black Hawk américains essayent d'évacuer les blessés mais ne peuvent se poser à cause des nombreux tirs talibans[30].

Débarquement d'hommes depuis un hélicoptère Eurocopter EC725.
Eurocopter EC725 et soldats français en Afghanistan (image d'archive).

À 18 heures 15, deux hélicoptères Eurocopter EC725 Caracal venus de Kaboul déposent un médecin, des commandos de l'air puis, lors d'une deuxième rotation, quatre tonnes de fret dont trois et demi de munitions qui ont été immédiatement acheminés aux éléments sous le feu[32]. Les deux hélicoptères Caracal étaient au préalable retenus par leur mission d'extraction du président Hamid Karzai, mission pour laquelle ils étaient la seule escadrille entraînée disponible. Les deux hélicoptères ainsi que le personnel soignant et les commandos de l'armée de l'air déposés sur la zone de combat, assurent ravitaillement et évacuation médicale de 18 heures à 8 heures le lendemain matin, soit 14 heures en continu[32]. À 18 heures 25, les mortiers de 81 mm du groupe de renfort commencent leurs tirs[30].

Au crépuscule vers 19 heures 30, Carmin 2 continue à se désengager, mais l'essentiel de la colonne est toujours quasiment encerclée, les talibans continuant leur mouvement d’encerclement du village. Les mitrailleuses de 12,7 mm de Carmin 2 commencent à manquer de munitions[23]. En tout, certains éléments de Carmin 2 restent quatre heures encerclés sans renfort, dont une bonne partie sans autre munition que celles de leur FA-MAS[25], d'autres plus de huit heures[23]. Une partie d'entre eux a l'impression d'avoir été abandonnée, mais l'état-major souligne que la perception du temps au cours d'un combat est altérée et que la compréhension des événements est réduite. D'autres ravitaillements en munitions et surtout en eau ont été effectués pendant la nuit[2].

Une demi-heure plus tard, les renforts en provenance de Kaboul arrivent par la route. Ils sont constitués de trois sections du RMT ainsi que d'appui lourd sous la forme de tirs de mortier de 120 mm. Les premiers blessés sont évacués par les deux hélicoptères Caracal. Des drones Predator guident les tirs alors qu'il fait nuit[24].

Reprise du contrôle de la zone par la FIAS

Attaque nocturne d'un avion Lockheed AC-130.
Lockheed AC-130 tirant lors d'une attaque nocturne (image d'archive).

Dès 21 heures, la section Carmin 3 entreprend l'ascension du col pour dégager et ramener les hommes vivants ou morts[2]. À 22 heures, les renforts venant de Kaboul reprennent les abords du village. Des hélicoptères Bell OH-58 Kiowa et des avions Lockheed AC-130 américains traitent les crêtes aux alentours. Deux heures plus tard la zone est sous contrôle, les tirs ont cessé à Sper Kunday et la section Carmin 3 suivie de la section Rouge 3 du RMT reprennent les positions perdues sur les pentes menant au col. À 1 heure 40 le 19 août, les premiers corps des soldats sont retrouvés[24]. Pendant la nuit les forces spéciales norvégiennes aident les forces françaises[33]. La plupart des cadavres ont été dépouillés[7] et certains corps ont été retrouvés alignés[34]. Les derniers ne sont retrouvés que le matin[30]. Tout au long de la nuit, les éléments de Carmin 2 coincés en haut du col redescendent en rampant dans l'obscurité, parfois à quelques mètres des talibans[2]. Un des chefs taliban de l'embuscade, le commandant Farouki, déclare plus tard que si la nuit n'était pas tombée, ils auraient tué tous les Français[3].

À l'aube, les troupes de la FIAS ont repris le contrôle du col où une section Carmin 1 est héliportée en renfort en Caracal. Ses éléments commencent à reconnaître les crêtes commandant le col, mais ils sont rapidement pris à parti par des tirs de mortier, d'armes légères et de mitrailleuse depuis le nord. Ils réussissent à se dégager et à détruire les positions de leurs assaillants en effectuant un tir de mortier de 120 mm. À midi les talibans ont décroché, la vallée est à nouveau sous contrôle de la FIAS qui procède au désengagement complet[24].

Poursuite des talibans et accusations de représailles sur des civils

Des bombardements ont lieu dans la nuit sur les talibans qui se sont repliés dans la province de Laghmân. Ayant eu des morts et des blessés, ils se sont séparés pour aller vers trois villages non loin de l'embuscade, villages qui ont été bombardés pendant trois jours par les forces de l'OTAN, faisant 40 morts civils, des dizaines de blessés, détruisant 150 maisons et créant 2 000 réfugiés[3]. Un des villages a reçu 70 bombes et beaucoup d'habitants afghans considèrent ces bombardements comme des représailles[3]. Le général Georgelin devant la commission de défense des forces armées mentionne comme résultat que ces bombardements permettent « de détruire deux énormes caches destinées à la logistique des insurgés », mais sans évoquer des dommages collatéraux[24]. Pour les services secrets afghans, ce sont surtout des femmes et des enfants qui ont été tués dans les bombardements de l'OTAN, prouvant la participation des hommes à l'embuscade[28]. Le village de Sper Kundai a également subi quatre tirs de missiles Milan français selon des témoignages militaires[7]. Le commandant taliban Farouki qui a dirigé une partie de l'embuscade déclarera plus tard qu'« une maison bombardée, c'est un nouveau combattant à nos côtés. Ça s'appelle l'esprit de vengeance. C'est normal. Surtout ici. »[3]

Bilan

Photographie d'un Béret rouge de parachutiste d'infanterie de marine.
Béret rouge de parachutiste d'infanterie de marine.

Les pertes de la FIAS sont lourdes surtout pour l’armée française qui perd dix hommes dont huit tués par balles ou éclats d'obus, un tué à l'arme blanche et un dernier dans un accident alors qu'il se rendait sur les lieux du combat[35]. L'interprète afghan qui accompagnait les Français a été tué après avoir été torturé et son cadavre a été retrouvé mutilé[1]. Il y a en outre 21 blessés français et l'armée afghane compte 2 blessés. Les premières communications officielles évoquaient des pertes françaises seulement lors des premiers tirs talibans alors que des soldats témoins ont évoqué des pertes tout le long de l'affrontement[25], certains morts ayant succombé à leurs blessures car ne pouvant être évacués[2]. Le fait que les corps aient été retrouvés alignés et des témoignages de soldats français faisant état de plusieurs Français égorgés indiquent que quatre soldats français capturés auraient pu être exécutés, information démentie par l'armée française et le gouvernement[34],[35]. Des commandants talibans ont affirmé ne pas avoir torturé les blessés mais les avoir achevés[27]. La section Carmin 2, celle fixée en haut du col, compte à elle seule 9 morts et 17 blessés pour 31 hommes engagés[36]. Selon un porte-parole des talibans, cinq véhicules ont également été détruits, et des mines ont été utilisées au cours de l'attaque[25]. De l'équipement militaire léger a été capturé par les insurgés, dont quatre FA-MAS, deux mitrailleuses légères FN Minimi, deux fusils de précision FR-F2, des jumelles, des radios, des gilets pare-balles et des casques. Six VAB ont été endommagés[29].

L'ampleur des pertes talibanes est plus débattue, l'état-major français parlant de 30 à 80 morts talibans, alors qu'un seul cadavre a été découvert au lendemain de l'embuscade par les troupes de la FIAS selon des sources du Canard enchaîné[37], confirmé plus tard par l'armée française[38]. Le journaliste Frédéric Pons reprend ce chiffre de 80 talibans tués dans ce combat et la contre-offensive[6]. Le 24 septembre 2008, le chef de guerre Gulbuddin Hekmatyar revendique la responsabilité de l'attaque, et affirme que dix de ses hommes sont morts dans les combats[39]. Les talibans ont également perdu selon l'armée française un important cadre fondamentaliste[5].

Quatre missiles Milan ont été tirés contre le village de Sper Kunday, et des attaques aériennes ont été lancées contre d'autres hameaux le lendemain. Selon l'agence Pajhwok, ces attaques auraient fait de plusieurs dizaines[7] à quarante victimes civiles et 2 000 réfugiés[3].

Si l'embuscade représente les pertes les plus élevées en une seule fois depuis 25 ans pour l'armée française, elle n'est pas un acte exceptionnel ou isolé dans cette semaine de la guerre d'Afghanistan : le jour du début de l'embuscade, une voiture piégée tue une dizaine de civils à Khost et des commandos suicide talibans équipés de vestes explosives attaquent plus tard la base américaine de la ville sans faire de victimes à part eux-mêmes. Les combats qui s'ensuivent durent douze heures[4]. Deux jours après la fin de l'embuscade d'Uzbin, un bombardement américain ciblant un chef taliban sur le village d'Azizabad fait 90 morts civils dont 60 enfants selon l'Organisation des Nations unies[40].

Événements ultérieurs

Réactions internationales

Le président afghan Hamid Karzai présente ses condoléances au peuple français[41]. Les chefs d'États et de gouvernements de divers autres pays – Gordon Brown pour le Royaume-Uni, George W. Bush pour les États-Unis, Silvio Berlusconi pour l'Italie ou encore Stephen Harper pour le Canada – rendent également hommage aux soldats français[5].

Répercussions en France

Photographie du président français Nicolas Sarkozy et du général Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées, passant en revue les troupes lors du défilé du 14 juillet 2008 sur les Champs-Élysées.
Le président français Nicolas Sarkozy et le général Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées (image d'archive).

Dès le 20 août, le président Nicolas Sarkozy se rend en Afghanistan pour rendre hommage aux tués, visiter les blessés et réaffirmer l'engagement français, soutenant qu'il n'avait aucun regret d'avoir renforcé le dispositif de 700 hommes plus tôt dans l'année. Pendant un discours en hommage aux tués français, une mimique du président ayant pu être interprété comme un ricanement, ce que celui-ci conteste, crée une polémique en France[42]. Tous les soldats tués lors de l'embuscade sont faits à titre posthume chevaliers de la Légion d'honneur lors de funérailles nationales le 21 août[17]. Le lendemain, un sondage révèle que 55 % des Français sont favorables à un retrait des troupes d'Afghanistan[43]. Une controverse apparaît dans l'opinion sur l'âge et l'expérience des soldats engagés, contesté par l'armée française qui souligne que les soldats de la patrouille avait l'âge moyen des unités professionnelles, et que tous les soldats bénéficiaient d'un an de service et pour la plupart d'expérience en opérations extérieures[44]. Le 8e RPIMa est considéré comme une unité d'élite de l'armée française[45].

Le 10 septembre, le général Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées est auditionné devant les commissions de la défense et des affaires étrangères de l'assemblée nationale[24]. Le 12 septembre, les familles des soldats se rendent en Afghanistan, accompagnées du ministre de la défense Hervé Morin. Ce voyage de deuil à l'instigation des familles est jugé nécessaire par le président Sarkozy[46].

Le 22 septembre 2008 en France, la majorité à l'Assemblée nationale, représentée principalement par le parti de droite UMP, vote pour le maintien des forces françaises en Afghanistan, dont le retrait était demandé par l'opposition de gauche dont le Parti socialiste. Déclarant à la tribune de l'assemblée « avoir tiré les enseignements de l'embuscade », le Premier ministre François Fillon annonce le déploiement de moyens militaires supplémentaires, dont des drones, des hélicoptères et une centaine d'hommes[47].

Lors du vote au parlement de la redistribution des troupes françaises en opérations extérieures en janvier 2009, l'envoi de nouveaux renforts en Afghanistan n'est pas décidé, en partie à cause des effets de l'embuscade d'Uzbin sur l'opinion et le gouvernement[48]. En février 2010, la France n'envoie que 80 instructeurs en renfort alors que les États-Unis demandaient 1 500 hommes supplémentaires, toujours à cause de l'impact de l'embuscade d'Uzbin sur l'opinion publique[49].

Selon le commandant l'aviation légère de l'armée de Terre, il y a « un avant et un après Uzbin » au niveau tactique, avec une plus grande utilisation des hélicoptères d'attaque et de manoeuvre[50].

Opérations militaires

Photographie d'une colonne de Véhicule blindé léger.
VBL français en instance de départ pour un retour dans la vallée d'Uzbin, Surobi le 17 octobre 2008.

Le 30 août, les forces militaires américaines en Afghanistan annoncent avoir tué dans la province de Kâpîssâ deux chefs talibans liés à l'embuscade de Surobi[51]. Le 18 octobre 2008, soit deux mois jour pour jour après l'embuscade, une opération conjointe menée par la FIAS et les forces de sécurité afghanes retourne au village de Sper Kunday afin d'empêcher que les insurgés ne s'installent de manière permanente dans la zone et afin de reprendre contact avec les populations civiles. Des combats ont lieu et au moins 7 insurgés sont tués ou blessés. Selon l'état-major des armées françaises, les villageois subissent de fortes pressions de la part des insurgés[52]. En novembre, à la suite d'un renseignement, l'un des chefs de l'embuscade de 28 ans affilié à la fois au Hezb-e-Islami Gulbuddin et aux talibans est tué par les forces spéciales américaines en compagnie de 7 autres talibans dont certains de sa famille[20].

En avril 2009, l'opération Kaman, qui est la plus grande jamais lancée par l'armée française en Afghanistan, retourne dans la vallée d'Uzbin dans les secteurs contrôlés par les talibans. Certains villages n'ont pas vu de soldats étrangers depuis les Russes. Il y a quatre morts et trois blessés chez les talibans lors de combats. Une des missions est de trouver des indicateurs[20]. Fin 2009, le district de Surobi est considéré en voie de pacification[53]. À cette date, une base avancée a été construite dans la vallée d'Uzbin qui est reconquise au deux tiers d'après l'armée française. Cette base subit des attaques fréquentes des insurgés, les patrouilles et les positions de l'armée afghane également, et les villageois sont toujours soumis aux pressions des talibans. Les trois chefs talibans de la vallée d'Uzbin ont été tués pendant l'été 2009 par l'armée afghane et les Américains[54]. En décembre, une autre opération impliquant 1 100 militaires de la FIAS affronte les talibans qui tiennent encore le quart de la vallée. Les combats font un mort taliban et cinq blessés américains[55].

Il y a un succès militaire tactique mais les troupes françaises ont perdu le soutien de la population afghane et la « bataille pour le cœur et les esprits », et l'aide civile au développement n'a pas amélioré la sécurité[21]. La situation politique demeure très complexe dans la vallée, aucun accord fiable n'ayant pu être trouvé avec les autorités locales, la vallée est toujours un axe de passage vers Kaboul pour les talibans venant du Pakistan. Les chefs locaux jouent parfois double jeu entre les militaires français et les talibans, l'un d'entre eux a passé 5 ans dans la prison de Guantánamo, un autre selon une journaliste du Monde fournirait des armes aux insurgés et a un garde du corps qui a participé à l'embuscade d'Uzbin. De plus, les familles d'une quinzaine de victimes civiles d'opérations militaires n'ont pas été indemnisées, ce qui sert la propagande des talibans[21].

Le 30 décembre 2009, les journalistes français Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière sont enlevés par un groupe taliban armé sous les ordres d'un commandant de la province de Kâpîssâ qui avait participé à l'embuscade d'Uzbin selon la DGSE[56].

Controverse sur l'interview de talibans dans Paris Match

Éric de la Varenne, reporter pour Paris Match, et Véronique de Viguerie, photographe, rencontrent et interrogent un groupe de talibans qui affirment avoir participé à l'embuscade. Des photos sont prises d'au moins deux d'entre eux portant des gilets pare-balles, FA-MAS, casques et uniformes français[57]. Le chef du groupe, le commandant Farouki, demande dans cette interview aux Français de quitter l'Afghanistan sans quoi ils seront tous tués. Il confirme que les Français « ont franchi une limite » en arrivant dans la vallée d'Uzbin qui est un territoire qui leur appartient, corroborant les informations reçues par les forces de l'OTAN. Il affirme également qu'aucun Français n'a été torturé[3].

La diffusion de ces photos et des messages des chefs taliban dans Paris Match le 3 septembre, soit à peine plus de deux semaines après l'embuscade, a provoqué une polémique en France, auprès des familles des soldats tués, dans une partie de la presse, dans le gouvernement et pour l'armée qui accuse Paris Match de servir de support à la propagande des talibans[58],[29]. Le fait que les talibans aient en leur possession du matériel pris sur des soldats français, y compris une montre rendue symboliquement par le commandant taliban confirme pour la presse que certains corps ont été abandonnés un long moment, voire que certains soldats ont été faits prisonniers puis exécutés selon plusieurs témoignages et rapports, version formellement démentie par l'état major de l'armée française[34],[29]. Une autre hypothèse est que les talibans voulaient garder les corps pour les filmer pour leur vidéo de propagande[3].

Controverses sur l'organisation de la patrouille

Photographie d'un drone sur une rampe de lancement.
L'absence de reconnaissance aérienne préliminaire, notamment par des drones, a été une des controverses (Ici un Système de drone tactique intérimaire, déployé ultérieurement en Afghanistan, image d'archive).

Rapport de la Frenic

L'opération de reconnaissance était mal préparée selon la Frenic (French National Intelligence Cell), cellule du renseignement national français travaillant pour l'OTAN, dans un rapport à destination de l'état major et du renseignement militaire. Le rapport s'interroge sur le manque rapide de munitions lors d'un premier accrochage alors que l'opération devait durer plusieurs jours, l'absence d'appuis collectifs pour un détachement d'une centaine d'hommes et le manque d'observation et de surveillance en avant de la patrouille. L'origine de ce rapport dévoilé par Le Canard enchaîné le 3 septembre 2008 a été contesté par l'état-major français[34].

Rapport/Compte rendu de l'OTAN

Selon un document publié par le quotidien canadien The Globe and Mail le 20 septembre 2008, et présenté comme un « rapport secret de l'OTAN », la patrouille manquait de moyens et de préparation : plus de munitions au bout de 90 minutes de combat, une seule radio pour la section française et des troupes afghanes qui se sont enfuies très rapidement en abandonnant leur matériel sur le terrain. Au contraire les talibans semblaient avoir été très bien préparés[59]. L'existence de ce rapport a d'abord été nié par l'état major français, l'OTAN et le ministre de la défense française[59], puis requalifié par ceux-ci de « compte rendu » rédigé par le chef du détachement américain de la patrouille, et présentant des éléments faux[60].

Controverses internes

Des officiers de l'armée française en France et en Afghanistan ont critiqué également les faibles réserves de munitions, le manque de moyens radios, de mortiers, de reconnaissance aérienne préliminaire et l'absence de coordination et de commandement entre les différentes sections de la patrouille, afghane, américaine et française[6] et le convoyage de renforts principalement par la route[61]. Le commandant du 8e régiment de parachutistes d'infanterie de marine a répondu aux critiques sur le site internet des familles des soldats du régiment par une interdiction de commentaires et des menaces de poursuites pour diffamation[62]. Le général français Michel Stollsteiner, commandant des Forces alliées pour la région de Kaboul au moment de l'embuscade, admet « un excès de confiance » dans une zone considérée comme en gros sécurisée[22]. Si des soldats présents à l'embuscade se sont considérés comme abandonnés, sans soutien aérien ou de mortiers[2], d'autres estiment qu'ils ont agi comme ils ont appris à l'instruction[23]. Les soldats de Carmin 2 avaient la réserve individuelle maximum de munitions dans leur équipement, soit 200 cartouches, mais insuffisant pour un combat de cinq à six heures sans possibilité de réapprovisionnement[6].

Plainte des familles

Les plaintes contre X des familles des soldats français morts au combat, déposées auprès du tribunal aux armées de Paris en octobre 2009 pour « mise en danger de la vie d'autrui » en considérant l'intervention comme mal préparée, sont classées sans suite en février 2010[63].

Annexes

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Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : Ouvrage utilisé comme source pour la rédaction de cet article

Articles connexes

Cartes

Notes et références

Notes

Références

  1. a, b, c et d Notre enquête en Afghanistan, Le Parisien.fr, 4 septembre 2008
  2. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l et m Afghanistan : les témoignages accablants et poignants des paras, Paris Match, Caroline Fontaine, Édition web 16/10/2008 (déjà édité dans PM n°2533 du 28 août).
  3. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j et k « Exclusif : nos journalistes ont retrouvé les talibans qui ont abattu les dix soldats français », Éric de la Varenne, photos : Véronique de Viguerie, Paris Match N°3094, 4 septembre 2008
  4. a, b, c, d et e (en) Jerome Starkey, « War in Afghanistan: The battle of Surobi », The Independent, 20 août 2008
  5. a, b, c et d Dix soldats français tombent dans le piège afghan, Ouest-France, 20 août 2008
  6. a, b, c, d, e, f, g, h, i et j Afghanistan. Retour dans la vallée de la mort, entretien avec Frédéric Pons, Paris-Match, 7 août 2009.
  7. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k et l Florence Aubenas, « Afghanistan : les morts de la vallée d'Uzbeen », Le Nouvel Observateur, semaine du 28 août 2008. Consulté le 24 septembre 2008
  8. a, b, c et d Un lieutenant blessé en Afghanistan raconte l'embuscade, Le Point, Jamila Aridj, 11/9/2008
  9. (en) Carte district de Surobi, AIMS
  10. L'attaque la plus meurtrière depuis 1983, Le Figaro.fr, 19 août 2008
  11. (en) Afghan militants hit US base, kill 10 French, China Daily, 20 août 2008
  12. a et b (en) Jason Straziuso, Shah Amir, « Afghan militants kill 10 French, strike at US base work », The Washington Post, 20 août 2008. Consulté le 21 août 2008
  13. Fiche République Islamique d’Afghanistan, ministère des affaires étrangères
  14. (en) Is Afghanistan's Drug Trade Paying Al Qaeda?, abcnews.go.com, 19 septembre 2002
  15. (en) Afghanistan could return to being a 'failed State,' warns Security Council mission chief, Agence de presse des Nations-Unies, 22 novembre 2006
  16. Sarkozy envisage l'envoi de renforts en Afghanistan, L'Express.fr, 8 novembre 2007
  17. a et b (en) Sarkozy pays tribute to soldiers, BBC, 21/08/2008
  18. a et b Comment l'Italie contrôlait la vallée d'Uzbin en Afghanistan, L'Express, 15/10/2009.
  19. « La France touchée au cœur », Paris Match no 3093, 28 août 2008
  20. a, b, c, d et e Afghanistan : "Opération Kaman"., Jean-Paul Mari, grands-reporters.com, 2 avril 2009 (paru sur le Nouvel Obs à la même date).
  21. a, b, c et d Les troupes françaises face à une hostilité croissante de la population afghane, Natalie Nougayrède, Le Monde, 17 octobre 2009
  22. a et b Le général français avoue « un excès de confiance », Le Parisien.fr, 25/8/2008
  23. a, b, c, d, e, f, g et h Exclusif : Afghanistan, les blessés témoignent, Valeurs actuelles, 29 septembre 2008
  24. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l et m Jean-Louis Georgelin, Chef d'état-major des armées, « Audition devant les commissions de la défense et des affaires étrangères », 10 septembre 2008
  25. a, b, c, d et e « Les soldats blessés racontent l'embuscade, les combats, les erreurs... », Le Monde, Jacques Follorou, le 20/08/08
  26. La majorité des assaillants n'étaient pas Afghans, Le figaro, 23/08/2008
  27. a, b, c et d Pakistan : rencontre avec les talibans d'Uzbin « Nous avons achevé les blessés français », Le Nouvel Observateur, 16/10/2008
  28. a et b Afghanistan : après l'embuscade de la vallée d'uzbin, Ceux qui ont piégé les paras, Le Nouvel Observateur, 11/09/2008
  29. a, b, c, d, e et f Mourir pour l'Afghanistan, Jean-Dominique Merchet. Jacob Duvernet, 19 novembre 2008. ISBN 2847242198
  30. a, b, c, d, e et f Isabelle Lasserre, Le Figaro, « Révélations : le récit détaillé de l'embuscade en Afghanistan », 22 août 2008
  31. Jean-Louis Georgelin, Chef d'état-major des armées, « Audition devant les commissions de la défense et des affaires étrangères, version pdf, p23 », 10 septembre 2008
  32. a et b Afghanistan : le 18 août, la nuit la plus longue des pilotes d'hélicos français, Yahoo news, Hervé Asquin, AFP.
  33. Le CEMA aime les forces spéciales mais il "doit faire des choix", Le Mamouth, Jean-Marc Tanguy, 29/6/2009.
  34. a, b, c et d Embuscade en Afghanistan : un rapport met en cause l'état-major, Le Monde, 03/09/08
  35. a et b Embuscade : Tué à l'arme blanche, Matthieu Verrier (avec Reuter), le JDD.fr, 5 septembre 2008.
  36. Afghanistan : la section Carmin 2 entièrement rapatriée, Secret Défense, Jean-Dominique Merchet, 22/8/2008.
  37. Embuscade : Le Canard enchaîne, Jérôme Guillas (avec Reuters), le JDD.fr, 2 septembre 2008]
  38. L'embuscade était particulièrement organisée, TF1-LCI, 31/08/2008
  39. Afghanistan : le chef de guerre Hekmatyar revendique l'embuscade du 18 août, Le Monde, 29 septembre 2008
  40. At least 90 Afghan civilians killed in recent military operations, says UN, UN news center, 26/08/2008
  41. (en) Sarkozy has no regrets after Afghan deaths, The Independant, 20/08/2008
  42. Sarkozy ricane t'il ?, Le Nouvel Observateur, 22/09/2008
  43. Sondage : 55% des Français souhaitent un retrait d'Afghanistan, Le Nouvel Observateur, 23/8/2008.
  44. Une interview du général Michel Roquejeoffre (CR) Questions sur une embuscade, Le Nouvel Observateur, 28/8/2008.
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  46. Embuscade : Les familles sur place, Claire Angot, le JDD.fr, 11 septembre 2008
  47. La liste des moyens supplémentaires arrêtée sur Le Nouvel Obs.com, 23 septembre 2008. Consulté le 24 octobre 2008
  48. Armées : la France réduit la voilure de ses opérations extérieures, L'Express 28/01/2009, Romain Rosso.
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  50. Le monde change, l'aérocombat évolue, Bernard Bombeau, Air & Cosmos, 11 juin 2010
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  52. Afghanistan : opération conjointe en vallée d’Uzbin, Ministère de la Défense, 20/10/2008.
  53. Rapport sur Kaboul, Valeurs actuelles, 12/11/2009.
  54. Raid de nuit en Afghanistan, Paris-Match, 13 novembre 2009
  55. Opération militaire conjointe dans la vallée d'Uzbin, RFI, 18/12/2009.
  56. Les otages sans visage, Le Nouvel Observateur, 29/4/2010.
  57. Afghanistan : les talibans menacent de tuer "tous" les soldats français, selon Paris-Match, Le Parisien.fr du 3 septembre 2008.
  58. Afghanistan : Le choc des photos, Christophe Israël, le JDD.fr, 4 septembre 2008
  59. a et b Embuscade : Un rapport accablant, le JDD.fr, Rémi Duchemin, 21 septembre 2008
  60. Embuscade meurtrière en Afghanistan : Hervé Morin et Jean-Louis Georgelin admettent l'existence d'un "compte-rendu", Le Nouvel Observateur, 22/09/2008
  61. « Des officiers poursuivent l'enquête », Le Canard Enchaîné, 24 septembre 2008.
  62. « Vos gueules, les veuves ! », Le Canard Enchaîné, 24 septembre 2008.
  63. Embuscade d’Uzbin : les plaintes parentales classées sans suite, armees.com, 12 février 2010.
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