- Farhad Khosrokhavar
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Farhad Khosrokhavar (né en 1948 à Téhéran) est un sociologue franco-iranien, directeur de recherche à l'EHESS.
Sommaire
Biographie
Après avoir fait ses études primaire et secondaire en Iran, il arrive à Montpellier en début 1970 et prépare une thèse sous la direction de Michel Henry intitulée « du rapport entre finitude et vérité chez Heidegger » soutenue en 1974. Parallèlement à ces études, il s’intéresse aux mathématiques et obtient une licence dans cette matière.
En 1975, à Paris, il s’initie à la sociologie de l’action en fréquentant les séminaires d’Alain Touraine sous la direction duquel il soutient une thèse sur la « modernisation et appareil d’État en Iran. (1977).
De retour en Iran peu après la révolution iranienne, il enseigne de 1980 à 1987 la sociologie à l’université Buali à Hamadhan et s'intéresse de très près à l'analyse sociologique de cette révolution naissante. C'est une des branches de son activité qu'il suivra toute sa vie.
Quand il retournera en Iran, la Révolution iranienne éclate, il s'intéressera à des enquêtes de terrain, d'où sortira une thèse très considérable, parue en trois volumes, et dont le centre est "L'islamisme et la mort", œuvre qui analyse des interviews d'enfants, futurs "martyrs", prêts à aller se faire sauter sur les mines pendant le conflit Irak Iran. Les deux autres livres L'utopie sacrifiée, et l'Anthropologie iranienne analysent le contexte sociologique et bien sûr idéologique de cette révolution. Revenu en France, il publie cette thèse, et s'intéressera à de très nombreux aspects de l'islam, en France ou ailleurs. Hanté par le devenir de cette civilisation musulmane, il fait partie de ceux qui ont lancé le concept de postislamisme.(voir articles connexes).
Il quitte l'Iran en 1987, et espère trouver un emploi aux États-Unis. Passant par Paris, Alain Touraine lui propose un poste à l'École de hautes études en sciences sociales. À partir de 1991 il devient maître de conférence et ensuite directeur de recherche à l’école de hautes études.
Khosrokhavar est souvent cité pour son étude sur le nombre de détenus musulmans dans les prisons françaises (notamment dans le cadre de l'« affaire Zemmour »). Selon cette étude, commandée par le ministère de la Justice, Khosrokhavar a évalué entre 50 % et 80 % la proportion de détenus qui seraient musulmans dans certaines prisons proches de quartiers dits sensibles[1],[2]. Ce pourcentage fort élevé en milieu carcéral -la population "musulmane" en France n'étant que de 7 à 8 % de la population française totale - serait, selon M. Khosrokhvar, le produit de nombreux facteurs sociaux, économiques et politiques : "La criminalité, et de manière plus générale, la déviance juvénile, sont avant tout d'origine sociale : niveau d'éducation inférieur, chômage des parents, non-accès aux formes de cultures et d'enseignement des classes moyennes, reproduction de la pauvreté, ségrégation dans les banlieues, etc. (...) Mais la délinquance possède aussi des racines anthropologiques. La famille maghrébine s'est déstructurée en une ou deux décennies sous de multiples formes : familles monoparentales, démission du père, perte de sa position hégémonique au sein de l'édifice patriarcal[3]. [Par ailleurs], En France tout particulièrement, la déviance des "musulmans" a partie liée à la défaillance des institutions majeures qui, il y a à peine quelques décennies, étaient encore capables d'assurer l'intégration sociale des immigrés et de leur descendance (...) A la défaillance des institutions s'ajoute un racisme dont les dimensions ont, là encore, tendance à s'étendre à l'ensemble des sociétés occidentales - surtout en ce qui concerne l'islam"[4].
Bibliographie
- L’Utopie sacrifiée : sociologie de la révolution iranienne, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, Paris, 1993, 337 p.
- L’Islamisme et la mort : le martyre révolutionnaire en Iran, éd. L’Harmattan, coll. « Comprendre le Moyen-Orient », Paris, 1995, 424 p.
- Anthropologie de la révolution iranienne : le rêve impossible, éd. L’Harmattan, coll. « Comprendre le Moyen-Orient », Paris - Montréal, 1997, 271 p.
- L’Islam des jeunes, éd. Flammarion, Paris, 1997, 323 p.
- Iran : comment sortir d’une révolution religieuse, éd. Seuil, Paris, 1999, 282 p.
- L’Instance du sacré : essai de fondation des sciences sociales, éd. Cerf, coll. « Passages », Paris, 2001, 320 p.
- Les Nouveaux Martyrs d’Allah, éd. Flammarion, Paris, 2002, 369 p.
- L’Islam dans les prisons, éd. Balland, coll. « Voix et regards », Paris, 2004, 284 p.
- Quand Al Qaïda parle : témoignages derrière les barreaux, éd. Grasset, Paris, 2006, 421 p.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Articles en ligne sur le site Cultures & Conflits (www.conflits.org)
- Islam urbi et orbi... (www.monde-diplomatique.fr)
Notes et références
- http://www.lexpress.fr/culture/livre/eric-zemmour-je-ne-demande-pas-la-francisation-des-noms_854520.html
- [1]
- Farhad Khosrokhavar, L'islam dans les prisons, Paris, Balland, 2004, p. 274
- Farhad Khosrokhavar, L'islam dans les prisons, Paris, Balland, 2004, p. 277
Catégories :- Sociologue français du XXe siècle
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- Enseignant à l'École des hautes études en sciences sociales
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