Religion aux États-Unis d'Amérique

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Religion aux États-Unis d'Amérique

La cathédrale nationale de Washington, de l'Église épiscopale des États-Unis d'Amérique, fut le lieu de cérémonie pour les funérailles de plusieurs présidents : Dwight D. Eisenhower, Ronald W. Reagan, Gerald R. Ford. Woodrow Wilson y est même enterré dans le caveau de la cathédrale. De plus, un service funèbre y fut organisé pour Harry Truman, auquel de nombreuses personnalités étrangères participèrent, ainsi que son épouse d'un grand âge, Bess.

Le thème des religions est indispensable à la compréhension des États-Unis d'Amérique, qui garantissent par leur constitution une grande liberté religieuse. La société américaine accorde une place importante à la religion et à la spiritualité : par exemple, on peut trouver dans chaque chambre d'hôtel une Bible, le plus souvent une "King James Bible", et le président américain n'hésite pas à évoquer Dieu dans ses discours. On parle ainsi souvent de "religion civile". La grande diversité des Eglises et le dynamisme dont elles font preuve sont en grande partie expliqués par l'histoire du pays. Aujourd'hui encore, les différentes Églises sont impliquées dans la vie sociale et politique de la nation.

Sommaire

L'histoire religieuse américaine des origines à nos jours

Les communautés religieuses, qui ont colonisé l'espace américain par vagues successives, sont à l'origine de la diversité de représentation des mouvements religieux dans ce nouveau monde perçu comme une terre de refuge.

La situation à l'époque coloniale[1]

Dès le XVIIe siècle, les colonies anglaises offraient l'asile à ceux qui voulaient fuir l'intolérance religieuse en Europe, mais à des degrés divers.

Carte du Nord-Est de l'Amérique vers 1775

Les colonies de la Nouvelle-Angleterre, fondées par les puritains se montrent très intolérantes envers toutes les autres confessions, comme par exemple les Quakers, dont Mary Dyer, qui en furent les victimes (voir aussi le procès des Sorcières de Salem). C'est pourquoi certains quittent le Massachusetts pour fonder de nouvelles colonies telles que le Rhode Island ou le Connecticut. Dans les colonies esclavagistes du Sud (Virginie, les deux Caroline, Géorgie), les colons ont reproduit une société aristocratique à l'anglaise, où l'Eglise anglicane est la religion officielle.

Inversement, les colonies du centre (New-York, Pennsylvannie, Delaware, New Jersey, Maryland) sont plus ouvertes à la diversité, et accueillent les persécutés. La colonie du Maryland ("la terre de Marie") a été fondée pour accueillir les catholiques anglais. L'ancienne colonie suédoise du Delaware compte nombre de luthériens scandinaves. La Pennsylvanie fondée par le Quaker William Penn accueille tout le monde, et notamment la plupart des 100 000 luthériens et anabaptistes allemands qui se sont réfugiés en Amérique du Nord après la guerre de Trente Ans. New-York, anciennement Nouvelle-Amsterdam, comprend encore de nombreux réformés hollandais. Après la révocation de l'édit de Nantes en 1685, des milliers de huguenots quittent la France pour s'installer dans plusieurs villes portuaires dont New York, Philadelphie et Charleston.

Quakers embrassant des Indiens en Pennsylvanie.

Le nord et le sud du pays sont donc surtout dominés par des Eglises établies, où la population est essentiellement animée par une religiosité conformiste peu dynamique. George Washington par exemple, ne fréquente que très peu son église anglicane de Virginie[2].

C'est aussi à cette époque que sous l'influence des Lumières, le déisme apparaît aux États-Unis ; on considère généralement que Thomas Jefferson, Thomas Paine et Benjamin Franklin sont les représentants les plus illustres de cette tendance. Le déisme influença le développement de l'unitarisme qui proclame la stricte unité de Dieu.

Le premier Grand Réveil religieux (Great Awakening)

Pour une approche plus détaillée voir Grand réveil.

Entre 1730 et 1760, l'immigration continue et le foisonnement confessionnel dans les Treize colonies donnent naissance à un sursaut religieux sans précédent, le premier du genre, et dont les secousses vont émailler toute l'histoire américaine, expliquant encore aujourd'hui le dynamisme religieux du pays.

L'arrivée des immigrants anabaptistes et piétistes allemands, des frères moraves tchèques, des presbytériens écossais, des huguenots français, des méthodistes et baptistes anglais notamment, enrichit progressivement le paysage religieux protestant des colonies anglaises. C'est dans ce contexte que de grands prédicateurs itinérants influencés par les Lumières (les "circuit riders"), comme George Whitefield, Jonathan Edwards ou les frères William et Gilbert Tennent, mobilisent par des sermons très vivants des foules immenses en plein air. Faisant appel à l'émotion et à la conversion personnelle, ils mettent en branle un mouvement massif de conversions, d'activités religieuses et missionnaires (c'est à partir de cette époque que sont touchés les Indiens et les populations noires, donnant naissance au Gospel).

Ce mouvement constitue la naissance de l'évangélisme américain. De nombreuses universités (Princeton, Brown), des écoles, des sociétés missionnaires ou encore des œuvres sociales sont alors crées. Il permet aussi et surtout l'émergence de nouvelles Eglises indépendantes des Eglises établies, dont la domination commence à être ébranlée. Ainsi, presbytériens, baptistes et méthodistes essentiellement, qui accompagnent le peuplement vers l'Ouest, connaissent un essor sans précédent, favorisant ainsi une plus grande liberté religieuse.

Ce retour aux sources de l'utopie fondatrice des Pères pèlerins (recréer une société de croyants fervents) conduit aussi les colons à prendre conscience qu'ils sont réunis par une identité culturelle propre, ce qui va préfigurer les évènements révolutionnaires des années suivantes.

La Révolution américaine et la liberté religieuse

Dans la foulée de la Révolution américaine, plusieurs textes établissement la liberté religieuse en même temps qu'ils affirment le caractère laïque de la nouvelle République.

Le statut pour la liberté religieuse de Virginie (Virginia Statute for Religious Freedom) est le premier texte américain qui instaure la liberté de conscience : il fut rédigé en 1779 par Thomas Jefferson et adopté par l'Assemblée législative de Virginie en 1786.

En 1791, le Premier Amendement de la Déclaration des Droits proclame « Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l'établissement ou interdise le libre exercice d'une religion, ni qui restreigne la liberté de la parole ou de la presse, ou le droit qu'a le peuple de s'assembler paisiblement et d'adresser des pétitions au gouvernement pour la réparation des torts dont il a à se plaindre. »

Pour une approche plus détaillée voir le Premier amendement de la Constitution des États-Unis d'Amérique.

Ce texte, en interdisant l'existence d'une religion officielle, instaure une stricte séparation entre les Eglises et l'Etat fédéral, un exemple qui sera suivi par la suite par les nouveaux Etats fédérés, qui abandonnent peu à peu leurs Eglises établies (puritaines de Nouvelle-Angleterre et anglicanes dans le Sud). Cette stricte séparation, voulue par le même Jefferson selon son idée de "mur de séparation", avait été réclamée par de nombreuses Eglises non-conformistes[3].

De même, les autorités n'ont pas à intervenir dans la vie religieuse, s'interdisant par exemple de définir ce qui relève de la religion ou non, comme l'explique cet autre Père fondateur et 4e Président américain, James Madison : « Le gouvernement n'a pas l'ombre d'un droit de se mêler de religion. Sa plus petite interférence serait une usurpation flagrante.  »[4] Aujourd'hui encore, cette tradition de tolérance subsiste dans le droit et le système des valeurs américaines, si bien que des organisations qui seraient considérées comme des sectes en France, n'y sont pas illégales.

L'apport des XIXe et XXe siècles

L'immigration des siècles suivants va encore enrichir et diversifier le paysage religieux américain, et notamment en dehors du monde protestant.

La grande famine en Irlande au milieu du XIXe siècle, provoque une immigration massive d'Irlandais, qui vont former le noyau dur du catholicisme aux Etats-Unis. Ils seront rejoints au début du XXe siècle par les immigrants Italiens et d'Europe centrale, puis aujourd'hui par les latino-américains.

De nombreux Juifs européens fuient les pogroms, et notamment en Russie après l'assassinat du tsar Alexandre II en 1881 et se réfugient aux États-Unis. Les persécutions antisémites en Allemagne nazie puis dans l'Europe dominée par le IIIe Reich ont poussé aussi de nombreux juifs à émigrer aux États-Unis. Ces migrations sont à l'origine de la diaspora juive en Amérique.

Ces nouvelles confessions sont plus ou moins touchées par le deuxième (1790-1840) et troisième réveils (1850-1900), qui conduisent à l'apparition de nouveaux groupes comme les adventistes du septième jour, les témoins de Jéhovah, les mormons, les pentecôtistes ainsi que le mouvement du Social Gospel.

Parallèlement, la séparation juridique stricte entre Etat et Eglises se renforce. Ainsi, en 1875, James Blaine, président de la chambre des représentants, proposa un amendement constitutionnel interdisant les subventions publiques pour tout projet à vocation religieuse. Cet amendement Blaine, bien que rejeté par le sénat, fut, par la suite adopté dans la constitution de 37 états américains.

Pour une approche plus détaillée en anglais, voir Religious history of the United States.

"A Nation under God" ? (Une nation sous le pouvoir de Dieu)

Cette formule, employée dans le serment d'allégeance au drapeau résume l'apparente ambiguïté d'un pays laïque mais où la religion tient une place plus importante que dans les autres pays occidentaux.

Sur les billets de banque :
In God we trust (Nous avons confiance en Dieu)

Un pays laïc...

Depuis la fin du XVIIIe siècle, la religion est officiellement séparée de l'État et ce principe est assuré par la constitution (article VI et premier amendement).

Pour une approche plus détaillée en anglais, voir Separation of church and state in the United States.

Dans la constitution et dans la Déclaration des Droits, il n'est jamais fait référence à Dieu ou à la Providence[5]. La devise originelle des États-Unis est E pluribus unum (De plusieurs, nous faisons un). L'État fédéral ne subventionne aucune école religieuse au nom de la liberté religieuse[6]. Depuis 1962, la prière à l'école est prohibée par l'arrêt Engel contre Vitale[7]. Enfin, il ne faut pas oublier que le premier amendement garantit la non ingérence de l'État dans les religions et la liberté de culte.

Cependant, les références à Dieu sont omniprésentes dans la vie publique aux États-Unis. Mais si le président prête serment sur la Bible depuis George Washington, les autres renvois à Dieu datent de la Guerre froide, où il s'agissait de montrer son opposition à l'Union soviétique athée. Ainsi, la référence A Nation under God a été ajoutée au serment d'allégeance en 1954 ; la devise In God we trust (En Dieu, nous croyons) qui figure sur la monnaie, date elle de 1956 ; de même que le Jour National de prière (National Day of Prayer), créé la même année.

Mais ces références sont abstraites et symboliques, et ne renvoient pas à un Dieu en particulier : lors du National Day of Prayer, fixé le premier jeudi de mai, les Américains sont invités à prier la divinité qu'il leur convient. La laïcité américaine a pour motivation la tolérance vis-à-vis de toutes les confessions. Les spécialistes évoquent une "religion civile", constituant un socle spirituel national assurant la synthèse entre "esprit de religion" et "esprit de laïcité"[8].

... mais profondément croyant

Cathédrale Saint-Patrick, New York

D'après une étude récente du centre de recherche Pew Forum de 2008, plus de 90 % des Américains seraient croyants, et environ 39 % assisteraient au service religieux chaque dimanche, ce qui constitue un taux de participation bien plus élevé que dans les autres pays occidentaux[9]. 56 % considèrent la foi comme quelque chose de très important dans leur vie. Ils sont le même pourcentage à déclarer avoir prié récemment (les jours précédent l'enquête). Inversement, seulement 4 % sont athées ou agnostiques, parmi un ensemble plus large de 16 % d'Américains qui ne déclarent pas de religion spécifique.

Mais l'identité religieuse est mouvante aux Etats-Unis. Chaque Américain change trois fois d'Église en moyenne au cours de son existence (surtout au sein du monde protestant)[10]. L'appartenance à une Église est une chose courante et signifie appartenir à une communauté, recevoir de l'aide en cas de besoin. Sur les 250 milliards de dollars de dons annuels que font les Américains aux associations à but non lucratif[11] 36 % sont affectés aux différentes Églises[11].

D’après une autre étude de 2008[12], 75 % des Américains (contre 21 % des Français) déclarent avoir lu au moins un passage de la Bible au cours de l’année passée[13]. Plus de la moitié des Français ne possèdent pas de Bible chez eux, contre 7 % des Américains[13]. 13 % des Américains disent ne jamais prier contre 49 % des Français[13].

Un paysage religieux diversifié

L'étude de 2008 montre la répartition globale suivante[14] :

Pratique régulière aux Etats-Unis. Elle est maximale dans le Sud évangélique et dans l'Utah des Mormons, et marginale dans le Nord-Est et la côte Pacifique.
  • Chrétiens - 78,4 %
    • Protestants - 51,3 %, dont
      • églises évangéliques - 26,3 %
      • églises libérales - 18,1 %
      • églises historiques noires - 6,9 %
    • Catholiques romains - 23,9 %
    • Orthodoxes - 0,6 %
    • Mormons - 1,7 %
  • Juifs - 1,7 %
  • Bouddhistes - 0,7 %
  • Musulmans - 0,6 %
  • Hindouistes - 0,4 %
  • Autres religions - 1,2 %

Ainsi, bien que les deux tiers des chrétiens américains (plus de 51 % de tous les Américains) soient protestants, l'Église catholique domine dans les grandes villes du nord-est (surtout à New York, à Boston et à Philadelphie), du Middle West (Chicago et Milwaukee), de la côte ouest (Los Angeles et San Francisco), dans une métropole d'origine française (La Nouvelle-Orléans) et dans plusieurs villes à majorité hispanique (Miami et San Antonio). D'importantes communautés juives se sont établies dans les zones urbaines de New York (première ville juive au monde), de Californie (à Los Angeles), ainsi qu'en Floride. L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (Mormons), est quant à elle particulièrement présente dans l'Ouest, et surtout dans l'Utah et l'Idaho.

Pourtant, toutes ces exceptions confirment la règle : les confessions protestantes, arrivées en premier sur le sol américain, ont une forte présence presque partout aux États-Unis : les baptistes sont majoritaires dans le Sud, tandis que les luthériens et les méthodistes sont surtout dominants dans le Middle West et les Grandes plaines. Les anciennes Eglises majoritaires de l'époque coloniale (Anglicans devenus Episcopaliens, Presbytériens, puritains devenus Congrégationnalistes), en voie de marginalisation, ne représentent plus que les élites de la côte est. Les études américaines distinguent ces Eglises libérales, appelées Mainline protestant, des Eglises plus conservatrices (Evangelical protestant).

Car depuis l'après-guerre, le protestantisme de tendance évangélique, dont quelques groupes intégristes (fundamentalist christianity) est de plus en plus actif au niveau politique et social. Il comprend notamment les fameux Born Again ("nés de nouveau", dans le sens de nouveau éveillés à la foi). Représentés surtout au sein des congrégations baptistes, méthodistes, pentecôtistes et indépendantes, plus une partie des Eglises noires, ils sont désormais majoritaires parmi les protestants. Les Etats du Sud des Etats-Unis, appelés aussi la Bible Belt ("région de la Bible", fondamentaliste) constituent leur bastion. Ces Eglises usent des moyens de communication moderne, comme l'attestent l'influence des célèbres télévangélistes (comme Billy Graham) ou des MegaChurch.

Répartition des différentes dénominations

L'auto-appartenance religieuse des Américains entre 1990 et 2008, en valeur relative. Lors des recensements de 1990, 2001 et 2008, les Américains s'identifient comme : [15]:

Source : Bureau du recensement des États-Unis[16]
1990 2001 2008[17] Évolution
en points 1990-2001
Évolution
en %
1990-2001
Total « chrétiens » 88,3% 79,8% 78,1% -8,5 +5,3%
Catholiques romains 26,8% 25,9% 23,9% -0,9 +10,6%
Autres chrétiens 61,4% 54,0% 54,2% -7,5 +0,8%
Baptistes 19,8% 17,2% 17,1% -2,6 -0,4%
Méthodistes 8,3% 7,2% 6,1% -1,1 -0,2%
Divers Chrétiens 4,7% 7,2% 4,4% +2,5 +75,3%
Luthériens 5,3% 4,9% 4,6% -0,4 +5,2%
Presbytériens 2,9% 2,8% 2,7% -0,1 +12,3%
Divers Protestants 10,0% 2,4% 4,9% -7,7 -73,0%
Pentecôtistes / Charismatiques 1,9% 2,2% 4,3% +0,4 +38,1%
Épiscopaliens / Anglicans 1,8% 1,8% 1,5% -- +13,4%
Mormons / Saints des Derniers Jours 1,5% 1,4% 1,7% -0,1 +12,1%
Église du Christ 1,0% 1,3% 0,6% +0,3 +46,6%
Congrégationnalistes / United Church of Christ 0,3% 0,7% 0,8% +0,4 +130,1%
Témoins de Jéhovah 0,8% 0,7% 0,7% -0,1 -3,6%
Assemblées de Dieu 0,4% 0,6% -- +0,2 +67,6%
Divers Évangéliques 0,1% 0,5% 0,3% +0,4 +326,4%
Church of God 0,3% 0,5% -- +0,2 +77,8%
Adventistes 0,4% 0,4% 0,5% -- +8,4%
Unitariens 0,3% 0,3% -- -- +25,3%
Orthodoxes 0,3% 0,3% 0,6% -- +28,5%
Autres chrétiens 1,6% 1,9% +0,3 +40,2%
Total des autres religions 3,5% 5,2% 5,8% +1,7 +69,1%
Juifs 1,8% 1,4% 1,7% -0,4 -9,8%
Sans dénomination 0,1% 1,3% 1,2% +1,2 +1 176,4%
Musulmans 0,3% 0,6% 0,6% +0,3 +109,5%
Bouddhistes 0,2% 0,5% 0,7% +0,3 +169,8%
Hindous 0,1% 0,4% 0,4% +0,3 +237,4%
Autres 0,6% 0,7% 0,8% +0,1 +25,4%
Pas de religion / Athées / Agnostiques 8,4% 15,0% 16,1% +6,6 +105,7%
MegaChurch à Houston
Christian Science Center, à Boston
Temple des Saints des Derniers Jours, à Salt Lake City
Temple hindouiste de Malibu, en Californie
Temple bouddhiste à Los Angeles



Selon cette étude, si la grande majorité des Américains se déclarent chrétiens, leur part dans le total diminue (- 8,5 points entre 1990 et 2001) alors que celle des athées, agnostiques et sans religion augmente de 6,6 points. Les différentes confessions protestantes regroupent encore plus de la moitié des Américains. Les catholiques ne représentent en valeur relative que 24 % des chrétiens, mais leur progression en valeur absolue dépasse celle des protestants. Cette progression peut s'expliquer par l'immigration des Latinos, majoritairement catholiques. L'importance du judaïsme semble stagner, alors que celle des religions orientales progresse (hindouistes et bouddhistes). Aux États-Unis comme ailleurs, de plus en plus de personnes accordent de l'importance à la spiritualité, sans adhérer à une religion traditionnelle.

Pour une approche plus détaillée des Eglises, voir Tableau des corps religieux aux Etats-Unis.

Société et religion

On considère souvent les États-Unis comme un pays toujours puritain, ce qui impliquerait une société à la morale austère et refusant toute libéralisation des mœurs. Certaines productions culturelles, notamment des séries télévisées parfois moralisatrices (La Petite Maison dans la prairie, Sept à la maison, etc.) , ainsi que certaines affaires comme le Scandale du Nipplegate (l'affaire du sein de Janet Jackson) pourraient le faire penser. Cependant, le puritanisme reste mal connu, notamment en France. D’autre part, il faut rappeler que le protestantisme dont il est issu est aujourd’hui en recul. L’histoire des États-Unis montre en outre que le pays a su libéraliser ses mœurs, parfois même avant la France (pour le droit de vote des femmes et la légalisation de l’avortement, par exemple). Dès les années 1960, le mouvement hippie a contesté les valeurs bourgeoises. Aujourd’hui, le chiffre d’affaires des films pornographiques aux États-Unis est comparable à celui d’Hollywood[18]. Le taux de divorce est l’un des plus élevés du monde.

Une peinture illustrant cette austérité supposée : American Gothic (American Gothic), par Grant Wood (1930) (article)

Cependant, on note depuis les années 50 un certain regain des conceptions conservatrices et notamment fondamentalistes, qui se repèrent dans les débats contemporains sur la prière à l'école, l'avortement, ou encore le combat scolaire qui vise à imposer le créationnisme (intelligent design) contre la conception darwiniste de la sélection naturelle, pour expliquer l'apparition de l'Homme sur Terre. D'une manière générale, les évangéliques, représentés au sein de la puissante Coalition chrétienne d'Amérique, font un intense lobbying auprès des décideurs politiques. L'ex-président George W. Bush, méthodiste born again mais qui n'est pas membre d'une église évangélique, a été considéré comme le porte-parole de ces conceptions politico-religieuses. Il est admis que les protestants blancs, et plus particulièrement les évangéliques votent massivement en faveur du parti républicain, alors que les minorités religieuses (catholiques et juifs, surtout), sont plus proches du parti démocrate.

L'actuel président Obama est Congrégationnaliste (une dénomination protestante libérale, lointaine héritière des puritains de la Nouvelle-Angleterre).

Athéisme et libre-pensée

Les organisations Athées américains (American Atheists), Americans United for the Separation of Church and State (avec sa revue mensuelle « Church & State »), et Alliance athée (Atheist Alliance) militent pour la stricte séparation des Églises et de l'État. American Atheists fut fondée en 1963 par Madalyn Murray O'Hair et appuie ses revendications sur les principes de la Déclaration d'Indépendance et sur la Constitution. Elle engage de nombreux procès contre les institutions publiques qui violent la laïcité. Environ 2 200 membres participent régulièrement à la convention nationale de l'association et aux nombreuses réunions régionales. Ellen Johnson en est la présidente depuis 1995. Le siège de l'association se trouve dans le New Jersey.

Le 2 novembre 2002, au cours de la marche des athées américains sur Washington (Godless Americans March on Washington en anglais), Ellen Johnson avait annoncé la création du comité d'action politique des athées américains (Godless Americans Political Action Committee (GAMPAC)), afin de faire pression sur les candidats aux élections. Il fut officiellement lancé le 9 mars 2004 et soutint le candidat catholique John Kerry aux présidentielles 2004.

Selon l’American Religious Identification Survey d'avril 2009, l'athéisme est le « seul groupe démographique » à avoir augmenté dans chaque État américain les 18 dernières années[19]. D'après le sondage Pew Forum d'août 2007, 8 % des Américains sont athées, soit 24 millions de personnes. Il indique aussi que les Américains agnostiques, doutant de l'existence de Dieu, constituent 21 % de la population, soit 63 millions de personnes[20]. Le pourcentage d'athées dans la population totale passe de 4% en 2005, à 5% en 2006 (+25% en un an) et à 8% en 2007 (+100% en deux ans). Selon une enquête d'avril 2009 de l’American Religious Identification Survey, le nombre d'Américains sans religion s'établirait à 15 %[19].

Une étude de l'Université du Minnesota parue en 2006 et conduite auprès de 2000 foyers dans le pays, fait apparaître que les athées sont la « communauté » qui inspire la plus grande méfiance, devant les musulmans ou les homosexuels[21]. Cette tendance est nettement moins prononcée sur les côtes est et ouest du pays et parmi les couches les plus éduquées de la population. Les athées américains s'organisent en associations parmi lesquelles la Coalition laïque pour l'Amérique est la plus puissante. Dans les universités, l’Alliance des étudiants laïques possède quelque 146 bureaux sur les campus du pays[19].

Voir aussi

Notes

  1. Bernard Cottret, La Révolution américaine. La quête du bonheur, chapitre 1 : Et Dieu créa l'Amérique, Perrin, 2003, ISBN 2-262-01821-9, page 20 et suivantes.
  2. (en) Charles A. Grymes, « George Washington and Religion », George Mason University
  3. http://www.usconstitution.net/jeffwall.html
  4. Nicole Bacharan, Faut-il avoir peur de l’Amérique ? , Paris, éditions du Seuil, 2005, ISBN 2020799502, p.99
  5. Hélène Harter, L'Amérique, Paris, Le Cavalier Bleu, collection idées reçues, 2001, ISBN 2846700257, p.30
  6. Guy Haarscher, La laïcité, Paris, PUF, que sais-je ? 3e édition, 2004, ISBN 2130539157, p.102
  7. Hélène Harter, L'Amérique, Paris, Le Cavalier Bleu, collection idées reçues, 2001, ISBN 2846700257, p.30
  8. "Politique et religion aux États-Unis", Camille Froidevaux-Metterie, La Découverte, coll. Repères, Derrière de couverture
  9. http://religions.pewforum.org/
  10. Nicole Bacharan, Faut-il avoir peur de l’Amérique ? , Paris, éditions du Seuil, 2005, ISBN 2020799502, p.89
  11. a  et b Frédéric Martel, De la culture en Amérique, Paris, Gallimard, 2006, (ISBN 2070779319), p.307
  12. Etude réalisée pour le compte de la Fédération biblique catholique internationale dans neuf pays intitulée une «  lecture des Écritures dans certains pays » éditée en 2008
  13. a , b  et c Delphine de Mallevoüe et Hervé Yannou, « La France mauvaise élève pour la connaissance de la Bible », dans Le Figaro du 28-04-2008, [lire en ligne]
  14. http://religions.pewforum.org/reports
  15. (en) City University of New York
  16. source : Bureau du recensement des États-Unis
  17. http://religions.pewforum.org/affiliations
  18. Adrien Lerm, La culture américaine, Paris, Le Cavalier Bleu, 2002, ISBN 2846700478, page 87
  19. a , b  et c Laurie Goodstein, « Athées et fiers de l’être », dans Courrier international du 12-05-2009, [lire en ligne]
  20. Sondage Pew Forum réalisé sur 35 000 personnes entre mai et août 2007 : AFP, « L'Amérique mystique, religieuse et tolérante » sur http://www.lefigaro.fr/, 24/06/2008. Consulté le 25 juin 2008
  21. (en) Article de Penny Edgell (associate professor of sociology) : « Atheists identified as America’s most distrusted minority, according to new U of M study » (Université du Minnesota, www.ur.umn.edu)

Bibliographie

  • (fr) (en) Collectif, Le fait religieux aux États-Unis : approches culturelles et cultuelles, dans Revue françaises d'études américaines, n°95, février 2003.
  • Dieu bénisse l'Amérique, la religion de la Maison-Blanche, Sébastien Fath, Éditeur/Édition : Seuil, 2003.
  • Le Façonnage juridique du marché des religions aux États-Unis, Les Quarante Piliers, série dirigée par Pierre Legendre. Éditeur/Édition : Mille Et Une Nuits. (ISBN 2842057074).
  • La Religion aux États-Unis, Isabelle Richet. Éditeur/Édition : Presses Universitaires de France - PUF, 2001. (ISBN 2130520685)
  • L’Église électronique. La saga des télé-évangélistes, Jacques Gutwirth. Éditeur/Édition : Bayard, Paris, 1998.
  • Militants de la Bible aux États-Unis : évangéliques et fondamentalistes du Sud, Sébastien Fath. Éditeur/Édition : Autrement, Paris, 2004.
  • De la religion en Amérique. Essai d'histoire politique, Denis Lacorne, Paris, Gallimard, 2007, (ISBN 2070735265)
  • Politique et religion aux Etats-Unis, Camille Froidevaux-Metterie, Paris, La Découverte, février 2009.

Liens internes

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Liens externes

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