- Paul Roussenq
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Paul Roussenq est un anarchiste français, né le 18 septembre 1885 à Saint-Gilles-du-Gard et mort le 3 août 1949 à Bayonne. De 1909 à 1929, il est emprisonné au Bagne des Îles du Salut en Guyane.
Sommaire
Biographie
Il est le fils unique de Henri Roussenq manouvrier dans les vignes et de Madeleine Pélouzet. Il se politise rapidement à la lecture de la presse anarchiste. En conflit avec son père, il quitte le domicile familial à seize ans pour partir à l'aventure. Le 6 septembre 1901, il est condamné par le tribunal d'Aix en Provence à six mois de prison avec sursis pour vagabondage. Entre 1901 et 1903, il est condamné à plusieurs reprises pour vol, vagabondage et infraction à la police des chemins de fer. Au cours de l'un de ces procès, il jette un morceau de pain dur à la tête du magistrat : il est condamné à cinq ans de prison ferme le 5 mars 1903 par le tribunal de Chambéry. Il purge sa peine à la prison de Clairvaux.
A sa sortie, il est incorporé le 8 octobre 1907 au cinquième bataillon d'Afrique basé à Gabès en Tunisie. Refusant l'autorité militaire, il multiplie les actes d'insubordination (insultes à supérieur, destruction de ses effets). Il tente à plusieurs reprises d'incendier sa cellule. Il est condamné le 5 mai 1908 par le conseil de guerre de Tunis à la dégradation militaire, à quinze ans d'interdiction de séjour et à vingt ans de travaux forcés en Guyane. Il est embarqué sur le bâtiment La Loire à Alger le 30 décembre 1908. Le 13 janvier 1909, il débarque aux Îles du Salut ; il restera plus de 24 ans en Guyane, avant de revenir en France le 14 janvier 1933[1]. En 1923, Albert Londres le rencontre lors de son séjour en Guyane, la publication de cette entrevue dans les colonnes du Petit Parisien[2] va rendre célèbre le cas de Roussenq en France et initier la mobilisation pour sa libération[3].
Au bagne
Son numéro de forçat est le n° 37664. Anarchiste considéré dangereux, il est incarcéré sur l'Ile Royale, l'une des trois îles qui forment l'archipel des Îles du Salut, situé à une quinzaine de kilomètres de Kourou. L'île Saint-Joseph abrite quant à elle la prison du bagne, les cachots, où sont incarcérés les détenus ayant commis des crimes (évasion, meurtre...) jugés par le Tribunal Maritime Spécial (TMS), l'instance de justice du bagne. Enfin, île du Diable, la plus petite et aussi la plus connue pour avoir été le lieu d'exil en enceintes fortifiées des déportés politiques. Roussenq est très rapidement surnommé l'Inco, pour incorrigible, pour son refus de se soumettre aux règles du bagne et de l'administration pénitentiaire. Ses conflits perpétuels avec les surveillants et les responsables de l'AP, font que sur ses vingt années de bagne, il effectue plus de dix-huit d'isolement au cachot. Il est condamné six fois par le TMS, pour des motifs allant du refus de travail, outrages aux surveillants ou encore tentative d'évasion.
La peine de cachot est infligée pour faute commises au bagne. A la première évasion, généralement, on acquitte. La seconde coûte de deux à cinq ans. Ils passent vingt jours du mois dans un cachot complètement noir et dix jours - autrement ils deviendraient aveugles - dans un cachot demi-clair. Le régime est le pain sec pendant deux jours et la ration le troisième. Une planche, deux petits pots, aux fers la nuit et le silence. Mais les peines peuvent s'ajouter aux peines. Il en est qui ont deux mille jours de cachot. L'un, Roussenq, le grand Inco, Roussenq, qui m'a serré si frénétiquement la main - mais nous reparlerons de toi Roussenq - a 3 779 jours de cachot. Dans ce lieu, on est plus effaré par le châtiment que par le crime. [4] Albert Londres, Au Bagne, Albin Michel, 1932
Le retour en France
Une première tentative pour demander le retour de Paul Rousseng est due à sa mère : elle expose son cas au président de la République Gaston Doumergue le 13 octobre 1924, en vain. La revue Détective, en 1930, attire l'attention sur le bagnard, qui bénéficie par ailleurs du soutien de l'ancien gouverneur de la Guyane, Jean-Charles Chanel. Paul Roussenq est également soutenu par le Secours Rouge International[5] et la fédération du Gard du parti communiste français.
Il lui faut attendre 1933 pour retrouver sa ville natale où il est accueilli par de nombreux amis, auxquels toutefois n'a pu se joindre sa mère, morte le 29 mars 1931. Il participe ensuite à des conférences organisées par le Secours Rouge International et fait partie d'une délégation envoyée en URSS où il séjourne pendant trois mois. Le compte rendu qu'il rédige à l'occasion de ce voyage[6] entraîne sa rupture avec les organisation du PCF.
Il devient le gérant du journal anarchiste Terre Libre édité à Nîmes avant de reprendre la route, travaillant à l'occasion comme colporteur. Considéré comme suspect par le gouvernement de Vichy, il est interné pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment à Sisteron.
Usé par les maladies contractées au cours de ses années de bagne, il se suicide à Bayonne le 3 août 1949.
Publications
- L'enfer du bagne, Libertalia, 2009. Postface d'Albert Londres (ISBN 978-2-918059-02-8)
- Au pays des soviets, La Défense, 1936
Sur Paul Roussenq
- Daniel Vidal, Paul Roussenq le bagnard de Saint-Gilles, Éditions du Monde Libertaire, Paris/Éditions Alternative Libertaire, Bruxelles, 1998 Lecture en ligne
- Albert Londres, Au bagne , Albin Michel, 1932
Notes
- L'Humanité du 17 janvier 1933, Arrivée de Roussenq à Paris
- Le Petit Parisien du 19 Aout 1923
- Albert Londres, Au Bagne, Albin Michel, 1932 (pp. 107-116)
- Albert Londres, Au Bagne, Albin Michel, 1932 (pp. 99-100)
- Qui alloue une aide financière à la mère de Paul Roussenq, comme - précise le SRI - "à toutes les familles des victimes de la répression capitaliste."
- La Russie est une grande caserne, y écrit-il
Voir aussi
Catégories :- Anarchiste français
- Condamné aux travaux forcés
- Naissance en 1885
- Décès en 1949
- Naissance à Saint-Gilles (Gard)
- Déporté
- Suicide par noyade
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