Lexique du hongrois

Lexique du hongrois
Article principal : Hongrois.
Hongrois
Répartition géographique et statut
Histoire
Variantes régionales
Phonologie et graphie
Grammaire
Morphologie
Le verbe
Le nom, ladjectif et le numéral
Ladverbe
Les pronoms
Les mots grammaticaux
Les mots-phrases
Syntaxe
La phrase simple
La phrase complexe
Lexique
Liste Swadesh du hongrois

Le lexique du hongrois est formé pour 8% de mots hérités, pour 7% demprunts, pour 80% de mots formés sur le terrain du hongrois et pour 5% de mots dorigine inconnue.

La plupart des emprunts sont dorigine slave (27%), suivis dans lordre de leur importance par ceux dorigine latine (25%), allemande (17%) et turquique (16%)[1], mais il y en aussi de langues iraniennes et romanes (italien, français, roumain), ainsi que de langlais. Les calques sont également un moyen important denrichissement du lexique hongrois.

Les moyens internes denrichissement du lexique sont les plus importants. Parmi ceux-ci, les plus productifs sont la création spontanée de mots (interjections, mots onomatopéiques, créations expressives), la formation spontanée de mots par dérivation et par composition, ainsi que la création consciente de mots par dérivation et par composition. Par rapport au français, la composition spontanée et la création consciente de mots ont un poids beaucoup plus grand.

Sommaire

Mots hérités

On considère comme des mots hérités ceux qui sont restés dans la langue hongroise depuis les époques antérieures au moment lon peut parler du hongrois comme langue à part. On inclut dans la même catégorie les mots dautres familles de langues (iraniennes et turquiques), qui ont été empruntés avant ce moment. Le poids des mots hérités nest que de 8% dans la langue actuelle, mais ils sont très fréquents et ont engendré beaucoup de mots par dérivation, composition et dautres procédés. La plupart des mots hérités font partie du lexique de base : des verbes liés aux fonctions vitales fondamentales ; des noms qui désignent des éléments de la nature (animaux, plantes, éléments météorologiques) ; des parties du corps ; des membres de la famille ; des adjectifs, des pronoms, des nombres.

  • Des mots remontant à la période ouralienne sont ceux quon retrouve dans les langues samoyèdes aussi : élvivre’, énmoi’, faarbre’, fejtête’, femme’, nyílflèche’, etc.
  • Des mots de la période finno-ougrienne, cest-à-dire daprès la séparation de ces langues des langues samoyèdes et jusquà la séparation des langues ougriennes des langues finno-permiennes : addonner’, égciel’, fogdent’, fiúgarçon, fils’, héjpeau dun fruit’, késcouteau’, százcent’, újnouveau’, etc.
  • Des mots de la période ougrienne (davant la séparation du hongrois, dune part, et des langues khanty et mansi, de lautre: herbe’, hétsept’, jönvenir’, cheval’, mélyprofond’, nyeregselle’, etc.

Moyens denrichissement du lexique

Emprunts lexicaux

Les mots empruntés représentent quelque 7% du lexique du hongrois actuel. Pour la plupart ils sont dorigine slave (27%), suivis de ceux dorigine latine (25%), allemande (17%) et turquique (16%).

Emprunts dorigine iranienne

Dès la période de lhistoire du hongrois appelée proto-hongroise (1000 av. J.-C.-896 ap. J.-C.), le hongrois a emprunté des mots de langues iraniennes :

  • avant le VIIe siècle : ezermille’, kardsabre’, tejlait’, tízdix
  • au VIIe siècledes mots persans : vámdouane’, várchâteau fort’, vásárfoire
  • au VIIIe siècledes mots alains : asszonyfemme mariée’, hídpont

Emprunts dorigine turquique

Les contacts des Hongrois avec des peuples turcs sont devenus étroits au Ve siècle. Ces peuples étaient en partie sédentaires, soccupant aussi dagriculture. Le nombre de mots turquiques empruntés par les Hongrois avant leur établissement dans le bassin des Carpates est de 300 environ. Ils font partie de domaines variés : parties du corps, élevage, agriculture, habitation, métiers, habillement, société, vie spirituelle, phénomènes naturels, faune, flore, adjectifs. Exemples : ácscharpentier’, almapomme’, bársonyvelours’, bérpaie’, bikataureau’, bokacheville’, borzblaireau’ (lanimal), gyászdeuil’, kapuportail’, sárgajaune’, tormaraifort’, etc.

Des emprunts turquiques ont continué à pénétrer dans la langue hongroise après létablissement des Hongrois dans le bassin des Carpates, par la venue dans lÉtat hongrois de Petchenègues et de Coumans. Des mots de leurs langues sont, par exemple, baltahacheet kalauzguide’.

Au XVIe siècle commencent les contacts avec les Turcs ottomans, qui culminent avec la domination de lEmpire ottoman sur la Hongrie (XVIe-XVIIe siècles). Il existe encore en hongrois quelque 30 mots dorigine turque, dont bográcschaudron’, díványdivan’, kávécafé’, kefebrosse’, pamutcoton’, papucspantoufle’.

Emprunts dorigine slave

Les Hongrois ont rencontré des Slaves dès la période de leur migration, quand ils se trouvaient au nord de la Mer Noire. Cest à cette époque- que sont entrés en hongrois des mots russes anciens tels tanyahameauet zátonybanc de sable’.

La plupart des mots slaves ont été empruntés au cours des deux siècles suivant létablissement, aux Slaves rencontrés sur le territoire et à ceux du voisinage. Ces mots reflètent des changements profonds dans la vie matérielle et spirituelle, causés par la sédentarisation, étant spécifiques à de nombreux domaines : vie sociale et étatique, religion chrétienne[2] agriculture, élevage, métiers, habitation, alimentation, flore, faune, noms de peuples, adjectifs. Exemples : királyroi’, keresztcroix’, barázdasillon’, libaoie’, dongadouve de tonneau’, ablakfenêtre’, gombachampignon’, galambcolombe, pigeon’, göröggrec/grecque[3], bolondfou/folle’.

Des mots slaves ont continué dêtre empruntés par le hongrois jusquaux années 1950 du XXe siècle : palotapalais’ (du bulgare), csészetasse’ (du tchèque), galuskagnocchi’ (du polonais), kamatintérêt’ (rémunération dun prêt) (du serbe/croate), lekvármarmelade’ (du slovaque), zablamors’ (du slovène), harisnyabas’ (vêtement) (de lukrainien). Dans la période communiste il est entré dans la langue quelques mots russes : kulákkoulak’, pufajkaveste matelasséediszpécser (provenant à son tour de langlaisdispatcher’) ’répartiteur’.

En hongrois commun daujourdhui il y a plus de 500 mots dorigine slave.

Emprunts à lallemand

Linfluence de lallemand sur le hongrois commença dès la fondation de lÉtat par le roi Étienne Ier de Hongrie, à la suite de liaisons dynastiques avec diverses maisons allemandes. La pénétration de mots allemands continua par létablissement, à partir du XIIe siècle, de nombreux artisans allemands qui fondèrent les villes du pays. Lapogée de linfluence allemande fut atteint avec la domination de lEmpire d'Autriche sur la Hongrie, la Transylvanie et le Banat, influence due principalement aux nombreux germanophones colonisés au XVIIIe siècle. Linfluence allemande était devenue si importante, quun mouvement hongrois appelé de « renouvellement de la langue » (fin du XVIIIe-première moitié du XIXe siècle) eut, parmi dautres objectifs, lélimination des emprunts à lallemand.

Les mots dorigine allemande appartiennent à des domaines très variés : la vie de cour, la vie militaire, les métiers, la vie urbaine, la vie sociale, lhabillement, la cuisine, lagriculture, adjectifs. Exemples : hercegprince’, célcible’, pékboulanger’, polgárbourgeois, citoyen’, farsangcarnaval’, zoknichaussette, socquette’, sonkajambon’, karfiolchou-fleur’, barnabrun(e)’.

Le lexique du hongrois commun actuel contient environ 400 mots dorigine allemande.

Emprunts au latin

À la différence des influences présentées ci-dessus, celle du latin ne sest pas exercée par un contact populaire direct, mais par le biais de léglise et de la culture écrite, à partir de la christianisation des Hongrois dans le rite romain, et cette influence continue jusquà nos jours par la voie de la culture. Dans la première période il sagit du latin médiéval dans sa variante pratiquée par des missionnaires allemands et de lItalie du nord.

Dans les mots empruntés au latin dans la première période, on peut remarquer des changements phonétiques propres au hongrois, par exemple [s] intervocalique > [ʒ] (basalicum > bazsalikombasilic’, musica > muzsikamusique’), [s] dans une autre position > [ʃ] (aprilis > áprilisavril’, sacristia > sekrestyesacristie’), [g] + [e] ou [i] > [ɟ͡ʝ] (angelus > angyalange’, gingiber > gyömbérgingembre’).

Dans les emprunts du XVIe siècle et ultérieurs, on sent la prononciation dite classicisante du latin, initiée par Érasme de Rotterdam, cest-à-dire au lieu de [ʒ], [ʃ] et [ɟ͡ʝ], on entend respectivement [z], [s] et [g], par exemple dans rezeda, szeminárium, evangélium. À côté demprunts antérieurs, il apparaît leurs variantes à la prononciation changée. Cest le cas de evangélium à côté de evangyélium ou státusz à côté de státus.

Les mots dorigine latine appartiennent aux domaines suivants :

  • terminologie ecclésiastique catholique : misemesse’, ostyaostie’, etc. (de la première période de linfluence latine)
  • terminologie protestante : eklézsiaéglise’, konfirmálconfirmer’, etc. (du XVIe)
  • école : ceruzacrayon’, iskolaécole
  • faune et flore : párducléopard’, akácacacia
  • justice : paktum, testamentum
  • médecine : kúracure’, patikapharmacie
  • les noms des mois : január, február, etc.
  • bâtiment : kamradébarras, resserre’, téglabrique
  • sciences humaines et sociales, politique : kommentár, kongresszus

Dans la langue commune actuelle il y a plus de 200 mots dorigine latine, mais leur nombre est beaucoup plus grand dans les terminologies des diverses sciences.

Emprunts aux langues romanes

À litalien

Des mots italiens ont commencé à être empruntés dès lépoque de la christianisation des Hongrois, par lintermédiaire de prêtres dItalie du nord. Le processus a continué à la suite de liaisons commerciales, surtout avec Venise, y compris par létablissement de citadins italiens en Hongrie. Linfluence italienne sest accrue sous la dynastie des Anjou, puis sous Mathias Corvin, quand la culture de la Renaissance venue dItalie sest répandue en Hongrie, de nombreux jeunes hommes hongrois étudiaient dans des universités italiennes et les contacts ecclésiastiques étaient constants. Aux XVIe-XVIIe siècles, les contacts se sont poursuivis par la présence darmées italiennes qui combattaient les Turcs. Au XIXe siècle, beaucoup de Hongrois ont fait leur service militaire dans larmée autrichienne stationnée au nord de lItalie, et des ouvriers italiens sont allés en Hongrie.

Les mots italiens proviennent surtout des dialectes du nord, ce qui se reflète dans la forme avec laquelle ils ont été pris, par exemple le traitement de [s] comme [ʃ] (castello > kastélychâteau’), le traitement de [z] intervocalique comme [ʒ] (riso > rizsriz’) et la chute de [o] et de [e] finales de mot : spagnuolo > spanyolEspagnol’, doge > dúsdense’ (se référant aux cheveux).

Bien quil ne subsiste plus que 50 mots environ dans la langue commune, ils appartiennent à des domaines variés : vie militaire (lándzsalance’), vie de cour et citadine (freskófresque’, karneválcarnaval’), commerce (piacmarché’) plantes et fruits méditerranéens (rizsriz’, fügefigue’), animaux (szamárâne’), alimentation [torta ’(grand) gâteau’].

Certains mots sont italiens à lorigine, mais entrés en hongrois par lintermédiaire de lallemand : bandabande (de malfaiteurs)’, szalámisaucisson’.

Au français

Les contacts franco-hongrois ont connu deux périodes principales : aux XIe-XIIe et aux XVIIIe-XIXe siècles, mais ont eu un caractère populaire réduit. Dans la première période ils étaient dus aux courtisans accompagnant les rois dAnjou, aux ordres religieux de France établis en Hongrie aussi, ainsi quà des citadins, surtout wallons. Les mots qui subsistent de cette période sont fort peu nombreux. Un exemple en est tárgy, de lancien françaistarge’, pris avec le sensbouclier’, utilisé plus tard avec le senscibleaussi, ayant aujourdhui le sensobjet’. Dans la seconde période, on a emprunté directement des mots comme bizsubijouou rúzsrouge à lèvres’, mais il y en a davantage qui sont entrés par lintermédiaire de lallemand : blúzblouse’, butikboutique’, naivnaïf/naïve’, etc.

Au roumain

Les mots dorigine roumaine sont entrés en hongrois à la suite du contact populaire au voisinage. Leur nombre est controversé[4]. De toutes façons, leur grande majorité se trouve seulement dans les dialectes hongrois de Roumanie. Dans la langue commune de Hongrie il ny en a quune dizaine, dont : áfonyamyrtille’, furulyaflûte’, pakuramazout’, palacsintacrêpe’, tokányragoût’.

Emprunts à langlais

Les premiers mots anglais entrent en hongrois au début du XIXe siècle, quand lAngleterre est prise pour modèle par les aristocrates réformistes de lépoque. Vers le milieu du siècle il paraît aussi des articles de presse sur lAmérique du Nord et au XXe siècle des mots sont importés par des émigrants qui y étaient partis et en étaient retournés. Cependant, les emprunts à langlais se font plutôt par des écrits politiques, scientifiques et techniques. De la fin du XIXe aux années 1930 du XXe, on emprunte beaucoup de mots du domaine des sports (futballfootball’, kornercorner’, meccsmatch’, etc.) qui seront remplacés plus tard par des mots créés en hongrois, du moins dans la langue standard. Dautres emprunts relativement anciens et qui ont subsisté sont hobbipasse-temps’, liftascenseur’, etc. Depuis les années 1990, linfluence culturelle américaine se manifeste entre autres par lentrée dans la langue commune de mots de léconomie et de linformatique : brókercourtier’, dílerconcessionnaire ; dealer’, hardvermatériel informatique’, szoftverlogiciel’, etc.

La catégorie de mots anglais illustrée par les exemples ci-dessus, entrés directement en hongrois, est en fait moins importante que celle des mots empruntés par lintermédiaire de lallemand, par exemple : buldogbouledogue, dzsemconfiture’, komfortconfort’, víkendweek-end’, etc.

Mots internationaux

À partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, des transformations profondes ont lieu en Europe, dans la culture, les techniques et les sciences, ce qui mène à lapparition dobjets et de notions nouveaux. Par leur diffusion, leurs appellations aussi se répandent en beaucoup de langues, conservant plus ou moins leur forme dorigine et devenant ainsi internationaux. Ce processus saccélère de plus en plus par le développement des transports, de la presse et des télécommunications, de la radiodiffusion, de la télévision et de linternet. Cest langlais, le français et lallemand qui ont le plus contribué à la diffusion de ces mots. Plusieurs milliers en sont passés des terminologies de spécialité dans la langue commune.

Le plus souvent, on ne sait pas exactement de quelle langue les mots internationaux sont entrés directement en hongrois, mais seulement quelle est leur langue dorigine. Par ordre décroissant de la quantité de mots fournis, ces langues sont :

  • le grec : automata, demokrácia, energia, klinika, telefon, etc.
  • le latin : akvárium, intelligens, kábel, kompót, motor, etc.
  • le français : büfé, garázs, kabin, kamion, vitrin, etc.
  • langlais : csekk, detektív, diszkó, gól, lézer
  • litalien : akvarell, bravúr, karikatúra, kaszinó, etc.
  • larabe : algebra, alkohol, azúr, etc.
  • le russe : mamut, steppe (avec la variante sztyepp)
  • lespagnol : barakk, merinó, platina
  • le hindi : dzsungeljungle
  • le persan : kaviár

Calques lexicaux

Une partie des calques lexicaux sont des créations populaires spontanées apparues dans des conditions de bilinguisme. Les autres sont des créations conscientes de linguistes et décrivains. Beaucoup de tels calques sont apparus à lépoque du « renouvellement de la langue », afin de remplacer le plus possible demprunts dorigine latine et allemande. La plupart des calques ont pour base des mots des langues dont provient la majorité des emprunts. Les calques daprès des mots slaves sont les plus anciens, ceux daprès des mots latins sont pour la plupart créés après le XVIIIe siècle et les calques les plus nombreux ont pour base des mots allemands.

Calques de structure morphématique

Ces calques consistent en la traduction totale ou partielle de mots composés ou dérivés de la langue dorigine. Il y a trois catégories principales de tels calques :

  • Les calques totaux partent de mots étrangers composés ou dérivés avec des préfixes, dont les éléments sont rendus par des mots déjà existants en hongrois : virágvasárnapdimanche des Rameauxlitt. ’dimanche des fleurs’ (cf. serbe/croate Cvetna nedelja) ; madártejœufs à la neigelitt. ’lait doiseau’ (cf. latin lacta gallinaceum), mássalhangzóconsonne’ (litt. ’sonnant avec un autre’) (cf. lat. consonans), anyanyelvlangue maternelle’ (cf. allemand Muttersprache), befolyásinfluencelitt. ’coulage vers lintérieur’ (cf. allem. Einfluß).
  • Les calques partiels conservent un élément de la langue dorigine : agrárkérdésquestion agraire’ (cf. allem. Agrarfrage), tonhalthonlitt. ’poisson thon’ (cf. allem. Thunfisch).
  • Les calques simples ont pour modèles des mots dérivés avec des suffixes, qui donnent des mots ayant une structure semblable : anyagmatière’ (← anyamère’ + -g), cf. lat. materia (← mater + -ia) ; pincérserveur’, cf. allem. Kellner.

Calques sémantiques

Le calque sémantique est un procédé par lequel un mot existant dans la langue se voit attribuer un sens nouveau sous linfluence du sens du mot étranger correspondant. Ainsi, par exemple, le mot világ qui avait le senslumièrea reçu aussi le sensmonde’, sous linfluence du mot slave světъlumière ; univers’. Dans la langue actuelle, le mot világ ne signifie plus quemonde’, pour le senslumièresétant formé un dérivé de ce mot, világosság. Dautres calques sémantiques : akna1. galerie de mine ; 2. mine’ (arme explosive)’ (le deuxième sens cf. allem. Mine) ; alak (sens initial1. poupée ; 2. masque’, sens actuelforme’, cf. allem. Gestalt).

Moyens internes denrichissement du lexique

La création spontanée de mots

Les mots créés spontanément ne sont pas fondés sur des éléments hérités ou empruntés, mais sont lexpression de sentiments par des manifestations sonores spontanées, limitation de bruits ou la suggestion par certains complexes sonores de contenus affectifs supplémentaires, à côté de contenus notionnels. Dans la langue commune il y a quelques centaines de tels mots.

Interjections

Ce sont à lorigine des manifestations sonores non-articulées exprimant la joie, la douleur, la colère, létonnement, la déception, etc., qui ont acquis au cours du temps une forme sonore articulée. À cause de leur origine, certains de ces mots se ressemblent dans diverses langues sans quils sagisse demprunts. Des exemples de telles interjections sont á, , ó, pszt, etc., dans le cas desquelles il y a de nos jours encore un rapport étroit entre le sens (la fonction) et la forme sonore. Pour dautres interjections, ce rapport ne peut plus être établi, par exemple pour ejnye (employé de façon répétée, pour exprimer un reproche) ou pour noszaallez’.

Certaines interjections ont donné dautres mots par dérivation, surtout des verbes : jajaïe’ → jajgatcrier de douleur’, óóhajtdésirer’.

Mots onomatopéiques

Ces mots ont pour racine limitation de bruits par des complexes sonores articulés, sans que ce soit toujours des onomatopées utilisées dune façon autonome. La plupart sont des verbes dérivés de tels complexes sonores. Pour la majorité, le rapport entre la forme sonore et le bruit imité est évident [pukkanéclater’, sziszegsiffler’ (serpent)], pour dautres ce rapport sest estompé : hasadse fendre’, taposfouler aux pieds)’. Dautres verbes onomatopéiques :

  • dérivés de cris danimaux : bőgmugir ; rugir’, gágogcacarder’, nyávogmiauler’, etc.
  • dérivés de manifestations sonores humaines : dadogbégayer’, dúdolfredonner’, súgchuchoter’, etc.
  • dérivés de manifestations sonores animales et humaines : csámcsogfaire claquer la langue en mangeant’, fütyülsiffler’, horkolronfler’, kortyolboire à gorgées
  • dérivés dautres bruits : dörögtonner’, duruzsolchanter’ (leau quand elle bout), süvítsiffler’ (le vent), zörögproduire un bruit de ferraille

Les noms onomatopéiques sont beaucoup moins nombreux que les verbes. Certains se sont formés par dérivation régressive à partir de verbes : (kortygorgée’ ← kortyol), dautres par création consciente à partir de verbes (zörejbruit de ferraille’ ← zörög). Certains noms danimaux se sont formés par limitation de leurs cris : kakukkcoucou’, pacsirtaalouette’, rigómerle’.

Une catégorie à part est constituée par les mots utilisés pour faire venir, mener ou faire partir certains animaux : cic (pour faire venir le chat), csi (pour faire venir les poulets), hess (pour faire partir les oiseaux), sicc (pour faire partir le chat). Certains noms danimaux son dérivés de tels mots : cicachat’ (langage des enfants), csirkepoussin, poulet’, héjaautour’ (dun mot pour faire partir loiseau).

Créations expressives

Ce sont des mots qui ajoutent, par leur forme sonore, des contenus affectifs aux contenus notionnels quils portent. De tels mots élargissent beaucoup en hongrois laire des nuances de sens. Cest surtout le cas de verbes qui rendent des mouvements et des états, avec des nuances qui expriment la lenteur, lhésitation, le ridicule, etc. Exemples pour :

  • aller’ : baktattrotter à pas lents’, bandukolaller tout doucement’ ; bicegclopiner’ ; kecmeregtraînasser’ ; totyogtrottiner’ (enfant commençant à marcher), etc.
  • être assis’ : csücsülfaire sisite’ (langage enfantin), kuksolêtre assis à croupetons’, kuporogêtre assis à croupetons ; se tenir perché sur une branche
  • des mouvements de la bouche : motyogbalbutier’, tátouvrir largement la bouche’, vicsoroggrincer des dents ; montrer ses crocs
  • des mouvements des yeux : pillantjeter un coup dœil’, pislogciller
  • des vibrations : bizseregpicoter’, didereggrelotter (de froid)’, hemzseggrouiller

Il y a aussi des adjectifs créations expressives dépréciatives : bambabalourd(e)’, nyiszlettgringalet’, pipogyachiffe molle’, sunyichafouin(e)’.

Sont également des créations expressives les mots du langage des petits enfants et de celui utilisé par les adultes avec ces enfants, dont certains sont passés dans la langue commune : bábmarionnette’, bababébé ; poupée’, pépboullie’, etc.

La formation de mots

Ce procédé interne denrichissement du lexique consiste à combiner des éléments déjà existants dans la langue pour obtenir des mots nouveaux. Ces éléments peuvent être hérités, empruntés, calqué ou créés.

La dérivation

Ce procédé est très développé en hongrois. Dans cette langue, il se fait par suffixation.

Dun côté, une racine peut recevoir des suffixes lexicaux différents. Par exemple, à partir de la racine szem1. œil ; 2. grainil y a les dérivés szemcsegranule’, szemecske1. petit œil ; 2. granule’, szemelgetgrappiller’, szemeregil bruine’, szemerkélil bruine’, szemesen grains’, szemez1. écosser’ ; 2. (fam.) faire de lœil à quelquun’, szemlélexaminer du regard’, szemölcsverrue’, etc. Dun autre côté, un mot déjà dérivé peut recevoir dautres suffixes lexicaux, par exemple szemölcs + -sszemölcsösverruqueux(euse). Exemple de dérivation plus complexe : addonner’ + -atadatdonnée, information’ + -oladatoldocumenter’ + -hatadatolhatpouvoir documenter’ + -atlanadatolhatatlanimpossible à documenter’ + -ságadatolhatatlanságimpossibilité à documenter’.

Certains suffixes forment des mots dune nature différente de celle du mot de base, dautresdes mots de même nature. Les suffixes lexicaux sont très nombreux, mais pas tous sont productifs. Ceux-ci sont les suivants[5] :

Suffixes formateurs de noms

Suffixe Nature du mot de base Caractère du mot dérivé Exemples
-ság/-ség adjectif nom abstrait szépségbeauté
nom barátságamitié
-itás[6] adjectif emprunté nom abstrait modernitásmodernité
-ka/-ke nom diminutif leánykafillette’, egérkepetite souris
-cska/-cske adjectif diminutif csúnyácskalaid(e)’, szépecskebeau/belle
nom fiúcskagarçonnet’, könyvecskepetit livre
-i prénom de personne diminutif Feri (← FerencFrançois’), Erzsi (← ErzsébetÉlisabeth’)[7]
-s nom nom doccupation órás[8]horloger
nom de chiffre százas[9]cent
-ás/-és verbe nom de procès complexe a lány megoperálása[10]lintervention chirurgicale effectuée sur la fille[11]
nom de procès simple olvasáslecture
nom de résultat bemélyedés ’(r)enfoncement
-ó/-ő verbe nom dagent a levél írójacelui/celle qui (a) écrit la lettre
nom doccupation[12] A levél írója nem volt író.Celui/Celle qui a écrit la lettre nétait pas écrivain.’
nom dinstrument evező[13]aviron

Suffixes formateurs dadjectifs

Suffixe Nature du mot de base Sens du mot dérivé Exemples
-atlan/-etlen verbe transitif direct adjectif privatif megíratlannon-écrit(e)’, neveletlenmal élevé(e)’
-tlan/-tlen, -talan/-telen nom terminé en voyelle adjectif privatif tlanpas salé(e)’, tlencélibataire’ (litt. ’sans femme’)
terminé en consonne lombtalansans feuillage’, víztelensans eau
-i nom doccupation adjectif de relation[14] tanárienseignant(e), professoral(e)’
de fonction elnökiprésidentiel(le)’
détablissement, dinstitution egyetemiuniversitaire
toponyme balatonidu Balaton
abstrait pihenéside repos
de domaine dactivité teológiaitéologique
de période de temps nyáridété
de personnalité bartókibartókien(ne)’, József Attila-idAttila József, caractéristique pour A. József
-beli nom de pays, de continent, de ville adjectif dappartenance németországbeliqui se trouve en Allemagne’, afrikabeliqui se trouve en Afrique’, varsóbeliqui se trouve dans la ville de Varsovie
détablissement, dinstitution parlamentbeliqui se trouve dans le parlement
de domaine dactivité építészetbelidu domaine de larchitecture
collectif csoportbelià lintérieur du groupe
-s nom dobjet, dinstrument, danimal, de plante qui détient ou est muni de ce que le mot de base dénomme sapkásà casquette’ ; dobosavec un tambour’ ; kutyásavec un chien’, bokrosbuissonneux
de type dinstitution, dorganisation, de groupe qui appartient à ou active dans ce que dénomme le mot de base főiskolásélève décole supérieure’, fideszesmembre du parti Fidesz
de période de temps en relation avec la période dénommée par le mot de base évesannuel(le)’
emprunté terminé en -(ác) en relation avec la notion dénommée par le mot de base privatizációsconcernant la privatisation
adjectif de couleur à caractéristiques qui ressemblent à celles exprimées par le mot de base kékesbleuâtre
ethnonyme svédesqui ressemble à quelque chose de suédois / à un(e) Suédois(e)’
dérivé dun toponyme, avec le suffixe -i párizsiasqui ressemble à quelque chose de parisien / à un(e) Parisien(ne)’
-/- nom déterminé par un adjectif qualificatif ou numéral terminé en voyelle qui détient quelque chose nagy erejűdune grande force
-ú/-ű terminé en consonne nagy orrúau gros nez
-nyi nom concret caractérisé par une certaine quantité ou dimension egy pohárnyiun verre’ (tant quil contient), egy méternyidun mètre

Suffixes formateurs de verbes

Suffixe Nature du mot de base Sens du mot dérivé Exemples
-z(ik) nom soccuper à quelque chose programozprogrammer’ (dans linformatique), diszkóz(ik)aller à la discothèque’ (itératif)
-l[15] nom soccuper à quelque chose bokszolfaire de la boxe
verbe étranger printelimprimer’ (avec une imprimante)
-ál verbe étranger soccuper à quelque chose formattálformater
-kodik/-kedik/-ködik, -skodik/-skedik/-sködik[16] nom doccupation, de fonction se comporter en accord avec ce que le mot de base dénomme kertészkedikjardiner’, diákoskodikêtre étudiant’, mérnökösködiktravailler en tant quingénieur
adjectif caratérisant un trait humain dérivé avec le suffixe -s se comporter en accord avec le trait exprimé par le mot de base aggályoskodiksinquiéter
dérivé avec un suffixe privatif hűtlenkedikse comporter de façon infidèle
-gat/-get verbe daction aspect sécant action de valeur réduite olvasgatlire’ (de temps en temps et/ou superficiellement)
aspect non-sécant action itérative veregetbattre
-g racine onomatopéique action sécante dörögtonner
-n racine onomatopéique action non-sécante dörrendétoner
-odik/-edik/-ödik adjectif commencer à devenir conforme à la qualité exprimée par le mot de base magasodikse hausser’, sötétediksassombrir
-ít adjectif faire avoir la qualité exprimée par le mot de base magasíthausser’, sötétítassombrir
-sodik/-sedik/-södik adjectif dérivé dun ethnonyme commencer à devenir conforme à la qualité exprimée par le mot de base németesedikse germaniser
-sít adjectif dérivé dun ethnonyme faire avoir la qualité exprimée par le mot de base németesítgermaniser
-izál[17] adjectif emprunté faire avoir la qualité exprimée par le mot de base modernizálmoderniser
-(t)at/-(t)et verbe actif verbe factitif mosatfaire laver’, nézetfaire regarder’, dolgoztatfaire travailler’, feleltetquestionner’ (un élève)
-ódik/-ődik verbe actif verbe moyen becsukódikse fermer’, elintéződikse régler, se résoudre
-kodik/-kedik/-ködik verbe actif verbe réfléchi mosakodikse laver’, fésülködikse peigner

Suffixes formateurs dadverbes

Suffixe Nature du mot de base Sens du mot dérivé Exemples
-n adjectif non-dérivé la manière dont un procès a lieu vidámangaiment
dérivé szabályszerűende manière règlementaire
-ul/-ül adjectif dérivé dun ethnonyme la manière dont un procès a lieu olaszulen italien
à suffixe privatif elkerülhetetlenülinévitablement
-lag/-leg adjectif derivé avec -i « du point de vue »[18] logikailaglogiquement’, művészilegdu point de vue artistique
-kor nom exprimant un procès le moment du procès megérkezéskorà larrivée
La composition

Ce procédé est beaucoup plus fréquent en hongrois quen français. Au syntagme nom + complément du nom du français il correspond souvent un mot composé en hongrois.

La plupart des mots composés ont un élément de base qui est toujours en dernière position et détermine la fonction syntaxique du mots et ses traits morphologiques, étant essentiel également pour déterminer le sens du mot composé.

Du point de vue de la nature des mots dont on peut former des mots composés, il y a les combinaisons productives suivantes :

  • nom + nom : bankautomataguichet automatique bancaire’, pénzmosásblanchiment dargent
  • adjectif + nom : kismama [← kispetit(e)’ + mamamaman’] ’femme enceinte’, melegház [← melegchaud(e)’ + házmaison’] ’serre
  • nom + adjectif : oszlopmagashaut(e) comme un poteau’, tündérszépbelle comme une fée
  • adjectif + adjectif : sötétkék [← sötétfoncé(e)’ + kékbleu(e)’] ’bleu foncé’, világoslila [← világosclair(e)’ + lilaviolet’] ’violet clair

Une catégorie à part est constituée par les compositions dun élément qui, bien quil ait un sens lexical, ne peut constituer un mot autonome, et un mot proprement-dit. La plupart des éléments non-autonomes sont premiers : alhadnagysous-lieutenant’, álnévpseudonyme’, belkereskedelemcommerce intérieur’, külkereskedelemcommerce extérieur’, előszóavant-propos, préface’, könyvelőchef comptable’, gyógymódprocédé thérapeutique’, közvéleményopinion publique’, mellékhatáseffet secondaire’, önkritikaautocritique’, összlétszámeffectif total’, távirányítástélécommande’, utószezonarrière-saison’. Dautres éléments non-autonomes sont derniers : bogárféleespèce dinsecte’, tojásfélesorte dœuf’.

Selon les rapports entre les composants, on peut établir plusieurs catégories de mots composés :

  • Les compositions organiques ont des éléments entre lesquels il y a un rapport syntaxique. De ce points de vue il y a :
  • des compositions subordonnantes :
à sujet, dont sont productives celles du type porlepte [← porpoussière’ + leptecouvert(e)’] ’couvert(e) de poussière
à objet : egyetért (← egyetun’ + értcomprendre’) ’être daccord’, favágó (← faarbre, bois’ + vágócoupeur’) ’bûcheron’, fejcsóválva (fejtête’ + csóválvaen secouant’) ’en secouant la tête’, kerékgyártó (← kerékroue’ + gyártóproducteur’) ’charron
à complément : gyorsúszó [← gyorsrapide’ + úszónageur(euse)’] ’nageur(euse) rapide’, kézenfogva (← kézenpar la main’ + fogvaen tenant’) ’en se tenant par la main’, napraforgó (← napravers le soleil’ + forgóqui tourne’) ’tournesol’, rostonsült [← rostonsur gril’ + sültrôti(e)’] ’grillade’, ujjáépítés (← ujjápour que cela devienne nouveau’ + építésconstruction’) ’reconstruction’, zsírmentes [← zsírgraisse’ + mentesdépourvu(e) de’] ’sans graisse
à épithète : teáscsésze (← teásà thé’ + csészetasse’) ’tasse à thé’, öttusa (← ötcinq’ + tusacombat’) ’pentathlon’, százlábú (← százcent’ + lábúà pattes’) ’myriapode’, háztető (← házmaison’ + tetőtoit’) ’toit de maison’, tojásfehérje (← tojásœuf’ + fehérjele blanc de’) ’blanc dœuf
à rapport syntaxique non-précisable : gázfűtés (← gázgaz’ + fűtéschauffage’) ’chauffage au gaz’, lépcsőház (← lépcsőescalier’ + házmaison’) ’escalier dimmeuble’, útlevél (← útchemin, route’ + levélfeuille’) ’passeport’. Parmi ces compositions il y a beaucoup de calques daprès des mots composés allemands, par exemple lámpaláz (← lámpalampe’ + lázfièvre’) ’trac’.
  • des compositions coordonnantes :
proprement-dites, qui sont complètement soudées, seul le dernier composant pouvant recevoir des suffixes : adásvételachat-vente’, rabszolga [← rabcaptif(ive)’ + szolgadomestique’] ’esclave’, testvér (← testcorps’ + vérsang’) ’frère/sœur
par redoublement dun mot : egy-egyun(e) pour chacun(e)’, egyszer-egyszerparfois’ (litt. ’une fois-une fois’), ki-kichacun(e) séparément’ (litt. ’qui-qui’), már-márpresque’ (litt. ’déjà-déjà’)
par répétition de la racine dun mot : körös-körültout autour’, régestelen-régenil y a très longtemps
par répétition dun mot et sa déformation dans lune des occurrences :  : izeg-mozogfrétiller’ (le premier composant est la déformation du second, qui signifieremuer’), gizgazmauvaise herbe’ (le premier composant est la déformation du second, de même sens que le mot composé, mais moins expressif), mendemondaracontar’ (le premier composant est la déformation du second, qui signifielégende’)
par association de deux mots entre lesquels il y a une ressemblance morphologique, ayant le même suffixe, et qui sont souvent dans une relation antonymique : égen-földönpartout’ (litt. ’au ciel-sur terre’), éjjel-nappaljour et nuit’, hegyes-völgyesvallonné(e)’ (litt. ’à collines-à vallées’), jól-rosszultant bien que mal’, süt-főz (sütfaire cuire au four’ + főzfaire cuire à leau’) ’faire la cuisine
  • Les compositions non-organiques sont formées de mots soudés entre eux sans rapport syntaxique conservé dans le cadre du mot composé. Elles peuvent être :
    • formées de mots se trouvant au début de textes fréquents dans lusage, par exemple de prières : hiszekegy (← hiszekje crois’ + egyun’) ’crédo’, miatyánkNotre Père’, ábécéalphabet’, egyszeregy (← egyszerune fois’ + egyun’) ’table de multiplication
    • des pronoms et des conjonctions formés déléments fréquemment utilisés en succession dans le passé et qui ont fini par se souder : bárkiquiconque’, valakiquelquun’, hanem (← hasi’ + nemnon’) ’mais’, holott (← hol’ + ott-bas’) ’alors que’, mégis (← mégencore’ + isaussi’) ’quand même
    • formées de syntagmes ou même des phrases dont les membres se sont soudés et qui sont parfois déformés : fogdmeg (← Fogd meg!Attrape-le !’) ’sbire’, keljfeljancsi (← Kelj fel, Jancsi!Lève-toi, Jancsi !’) ’poussah’, mitugrász (← Mit ugrálsz?Quest-ce que tu as à sautiller ?’) ’agité(e)’, nebáncsvirág (Ne bánts!Ne me fais pas de mal ! + virágfleur’) ’personne trop sensible’, nefelejcs (← Ne felejts!Noublie pas !’) ’ne moubliez pas, myosotis
  • Il y a aussi des compositions situées entre les organiques et les non-organiques, formées dun type de mot nominal et dune postposition. Dans celles-ci on peut constater un certain rapport de subordination, mais leur formation est en fait due à leur succession dans la proposition : délelőttmatinée’, délutánaprès-midi’, holnaputánaprès-demain’, tegnapelőttavant-hier’.

Tous les mots composés nont pas les éléments pareillement soudés. Ceux qui sont bien soudés se voient ajouter les suffixes grammaticaux et lexicaux seulement au dernier élément. Cest le cas des compositions subordonnantes [jóindulatbonne volonté’, jóindulatúbienveillant(e)’, jóindulatúakbienveillant(e)s’, jóindulatúbbplus bienveillant(e)’] ; des compositions coordonnantes proprement-dites (rabszolgaesclave’, rabszolgákesclaves’, a rabszolgáknakaux esclaves’), des noms composés non-organiques (fogdmegsbire’, fogdmegeksbires’) ; des noms composés intermédiaires : délutánaprès-midi’, délutánokaprès-midis’. Dans les mots composés moins soudés, les deux membres reçoivent le même suffixe. Cest le cas des compositions organiques coordonnantes formées de verbes : jön-megyil/elle va et vient’, jönnek-mennekils/elles vont et viennent’.

Il y a aussi des mots composés dun mot déjà composé + un mot simple, par exemple sárgadinnye (← sárgajaune’ + dinnyepastèque’) ’melon’ + termesztésculture’ (agricole) → sárgadinnye-termesztésculture du melon’, voire de deux mots composés, par exemple rendőrzenekarorchestre de(s) policiers’, de rendőrpolicier’ (← rendordre’ + őrgardien’) + zenekarorchestre’ (← zenemusique’ + karchœur’).

Autres procédés de création spontanée de mots
  • Certains mots ont été créés par la lexicalisation de formes suffixés dautres mots : fehérje (← fehérblanc’ + le suffixe possessif -je) ’blanc dœuf ; protéine’, hátul (← hátdos, arrière’ + -ul) ’à larrière’, jobb [← bon(ne)’ + le suffixe du degré comparatif -bb) ’droit(e)’ (contraire degauche’), soká (← sokbeaucoup’ + -á) ’longtemps’. Ce nest pas un procédé productif.
  • Par dérivation régressive (suppression dun suffixe) se sont créés :
des noms à partir de verbes : kapahoue’ < kapálbiner’, parancsordre’ < parancsolordonner’, vádaccusation’ < vádolaccuser’, füttysifflement’ < füttyentsiffler, pírrougeur des joues’ < pirulrougir’ ;
des verbes à partir de noms composés : gyorsírsténographier’ < gyorsírássténographie’, képviselreprésenter’ < képviselőreprésentant(e), député(e). Ce procédé est toujours productif : hőszigetelésisolation thermique’ > hőszigeteleffectuer une isolation thermique’.
  • Certains mots se sont formés par élimination de lélément principal dun mot composé ou du terme régent dun syntagme : feketekávé (litt. ’café noir’) > feketecafé’, kölnivízeau de Cologne’ > kölni, napkeletlever du soleil’ > keletorient, est’.
  • Un autre procédé est la différenciation sémantique de variantes phonétiques dun mot. Par exemple, le mot szarv ~ szaru signifiaitcorneavec deux sens que ce mot a en français : « • Excroissance dure, pointue et paire ornant la tête de certains mammifères et servant d'arme offensive ou défensive. ; • Substance (kératine) constituant des zones superficielles (cals) ou des organes durs (sabot, ongle, griffe, corne) et employée dans l'industrie[19]. » Aujourdhui les sens des deux variantes sont différents : szarv sest spécialisé dans le premier sens et szaru dans le deuxième. Autres formations de ce genre : bozótosbrouissailleux(euse), courvert de broussailles’ ~ bozontosbroussailleux’ (se référant aux cheveux) ; csekélyde peu dimportance’ ~ sekélypeu profond’ (se référant à leau) ; gombbouton’ (de vêtement) ~ gömbsphère, globe’ ; lobog1. flamboyer ; 2. flotter (se référant à un drapeau)’ ~ lebegplaner’ ; nevelélever, éduquer’ ~ növelaccroître, augmenter, agrandir’.

La création consciente de mots

Mots créés par dérivation ou composition

Les mots ainsi créés ont pour base des mots existant dans la langue, cependant, ils ne sont pas apparus spontanément, mais ont été proposés par des lettrés, surtout écrivains et linguistes. Les créateurs de beaucoup de tels mots sont connus. Ce moyen interne denrichissement du lexique sapplique au cours de la traduction de textes étrangers ou avec lintention de créer des termes de spécialité. Cette tendance était manifeste surtout vers la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, la première période du mouvement de « renouvellement de la langue », quand on a créé quelque 8 500 mots, dont la plupart a disparu depuis. Exemples de mots créés par lécrivain Ferenc Kazinczy, qui ont subsisté : alkalomoccasion’, édeskésdouceâtre’, egyesületassociation’, évszaksaison’, felvonásacte (de pièce de théâtre)’, füzetcahier’, hálásreconnaissant’, kedvencfavori(te)’, keringővalse’.

Vers le milieu du XXe siècle il a commencé à se manifester une tendance à remplacer les termes sportifs étrangers par des mots hongrois. Cest alors que sont apparus les mots jégkorong (← jégglace’ + korongdisque’) ’hockey sur glace’, röplabda (← röp racine du verbe röpülvoler’ + labdaballon’) ’voleyball’, labdarúgás (litt. ’frappe du ballon avec le pied’) ’football’, vízilabda (litt. ’ballon deau’) ’water-polo’, etc. La tendance à éviter les mots étrangers et à créer leurs équivalents continue de nos jours : csontritkulás (litt. ’raréfaction des os’) ’ostéoporose’, magánosítás (dérivé de magánprivé’) ’privatisation’, merevlemezdisque dur’, számítógép (litt. ’machine à calculer’) ’ordinateur’, etc. Il y a aussi des paires empruntmot créé, par exemple privatizációmagánosítás.

Sigles et acronymes

En fonction des lettres qui les composent, certains sigles se prononcent comme les mots habituels : MÁV < Magyar ÁllamvasutakChemins de Fer dÉtat Hongrois’, ELTE < Eötvös Loránd TudományegyetemUniversité de sciences Loránd-Eötvös’. Pour dautres on prononce les noms des lettres : OTP [oːteːpeː] < Országos TakarékpénztárCaisse Nationale dÉpargne’, PPKE [peːpeːkaːɛ] < Pázmány Péter Katolikus EgyetemUniversité Catholique Péter-Pázmány’. Il y a aussi des sigles empruntés, par exemple NATOOTAN’.

Quant aux acronymes, ils peuvent être formés à partir de noms propres mais aussi de noms communs. Dans la première catégorie il y a, par exemple, Malév < Magyar giforgalmi Vállalatentreprise hongroise de trafic aérienet Mol < Magyar Olaj- és Gázipari Rt.société par actions hongroise dindustrie du pétrole et du gaz’. À partir de mots communs, on a formé gyed < gyermekgondozási díj litt. ’allocation de soins à lenfant’, tébécétuberculose’, tévétélé[20].

Non seulement les acronymes, mais aussi les sigles se comportent comme les mots habituels, cest-à-dire ils reçoivent des suffixes grammaticaux et lexicaux : A MÁV-nál dolgozik.Il/Elle travaille à la MÁV.’, A Malévval utazom.Je voyage avec Malév.’, Nézi a tévét.Il/Elle regarde la télé.’

Mots hongrois dans dautres langues

Le lexique du hongrois contient beaucoup de mots empruntés, mais il a été dans une proportion beaucoup moindre une source demprunts pour dautres langues. Sont en cause premièrement les langues voisines. Par exemple, 1,43% des mots roumains seraient dorigine hongroise[21]. Quelques mots sont entrés dans des langues plus lointaines, mais pas directement dans toutes. Le Petit Robert, version électronique de 1996, fait état de 15 mots qui seraient dorigine hongroise, la plupart dénommant des réalités hongroises. Un exemple en est paprika, utilisé en allemand, en anglais et dans dautres langues, avec la même graphie quen hongrois. Un autre exemple est kocsi. À lorigine, cest un adjectif dérivé du nom du village de Kocs, en Hongrie, utilisé dans le syntagme kocsi szekérchariot de Kocs’, qui désigne un type de véhicule construit dans cette localité. Le mot sest répandu dans plusieurs langues, avec des formes adaptées à celles-ci, acquérant dans certaines des nuances de sens différentes de celui de létymon :

  • allemand : Kutschecarrosse, calèche, diligence, voiture à cheval
  • anglais : coachcalèche, diligence, voiture de train, autocar
  • catalan : cotxevoiture à cheval, voiture automobile, autocar
  • espagnol : cochecarrosse, calèche, diligence, voiture à cheval, poussette, voiture automobile, wagon-lits, autocar
  • français :coche
  • macédonien : кочијаvoiture à cheval, calèche
  • néerlandais : koetscarrosse, coche, voiture à cheval, voiture de chemin de fer, corbillard
  • polonais : koczcoche, coupé
  • portugais : cochecarrosse
  • roumain dialectal du Banat et de Transylvanie : cociechariot, voiture à cheval
  • serbe/croate : kočijachariot, voiture à cheval, calèche
  • slovène : kočijacarrosse, coche, voiture à cheval
  • tchèque : kočárcalèche, carrosse, voiture à cheval

Notes et références

  1. Pourcentages donnés par Gerstner (2006), p. 478.
  2. Grâce à des missionnaires slaves.
  3. Le hongrois ne connaît pas le genre grammatical, cest pourquoi les adjectifs ont une seule forme.
  4. Gerstner (2006), p. 453, les estime à quelques centaines, dans Marius Sala (dir.), Enciclopedia limbilor romanice [« Encyclopédie des langues romanes »], Editura ştiinţifică şi enciclopedică, Bucarest, 1989 (ISBN 973-29-0043-1), p. 279, le nombre de ces emprunts est estimé à plus de 2000.
  5. Cf. Kiefer (2006), p. 60-72.
  6. Emprunté au latin.
  7. Se forment de la première syllabe du mot de baze + la consonne qui suit + le suffixe.
  8. De óramontre, horloge’. La suffixation provoque souvent des changements phonétiques dans la racine. Ici a change en á.
  9. De százcent’ (forme utilisée quand on compte). A devant le suffixe est une voyelle de liaison.
  10. Du verbe megoperálopérer’.
  11. Le nom dérivé peut être utilisé seulement comme « objet » possédé.
  12. Par linstitutionnalisation du nom dagent.
  13. Du verbe evezramer’.
  14. Établit une relation entre le nom de base et le nom déterminé par ladjectif dérivé.
  15. Les suffixes -l et -z(ik) sont concurrents, ayant le même sens, mais le second est plus fréquent.
  16. La seconde variante semploie avec des noms terminés en voyelle ou en consonne occlusive.
  17. Dorigine romane.
  18. Sa fonction syntaxique est de complément de relation.
  19. Cf. Larousse.fr.
  20. Les deux derniers exemples reflètent la prononciation de sigles (TBC et TV respectivement), mais nétant pas écrits sous cette forme, ils comptent pour des acronymes.
  21. Marius Sala (dir.), Vocabularul reprezentativ al limbilor romanice [« Le vocabulaire représentatif des langues romanes »], Editura Ştiinţifică şi Enciclopedică, Bucarest, 1988.

Bibliographie

  • (hu) Gerstner, Károly, « A magyar nyelv szókészlete » [« Lexique du hongrois »], dans Kiefer, Ferenc (dir.), Magyar nyelv [« Langue hongroise »], Akadémiai Kiadó, Budapest, 2006 (ISBN 963 05 8324 0), p. 437-480
  • (hu) Keszler, Borbála, « A szóképzés » [« La dérivation »], dans Magyar Nyelvőr (ISSN 1585-4515), n° 1 (2000) [lire en ligne (page consultée le 4 octobre 2009)]
  • (hu) Kiefer, Ferenc, « Alaktan » [« Morphologie »], dans Kiefer, Ferenc (dir.), Magyar nyelv [« Langue hongroise »], Akadémiai Kiadó, Budapest, 2006 (ISBN 963 05 8324 0), p. 54-79
  • Szende, Thomas et Kassai, Georges, Grammaire fondamentale du hongrois, Langues & MondesLAsiathèque, Paris, 2001 (ISBN 2-911053-61-3)

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Lexique du hongrois de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно решить контрольную?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Hongrois — Cet article concerne la langue hongroise. Pour le peuple hongrois, voir Magyars. Hongrois Magyar Parlée en Hongrie, Roumanie, Slovaquie, Autriche, Serbie, Croatie Région …   Wikipédia en Français

  • Lexique du roumain — Article principal : Roumain. Roumain Lexique Liste Swadesh Distribution géographique Histoire Variantes régionales Moldave Grammaire Les articles, le nom, l adjectif qualificatif et l adjectif numéral Le verbe Les pronoms et les adjectifs… …   Wikipédia en Français

  • Lexique : Termes Spécialisés En Interprétation Français/LSQ — Série d articles sur l interprétation en langue des signes Article principal : Interprétation français/langue des signes québécoise Articles secondair …   Wikipédia en Français

  • Lexique : termes specialises en interpretation francais/LSQ — Lexique : termes spécialisés en interprétation français/LSQ Série d articles sur l interprétation en langue des signes Article principal : Interprétation français/langue des signes québécoise Articles secondair …   Wikipédia en Français

  • Lexique : termes spécialisés en interprétation français/LSQ — Série d articles sur l interprétation en langue des signes Article principal : Interprétation français/langue des signes québécoise Articles secondair …   Wikipédia en Français

  • Lexique : termes spécialisés en interprétation français/lsq — Série d articles sur l interprétation en langue des signes Article principal : Interprétation français/langue des signes québécoise Articles secondair …   Wikipédia en Français

  • Hongrois (liste Swadesh) — Liste Swadesh du hongrois Liste Swadesh de 207 mots en français et en hongrois. Sommaire 1 Présentation 2 Liste 3 Voir aussi 3.1 Bibliographie …   Wikipédia en Français

  • Histoire du hongrois — Article principal : Hongrois. Hongrois Répartition géographique et statut Histoire Variantes régionales Phonologie et graphie Grammaire Morphologie …   Wikipédia en Français

  • Dialectes hongrois — Article principal : Hongrois. Hongrois Répartition géographique et statut Histoire Variantes régionales Phonologie et graphie Grammaire Morphologie …   Wikipédia en Français

  • Variantes regionales du hongrois — Dialectes hongrois Les dénominations les plus adéquates pour les variantes régionales du hongrois sont « parlers » et « groupes de parlers ». Ces parlers sont nombreux, mais le hongrois est tout de même unitaire, c’est à dire… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/2016302 Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”