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Cet article concerne la langue ukrainienne. Pour le peuple ukrainien, voir Ukrainiens.
Ukrainien
українська мова (ukrayins'ka mova)Parlée en Ukraine, Moldavie, Transnistrie, Pologne, Slovaquie, Russie, Biélorussie, Roumanie, Serbie Nombre de locuteurs 41 millions Typologie SVO + ordre libre accentuelle Classification par famille - - langues indo-européennes
- - langues balto-slaves
- - langues slaves
- - langues slaves orientales
- - ukrainien
- - langues slaves orientales
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Statut officiel Langue officielle de Ukraine, Moldavie et Transnistrie Régi par Académie nationale des sciences Codes de langue ISO 639-1 uk ISO 639-2 ukr ISO 639-3 ukr IETF uk Échantillon Article premier de la Déclaration des Droits de l'Homme (voir le texte en français) Стаття 1.
Всі люди народжуються вільними і рівними у своїй гідності та правах. Вони наділені розумом і совістю і повинні діяти у відношенні один до одного в дусі братерства.modifier L'ukrainien (en ukrainien : українська мова, oukrayins'ka mova) est une des quatre langues appartenant à la famille orientale des groupes slaves — de la famille des langues indo-européennes, les trois autres étant le russe, le ruthène et le biélorusse. Elle est la langue officielle de l'Ukraine, mais elle est aussi parlée en Pologne, en Slovaquie,en Estonie,en Russie, en Roumanie, en Biélorussie, dans la province de Transnistrie, en Moldavie ainsi que dans certaines régions de Serbie comme le Banat.
Des diasporas ukrainophones existent au Canada, aux États-Unis et en Australie.
Sommaire
Histoire
Perspective
Les débuts d'une langue ukrainienne normalisée ont été souvent entravés par le manque d'indépendance et de souveraineté de l'Ukraine.
Pendant des siècles suivant la chute de la Rus' de Kiev, les élites ukrainiennes ne parlaient pas la langue de leur pays, les aristocrates et la classe moyenne ukrainiens étant polonisés ou russifiés, à l’exception notable des élites du Hetmanat cosaque fondé par Bohdan Khmelnytsky. Quant aux paysans, la population majoritaire jusqu'à la deuxième moitié du XX siècle, ils continuèrent s'exprimer en leur langue natale, mais n'avaient pas de poids politique pour la protéger.
Si la langue fut parlée par la plupart des Ukrainiens des Carpates jusqu'au Kouban, l'utilisation de sa forme littéraire fut limitée. Elle se basa surtout sur le vieux-slave dont l'orthographie fut déjà assez éloignée de la phonétique moderne.
Ce n'est qu'au XIXe siècle que l'on rédige le grammaire de l'ukrainien moderne. C'est le XIX siècle qui marque la naissance de la nouvelle littérature ukrainienne dont la langue fut celle parlée par la majorité du peuple. Ces premiers œuvres (Énéïda d'Ivan Kotlyarevsky, Kobzar de Tarass Chevtchenko et tant d'autres) sont considérés aujourd'hui comme des classiques.
Cette renaissance fut significativement freinée par la politique de russification menée par l’Empire russe. Le 18 juillet 1863, un décret du ministre de l'Intérieur russe Piotr Valouïev (russe : Пётр Валуев) interdit l'usage de la langue ukrainienne, la déclarant « inexistante ».
L'ukrainien ne fut d'ailleurs pas la seule langue interdite et « inexistante ». Le biélorusse, une autre langue slave proche de l'ukrainien, connut le même sort.
Des nombreux chercheurs étrangers de l'époque, surtout ceux originaires de pays alliés à la Russie, se fiaient à la position officielle du gouvernement tsariste. C'est ainsi que l’Encyclopædia Britannica 1911 définissait l'ukrainien comme un dialecte « petit russe » de la langue russe. (en anglais).
Toutefois, vers la fin de régime tsariste, l'Académie des sciences impériale admit que l'ukrainien était bel et bien une langue indépendante[1].
En 1917 l'ukrainien fut déclarée la langue officielle de la République populaire ukrainienne. Après l'échec des efforts indépendantistes, l'ukrainien et le russe deviennent les deux langues officielles de la République socialiste soviétique d'Ukraine.
Les élites communistes ukrainiens soutiennent alors la renaissance de la langue. Cette politique fut appelée l'ukrainisation. L'ukrainisation avait pour but officiel le rapprochement entre les masses paysannes (essentiellement ukrainophones) et le gouvernement bolchévique, perçu comme "citadin". D'autre côté, nombreux furent les communistes provenaient des milieux ukrainophones et voulant de la reconnaissance pour leur langue maternelle.
Les efforts d'ukrainisation furent stoppés par Joseph Staline. Aux années 1930 des milliers des écrivains, des acteurs, des artistes, des professeurs ukrainiens furent fusillés et des dizaines de milliers d'autres emprisonnés dans le Goulag. Les élites communistes ukrainiennes furent décimées : nombreux furent exécutés ou emprisonnés, alors que Mykola Skrypnyk, ministre communiste et un des artisans de l’ukrainisation, se suicida en 1933.
Dès lors, toute tentative de protéger l'ukrainien fut considérée comme « nationaliste » donc « antigouvernementale ».
Officiellement, l'ukrainien fut égal au russe. En pratique, toutefois, le gouvernement décourageait l'utilisation l'ukrainien au travail, aux universités et dans les grandes villes en général.
Les historiens soviétiques définirent alors les trois langues slaves comme fraternelles.
L'ère moderne
À l'indépendance, suite à la dissolution de l'URSS, l'État proposa la nationalité ukrainienne à tous les résidents, quelles que soient leurs origines. C'est ainsi que beaucoup de gens se considérant comme Russes ou russophones se sont aussi sentis Ukrainiens. Le pays devint ainsi bilingue. Le russe dominait les médias écrits et la radio, tandis que l'ukrainien était la langue unique des médias télévisuels contrôlés par l'État. Cependant le pays est couvert par les multiples chaînes venant de Russie, et difffusant donc toutes en russe.
Depuis l'indépendance de l'Ukraine en 1991, l'ukrainien a été déclaré seule langue officielle du pays et les habitants ont été encouragés à l'utiliser. Le système scolaire a été transformé pour faire de l'ukrainien la langue d'étude principale. Le russe y est toutefois enseigné. Le gouvernement a aussi fait en sorte que la langue ukrainienne soit de plus en plus utilisée dans les médias et le commerce. Ceci a amené certains, notamment les russophones, à dénoncer certains excès qui découleraient de l'« ukrainisation » du pays. Malgré cela, le russe est encore très fortement implanté (surtout à l'est). En pratique, la question linguistique est complexe et sensible. Des revendications politiques se superposent à l'identité nationale : le russe rappelle pour certains le pan-slavisme et la Russie historique (Russie kiévienne et Empire russe), pour la majorité la russification et les pires heures du soviétisme.
Enfin, l'ukrainien est très variable selon les régions (on parle de Sourjyk ou Suržyk). Même à Kiev, la langue commune reste le russe ; les annonces et publicités étant en ukrainien, on a là un véritable cas de diglossie.
Durant les deux élections de 1994 et 2004, l'adoption du russe comme seconde langue officielle fut une des promesses d'un des candidats (Leonid Koutchma en 1994, Viktor Ianoukovytch en 2004). Cette promesse contribua au soutien des régions du sud et de l'est de l'Ukraine, où les russophones sont majoritaires, à Leonid Koutchma. Cependant le russe ne fut pas instauré en tant que langue officielle durant les dix années de sa présidence (1994-2004).
Ukrainophones et russophones
Selon le recensement de 2001, la majorité des habitants de l'Ukraine se considèrent comme des « Ukrainiens de souche ». Une partie de ce groupe parle russe comme langue quotidienne, voire maternelle. Cela est dû aux politiques de russification menées par l'Empire russe puis par l'URSS. Tantôt brutale — interdiction de toute publication en ukrainien par Valouièv —, tantôt douce — découragement de l'utilisation de l'ukrainien comme langue de travail et d'administration —, la russification a laissé des traces.
Les populations des grandes villes de l'Ukraine orientale sont majoritairement russophones. Bien que d'origine ukrainienne, elles sont souvent réticentes à revenir vers la langue de leurs ancêtres.
Cela s'explique en partie par la difficulté de changer les habitudes et les normes établies. Cependant, il ne faut pas négliger le facteur social : l'ukrainien est souvent perçu comme une « langue rurale ». De fait, les racines des mots ukrainiens sont parfois proches de racines de mots russes d'un niveau de langue archaïque ou vulgaire. Cela explique que le citadin pourra être hostile à l'ukrainisation, non pas par pour des raisons ethniques, mais plutôt à cause de préjugés sociaux.
Toutefois, on ne peut pas parler de « deux communautés distinctes » — comme c'est le cas en Belgique ou au Canada. Les citadins ont souvent de la parenté dans les villages et petites villes, qui restent encore ukrainophones. Ayant appris l'ukrainien à l'école, ils ne le considèrent pas comme une langue « étrangère ». Il n'y a pas non plus de conflits entre les Ukrainiens de souche et la minorité d'origine russe, presque entièrement russophone : les citadins de diverses origines sont mêlés culturellement. Même les mariages russo-ukrainiens ne sont plus considérés comme « mixtes ». On ne peut vraiment plus parler d'une « communauté russe » distincte.
Depuis 1991, mais surtout depuis la Révolution orange de 2004, un nouveau phénomène apparait : le « nationaliste ukrainien russophone » (ukrainien : росiйськомовний український нацiоналiст, russe : русскоязычный украинский националист). Cette figure personnifie l’Ukrainien d’expression russe favorable aux efforts d'ukrainisation.
Alphabet
Articles détaillés : Alphabet ukrainien et Romanisation de l'ukrainien.L'ukrainien s'écrit avec l'alphabet cyrillique. Il présente néanmoins quelques différences par rapport aux autres langues slaves, y compris le russe. Quatre lettres utilisées en russe sont inutilisées en ukrainien : ъ, ы , э et ё ; le г se prononce [ɦ] et non [ɡ] comme en russe ; l'ukrainien a quatre lettres spécifiques inutilisées en russe : є (prononcé [je]), і (prononcé [i]), ї (prononcé [ji]) et ґ (prononcé [ɡ]). Le и se prononce [ɪ] et non [i] comme en russe. La translittération usuelle de ce и est y - ce qui provoque des confusions avec la semi-consonne й, souvent transcrite de manière identique en français -. Le е se prononce [e]. Le o ne se prononce jamais [a] comme cela est souvent le cas en russe ; tout juste est-il relâché lorsqu'il ne porte pas l'accent. Contrairement au russe, l'ukrainien s'écrit presque toujours de façon conforme à la prononciation et se prononce presque toujours de façon conforme à l'orthographe.
Alphabet cyrillique А а Б б В в Г г Ґ ґ Д д Е е Є є Ж ж З з И и І і Ї ї Й й К к Л л М м Alphabet latin A a B b V v H h G g D d E e Je je Ž ž Z z Y y I i Ji ji J j K k L l M m Alphabet cyrillique Н н О о П п Р р С с Т т У у Ф ф Х х Ц ц Ч ч Ш ш Щ щ Ь ь Ю ю Я я Alphabet latin N n O o P p R r S s T t U u F f Kh kh C c Č č Š š Šč šč ’ Ju ju Ja ja Vocabulaire
Le vocabulaire ukrainien est essentiellement d'origine slave, et s'apparente généralement aux vocabulaires biélorusse, polonais et russe. L'ukrainien possède ainsi de nombreux doublets le rapprochant à la fois du russe et du polonais.
La phonologie des mots ukrainiens laisse une large place au і, qui apparaît souvent là où le russe a un o accentué.
Exemples de doublets ukrainiens ukrainien polonais russe français говорити hovoryty/мовити movyty mówić говорить govorit’ parler кохати kokhaty/любити lioubyty kochać/lubić любить lioubit’ aimer дякую diakouiou/спасибі spasybi dziękuję спасибо spasibo merci маєте рацію maiéte ratsiiou/ви праві vy pravi macie rację вы правы vy pravy vous avez raison Notes et références
- (en) Orest Subtelny, Ukraine : a history, CUP Archive, 1991, page 255, [lire en ligne (page consultée le 6 novembre 2011)]
Voir aussi
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