- Vilaine (rivière)
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Vilaine
Vilaine
La Vilaine en aval du port de Foleux.
Carte du bassin versant de la Vilaine.Caractéristiques Longueur 218,1 km [1] Bassin 10 500 km2 (à Arzal)[2] Bassin collecteur Bassin de la Vilaine Débit moyen 71,70 m3⋅s-1 (Rieux) [3] Régime Pluvial océanique Cours Source Lieu-dit de la Source · Localisation Juvigné, France · Altitude 175 m · Coordonnées Embouchure Océan Atlantique · Localisation Muzillac/Pénestin, France · Altitude 0 m · Coordonnées Géographie Principaux affluents · Rive gauche Seiche, Semnon, Chère, Don, Isac · Rive droite Ille, Meu, Oust Pays traversés France La Vilaine (Breton: Gwilun ou Gwilen) est un grand fleuve côtier de l’ouest de la France, en Bretagne. Elle prend sa source dans le département de la Mayenne (53), et se jette dans l’océan Atlantique entre les communes de Camoël (le Moustoir) et de Pénestin (Tréhiguier), dans le département du Morbihan (56).
Elle donne, avec son petit affluent l'Ille, son nom au département d'Ille-et-Vilaine dont elle arrose le chef-lieu, Rennes.
Sommaire
Le nom
La forme la plus ancienne du nom est donnée par Grégoire de Tours au VI° siècle dans son Histoire des Francs : « Vicenonia ». Nom emprunté au gaulois que parlaient les Aulerques Diablintes Redones Vénètes et Namnètes sur le territoire desquels la Vilaine coulait. Marc Deceneux le décompose en "uic" (= combattre ou vaincre) et le suffixe "-onia" (fréquent pour les divinités féminines). Le fleuve se serait donc appelé du nom d'une déesse qui le protégeait ou le personnifiait, nommée la "Victorieuse" ou la "Combattante". Le terme évolua en « Visnogne », "Visnègne" puis « Vislaine », d'où aujourd’hui « la Vilaine ».
Une légende veut que le nom en français vienne de la couleur des eaux boueuses, légende d'autant plus tenace que leur aspect ne le dément pas.
Le terme utilisé en breton est soit Gwilun, soit Gwilen.
Source
La Vilaine prend sa source dans le département de la Mayenne, à 153 m d’altitude, dans les collines de Juvigné, canton de Chailland. Ce n’est d’abord qu’un ruisseau sans importance formé par les eaux de l’Étang-Neuf ; elle passe, à sa droite, au Sud de Juvigné par la Croixille, puis reçoit, du même côté un petit affluent qui, sur un parcours de plusieurs kilomètres, sert de limite entre la Mayenne et l’Ille-et-Vilaine. Elle entre dans ce dernier département au sud de la commune de Bourgon.
La longueur de son cours est de 218,1 km. [1].
Hydrologie
Débits de la Vilaine à Rieux
Le bassin versant de la Vilaine est de 10100 km² à Rieux, en aval de la confluence avec l'Oust. Le débit moyen inter annuel ou module est de 71 m³/s. Mais le débit est très irrégulier. Le débit mensuel varie entre 180 m³/s en période de hautes eaux en hiver et 8,17 m³/s à l'étiage en été (voir histogramme ci-dessous).
Débit moyen mensuel (en m³/s) mesuré à la Station hydrologique de Rieux (Pont de Cran)-données calculées sur la période 1970-2000[3]
Si l'on considère les valeurs extrêmes les fluctuations sont encore bien plus importantes. Ainsi le débit journalier maximum est de 1430 m³/s (valeur mesurée lors de la crue du 24 janv 1995) tandis que le débit minimum sur 3 jours consécutifs est de 1,96 m³/s (valeur mesurée entre le 27 et le 29 sept 2003). Le débit spécifique est de 7.1 l/s/km². La lame d'eau écoulée dans son bassin versant annuellement présente une valeur faible. Elle est de seulement 225 mm contre 434 mm pour le bassin versant voisin du Blavet à Languidic et 758 mm pour celui de l'Odet à Quimper. Cette valeur faible peut facilement se comprendre. La Vilaine est avant tout un fleuve de plaine. La majeure partie de son bassin est constitué par une zone de faible altitude au relief peu prononcé appelée le bassin de Rennes.
Le débit de la Vilaine en aval d'Arzal n'a plus rien de naturel et les données sont à prendre avec prudence car soumises aux services gestionnaires du barrage d'Arzal (voir ci-dessous). Celui-ci modifie fortement l'écoulement de l'eau, transformant un fleuve turbulent qui subissait à l'origine la marée et qui avait ses humeurs, en un fleuve apathique. La Vilaine a connu avant la construction du barrage des remontées de mini raz-de-marée, les mascarets.
Débits de la Vilaine à différents points de son parcours
- Définitions :
- Le VCN3 est la quantité minimale écoulée ou débit minimal sur trois jours consécutifs.
- Le QIX 10 est la valeur du débit calculé pour une crue décennale, c'est-à-dire une crue ayant statistiquement lieu tous les 10 ans.
- De même, le QIX 20 est le débit calculé pour une crue vicennale, c'est-à-dire une crue n'ayant statistiquement lieu que tous les 20 ans.
- Le QIX 50 est la valeur du débit calculé pour une crue cinquantennale, c'est-à-dire une crue n'ayant statistiquement lieu que tous les 50 ans.
- Enfin le QIX 2 et le QIX 5 sont les débits calculés pour une crue biennale et quinquennale, c'est-à-dire une crue qui doit se produire en moyenne tous les deux ou cinq ans. Ils permettent d'apprécier les risques à plus court terme.
Cours d'eau Localité Débits en m³ par seconde Côte
max(m)Max.
instant.Max.
journ.Lame
d'eau
(mm)Surface
(km²)Module VCN3
(étiage)QIX 2 QIX 5 QIX 10 QIX 20 QIX 50 Vilaine Bourgon 0,518 0,003 6 8,7 10 12 - 1,72 8,05 7,53 294 55,9 Vilaine Vitré 1,24 0,036 9,6 13 16 18 21 2,84 25,4 24,7 263 150 Vilaine Servon-sur-Vilaine 5,25 0,068 46 64 76 87 100 2,63 79,9 111 276 604 Vilaine Cesson-Sévigné 6,73 0,40 59 89 110 130 - 3,80 139 107 249 854 Vilaine Guichen 23,60 1,20 190 290 360 420 - 4,75 494 459 226 3298 Vilaine Guipry 27,00 0,57 220 330 400 470 560 6,20 460 491 207 4138 Vilaine Rieux 71,70 1,30 - - - - - - - 1430 225 10100 Hydrographie
Principaux affluents :
- La Cantache
- La Veuvre
- L’Ille canalisée et navigable sur la majeure partie de son cours jusqu’au confluent à Rennes, pour prolonger le canal d’Ille-et-Rance construit pour relier les deux fleuves de la Rance et de la Vilaine. Ce canal est lui même bien alimenté en eau par différents apports naturels (comme celui de l’Illet, affluent naturel de l’Ille) ou artificiels (construits par détournement via des rigoles et fossés d’eaux de drainage pour alimenter le canal dans sa partie amont autour du bief de Hédé).
- La Flume
- la Vaunoise
- Le Meu
- La Seiche
- Le Canut (de Renac)
- le Semnon
- La Chère
- Le Don
- Le Canut (Saint-Senoux)
- L’Oust
- L’Isac
- Le Trévelo
- Le Tohon
Départements et communes traversés
- Mayenne (53) : Juvigné, La Croixille, Bourgon
- Ille-et-Vilaine (35) : La Chapelle-Erbrée, Vitré, Pocé-les-Bois, Saint-Aubin-des-Landes (les Lacs), Saint-Jean-sur-Vilaine, Saint-Didier, Châteaubourg, Servon-sur-Vilaine, Brécé, Acigné, Noyal-sur-Vilaine, Cesson-Sévigné, Rennes, Chavagne, Bruz, Pont-Réan (le Boël), Guichen (Halte-de-Laillé, la Bouëxière), Bourg-des-Comptes, Pléchâtel, Saint-Malo-de-Phily, Messac, Guipry (le Port de Guipry), Malon, Sainte-Anne-sur-Vilaine (Port de Roche), La Chapelle-de-Brain, Sainte-Marie (la Groussinais, les Essarts), Redon ;
- Loire-Atlantique (44) : Guémené-Penfao (Beslé), Massérac, Avessac (Painfaut), Saint-Nicolas-de-Redon, Fégréac ;
- Morbihan (56) : Rieux, Théhillac (Pont de Cran), Béganne (Pellouan), Bringin, Trévineuc (Foleux), Péaule (le Château), Nivillac (Cassan, la Ville Danet), Marzan (Penhap), La Roche-Bernard, Férel (la Grée, Drézet, Trémorel, le Gastre), Arzal (siège d’un barrage évitant la remontée des eaux de marées et destiné à éviter les inondations en Basse-Vilaine), Camoël (Ville Roche, la Grée, le Moustoir), Pénestin (Tréhudal, Tréhiguier).
Liaisons fluviales
La Vilaine est reliée à la Rance depuis Rennes par le canal d'Ille-et-Rance (qui alimente la Vilaine en eau) jusqu’à la hauteur de la commune d’Évran dans les Côtes-d'Armor. Ce canal assure une continuité navigable entre la côte Sud de la Bretagne (par la Vilaine) et la côte Nord ouverte sur la Manche (par la Rance), en évitant les eaux périlleuses à l’Ouest du Finistère.
Autrefois très empruntée par des péniches pour le transport de matières premières, céréales et aliments pour bétail, la Vilaine et le canal d’Ille-et-Rance assurent aujourd’hui une navigation essentiellement d’agrément et touristique dans sa partie Nord au mieux jusqu'à Redon. Le canal d’Ille-et-Rance et la Rance sont en revanche d’une navigation plus aisée pour l’agrément, le niveau et le flux des eaux étant mieux contrôlés.
L’amont de la Vilaine a par contre un débit très irrégulier, parfois contraire à son cours à Rennes du fait des barrages autour de Vitré qui lui laissent un débit très faible en période d’étiage, comparé au débit de l’affluent de l’Ille apporté du Nord par le canal d’Ille-et-Rance; dans ces périodes d’étiage, le lit de la Vilaine subsistant à Vitré est celui d’un ruisseau de faible profondeur, que vient compléter celui également faible de la Cantache lui aussi retenu par un barrage).
Toutefois, la Vilaine conserve encore dans sa partie Sud un trafic limité pour le transport de sable, graviers, ciments, bois et matériaux de construction, ou déblais (parfois aussi pour le transport de structures métalliques longues, bétons préformés, comme les poutrelles et rails, et plus rarement pour le transport de carburants), essentiellement entre le port du Moustoir à Camoël et la zone industrielle à l’Ouest de Rennes. Sur cet axe toutefois, elle est directement concurrencée par le transport ferré et routier, notamment pour les échanges avec la zone portuaire de Nantes-Saint-Nazaire.
Aménagements
Des projets, sont lancés en 1783 pour rendre navigable la Vilaine de Vitré jusqu’à Redon, de joindre la Vilaine à la Rance, et à la Mayenne par deux canaux navigables (voir le canal d'Ille-et-Rance).
Dans les années 1970, un barrage a été construit près de son embouchure à Arzal, afin de canaliser les crues régulières de la Vilaine causées par les remontées des eaux de marées qui limitaient fortement l’écoulement des eaux fluviales. Ce barrage a créé une zone d’eau douce en amont de celui-ci, ainsi les agglomérations de Vannes, La Baule et Saint-Nazaire y captent une partie de leur eau de consommation.
L’importance stratégique de barrage doit concilier deux objectifs prioritaires différents suivant la période de l’année :
- en période d’étiage estival, maintenir un niveau suffisant du plan d’eau pour assurer l’alimentation en eau potable et leur qualité, aussi l’ouverture des écluses est limitée en nombre et se fait à des horaires évitant l’entrée d’eau saline dans le plan d’eau lors de la remontée, même si un siphonnage de l’écluse est opéré pour évacuer l’eau salée apportée par une remontée Nord-Sud). La navigation est dès lors très limitée.
- en période de crue hivernale, évacuer le maximum d'eau fluviale lors de la basse mer. La navigation sur le plan d'eau et dans l’embouchure devient alors dangereuse et interdite lors de l’ouverture prolongée des écluses, et à marée haute, les écluses sont fermées pour éviter la remontée de la marée sur le fleuve.
Cependant ce barrage du Sud ne suffit pas à éviter les inondations en Basse-Vilaine lors des crues hivernales, car l’écoulement de ces eaux est lent en période de fortes marées, le barrage d’Arzal restant fermé trop longtemps et assurant un débit trop irrégulier (et dangereux à la navigation en basses eaux lorsque le barrage est ouvert).
Aussi, trois barrages ont été édifiés autour de l’agglomération de Vitré :
- En 1978, le barrage de la Valière a été mis en eau. Il permet de produire 17 000 m³ d’eau potable par jour.
- En 1982, le barrage de Haute-Vilaine a été construit à la Chapelle-Erbrée, a pour rôle de protéger l’agglomération rennaise contre les crues hivernales (cependant une inondation hivernale eut lieu dans les quartiers Nord-Ouest de Rennes l’année suivante par un problème de blocage d’une écluse restée ouverte sur le canal d’Île-et-Rance en période de crue importante, le canal n’étant pas conçu pour soutenir un tel apport en eau). Il assure également une réserve d’eau potable pour les bassins de Rennes et de Vitré. Cette retenue d’eau est équipée d’une plage et d’une base nautique.
- En 1995, le barrage de Villaumur sur l’affluent de la Cantache, d’une capacité de 7 millions de m³, a 3 fonctions principales :
- le stockage d’eaux brutes en vue de leur potabilisation,
- la protection de la basse-Vilaine contre les crues (notamment dans la région de Redon, où les inondations se produisaient encore par un trop fort apport en eau venant du Nord de son cours) et
- le soutien des débits d’étiage pour assurer la qualité des eaux de la Vilaine.
Dans les années 1970, les études d'impacts écologiques des aménagements comme les barrages étaient très faibles ou nulles. Le barrage d'Arzal a fortement modifié le flux aquatique. Les marées ne remontent plus jusqu'à Redon. Le cours d'eau s'est assagi : à marée basse un mince filet d'eau entre deux flancs vaseux ne remplace plus le fleuve plein de la marée haute. Des espèces de poisson ont été remplacées : les civelles ont disparu, les anguilles ne remontent pratiquement plus. Les espèces animales d'eau douce ont remplacé les espèces de fleuve maritime. La rivière s'enherbe et ses berges se sont fragilisées sous l'attaque entre autres des ragondins. Les marais qui la longent continuent à fournir du foin aux agriculteurs, mais les années sèches, la récolte est plus faible que par le passé. La mise en place des cultures intensives de plantes fourragères comme le maïs qui était un des objectifs secondaires du barrage a échoué[4]. Les impacts sur les bassins versants n'ont pas été étudiés.
Le barrage a aussi eu un impact humain important. Les riverains en aval de Redon vivaient en harmonie avec la rivière. La pèche de subsistance ou gastronomique y était même très active (civelle, anguille, dans le passé le saumon). Elle s'est transformée en pèche de loisir sportive depuis les années 1990. La vision subjective de la rivière a aussi changé. La Vilaine n'est plus ressentie comme une rivière vivante qui était respectée comme elle l'était. La navigation se faisait au rythme des marées. Les inondations perturbaient car des constructions avaient été faites en zones inondables en dépit du bon sens. Les aménagements routiers étaient inadaptés à ce fleuve. Les aménageurs des années 1960 et 1970 ont choisi de modifier le cours de la Vilaine plutôt que de faire des aménagements comme ceux qui longent la Loire.[5]
Bibliographie
- Extraits des registres du greffe des États de Bretagne tenus à Rennes. Du mercredi 29 janvier 1783. Se prononce pour le projet d'un canal intérieur et ordonne la création d'une commission intermédiaire de la Navigation intérieure de la province.
- Procès-verbal de vérifications des communications indiquées entre les rivières de Villaine et de Mayenne. Par M. Coulomb et M. Robinet, Commissaire (1784).
- Mémoire de M. de Brie sur la jonction de la Vilaine à la Mayenne, par l'Ernée. À Rennes, chez la Veuve de François Vatar, 1785.
- En passant par la Vilaine : de Redon à Rennes en 1543. Mauger (M.) (dir.), Editions Apogée, Rennes, 1997, 95 p.
- La Vilaine : axe civil et militaire. Nières (C.) Mémoires de la société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, tome LXIII, 1986, p. 104-112.
- L'estuaire de la Vilaine. Philip (B.) A. Sutton, Joué-les-Tours, 1996, 128 p.
Voir aussi
- Liste de fleuves dans le monde classés par continents
- Liste des fleuves de France
- Liste des cours d'eau de Bretagne
Liens externes
- Site complet sur la géographie du bassin versant de la Vilaine
- Promenades en pays de Vilaine. Photos du fleuve, des inondations, du Viaduc de Corbinières, des marais de pays de Redon...
- Site de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne
- Banque Hydro - Station J9300610 - La Vilaine à Rieux (Synthèse) (ne pas cocher la case "Station en service")
Notes et références
- ↑ a et b Cours d'eau : fleuve la vilaine (J---006-), SANDRE. Consulté le 11/04/2009
- ↑ Station J9320620 - La Vilaine à Arzal, données hydrologiques de synthèse, SCHAPI, banque Hydro. Consulté le 11/04/2009
- ↑ a et b J9300610 - La Vilaine à Rieux, données hydrologiques de synthèse (1970-2000), SCHAPI, banque Hydro. Consulté le 11/04/2009
- ↑ Institution d'aménagement de la Vilaine
- ↑ Aujourd'hui (2008), l'aménagement des cours d'eau en France se fait en prenant plus en compte l'ensemble des intérêts écologiques et humains. Les outils de gestion intégrés de l'eau
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