Silvia Monfort

Silvia Monfort
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Silvia Monfort

Nom de naissance Simonne Marguerite Favre-Bertin[1]
Naissance 7 juin 1923[1]
Paris
Nationalité Flag of France.svg Française
Décès 30 mars 1991 (à 67 ans)
Paris
Profession Actrice
Directrice de théâtre
Metteur en scène
Écrivain
Films notables L’Aigle à deux têtes
La Pointe courte
Les Misérables

Silvia Monfort, nom de scène de Simonne Marguerite Favre-Bertin[1], née et morte à Paris (7 juin 1923[1]-30 mars 1991) est une comédienne et directrice de théâtre française. Fille du sculpteur Charles Favre-Bertin et épouse de Pierre Gruneberg, elle a été une militante du théâtre populaire.

Nommée chevalier de la Légion d’honneur en 1973, officier des Arts et Lettres en 1979 puis commandeur des Arts et Lettres en 1983. Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise.

Sommaire

Vie et carrière

Vocation précoce

Plaque commémorative au no 11 bis de la rue Elzévir, Paris 3e

Elle naît dans le quartier du Marais, rue Elzévir, à deux pas de la rue de Thorigny où elle installe bien plus tard son premier théâtre. Ce quartier parisien est celui de sa famille depuis sept générations. Elle perd sa mère très tôt et son père la met en pension. Elle effectue ses études secondaires au lycée Victor-Hugo puis au lycée Victor-Duruy. Elle obtient son baccalauréat à 14 ans et demi, avec une dispense. Son père la destine à faire carrière à la manufacture des Gobelins mais elle préfère le théâtre et suit les cours de Jean Hervé et Jean Valcourt[2].

En 1939, à 16 ans, elle rencontre Maurice Clavel qui dirige ensuite le réseau de la Résistance d’Eure-et-Loir. Sous le pseudonyme « Sinclair » (nom d’une colline qui domine Sète le pays natal de Maurice Clavel), elle s’engage à ses côtés et participe à la libération de Nogent-le-Rotrou et de Chartres en 1944. Elle fait partie des personnalités qui accueillent le général de Gaulle sur le parvis de la cathédrale de Chartres. Une fois la guerre terminée, elle se marie avec Maurice Clavel. Elle est décorée de la Croix de guerre par le général de Gaulle et de la Bronze Star Medal par le général Patton[3].

Cocteau, Vilar et le TNP

En 1945, elle se fait remarquer pour son interprétation d’une pièce de Federico Garcia Lorca, La Maison de Bernarda Alba. Son étrange et forte personnalité attire l’attention d’Edwige Feuillère dont elle devient la lectrice dans L’Aigle à deux têtes de Jean Cocteau. La pièce est d’abord présentée en 1946 au théâtre royal des Galeries de Bruxelles où elle obtient un grand succès. Après un passage à Lyon, la première parisienne a lieu au théâtre Hébertot. Le succès accompagne la pièce jusqu’à une mémorable représentation au théâtre de La Fenice à Venise, contribuant grandement à asseoir la renommée du talent de Silvia.

Interprétant par la suite la pièce de Tennessee Williams, Été et fumées, elle se lie à Léonor Fini qui débute alors dans la création de décors de théâtre. De leur amitié, demeure un beau portrait,Silvia peinte par Léonor (1954). Par l’intermédiaire de Clavel, elle fait ensuite la connaissance de Jean Vilar en 1947 et prend part à la grande aventure du théâtre national populaire. Elle participe ainsi au premier festival d’Avignon, avec L’Histoire de Tobie et Sara (1947). Aux côtés de Gérard Philipe, elle campe Chimène dans Le Cid, présenté ensuite à Chaillot puis en tournée à travers l’Europe (1954). Elle joue ensuite avec Vilar dans Cinna et dans Le Mariage de Figaro. Elle devient alors une figure emblématique du TNP et du théâtre français dans le monde.

Nouvelle vague et engagement

Le cinéma, par l’intermédiaire de Robert Bresson, l’avait sollicitée dès 1943 pour jouer dans Les Anges du péché. Bresson l’avait engagée sans savoir qu’elle est comédienne car il recherchait des non-professionnels pour son film… En 1948, elle joue le rôle d’Édith de Berg dans l’adaptation cinématographique de L’Aigle à deux têtes de Cocteau aux côtés d’Edwige Feuillère et de Jean Marais.

En 1955, Agnès Varda, alors photographe au TNP, réalise son premier film, un des premiers manifestes de la Nouvelle Vague. Varda se souvient de Silvia Monfort dans La Pointe Courte : « Curieuse et pionnière de nature, elle se jeta dans le projet avec délice et discipline. Je crois bien qu’elle jubilait de militer pour un cinéma à venir. »[4]

Désormais séparée de Maurice Clavel, Silvia Monfort partage la vie et participe aux films du réalisateur Jean-Paul Le Chanois. Alors qu’elle a un bras dans le plâtre, il insiste pour qu’elle interprète une prisonnière polonaise aux côtés de François Périer et de Pierre Fresnay dans un film inspiré d’une histoire vraie, Les Évadés. Ce film connaît un grand succès populaire en 1955. Elle joue ensuite aux côtés de Jean Gabin et Nicole Courcel dans Le Cas du docteur Laurent, film militant pour l’accouchement sans douleur (1957), puis dans un film méconnu de Le Chanois, consacré aux relations parents-enfants, Par-dessus le mur (1961). Dans deux films traitant des conditions sociales, elle est l’inoubliable Éponine des Misérables, auprès de Gabin et de Bourvil (1958), puis la romanichelle Myrtille dans Mandrin, bandit gentilhomme aux côtés de Georges Rivière et de Georges Wilson. Ce film clôture sa carrière cinématographique[5] et sa liaison avec Le Chanois en 1962.

Sur les routes

Durant les années soixante, Silvia Monfort se passionne pour la décentralisation culturelle en partant sur les routes avec Jean Danet et ses Tréteaux de France. Chaque soir, ils jouent sous un chapiteau dans une ville différente. Elle prend une part active à cette expérience, s’appliquant à ce que des pièces nouvelles et contemporaines soient montées en alternance du répertoire classique. Elle approfondit sa connaissance du théâtre populaire et de son public et acquiert ainsi une maîtrise des représentations ambulantes qui lui sera très utile par la suite. Le 23 juin 1965, Silvia écrit à Pierre Gruneberg : « J’ai convaincu Danet de programmer pour septembre une série de représentations de la Putain et de l’Été sous chapiteau autour de Paris (ainsi les directeurs malencontreux de la rentrée pourront venir l’y cueillir s’il se doit). Ouf, j’aurai fait ce que j’aurai pu. »

Sans cesse en tournée théâtrale, elle écrit une à plusieurs fois par jour à son compagnon Pierre Gruneberg. Griffonnés sur le coin d’une nappe, au dos d’un programme de théâtre ou sur du papier à en-tête d’un hôtel, réactions, mots d’amour et anecdotes s’enchaînent.

Dans la publication de ces correspondances Lettres à Pierre[6], Danielle Netter, assistante à la mise en scène, ajoute : « Les Tréteaux de France, extraordinaire outil de théâtre qui nous a donné l’occasion de présenter Sophocle et autres poètes dramatiques devant les locataires des HLM, et d’entendre un soir une spectatrice, à l’issue d’Électre, déclarer à Silvia : « C’est aussi beau qu’un western ! », ce qui combla de joie notre tragédienne. »

Une tragédienne éclectique

Durant presque un demi-siècle, que ce soit avec les Tréteaux, dans les festivals, dans les théâtres privés et plus tard dans ses Carrés, Monfort explore le répertoire théâtral de l’antique au contemporain. Elle donne pas moins de cinq versions de Phèdre dans différents théâtres ainsi qu’à la télévision. Elle interprète de nombreuses œuvres de Racine et de Corneille. Elle donne des représentations d’Électre de Sophocle dans les lieux les plus incongrus comme dans le trou des Halles à Paris en 1970.

Elle joue dans des pièces et des adaptations théâtrales de Maurice Clavel comme L’Île aux chèvres et La Terrasse de midi. Elle est mise en scène par Roger Planchon à Villeurbanne en 1959 dans La Seconde Surprise de l’amour et par Luchino Visconti à Paris en 1961 dans Dommage qu’elle soit une putain aux côtés d’Alain Delon et de Romy Schneider. On la voit dans Été et fumées (1953) et Soudain l’été dernier (1965) de Tennessee Williams. Elle incarne le Sphinx de La Machine infernale de Cocteau dans des festivals comme à la télévision avec Claude Giraud en 1963. Elle est aussi bien La Putain respectueuse de Jean-Paul Sartre (1965) que La Duchesse d’Amalfi aux côtés de Raf Vallone (1981).

Au Carré Thorigny, elle fait débuter Bernard Giraudeau dans Pourquoi la robe d’Anna ne veut pas redescendre de Tom Eyen (1974). On la voit aussi dans L’Orestie (1962) et Les Perses d’Eschyle (1984). Elle incarne les redoutables Lucrèce Borgia de Victor Hugo (1975) et Marguerite de Bourgogne de La Tour de Nesle d’Alexandre Dumas (1986). Elle compose une inénarrable Alarica dans Le Mal court (1963) et est la Pucelle de Jacques Audiberti (1971). Elle est une vibrante Ethel dans une pièce militante commandée à Alain Decaux, Les Rosenberg ne doivent pas mourir (1968). Elle joue Ionesco avec Jacques ou la soumission (1971). Elle remet Henrik Ibsen au goût du jour en compagnie de Philippe Lemaire dans Irène ou la résurrection (1976) puis avec Michel Auclair dans La Dame de la mer (1977). Pour fêter le centième anniversaire de la naissance de Cocteau, elle apparaît pour la dernière fois sur les planches de Vaugirard dans un spectacle poétique et musical, Les Deux Voies en 1989.

En 1972, à l’occasion de la réédition de son roman La Raia (Les Mains pleines de doigts)[7], Silvia Monfort décrit ses rôles préférés :

« Gérard Philipe, dont je fus la Chimène, avait pour habitude de répondre que son rôle préféré était le prochain. Pour moi, celui que je joue me comble. Imaginez ! Quelles merveilleuses relations entre un acteur et son personnage. Ils se voient tous les jours, mais ils savent aussi que ce n’est pas pour toujours, alors il faut mettre les bouchées doubles. Certains personnages ont avec nous plus d’affinités. Je me suis toujours sentie plus proches des adolescentes assoiffées d’absolu que des femmes au cœur partagé. Je préfère Électre à Clytemnestre. J’ai aimé d’amour fou l’Alarica du Mal court, l’Éponine des Misérables et récemment Pucelle d’Audiberti. Mais enfin, cela ne m’empêche pas de connaître de belles histoires avec celles qu’on n’épouserait pas. De toutes les héroïnes, celle peut-être qui m’exalta le mieux fut la reine des Amazones, Penthésilée. Lorsqu’elle se croit vaincue par Achille, elle refuse de le suivre dans son royaume. C’est chez elle qu’elle le voulait roi. Alors elle le déchire de ses ongles, le dévore de ses dents, et dit : Toutes les femmes jurent à leurs amants : je te mangerais tant je t’aime — eh bien moi, je l’ai fait. »

Lorsque la mise en scène requiert des costumes contemporains, Silvia Monfort confie la création de ses habits de scène à la créatrice de mode parisienne Lola Prusac. En février 1964, elle participe au défilé des collections chez Lola Prusac[8] : par amitié pour celle-ci, Silvia Monfort avait bien voulu se faire mannequin bénévole et présentait elle-même des modèles qui portaient le nom de ses succès : Sphinx, Îles aux chèvres, Le Mal court.

Une Phèdre mythique

Silvia Monfort compte parmi les plus importantes interprètes de Phèdre. Elle eut notamment comme partenaire dans le rôle de Thésée Jean-Claude Drouot ou bien sûr Alain Cuny au théâtre et dans une version télévisée en 1982[9].

Une communication du CNRS sur les grandes tragédiennes ayant incarné ce personnage au XXe siècle fut publiée dans la revue Pour la Science[10]. Cette étude analyse les rapports entre les pauses et le texte versifié, ainsi que les fluctuations de débit, et démontre que Silvia Monfort en fait, par rapport aux autres tragédiennes (Sarah Bernhardt, Marie Bell ou Nada Strancar), l’usage le plus important (92 % de pauses et 3,8 syllabes/minute), cette particularité de jeu contribuant à donner à l’interprétation de Silvia Monfort une qualité exceptionnelle de profondeur psychologique et émotive.

Elle disait elle-même de son personnage en 1973 :

« Phèdre brûle en chacun de nous. À peine saisissons-nous l’image dans le miroir qu’elle s’estompe, et l’imminence de cet effacement aiguise l’acuité du reflet […] Ce qui compte c’est qu’il y ait eu rencontre dans le mystère et dès la première lecture. C’est comme le désir, ou bien il est présent dans le regard qui le provoque, ou bien il n’y aura jamais fusion. Tous les avis, compétents, impérieux, singuliers, qui me furent octroyés au sujet de Phèdre, et que j’écoutais intensément, n’eurent d’autre résultat sur moi que de me ramener à ma Phèdre, cependant longtemps brumeuse, avec l’évidence du pion regagnant sa case de départ au Jeu de l’oie […] tel est le prodige de Phèdre : l’aborder, c’est prendre son mal. »[11]

La chute qui fit l'auteur

En 1946, paraît son premier roman[12]. Plus tard elle explique que ce qui l’a décidée à l’écrire est d’être tombée de sept mètres de haut à travers la verrière du Studio des Champs-Élysées. Elle jouait La Maison de Bernarda Alba de Federico Garcia Lorca et Maurice Clavel, dédaignant ses livres de philosophie, écrivait pour elle sa première pièce Les Incendiaires :

« Le jour où je devais quitter une pièce pour l’autre, mes camarades du Studio m’offrirent le champagne, sur le toit du théâtre des Champs-Élysées. Je n’avais jamais bu ni vin ni champagne. Je passai par un vasistas et me retrouvai à l’hôpital, le rocher fracassé. Trois semaines dans le coma, durant lesquelles la pièce de Maurice se créa sans moi.
Quand je me retrouvai debout, triste et sans rôle à jouer, je me mis à ma table de travail. Sans cet accident, peut-être n’aurais-je jamais pris le temps d’écrire. Car, ensuite, il me fallut, pour écrire, prendre du temps sur le théâtre. »

Lorsqu’un journaliste lui demande pourquoi l’actrice qu’elle n’a pas cessé d’être n’a jamais été tentée d’écrire une pièce, ou un scénario de film, elle répond : « Écrire pour le théâtre est un don tout particulier. Même de grands romanciers ne l’ont pas. L’auteur dramatique insuffle à ses personnages une vie qu’il ne contrôle pas.
Or, ce qui m’intéresse par-dessus tout dans l’écriture, c’est l’analyse. Savoir, expliquer la raison des choses, suivre pas à pas les agissements de mes personnages.
Et puis, je ne pourrais pas supporter de leur voir un autre visage que celui que j’ai dans ma tête ! »
[13]

« Ce sera mon théâtre ! »

En 1972, avec l’appui de Jacques Duhamel, alors ministre des Affaires Culturelles, elle crée et dirige le Carré Thorigny dans le quartier du Marais à Paris où elle propose des spectacles novateurs pluridisciplinaires. Elle s’intéresse notamment au monde du cirque et organise une exposition intitulée Cirque en couleur qui obtient un énorme succès. Suite à ses contacts avec les gens du cirque et à sa rencontre avec Alexis Gruss, elle organise des représentations de cirque à l’ancienne dans la cour de l’hôtel Salé situé en face du Carré. L’engouement du public conduit Monfort et Gruss à créer (en 1974) la première école de cirque et de mime en France : L’école au Carré qu’ils dirigent ensemble. Ils souhaitent revaloriser la noblesse des origines du cirque et s’engagent dans une pratique réactualisée du cirque à l’ancienne. Le cirque Gruss suit Monfort dans ses déménagements successifs jusqu’à ce qu’il devienne cirque national en 1982.

C’est au Carré Thorigny qu’Alain Decaux remet à Silvia Monfort la Légion d’honneur en 1973 en rendant hommage à « sa passion pour le théâtre et à la volonté inflexible avec laquelle elle le sert. »

Le théâtre Silvia-Monfort, dessiné par l’architecte Claude Parent.

Le Carré est obligé de quitter la rue de Thorigny en 1974 à cause d’une transaction immobilière. Monfort transfère alors son Nouveau Carré dans l’ancien théâtre de la Gaîté-Lyrique qui ouvre le 1er octobre 1974 et installe le cirque Gruss dans le square en face du théâtre. La salle est interdite d’accès pour des raisons de sécurité, le nouveau Carré installe alors sur la scène publics et comédiens, mais en raison de la vétusté du bâtiment et en attendant sa rénovation, elle est contrainte de s’installer sous un chapiteau au Jardin d’acclimatation de Paris de 1978 à 1979. Elle doit ensuite déménager son chapiteau sur l’emplacement des anciens abattoirs de Vaugirard. Elle y implante en fait deux chapiteaux, un pour théâtre et un pour le cirque. Cependant, faute de crédits, le projet de rénovation de la Gaîté-Lyrique est abandonné.

Elle n’a alors de cesse à travailler à l’implantation d’un Nouveau Carré à Vaugirard en lieu et place des chapiteaux. La décision de construire le théâtre tel qu’il est aujourd’hui est prise en 1986. Le 7 mars 1989, elle écrit : « Ce sera mon théâtre. Incroyable quand même ! Je ne connais pas un seul vivant pour qui l’on ait construit son théâtre, à son nom et sur mesure ». Mais elle disparaît quelques mois avant son achèvement. Inauguré en 1992, il porte son nom : théâtre Silvia-Monfort.

Les derniers temps de leur vie commune, Silvia Monfort et Pierre Gruneberg sont sans cesse séparés. L’hiver, en tant que moniteur de ski, il doit rester à Courchevel, tandis qu’elle travaille à Paris, puis pendant la période estivale il travaille au Cap Ferrat comme moniteur de natation, alors que la santé de Silvia Monfort l’oblige à passer l’été à Courchevel, seule.

Elle meurt le 30 mars 1991 d’un cancer du poumon. Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise.

Après sa mort, une vente de souvenirs et de ses costumes de scène est organisée à l'Hôtel Drouot à Paris, notamment les robes créées par Lola Prusac.

Prix Silvia-Monfort

Pierre Gruneberg, lié à Silvia Monfort depuis 1963 et marié avec elle le 24 mai 1990, a fondé l’Association Prix Silvia-Monfort en 1996, reprenant une idée que la comédienne n’a pas eu le temps de concrétiser. Ce prix est décerné tous les deux ans à une jeune tragédienne par un jury de professionnels. Depuis sa création, les lauréates ont été :

  1. Smadi Wolfman (1996)
  2. Rachida Brakni (1998)
  3. Mona Abdel Hadi (2000)
  4. Isabelle Joly (2002)
  5. Marion Bottolier (2004)
  6. Gina Djemba (2006)
  7. Camille de Sablet (2008)
  8. Lou Chauvain (2010)

Le prix Silvia-Monfort 2006 a été décerné le 22 mai à Gina Ndjemba, 21 ans, élève en première année au Conservatoire National d’Art Dramatique, pour son interprétation du rôle de Camille dans Horace de Corneille. Cette sixième édition du Prix Silvia-Monfort s’est déroulée au théâtre de la célèbre tragédienne en présence de l’académicien Alain Decaux, un grand ami de Silvia Monfort à laquelle il a rendu un affectueux hommage. Ce « prix » était accompagné d’une dotation de 4 600 euros.

À propos de Silvia Monfort

  • Jean Cocteau : « Silvia Monfort possède une taille exquise, pareille à celle d’un sablier, et le sable blond du haut coule vers le bas, vers le ventre où toutes les grandes actrices puisent leur génie.
    J’ai connu plusieurs Silvia Monfort. L’une, avec la gerbe de blé de ses cheveux, entrait dans Paris libre en jeune chef de la Résistance. Une autre venait d’écrire un livre de premier ordre ; une troisième – et mon œil ne les liait pas encore – vint se présenter au théâtre Hébertot pour jouer le rôle de Mademoiselle de Berg dans L’Aigle à deux têtes. Elle le joua et c’est seulement après, longtemps après, que toutes ces Silvia Monfort en firent une seule à laquelle j’adresse ma tendre reconnaissance.
    La voici en route pour le voyage du succès, le voyage de rôle en rôle, de livre en livre, le voyage au bord duquel j’agite le mouchoir de l’amitié en signe d’affection fidèle et de bonne chance. »
    [14]
  • Juliette Gréco : « Silvia Monfort revient d’une promenade solitaire et tend une fleur à son époux Clavel en disant de sa voix brumeuse : « J’ai volé cette fleur pour toi à la montagne… » Jujube en reste pantoise et l’exotique Ophélie disparaît sous les arcades qui cernent la piscine. »[15]
  • Jean-Claude Drouot[16] : « On a souvent évoqué le Sphinx à son sujet et en effet on ne pouvait qu’être impressionné par son corps de louve aux attributs les plus éclatants, mais qui tenait à distance et protégeait de toute familiarité.
    Beauté lascive et intouchable qu’un large rire, calme, fréquent et un peu décalé, ponctuait de sa rêverie.
    Un rire de Résistance. Probablement celui de la grave jeune femme au révolver de la libération de Paris.
    Je salue donc et fais ma déclaration posthume d’adoration à cette idole de chair.
    Plus qu’un témoignage ma reconnaissance va au courage, à l’obstination et à l’audace de Silvia Monfort attentive sans faiblir aux turbulences, élans et diableries d’une jeunesse toujours recommencée. »

Filmographie

Cinéma

Télévision

Théâtre

Théâtres privés, TNP & Tréteaux de France

Carré Thorigny
Nouveau Carré Gaîté-Lyrique
Jardin d’Acclimatation
  • Une seule saison, de 1978 à 1979.
Carré Silvia Monfort Vaugirard
Bajazet - Programme original 1985.

Mises en scène

Bibliographie

Romans
Silvia Monfort - Lettres a Pierre 1965-1991 (Editions du Rocher 2003).jpg
Correspondance
Préfaces
Biographies & articles
Audio
  • Cahiers de doléances des femmes en 1789, cassette La Bibliothèque Des Voix, Éditions Des Femmes, 1989
  • Les Enfants terribles, adaptation radiophonique d’après le roman éponyme de Jean Cocteau (1947), 1 CD Éditions Phonurgia Nova/INA, 1992 (ISBN 2908325071)
Vidéographie

Liens externes

Notes et références

  1. a, b, c et d Source : son extrait de naissance no 3/314/6508/1923 sur Les Gens du Cinéma
  2. Biographie sur le site du Lycée Silvia Monfort.
  3. Biographie sur le site du théâtre Silvia-Monfort.
  4. Agnès Varda, Varda par Agnès, éditions Cahiers du Cinéma, 1994, rééditon en 2006.
  5. (en)Fiche Silvia Monfort sur Imdb.
  6. Lettres à Pierre 1965-1991 réunies par Danielle Netter, Éditions du Rocher, 2003.
  7. Silvia Monfort, La Raia (Les Mains pleines de doigts), éditions Rombaldi, collection « La Bibliothèque du Temps Présent », 1972.
  8. Source : quotidien Le Parisien du 4 février 1964 : « Chez Lola Prusac, un mannequin inattendu Silvia Monfort. »
  9. Guy Boquet et Jean-Claude Drouot, « Le parcours racinien de Silvia Monfort », Revue d’histoire du théâtre, no 206, 2000.
  10. Pour la Science, no 258, 1999.
  11. Programme de Phèdre au Carré Thorigny, 1973.
  12. Silvia Monfort, Il ne m’arrivera rien, éditions Fontaine, 1946.
  13. Silvia Monfort, La Raia (Les Mains pleines de doigts), éditions Rombaldi, Bibliothèque du Temps Présent, 1972.
  14. Exergue de la biographie de Françoise Piazza, Silvia Monfort, Éditions Favre, 1988.
  15. Juliette Gréco, Jujube, Stock, 1982.
  16. Son partenaire à la scène (rôle de Thésée) dans la version de Phèdre d’après Euripide et Racine (Carré Thorigny, 1973). Extrait de sa préface rédigée en mars 2011 pour le livre de Françoise Piazza, Silvia Monfort, vivre debout, Éditions Didier Carpentier, Paris, 2011 (ISBN 978-2-84167--719-1).

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