- Jean Rollin
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Jean Rollin
Données clés Nom de naissance Jean Michel Rollin Roth Le Gentil Surnom Michel Gentil, Michael Gentle, J.A. Laser, J.A. Lazar, J.A. Lazer, Jean Pierre Sammut, Robert Xavier Naissance 3 novembre 1938
Neuilly-sur-Seine (France)Nationalité française Décès 15 décembre 2010 (à 72 ans)
Paris (France)Profession Cinéaste, écrivain Films notables Jean Michel Rollin Roth Le Gentil (né le 3 novembre 1938 à Neuilly-sur-Seine (Seine) et mort le 15 décembre 2010[1]) est un réalisateur français, producteur et scénariste, aussi écrivain, l'un des rares cinéastes français à s'être illustrés essentiellement dans le fantastique. Son œuvre traite surtout de la figure du vampire et se distingue par un rythme souvent lent et éthéré, ainsi que par un érotisme diffus.
Sommaire
Biographie
Jean Rollin se passionne dès son enfance pour le cinéma, notamment à la suite de la vision, à l'âge de huit ans, du Capitaine Fracasse d'Abel Gance[2],[3]. Durant son adolescence, il regarde avec avidité les serials ainsi que les films fantastiques américains de la compagnie Universal[2]. Pendant son service militaire, il s'initie à la réalisation en participant au tournage de films de recrutement[4].
Déconstruction et surréalisme
Une fois revenu à la vie civile, il tente de devenir assistant-réalisateur auprès de Luis Bunuel[4], puis il tourne à la fin des années 1950 et au début des années 1960 quelques courts métrages tels que Les Amours jaunes, Ciels de cuivre ou Les Pays loin. Ces petits films, qui témoignent de son vif intérêt pour le nouveau roman et sa déconstruction de la narration, passent néanmoins inaperçus[5]. De cette période se détache un projet de collaboration avec Marguerite Duras, L'Itinéraire marin (1963), qui aurait dû constituer le premier long métrage de Rollin mais qui ne vit jamais le jour.
C'est en 1968 que Jean Rollin réalise son premier long métrage, Le Viol du vampire. Cette œuvre d'inspiration surréaliste résultait en fait de la jonction de deux moyens métrages : Le Viol du vampire proprement dit et Les Femmes vampires[5]. A sa sortie, Le Viol du vampire est une des rares productions présentes dans les salles parisiennes à cause des « événements de mai ». Il provoque de violentes réactions de rejet chez la plupart des spectateurs, car ceux-ci ne s'attendaient pas à un film expérimental surréalisant, mais à un film d'épouvante conventionnel dans le même esprit que ceux de la compagnie anglaise Hammer[5]. Devant le scandale, Rollin songe un moment à abandonner le cinéma, mais il se ravise et décide de poursuivre sa carrière.
Vampirisme et érotisme
L'extrême fin des années 1960 et le début des années 1970 le voient réaliser d'autres films, toujours sur le thème du vampirisme : En 1969, La Vampire nue avec Caroline Cartier, en 1970 Le Frisson des vampires avec Sandra Julien et Jacques Robiolles, et en 1971 Requiem pour un vampire avec Mireille Dargent et Marie-Pierre Castel. Les jumelles Marie-Pierre et Catherine Castel s'imposent comme des figures récurrentes et emblématiques du cinéma de Rollin. Néanmoins, aucun de ces films ne connaît le succès, et ils se heurtent de surcroît à une forte hostilité de la part de la critique. Les difficultés financières résultant de ces échecs commerciaux contraignent Jean Rollin à tourner sous pseudonyme des films érotiques soft alimentaires comme Jeunes filles impudiques (1973) et Tout le monde il en a deux (1974).
Il réalise toutefois au milieu des années 1970 deux films fantastiques assez ambitieux, comparables dans leur inspiration à ses précédentes œuvres : Les Démoniaques en 1974 avec, dans les rôles principaux Joëlle Cœur, Paul Bisciglia et Willy Braque et Lèvres de sang en 1975 avec Jean-Loup Philippe et Annie Belle. Malheureusement, eux aussi ne récoltent que l'échec. Jean Rollin est alors réduit, pour vivre, à ne plus tourner que des films pornographiques jusqu'à ce que ce genre devienne moins rentable à la fin de la décennie 1970, sous l'effet des contraintes fiscales et matérielles imposées par le classement X[3].
Films de série B, alimentaires
Il s'oriente alors vers des productions de série B, théoriquement plus susceptibles de drainer un large public, parmi lesquelles il convient de citer trois films gore sur le thème des zombies (Les Raisins de la mort en 1977, Le Lac des morts vivants en 1981 - sous le pseudonyme de J. A. Lazer - et La Morte vivante en 1982), deux thrillers (La Nuit des traquées en 1980 et Les Trottoirs de Bangkok en 1984) et une comédie (Ne prends pas les poulets pour des pigeons en 1985). Si les producteurs de Les Raisins de la mort donnent à Jean Rollin des moyens assez conséquents pour bien travailler (et pour s'offrir le concours de comédiens reconnus comme Marie-Georges Pascal ou Serge Marquand), ce n'est plus toujours le cas avec les films suivants. Parmi ses œuvres de cette époque, plusieurs furent produites par la société Eurociné, notamment Le Lac des morts vivants. Au milieu de ces réalisations relativement « alimentaires » émergent quelques films plus personnels, comme Fascination (1979) avec Franca Maï et Brigitte Lahaie dans l'un de ses premiers grands rôles dans le cinéma traditionnel. Néanmoins, pendant cette période, Jean Rollin ne rencontre pas davantage un grand succès populaire, et la critique lui demeure systématiquement hostile. Cette phase de sa carrière s'achève vers le milieu des années 1980, à la suite de la fermeture progressive des petites salles de cinéma spécialisées dans la série B au profit des multiplexes qui diffusent d'abord les productions des grands studios[5].
Vers l'écriture
Après 1985, Jean Rollin devient de plus en plus discret. En 1988, il achève (sans en être crédité au générique) le tournage d'Emmanuelle 6, l'une des multiples séquelles du célèbre classique de Just Jaeckin, puis il ajoute en 1990, pour le compte d'Eurociné, quelques séquences à un vieux film de Jess Franco qui ressort sous le titre A la poursuite de Barbara[6]. L'année suivante, en 1991, il réalise aux États-Unis, en France et en Italie un film expérimental, Perdues dans New York, puis il se lance en 1993 dans un ultime thriller : Killing Car (aussi intitulé La Voiture rouge sang). Ce dernier est un échec commercial, qui incite Rollin à abandonner provisoirement les tournages pour apparaître en tant que simple acteur dans les films de son ami Norbert Moutier et, surtout, pour se consacrer d'abord à la littérature. Il publie ainsi plusieurs romans et nouvelles, le plus souvent dans le genre fantastique (Monseigneur Rat, La Petite Ogresse, etc...).
Retour au long métrage fantastique érotisé
Cependant, passé 1995, il décide de revenir au cinéma. Ses films tardifs comme Les Deux Orphelines vampires (1997) ou La Fiancée de Dracula (2002), réalisés à la fin de la décennie 1990 et au tout début des années 2000, ressemblent beaucoup dans leur esthétique et leur inspiration à ses premières œuvres telles que La Vampire nue, Requiem pour un vampire ou Lèvres de sang, tout en bénéficiant de budgets plus importants[4]. En 2007, après une nouvelle période de silence, il tourne avec Ovidie La Nuit des horloges, sorte de rétrospective de ses films les plus personnels, un peu à la manière de La Table tournante de Paul Grimault. Quoiqu'il eût alors annoncé que ce serait son dernier film, il a encore réalisé en 2010 un ultime long métrage, Le Masque de la Méduse avec son épouse Simone dans le premier rôle, et l'une de ses petites-filles, Gabrielle, en figuration comme joueuse de contrebasse[7].
Jean Rollin meurt d'un cancer le 15 décembre 2010[1].
Filmographie
Comme réalisateur
- 1958 : Les Amours jaunes
- 1961 : Ciel de cuivre
- 1963 : L'Itinéraire marin
- 1964 : Vivre en Espagne
- 1965 : Les Pays loin
- 1968 : Le Viol du vampire
- 1969 : La Vampire nue
- 1970 : Le Frisson des vampires
- 1971 : Requiem pour un vampire
- 1973 : La Rose de fer
- 1973 : Jeunes filles impudiques
- 1974 : Les Démoniaques
- 1974 : Tout le monde il en a deux
- 1975 : Lèvres de sang
- 1975 : Phantasmes
- 1976 : La Romancière lubrique
- 1977 : Hard Penetration
- 1978 : Lèvres entrouvertes pour sexes chauds
- 1978 : Les Raisins de la mort
- 1978 : Remplissez-moi... les 3 trous
- 1979 : Fascination
- 1980 : La Nuit des traquées
- 1981 : Fugues mineures (Les Paumées du petit matin)
- 1981 : Le Lac des morts vivants (sous le pseudonyme de J. A. Lazer)
- 1982 : La Morte vivante
- 1984 : Les Trottoirs de Bangkok
- 1985 : Ne prends pas les poulets pour des pigeons (sous le pseudonyme de Michel Gentil)
- 1990 : La Griffe d'Horus (TV)
- 1990 : À la poursuite de Barbara
- 1991 : Perdues dans New York
- 1993 : Killing Car
- 1997 : Les Deux Orphelines vampires
- 2002 : La Fiancée de Dracula
- 2007 : La Nuit des horloges
- 2010 : Le Masque de la Méduse
Comme scénariste
- 1963 : L'Itinéraire marin
- 1965 : Les Pays loin
- 1968 : Le Viol du vampire
- 1969 : La Vampire nue
- 1970 : Le Frisson des vampires
- 1971 : Requiem pour un vampire
- 1973 : La Rose de fer
- 1974 : Les Démoniaques
- 1975 : Lèvres de sang
- 1975 : Phantasmes
- 1978 : Les Raisins de la mort
- 1979 : Fascination
- 1980 : La Nuit des traquées
- 1980 : Les Cannibales (Mondo cannibale)
- 1982 : La Morte vivante
- 1989 : Perdues dans New York
- 1990 : La Griffe d'Horus (TV)
- 1994 : Le Parfum de Mathilde
- 1997 : Les Deux Orphelines vampires
- 2002 : La Fiancée de Dracula
- 2007 : La Nuit des horloges
- 2010 : Le Masque de la Méduse
Comme acteur
- 1971 : Le Sourire vertical de Robert Lapoujade
- 1975 : Lèvres de sang
- 1975 : Phantasmes
- 1976 : Amours collectives de Jean-Pierre Bouyxou
- 1976 : La Romancière lubrique
- 1978 : Les Raisins de la mort
- 1981 : Le Lac des morts vivants
- 1982 : La Morte vivante
- 1985 : Hemophilia de Norbert Moutier
- 1991 : À la poursuite de Barbara
- 1991 : Trepanator de Norbert Moutier
- 1992 : Alien Platoon de Norbert Moutier
- 1993 : Dinosaur from the Deep de Norbert Moutier
- 1996 : Le Marquis de Slime de Quélou Parente
- 2002 : La Fiancée de Dracula
Publications
- Bestialité, Fleuve noir, 1995.
- Enfer privé, Sortilèges, 1998.
- Monseigneur Rat, Sortilèges, 1998.
- La Statue de chair, Sortilèges, 1998.
- Cauchemar d'anniversaire, Rafael de Surtis, 1998.
- La Promeneuse, Les Belles Lettres, 1999.
- Les Deux Orphelines Vampires ; Films ABC / Rafael de Surtis / Editinter, 2001 ; avec une préface d'Alain-Pierre Pillet.
- La petite ogresse, plusieurs éditions dont Rafael de Surtis / Editinter, 2001 ; avec une préface de Jehan van Langhenhoven.
- Gargouillis glauques, Rafael de Surtis, 2001.
- Tùatha, Les Belles Lettres, 2002.
- La Petite fille au cerceau, Films ABC / Rafael de Surtis, 2002.
- Estelle et Edwige, les demoiselles de l'étrange, Film ABC, 2003.
- Vie et aventures de Jean-Pierre Bouyxou, E-Dite, 2004
- Moteur-Coupez ! Mémoires d’un cinéaste singulier, suivi du scénario inédit de L'Itinéraire marin (dialogues de Marguerite Duras), E-Dite, 2008
Notes et références
- Disparition de Jean Rollin, légende du film de série B sur leparisien.fr, Le Parisien, 16 décembre 2010. Consulté le 16 décembre 2010.
- Interviews de Jean Rollin au Festival du Film Fantastique de Bruxelles sur objectif-cinema.com/interviews, Objectif Cinéma, mars 2002. Consulté le 16 décembre 2010.
- Rencontre avec Jean Rollin : interview publique sur devildead.com, 2002. Consulté le 16 décembre 2010.
- Interview avec Jean Rollin » sur museedesvampires.free.fr, Article extrait de Mad Movies n° 107, 2002. Consulté le 16 décembre 2010. Jean-Pierre Putters, «
- Biographie de Jean Rollin sur nanarland.com. Consulté le 16 décembre 2010.
- Cf. Jean Rollin, Paris, Monster bis, 2010, p. 135.
- Interview de Jean Rollin sur psychovision.net, 20 novembre 2009. Consulté le 16 décembre 2010.
Liens externes
- Jean Rollin sur l’Internet Movie Database - Version plus complète en anglais
- Jean Rollin: The Creepy Camera Dossier by Peter Blumenstock sur BCult
- Site web 'Officiel?' de Jean Rollin
- Une compilations de textes de Jean Rollin
- Deux documentaires consacrés à Jean Rollin
- Une interview de Jean Rollin
- Une autre interview de Jean Rollin
- Jean Rollin et les vampires
- Sa filmographie en VHS à travers le monde
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