- La Putain Respectueuse
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La Putain respectueuse
La Putain respectueuse (parfois titrée La P... respectueuse) est une pièce de théâtre en un acte et deux tableaux de Jean-Paul Sartre publiée et représentée la première fois le 8 novembre 1946 au Théâtre Antoine (avec Morts sans sépulture).
Adaptée au cinéma en 1952 sur une réalisation de Charles Brabant et Marcello Pagliero, également adaptée à la télévision en 1974 par André Flédérick.
Résumé
Tableau I, scène 1:
Aux États-Unis, dans une ville du Sud, Lizzie, une prostituée, est embarquée malgré elle dans une histoire la mettant aux prises avec sa conscience. On accuse un noir de l'avoir violée dans un train ; en fait, elle n'a été que partiellement abusée, non par un Noir mais par le neveu d'un sénateur, avec des amis, tous saouls. Ils ont alors voulu jeter les noirs par la portière parce que ça "sentait le nègre". Les noirs se sont défendus comme ils le pouvaient et le fils du sénateur a tiré sur l'un d'eux, le tuant. Le second s'est enfuit. La pièce commence alors que le Noir survivant sonne à la porte de Lizzie pour lui faire promettre de dire la vérité quand on l'interrogera. Elle accepte. Il la supplie également de le cacher, mais elle refuse et le met à la porte.
Tableau I, scène 2:Fred sort de la salle de bain: il a passé la nuit chez Lizzie mais ne montre que du dégoût à l'évocation de leur nuit. Le lit défait, seule trace de leurs ébats "sent le péché" dit-il à Lizzie surprise. Les amants se disputent: Fred estime le prix de la nuit qu'ils ont passé à dix dollars, ce qui offusque Lizzie. Le conflit cesse lorsque Lizzie apprend que Fred est le fils du sénateur Clarke et le cousin de l'homme qui a tenté d'abuser d'elle: elle comprend que le seul but de Fred est de l'obliger à innocenter son cousin.
Tableau I, scène 3:Entrent alors John et James, deux policiers et amis de Fred: tous trois tentent de convaincre Lizzie de signer une fausse déposition, jouant de menaces.
Tableau I, scène 4:Mais le sénateur Clarke arrive alors que la tension est à son comble, et adopte une toute autre stratégie que celle des trois hommes: il approuve la sincérité et la droiture de Lizzie. Celle-ci, touchée par sa réaction, l'interroge. Le sénateur expose alors sa vision des choses, usant d'une rhétorique sans faille qui lui permet de manipuler méticuleusement l'esprit de la jeune femme: à force de jouer du du registre pathétique, il parvient donc à lui faire signer la déposition mensongère. Alors que les quatre hommes s'en vont, Lizzie, dans un dernier sursaut, demande à ce qu'on déchire la feuille – en vain.
Tableau II, scène 1:Même décor, douze heures plus tard. Le Noir, pourchassé par la poursuite pénètre chez Lizzie à son insu et se cache derrière un rideau. Le sénateur Clarke vient de sonner à la porte: il apporte une enveloppe. Alors que la jeune femme s'attend à une lettre de remerciement de la part de la mère du coupable, elle découvre un billet de cent dollars: c'est la preuve qu'elle s'est fait duper. Méprisante, elle reste passive quand le sénateur la caresse.
Tableau II, scène 2:Le Noir sort de sa cachette et demande à nouveau à Lizzie de le cacher: celle-ci accepte et lui propose même un pistolet. Il refuse prétextant qu'il est noir et qu'il ne peut tirer sur un Blanc :
« Lizzie :Prends ça ! Je te dis de le prendre.
Ce sont des Blancs. »
Le Nègre : Je ne peux pas, Madame.
Lizzie : Quoi ?
Le Nègre : Je ne peux pas tirer sur des Blancs.
Lizzie : Vraiment ! Ils vont se gêner, eux.
Le Nègre : Ce sont des Blancs, Madame.
Lizzie : Et alors ? Parce qu'ils sont blancs, ils ont le droit de te saigner comme un cochon ?
Le Nègre :On sonne alors à la porte et Lizzie fait signe au Noir de se cacher dans le cabinet de toilette.
Tableau II, scène 3:Il s'agit de deux hommes chargés de fouiller chaque appartement. Mais comme Lizzie leur révèle qu'elle est la victime du viol, ceux-ci repartent sans effectuer leur travail.
Tableau II, scène 4:Bref dialogue entre Lizzie et le Noir, interrompu par un coup de sonnette: le Noir va se cacher une nouvelle fois.
Tableau II, scène 5:Fred est à la porte de Lizzie: il lui apprend qu'un Noir a été lynché, mais qu'il ne s'agissait pas du coupable que la police recherche toujours. Mais il lui fait également part du désir qu'il éprouve pour elle:
« Fred: Qu'est-ce que tu m'as fait? Tu colles à moi comme mes dents à mes gencives. Je te vois partout, je vois ton ventre, ton sale ventre de chienne, je sens ta chaleur dans mes mains, j'ai ton odeur dans mes narines. J'ai couru jusqu'ici, je ne savais pas si c'était pour te tuer ou pour te prendre de force. Maintenant, je sais. (Il la lâche brusquement.) Je ne peux pourtant pas me damner pour une putain. »Mais un bruit provenant du cabinet de toilette les interrompt: Fred découvre le Noir, le poursuit avec son révolver mais le manque. Lorsqu'il revient à l'appartement de Lizzie, celle-ci le menace de son propre pistolet. Mais dans une dernière tirade, il la convainc de ne pas le tuer et lui promet qu'il va l'installer jalousement dans une maison sur la colline: Lizzie accepte tout par lassitude.
« Fred, en lui tapant la joue: Allons, tout est rentré dans l'ordre. (Un temps.) Je m'appelle Fred.
RIDEAU »Distribution, Théâtre Antoine, 1946
- Héléna Bossis : Lizzie
- Yves Vincent : Fred
- Robert Moor : le sénateur
- Habib Benglia : le nègre
- Roland Bailly : John
- Maïk : James
- Eugène Durand : 1er homme
- Michel Jourdan : 2ème homme
- Claude Régy : 3ème homme
- mise en scène (non signée) : Julien Bertheau et Jean-Paul Sartre
- décors : André Masson construit par Jean Bertin
Adaptations
- 1952 : La Putain respectueuse, film de Charles Brabant et Marcello Pagliero
- 1974 : La Putain respectueuse, téléfilm d'André Flédérick
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