- Phedre (Racine)
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Phèdre (Racine)
Phèdre Édition Claude Barbin, 1678
Auteur Jean Racine Genre Tragédie Pays d'origine France Lieu de parution Paris Éditeur Jean Ribou Date de parution 1676 Date de la 1re représentation 1er janvier 1677 Lieu de la 1re représentation Hôtel de Bourgogne Pour les articles homonymes, voir Phèdre.Phèdre est une tragédie en cinq actes et en vers de Jean Racine représentée le 1er janvier 1677 à l’Hôtel de Bourgogne. La pièce comporte 1 654 alexandrins.
Phèdre est la dernière tragédie profane de Racine avant un long silence de douze ans au cours duquel il se consacrera au service du roi et à la religion. Une nouvelle fois, il choisit un sujet déjà traité par les poètes tragiques grecs et romains. Le roi Thésée étant absent, Phèdre finit par avouer son amour à Hippolyte, fils de Thésée et d'une amante amazone.
Tout dans Phèdre a été célébré : la construction tragique, la profondeur des personnages, la richesse de la versification et l’interprétation du rôle-titre par la Champmeslé. Contrairement à Euripide dans Hippolyte porte-couronne, Racine fait mourir Phèdre à la fin de la pièce, sur scène : elle a donc eu le temps d’apprendre la mort d’Hippolyte. Le personnage de Phèdre est l’un des plus remarquables des tragédies de Racine. Elle est à la fois coupable du malheur des autres et victime de ses pulsions. L’œuvre de Racine s’inscrit dans le registre tragique par le caractère de Phèdre à inspirer terreur mais aussi pitié (registre pathétique, on parle de catharsis, ou purgation des passions), accablée par le poids de l’hérédité qui la condamne dès l’acte I.
Certains vers sont devenus des classiques. On a tellement célébré la musicalité de l’alexandrin « la fille de Minos et de Pasiphaé » que certains s’en sont moqués. Racine ne fait pourtant jamais de la poésie pour la seule beauté des sons. La généalogie de Phèdre est pleine de sens : elle a hérité de sa mère l’intensité de ses désirs et craint après sa mort le jugement de son père, qui est juge aux Enfers.
Phèdre a été victime de la création simultanée, sur le même thème, d’une pièce de Nicolas Pradon aujourd’hui oubliée qui donna lieu à une querelle littéraire qui, elle-même, déboucha sur l’Affaire des sonnets. Gabriel Gilbert avait déjà publié un Hypolite ou le garçon insensible (1647). Par la suite, Phèdre est devenue peu à peu l’une des pièces les plus célèbres de Racine. Si elle n’est pas autant étudiée au lycée que Britannicus ou Andromaque, c’est l’une des tragédies du XVIIe siècle les plus souvent représentées sur la scène.
Sommaire
Personnages
- Thésée, fils d'Égée, roi d'Athènes
- Phèdre, femme de Thésée, fille de Minos et de Pasiphaé
- Hippolyte, fils de Thésée et d'Antiope, reine des Amazones
- Aricie, princesse du sang royal d'Athènes
- Œnone, nourrice et confidente de Phèdre
- Théramène, gouverneur d'Hippolyte
- Ismène, confidente d'Aricie
- Panope, femme de la suite de Phèdre
Argument
La scène est à Trézène, ville du Péloponnèse.
- Acte I (5 scènes)
Hippolyte, fils de Thésée, annonce à son confident Théramène son intention de quitter Trézène pour fuir son amour pour Aricie, sœur des Pallantides, un clan ennemi. Phèdre, épouse de Thésée, avoue à Œnone, sa nourrice et confidente, la passion qu’elle ressent pour son beau-fils Hippolyte. On annonce la mort de Thésée.
- Acte II (6 scènes)
Aricie avoue qu’elle aime aussi Hippolyte. Il lui propose de prendre le trône d’Attique. Phèdre supplie Hippolyte de s’occuper de son fils, mais elle finit par lui annoncer son amour envers lui. En le voyant étonné et timide, elle prend son épée pour en finir avec sa vie. Œnone l’arrête. Théramène dit qu’on a peut-être vu Thésée.
- Acte III (6 scènes)
Thésée, qui n’est pas mort, arrive à Trézène et s’étonne de recevoir un accueil si froid : Hippolyte veut fuir sa belle-mère et il envisage d’avouer à Thésée son amour pour Aricie, Phèdre est submergée par sa culpabilité. Elle vole même l’épée d’Hippolyte, ce qui empêchera ce dernier de se défendre moralement durant le dernier acte.
- Acte IV (6 scènes)
Œnone, qui craint que sa maîtresse ne se donne la mort, déclare à Thésée qu’Hippolyte a tenté de séduire Phèdre. Thésée bannit Hippolyte et prie Poseidon, dieu de la mer, de le tuer. Phèdre veut le faire changer d’avis mais elle apprend qu’Hippolyte aime Aricie. Furieuse d’avoir une rivale, elle renonce à le défendre.
- Acte V (7 scènes)
Hippolyte part après avoir promis à Aricie de l’épouser hors de la ville. Thésée commence à avoir des doutes sur la culpabilité de son fils, mais la nouvelle de sa mort survient. Phèdre avoue tout à Thésée, après avoir banni Œnone qui s’est ensuite jetée dans les flots; elle a pris auparavant du poison et s’effondre sur scène. Thésée, pour venger son fils et respecter la dernière volonté d’Hippolyte, décide d’adopter Aricie.
Citations
- « Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire. » - Phèdre (I, 3, v. 161)
- « Quand tu sauras mon crime et le sort qui m’accable,
Je n’en mourrai pas moins, j’en mourrai plus coupable. » - Phèdre (I, 3, v. 241-242)
- « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue,
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue. » - Phèdre (I, 3, v. 273-274)
- « C’est Vénus tout entière à sa proie attachée. » - Phèdre (I, 3, v. 306)
Les deux citations suivantes sont célèbres pour leur métrique parfaite. La seconde n’est constituée que de monosyllabes.
- « La fille de Minos et de Pasiphaé. » - Hippolyte (I, 1, v. 36)
- « Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon cœur. » - Hippolyte (IV, 2, v. 1112)
Sources
Dans la préface de 1677, Racine évoque ses sources, et principalement le poète grec Euripide (484-406 av. J.-C.), qui dans sa tragédie Hippolyte (428 av. J.-C.) avait traité le mythe de Phèdre. Dans cette pièce, le héros est poursuivi par la déesse de l'amour, Aphrodite, qui dès les premiers vers clame sa fureur d'être délaissée par le jeune homme au profit d'Artémis. Dans Phèdre, Vénus s'acharne contre la famille de la reine, Mamadouistina dont l'ancêtre, le Soleil, avait révélé les amours coupables de la déesse et de Mars. La fatalité prend ainsi la forme de cette haine implacable attachée à toute la descendance du Soleil. Sénèque, philosophe et poète romain du premier siècle après J.-C., est également l'auteur d'une tragédie consacrée à ce sujet. Le récit de Théramène, dans toute son horreur, doit beaucoup à cette source sur laquelle Racine insiste moins. Les ravages de la passion comme maladie de l'âme, ont été également explorés par les Anciens. Citons encore les Héroïdes d'Ovide, et l'Énéide de Virgile, en particulier Les Amours de Didon et Énée.
Postérité
Le texte a inspiré une cantate profane au compositeur Benjamin Britten, Phaedra (1975).
Quelques traductions de Phèdre
- En italien : Giuseppe Ungaretti (1950)
- En espagnol : Pablo Olavide (1786), Rosa Cachel (1983), Dolores Fernándo Lladó, Nydia Lamarque
- En anglais : Robert Lowell (1961), Wallace Fowlie (1962), J. Cairncross (1982), Ted Hughes (vers libre, 1998), Charles Sisson (2001), Timberlake Wertenbaker (2009)
- En allemand : Friedrich von Schiller (1805), Ernst August Wilhelm Gräfenhan (1825), Wilhelm Willige (1956), Rudolf Alexander Schröder (1958)
- En néerlandais : H. van Bracht (1715), Hans Bakx (1982)
- En danois : J. H. Schønheyer (1790), C. E. Falbe Hansen (1945), Erik Rosekamp (2007)
- En norvègien : Halldis Moren Vesaas (1960, première traduction), Jon Fosse (2005)
- En suédois : Gudmund Jöran Adlerbeth (1797, première traduction), Karl August Hagberg (1906), Thomas Kinding (1964) [ces trois en alexandrins], Göran O. Eriksson (1996), Anders Bodegård (2006)
Liens externes
- Phèdre : introduction à la pièce, résumé, étude des personnages principaux ainsi que du schéma dramatique
- Les représentations de Phèdre aux XVIIe et XVIIIe siècles sur le site CÉSAR
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