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Georg Büchner
Karl Georg Büchner (17 octobre 1813 à Goddelau, près de Darmstadt (Hesse) - 19 février 1837 à Zurich) est un médecin, poète, écrivain, révolutionnaire et scientifique allemand.
Sommaire
Enfance
Fils aîné de Louise Caroline Reuss (1791-1858) et d'Ernst Büchner (1786-1861), ancien médecin militaire dans l'armée napoléonienne, médecin à Goddelau puis chimiste industriel renommé, inventeur d'outils scientifiques comme l'entonnoir Büchner. Ceux-ci élèvent et éduquent leurs six enfants dans un monde de sciences, de culture et d'art:
- Mathilde Büchner (1815-1888);
- Wilhelm Ludwig Büchner (1817-1892), homme politique;
- Luise Büchner (1821-1877), écrivain et féministe;
- Ludwig Büchner (1824-1899), médecin dont les travaux philosophiques marqueront l'histoire du matérialisme de ce siècle;
- Alexander Büchner (1827-1904), professeur de littérature.
Georg Büchner grandit dans l'État du grand-duché de Hesse-Darmstadt, dans le sud-ouest de l'Allemagne où les révolutions de 1789 et surtout de juillet 1830 ont des fortes répercussions.
En 1816, la famille s'installe à Darmstadt où le père venait d'être nommé médecin d'arrondissement. À partir de 1821, c'est sa mère qui se charge de son instruction. Elle lui enseigne la lecture, les lettres et le calcul, lui fait comprendre tous les grands textes religieux (la Bible) et l'histoire des peuples de la Terre. À 10 ans, Georg dévore les ouvrages de Schiller. Il est également initié aux sciences, tout en étant intéressé par l'étude des langues (anglais, français, italien).
Études et premiers écrits
Après des études à l'école privée du Dr Karl Weiterhausen, à Darmstadt, de 1822 à 1825], il passe au gymnasium Ludwig Georg de Darmstadt jusqu'en 1831. En novembre 1831 à la faculté de médecine de l’université de Strasbourg. Il entre en contact avec les groupes d’opposition républicains. Admis comme « hôte perpétuel » dans l’association de théologiens Eugenia, il y défend des positions républicaines radicales. Il loge dans la maison du pasteur protestant Johann Jakob Jäglé, dont la fille Wilhelmine deviendra sa fiancée au printemps 1832.
En 1833, Büchner s’installe à Gießen pour terminer ses études à l’Université de Gießen. Il participe à l’agitation politique qui a saisi le sud de l’Allemagne après le Hambacher Fest, manifestation du 27 mai 1832 pour l’unité nationale s’opposant aux régimes despotiques dans la plupart des quelques cinquante États germaniques.
En janvier 1834, il rencontre le pasteur Weidig, figure de proue de l’opposition en Hesse, et entreprend avec lui, en juillet, la rédaction d’un libelle, véritable pamphlet révolutionnaire, Le Messager des campagnes hessoises (Der Hessische Landbote), destiné à susciter le soulèvement des populations paysannes, avec le mot d’ordre : « Friede den Hütten, Krieg den Palästen ! » (« Paix aux chaumières, guerre aux palais ! »). Il affirmera dans sa correspondance avec Karl Gutzkow que « la lutte entre riches et pauvres est l’unique combat révolutionnaire au monde ».
La même année, en mars, Büchner, défendant des idées socialistes, influencé par Auguste Blanqui et Saint-Simon, co-fonde une association secrète révolutionnaire : la Société des Droits de l'Homme (Gesellschaft für Menschenrechte).
Il retourne en avril chez ses parents à Darmstadt, où il fonde une deuxième section de la Société des droits de l’Homme, puis il reprend ses études à Gießen.
À partir d’octobre 1834, Büchner travaille à « La Mort de Danton ». Il écrit de nombreux articles polémiques et satiriques, publiés dans Le Messager Hessois, qui lui vaudront les foudres des autorités et de la censure. Le pasteur Weidig a été arrêté, torturé et est mort emprisonné. C’est le même sort qu’attend Büchner.
L'exil
En 1835, mis sous mandat d'arrêt pour trahison, il doit s'enfuir pour se soustraire à la justice. il trouve refuge à Strasbourg où il se fait inscrire auprès des autorités sous le nom de Jacques Lutzius. Contraint de se tenir tranquille - la police le soupçonne d'activités subversives -, il compose en moins de deux mois un drame d'une nervosité elliptique dont la trace semblait perdu depuis les Élisabéthains : La mort de Danton (Dantons Tod).
Il traduit, aussi, deux pièces de Victor Hugo Lucrèce Borgia et Marie Tudor.
L' histoire de Jakob Lenz, grand dramaturge et disciple du philosophe Emmanuel Kant, ami de jeunesse de Goethe a marqué Büchner. Le poète à l'âme malade, suicidaire demandant de l'aide dans l’espoir de remédier à ses troubles psychiques, reçut les soins du pasteur Jean-Frédéric Oberlin. Büchner en écrit la nouvelle Lenz en s'inspirant du journal tenu par le pasteur, qui recueillit Lenz chez lui durant l'hiver 1778.
Dans le même temps, il poursuit ses recherches scientifiques, s’orientant vers la biologie ; en 1836, il devient membre correspondant de la Société d'histoire naturelle de Strasbourg et, avec son mémoire Le système nerveux du barbeau (Cyprinus barbus L.), obtient un doctorat de l'université de Zurich où il s'installe. Il entreprend la rédaction d’une première version de Léonce et Léna.
Fin 1836, Büchner déménage à Zurich où on lui propose un poste de professeur adjoint à la faculté de médecine. Il sera également privat-docent d'histoire naturelle à l'université. il se consacre à des travaux scientifiques et littéraires. Il est, de plus, en contact avec d'autres réfugiés politiques.
Il travaille sur Woyzeck, inspiré par la véritable histoire d'un simple soldat du nom de Woyzeck qui assassina sa maîtresse à Leipzig en 1821. Büchner n'avait pas achevé sa pièce : les fragments en sont disséminés entre quatre manuscrits et la façon dont il concevait la fin de son drame nous reste inconnue.
En février 1837, il tombe gravement malade ; on constate une infection de typhus. Il revoit sa fiancée Wilhelmine Jäglé une dernière fois le 17 février et meurt le 19, à l'âge de 23 ans.
Son frère Ludwig recueille ses écrits et il les fait publier avec une introduction et une biographie en 1850 chez Sauerländer à Francfort.
Notes sur l'œuvre
Si l'œuvre théâtrale de Büchner montre, sur le plan formel, quelques influences de Shakespeare et des auteurs du mouvement préromantique allemand Sturm und Drang (Tempête et élan), elle est très innovatrice dans la représentation du drame social. Son Woyzeck piétiné par toute une société et l'histoire grotesque du prince Léonce égaré dans une brume romantique, font de Büchner un des précurseurs des courants naturaliste et expressioniste du début du vingtième siècle, tandis que le pessimisme et le désarroi moral de La mort de Danton illustrent le désenchantement face au rationalisme des Lumières.
Œuvres
- 1834 : Le Messager des campagnes hessoises, avec Friedrich Ludwig Weidig (Der Hessische Landbote)
- 1835 : La mort de Danton, théâtre (Dantons Tod)
- 1835 : Lucretia Borgia (traduction de la pièce de Victor Hugo)
- 1835 : Maria Tudor (traduction de la pièce de Victor Hugo)
- 1835 : Lenz, nouvelle. Traduction en français par Albert Béguin dans Les Romantiques allemands d'Armel Guerne, Desclée de Brouwer, 1956 et 1963, rééd. Phébus, 2004.
- 1836 : Léonce et Léna, comédie satirique (Leonce und Lena)
- 1837 : Woyzeck, pièce de théâtre (inachevée)
Voir aussi
- Prix Georg-Büchner, prix littéraire allemand
- Wozzeck, opéra de Alban Berg (1914)
- Woyzeck, film de Werner Herzog avec Klaus Kinski (1978)
- Jakob Lenz, opéra de Wolfgang Rihm (1979)
Citation
- « La lutte entre riches et pauvres est l'unique combat révolutionnaire au monde »
- « Je ne parviens pas à savoir quelle partie de moi-même trompe l’autre »
- « N'entendez-vous rien, n'entendez-vous pas cette terrible voix qui crie tout autour de l'horizon et qu'on appelle d'habitude le silence ? »
Sources
- Georg Büchner, Woyzeck, fragments complets, L'Arche, coll. "scène ouverte", Paris, 1993.
- Georg Büchner, La mort de Danton, Léonce et Léna, Woyzeck, Lenz, GF Flammarion, Paris, 1997.
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