- Euripide
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Euripide Statuette d'Euripide assis avec la liste de ses œuvres, IIe siècle ap. J.-C., musée du LouvreNom de naissance Εὐριπίδης (Euripídês) Activités Dramaturge Naissance v. 485-480 av. J.-C.
SalamineDécès 406 av. J.-C.
MacédoineLangue d'écriture Grec Ancien Genres Tragédie Euripide (en grec ancien Εὐριπίδης / Euripídês), né à Salamine vers 480 av. J.-C., mort en Macédoine en 406 av. J.-C., est un poète tragique grec.
Sommaire
Éléments biographiques
La vie d'Euripide est mal connue, les sources anciennes étant tardives et reprenant sur son compte des éléments douteux, souvent colportés par les poètes comiques dont il fut la cible[1]. On possède ainsi une Vie anonyme mêlant de nombreuses légendes à des faits crédibles ; le chapitre XV, 20 des Nuits attiques d'Aulu-Gelle, consacré à Euripide ; trois épigrammes funéraires de l’Anthologie palatine[2].
Selon la tradition, Euripide naît à Salamine le jour même de la bataille du même nom, en 480 av. J.-C., d'une famille athénienne réfugiée sur l'île pour échapper aux Perses. Son nom viendrait de l'Euripe, canal où se joue la bataille qui voit la Grèce se délivrer de ses ennemis. Aristophane insinue à de nombreuses reprises dans ses pièces qu'il est de basse extraction, ce que confirme Théophraste. Néanmoins, sa culture montre une éducation coûteuse, auprès de sophistes comme Prodicos de Céos ou Protagoras, ce qui n'aurait guère été possible si sa mère avait effectivement vendu des herbes. Il se serait constitué une riche bibliothèque, une des premières dont il soit fait mention. Euripide participe également à des jeux gymniques, et est couronné aux jeux théséens[3].
Contemporain de Socrate, il est aussi son ami. Il se lance publiquement dans la tragédie à partir de 455. Les femmes dans ses tragédies décrivent la passion physique et morale, à l'exception d'Oreste dans Andromaque. Médée, Sthénébée, Pasiphaé et Phèdre ont fait scandale dans le public athénien qui estimait que le théâtre devait représenter la solennité religieuse et non les drames humains. Racine a été inspiré par ses tragédies. Sa première pièce, les Péliades, remporte un troisième prix. Il remporta ensuite un premier prix aux Dionysies en 441 puis deux autres en 428 et en 403. Il devient rapidement assez populaire. Plutarque, dans sa Vie de Nicias, raconte qu'en 413, après le désastre naval de Syracuse, les prisonniers athéniens pouvant réciter des tirades d'Euripide sont relâchés.
Après Oreste, produit en 408, Euripide décide de se retirer en Macédoine, à la cour d'Archélaos. En chemin, il s'arrête quelque temps en Magnésie où on l'honore d'une proxénie[4]. Parvenu à la cour d'Archélaos, il écrit deux pièces, Les Bacchantes et Archélaos (aujourd'hui perdu). Il y meurt au début de l'année 406. Les Athéniens lui dressent en 330 une statue de bronze dans le théâtre de Dionysos.
Œuvres
Tragédies
Euripide aurait, selon la tradition, écrit 90 pièces. Il ne nous reste que 19 tragédies (une sélection de 10, retenues pour l'enseignement, plus 9, issues d'une partie d'un classement alphabétique, de E à K), dont une très vraisemblablement apocryphe, et un drame satyrique :
- Alceste (Ἄλκηστις / Álkêstis) en 438 ;
- Médée (Μήδεια / Mếdeia) en 431 ;
- Les Héraclides (Ἡρακλεῖδαι / Hêrakleĩdai) en 430 ;
- Hippolyte porte-couronne (Ἱππόλυτος στεφανοφόρος / Hippólytos stephanophóros) en 428 ;
- Andromaque (Ἀνδρομάχη / Andromákhê) en 426 ;
- Hécube (Ἑκάϐη / Hekábê) en 424 ;
- La Folie d'Héraclès (Ἡρακλῆς μαινόμενος / Hêraklễs mainómenos) en 424 ;
- Les Suppliantes (Ἱκέτιδες / Hikétides) en 424 ;
- Ion (Ἴων / Íôn) en 418 ;
- Les Troyennes (Τρῳάδες / Trốiádes) en 415 ;
- Iphigénie en Tauride (Ἰφιγένεια ἡ ἐν Ταύροις / Iphigéneia hê en Taúrois) en 414 ;
- Électre (Ἠλέκτρα / Êléktra) en 413 ;
- Hélène (Ἑλένη / Hêlénê) en 412 ;
- Les Phéniciennes (Φοινίσσαι / Phoiníssai) v. 410 ;
- Oreste (Ὀρέστης / Oréstês) en 408 ;
- Iphigénie à Aulis (Ἰφιγένεια ἡ ἐν Αὐλίδι / Iphigéneia hê en Aulídi) en 406 ;
- Les Bacchantes (Βάκχαι / Bákkhai) en 405.
Drame satyrique
- La pièce satyrique est le Cyclope (Κύκλωψ / Kýklôps), relatant le célèbre épisode de Polyphème, dans l’Odyssée.
Pièce apocryphe
- Rhésos (Ῥῆσος / Rhễsos) est très vraisemblablement apocryphe.
Tragédies fragmentaires
À noter un nombre important de tragédies fragmentaires (qui forment un total d'environ 3 000 vers, dont 1 000 pour la seule Hypsipyle).
- Télèphe (Τήλεφος / Têlephos) en 438
- Les Crétois (Κρητές / Krêtés) en 435
- Égée (Αἰγεύς / Aigeús) avant 431
- Sthénébée (Σθενέϐοια / Sthenéboia) avant 429
- Bellérophon (Βελλεροφόντης / Bellerophontês) en 430-425 qui comporte seulement 90 vers conservés mais est célèbre pour cette tirade : « Si les dieux commettent un acte non respectable, ce ne sont pas des dieux. ».
- Cresphontès (Κρεσφόντης / Kresphóntês) vers 425
- Érechthée (Ἐρεχθεύς / Erekhtheús) en 422
- Phaéton (Φαεθών / Phaethôn) en 427-404, 200 vers conservés dont une centaine par Plutarque. Goethe en a tenté une reconstitution.
- Mélanippe la Sage ou Mélanippe la Philosophe (Μελανίππη σοφή / Melaníppê sophê) vers 420
- Alexandre (Ἀλέξανδρος / Aléxandros) en 415
- Palamède (Παλαμήδης / Palamếdês) en 415, 43 vers conservés (dont une dizaine incomplets). La pièce multipliait les innovations.
- Sisyphe (Σίσυφος / Sísyphos) en 415
- Mélanippe enchaînée (Μελανίππη δεσμώτις / Melaníppê desmótis) en 412
- Andromède (Ἀνδρομέδα / Androméda) en 412 avec Euripide
- Antiope (Ἀντιόπη / Antiópê) vers 410
- Archélaos (Ἀρχέλαος / Arkhélaos) vers 410
- Hypsipyle (Ὑψιπύλη / Hupsipulê) en 412-405, la plus importante en taille car de larges extraits en ont été retrouvés sur papyrus. Mais, par ce même fait, la lecture en est difficile. D'autre part subsiste un trou de 500 vers ce qui rend les reconstitutions toujours problématiques.
- Philoctète (Φιλοκτήτης / Philoktêtês) vers 410
- Hippolyte voilé (Ἱππόλυτος καλυπτόμενος / Hippólutos kaluptómenos)
- Plisthène (Πλεισθένης / Pleisthénès)
Musique
Euripide est le seul des trois « grands tragiques » auxquels on puisse attribuer, avec quelque vraisemblance, une œuvre musicale. Un extrait de son Oreste (v. 338-344), inscrit sur papyrus, daterait de 200 av. J.-C. , soit « seulement » 200 ans après sa mort[5]. Dès lors, en tenant compte de l'académisme de l’Athènes d'alors, il semble plausible qu'il en soit le compositeur. La musique en elle-même est un chromatisme d'une grande pureté sonore (la, sol♯, si, si, la♯, la) ce qui la rend plus agréable à l'écoute que les autres productions musicales conservées de l'antiquité. L'usage de ce chromatisme est par ailleurs bien caractéristique d’Euripide, si l'on en croit les quelques sources que nous avons sur le sujet.
Une autre « composition » d’Euripide extraite d’Iphigénie à Aulis nous est également parvenue, mais l'attribution est cette fois beaucoup plus incertaine et la musique (un simple accompagnement de lyre) d'un bien moindre intérêt.
Notes et références
Notes
- Demont et Lebeau, p. 117
- Les sources, réunies et commentées par Philippe Renault. L'article de la Souda (Souda [(en)(grc) lire en ligne], s.v. Εὐριπίδης = epsilon 3695 Adler) et les notices de Thomas Magister et de Manuel Moschopoulos sont bien plus tardifs.
- Aulu-Gelle, Nuits attiques [détail des éditions] [lire en ligne], XV, 20.
- Vie d'Euripide sur remacle.org
- cf. article « Musique » du Dictionnaire de l'antiquité, Oxford
Bibliographie
- Éditions
- Sources
- Aristote, Poétique [lire en ligne]
- Suidas, « Εὐριπίδης », Adler epsilon, 3695 lire en ligne
- Études sur Euripide
- (it)Vincenzo di Benedetto, Euripide, Teatro e Società, Turin, 1971
- Paul Decharme, Euripide et l'esprit de son théâtre, Paris, 1893
- Jacqueline Duchemin, L'Agôn dans la tragédie grecque (1945), 2e éd. revue et corrigée, Paris, Les Belles Lettres, 1968
- Roger Goossens, Euripide et Athènes, Bruxelles, Palais des Académies, 1962
- François Jouan, Euripide et les légendes des Chants cypriens, Paris, Les Belles Lettres, 1966
- André Rivier, Essai sur le tragique d'Euripide, Lausanne, 1944
- Jacqueline de Romilly, L'Évolution du pathétique, d'Eschyle à Euripide, Paris, PUF, 1962, rééd. Les Belles Lettres, 1980
- Jacqueline de Romilly, La Modernité d'Euripide, Paris, PUF, coll. « Écrivains », 1986
- (de)Hans Strohm, Euripides, Interpretationen zur dramatischen Form (Zetemata, 15), Munich, 1957
- Ouvrages généraux
- Harold Caparne Baldry, The Greek Tragic Theatre, Cambridge University Press, 1951, trad. en français : Le théâtre tragique des Grecs, Paris, Maspero/La Découverte, 1975, éd. revue et corrigée Presses Pocket, coll. « Agora », 1985
- Paul Demont et Anne Lebeau, Introduction au théâtre grec antique, Livre de Poche, coll. « Références », Paris, 1996
- Suzanne Saïd, Monique Trédé et Alain Le Boulluec, Histoire de la littérature grecque, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige », 1997 (ISBN 2-13-053916-5)
- Jacqueline de Romilly, La Tragédie grecque, PUF, 1970, 8e éd., coll. « Quadrige », 2006
- Jacqueline de Romilly, Précis de littérature grecque, PUF, 1980, 2e éd., coll. « Quadrige », 2007
- Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet, Mythe et tragédie en Grèce ancienne (2 vol.), Maspero, 1972, rééd. La Découverte, coll. « La Découverte/Poche », 1986, 1995, 2001
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