Rue Jean Goujon

Rue Jean Goujon

Rue Jean-Goujon

8e arrt.
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Rue Jean-Goujon
Arrondissement(s) 8e arrondissement
Quartier(s) Quartier des Champs-Élysées
Début 21, avenue Franklin-D.-Roosevelt
Fin place de la Reine-Astrid
Longueur 520 m
Largeur 14,60 m
Création Ordonnance du 23 juillet 1823
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La rue Jean-Goujon est une rue du 8e arrondissement de Paris. Elle commence à hauteur du no 21 avenue Franklin-D.-Roosevelt et se termine place de la Reine-Astrid, à l'angle de l'avenue Montaigne.

Sommaire

Histoire

La rue Jean-Goujon fut ouverte en 1823 lors de la création du quartier François Ier. Elle est dénommée d'après le sculpteur de la Renaissance Jean Goujon. Elle commençait à l'origine place Georges-Clemenceau, mais elle perdit en 1908 le tronçon situé entre cette place et l'avenue d'Antin (actuelle avenue Franklin-D.-Roosevelt), rebaptisé avenue de Selves en 1934.

La rue ne commença à être bâtie que vers 1825. Entre mai 1830 et octobre 1832, Victor Hugo y vécut au deuxième étage d'une modeste maison isolée au milieu de jardins maraîchers et de prairies. C'est là qu'il écrivit Notre-Dame de Paris et que naquit sa fille Adèle le 28 juillet 1830. C'est là aussi que le petit Charles Hugo faillit être emporté par l'épidémie de choléra de 1832. Sa femme supportant mal l'isolement de ce quartier excentré, Hugo s'installa en 1832 dans l'immeuble du 6, place des Vosges.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

  • no 4 : Immeuble d'habitation construit en 1894 par l'architecte Jean-Marie Boussard. Le compositeur Albert Roussel y demeura quelque temps après la Première Guerre mondiale dans un vaste appartement prêté par des amis. Pour lui faire une farce, des élèves de la Schola Cantorum emmenés par Erik Satie peignirent en bleu et rouge vif les colonnettes et les ornements de la façade, au vif émoi des habitants de l'immeuble. L'immeuble était habité en 1910 par la soprano américaine Emma Eames (1865-1952).
  • no 5 : Ce petit hôtel brique et pierre, édifié en retrait de la rue entre deux immeubles de rapport, avec jardin et loge de concierge, est un rare vestige de l'état du quartier au XIXe siècle. Il a été pendant plus d'un siècle la résidence de la famille de Saint-Chamans, dont Marie-Ernestine (1862-1952), marquise de Marcieu par son mariage en 1884 avec Henry Émé de Marcieu (1857-1943). Résidence du baron Lartigue de Gonyetes (en 1953)[1].
  • no 6 : Immeuble d'habitation de style Art déco construit en 1930 par l'architecte Charles Lemaresquier à la place de l'hôtel de Mme M. Bianchi (en 1910)[2]. C'est dans cet immeuble qu'Hervé Gaymard, alors ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie avait fait louer aux frais de l'État pour 14 400 euros par mois un duplex de 600 m² comme logement de fonction. La révélation de cette affaire par Le Canard enchaîné en février 2005 devait conduire à la démission du ministre (V. Affaire Gaymard).
  • no 8 : Hôtel d'Essling : En 1834, le colonel espagnol Francisco Amoros installa à cette adresse une succursale du gymnase militaire qu'il avait fondé place Dupleix et que son adepte Roux transporta en 1848 à la barrière du Roule. Le terrain fut vendu en 1864 par ses propriétaires, M. et Mme de Mortemart à Anne Debelle (1802-1887), duchesse de Rivoli, princesse d'Essling, grande maîtresse de la Maison de l'impératrice Eugénie[3], veuve de François Victor Masséna (1799-1863), 2e duc de Rivoli, qui a fait construire l'hôtel actuel, achevé vers 1866, par l'architecte Jules Pellechet. À l'origine, le bâtiment comportait trois étages avec, à l'arrière, sur l'impasse d'Antin, les remises et les écuries. Après la mort de la duchesse de Rivoli, le 28 janvier 1887, l'hôtel devint la propriété du plus jeune de ses deux fils, Victor Masséna (1836-1910), 4e duc de Rivoli. Celui-ci mourut le 28 octobre 1910 en léguant l'hôtel à son fils André Masséna qui le vendit le 17 avril 1913 à la princesse Louise de Croÿ-Roeulx (1842-1916). Son fils et ses trois filles vendirent l'hôtel le 31 juillet 1919 à la société anonyme Maison des Centraux, contituée à cet effet le 13 juin 1919 avec les fonds apportés par des anciens élèves de l'École centrale, qui en est toujours propriétaire. Celle-ci y fit de nombreux travaux, en particulier la surélévation sur trois niveaux de l'hôtel sur la rue Jean-Goujon et la création en 1921 d'une salle des fêtes et d'un restaurant au décor Art déco commandé au peintre Lucien Jonas (1880-1947) (détruit). Dans l'entre-deux-guerres, le célèbre Restaurant Colas était installé au rez-de-chaussée de l'hôtel. C'est là que Jean-Paul Sartre prononça le 29 octobre 1945 sa conférence L'existentialisme est un humanisme. En 1989, la Maison des Centraux fit entièrement restructurer l'immeuble par le cabinet d'architectes Alexandre et Sandoz. Après deux années de travaux, la Maison des Centraliens, selon la nouvelle dénomination adoptée en 1990, rouvrit ses portes le 16 mai 1991. L'immeuble abrite désormais l'hôtel Sofitel-Paris-Champs-Élysées ainsi que le centre d'affaires Élysées, dont l'exploitation a été confiée au Groupe Accor, des salons de réception et une salle polyvalente, ainsi que le Press Club de France, précédemment installé avenue d'Iéna[4].
  • no 10 : Cet immeuble abrite le studio de photographie Harcourt, réputé pour ses portraits en noir et blanc de stars et de personnalités. « Hôtel de M. Darblay et des La Rochefoucauld-Montbel [...] qui fut celui du prince de la Moskowa et du marquis de Montesquiou-Fezensac » (en 1953)[5].
  • no 11 : Hôtel de Clermont-Tonnerre : Voir no 12, rue François-Ier.
  • no 11bis : Siège de la Société civile pour la perception et la répartition des droits de représentation publique des films cinématographiques (PROCIREP) et de l'Association de gestion internationale collective des œuvres audiovisuelles (Angoa), deux sociétés civiles de perception des droits des producteurs d'œuvres audiovisuelles.
  • no 12 : Hôtel San Régis : Simon André Terrail, fondateur de l'hôtel George V et propriétaire du restaurant La Tour d'Argent, acheta en 1923 cet hôtel particulier construit en 1857 pour Edmond Petit et habité en 1910 par D. de Rougemont[6] et le fit transformer en un luxueux et discret hôtel. Dans les années 1950, M. Terrail vendit le George V mais conserva le San Régis où il installa ses plus beaux meubles et où descendirent dès lors de nombreuses stars comme Lauren Bacall, Gene Kelly, Romy Schneider, Jacqueline Bisset, Candice Bergen, Louis Malle... Racheté par la famille Georges en 1984, l'hôtel a été rénové par le décorateur Pierre-Yves Rochon.
  • no 14 : Immeuble d'angle avec la place François-Ier, où habitait en 1910 le romancier et dramaturge Pierre Decourcelle[7]. « Il était aussi un collectionneur passionné et l'ensemble d'œuvres du XVIIIe siècle qu'il assembla valait celui des Goncourt. Il les fit passer en vente publique en 1911 "pour vérifier, disait-il, s'il ne s'était pas trompé". De fait, les enchères qui s'ensuivirent lui démontrèrent que ses choix avaient été judicieux. Dix ans plus tard, voulant rééditer en peinture moderne l'expérience qu'il avait faite avec les œuvres du XVIIIe siècle, Pierre Decourcelle avait composé, toujours avec le même bonheur, une collection où Toulouse-Lautrec voisinait avec Utrillo, Renoir avec Monticelli, Alfred Stevens avec Forain. »[8]
  • no 15-17 :
  • no 16 : Hôtel de Vilgruy : Voir no 9, rue François-Ier.
  • no 18 : Au pied de cet immeuble où il venait d'emménager dans un appartement de 70 m² au 4e étage sur cour[9], le corps de Thierry Imbot, ancien officier de la Direction générale de la sécurité extérieure, impliqué dans l'affaire des frégates de Taïwan, est retrouvé mort, écrasé sur le pavement, le 10 octobre 2000. L'enquête conclut à une défenestration accidentelle.
  • no 23 : Chapelle Notre-Dame-de-Consolation édifiée en 1903 en style Louis XVI par l'architecte Albert-Désiré Guilbert à la mémoire des victimes de l'incendie du Bazar de la Charité, par les soins de leurs familles et de la comtesse Boni de Castellane. La première pierre fut bénie le 4 mai 1898 par le cardinal Richard, archevêque de Paris. La vierge qui surmonte l'édifice est due au sculpteur Daillon. La chapelle est desservie par quatre religieux de la congrégation des Scalabriniens et par des religieuses de la congrégation des Sœurs des Pauvres de Bergame.
  • no 29 : Hôtel de Saux : La peintre orientaliste Henriette Browne, pseudonyme de Sophie Louise Henriette de Bouteiller (1829-1901), épouse du diplomate Jules Henry de Saux (†1879), secrétaire du comte Walewksi, vécut et mourut dans cet hôtel. En 1932, il fut acquis par la banque polonaise PKO qui y établit une succursale. Il abrite aujourd'hui l'Institut polonais.
  • no 31 : Hôtel de M. F. Raibeaux, propriété de M. Johnston (en 1910)[10].
  • no 33 : Siège de l'Institut français de la mode (IFM) avant son installation quai d'Austerlitz en décembre 2008.
  • no 37 : Hôtel de Ganay : Habité par le comte Louis de Ganay (1832-1893) et la comtesse née Mathilde des Acres de L'Aigle (1836-1916), qui y sont tous deux morts. « Madeleine de Rauch a mis au service de l'élégance féminine les salons de la comtesse douairière de Ganay et des Fournier-Sarlovèze. »[11] Le peintre Henry Espinouze (1915-1982), originaire de Perpignan, a habité quelques mois dans cet immeuble, hébergé par des amis de Charles Trénet, au moment de son arrivée à Paris.

Bâtiments détruits

  • no 7 : Hôtel de Leusse : a abrité une maison de couture (en 1953)[12] avant d'être remplacé par un immeuble d'habitation dans les années 1960.
  • no 7bis : Hôtel de Mme F. Moreau (en 1910)[13].
  • no 9 : Emplacement où s'élevait la maison habitée, au 2e étage, par Victor Hugo et sa famille de 1830 à 1832. La maison appartenait alors à M. de Mortemart et à Cavaignac[14]. Arthur Léon Imbert de Saint-Amand y naquit en 1834. En 1859, la maison fut remplacée par l'hôtel de la comtesse de Marle, lui-même remplacé par un immeuble moderne.
  • no 24-26 : Un immeuble a remplacé les constructions édifiées par l'architecte Félix Langlais pour James de Rothschild.
  • no 25 : Hôtel de M. Ternaux-Compans (en 1910)[15].
  • no 27[16] : Hôtel Demidoff, appartenant à Paul Demidoff (1879-1909). L'hôtel et son mobilier furent mis en vente en 1869. L'immeuble fut vendu le 31 janvier 1874 à Robert d'Orléans (1840-1910), duc de Chartres. Bibliophile passionné, le duc de Chartres fit ajouter une aile à l'hôtel pour abriter sa bibliothèque comptant 2 500 livres anciens[17]. Il dut quitter la France en 1886 à la suite de la loi d'exil frappant les princes de la maison d'Orléans. L'hôtel fut habité par son fils, l'explorateur Henri d'Orléans (1867-1901)[18]. Il fut acquis ensuite par Sadi Carnot (1865-1948), colonel d'infanterie, fils du Président de la République. « Le building qui occupe le no 27, écrit André Becq de Fouquières en 1953, et qui abrite une grande entreprise de produits chimiques, oppose sa masse sans âme à la vision que j'ai gardée du bizarre hôtel Demidoff, à l'architecture très "fin de siècle" »[19].
  • no 35 : Hôtel de Villeroy (en 1910)[20], puis du marquis de Vibraye (en 1953)[21].

Notes et références

  1. Becq de Fouquières, Op. cit., p. 77
  2. Rochegude, Op. cit., p. 101
  3. Elle figure, en robe rose, à la droite de l'impératrice qui lui tend une branche de chévrefeuille dans le célèbre tableau de Franz Xaver Winterhalter L’impératrice Eugénie entourée de ses dames d’honneur (1855).
  4. Source : Notice historique sur le site www.centraliens.net (consulté le 5 janvier 2009).
  5. Becq de Fouquières, Op. cit., p. 77
  6. Rochegude, Op. cit., p. 101
  7. Rochegude, Op. cit., p. 101
  8. Becq de Fouquières, Op. cit., p. 78-79
  9. Thierry Jean-Pierre, Taïwan Connection, 2003, Robert Laffont, p. 185.
  10. Rochegude, Op. cit., p. 101
  11. Becq de Fouquières, Op. cit., p. 77
  12. Becq de Fouquières, Op. cit., p. 77
  13. Rochegude, Op. cit., p. 101
  14. Rochegude, Op. cit., p. 101
  15. Rochegude, Op. cit., p. 101
  16. anciennement no 35 ?
  17. Source : Jacques Bernot et Jean-Pierre Thomas, La fortune disparue du roi Louis-Philippe, Fernand Lanore, 2008, p. 187.
  18. Rochegude, Op. cit., p. 101
  19. Becq de Fouquières, Op. cit., p. 75
  20. Rochegude, Op. cit., p. 101
  21. Becq de Fouquières, Op. cit., p. 77

Sources

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