- Armée de l’air allemande
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Luftwaffe
Deutsche Luftwaffe Période 9 janvier 1956 Pays Allemagne Allégeance Bundeswehr Type Armée de l'air Taille 60 300 (dont 15 300 réservistes) personnes Commandant Lieutenant général Klaus-Peter Stieglitz modifier Le terme Luftwaffe (littéralement, arme de l'air) désigne les différentes armées de l'air de l'Allemagne au cours de son histoire. Composante aérienne de la Bundeswehr, elle s'appelle aujourd'hui officiellement Deutsche Luftwaffe pour se différencier des armées de l'air d'autres pays de langue allemande comme l'Autriche et la Suisse. C'était aussi le nom officiel de l'armée de l'air allemande sous le Troisième Reich entre 1935 et 1945, ainsi que le nom de celle de la République fédérale d'Allemagne (RFA) pendant la période de la Guerre froide entre 1955 et 1990. C'est également le nom utilisé communément pour l'armée de l'air de la RFA résultant de la réunification des deux Allemagnes en 1990. Le nom Luftstreitkräfte (littéralement, forces armées aériennes) apparaît également dans l'histoire des forces aériennes allemandes, puisque c'était le nom officiel en vigueur entre 1910 et 1918 ainsi que celui en vigueur pour l'armée de l'air de la République démocratique allemande (RDA), composante de la NVA) entre 1955 et 1990.
Sommaire
La Première Guerre mondiale
Le précurseur de la Luftwaffe, le service aérien de l'armée allemande impériale, avait été créé en 1910, quatre ans avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale (1914-1918) avec l'apparition de l'aviation militaire. À l'origine, on avait l'intention d'utiliser les avions principalement pour la reconnaissance aérienne des lignes ennemies, de la même manière qu'on avait utilisé les ballons pendant la Guerre franco-prussienne en 1870-1871 et même pendant les guerres napoléoniennes. Ce n'est toutefois pas la première armée de l'air de l'histoire : l'Aéronautique militaire de la France est également fondée en 1910. La fondation de celle du Royaume-Uni, la Royal Flying Corps, eut lieu deux ans plus tard, en 1912.
Durant la guerre, l'armée de l'air allemande utilisa une grande variété d'avions : les avions de chasse (fabriqués par des usines Albatros Flugzeugwerke ou Fokker), les avions de reconnaissance (Aviatik et DFW) et les avions de bombardement (Gothaer Waggonfabrik, mieux connus sous le nom plus simple de Gotha, et Zeppelin-Staaken). Mais ce sont les chasseurs qui passionnent le plus les enthousiastes d'aviation militaire, étant donné que ce sont eux qui produisent des « as » tels que Manfred von Richthofen, surnommé le « Diable rouge » par les Français et Red Baron par les Britanniques. D'autres « as » incluent Ernst Udet, Hermann Göring (le futur commandant en chef de la Luftwaffe), Oswald Boelcke (dit le premier tacticien aérien du combat aérien tournoyant (dogfighting ou "combat de chiens" en anglais), Werner Voss et Max Immelmann. Ce dernier est le premier pilote allemand décoré de la médaille Pour le Mérite, à cette époque-là la distinction militaire la plus importante en Allemagne, après avoir abattu huit avions ennemis avec Oswald Boelcke. C'est pour cette raison que cette médaille est surnommée le « Max bleu » depuis lors. De même que la Marine, l'armée de Terre allemande utilise les dirigeables Zeppelin pour efffectuer des missions de bombardement sur des cibles militaires et civiles en France, en Belgique et au Royaume-Uni.
Jusqu'en 1918, tous les avions de l'armée allemande - ainsi que ceux de l'armée d'Autriche-Hongrie - portent l'insigne de la Croix de fer. Mais, dès 1918, les avions commencent à porter une croix formée de deux poutres droites (Balkenkreuz), un insigne qui deviendra très familier pendant le IIIe Reich. Après la chute de l'Allemagne en novembre 1918 à la suite de l'Armistice, l'armée de l'air allemande se dissout, comme prévu par le traité de Versailles, dont les termes exigent que tous les avions militaires allemands soient détruits.
L'entre-deux-guerres
Le Traité de Versailles lui interdisant de maintenir une armée de l'air, l'Allemagne éprouve le besoin d'entraîner en secret ses pilotes pour une guerre future. Au début, on utilise les écoles de l'aviation civile pour l'entraînement des pilotes pour faire croire qu'ils piloteront des avions de lignes aériennes civiles telles que la Lufthansa. Mais il n'est possible d'utiliser que les avions légers sur le territoire allemand. Pour que les pilotes puissent acquérir de l'expérience dans les nouveaux avions de combat, l'Allemagne sollicite l'aide de son futur ennemi, l'URSS. Un aérodrome secret est établi à Lipetsk en 1924, et il opère pendant neuf ans jusqu'à sa fermeture en 1933. L'école utilise des avions d'entraînement néerlandais et russes ainsi qu'allemands.
Le 26 février 1935, Adolf Hitler ordonne à Hermann Göring de rétablir la Luftwaffe, bien que le traité d'armistice soit toujours en vigueur. Mais ni la France ni le Royaume-Uni ni la Société des Nations ne font rien pour empêcher l'Allemagne d'entreprendre cette action ou d'autres violations du traité. Bien que la nouvelle Luftwaffe soit une organisation totalement indépendante de l'armée, elle continue néanmoins la tradition d'attribuer des grades militaires au personnel, une tradition maintenue même aujourd'hui par la Bundesluftwaffe (c'est-à-dire, l'armée de l'air de la RFA) et par beaucoup d'autres armées de l'air autour du monde. Et pourtant, il est à observer que le service aérien paramilitaire en vigueur avant la promulgation de la Luftwaffe portait le nom du Deutscher Luftverband (DLV), dont le chef était Ernst Udet. Ses membres portaient l'uniforme avec l'insigne qui continue à apparaître sur l'uniforme de la Luftwaffe, bien que les noms des « grades » soient plus « civils » que militaires.
La Luftwaffe saisit l'occasion de tester l'efficacité de ses tactiques de combat et de ses appareils pendant la Guerre civile espagnole de 1936-1939 quand la Légion Condor va en Espagne pour y donner un appui aérien à la révolte conduite par Francisco Franco contre le gouvernement républicain. Les machines, dont les noms deviendront fameux dans le monde entier, incluent notamment le Junkers Ju 87 « Stuka » (Sturzkampfflugzeug = avion de combat en piqué), spécialisé dans le bombardement en piqué, offrant alors une bien plus grande précision que le bombardement en altitude, et le Messerschmitt Bf 109, l'avion de chasse le plus fameux en Allemagne. Mais en tant qu'armée de l'air attachée aux forces nationalistes de Franco, l'insigne de la Luftwaffe est remplacée sur le fuselage des avions pour donner au monde l'illusion que l'Allemagne elle-même ne soutient pas activement la révolte. À sa place, la croix à barres droites aposée sur le fuselage est remplacée par un disque noir et la swastika (c'est-à-dire la croix gammée) sur la dérive est remplacée par une sorte d'«X» noir sur fond blanc. Celle-ci apparaît ensuite sur les avions militaires espagnols, bien que le disque noir soit remplacé par une cocarde (comme celle de l'Armée de l'Air française) mais en rouge-jaune-rouge. Les avions de la Légion sont affectés aux unités portant le numéro 88 ; par exemple, celles de bombardement sont assignées au Kampfgruppe (groupe de bombardement) 88 (KG/88) alors que celles de chasse sont assignées au Jagdgruppe (groupe de chasse) 88 (JG/88).
Les prémices du bombardement systématique des cités durant la Seconde Guerre mondiale se manifestent le 26 avril 1937 lorsqu'une force de bombardement combinée à des avions allemands et italiens détruit le plus gros de la ville basque de Guernica au nord-ouest de l'Espagne, une cible civile sans intérêt stratégique et dont la destruction frappe les esprits. Le monde entier ou presque condamne ce bombardement, et la mémoire collective de cet événement se maintient depuis grâce à la peinture portant le nom de la ville, exécutée par l'artiste Pablo Picasso, qui se spécialise dans l'art cubiste. À cette époque-ci, l'opinion publique a peur que toutes les futures guerres comportent de tels bombardements, étant donné que le général italien Giulio Douhet (mort en 1930) formule des théories à l'égard du rôle de l'avion militaire en ce qui concerne ce que l'on nommera le « bombardement stratégique ». Voilà l'idée de Douhet : qu'une nation peut détruire une autre en portant un coup pulvérisant les cibles industrielles par les bombardements aériens. L'effet sera si foudroyant que le moral de la population civile plongera, et que le gouvernement n'aura pas d'autre choix que de solliciter la paix. C'est bien un mauvais présage de ce qui se passera - et pas seulement pendant la guerre qui se déclenchera quelques mois seulement après la fin de la guerre civile en Espagne.
La Seconde Guerre mondiale
Pendant l'été 1939, à la veille du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, la Luftwaffe devient l'armée de l'air la plus puissante du monde.
Elle aligne environ 4 000 avions, dont 1 100 monomoteurs de chasse Messerschmitt Bf 109, 400 chasseurs-bombardiers bimoteurs Messerschmitt Bf 110 , 1 100 bombardiers moyens Dornier Do 17, Junkers Ju 88 et Heinkel He 111, et 290 bombardiers en piqué Junkers Ju 87 Stuka.
Résultat : elle joue un rôle significatif pendant les premières campagnes de la guerre et contribue pour beaucoup au succès final des forces armées allemandes pendant la période du 1er septembre 1939 jusqu'à la mi-juin 1940, prouvant aux armées ennemies l'efficacité des tactiques désignées sous le concept du Blitzkrieg (guerre éclair) formulé par la Wehrmacht pendant la période de l'entre-deux-guerres.
Avec d'autres pays, tels que l'Italie, le Japon, la Hongrie, la Bulgarie et la Roumanie, l'Allemagne nazie fait partie de l'Axe. En dix mois, elle est victorieuse de la Pologne, de la Norvège, du Danemark, du Luxembourg, de la Belgique et de la France, grâce à l'étroite collaboration de la Luftwaffe avec les divisions blindées, les Panzer, coordonnés par une radiotélégraphie novatrice, cryptée. C'est donc une armée de l'air limitée à un rôle tactique qui a fait gagner l'Allemagne, dans un premier temps.
La Luftwaffe perd 1 470 avions sur le front occidental en mai- juin 1940 dont 1290 durant l'invasion des Pays-Bas, Belgique et France, entre 250 et 300 sont perdus par accidents.
Mais le commandant en chef de la Luftwaffe, le Reichsmarschall Hermann Göring commence à surestimer la capacité de ses escadrilles à apporter une victoire rapide et complète à l'Allemagne nazie. Il se vante de pouvoir détruire en un mois l'aviation britannique avant le déclenchement de l'invasion prévue du Royaume-Uni, l'opération dont le nom de code est «Seelöwe» (« Otarie »). Mais la Manche sépare la France occupée du Royaume-Uni et la mer du Nord sépare la Norvège occupée (où se trouvait stationnée la Luftflotte (flotte aérienne) V sous le commandement du Generaloberst (colonel-général) Hugo Sperrle). Cela contribue dans une grande mesure au maintien de la liberté du Royaume-Uni ainsi que l'emploi systématique du Radar et la résistance courageuse des pilotes de la RAF « Fighter Command », qui comporte non seulement des pilotes britanniques, mais aussi des pilotes de beaucoup d'autres nationalités, y compris des Français.
Ultérieurement, l'incapacité de la Luftwaffe à conquérir la maîtrise du ciel pendant la Bataille d'Angleterre est vue comme la conséquence d'un changement de tactique. Au lieu d'attaquer les aérodromes militaires, la Luftwaffe commence à bombarder des cibles industrielles et des villes telles que Londres après un raid aérien sur Berlin le 25 août 1940 des bombardiers du RAF Bomber Command. C'est un moment clé de la conduite de la guerre. La puissance aérienne allemande commence petit à petit à diminuer à la suite de l'attaque de l'URSS en juin 1941 et de l'entrée en guerre des États-Unis en décembre 1941. L'Allemagne nazie éprouve des difficultés grandissantes d'approvisionnement en matériaux stratégiques, surtout l'aluminium, sans lesquels il devient de plus en plus difficile de construire des avions et d'autres armes pour les forces armées allemandes. Pire chose encore pour la Luftwaffe, le style de direction de Göring est vraiment défectueuse, bien que celui-ci réussisse toujours à rejeter la responsabilité de ses défaites sur ses subordonnés comme Udet (qui se suicide en novembre 1941).
Contrairement à l'armée de l'air des États-Unis (USAAF), à cette époque sous la direction du général Henry H. Arnold, surnommé « Hap », les Allemands ne développent aucune force de bombardement stratégique. Et pourtant, avant la guerre, la Lufthansa employait des quadrimoteurs à longue portée (les Focke-Wulf Fw 200) pour des vols transatlantiques vers les États-Unis. Si les Allemands en avaient construit beaucoup au lieu de consacrer tant de ressources à la construction de bimoteurs, il est vraisemblable que de tels quadrimoteurs auraient pu infliger beaucoup plus de dégâts aux cibles dans le Royaume-Uni. Heureusement pour les Alliés, ils ne le feront pas, mais la Luftwaffe utilisera quand même le Fw 200 pour des missions sur l'Atlantique du Nord afin d'y détruire les navires de commerce qui apportaient les vivres indispensables aux îles britanniques assiégées. En revanche, les avions de bombardement lourds de l'USAAF, escortés par des avions de chasse comme le P-51 «Mustang» équipés de réservoirs d'essence supplémentaires largués une fois engagé le combat aérien avec des chasseurs ennemis, ont une assez longue portée pour pouvoir voler à l'intérieur du territoire du Reich pendant les opérations conduites en pleine journée, pendant que leurs collègues de la RAF continuent à attaquer de nuit les cibles ennemies.
Néanmoins, la Luftwaffe restait forte et avec le renforcement de la Flak qui eut un effectif dépassant les 2/3 de l'ensemble de l'arme et la Nachtjagd (Chasse de nuit) continua à abattre de nombreux avions de bombardement alliés, y compris, ce qui est étonnant, cent-huit avions britanniques pendant une nuit unique (du 30 au 31 octobre 1944) quand la RAF attaque la ville de Nuremberg, célèbre en tant que lieu des rassemblements du parti nazi NSDAP pendant la période d'avant-guerre (et que scène du procès des criminels de guerre, y compris de Göring, après la victoire des Alliés).
On ressent la supériorité aérienne allemande surtout sur le front de l'Est, car la Luftwaffe jouissait d'un niveau de technologie supérieur à celui des Soviétiques, ainsi que de la présence de beaucoup d'«Experten», c'est-à-dire, des pilotes hautement expérimentés comme Erich Hartmann, qui terminera la guerre avec un palmarès incroyable - 352 avions ennemis abattus, dont 345 soviétiques, un total qui fut tout d'abord contesté avant d'être admis plus tard. En revanche, le palmarès le plus élevé d'un pilote hors de la Luftwaffe n'est que de soixante-deux avions ennemis (y compris un exemplaire d'un Messerschmitt Me 262); il est revendiqué par un pilote soviétique, le colonel Ivan Kojiédoub (qui finalement fut promu au grade de colonel-général pendant les années 1960). Néanmoins, l'immensité du territoire russe autorisait les Soviétiques à reconstruire les usines à grande distance du front pour y fabriquer des milliers d'avions et d'autres armes qui permettaient à leurs forces armées d'arrêter et de repousser l'armée allemande en lui infligeant deux grandes défaites à Koursk et à Stalingrad (Volgograd), tout en empêchant la prise de Léningrad (Saint-Petersbourg).
La Luftwaffe est active sur beaucoup de fronts, y compris en Afrique du Nord où elle donne un appui aérien à « l'Afrika-Korps », qui est sous la direction du général Erwin Rommel, et également durant les offensives contre la Yougoslavie et la Grèce avant le déclenchement de l'invasion de l'Union des républiques socialistes soviétiques le 22 juin 1941. Beaucoup d'unités de la Luftwaffe se trouvent aussi en Italie, même après l'armistice italien avec les Alliés en septembre 1943, et elles restent dans le pays jusqu'à la fin de la guerre en Europe en mai 1945. Il existe aussi en Roumanie quelques escadrilles de chasseurs de la Luftwaffe, ayant pour mission de protéger les gisements de Ploesti, qui fournissent à la machine de guerre nazie le carburant vital pour son offensive contre l'URSS.
Une des particularités uniques de la Luftwaffe (contrairement à d'autres armées de l'air), est l'existence d'une force spécifique de troupes parachutistes d'élite - les Fallschirmjäger. Ces parachutistes sont actifs pendant 1940-1941, surtout pendant la prise du fort d'Ében-Émael (Wallonie, Belgique) en mai 1940 et celle de la Crète en mai 1941. Mais la perte de plus de 3 000 parachutistes pendant cette dernière opération horrifie Adolf Hitler. Désormais, les Fallschirmjäger ne participeront jamais plus aux grandes opérations, mais plutôt à de petites opérations spécialisées, telles que le sauvetage réussi du dictateur fasciste italien Benito Mussolini, qui est déjà déchu, en 1943.
Quoique les Allemands aient fait des tentatives pour combattre les bombardiers lourds britanniques pendant la Première Guerre mondiale, la force de chasseurs de nuit allemande - la Nachtjagd - doit réinventer les tactiques à utiliser contre eux quand ils commencent à attaquer puissamment des cibles situées dans le territoire du Reich. Une chaîne de stations radar est établie sur toute la longueur du territoire, de la Norvège jusqu'à la frontière suisse, sous le nom de « Chaîne de Kammhuber », ainsi nommée d'après le Generalleutnant (lieutenant-général) Josef Kammhuber. Les escadrons avoisinants de chasseurs de nuit, les Nachtjagdgeschwader (NJG), reçoivent l'alerte pour décoller et intercepter les bombardiers ennemis. Ces escadrons sont équipés d'avions tels que le Messerschmitt BF 110 et le Junkers Ju 88, qui seront fournis plus tard avec le système de radar connu sous le nom de Liechtenstein, installé dans le nez.
On considère le Heinkel He 219 « Uhu » (hibou) comme le meilleur des chasseurs de nuit allemands. Heureusement pour les Alliés, les Allemands ne les construisent pas en grand nombre. Les vagues de bombardiers larguent pendant chaque mission des centaines de bandes d'aluminium appelées en français paillettes (et à l'époque en anglais par le nom de code de « Window » (fenêtre), aujourd'hui chaff, "ivraie") pour rendre inutile le système de radar défensif et presque aveugles les chasseurs de nuit anglais. Deux noms notables parmi les as des chasseurs de nuit : Helmut Lent, qui réussit à abattre 110 avions ennemis avant de perdre la vie dans un accident à l'atterrissage en octobre 1944, et Wolfgang Schnaufer, qui réussit à en abattre 102 et à survivre à la guerre, mais qui perdra la vie à la suite d'un accident de voiture en France en 1950.
Après avoir joué un rôle pionnier dans le développement des avions munis de turboréacteur avec des prototypes tels que le Heinkel He 178 et le Heinkel He 280, la Luftwaffe devient la première armée de l'air au monde à mettre en service - mais à la hâte - un avion à réaction opérationnel, le Messerschmitt Me 262 dit Schwalbe (hirondelle). L'avion rencontre de nombreux problèmes de fiabilité avec ses moteurs : bien que ceux-ci bénéficient du tout nouveau concept d'écoulement axial, il leur manque néanmoins les matériaux stratégiques de haute qualité requis pour leur fabrication, résultat des bombardements alliés et de l'évolution négative de la guerre pour l'Allemagne. En plus du Me 262, l'industrie aérienne allemande produit d'autres appareils assez avancés tels que l'Arado Ar 234, un avion à réaction (soit bimoteur soit quadrimoteur) dédié au bombardement et à la reconnaissance, le Heinkel He 162 dit « Volksjäger » (chasseur populaire), un chasseur à réaction monomoteur (le moteur est un BMW 003), le Messerschmitt Me 163 dit « Komet » (comète), un chasseur propulsé par une fusée (la Walther 509), parmi d'autres. D'autres types d'avion avancés, tels que l'aile volante, le Horten Ho 229 (à l'origine le Horten Ho IX), que les Allemands fabriqueront dans l'usine de la Gothaer Waggonfabrik (Gotha), se trouvent soit au stade des essais, soit même sur le point d'entrer en production à la fin de la guerre en Europe. L'industrie aéronautique allemande développe également le premier missile de croisière du monde, le Fieseler Fi-103, baptisé le V-1 ("V" étant utilisé ici pour Vergeltung, représailles), et le premier missile sol-sol (ou « missile balistique ») baptisé le V-2.
Ces machines sont modernes, mais elles ne peuvent pas empêcher la défaite aérienne complète autant qu'inévitable du IIIe Reich. La Luftwaffe manque de carburant, de pilotes entraînés et expérimentés, d'organisation et d'aérodromes sûrs (c'est-à-dire, cachés). La dernière grande offensive lancée par la Luftwaffe a lieu le 1er janvier 1945 : l'opération Bodenplatte, dont le but est de détruire au sol autant d'avions ennemis que possible. Mais de leur côté, les Allemands perdent plus de 300 appareils et sont désormais partout sur la défensive pendant que les Alliés occidentaux et les Soviétiques envahissent le territoire du Reich lui-même et s'approchent de Berlin pour mettre fin au régime nazi. Les Alliés bénéficient des efforts de la technologie allemande en saisissant beaucoup d'avions abandonnés sur place après avoir été presque ou complètement détruits par l'ennemi pendant sa retraite vers l'intérieur de l'Allemagne. Par exemple, l'opération Paperclip (trombone de bureau), en 1944-45, a pour but la saisie d'informations de toutes sortes dans le domaine des technologies militaires allemandes innovantes ainsi que la capture de spécialistes et d'ingénieurs pour les « évacuer » aux États-Unis, au Royaume-Uni, en URSS ou en France.
Parmi ceux qui vont en Russie, on note le professeur Hans Wocke, responsable du dessin du premier bombardier à réaction aux ailes à flèche négative du monde, le Junkers Ju 287, dont le premier prototype, le Ju 287 V1, faisait des vols d'essai pendant la guerre. Le dessin du Ju 287 s'incorpore dans le dessin du prototype du Junkers EF (Erprobungsflugzeug ou avion d'essai) 140. En tout cas, ni celui-ci ni aucun autre avion dessiné par les Allemands ne sera accepté au sein des forces armées soviétiques parce que les Allemands sont encore des prisonniers et que les autorités leur interdisent d'accéder aux installations modernes nécessaires pour dessiner et perfectionner les avions militaires. Les Russes permettent à la plupart des dessinateurs captifs de revenir en Allemagne, soit occidentale soit orientale, vers la fin de 1953.
Pendant le cours de l'histoire du IIIe Reich, la Luftwaffe n'a que deux commandants en chef, dont le premier est Göring. Mais Hitler le limoge à la fin de la guerre après avoir appris qu'il tentait de prendre contact sans autorisation avec les Alliés occidentaux dans le but de négocier un cessez-le-feu avant la chute de Berlin aux mains des Soviétiques. Hitler désigne donc le Generaloberst (colonel-général) Robert Ritter von Greim comme le second (et dernier) commandant en chef de la Luftwaffe. En même temps, il promeut celui-ci au grade de Generalfeldmarschall (général-maréchal). Ainsi, celui-ci devient le dernier officier allemand de la Seconde Guerre mondiale à recevoir une telle promotion au grade le plus haut.
Peu avant le déclenchement de la guerre, le Ministre de propagande nazi avait publié un magazine spécialisé dans les activités de la Luftwaffe. Il s'appelait «Der Adler» (« L'Aigle ») et paraissait non seulement en allemand mais aussi dans d'autres langues, y compris ultérieurement celles des pays qui seront incorporés dans le territoire du Reich pendant la guerre elle-même, y compris en français. Tant que les États-Unis restent neutres (de septembre 1939 à décembre 1941), le magazine est également publié en anglais. Beaucoup d'images en couleurs prises à cette époque-ci viennent de cette publication.
Organisation des unités opérationnelles
Les unités opérationnelles et d'entraînement de la Luftwaffe s'organisent approximativement de la même manière que l'«U.S. Army Air Corps» (qui devient les «U.S. Army Air Forces» plus tard). Les escadrons de chasseurs, les Jagdgeschwader (JG), se composent de trois ou quatre groupes (Gruppen), qui se composent eux-mêmes de trois escadrilles (Jagdstaffel), chacune composée de douze avions. Donc l'escadre de chasseurs N° 1 est la JG 1, le premier groupe de cette escadre est le I/JG 1 et la première escadrille est la 1./JG 1. (Il est intéressant de savoir que la JG 1 utilisait les Heinkel He 162 mentionnés ci-dessus vers la fin de la guerre en Europe. Pendant les deux derniers mois de la guerre, elle en perdit 22 ; dix pilotes trouvèrent la mort et six autres furent gravement blessés.)
De même, la Luftwaffe appelle les escadres de bombardiers les Kampfgeschwader (KG), celles de chasseurs de nuit les Nachtjagdgeschwader (NJG), celles de bombardiers en piqué les Stukageschwader (StG) et celles ayant de patrouille maritime et de sauvetage des équipages abattus en mer les Küstenfliegergruppen (Kü.Fl.Gr.). On appelle les groupes de bombardiers spécialistes les Kampfgruppen (KGr).
À la tête d'une Geschwader se trouve un Geschwaderkommodore, d'un Gruppe un Gruppenkommandeur et d'une Staffel un Staffelkapitän. Mais ces noms définissent des fonctions au sein de l'unité et non des grades d'officier dans la Luftwaffe. Généralement, c'est un Oberstleutnant (lieutenant-colonel) - ou, ce qui est exceptionnel, un Oberst (colonel) - qui est à la tête d'un Geschwader. Le Gruppe est en général commandé par un Major (commandant) ou un Oberstleutnant (lieutenant-colonel) mais il arrive aussi que ce soit un Hauptmann (capitaine). Et en théorie c'est un Hauptmann (capitaine) ou un Oberleutnant (lieutenant) et parfois même un Leutnant (sous-lieutenant) qui se trouve à la tête d'une Staffel. Un marquage spécifique sur le fuselage des avions identifie la fonction du pilote. Ainsi l'avion du Gruppenkommandeur comporte deux chevrons devant la Balkenkreuz alors que celui du Geschwaderkommodore comporte un chevron et deux barres horizontales qui entourent la Balkenkreuz.
L'après-guerre
En République fédérale d'Allemagne
Après la fin de la guerre, l'aviation allemande est sévèrement restreinte. Les Alliés interdisent totalement aux Allemands de posséder une aviation militaire, jusqu'à ce qu'ils permettent, suite à la guerre froide, à la nouvelle République fédérale de rejoindre l'OTAN en 1955, lorsqu'ils se rendent compte qu'ils ont désormais besoin de celle-ci à cause de la menace militaire grandissante de l'Union Soviétique et des autres pays du Pacte de Varsovie. Pendant les décennies suivantes, la Luftwaffe de l'Allemagne de l'Ouest utilise surtout des appareils d'origine américaine. Tous les avions militaires allemands portent maintenant la Croix de fer sur le fuselage, comme pendant la "Grande Guerre", et le drapeau national de la RFA sur la dérive.
Beaucoup d'anciens pilotes de chasse, qui luttaient contre les Alliés pendant la guerre, rejoignent la nouvelle armée de l'air d'après-guerre et vont aux États-Unis pour y bénéficier d'un stage de recyclage avant de revenir en Allemagne pour se familiariser avec les nouvelles machines fournies par les américains. Ces personnalités comprennent Erich Hartmann (352 avions ennemis abattus), Gerhard Barkhorn (301), Günther Rall (275) et Johannes Steinhoff (176). Steinhoff, dont le visage et le reste du corps portent de graves brûlures subies lors d'un accident au décollage aux commandes d'un Messerschmitt Me 262 vers la fin de la guerre en Europe, sera le commandant en chef de la Luftwaffe et Rall sera son successeur immédiat. Hartmann prendra sa retraite en 1970 - à l'âge de 48 ans. Josef Kammhuber, mentionné ci-dessus, rejoint la Luftwaffe d'après-guerre aussi et prendra sa retraite en tant qu'Inspekteur der Bundesluftwaffe en 1962.
La crise du Starfighter survient pendant les années 1960 à cause du taux d'accident élevé des F-104G Starfighter allemands et du nombre de pilotes tués lors de ces accidents. Le grand public surnomme alors le jet le «Witwenmacher» (« faiseur de veuves »). Outre les risques inhérents au vol à haute vitesse à basse altitude (mission pour laquelle le F-104 n'avait pas été conçu à l'origine) avec une météo pas toujours clémente, et des problèmes techniques sur le réacteur, il semble que la maintenance des avions et l'entraînement des pilotes étaient également en cause. Bizarrement, les allemands ont en fait perdu moins de F-104 en proportion que les canadiens, les belges ou les hollandais.
À partir des années 1960, l'industrie aéronautique allemande participe de nouveau largement à l'équipement de la Luftwaffe : construction sous licence des F-104G Starfighter, conception et construction avec des partenaires européens du C160 Transall, du Panavia Tornado, et du récent Eurofighter Typhoon.
En République démocratique allemande
La République démocratique allemande (RDA) communiste décide d'utiliser le même nom - la Luftstreitkräfte - pour son armée de l'air que pendant la Grande Guerre. Au sein de cette force aérienne volent les avions construits par l'URSS tels que le Soukhoï Su-7 (codé «Fitter» par l'OTAN) ainsi que ceux du constructeur russe Mikoyan-Gourevitch, y compris les chasseurs MiG-21, MiG-23 et MiG-29.
À l'inverse des avions de la Luftwaffe de la RFA, les avions de la RDA portent l'insigne du drapeau national (voir photo) et non pas la Croix de fer. En ce cas, les trois rayures du drapeau tricolore de la RDA (en vigueur de 1959 à 1990) s'orientent verticalement au lieu d'horizontalement et l'insigne lui-même prend la forme d'un diamant. On voit aussi sur l'insigne le symbole du communisme de la RDA : le marteau, le compas de charpentier (voir drapeau) et les épis de blé en forme de guirlande.
Après la réunification
Après la réunification de la RFA et de la RDA en octobre 1990, les avions de l'ancienne Luftstreitkräfte volent au sein de la Luftwaffe, cette force compte alors 746 avions de combat [1]. Voici une situation bizarre où les avions construits par l'ex-Union Soviétique font leur service avec une armée de l'air qui fait partie de l'OTAN. Mais cela ne durera pas longtemps, car le gouvernement de l'Allemagne réunie veut les retirer de l'inventaire avant d'en vendre beaucoup à d'autres pays, les nouveaux membres de l'OTAN en Europe centrale inclus. Les quelque 23 MiG-29 occidentalisés ont été finalement vendus en 2005/2006 pour un euro symbolique à la Pologne.
La Guerre du Kosovo en 1999 au côtés des alliés de l'OTAN vit les premières missions de combat de la Luftwaffe depuis la seconde guerre mondiale.
Les années 2000
Comme toutes les autres forces aériennes occidentales, elle voit son format se réduire sensiblement et en 2004, le ministre fédéral de la Défense Peter Struck annonce son objectif de voir l'aviation de combat composée de 265 avions en 2015 soit 85 Tornado remis à niveau et 180 Eurofighters, complétée par une flotte de drones à longue endurance. La Luftwaffe disposera du missile de croisière Taurus, du missile Meteor et d'armements air-sol variés [2].
Aéronefs actuels
Avions de chasse :
- Eurofighter Typhoon (depuis 2004)
- Panavia Tornado IDS/ECR
Avions de transport :
Hélicoptères :
- Hélicoptère de transport lourd CH-53 Sea Stallion
- Hélicoptère de transport moyen AS-532 U2 Cougar
- Hélicoptère de transprt léger Bell UH-1D
Notes et références
- ↑ (fr) De la guerre froide aux forces expéditionnaires : les défis à relever pour les forces armées allemandes, Revue militaire canadienne, automne 2006
- ↑ (en) Projet de loi de finances pour 2009 : Défense - Equipement des forces, Sénat Francais
Bibliographie
- Patrick de Gmeline, La Luftwaffe : en couleurs, Heimdal, 1994, (ISBN 978-2902171286)
- Chris Bishop, Les escadrons de la Luftwaffe (1939-1945), Éditions de Lodi, 2007, (ISBN 978-2846902885)
- L'impossible victoire : la luftwaffe dans la seconde guerre mondiale, Presses de la Cité, 1998, (ISBN 978-2258011229)
- John Killen, La Luftwaffe, Robert Laffont
- Christian Bernadac, La Luftwaffe, France Empire, 1998, (ISBN 978-2704808397)
- Peter W. Stahl, Commandos secrets - la vérité sur KG 200, Albin Michel, Coll. Les Combattants, (ISBN 978-2226018588)
- Jean-Bernard Frappé, Normandie 1944 : la Luftwaffe, Heimdal, 1994, (ISBN 978-2902171569)
- Jean-Bernard Frappé, La Luftwaffe face au débarquement allié, Heimdal, 1999, (ISBN 978-2840481263)
Voir aussi
- Flak
- Preußens Gloria, musique militaire de la Luftwaffe.
Articles connexes
- Défense du Reich, opération défensive
- Heinkel (constructeur aéronautique allemand)
- Junkers (constructeur aéronautique allemand)
- Messerschmitt (constructeur aéronautique allemand)
- Wehrmacht
- Liste des avions militaires
- Liste des constructeurs aéronautiques
Liens externes
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