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Airbus A400M
L'A400M en vol, en juillet 2010.Constructeur Airbus Rôle Avion de transport militaire Premier vol 11 décembre 2009 Mise en service Vers 2013-2015 Investissement 27,7 milliards d'euros pour 181 appareils Coût unitaire 135 millions[1] d'euros Équipage 3-4 Motorisation Moteur EuroProp International TP400-D6[2] Nombre 4 Type Turbopropulseur, hélice 8 pales Ratier Puissance unitaire 11 000 SHP au niveau de la mer[2] Dimensions Envergure 42,4[2] m Longueur 45,1[2] m Hauteur 14,7[2] m Surface alaire 221,5 m2 Masses À vide 66 500 kg Carburant 50 500[2] kg Avec armement 114 000 kg Maximale 141 000[2] kg Performances Vitesse maximale 780 km/h (Mach 0,72[2]) Plafond 12 500 m Rayon d’action À vide : 8 700 km
20 t de charge utile : 6 390 km
30 t de charge utile : 4 535[2] kmmodifier L'Airbus A400M est un avion de transport militaire polyvalent conçu par Airbus et qui devrait entrer en service entre 2012[3] et 2014[4]. Il est pour l'instant commandé à 174 exemplaires par huit pays différents : Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Turquie, Belgique, Luxembourg et Malaisie. L'Afrique du Sud a quant à elle annulé sa commande et le Chili n'a pas renouvelé sa lettre d'intention initiale. L'objectif est de compléter ou remplacer les flottes actuelles, vieillissantes, composées de C-130 Hercules américains ou de C-160 Transall franco-allemands.
Le programme a connu de nombreux retards. Le premier exemplaire de l'A400M a ainsi fait sa sortie d'usine le 26 juin 2008 à Séville[5]. Début novembre 2008, EADS reconnaît avoir ralenti la production de l'appareil dans l'attente du premier vol du turbopropulseur TP400[6] prévu pour équiper son appareil. Le 29 mars 2009, Thomas Enders, président d'Airbus, admettait qu'Airbus « n'est pas en mesure de construire l'avion »[7] et « qu'il vaudrait mieux annuler le programme plutôt que de s'enfoncer dans les difficultés. »[8] Cependant, les ministres de la Défense des pays partenaires du programme décidaient le 26 juillet 2009 de prolonger jusqu'à fin 2009 le moratoire avec Airbus[9].
Le 20 septembre, le président d'EADS Louis Gallois annonce le vol inaugural de l'A400M pour décembre 2009[10]. Le premier vol d'essai, initialement prévu pour fin 2008[11], a finalement eu lieu le 11 décembre 2009 à Séville[12], soit un retard de plus d'un an sur le programme actuel, lui-même en retard par rapport au programme initial.
Sommaire
Historique
Une collaboration transatlantique au début
Assez paradoxalement, l'A400M, avion de transport européen, trouve son origine dans une collaboration transatlantique. En effet, en 1983, Aerospatiale, MBB, Bae et Lockheed créent le projet FIMA (pour Future International Military Airlifter). En 1985, certains pays européens reprennent l'étude industrielle, ajoutant des fonctionnalités pour « coller » aux besoins militaires. Ils forment ainsi l'International European Project Group ou IEPG.
En 1989, Lockheed se retire du projet pour se concentrer sur la modernisation de son C-130 Hercules, qui aboutira à la naissance du C-130J Super Hercules. Suite à ce départ, le projet finit par être abandonné.
Du Future Large Aircraft à l'A400M
À partir de 1991, sept nations – l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l'Italie, l'Espagne, la Belgique et la Turquie – créent le European Outline Staff Target, qui deviendra en mars 1996 l'European Staff Requirement ou ESR, véritable cahier des charges du futur avion de transport, alors baptisé Future Large Aircraft ou FLA. La France, notamment, estime alors que l'existence d'un tel appareil est indispensable[13].
En janvier 1999, Airbus Military Company – devenu par la suite AMSL, pour Airbus Military Sociedad Limitada – répond à l'appel d'offres avec un projet baptisé A400M. Les concurrents en lice sont alors l'Antonov An-70, le C130J de Lockheed-Martin, le C17 de Boeing. En juillet 2000, les nations européennes désignent officiellement l'A400M comme gagnant.
Le contrat est signé en septembre 2001 puis ratifié le 27 mai 2003 après que les différentes nations partenaires eurent finalisé leur nombres de commandes respectifs. L'Italie s'est alors retirée du projet au profit d'appareils C-130J Super Hercules et du plus léger C-27J, auquel elle participe. Le Luxembourg, en revanche, se joint aux partenaires. Le 27 mai 2003, les sept pays membres de l'accord – Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Turquie, Belgique et Luxembourg – s'engagent à commander 180 exemplaires. Le programme est alors officiellement lancé.
Organisation industrielle, suivi de programme
Les futurs acquéreurs sont représentés par l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement – ou OCCAR, créée spécialement à cet effet – qui assure le suivi du programme en tant que client unique. Du point de vue industriel, c'est la société AMSL qui gère la totalité du programme. Cette société de droit espagnol a pour actionnaires Airbus, CASA, la société turque TAI et la société belge FLABEL.
Le motoriste retenu pour l'A400M est EuroProp International (EPI), un consortium créé pour la construction du TP400-D6. Il est composé du Français Snecma, du Britannique Rolls Royce, de l’Allemand MTU Aero Engines et de ITP pour l´Espagne.
Retards et surcoûts
Cinquante-six mois après la ratification du contrat, l’A400M devait faire son premier vol le 31 janvier 2008 et la France devait recevoir son premier A400M au bout de 77 mois, soit le 31 octobre 2009, mais des difficultés techniques et politiques ont retardé le programme. Selon Domingo Urena, les délais négociés en 2003 étaient irréalistes eu égard à la complexité du projet[14]. Le retard vient de plusieurs difficultés, rencontrées également sur d'autres projets européens (Galileo) en particulier des partenaires européens qui ont peiné à se mettre d’accord sur le partage industriel (application du principe du « juste retour[15] ») et qui ont ainsi retardé le lancement effectif du programme.
EADS a également subi la « pression » de sa propre organisation. Dès sa création, CASA, la composante espagnole d'EADS a exigé de piloter les activités aéronautiques militaires et ne de dépendre que de la maison-mère alors que la logique aurait voulu qu'elles soient rattachées à Airbus. « L'avion a été développé par les Espagnols d'Airbus Military qui n'avait pas la dimension industrielle pour intégrer un appareil aussi complexe, et l'ingénierie était à Toulouse », souligne un bon connaisseur du dossier. Louis Gallois, le président d'EADS, a mis le holà à cette organisation inefficace et Airbus Military a été repris en main et placé dans l'orbite d'Airbus[16].
Et ce retard entre malheureusement en conjonction avec la mise hors service des flottes de transport militaires composées de Transall franco-allemands et de C-130 américains à bout de souffle. Relativement au développement du projet, le retard est dans la norme[17]. Mais conduit à une situation inquiétante notamment pour la France[18].
Parallèlement, le 10 novembre 2008, les ministres de la Défense de l'Union européenne décident la création d'une Flotte européenne de transport aérien (FETA) (regroupant 12 pays sur 27 sous l'autorité de l'Agence européenne de défense) ainsi que d'une unité multinationale de 118 A400M (regroupant l'Allemagne, la Belgique, la France et le Luxembourg)[19]. Et au conseil informel de Palma-de-Majorque (24 et 25 février 2010), les ministres de la Défense de quatre pays décident une nouvelle étape pour « maximiser l’emploi des moyens aériens qui se raréfient. Les armées des différents pays [France, Allemagne, Belgique et Pays Bas] ne peuvent plus se permettre d’envoyer 3 avions sur la même destination à moitié plein »[20].
Le coût du programme A400M est estimé au début du programme à un total de 20 milliards d'euros[21] avant d'être réévalué à l'été 2009 à 25 milliards d'euros[9], puis à 27,7 milliards d'euros en mars 2010. (EADS prend à sa charge 1,8 milliard d'euros ce qui, ajoutés aux 2,5 milliards d'euros déjà provisionnés par l'industriel totalisent une perte comptable de 4,3 milliards d'euros. Au total (clients + industriel), le programme de 20 milliards d'euros au départ atteint désormais 27,7 milliards d'euros (+ 7,7 milliards, soit + 38%). Le cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers (PWC) avait évalué le montant nécessaire pour mener le programme au bout (sans renier aucune capacité technique) à 31,3 milliards d'euros.
Les comparaisons de coût unitaire des 180 avions commandés, avec le matériel américain de transport, font apparaître des chiffres très différents selon les années, presque du simple au double, suivant le taux de change euro/dollar, les surcoûts importants apparaissant finalement comme minoritaires dans cette augmentation globale. Voir le tableau suivant[22].
C-130J C-130J-30 A400M C-17 Euro / Dollar Coût d'achat en 2001
(signature du contrat)$ 100 M $ 102 M
(€ 111 M)$ 225 M 0,92 Coût d'achat en 2007 $ 82 M[23] $ 250 M Coût d'achat en 01/2010 $ 75,3 M[24] $ 195 M
(€ 130 M)$ 250 M 1,50 Coût d'achat en 03/2010 $ 175 M
(€ 130 M)[25]1,35 Coût de maintenance, etc. /an $ 7,350 M $ 30 M[23] Coût total sur 20 ans $ 230 M $ 364 - 422 M [26] $ 850 M[23] 1,4 Coût total sur 30 ans $ 302 M $ 587 M $ 1150 M 1,4 Ces données et estimations montrent que le prix d'achat de l'A400M, actuellement relativement proche de celui du C-17, n'empêche pas le coût de l'A400M être environ deux fois plus faible que le C-17 sur 20 ou 30 ans du fait d'un coût annuel d'utilisation élevé du C-17, et même avec un euro à 1,4 dollar.
Commandes
Date Pays Date prévue de début de livraison
à la signature du contratDate prévue de début de
livraison estimée (septembre 2010)Commandes 27 mai 2003
5 novembre 2010
26 janvier 2011Allemagne[27],[28] 2010 2014 60
-7
(-13)27 mai 2003 France 2009 2013 50 27 mai 2003 Espagne 2011 27 27 mai 2003
2010Royaume-Uni[29] 2010 2013 25
-327 mai 2003 Turquie 2009 10 27 mai 2003 Belgique 2018 7 27 mai 2003 Luxembourg 2017 1 8 décembre 2005 Malaisie [30] 2013 2016 4 9 décembre 2004
5 novembre 2009Afrique du Sud [31] - 8
-8Total: 174 Les premières commandes hors Europe ont été enregistrées en 2005 avec l'Afrique du Sud, la Malaisie et le Chili[32].
Le Chili n'a cependant pas confirmé sa commande, après les élections[33].
Le 5 novembre 2009, l'Afrique du Sud a cependant annulé sa commande de 8 avions en raison de la hausse des coûts et des retards pris dans les livraisons[34].
Le 26 janvier 2011, Le Bundestag allemand a décidé de ne conserver que 40 appareils. Les 13 autres exemplaires de la commande ferme passée par l’Allemagne devront être revendus à un tiers[35]. La commande globale reste donc pour le moment de 174 appareils.
Ligne de production
État de la production des Airbus A400M (à jour au 20/12/2010) N° de série Type Immatriculation
temporaireImmatriculation
militaireClient Premier vol Livraison MSN5000 A400M cellule d'essais statiques Airbus Getafe - - MSN001 A400M-180 F-WWMT Airbus 11 décembre 2009[36] - MSN002 A400M-180 EC-402 Airbus 8 avril 2010 MSN003 A400M-180 F-WWMS Airbus 9 juillet 2010[37] - MSN004 A400M-180 EC-404[38] Airbus 20 décembre 2010[39] - MSN005 A400M-180 Annulé[40] MSN006 A400M-180 F-WWMZ Airbus (22 décembre 2011) - Conception et positionnement par rapport à d'autres appareils
Du fait de sa configuration à quatre moteurs et de ses capacités tactiques, l'A400M est souvent comparé avec le Lockheed C-130 Hercules qui est un appareil de transport tactique. En réalité, il est nettement plus grand, se situant plus près du C-17 Globemaster, appareil de transport stratégique, sans cependant atteindre une charge utile aussi élevée (voir le Comparatif technique ci-dessous).
La particularité de l'A400M est de pouvoir se classer comme étant, à la fois stratégique (transporteur lourd, pour des distances longues) et tactique (capable de se poser sur des pistes en mauvais état ou terrains non préparés)[41].
Avec, en outre, une capacité d'avion ravitailleur et une compatibilité avec les normes de l'aviation civile internationale, (Certification civile) dorénavant indispensable pour l'usage des lignes aériennes civiles par les avions militaires[42].
Son concurrent potentiel serait l'ukrainien Antonov An-70 qui correspond au cahier des charges de l'A400M et dont un prototype vole déjà depuis 1997. Le développement de cet appareil a, cependant, été considérablement ralenti par le retrait du projet, pour raisons politiques, de la Russie, mais depuis les dernières élections d'un gouvernement Ukrainien pro-russe, les Russes se sont réengagés dans le programme et le développement a repris car la Russie a également besoin de cet avion. L'Antonov An-70 est plus un démonstrateur (montrant la faisabilité des approches utilisées) qu'un prototype conçu pour être produit dans la foulée (les pièces ayant été conçues pour être fabriquées de façon industrielle, à un coût acceptable).
Le coût estimé d'un An-70 (51 millions d'euros) est environ égal à celui d'un C-130 Hercules (48 millions d'euros en 2010), soit environ trois fois moins qu'un A400M, en mars 2010. (153 millions d'euros[43]) Cependant, la construction de l'A400M a été préférée à l'achat d'An-70, car considérée par les pays-clients comme nécessaire pour développer et maintenir en Europe les compétences inhérentes à ce type de projet et afin de promouvoir le concept de défense européenne[44]. D'autant qu'à la date de la décision (2001), le cours de l'euro mettait le coût de construction de l'A400M au même niveau que l'achat de matériels à l'extérieur de la zone euro (voir tableau dans le paragraphe « Retards et surcoûts »). Concernant la construction sous licence des appareils, rien n'est évoqué.
Bénéficiant des synergies de la gamme d'Airbus, il est construit en grande partie avec des matériaux composites qui présentent de nombreux avantages, notamment en matière masse plus faible, capacités mécaniques supérieures et furtivité radar. Comme pour les autres Airbus, les pièces de l'appareil seront fabriquées par plusieurs pays[45], et l'assemblage aura lieu à Séville[46]. De plus, le constructeur put profiter des techniques développées pour son A380, notamment celles du cockpit. Ainsi, les écrans et les manettes de gaz sont presque identiques[47].
L'A400M est équipé de pneumatiques à basse pression et leur grande surface au sol lui permet d'utiliser des terrains non préparés (pistes en terre, etc.).
Comparatif technique avec les autres avions de transport militaire
Article détaillé : Comparatif technique des avions de transport militaire.Sens de rotation des hélices
Un détail a beaucoup d'importance : le concept DBE (Down Between Engines), c'est-à-dire « pales descendantes entre les moteurs ». Sur chaque demi-aile, le sens de rotation des hélices des deux moteurs est inversé, le mouvement descendant des pales se produisant entre les moteurs environ au milieu de l'aile, de sorte que l'écoulement du souffle des pales est concentré.
Cette configuration a été principalement choisie afin de limiter la dissymétrie qui se produit en cas de panne moteur et plus particulièrement d'un moteur externe (ce qui est fréquent sur un avion militaire sur un théâtre d'opération). Mais elle a aussi de nombreuses implications : efforts moindres sur la voilure, d'où allègement possible de la structure. De plus, la taille de la dérive a pu être réduite puisque la correction en lacet peut être moindre en cas de panne moteur, ce qui réduit la traînée. Ces deux caractéristiques permettent une plus grande distance franchissable ou l'emport d'une charge utile plus lourde pour une même quantité de carburant[48].
Les An-70 et An-22 utilisent des hélices contrarotatives, grande spécialité des motoristes russo-ukrainiens (qui développent des moteurs jusqu'à 15 000 ch). Ce dispositif permet d'éliminer les effets gyroscopiques et en grande partie les effets aérodynamiques, de réduire le diamètre des hélices à poussée égale et augmente le rendement. Un inconvénient est le poids un peu plus élevé, la complexité mécanique accrue, le bruit des hélices plus élevé (bruit très caractéristique).
Charge utile
La soute de l'A400M fait 17,71 m de long, 4 m de large et 3,85 m de haut. D'une surface de 92 m2 et d'un volume cargo de 340 m3, elle permet d'accueillir 9 palettes militaires standard, 116 soldats avec leur équipement, ou encore 66 civières et une équipe médicale de 25 personnes. En configuration classique, l'A400M peut emporter 37 tonnes de fret (notamment en configuration classique de palettes)[49]. Avec 30 tonnes de charge utile, il peut effectuer 4 535 km de vol. Toutefois, si l'on réduit sa charge à 20 tonnes, son autonomie est améliorée jusqu'à 6 390 km[50]. L'avion pourra faire parachuter 16 tonnes (essai à Toulouse). Cet appareil est capable d'atterrir sur des pistes de moins de 700 mètres et de décoller sur celles de 1 150 mètres[51]. Pour ses missions, l'A400M peut encaisser jusqu'à 3,5 g et effectuer des virages à 120° d'inclinaison. Son taux de roulis est de 35° par seconde (au lieu de 15°/s pour l'A320). De plus, il dispose d'une palette complète de systèmes d'autodéfense.
Les configurations d’emport en soute
En mission militaire, l'A400M peut affréter :
- deux camions de 5 tonnes et deux canons de 105 mm ;
- ou trois véhicules blindés de transport de troupes du type VAB;
- un véhicule blindé de combat d’infanterie VBCI
- ou un véhicule de lancement Patriot avec ses missiles ;
- un hélicoptère de type NH90, ou deux hélicoptères d'attaque de type Tigre, tête bêche.
En mission humanitaire, l'A400M peut affréter :
- six Land Rover avec leurs remorques :
- ou un semi-remorque de plus de 25 tonnes ;
- ou une excavatrice avec un camion de chantier ;
- ou une grue mobile.
Difficultés rencontrées, négociations, accord trouvé
Problèmes techniques et révision des spécifications
Fin 2008, les neuf partenaires du programme étaient prêts à revoir à la baisse certaines spécifications de l'appareil et à renoncer aux pénalités financières contractuelles en cas de retard[52] à condition qu'Airbus fournisse au plus tard à la mi-janvier 2009 un état des lieux précis de la situation et des risques[53]. Finalement, à l'été 2009, le moratoire est prolongé[9]. Les problèmes de l'A400M concernent :
- les turbopropulseurs : indisponibilité du turbopropulseur TP400 due à des problèmes sur le régulateur numérique de moteur à pleine autorité (FADEC). Le Fadec, disponible, est fonctionnel. Mais comme il a été développé par la société MTU sans les traçabilités nécessaires à sa certification civile, celle-ci a dû reprendre complètement le travail et le logiciel certifiable a été livré en juin 2009. Des améliorations y seront ensuite intégrées mais elles ne sont pas nécessaires pour le premier vol de l’avion[54]. Les essais de validation sur le banc d'intégration à Toulouse ont donné de très bons résultats de même qu'une première revue de l'agence chargée de la certification, l'AESA. La certification devrait intervenir en octobre prochain. le moteur lui-même poursuit ses essais sur le banc d'essai volant (FTB, C-130K) et ces essais ont permis de valider l'enveloppe de vol du TP400 pour le premier vol de l'A400M, prévu, et réalisé, en décembre 2009[55].
- la masse : l'A400M souffre encore d'une surcharge de 12 tonnes par rapport au cahier des charges[56]. Cette surcharge est due là aussi au système de certification civile ; par exemple des sièges passagers plus lourds d’environ 10 kg, pour résister à un crash et une décélération très brutale de 12 g, ce qui multiplié par 116 représente 1,16 t ; de nombreux équipements (circuits hydrauliques) devant être triplés, et non seulement doublés, pour assurer une meilleure sécurité ; des portes renforcées et autres équipements de secours ; un revêtement renforcé sur l’avion, et une pressurisation pour les couloirs aériens civils (12 000 m)[57].
- la navigabilité : présentée initialement comme un avantage[58], la vitesse élevée de l'A400M (Mach 0,68-0,72) lui permettant de s'intégrer dans le transport aérien commercial entraîne une complexité élevée des logiciels embarqués ;
- le pilote automatique : Thales rencontre des problèmes dans la mise au point d'un calculateur de vol répondant au cahier des charges ;
- le suivi de terrain : EADS rencontre des problèmes dans la mise au point du logiciel Terrain Referenced Navigation System (TRN) répondant au cahier des charges. Ce retard provient essentiellement de l’adaptation du logiciel à la certification[54].
D'après Peter Scoffham, vice-président marketing du projet, pour résoudre ce problème de la certification civile, un maximum d’éléments seront certifiés selon les normes civiles européennes et ce qui ne pourra pas être certifié de cette manière le sera au niveau militaire ou qualifié par les clients comme n’importe quel appareil militaire. Il n'en demeure pas moins que l'intégration des normes civiles induit un surpoids de l'appareil de 12 tonnes[57].
Cependant, en 2011, la situation s'est améliorée. En février, les essais dans le grand froid à Kiruna en Suède se sont terminés. En effet, le 13 février 2011 un A400M a réussi à décoller sans casse, après avoir passé une nuit complète dans un environnement glacial (-38 °C) et humide[59]. Des essais pour être ravitaillé en vol, par un Vickers VC-10 britannique, sont aussi en cours[60].
Négociations, accord finalisé
Suite à l'augmentation des coûts de développement du programme A400M, estimés initialement à 20 milliards d'euros, des négociations ont eu lieu entre EADS et les différents États pour financer un surcoût estimé à 11 milliards d'euros[61]. Un accord définitif devait être conclu en juin 2010, après débat au parlement allemand ; il était souhaité par Eads pour avant la fin de l'année 2010.
Après un accord sur de nouvelles spécifications (une version « de base » dans un premier temps, militaire dans un deuxième temps, avec les systèmes électroniques sophistiqués quand ils seront disponibles[62]), et de nouvelles dates de livraison, un quasi-accord est obtenu sur la répartition des surcoûts, évalués à 5,2 milliards d’euros dont 1,8 milliards d'euros déjà provisionnés par EADS dans ses comptes[51] :
- 2 milliards à titre d’augmentation de prix, hors éventuelle dérive ultérieure pour tenir compte de l’augmentation des matières premières), et hors éventuelle réduction du nombre d’avions
- 1,5 milliard à titre d’avances remboursables, même si Eads souhaite, pour ne pas augmenter sa dette dans ses comptes, que ces montants apparaissent plutôt comme une vente de technologies ; qui pourraient alors se traduire ultérieurement par des royalties sur les vente à l’export[63].
Le calcul, à partir des chiffres donnés le 8 mars 2010 par Hervé Morin, fait apparaître un coût unitaire de l’A400M pour la France de 130 millions, avec un mécanisme financier ayant fait l'objet de négociations qualifiées d'extrêmement difficiles. Et des avances remboursables sur le produit de ventes des avions à l’export alors que cet appareil sera confronté à un marché très concurrentiel[64].
Finalement, après des négociations particulièrement difficiles, les sept pays membres de l'Otan ont signé à Séville, le 7 avril 2011, le plan de financement. En effet, non seulement « l'A400M reste encore la meilleure solution pour les armées européennes », selon Thomas Enders, président d'Airbus, mais aussi 40 000 emplois dont 11000 sur le sol français dépendent de cet appareil[51].
Retards de livraison, conséquences sur les armées, transition envisagée
Le constructeur annonce une première livraison en 2013 au lieu de 2008. La France disposera de : 7 avions en 2014, 25 fin 2020 et recevra le dernier, le cinquantième, en 2024. La Luftwaffe allemande recevra son premier avion en 2014.
Et il faudra encore attendre quelques mois supplémentaires pour qu'ils soient opérationnels dans chaque pays, en raison des validations et des formations du personnel technique et volant.
Aussi l'Armée de l'air française a-t-elle un temps étudié l'éventuel achat ou la location d'avions de transport américains, soit de 10 à 12 C-130J[65] ou la location de trois Boeing (ex McDonnell Douglas) C-17 Globemaster III, voire éventuellement celle de trois An-22 rénovés et modernisés, dont Antonov (Ukraine) dispose encore en stock.
La solution finalement retenue est :
- l'achat de 8 CN-235 au constructeur EADS pour un investissement total de 225 millions d’euros[66], en complément des 19 CN-235 déjà en service
- ainsi que la rénovation de 10 C-160 Transall pour un montant de 50 millions d'euros, à Orléans en coopération avec EADS.[réf. souhaitée] La flotte française de Transall (48 exemplaires restants en 2010) sera maintenue en service jusqu'en 2018. Une partie de ces avions (5 à 15 exemplaires ?) aura donc volé près de 53 ans (1965-2018) sur tous les continents et dans toutes les conditions, ce qui confirme les qualités de conception de cette coopération franco-allemande des années 1960.
Dans le même temps, au niveau européen le contrat SALIS de location d'Antonov est reconduit après son échéance de 2010.
Et il faudra, à partir de 2018, porter les premiers A400M livrés à la France, au standard SOC2 ou SOC3, pour un coût non communiqué par l'industriel.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (fr) Rapport d'information du Sénat français (10 février 2009)
- (fr) Rapport d'information sur l'aéromobilité, Commission de la Défense Nationale et des Forces Armées, Assemblée Nationale, 30 janvier 2008, Un A400M très attendu : Le programme, Les capacités techniques de l’A400M
- (fr) Les surcoûts de l’A400M en 20 questions. (1) Les délais et retards.
- (fr) Les surcoûts de l’A400M en 20 questions. (2) Les surcoûts
- (fr) Les surcoûts de l’A400M en 20 questions. (6) Tous les problèmes enfin réglés ?
- (fr) Fiche 'Airbus Military A400M' du Portail de l'aviation militaire et de la défense
- (en) Site officiel d'Airbus Military
Notes et références
- A400M : "un grand risque pour le contribuable"... allemand, info-aviation, 12 novembre 2010
- A400M Spécifications - Airbus military
- (fr) Jean-Dominique Merchet, « A400M : les clés d'un fiasco » sur blogs.liberation.fr, Libération, 13 janvier 2009. Consulté le 13 janvier 2009
- (fr)Véronique Guillermard et Yann Le Galès, « L'Airbus A 400M accumule les déconvenues », dans Le Figaro, 10 février 2009 [texte intégral (page consultée le 10 février 2009)]
- Sortie d’usine du premier avion de transport militaire A400M
- (fr)Alain Ruello, « EADS suspend la production de l'A400M », dans Les Échos, 4 novembre 2008 [texte intégral (page consultée le 4 novembre 2008)]
- (de)« Airbus-Chef warnt vor "Schrecken ohne Ende" », dans Der Spiegel, 29 mars 2009 [texte intégral (page consultée le 29 mars 2009)]
- (fr)Erreur dans la syntaxe du modèle ArticleReuters, « Le président d'Airbus n'exclut pas un échec du programme A400M », dans , 29 mars 2009 [texte intégral (page consultée le 29 mars 2009)]
- (fr) Jean-Dominique Merchet, « A-400M ou C-130J : une sacrée différence de prix » sur blogs.liberation.fr, Libération, 27 juillet 2009. Consulté le 27 juillet 2009
- (fr) Associated Press, « L'A400M devrait effectuer son vol inaugural en décembre, selon Louis Gallois », 28 septembre 2009
- Baisse d'EADS après des informations sur un retard de l'A400M.
- Le premier vol de l'Airbus A400M a eu lieu vendredi matin en Espagne
- http://www.senat.fr/rap/l97-088-7/l97-088-79.html
- (fr)François Julian, « L'A400M vise un premier vol fin 2009 », dans Air et Cosmos, 8 mai 2009 (ISSN 1240-3113)
- L’Airbus militaire A400M sur le « chemin critique » de l’Europe de la défense, note de synthèse du rapport du Sénat, Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées et Commission des finances
- lefigaro.fr
- (fr)Vincent Lamigeon, « L'A400M n'est pas si en retard » sur challenges.fr, Challenges, 17 avril 2009. Consulté le 11 mai 2009
- http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i0666.asp#P572_72976
- (fr) Jean-Dominique Merchet, « Europe : une flotte de transport aérien… sans les Anglais » sur secretdefense.blogs.liberation.fr, Libération, 10 novembre 2008. Consulté le 5 décembre 2008
- (fr) Laurent Simon, « Les surcoûts de l’A400M en 16 questions. (4) Tous les problèmes enfin réglés ? » sur europeagenda2010.free.fr, Europe Agenda 2010, 7 mars 2010. Consulté le 8 mars 2010
- (fr) Vincent Lamigeon, « La vérité sur... les déboires de l'A 400m d'EADS » sur challenges.fr, Challenges, 22 janvier 2009. Consulté le 24 janvier 2009
- Les surcoûts de l’A400M en 16 questions. (3) L’A400M coûte-t-il trop cher ?
- Les surcoûts de l’A400M en 16 questions. (3) L’A400M coûte-t-il trop cher ? Cf le deuxième tableau de l'article
- Les surcoûts de l’A400M en 16 questions. (3) L’A400M coûte-t-il trop cher ? Cf le premier tableau de l'article
- McDonnell Douglas C-17 Globemaster III) Le montant de 130 millions, coût pour les pays-clients, résulte de la division de 20+3,5 milliards par 180 ; nous ne prenons pas ici le coût de développement, de 153 millions, sinon dans cette comparaison il faudrait tenir compte d'un montant de 329 millions de dollars pour le C-17 (cf
- Les surcoûts de l’A400M en 16 questions. (3) L’A400M coûte-t-il trop cher ?, s'appuyant sur deux sources différentes Cf les calculs et estimations de l'article
- L'Allemagne réduit sa commande ferme d'A400M de 60 à 53 avions
- Le Bundestag décide que la Luftwaffe ne recevra que 40 appareils sur Secret Défense
- A400M: les États et EADS font un pas de plus vers le décollage du programme », AFP, 6 novembre 2010 Dominique Beaujouin, «
- http://www.investir.fr/infos-conseils-boursiers/infos-conseils-valeurs/infos/la-malaisie-va-acheter-4-a400m-142495.php
- http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2010-01-05/aviation-l-a400m-trente-ans-de-turbulences/1648/0/404073
- EADS, Rapport annuel 2005
- EADS s’interroge sur l’A400M
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- Moins d'A400 pour l'Allemagne
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- DGAC, Certification civile
- http://www.lepoint.fr/actualites-economie/2010-03-15/l-export-seule-chance-de-rentabiliser-l-a400m-a-terme/916/0/433823
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- Système de gestion de la soute
- A400M : le géant gris d'Airbus sous le feu des projecteurs, Air & Cosmos, le 17 juin, p.81.
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- (fr)« A400M : les Européens d'accord pour revoir à la baisse leurs exigences », dans Les Échos, 2 décembre 2008 [texte intégral (page consultée le 5 décembre 2008)]
- (fr)Alain Ruello, « Les pistes d'aménagement de l'A400M », dans Les Échos, 5 décembre 2008 [texte intégral (page consultée le 5 décembre 2008)]
- (fr)François Julian, « L'A400M vise un premier vol fin 2009 », dans Air et Cosmos, 8 mai 2009
- (fr)François Julian, « L'A400M toujours en lice pour voler en 2009 », dans Air et Cosmos, 28 août 2009
- (de)Gerhard Hegmann, « A400M-Technik überfordert Airbus », dans Financial Times, 12 janvier 2009 [texte intégral (page consultée le 13 janvier 2009)]
- A400M : face au besoin urgent des pays, la certification civile totale est-elle si nécessaire ?
- Jean Dupont, « L'A400M entre transport tactique et stratégique », dans Air et Cosmos, no 1926, 5 mars 2004, p. 18-21 (ISSN 1240-3113)
- A400M : le géant gris d'Airbus sous le feu des projecteurs, Air & Cosmos, 17 juin 2011, p.84
- http://www.ladepeche.fr/article/2011/02/15/1014469-L-A400M-va-tester-ravitaillement-en-vol.html
- A400M : les réunions se multiplient
- A400M : face au besoin urgent des pays, la certification civile totale est-elle si nécessaire ? Certaines fonctionnalités de l’A400M, a détaillé Hervé Morin, seront mises en œuvre progressivement, au fil de quatre « standards » qui conduiront les premiers pays livrés « France et Royaume-Uni » à une mise à niveau de leurs appareils en cours de programme. À la version initiale de l’avion, dévolue au simple transport (SOC), s’ajouteront d’année en année des capacités de largage (SOC1), de ravitaillement en vol (SOC2)et de navigation évoluée (SOC3).
- A400M : face au besoin urgent des pays, la certification civile totale est-elle si nécessaire ? 4 mars 2010
- Les surcoûts de l’A400M en 21 questions. (3) L’A400M coûte-t-il trop cher ? Europe Agenda 2010, 8 mars 2010.
- « L'armée de l'air étudie l'achat de C-130J », dans Air et Cosmos, no 2166, 3 avril 2009 (ISSN 1240-3113)
- A400M : face au besoin urgent des pays, la certification civile totale est-elle si nécessaire ?, Europe Agenda 2010, 2 avril 2010
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