Philosophie chrétienne

Philosophie chrétienne

La philosophie chrétienne est née de la rencontre intellectuelle et spirituelle, dès lépoque romaine, de la tradition philosophique antique avec le monothéisme chrétien. En termes de philosophie, le grand débat sur la possibilité d'une philosophie chrétienne a eu lieu en France au cours des années 1930.

Lentrée du Dieu chrétien dans la philosophie a eu plusieurs conséquences capitales, telles que :

  • la doctrine de la création ex nihilo qui se substitue à la croyance en léternité du monde ;
  • laffirmation de la liberté humaine et la conviction que le mal est le mauvais usage de cette liberté.
  • laffirmation que lâme humaine est créée par Dieu au moment de la conception et quelle est conservée éternellement par lui après la mort physique.

Ces trois points centraux ont modifié en profondeur la théologie rationnelle, la cosmologie et lanthropologie philosophiques. Ils ont introduit dans la philosophie la notion de toute puissance divine, une onto-théologie qui repose sur léquivocité de lêtre (dépendance radicale de lêtre créé à légard de lIncréé, séparation de lordre naturel et de lordre surnaturel), ainsi que la croyance en lunicité de la personne humaine et de sa responsabilité morale en raison de sa destinée surnaturelle.

Bien que toutes ces vérités premières se soient fixées progressivement, la tradition chrétienne considère quelles étaient théoriquement accessibles à la raison humaine (d leur légitimité philosophique), mais que concrètement et peut-être à cause de la corruption de la raison par le péché originel, il aura fallu attendre lapport de la Révélation pour que ceci se produise effectivement.

Sommaire

Pères de l'Église

Au début de son histoire, le christianisme se trouva en face de deux exigences complémentaires :

  • Approfondir la foi, en saisir la vérité et le sens profond, trouver une formulation claire et précise organisée en corps de doctrine. De est née le théologie.
  • Défendre la nouvelle foi contre les attaques de ses adversaires, voir contre tout le monde païen incrédule. Ce fut lœuvre de lapologétique. La tournure desprit de lapologétique risquait dentraîner la nouvelle religion à dénoncer et à diaboliser la civilisation païenne dans son ensemble et de maintenir à lécart les fidèles, de les isoler du paganisme. Cette tournure desprit sectaire fut à lorigine du premier monachisme et domina lÉglise primitive. On en trouve le brillant témoignage chez Tertullien.

Le IIe siècle

Tertullien condamne tous les philosophes, oppose Athènes et Jérusalem, LAcadémie et lÉglise. Les philosophes sont les patriarches des hérétiques. Le refus de la philosophie entraîne chez lui des conséquences paradoxales. La mort du Fils de Dieu est très croyable, puisquinsensée, la résurrection est certaine, puisquimpossible, etc. Ces paradoxes séclairent dès quon considère la démarche de Tertullien. Il sagit dopposer la Sagesse divine aux sagesses humaines et on ne peut le faire quen les niant.

Pourtant, à la même époque, une tendance inverse voyait le jour. Justin soutenait lidée que la venue des Sages, avant le Christ, participait déjà du Verbe de Dieu. Par conséquent, tous ceux qui avaient vécu selon le Logos parmi les barbares, étaient des chrétiens avant la lettre. Pour Justin, la Révélation des Écritures était le prolongement de la révélation naturelle. Cest cette attitude conciliatrice qui finit par simposer finalement et aboutir à une synthèse, celle de la pensée grecque et de lesprit chrétien. Cette synthèse, quon peut nommer philosophie chrétienne, a pour caractère essentiel daboutir à une forme dhumanisme religieux et à donner à lhumanisme occidental des valeurs et un horizon spirituel chrétiens.

Le IIIe siècle

Au IIIe siècle, lécole dAlexandrie joua un grand rôle dans lélaboration de cette synthèse.

Selon Clément d'Alexandrie, « la foi est greffée sur larbre de la philosophie, et quand le vaccin est parfait, alors le bourgeon de la foi se substitue à celui de larbre, il grandit dans larbre et fait que celui-ci porte des fruits ». Pour réaliser ce projet, Clément décide de se servir de notions philosophiques pour interpréter les mythes bibliques. La philosophie grecque est au service dune rationalisation de la démarche herméneutique. Elle permet le passage de la foi à la connaissance (d le nom de gnose orthodoxe donné à cette école).

Cest cette démarche quOrigène approfondit pour interpréter le texte sacré dans son triple sens charnel, psychique, spirituel. Cette méthode est en rapport direct avec la doctrine de la tripartition de lhomme en corps/âme/esprit ainsi quavec lélan ascensionnel de lâme qui caractérise la pensée chrétienne. Par un chemin qui lui est propre, Origène fait pénétrer au cœur du christianisme la méthode allégorique déjà utilisée par les juifs hellénisés (voir Philon d'Alexandrie) et avant eux les stoïciens.

Origène, en usant dune grande liberté dinterprétation à lintérieur de la Révélation et en nhésitant pas à se servir de la philosophie pour convertir la foi en connaissance, est lartisan majeur de lintroduction de la démarche philosophique au sein du christianisme : utiliser les ressources de la raison pour formuler ce qui nest pas encore des dogmes tout en éliminant au maximum le subjectivisme et lanthropomorphisme des philosophes païens.

À la méthode allégorique, qui vise lesprit, Lucien d'Antioche préfèrera la méthode grammatico-historique, plus scientifique et objective, mais qui vise surtout la lettre. Cest du rationalisme de lécole dAntioche, qui sinterdit de saisir le sens mystique des Ecritures que naîtront les grandes hérésies dArius, Nestorius, Eunomius, qui en sont les adeptes.

Le IVe siècle

Au IVe siècle, les cappadociens poursuivent lœuvre dOrigène en approfondissant la théologie apophatique et en intégrant de nombreux éléments de la physique stoïcienne (voir Grégoire de Nysse). À cette époque les dogmes ne sont pas encore fixés, la confrontation entre la foi et la raison nest pas encore considérée comme un rapport entre théologie et philosophie. Ce qui prédomine, cest lidée dune philosophie née de la révélation. Selon les cappadociens, il y a une philosophie païenne désignée parfois comme « philosophie du dehors » et une philosophie chrétienne désignée par les expressions suivantes : philosophie spirituelle, vie philosophique, vraie philosophie. Le monastère lui-même est nommé « chœur philosophique ». Grégoire de Nysse dit de David quil « enseigne la voie de la vraie philosophie ».

Le Ve siècle

Après les cappadociens, les écrits du pseudo-Denys forment une étape décisive dans la synthèse définitive du néo-platonisme et du christianisme : approfondissement et prééminence de la théologie apophatique situant Dieu au-delà de lêtre et de lessence, complémentarité des théologies positive et négative, utilisation du schéma de lémanation plotinienne au service dune angélologie triadique et systématique (influence de Proclus).

Dans le monde latin, cest la pensée de saint Augustin qui forme une étape décisive dans la constitution dune véritable philosophie chrétienne. On a souvent dit que laugustinisme est une synthèse du platonisme et du christianisme. On peut ajouter que, jusquau XIIe siècle, cette synthèse domine la philosophie chrétienne. Mais, à partir du XIIIe siècle, malgré la persistance dun fort courant augustinien, cest la synthèse de laristotélisme et des Pères de lÉglise opérée par Thomas d'Aquin qui va désormais guider la destinée philosophique du christianisme.

Le Moyen Âge

Le Moyen Âge étant une période très longue, on doit distinguer deux grandes périodes :

Le Haut Moyen Âge

Pendant cette période sélaborent les Arts libéraux, et le comput ecclésiastique (Bède le Vénérable). Ces connaissances permettent de créer les écoles à lépoque carolingienne. La philosophie sappuie essentiellement sur les méthodes de la dialectique et de la rhétorique (questions-réponses).

Dans cette période, une partie de l'œuvre de Platon est connu en occident et de nombreuses thèses néo-platoniciennes circulent dans les milieux intellectuels chrétiens. L'œuvre d'Aristote n'est pas encore parvenue en Occident.

Le Bas Moyen Âge

Article détaillé : Philosophie scolastique.

Aux XIe et XIIe siècles, le principal débat philosophique au sein du christianisme concerne la lutte âpre entre dialecticiens et anti-dialecticiens.

Les dialecticiens sont les partisans de la philosophie. Il pensent qu'il est possible d'éclaircir et même de rationaliser les mystères du christianisme. Le plus grand d'entre eux, Abélard, utilise des arguments logiques et dialectiques pour donner une explication rationnelle du mystère de la Trinité. C'est peut-être la première expression radicale du rationalisme chrétien et médiéval.

À l'opposé, les anti-dialecticiens (Lanfranc, Bernard de Clairvaux) se méfient de la raison qui risque de dissoudre les mystères chrétiens dans la philosophie. La lutte qui en résulte n'est pas uniquement intellectuelle : Abélard y perdra ses testicules.

Au sein de ce vaste débat, Anselme de Canterbury occupe une position particulière, à mi-chemin entre les deux. C'est lui qui met au point la fameuse preuve ontologique, qui est dans le monde chrétien, la plus ancienne preuve de l'existence de Dieu entièrement rationnelle. Il est considéré comme un des premiers scolastiques en tant qu'il a tenté de "rationaliser" la foi. Il met notamment en place la distinction entre les raisons nécessaires et les raisons suffisantes de la foi.

Pendant cette seconde période, la pensée philosophique dAristote et les sciences et la philosophie arabo-musulmanes furent introduites en occident, dabord par Sylvestre II, puis aux XIIe et XIIIe siècles dans une grande période de traduction des ouvrages en grec et en arabe, qui couvrit les années 1120-1190. À partir de cette époque, l'arrivée massive de traductions arables d'œuvres grecques à nouveau traduites en latin enclenche le vaste courant qui aboutira à la synthèse d'Aristote et du christianisme en la personne de Thomas d'Aquin. Cette synthèse correspond à lapogée de la scolastique, phase appelée parfois grande scolastique ou âge d'or de la scolastique. La philosophie d'Aristote fut introduite dans les universités doccident, et notamment à luniversité de Paris, par Albert le Grand, le maître de Thomas d'Aquin. Jusqu'à cette époque, la philosophie chrétienne, essentiellement platonisante avait été préservée d'Aristote par simple ignorance. On ne connaissait guère de son œuvre que les Analytiques commentées par Boèce. L'arrivée des œuvres complètes du stagirite dans le monde chrétien fut un bouleversement dont il est aujourd'hui difficile de mesurer l'ampleur. Contrairement au platonisme dont l'idéalisme et le spiritualisme semblait à beaucoup d'auteurs chrétiens (Augustin y compris) une véritable anticipation du christianisme, la pensée d'Aristote présentait une forme de paganisme irréductible dont les points essentiels semblaient incompatibles avec la doctrine chrétienne : éternité de la matière (en opposition avec le dogme de la création), Dieu d'Aristote indifférent et sans influence sur le monde (en opposition avec la doctrine de la providence divine), disparition des idées platonicienne, archétypes du monde sensible au profit d'une doctrine de la matière et de la forme purement immanentes aux espèces sensibles, immortalité universelle de l'esprit, mais disparition des âmes individuelles, tout cela ne pouvait que choquer en profondeur l'esprit chrétien.

Le choc ne fut pourtant pas aussi brutal. Pour que la doctrine d'Aristote apparaisse dans toute sa force, il fallait d'abord la dépouiller des commentaires arabes qui l'encombraient. En fait, le péripatétisme arabe consistait dans l'incorporation des catégories d'Aristote à l'intérieur d'un système du monde repensé dans le cadre du néo-platonisme. Ainsi, le courant de l' avicennisme latin fut rapidement intégré à l' augustinisme platonisant. C'est seulement quand, à partir d'Albert le grand et Thomas d'Aquin, l'influence d'Averroès s'amorce durablement que le débat se recentre sur un Aristote épuré du platonisme. Le débat se structure dès lors en deux camps. D'une part, les partisans d'un Aristote repensé par Averroès élaborent une doctrine de la double vérité qui ne se trouve pas chez Averroès mais qui n'en oppose pas moins foi et raison. Ces auteurs sont importants, car ils sont à l'origine de l'idée de séparation des pouvoirs temporel et spirituel et de l'émergence d'une société laïque délivrée de la tutelle religieuse. D'autre part, les partisans d'un Aristote purifié des thèses d'Averroès et de l'averroïsme (Thomas d'Aquin et les dominicains) défendent l'accord de la raison et de la Révélation. Si la philosophie et la théologie se basent sur des autorités différentes (la raison et la Révélation), l'accord de la vérité avec la vérité étant nécessaire, l'usage correct de la raison s'accorde avec la Révélation qui a Dieu pour origine. Cette distinction nette et non-conflictuelle permet de distinguer une théologie révélée la raison montre seulement que les dogmes ne sont pas impossibles rationnellement et une théologie naturelle la raison accède par ses propres moyens aux vérités de la foi (arguments en faveur de l'existence de Dieu).

Si, en apparence cette distinction semble limiter les pouvoirs qu'Anselme de Canterbury et Abélard accordaient à la raison (Thomas d'Aquin refuse l'explication rationnelle des mystères tout comme la preuve ontologique), en réalité, elle accorde une légitimité définitive à l'exercice de la philosophie dans le monde chrétien. Mais cette légitimité à un prix : la philosophie perd son autonomie complète et reçoit le statut de discipline servante de la philosophie.

Si le bilan philosophique du thomisme est la constitution définitive de la métaphysique comme onto-théologie (aristotélico-thomisme) et la rationalisation du message chrétien, cette synthèse par son rationalisme fut d'abord interprétée comme le triomphe du paganisme sur l' Évangile. Le but de Thomas était pourtant de lier la vraie philosophie d'Aristote et la philosophie chrétienne des Pères de l'Église. Elle entraina la réaction vigoureuse des principaux représentants de l'école franciscaine: Duns Scot et Guillaume d'Ockham. Malgré des résistances qui aboutirent à l'interdiction provisoire de 1277, le thomisme gagna de nombreux disciples et finit par s'imposer comme la philosophie officielle de l' Église catholique romaine (1879).

La Renaissance

Une mutation profonde sopère à partir de la Renaissance.

Dune part, lhumanisme critique la méthode scolastique qui est larmature intellectuelle de la philosophie chrétienne médiévale et remet lhomme au centre du monde. Du théocentrisme médiéval on passe progressivement à lanthropocentrisme des temps modernes. La critique humaniste du dogmatisme médiéval, le refus des arguments dautorité (Aristote, Augustin), lattitude critique vis-à-vis de la tradition et le libre examen de la religion, tout cela ébranle les vieilles certitudes. Le latin qui était la langue du christianisme est remplacé par lusage écrit des langues vernaculaires.

Du côté de la Réforme protestante, quelque chose de profond saccomplit aussi qui contribue à la séparation de la philosophie et de la théologie. Le retour aux Écritures, la défiance à légard de la philosophie conduit Calvin à élaborer un type de théologie autonome, sappuyant uniquement sur les Écritures au détriment des auteurs païens et des pères de lÉglise dont lautorité est diminuée.

Pour lutter contre le protestantisme, la Contre-Réforme catholique remet à lhonneur le thomisme comme philosophie catholique par excellence et la Somme Théologique remplace désormais les Sentences de Pierre Lombard dans le cycle des études universitaires. Des auteurs comme Vittoria et Francisco Suarez (voir école de Salamanque) font briller la philosophie chrétienne en adaptant le thomisme aux questions dactualité (la colonisation de lAmérique est-elle juste ? les amérindiens ont-ils une âme, sont-ils destinés à être des esclaves, doivent-ils être évangélisés ?) Mais le mouvement ne peut résister à la percée de la pensée moderne, car en rejetant la science de Galilée, les philosophes de la Contre-Réforme saccrochent à une cosmologie dépassée. Benoît XIV ne fera publier les écrits sur lhéliocentrisme de Galilée quen 1741 et en 1757. Dorénavant, la séparation entre la foi et la raison ne fera que sapprofondir (voir Relation entre science et religion).

L'âge classique

Descartes, dit-on, est le père de la philosophie moderne. Pourtant, Descartes se présente lui-même comme un philosophe chrétien. Sil ne prend aucunement appui sur les Écritures et les Pères de lÉglise et sil y a dans son œuvre une stricte autonomie de la philosophie, si les questions purement théologiques sont soigneusement laissées de côté, il nen demeure pas moins que des points essentiels du cartésianisme (preuve ontologique de lexistence de Dieu, dualisme de lâme et du corps, immortalité de lâme) sont en accord avec les dogmes chrétiens. Pourtant, lesprit moderne de Descartes, qui sera critiqué par les philosophes chrétiens ultérieurs (voir Lucien Laberthonnière), se marque dans sa physique mécaniste qui semble exclure toute idée de Providence divine et dans une conception générale qui tente de réduire laction de Dieu dans le monde au pur acte de création, après quoi, critiquera Pascal, il laisse le monde livré à lui-même. Cette réduction maximum de la part dintervention divine dans le monde est lourde de conséquences et caractérise un tropisme profond du rationalisme moderne.

Pourtant, lâge classique ne connaît pas le déclin de la philosophie chrétienne. Au contraire Malebranche sempare du cartésianisme et tente la synthèse grandiose avec laugustinisme. Comme on la souvent dit, le XVIIe siècle est lâge dor de laugustinisme. Ainsi, Augustin est lautorité suprême de Pascal. À travers son œuvre, la philosophie chrétienne se confronte directement avec les exigences de la science moderne. Lordre de la grâce soppose à lordre des raisons sans les supprimer et lesprit de finesse transcende lesprit géométrique.

Deux camps sopposent alors :

  • Les jansénistes, représentant de laugustinisme, sattachent à souligner la misère de lhomme sans Dieu et le néant des œuvres humaines.
  • Les jésuites réagissent en revalorisant la liberté humaine, source de création. En morale, ils privilégient lexamen des cas particuliers au détriment des grands principes et élaborent une casuistique qui a souvent été caricaturée. Leur dynamisme économique et leur évangélisme actif les pousse jusquen Chine , grâce à eux, se produit la première confrontation historique entre pensée chrétienne et pensée chinoise.

Leibniz, philosophe chrétien sil en est, se souviendra de cette confrontation. Défenseur dune vision œcuménique très en avance sur son temps, Leibniz est le dernier monument chez qui le christianisme, le rationalisme et luniversalisme sont puissamment solidarisés.

Époque moderne et contemporaine

La fin du XIXe et le début du XXe siècle est traversé par plusieurs grands courants philosophiques dinspiration chrétienne :

Les représentants de ce courant international (Gabriel Marcel, Léon Chestov, Berdiaeff) et ceux qui se situent dans sa proximité (Jaspers, Scheler, Landsberg, Miguel Unamuno, le personnalisme dEmmanuel Mounier, Buber…) ont en commun une conception dramatique de lexistence humaine, limportance accordée à la personne humaine, au rapport à autrui, la positivité de lintersubjectivité dans la constitution de soi, la dénonciation des sources daliénation de la personne humaine (objectivisation, collectivisme…).

Certains théologiens ont une approche très critique de la pensée moderne. Ainsi, Henri de Lubac dénonce les idéologies [1], et souhaite revenir aux sources de lexégèse et de lherméneutique selon les quatre sens de l'Écriture [2]. De même le néothomisme critique le modernisme, le matérialisme, le marxisme, etc.

Dautres comme Tillich, ont souligné les apports positifs de la sociologie marxiste et considèrent lexistentialisme comme une clef anthropologique indispensable pour comprendre les sources profondes du rapport de lhomme avec Dieu, son besoin de transcendance, etc. En outre, Emmanuel Mounier souligne lorigine chrétienne de lexistentialisme.

On observe aussi un renouvellement dans le domaine de léthique avec Paul Ricœur, dans le domaine de lhistoire de la philosophie avec Henri Gouhier et dans celui de la christologie avec Xavier Tilliette, créateur de la christologie philosophique.

En 1998, le pape Jean-Paul II, ainsi que le cardinal Ratzinger, travaillèrent à une encyclique qui définit les fondements de la philosophie chrétienne, et ses rapports avec la théologie : Fides et ratio. Cette encyclique rappelle la constante nouveauté de la pensée de saint Thomas d'Aquin.

Philosophes chrétiens

Pour la période médiévale, voir aussi : Liste de philosophes scolastiques

Bibliographie

Auteurs

Karl Barth

  • La Philosophie protestante au XIXe siècle, 1947.

Maurice Blondel

  • Le Problème de la philosophie catholique, Bond&Guy, 1932.
  • La Philosophie et l'esprit chrétien, PUF, 1950.

Stanislas Breton

  • La Passion du Christ et les philosophies, 1954.

P. Delhaye

  • La Philosophie chrétienne au Moyen âge, Paris, 1959.

Henry Dumery

  • Critique et religion, 1957.
  • Philosophie de la religion, 2 vol., 1957.

Ludwig Feuerbach

  • L'Essence du christianisme

E.L. Fortin

  • Christianisme et culture philosophique au Ve siècle, Paris, 1959.

Étienne Gilson

  • Christianisme et philosophie, Vrin, 1936
  • Introduction à la philosophie chrétienne
  • Le Thomisme. Introduction à la philosophie de saint Thomas d'Aquin.

Hegel

  • L'Esprit du christianisme et son destin.

Kierkegaard

  • L'École du christianisme
  • Discours chrétiens

Lucien Laberthonnière

  • Essais de philosophie chrétienne, 1903.
  • Le réalisme chrétien et l'idéalisme grec, Lethielleux, 1904.
  • Positivisme et catholicisme, Blod&Guy, 1911.

Olivier Lacombe

  • Chemins de l'Inde et philosophie chrétienne, 1956.

Édouard Le Roy

  • Dogme et critique, 1907.

Henri de Lubac

  • De la connaissance de Dieu, Seuil, 1945-1948
  • Recherches dans la foi, trois études sur Origène, saint Anselme et la philosophie chrétienne, Paris, Beauchesne, 1979.

Malebranche

  • Méditations chrétiennes
  • Conversations chrétiennes
  • Entretien d'un philosophe chrétien et d'un philosophe chinois

Gabriel Marcel

  • Existentialisme chrétien (en collaboration), Plon, 1947.

Jacques Maritain

  • De la philosophie chrétienne,1933.

Pascal

  • Pensées

Thomas d'Aquin

  • Somme contre les Gentils

Xavier Tilliette

Claude Tresmontant

  • La Métaphysique du christianisme et la naissance de la philosophie chrétienne, Paris, Seuil, 1962.

Revues

Références

  1. Le Drame de lhumanisme athée, 1942
  2. Exégèse médiévale, Les quatre sens de lÉcriture.

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