Philosophie de la nature

Philosophie de la nature

La philosophie de la nature (en allemand Naturphilosophie) est un courant philosophique fondé par Goethe, Hegel et Schelling. Hegel finira par s'en démarquer, et Fichte s'y opposa fortement.

Ce courant a pour but de dépasser l'idéalisme transcendantal de Kant, qui interdisait les spéculations philosophiques du point de vue de la nature elle-même, au nom de la limitation des capacités de l'entendement. Goethe, Schelling et Hegel décidèrent d'ajouter à la philosophie transcendantale, qui représente le point de vue de l'Esprit, la philosophie de la nature, qui représente le point de vue de la Nature. Tout le projet du premier Schelling fut de réconcilier le kantisme avec le spinozisme, c'est-à-dire de dévoiler les deux faces de l'Absolu que sont l'esprit et la nature. La philosophie de la nature est également liée au projet esthétique du romantisme allemand, de représenter la nature en tant que telle par-delà les artifices de la société moderne.

Mais la philosophie de la nature n'a pas seulement des prétentions philosophiques et esthétiques : elle veut aussi donner une explication métaphysique aux récentes découvertes de la science, notamment en physique et en biologie. Les philosophes allemands cherchèrent alors à rendre compte de phénomènes comme le magnétisme et l'électricité, ou plus tard, de la cellule, chez un disciple de Schelling, Oken.

C'est pourquoi la philosophie de la nature fut apparemment enterrée par le positivisme et les courants scientifiques de la fin du XIXe siècle : on accusa la Naturphilosophie de n'être qu'une mystique irrationnelle, une théosophie romantique dénuée de fondements scientifiques. Les positivistes discréditèrent une métaphysique qui, selon eux, était purement fantaisiste et ne pouvait que freiner le développement des sciences positives. Des philosophes comme Auguste Comte, Paul Natorp ou Edmund Husserl tentèrent de détacher le raisonnement scientifique des spéculations métaphysiques.

Néanmoins, actuellement, la Naturphilosophie réapparaît sous la forme d'une philosophie matérialiste qui combat à la fois les prétentions de l'idéalisme et du positivisme. C'est le cas chez le philosophe slovène Slavoj Žižek, qui a écrit un livre sur Schelling intitulé Le Reste qui n'éclôt jamais. On trouve également cette idée dans la préface à la traduction française de l'Introduction à l'Esquisse d'un système de philosophie de la nature de Schelling, préface écrite par le professeur Franck Fischbach.

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