- Marie-Dominique Chenu
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Le Père Marie-Dominique Chenu (7 janvier 1895 - 11 février 1990) était un théologien dominicain, proche du mouvement des prêtres ouvriers. Instigateur du renouvellement du thomisme — parfois appelé néothomisme — il est également connu comme l'un des experts en théologie (peritus) du concile Vatican II.
Sommaire
Biographie
Marie-Dominique Chenu est né à Soisy-sur-Seine le 7 janvier 1895. Il est le fils d'un petit industriel installé à Soisy. Toutefois ce sont ses grands-parents, instituteurs laïcs à Bièvres qui ont exercé la plus grande influence sur son éducation : c'est sur l'avis de sa grand-mère qu'il entre au collège catholique de Grandchamp et y fait toutes ses études secondaires[1]. Il s'y montre doué pour le grec et les mathématiques et se taille une réputation de chahuteur[2].
Après une année (1912-1913) au grand séminaire de Versailles, il entre chez les Dominicains en 1913 à l’âge de 18 ans. Il prit cette décision après qu’un ami l’eut invité à sa prise d’habit au couvent dominicain du Saulchoir en Belgique. Attiré par la vie contemplative, la belle liturgie, les études et la vie de communauté, son désir était de maintenir à la fois la contemplation et l’action apostolique. À la fin de sa première année de noviciat, ses supérieurs l’envoient faire des études de philosophie, de théologie, d’histoire et d’exégèse à l’Angelicum de Rome. Il considère l'acceptation obligatoire des vingt-quatre thèses thomistes comme un "abus du pouvoir magistériel de l'Église"[3]. Il s'intéresse aussi à l'enseignement dispensé à l'Université grégorienne des jésuites et particulièrement à celui du cardinal Billot.
Déçu par l'"ignorance de l'histoire" qu'il observe chez ses professeurs il commence à s'initier à l’exégèse historique suivant les méthodes du Père Lagrange. Il suit en même temps les cours du P. Garrigou-Lagrange, thomiste "imprégné de scolastique wolfienne"[4]. Ordonné prêtre en 1919, il soutient l'année suivante sa thèse intitulée Analyse psychologique et théologique de la contemplation. Le P. Garrigou-Lagrange lui reprocha l'introduction de la psychologie dans une activité essentiellement surnaturelle. Néanmoins ces divergences n'empêchèrent pas les deux dominicains de garder estime et amitié : Garrigou-Lagrange lui propose le poste de maître-assistant mais Chenu préfère retourner au Saulchoir. De Rome il gardera le souvenir de professeurs "sans attention au drame des hommes" et enfermés dans une "super-orthodoxie"[5]
Il fonde l'Institut d’Études médiévales à Montréal en 1930[6].
Avec Yves Congar, il fut de ces théologiens qui ont soutenu le mouvement des prêtres-ouvriers et en ont été sanctionnés par le Vatican, au milieu des années 1950. Ses livres furent ainsi mis à deux reprises à l'Index [6]. Il reconnut au début des années 1980 la théologie de la libération, et en particulier l'œuvre de Gustavo Guttiérez, comme un « exemple éminent » de la « nouvelle théologie » [7].
Œuvres principales
- La théologie au douzième siècle, Vrin, 1957
- La théologie comme science au XIIIe siècle, 1927
- Une école de théologie : Le Saulchoir, 1937
- Pour une théologie du travail, Seuil, années 1950
- Saint Thomas d'Aquin et la théologie, Seuil, 1957
- Introduction à l'étude de saint Thomas d'Aquin, Vrin, Paris, rééd. 1993
- Livres édités aux éditions du Cerf
Bibliographie
- La théologie de Marie-Dominique Chenu. Réflexion sur une méthodologie théologique de l'intégration communautaire de Emmanuel Vangu Vangu, préface de de Jean-Pierre Delville, éd. L'Harmattan, 2007, (ISBN 2296024394).
- Le père Marie-Dominique Chenu, médiéviste, collectif, tome 81 № 3 de la Revue des sciences philosophiques et théologiques, Vrin, 1997, (ISBN 2711613208)
- Marie-Dominique Chenu. Moyen Âge et modernité, colloque organisé à Paris, les 28 et 29 octobre 1995, éd. Centre d'études du Saulchoir, 1997, (ISBN 2204057746)
Notes et références
- Emmanuel Vangu Vangu, Jean-Pierre Delville, La théologie de Marie-Dominique Chenu: réflexion sur une méthodologie ..., Paris, 2007, p. 21.
- ibid.
- M-D Chenu, Un théologien en liberté, Paris, 1975, p. 30-31, cité par Emmanuel Vangu Vangu, Jean-Pierre Delville, op. cit. , p. 25.
- M. D. Chenu, La liberté dans la foi, 1969, P. 30, cité par ibid., p. 27.
- Un Théologien..., P. 39.
- Nécrologie, L'Humanité, 12 février 1990
- Lima en 1983 sous le titre « La actualidad del evangelio y la teología ». Cité par Bérénice Velez, La réception française de la théologie de la libération. Dynamique et enjeux du transfert culturel en temps de « crise » (1965-1979), mémoire de Master en histoire (dir. Annick Lempérière), Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, 2006, p. 80., lui-même cité in Olivier Compagnon, « Le 68 des catholiques latino-américains dans une perspective transatlantique », Nuevo Mundo Mundos Nuevos, Materiales de seminarios, 2008, Mis en ligne le 17 décembre 2008. En date de 1981, cet hommage paraît dans Paginas à
Articles connexes
Liens externes
- Biographie et Idées du Père M-D Chenu
- Entretien audio avec le père Chenu en 1985
- Texte d'un panégyrique à S. Thomas d'Aquin, « La Vérité vous rendra libres », prononcé le 7 mars 1936 au Saulchoir
- Congar avec Chenu et Féret au Saulchoir des années 1930, par Michael Quisinsky
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