- Mario Monti
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Mario Monti, né le 19 mars 1943 à Varèse, est un universitaire (et un économiste) italien, président du Conseil depuis le 16 novembre 2011. Il n'appartient formellement à aucun parti politique.
Il est nommé commissaire européen au Marché intérieur en 1995, puis devient, en 1999, commissaire européen à la Concurrence. En 2004, à la fin de son mandat, il retourne au monde universitaire, puis devient, en 2005, consultant pour Goldman Sachs[1],[2].
En novembre 2011, à peine nommé sénateur à vie par le président de la République italienne Giorgio Napolitano, il est pressenti pour succéder à Silvio Berlusconi au poste de président du Conseil des ministres[3], et former un gouvernement de techniciens[4],[5]. Le 13 novembre, au lendemain de la démission du président du Conseil Silvio Berlusconi, le chef de l'État le charge de former un gouvernement[6], ce qu'il accepte « avec réserve ». Monti prête serment le 16 novembre 2011, avec les membres de son gouvernement, au palais du Quirinal. À l'exception notable de la Ligue du Nord, il obtient les 17 et 18 novembre 2011, la plus vaste confiance jamais obtenue au Parlement italien[7].
Sommaire
Biographie
Formation et carrière
Mario Monti est diplômé de l'université Bocconi de Milan en économie et management, ainsi que de l'université Yale (États-Unis).
Il a enseigné l'économie auprès de l'université de Turin (1970-1985), avant de passer à l'université Bocconi de Milan, dont il a été le recteur (1989-1994) puis le président. Ses recherches ont mené à la définition du modèle Klein-Monti pour la description du comportement des banques en régime de monopole.
Commissaire européen
En 1994, il est nommé à la Commission européenne, avec la radicale Emma Bonino, par le premier gouvernement de Silvio Berlusconi. Le président de la Commission, Jacques Santer, lui confie, en 1995, le portefeuille du Marché intérieur, des Services, des Douanes et de la Fiscalité.
Il est reconduit quatre ans plus tard, par le gouvernement de centre-gauche de Massimo D'Alema, et intègre la Commission dirigée par Romano Prodi, en tant que commissaire européen à la Concurrence. À ce poste, il a notamment initié une procédure contre Microsoft et étudié la proposition de fusion entre General Electric et Honeywell en 2001, qui fut bloquée in fine par la Commission européenne.
En raison de son prénom et de son action à la Commission européenne, il est surnommé « Super Mario »[8] comme d'ailleurs Mario Draghi. Ce surnom est à nouveau employé par les médias quand il est pressenti pour former le gouvernement italien en novembre 2011.
Retour au monde universitaire
Le second gouvernement Berlusconi ne le confirma pas à son poste en 2004 et proposa Rocco Buttiglione à sa place. La nomination de ce dernier ayant été rejetée par le Parlement européen, le commissaire européen italien fut finalement Franco Frattini.
Avant sa nomination comme président du Conseil, Mario Monti était président de l'université Bocconi de Milan, membre du præsidium de Friends of Europe un think tank influent basé à Bruxelles et un responsable de Bruegel, un think tank européen fondé en 2005.
Dès 2005, il est « International Advisor » pour Goldman Sachs.
De janvier 2009 à juin 2010, il est membre du groupe de réflexion sur l'avenir de l'Europe, présidé par l'ancien président du gouvernement espagnol, Felipe González. Dans ce cadre, il prend position en faveur des propositions de gouvernement économique européen ainsi que d'un fonds monétaire européen, il milite pour un new deal européen intégrant mieux le social.
Depuis 2010, il est aussi président de la section Europe à la Commission Trilatérale[9]. Il est également membre du comité de direction du groupe Bilderberg[10].
En 2010, il rédige le Livre blanc (Rapport Monti) intitulé « Revitaliser le marché unique », commissionné par la Commission Barroso II[11]. Il a déclaré son soutien, en septembre 2010, à l'initiative fédéraliste du Groupe Spinelli au Parlement européen[12], en compagnie de l'ancien président de la Commission européenne Jacques Delors, des députés européens Daniel Cohn-Bendit, Andrew Duff, Elmar Brok et Sylvie Goulard et enfin de l'ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt.
Il a par ailleurs participé à plusieurs reprises aux États Généraux de l'Europe, le rendez-vous de la société civile européenne organisé par l'ONG think tank EuropaNova et le Mouvement européen.
Une personnalité appréciée et écoutée
À la fin du mois de juillet 2011, dans un article du quotidien La Stampa, à la suite d'une rencontre avec l'ancien président du Conseil de centre-gauche Romano Prodi, il se dit prêt à remplacer Silvio Berlusconi à la direction du gouvernement, en cas de démission ou perte de soutien de ses alliés de la Ligue du Nord[13]. Il réitère cette proposition le 2 septembre, en prévision d'une chute de Berlusconi qui n'a finalement pas lieu.
Sénateur à vie
Le 9 novembre 2011, il est nommé sénateur à vie, pour ses mérites dans les domaines scientifique et social, par le président de la République, Giorgio Napolitano, qui fait usage, pour la première fois de son mandat, de cette prérogative constitutionnelle, pour combler le poste qu'il avait lui-même laissé vacant de par son élection à la présidence, deux jours après l'annonce de la démission prochaine du président du Conseil, Silvio Berlusconi[14].
Président du Conseil
Le 13 novembre, au lendemain de la démission de Silvio Berlusconi, Mario Monti est chargé par Giorgio Napolitano, le chef de l'État italien, de former le nouveau gouvernement[15].
Ce même jour, il accepte « avec réserve » de former ce nouveau gouvernement, qui doit prêter serment devant le président de la République puis recevoir l'investiture des deux Chambres du Parlement. Ainsi, Monti déclare, lors d'une conférence de presse tenue au palais présidentiel du Quirinal : « Je ferai vite mais avec soin, les noms des ministres qui circulent sont fantaisistes, avec un effort commun nous pouvons vaincre le défi du rachat. (...) Il faut de la croissance et de l'équité. (...) Les consultations que j'effectuerai seront conduites avec le sens de l'urgence mais avec soin. (...) Je reviendrai devant le président de la République quand je serai capable d'enlever la réserve. (...) Je me charge de ce devoir avec un profond respect à l'égard du Parlement et à l'égard des forces politiques. J'œuvrerai pour en valoriser l'effort commun afin de sortir vite d'une situation qui présente des aspects d'urgence mais que l'Italie peut dépasser dans un effort commun (...) Nous le devons à nos enfants, nous devons leur donner un futur concret de dignité et d'espoir »[16].
Il présente son nouveau gouvernement, composé entièrement de techniciens et qui ne comprend aucun parlementaire, qui prête aussitôt serment, le 16 novembre. Dans la nouvelle équipe, dont il est ministre de l'Économie et des Finances par intérim, Corrado Passera, jusqu'alors président de la première banque italienne, Intesa Sanpaolo, est nommé ministre du Développement économique, ministre des Infrastructures et des Transports par intérim, un poste qualifié de « ministère de la Croissance ». Le ministère des Affaires étrangères revient à l'ambassadeur Giulio Terzi di Sant'Agata, le ministère de l'Intérieur à la préfète Anna Maria Cancellieri, le ministère de la Défense à l'amiral Giampaolo Di Paola, chef du comité militaire de l'OTAN, et le ministère de la Justice à l'avocate pénaliste Paola Severino, vice-présidente du Conseil supérieur de la magistrature (CSM)[17]. Le lendemain, après avoir prononcé son discours de politique générale, le nouveau président du Conseil obtient la confiance du Sénat de la République par 281 voix contre 25, uniquement de la Ligue du Nord, et aucune abstention[18][19], et le 18, de la Chambre des députés, à la majorité absolue par 556 voix contre 61, la plus forte de l'histoire de la République[20]. Les 61 voix contraires sont celles de 59 députés de la Ligue du Nord et de Domenico Scilipoti et d'Alessandra Mussolini (PdL). Il a donc la confiance de dix-huit partis représentés au Parlement italien et la seule opposition de la Ligue du Nord.
Œuvres
- Problemi di economia monetaria — Problèmes d'économie monétaire, Milan, Etas Kompass, 1969.
- Gli obiettivi delle banche, i tassi di interesse e la politica monetaria — Les Objectifs des banques, les taux d'intérêt et la politique monétaire, Milan, Tamburini, 1970.
- Analisi degli effetti monetari e finanziari delle politiche di bilancio regionale e locali. Un rapporto metodologico — Analyse des effets monétaires et financiers des politiques budgétaires régionales et locales, Milan, Tamburini, 1974.
- Per un'analisi mensile della politica monetaria e finanziaria italiana, Milan, O. Capriolo, 1974.
- Ricerca sul sistema creditizio — Recherche sur le système du crédit, Quadro generale, avec Tommaso Padoa-Schioppa, Rome, Ente per gli studi monetari, bancari e finanziari, Luigi-Einaudi, 1976.
- Che cosa si produce come e per chi. Manuale italiano di microeconomia, avec Onorato Castellino, Mario Deaglio, Elsa Fornero, Sergio Ricossa, Giorgio Rota, Turin, Giappichelli, 1978.
- Il sistema creditizio e finanziario italiano. Relazione della Commissione di studio istituita dal Ministro del tesoro, Rome, Istituto Poligrafico e Zecca dello Stato, 1982.
- L'Italia e la Repubblica federale di Germania in cammino verso l'unione economica e monetaria europea — L'Italie et la RFA en marche vers l'union économique et monétaire européenne, avec Franco Bruni, Milan, Centro di economia monetaria e finanziaria, Università commerciale Luigi Bocconi, 1989.
- Autonomia della Banca centrale, inflazione e disavanzo pubblico: osservazioni sulla teoria e sul caso italiano — Autonomie de la Banque centrale, inflation et déficit public, avec Franco Bruni, sous la direction de Mario Arcelli, Il ruolo della banca centrale nella politica economica, Bologne, Il Mulino, 1992. ISBN 88-15-03754-3.
- Il governo dell'economia e della moneta. Contributi per un'Italia europea, 1970-1992, Milan, Longanesi, 1992. ISBN 88-304-1099-3.
- Il mercato unico e l'Europa di domani. Rapporto della Commissione europea, Milan, Il Sole-24 Ore libri, 1997. ISBN 88-7187-815-9.
- Intervista sull'Italia in Europa, Rome-Bari, Laterza, 1998. ISBN 88-420-5090-3.
Introductions, préfaces et présentations
- Introduzione à Luigi Einaudi, Il mestiere della moneta, Turin, UTET libreria-Ed. di banche e banchieri, 1990. ISBN 88-7750-045-X.
- Prefazione avec Paolo Mieli à Spadolini a Milano. Il Corriere della Sera e la Bocconi. Articoli e discorsi, 1968-1994, Milan, Rizzoli, 1995. ISBN 88-17-84435-7.
- Postfazione à Enrique Barón Crespo, L'Europa all'alba del terzo millennio, Venise, Marsilio, 1997. ISBN 88-317-6623-6.
- Prefazione à Vincenzo Visco, Il fisco giusto. Una riforma per l'Italia europea, Milan, Il Sole-24 Ore, 2000. ISBN 88-8363-058-0.
- Prefazione à Alberto Alesina, Senso non comune. L'economia oltre i pregiudizi, Milan, EGEA, 2002. ISBN 88-8350-019-9.
- Prefazione à Marzio Achille Romani, Luigi Einaudi-Luigi Albertini. Lettere (1908-1925), Milan. Fondazione Corriere della Sera, 2007.
- Presentazione avec Franco Bassanini de la Commission pour la libération de la croissance française présidée par Jacques Attali, Liberare la crescita. 300 decisioni per cambiare la Francia, Milan, Università Bocconi-Rizzoli, 2008. ISBN 978-88-8350-132-6.
- Prefazione à Kishore Mahbubani, Nuovo emisfero asiatico. L'irresistibile ascesa dell'Est, Milan, EGEA-Università Bocconi, 2011. ISBN 978-88-8350-156-2.
Décorations
- Commandeur de l'Ordre du Mérite de la République italienne, 1992.
- Chevalier de grand-croix de l'Ordre du Mérite de la République italienne, « sur initiative du président de la République » Carlo Azeglio Ciampi, 2004.
Notes et références
- Notes
- Giorgio Napolitano, pour ses mérites quant à la vie sociale et économique italienne et pour ses travaux à la Commission européenne. Mario Monti est nommé sénateur à vie par le président de la République italienne,
- La Repubblica et le Corriere della Sera. Bien qu'il travaille au palais Chigi, Mario Monti dort depuis son installation à Rome à l'hôtel Forum comme l'ont constaté, entre autres, les journaux
- Références
- Marc Roche, « Goldman Sachs, le trait d'union entre Mario Draghi, Mario Monti et Lucas Papadémos », dans Le Monde, 14 novembre 2011 [texte intégral (page consultée le 15 novembre 2011)]
- European Competition Policy : The View From the Top, CEO Confidential
- (en) « Italy Front-Runner Seen as Political Outsider », Alessandra Galloni et Stacy Meichtry, The Wall Street Journal, 11 novembre 2011
- (it) « Il Professore e il pressing dei partiti "Scelgo io ministri e programma" », La Repubblica, 11 novembre 2011
- Lamberto Dini, en 1995. Tout comme l'avait fait
- [1]
- gouvernement Monti pour les détails des votes. Alessandra Mussolini et Domenico Scilipoti sont les deux seuls autres parlementaires à avoir voté la défiance. Cf.
- (fr) « Super Mario, l'homme qui roule pour la BCE », Courrier international, le 14 novembre 2011
- (en) Biographie complète de Mario Monti, sur le site de la Comission trilatérale
- (en) Les membres du Steering Committee de Bilderberg
- (en) Une nouvelle stratégie pour le marché unique
- (en) Site du Groupe Spinelli - Liste des membres
- (it) « « L'investitura di Monti per il dopo de Berlusconi » », La Stampa, le 24 juillet 2011
- (fr) « Italie: Monti nommé sénateur à vie », Agence France-Presse, citée par Le Figaro, 9 novembre 2011
- (fr) Italie : Mario Monti chargé de former le prochain gouvernement, Le Figaro, 13 novembre 2011
- palais du Quirinal, Ansa, relayée par La Repubblica. Conférence de presse au
- (fr) « Italie : le professeur Monti compose un gouvernement de professeurs », Philippe Ridet, Le Monde, 16 novembre 2011
- (fr) Monti: fiducia in Senato con 281 sì – "Non siamo i poteri forti. Divisi falliremo ?", Corriere della Sera, 17 novembre 2011
- Certains milieux lui reprochent en effet de représenter « les pouvoirs forts ».
- Governo Monti: fiducia anche alla Camera , 556 voti a favore e 61 contro, Corriere della Sera, 18 septembre 2011.
Annexes
Articles connexes
- Politique de l'Italie
- Crise de la dette dans la zone euro
- Commission Santer
- Commission Marín
- Commission Prodi
- Gouvernement Monti
Liens externes
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