- Romano Prodi
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Romano Prodi, né le 9 août 1939 à Scandiano, est un économiste et un homme politique italien appartenant au Parti démocrate (PD).
Après avoir été brièvement ministre de l'Industrie, à la fin des années 1970, il prend, en 1995, la tête de la coalition de centre-gauche L'Olivier, et l'amène au pouvoir aux élections de 1996. Il devient alors président du Conseil des ministres, mais est obligé de démissionner au bout de deux ans et demi. En 1999, il est choisi pour succéder à Jacques Santer comme président de la Commission européenne. Il mène notamment à bien l'élargissement de l'Union européenne de 2004, qui voit l'entrée de dix pays dans l'UE.
Remplacé à la fin de son mandat, il est élu, en 2005, chef de file de L'Union, nouvelle alliance de centre-gauche, à l'occasion des premières élections primaires de l'histoire italienne. La coalition remporte les élections générales de l'année suivante d'une courte tête, permettant son retour au poste de président du Conseil. Mis en minorité au Sénat en 2007, il conserve finalement la confiance du Parlement, mais doit démissionner après l'échec d'un vote de confiance, en 2008, devant la chambre haute, convoquant alors des élections anticipées au cours desquelles il cède le leadership du centre-gauche à Walter Veltroni. À l'issue du scrutin, remporté par le centre-droit, il renonce également à la présidence du nouveau Parti démocrate (PD), qu'il occupait depuis quelques mois.
Biographie
Formation et carrière universitaire
Romano Prodi est docteur en droit de l'université catholique du Sacré-Cœur de Milan et postgradué de la London School of Economics. Il a étudié dans le collège Collegio Augustinianum de l'université catholique du Sacré-Cœur, de 1957 à 1961. Il a entamé sa carrière universitaire à la section d'économie et à la faculté de Sciences politiques de l'Université de Bologne, où il a travaillé comme assistant dès 1963, puis comme professeur adjoint en 1966 et enfin comme professeur de 1971 à 1999, enseignant l'organisation industrielle et la politique industrielle. Il a été professeur invité auprès de l'université Stanford en 1968 et à l'université Harvard en 1974.
Un chercheur spécialisé dans l'industrie
Parallèlement à l'enseignement universitaire, R. Prodi a mené une intense activité de recherche qui s'est orientée sur « le développement des petites et moyennes entreprises et des zones industrielles », « la politique de concurrence », « l'étude des relations entre État et marché », « les politiques de privatisation », « le rôle central joué par les systèmes scolaires dans la promotion du développement économique et de la cohésion sociale », « le processus d'intégration européenne » et, suite à la chute du mur de Berlin, la dynamique des différents « modèles de capitalisme. »
Dans la littérature économique internationale, il est considéré parmi les fondateurs de l'« École italienne d'économie industrielle » avec Giacomo Becattini, Franco Momigliano, Luca Fancello et Paolo Sylos Labini[1].
Un début de parcours politique lié au secteur industriel
Il a été initialement membre du Parti italien de la Démocratie chrétienne. De novembre 1978 à mars 1979, Romano Prodi a été ministre de l'Industrie sous le gouvernement de Giulio Andreotti.
En 1982, le président du Conseil, Giovanni Spadolini, le nomme président de l'Istituto per la ricostruzione industriale (ou IRI: l'Institut pour la Reconstruction Industrielle), charge qu'il tiendra jusqu'en 1989 en réussissant à améliorer l'économie du groupe.
En 1993, Carlo Azeglio Ciampi le rappelle à la tâche pour procéder à la privatisation d'une bonne partie du holding, mission qu'il clôtura l'année suivante.
Le leader du centre-gauche italien
En 1995 il a été le fondateur de la coalition et du projet de centre-gauche L'Olivier, où il fut désigné comme candidat à la présidence du Conseil des ministres aux élections d’avril 1996. Ces élections ont vu l'Olivier l'emporter sur la coalition de centre-droite, et Romano Prodi en mai 1996, fut chargé par le président de la République de former le nouveau gouvernement.
Il a exercé les fonctions de président du Conseil des ministres italien du 18 mai 1996 au 9 octobre 1998, succédant à Lamberto Dini. Son gouvernement tombe suite à un renversement d'alliance dans sa coalition et il est lui-même remplacé par Massimo D'Alema (1er gouvernement).
Président de la Commission européenne
Il a été le président de la Commission européenne du mois de septembre 1999 au 22 novembre 2004. Sous sa présidence il y a eu, entre autres innovations; la mise en circulation des billets et pièces libellés en euro, le 1er janvier 2002 pour douze pays de l'Union européenne. L'entrée de dix nouveaux pays au sein de l'Union le 1er Mai 2004: Chypre, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie et la Hongrie. La signature, à Rome le 29 octobre 2004, du traité établissant une Constitution pour l'Europe.
Les primaires et le retour au pouvoir
Le 16 octobre 2005, lors de primaires inédites en Italie, Romano Prodi a été élu comme leader de la gauche pour les élections législatives d'avril 2006, fondant ainsi l'Unione, une coalition de centre-gauche rassemblant des partis allant de l'extrême gauche au centre.
Les 9 et 10 avril 2006, l'Union gagne de justesse les élections législatives 2006 en Italie, avec une majorité de 63 sièges à la Chambre (plus un indépendant) et de 2 sièges au Sénat. Romano Prodi succède ainsi à Silvio Berlusconi à la présidence du Conseil le 17 mai 2006. Sa majorité, pourtant vivement contestée par Berlusconi, qui en conteste la légitimité, réussit à élire à la présidence de la République Giorgio Napolitano (81 ans, le premier post-communiste à accéder à la plus haute charge de la République), puis à élire les présidents de la Chambre des députés (Fausto Bertinotti, leader communiste du Partito della Rifondazione Comunista) et du Sénat (Franco Marini, ancien leader syndical).
Romano Prodi obtient également des succès, bien plus marqués, contre la droite de Berlusconi aux élections administratives de mai 2006 et au référendum de juin 2006, où 62 % des Italiens ont rejeté une réforme de la Constitution voulue par le gouvernement Berlusconi et votée uniquement par ses parlementaires (ce qui a rendu nécessaire le référendum pour la confirmer ou la repousser) afin de favoriser les régions du Nord, plus riches, en excluant la possibilité pour les citoyens de se faire soigner dans des Régions différentes de celle où l'on vit, et effacer la plupart des pouvoirs du président de la République pour les confier au président du Conseil. Ces deux votes auraient dû, selon les intentions de Berlusconi, sûr de gagner, faire tomber le gouvernement Prodi qui en sort plus fort qu'avant.
Une première mise en minorité
Se retrouvant en minorité au Sénat sur sa politique extérieure (en Afghanistan), il présente la démission de son gouvernement le soir du 21 février 2007. Le président de la République italienne Giorgio Napolitano annonce le 24 février 2007 qu'il refuse sa démission et lui demande de présenter son gouvernement devant le Parlement pour obtenir la confiance (162 voix pour, 157 contre au Sénat ; sans formalité à la Chambre). Après cette crise, son gouvernement semble renforcé, malgré l'exiguïté de sa majorité sénatoriale.
Il est controversé en raison de son appui aux unions civiles pour les homosexuels. Cela l'a mis en conflit avec l'Église et lui a coûté des soutiens politiques qui lui étaient critiques.
La crise politique de 2008
Le 24 janvier 2008, après avoir obtenu la confiance de la Chambre des députés (326 voix contre 275), Romano Prodi est ébranlé par le vote de confiance négatif asséné par le Sénat. 161 sénateurs ont désavoué le gouvernement Prodi, tandis que 156 lui ont accordé leur confiance ; avec une majorité validée à 160 voix, le gouvernement a vu sa déchéance à une voix près.
Romano Prodi avait refusé de démissionner, comme certains de ses alliés — et le président Giorgio Napolitano — lui avaient conseillé de faire, et souhaitait affronter le vote du Sénat. Après cet échec, il présente sa démission au Président italien le 24 janvier 2008[2]. Il annonce peu après vouloir se retirer de la vie politique[3]. Silvio Berlusconi remporte largement les élections générales d'avril et lui succède le 8 mai 2008.
Notes et références
- ISBN 9781843764342) Henry W. de Jong, William G. Shepherd. Pioneers of Industrial Organization: How the Economics of Competition and Monopoly Took Shape. Edward Elgar Publishing Ltd. (
- (fr) « Le président du Conseil italien Romano Prodi démissionne » sur Wikinews, 24 janvier 2008
- Analyse de l'observatoire des élections en Europe : « Je quitte la politique. Mon avenir est serein. Le monde est plein d'opportunités » a-t-il déclaré le 9 mars 2008, ajoutant « j'ai décidé de ne pas être candidat pour ouvrir la voie à un changement de génération qui est nécessaire. Quelqu'un doit donner l'exemple. »
Annexes
Articles connexes
- Gouvernement Prodi I et II
- Primaires italiennes de gauche de 2005
- Commission Prodi
Liens externes
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- Naissance en 1939
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