Lumières (philosophie)

Lumières (philosophie)
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Les Lumières sont des mouvements culturels et philosophiques ayant dominé en Europe, et plus particulièrement en France, au XVIIIe siècle. Ils donnèrent par extension à cette période le nom de siècle des Lumières. Les penseurs de cette époque marquèrent le domaine du savoir (science et philosophie) et de lart (la littérature en particulier) par leurs questions et leurs critiques fondées sur la « raison éclairée » de lêtre humain et sur lidée de liberté.

Par leur engagement contre les oppressions religieuses, morales et politiques, les membres de ce mouvement, qui se voyaient comme une élite avancée œuvrant pour un progrès du monde, combattant lirrationnel, larbitraire, lobscurantisme et la superstition des siècles passés, ont procédé au renouvellement du savoir, de léthique et de lesthétique de leur temps. Linfluence de leurs écrits a été déterminante dans les grands événements de la fin du XVIIIe siècle que sont la Déclaration d'indépendance des États-Unis et la Révolution française[1].

Le mouvement de renouveau intellectuel et culturel des Lumières reste, au sens strict, européen avant tout, et il découle presque exclusivement dun contexte spécifique de maturation des idées héritées de la Renaissance. La pensée des Lumières sest étendue à lEurope, quoique la traduction de ce terme, dans les autres langues européennes, ait toujours privilégié l'idée d'une « illumination » provenant de lextérieur, alors que le terme français privilégie le fait que les Lumières viennent de soi-même. De manière très générale, sur le plan scientifique et philosophique, les Lumières voient le triomphe de la raison sur la foi et la croyance ; sur le plan politique et économique, le triomphe de la bourgeoisie sur la noblesse et le clergé. Enfin lon parle parfois des Lumières (au substantif) pour désigner les penseurs, écrivains et philosophes emblématiques de ce mouvement de pensée, ce qui peut être regardé comme un abus de langage (on préférera plutôt parler par exemple de « philosophe des Lumières »).

Sommaire

Thématiques de la philosophie des Lumières

Révolution dans les sciences et programme de la philosophie des Lumières

L' évolution de la réflexion scientifique

Fragment du frontispice de lEncyclopédie de Diderot et DAlembert : on y voit la Vérité rayonnante de lumière ; à droite, la Raison et la Philosophie lui arrachent son voile (peint par Charles Nicolas Cochin et gravé par Benoît-Louis Prévost en 1772.

Le mouvement des Lumières a été, en grande partie, un prolongement des découvertes de Copernic au XVIe siècle, peu diffusées de son vivant, puis surtout des théories de Galilée (1564-1642). Une quête daxiomes, de certitudes éprouvées, se poursuivit dans le mouvement du cartésianisme tout au long du XVIIIe siècle[réfnécessaire].

Leibniz (1646-1716) développa les mathématiques et le calcul infinitésimal. Sa philosophie des monades se démarquait également de celle de Descartes. Les philosophes britanniques, comme Thomas Hobbes et David Hume, adoptèrent une démarche empirique, mettant laccent sur les sens et lexpérience dans lacquisition des connaissances, au détriment de la raison pure.

Spinoza prit parti pour Descartes, surtout dans son Éthique[2]. Il se démarqua pourtant de son aîné dans son Traité de la réforme de l'entendement (Tractatus intellectus amendatione), il montra que le processus de perception engage non seulement la raison, mais aussi les sens et lintuition. La conception de Spinoza était centrée sur une vision de lUnivers Dieu et la Nature ne font quun. Cette idée deviendra centrale au siècle des Lumières[3], depuis Isaac Newton (1642-1727) jusquà Thomas Jefferson (1743-1826).

Un changement notable fut lémergence de la philosophie naturaliste à travers toute lEurope, incarnée par Newton. Ses idées, sa réussite indéniable à confronter et assembler les preuves axiomatiques et les observations physiques en un système cohérent, source de prédictions, donnèrent le ton de tout ce qui allait suivre son exemplaire Philosophiae Naturalis Principia Mathematica (1687). Pour montrer le progrès entre lÂge de la Raison et le mouvement des Lumières, lexemple de Newton reste en effet indépassable, en ce que le scientifique utilisa des faits observés empiriquement, comme la dynamique des planètes de Johannes Kepler ou loptique, pour construire une théorie sous-jacente expliquant ces faits a priori : la théorie de la gravitation universelle. Ce mouvement correspond à lunification dun pur empirisme, comme celui de Francis Bacon et de lapproche axiomatique de Descartes (1596-1650).

La croyance en un monde intelligible ordonné par le dieu chrétien a représenté le plus fort élan du questionnement philosophique sur la connaissance. Dun côté, la philosophie religieuse se concentrait sur la piété, la toute-puissance et le mystère de la nature ultime de Dieu ; de lautre, des idées telles que le déisme soulignaient que le monde était visiblement compréhensible par la raison humaine et que les lois le gouvernant létaient tout autant. Limage de Dieu comme « Grand Horloger » pénétra alors les esprits, tandis que les observateurs du monde prenaient conscience que ce dernier semblait bel et bien parfaitement ordonné et que, dans le même temps, on réalisait des machines de plus en plus sophistiquées et précises[4].

La liberté individuelle et le contrat social

Cette constance à rechercher et énoncer des lois, à déterminer les comportements particuliers, fut également un élément important dans la constitution dune philosophie le concept dindividualité prévalait, en somme lindividu avait des droits basés sur dautres fondements que la seule tradition. On parle alors davènement du sujet pensant, en tant que lindividu peut décider par son raisonnement propre et non plus sous le seul joug des us et coutumes. Ainsi, John Locke rédigea ses deux Traités du gouvernement civil dans lequel il avance que le droit de propriété nest pas familial, mais totalement individuel et retiré du travail consacré au terrain concerné, ainsi que de sa protection face à autrui. Une fois lidée émise quil y avait des lois naturelles et des droits naturels, il devenait possible de saventurer dans les domaines nouveaux quon appelle maintenant léconomie et la philosophie politique.

Dans son célèbre essai Was ist Aufklärung?, Emmanuel Kant donne des Lumières la définition suivante : « Les Lumières cest la sortie de lhomme hors de létat de tutelle dont il est lui-même responsable. Létat de tutelle est lincapacité de se servir de son entendement sans la conduite dun autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de lentendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage de sen servir sans la conduite dun autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Tel est la devise des Lumières. »

Les Lumières se basent donc sur la croyance en un monde rationnel, ordonné et compréhensible, exigeant de lhomme létablissement dune connaissance également rationnelle et organisée. Cela commence par lidée que les lois gouvernent, aussi bien les cieux, que les affaires humaines et que le pouvoir du Prince émane de la loi et non linverse. La conception de la loi en tant que contrat social théorisée par Jean-Jacques Rousseau comme relation réciproque entre les hommes, plutôt quentre les familles ou des groupes, devint de plus en plus remarquable, accompagnée du souci de la liberté individuelle comme réalité imprescriptible - le seul droit tiré de Dieu. Le mouvement des Lumières créa ou réinventa donc les idées de liberté, propriété et rationalité, telles quon les connaît toujours aujourdhui et telles quintroduites dans la première philosophie politique : lidée et le désir dêtre un individu libre, liberté dautant plus garantie que lÉtat assure la stabilité des lois.

Pour comprendre quels changements interviennent réellement entre « lÂge de Raison » et le « mouvement des Lumières », la comparaison entre Thomas Hobbes et John Locke est une bonne approche. Hobbes, qui traverse les trois quarts du XVIIe siècle, a entrepris de classer de façon systématique les émotions humaines, ce qui lamena à construire un système rigide garantissant par coercition la stabilité du chaos primaire - qui est la source de son travail (voir le Léviathan). À linverse, Locke voit en la Nature la source de lunité et de tous les droits, que lÉtat doit sassurer de reprendre et de protéger, non pas détouffer. Ainsi, la « révolution » culturelle entre les deux siècles fait intervenir la relation de lhomme à la Nature : on passe dune vision noircie et chaotique, à une admiration de lordre naturel fondamental.

Valeurs et représentations sociales des Lumières

Jean-Jacques Rousseau.

Changement de représentation

  • Les valeurs essentielles défendues par les hommes des Lumières dans toute lEurope sont la tolérance, la liberté, légalité.
  • Ces valeurs débouchent, en Angleterre, en Amérique et en France, sur la définition de nouveaux droits naturels et sur une séparation des pouvoirs politiques,

On peut dire que cette période marque lavènement de nouvelles représentations sociales, ce que Michel Foucault appelle une épistémè, et qui répond, à certains égards, au phénomène qui sest produit à la Renaissance[réf. souhaitée].

Cette citation de Montesquieu est révélatrice de ce changement :

« Aujourdhui nous recevons trois éducations différentes ou contraires : celles de nos pères, celles de nos maîtres, celle du monde. Ce quon nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières[5]. »

Idéal du philosophe

LHistoire des deux Indes de labbé Raynal, encyclopédie de lanticolonialisme au XVIIIe siècle

La figure idéale des Lumières est le philosophe, homme de lettre avec une fonction sociale qui exerce sa raison dans tous les domaines pour guider les consciences, prôner une échelle de valeurs et militer dans les problèmes dactualité. Cest un intellectuel engagé qui intervient dans la société, un « honnête homme qui agit en tout par raison » (Encyclopédie), « qui soccupe à démasquer des erreurs » (Diderot).

Le rationalisme des Lumières nexclut en aucun cas la sensibilité. Raison et sentiment dialoguent au sein même de la philosophie des Lumières. Les penseurs des Lumières peuvent être capables de rigueur intellectuelle mais aussi de sensibilité.

Parmi les figures des Lumières à avoir critiqué lesclavage et la colonisation, on compte, entre autres, Denis Diderot dans le Supplément au voyage de Bougainville, Voltaire dans Candide et Guillaume-Thomas Raynal et son Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, véritable encyclopédie de lanticolonialisme au XVIIIe siècle auxquels ont collaboré, parmi dautres, Diderot et dHolbach.

Idéal encyclopédique : tout connaître

Cette époque cultive un goût particulièrement prononcé pour les écrits totalisants qui rassemblent lensemble des connaissances de leur temps, les bilans généraux du savoir. Cet idéal va trouver sa réalisation dans l'Encyclopédie de Diderot et DAlembert, publiée entre 1750 et 1770, dont le but était de sortir le peuple de lignorance par une diffusion très large du savoir.

Critique de lorganisation sociale

Le mouvement des Lumières est, sur toute sa durée, le substrat de deux pressions sociologiques antagonistes : dune part, une forte spiritualité accompagnée dune foi traditionaliste en la religion et lÉglise ; dautre part, la montée dun mouvement anticlérical critiquant les divergences entre théorie religieuse et pratique, qui sest surtout manifesté en France.

Lanticléricalisme ne fut pas la seule source de tension en France : certains nobles contestaient le pouvoir monarchique et la haute bourgeoisie souhaitait bénéficier des fruits de ses efforts. La libéralisation des mœurs engendrait la contestation de labsolutisme et de lordre ancien. Le courant janséniste en France fut aussi, selon Dale K. Van Kley, une source de division[6].

le système judiciaire se révélait archaïque. Même si le droit du commerce avait été codifié au XVIIe siècle, le droit civil nétait pas unifié ni codifié.

Tel est larrière-plan social et juridique dans lequel sexerce la critique et se développe la contestation, quun auteur comme Voltaire a pu incarner.

Exilé en Angleterre entre 1726 et 1729, il y étudie les travaux de John Locke, Isaac Newton et la monarchie anglaise. Il se rend populaire par sa dénonciation des injustices (affaires Calas, Sirven, de La Barre, Lally-Tollendal). Le milieu du XVIIIe siècle correspond lapogée de la philosophie des Lumières[7].

Pour Voltaire, il est clair que si le Prince obtient du peuple quil croie en des choses déraisonnables, alors ce peuple fera des choses déraisonnables[8]. Ce constat simple a introduit ce qui devait être la principale critique faite aux Lumières, et que devait formuler la pensée romantique : la construction raisonnable crée autant de problèmes quelle en résout[9].

Selon les philosophes des Lumières[10], le point crucial du progrès intellectuel consistait en la synthèse de la connaissance, éclairée par la raison humaine, afin de créer une autorité morale qui serait seule souveraine. Le point de vue contraire se développa, mettant en avant le fait que de façon intrinsèque, ce processus serait corrompu par le poids des conventions sociales, montrant ainsi la « nouvelle vérité » raisonnable comme une mauvaise imitation de la Vérité immanente et insaisissable

Le mouvement des Lumières trouva alors un certain équilibre, entre lappel à la liberté « naturelle » et la liberté de cette liberté, cest-à-dire la reconnaissance dune autonomie de la Nature face à la raison. Correspondent à ce stade les réformes de plusieurs monarchies, par lintermédiaire de lois nouvelles allant dans le sens des sujets et dune réorganisation parcellaire de la société. Lidée dun ordre éclairé entre également dans la pensée scientifique avec, par exemple, le travail du biologiste Carl von Linné.

Voltaire

En Allemagne, Emmanuel Kant se montra critique à la fois par rapport aux prétentions de la Raison (critique de la raison pure), mais aussi à celles de lempirisme anglais (critique de la raison pratique). Par rapport à la métaphysique très subjective de Descartes, le philosophe allemand souhaita développer une vision plus objective de cette branche de la philosophie.

Les grands penseurs de la fin du mouvement des Lumières (Adam Smith, Thomas Jefferson ou encore le jeune Goethe) adoptèrent dans leurs pensées le schème, dérivé dune métaphore biologique, des forces dauto-organisation et dévolution. Lachèvement des Lumières est alors pressenti, avec le constat suivant : le Bien est le fondement de la Nature, mais celle-ci nest pas ordonnée par elle-même. Bien au contraire, cest la raison et la maturité humaine qui doivent en trouver la constante structure, en retirer la stabilité naturelle. Le romantisme en prendra le contre-pied parfait.

La sensibilité des Lumières

« Dune façon générale, la sensibilité des Lumières porte à une sentimentalité morale : le temps de lironie voltairienne passé, on veut sapitoyer, avec Rousseau (la Nouvelle Héloïse, 1761) et les tableaux de Greuze, chercher le beau et le bon éternels. Plus le siècle savance, plus la littérature et lart répudient la gratuité des formes, la légèreté, regardées comme aristocratiques et mondaines, pour aller vers le sérieux, lauthentique et le naturel, cest-à-dire vers ce qui est conforme à la morale utilitaire du public bourgeois d le goût croissant pour le néoclassicisme, qui met en avant lantique, non pas lantique allégorique de lépoque classique mais un antique historique plus sobre, à la façon du peintre David. »

Projet de reconstruction de lOpéra de Paris dÉtienne-Louis Boullée, 1781


Ceci se traduit dans les réflexions sur l'urbanisme[11]. La ville des Lumières est le fruit des efforts conjoints des pouvoirs publics et des architectes soucieux de réaliser des bâtiments administratifs ou utiles (hôtels de ville, hôpitaux, théâtres, intendances) tout en aménageant des perspectives, des places, fontaines, promenades[12]. L'Académie royale d'architecture reste un des centres de la réflexion sur la théorie: pour elle le beau est ce qui plait. Pour l'abbé Laugier, au contraire, ce qui est beau est conforme à la raison[13]. Le modèle naturel de toute architecture est la cabane primitive soutenue par quatre troncs d'arbre, avec quatre parties horizontales et un toit qui deviennent respectivement colonnes, entablements, frontons. Le modèle du temple grec se répand alors jusque dans le décor et le mobilier. Ce paradigme se traduit par un changement de style au milieu du siècle: le rococo est abandonné, la Grèce antique et Palladio deviennent les principales références du style néo-classique.

Luniversité de Virginie, inscrite au patrimoine mondial de lHumanité défini par lUNESCO, a été fondée par Thomas Jefferson. Ce dernier dessina les plans dune partie du campus en suivant les valeurs des Lumières.

la place Stanislas de Nancy est le cœur dun ensemble urbanistique classique, inscrite depuis 1983 sur la liste du patrimoine mondial de lUNESCO, ainsi que dautres places de cette ville comme la place de la Carrière et la place dAlliance, autour desquelles sarticulent administrations et services de lépoque.

Claude Nicolas Ledoux (1736-1806), membre de l'Académie d'architecture est sans doute larchitecte dont les projets incarnent le mieux lutopie dun habitat totalement rationnel. Il dirige, à partir de 1775, lédification de la Saline royale d'Arc-et-Senans, dans le Doubs, véritable cité usinière.

La Rotonde de luniversité de Virginie, dessinée par Thomas Jefferson.

Les Lumières nont touché que les élites aristocratiques et les fractions montantes des bourgeoisies[réfnécessaire]. Lécho, dans ces milieux dominants, est certes considérable en Angleterre et en France, mais plus restreint en Allemagne et en Italie ; le public éclairé est très peu nombreux en Espagne ou en Russie, seuls quelques intellectuels, hauts fonctionnaires et grandes familles participent au mouvement. Le peuple, lui, nest pas touché : limmense majorité des paysans, même français, na jamais entendu parler de Voltaire ou de Rousseau.

Malgré tout, les Lumières ont ébranlé les certitudes anciennes. Et lébranlement ne sest pas arrêté aux portes du social et du politique : les Lumières ont inspiré la génération révolutionnaire. Ce qui ne signifie nullement quelles aient consciemment appelé de leurs vœux la Révolution de 1789.

Acteurs et portée

Les philosophes des Lumières

Prosopographie

Comme les humanistes de la Renaissance, les philosophes des Lumières sintéressent à divers domaines : lAméricain Thomas Jefferson avait reçu une formation juridique mais pratiquait également larchéologie et larchitecture. Benjamin Franklin eut une carrière de diplomate et de physicien. Condorcet écrivit sur des sujets aussi différents que le commerce, les finances, léducation ou la science.

La cour de Frédéric II de Prusse avec le philosophe Voltaire.

Les origines sociales des philosophes sont diverses : beaucoup sont issus de familles bourgeoises (Voltaire, Thomas Jefferson), dautres de milieux plus modestes (Emmanuel Kant, Benjamin Franklin, Denis Diderot) ou encore de la noblesse (Montesquieu, Condorcet). Un certain nombre dentre eux avaient reçu une éducation religieuse (Denis Diderot, Louis de Jaucourt) ou une formation juridique (Montesquieu, Thomas Jefferson).

Les philosophes constituaient des réseaux et communiquaient par lettres. On connaît la correspondance violente entre Rousseau et Voltaire. Les grands esprits du XVIIIe siècle se rencontraient et discutaient dans les salons, les cafés ou les académies. Les penseurs et les savants formaient une communauté internationale. Ben Franklin, Tom Jefferson, Adam Smith, Hume ou Galiani séjournèrent plusieurs années en France.

Parce quils critiquaient lordre établi, les philosophes étaient poursuivis par les autorités et devaient recourir à des subterfuges pour éviter la prison. François-Marie Arouet prit le pseudonyme de Voltaire. Thomas Jefferson rédigea en 1774 un rapport destiné aux délégués de Virginie du Premier Congrès continental, qui se réunissait pour discuter des griefs des colonies à légard de la Grande-Bretagne. En raison du contenu du texte, il fut contraint de le publier anonymement. La Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient valut à Denis Diderot dêtre emprisonné au fort de Vincennes pour sa remise en cause de la religion. Accusé davoir rédigé des pamphlets contre le régent Philippe III dOrléans, Voltaire fut emprisonné à la Bastille. Montesquieu publia de façon anonyme les Lettres persanes en 1721 en Hollande. De 1728 à 1734, il visita plusieurs pays dEurope.

Face à la censure et aux difficultés financières, les philosophes recouraient souvent à la protection daristocrates et de mécènes : Malesherbes et la marquise de Pompadour, favorite de Louis XV, soutinrent ainsi Diderot. Marie-Thérèse Geoffrin (1699-1777) subventionna une partie de la publication de lEncyclopédie. Elle organisait un salon bihebdomadaire, recevant des artistes, des savants, des gens de lettres et des philosophes, de 1749 à 1777. Lautre grand salon de lépoque des Lumières était celui de Claudine de Tencin. Dans les années 1720, Voltaire dut sexiler en Angleterre il senquit des idées de John Locke.

Les philosophes luttaient généralement moins contre le pouvoir royal que contre lhégémonie ecclésiastique et nobiliaire[14] : dans sa défense de Jean Calas, Voltaire défendait ainsi la justice royale contre les excès dune justice provinciale jugée plus fanatique[réfnécessaire]. Bien des monarques européensCharles III d'Espagne, Marie-Thérèse et Joseph II dAutriche, Catherine II de Russie, Gustave III de Suèdelisaient et appréciaient les philosophes. Comme Voltaire, qui fut accueilli à la cour de Frédéric II de Prusse ou Diderot, qui fut accueilli à la cour de Catherine II, les philosophes comme dHolbach se montraient favorables au despotisme éclairé dans lespérance de voir leurs idées se répandre le plus rapidement possible en touchant directement à la tête de lÉtat[réf. souhaitée]. La suite des événements devait montrer aux Philosophes les limites de leurs ambitions chez des souverains plus despotes quéclairés[réfnécessaire]. Seul Rousseau revendiqua avec constance légalité politique, qui devint par la suite un idéal révolutionnaire.

Représentants des Lumières

France : Pierre Bayle, Étienne Bonnot de Condillac, Nicolas de Condorcet, Denis Diderot, D'Alembert, D'Holbach, Fontenelle, Claude-Adrien Helvétius, Louis de Jaucourt, Jean-François Marmontel, Montesquieu, Marquis de Sade, Voltaire, Buffon, Rousseau

Angleterre : John Locke, Edward Gibbon, Anthony Collins, Henri Saint Jean de Bolingbroke

Écosse : David Hume, Adam Smith, James Boswell, Francis Hutcheson, James Burnett, Lord Monboddo

Allemagne : Friedrich Heinrich Jacobi, Johann Gottfried von Herder, Emmanuel Kant, Gotthold Ephraim Lessing, Moses Mendelssohn

Pologne : Hugo Kołłątaj, Jean Potocki, Ignacy Krasicki

États-Unis : Benjamin Franklin, Thomas Jefferson, Thomas Paine

Italie : Cesare Beccaria, Ferdinando Galiani, Giambattista Vico, Pietro Verri, Alessandro Verri, Antonio Genovesi

Espagne : Leandro Fernández de Moratín, Gaspar Melchor de Jovellanos

Russie : Nikolaï Novikov, Mikhaïl Lomonossov

Suisse : Jean-Jacques Rousseau

Roumanie : Ion Budai-Deleanu, Ienăchiţă Văcărescu, Anton Pann, Samuil Micu, Gheorghe Șincai

La diffusion des Lumières

Les progrès de lalphabétisation et de la lecture[15] permettent le développement de ce quon a appelé un « espace public », les débats intellectuels et politiques dépassent le cercle restreint de ladministration et des élites, impliquant progressivement des secteurs plus larges de la société. Le processus de diffusion des idées nouvelles est amplifié par le progrès des techniques de diffusion de linformation. Les passages de lEncyclopédie sont lus par la noblesse et la haute bourgeoisie dans des salons, les personnes présentes donnent leur avis sur les écrits des philosophes. Les journaux et la correspondance permirent des échanges plus rapides dans toute lEurope, réalisant une nouvelle forme dunité culturelle.

lEncyclopédie

Jean le Rond dAlembert.

Un second changement important dans le mouvement des Lumières par rapport au siècle précédent, trouve son origine en France, avec les Encyclopédistes. Ce mouvement intellectuel défend lidée quil existe une architecture scientifique et morale du savoir, une structure prévalente et ordonnée et que sa réalisation est un moyen de libération de lhomme[16]. Denis Diderot et DAlembert publient à partir de 1751 lEncyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers.

Le processus de diffusion des idées nouvelles se trouva amplifié par le progrès des techniques de diffusion de linformation. Les passages de lEncyclopédie sont lus par les nobles, les ducs, et les bourgeois dans des salons, les personnes présentes donnent leur avis sur les écrits des philosophes. Les journaux et la correspondance permirent des échanges plus rapides dans toute lEurope, réalisant une nouvelle forme dunité culturelle. Ceci ne fut pas sans poser des questions sur la liberté daccès et de diffusion de ces informations. On connaît le rôle joué par la presse dans la diffusion des idées, pendant la Révolution française notamment.

Les salons et les cafés

Articles détaillés : Café littéraire et Salon littéraire.
Une soirée chez Madame Geoffrin de Gabriel Lemonnier

Ce sont dabord les cafés, on lit et on débat, comme le café Procope, à Paris qui sont le rendez-vous nocturne des jeunes poètes ou des critiques qui discutent passionnément des derniers succès de théâtre ou de librairie.

Mais ce sont surtout les salons mondains, ouverts par tous ceux qui ont quelque ambition, ne serait-ce que celle de paraître. Ils sont caractérisés par la mixité intellectuelle ; les gens sy expriment, y trouvent une occasion de satisfaire leur soif de savoir et y entretiennent leur vision du monde. Mais il faut y être introduit. Les grandes dames reçoivent artistes, savants et philosophes. Chaque hôtesse a son jour, sa spécialité et ses invités de marque. Le modèle est lhôtel de Madame de Lambert, au début du siècle.

Les gens de talent sy retrouvent régulièrement pour confronter leurs idées ou tester sur un public privilégié leurs derniers vers. Mondaines et cultivées, les créatrices de ces salons animent les soirées, encouragent les timides et coupent court aux disputes. Ces fortes personnalités, très libres par rapport à leurs consœurs, sont souvent elles-mêmes écrivaines et épistolières.

La mixité est particulièrement réussie en France, au XVIIIe, dans ces « États Généraux de lesprit humain » sépanouit la philosophie des Lumières. Des femmes cultivées, intelligentes y sont de véritables partenaires avec qui on peut remettre en question des idées religieuses, politiques, scientifiques, qui sont capables de donner un élan aux débats ; on cite par exemple lintervention dAnne Dacier dans la querelle des Anciens et des Modernes et les œuvres dÉmilie du Châtelet.

Les Académies, les bibliothèques et les loges

Articles détaillés : Académie et Loge maçonnique.
La Lecture de Fragonard

Les Académies étaient des sociétés savantes qui se réunissaient pour soccuper de Belles-lettres et de sciences et contribuer à la diffusion du savoir. En France, après les fondations monarchiques du XVIIe siècle (Académie française, 1634 ; Académie des inscriptions et belles-lettres, 1663 ; Académie royale des sciences, 1666 ; Académie royale d'architecture, 1671), naissent encore, à Paris, lAcadémie royale de chirurgie (1731) et la Société royale de médecine (1776). Le clergé et, dans une moindre mesure, la noblesse y prédominent.

Ces sociétés provinciales regroupent les représentants de lélite intellectuelle des villes françaises. Leur composition sociale révèle que les privilégiés y occupent une place moindre quà Paris : 37 % de nobles, 20 % de gens dÉglise. Les roturiers constituent 43 % des effectifs : cest lélite des possédants tranquilles qui siège . Marchands et manufacturiers sont peu présents (4 %).

Voisines des Académies, souvent peuplées des mêmes hommes avides de savoir, les bibliothèques publiques et chambres de lecture se sont multipliées, fondées par de riches particuliers ou à partir de souscriptions publiques. Elles collectionnent les travaux scientifiques, les gros dictionnaires, offrent une salle de lecture et, à côté, une salle de conversation. Toutes ces sociétés de pensée fonctionnent comme des salons ouverts et forment entre elles des réseaux provinciaux, nationaux, européens, échangeant livres et correspondance, accueillant les étrangers éclairés, lançant des programmes de réflexion, des concours de recherche. On y parle physique, chimie, minéralogie, agronomie, démographie. Dans les Treize colonies britanniques en Amérique du Nord, James Bowdoin (1726-1790), John Adams (1735-1826) et John Hancock (1737-1793) fondent lAmerican Academy of Arts and Sciences à Boston durant la Guerre d'indépendance des États-Unis. En 1743, Benjamin Franklin fonde la Société philosophique américaine. Au début du XIXe siècle, Thomas Jefferson avait lune des plus riches bibliothèques privées du pays. Parmi les réseaux éclairés, le plus développé est celui de la franc-maçonnerie, quoique réservé aux couches supérieures.

Née en Angleterre et en Écosse, la franc-maçonnerie, groupement à vocation humaniste et initiatique, concentre tous les caractères des Lumières : elle est théiste, tolérante, libérale, humaniste, sentimentale. Elle connaît un succès foudroyant dans toute lEurope lon compte des milliers de loges en 1789. Les milieux civils, militaires et même religieux, liés aux appareils dÉtat, y sont tout particulièrement gagnés. Ni anticléricales (elles le seront au XIXe siècle) ni révolutionnaires, les loges ont contribué à répandre les idées philosophiques et lesprit de réforme dans les lieux politiquement stratégiques. La discussion intellectuelle lemporte sur le caractère ésotérique ou sectaire. Surtout, les élites y font, plus encore que dans les Académies, lapprentissage du primat de légalité des talents sur les privilèges de la naissance.

Les marchands ambulants et la presse

La diffusion des idées des Lumières est également permise grâce aux différents marchands ambulants. En effet, ces derniers, allant de province en province, colportaient les informations et, par extension, les idées aux analphabètes.

La presse a facilité la diffusion des textes philosophiques (notamment lEncyclopédie de Diderot et dAlembert), et a déclenché les processus de la réflexion chez le peuple. La presse contribue enfin à la constitution de lopinion publique, malgré la censure, toujours active. Le Journal des Sçavans, le Mercure de France, les périodiques économiques comme les Éphémérides du Citoyen rédigées par Nicolas Baudeau du parti des Économistes (parti des philosophes politiques ou les Physiocrates comme aussi François Quesnay), sont en fait plutôt ce que nous appellerions des revues. Par le recensement douvrages et par les abonnements collectifs des sociétés de pensée, un public éloigné des centres de création peut prendre connaissance des idées et des débats, des découvertes du mois, sinon du jour.

Linfluence de la Philosophie des Lumières dans les changements politiques

Dès la fin du XVIIe siècle, John Locke avait défini la séparation des pouvoirs entre lexécutif et le législatif[17]. Montesquieu reprit lidée de séparation des pouvoirs et létendit à un troisième pouvoir, le pouvoir judiciaire dans De l'esprit des lois (1748).

Dans les années 1750, on tenta, en Angleterre, en Autriche, en Prusse et en France, de « rationaliser » les monarchies et leurs lois.

Lidée lumineuse dun gouvernement « rationnel » sincarna dans la Déclaration dIndépendance américaine et, dans une moindre mesure, dans le programme des Jacobins au cours de la Révolution française. On peut citer également la Constitution américaine de 1787.

Les Lumières, source de la Révolution américaine ?

Thomas Jefferson, rédacteur de la Constitution des États-Unis.

Cultivé et instruit, Thomas Jefferson, planteur originaire de Virginie, est très marqué par le philosophe anglais John Locke et Jean-Jacques Rousseau. Il préside à lélaboration de la Constitution de Virginie au début de 1776, et en reprend certaines dispositions lorsquil procéde à la rédaction de la déclaration d'indépendance des États-Unis, proclamée le 4 juillet 1776 au congrès de Philadelphie.Il a loccasion de rencontrer les personnalités des Lumières lors de son séjour en Europe. Arrivé au cours de lété 1784, il succède à Benjamin Franklin comme ambassadeur des États-Unis et fréquente les salons littéraires et les libraires de la capitale.

Linfluence de la philosophie des Lumières transparaît nettement dans la Déclaration d'indépendance des États-Unis d'Amérique du 4 juillet 1776 qui proclame que les hommes ont été créés égaux en droit et quils peuvent sopposer à la tyrannie. La Constitution des États-Unis d'Amérique (1787) reprend les principes de Montesquieu de la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, qui forment la base de toute démocratie.

Les Lumières à lorigine de la Révolution française ?

À mesure que se développe lesprit philosophique, dans les salons, les cafés ou les clubs, lautorité monarchique se délite, sapée tant par lopposition aristocratique[18] que par des tentatives de réformes sans lendemain.

Pendant la période révolutionnaire, les idées des philosophes inspirent les débats politiques. La plupart des députés de lAssemblée nationale sont des bourgeois cultivés qui se sont nourris des valeurs de liberté et dégalité. Par exemple, Robespierre est un rousseauiste convaincu. Pourtant, la plupart des philosophes français sont morts avant davoir vu lœuvre de la Révolution française, sauf Condorcet et labbé Raynal qui connaîtront tous des déboires avec la Révolution.

La Révolution française en particulier représente une application violente de la philosophie des Lumières, notamment lors de la brève période de pouvoir des Jacobins. Le désir de rationalité conduit à une tentative déradiquer lÉglise et le christianisme dans son ensemble. Ainsi, la Convention nationale change le calendrier, système de mesure du temps, et le système monétaire, tout en plaçant lidée dégalité, sociale et économique, au plus haut point des priorités de lÉtat[19].

Annexes

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Notes et références

  1. Josiane Boulad-Ayoub : « Ainsi explicitée, adaptée, transformée, la Philosophie a pu servir de garant aux idées et aux valeurs que la Démocratie française propageait sur toute lEurope, et qui, au nom des lois de la République une et indivisible, au nom de la liberté, de légalité, et de la fraternité, faisait trembler les tyrans sur les champs de bataille ou, chez elle, guillotinait le roi » et http://www.univ-paris1.fr/IMG/doc/expos__sur_les__tats_unis_1_.wps.doc - « La vie coloniale (de lAmérique du nord) sorganisa autour de quatre idées inspirées par les philosophes des Lumières : les droits naturels, la hiérarchie de lois (aucune loi des colonies nest contraire à la Couronne ), la séparation des pouvoirs, le contrôle du contre-pouvoir. Ces pensées influenceront les révolutionnaires français de 1789. »
  2. Franc̜ois Pillon, LAnnée philosophique : Bibliothèque de philosophie contemporaine, vol. 13, Paris, Félix Alcan, 1903, 308 p. [lire en ligne (page consultée le 1er décembre 2010)], p. 257 .
  3. Antoine Eugène Genoude, La Raison du christianisme : ou, Preuves de la verité de la religion tirées des écrits des plus grands hommes de la France, de lAngleterre et de lAllemagne, vol. 2, Paris, Pourrat Frères, 1836, 620 p. [lire en ligne (page consultée le 1er décembre 2010)], p. 107 .
  4. J. S. Flotte, Leçons élémentaires de philosophie, vol. 2, Paris, Brunot-Labbé, 1819 [lire en ligne (page consultée le 1er décembre 2010)], p. 226 .
  5. LEsprit des lois, première partie, livre quatrième, Chap. IV « Différence des effets de léducation chez les Anciens et parmi nous. »
  6. Les Origines religieuses de la Révolution française : 1560-1791, Paris, Seuil, 2006, 572 p. (ISBN 9782020855099) 
  7. Patrick Cabanel, Histoire de France, 1750-1995 : Monarchies et républiques, vol. 1, Toulouse, Presses Univ. du Mirail, 303 p. (ISBN 9782858162741) [lire en ligne (page consultée le 2 décembre 2010)], p. 27 .
  8. Voir larticle « IMPIE » dans le Dictionnaire philosophique.
  9. Voir Paul Bénichou, LÉcole du désenchantement. Sainte-Beuve, Nodier, Musset, Nerval, Gautier, Paris, Gallimard, 1992, p. 594.
  10. Lise Andriès, Le Partage des savoirs XVIIIe-XIXe siècles Littérature et idéologies, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2003, p.  148 ISBN 9782729707330.
  11. Michel Le Moël et Sophie Descat, LUrbanisme parisien au siècle des Lumières : Paris et son patrimoine, Paris, Action artistique de la ville de Paris, 1997, 229 p. [lire en ligne (page consultée le 2 décembre 2010)], p. 31 .
  12. L. Hautecoeur, Histoire de l'architecture classique en France, T. III, 1950, T. IV, 1952.
  13. Laugier, Marc-Antoine, Essai sur l'architecture Paris, 1753
  14. Jacques De Cock, Politique des Lumières, Fantasques éditions, 244 p. (ISBN 9782913846166) [lire en ligne (page consultée le 2 décembre 2010)], p. 116 .
  15. Voir Daniel Roche, Le Peuple de Paris : essai sur la culture populaire au XVIIIe siècle, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1998 et Jean de Viguerie, « Une Forme nouvelle de vie consacrée : enseignantes et hospitalières en France aux XVIIe et XVIIIe siècles », Femmes et pouvoirs sous lancien régime, sous la direction de Danielle Haase Dubosc et Éliane Viennot, Paris, Rivages, 1991, p. 175-95.
  16. Voir Jacques Domenech, L'éthique des Lumieres, Vrin, 1989, ISBN 9782711609987.
  17. Adhémar Esmein, Éléments de droit constitutionnel français et comparé, Paris, Sirey, 1921, 600 p. [lire en ligne (page consultée le 1 décemvre 2010)], p. 458 .
  18. Daniel Mornet, Les Origines intellectuelles de la Révolution française (1715-1787), Paris, Armand Colin, 1933.
  19. Prosper Poullet, Les institutions françaises de 1795 à 1814, Paris, Plon-Nourrit, 1907, 975 p. [lire en ligne (page consultée le 1er décembre 2010)], p. 223 .

Bibliographie

Article détaillé : Bibliographie des Lumières.

Articles connexes

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Lumières (philosophie) de Wikipédia en français (auteurs)

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