Histoire Des Ordres Franciscains

Histoire Des Ordres Franciscains

Histoire des ordres franciscains

Giotto : Saint François prêchant aux oiseaux.

La famile franciscaine comprend trois Ordres :

Le Premier Ordre
Le Second Ordre
  • Clarisses (O.S.C.) ou Pauvres Dames Ordo Sanctæ Claræ
  • Clarisses Urbanistes (O.S.C.Urb) Ordo Sanctæ Claræ regulæ Urbani IV
  • Clarisses Colettines (O.S.C.Col) Ordo Sanctæ Claræ reformationis ab Coleta
  • Clarisses Capucines (O.S.C.Cap) Ordo Sanctæ Claræ Capuccinarum
  • Annonciades (O.Ann.M.) Ordo de Annuntiatione Beatæ Mariæ Virginis
  • Franciscaines Conceptionnistes (O.I.C.) Ordo Immaculatæ Conceptionis
Le Tiers-Ordre
  • Ordre Franciscain Séculier (O.F.S.), remplace le Tiers-Ordre franciscain depuis 1978
    • Jeunesse Franciscaine
  • Tiers-Ordre Régulier Franciscain (T.O.R.) Tertius Ordo Regularis Sancti Francisci

L'histoire des ordres franciscain débute concrètement avec la rédaction de la première règle des frères mineurs en 1221 par saint François d'Assise. Elle comprend l'histoire des trois Ordres[1]. Ces ordres ont connu une rapide extension dès leur création au début du XIII siècle. Les trois ordres sont toujours présents et comptent (hier comme aujourd'hui) des personnalités remarquables.

La multiplication des idées mène le premier ordre à des divergences de vue qui, au XVe siècle, pose de graves problèmes. Le Pape Léon X réunit en 1517 les frères mineurs en un unique ordre. L'Ordre franciscain est aujourd'hui l'Ordre le plus important en nombre au sein de l'Église. Le second ordre, les pauvres dames, sera réformé au XIIIe siècle et n'aura pas les perturbations du 1er ordre au XVe. C'est au XIIe siècle que l'ordre atteint son apogée, avant de subir la révolution française de plein fouet. L'ordre se relève au XIXe siècle.

Le Tiers-Ordre Franciscain Régulier est la branche séculière de la famille franciscaine. Les fraternités exercent leur influence dans tous les milieux de la société. En 1978, la nouvelle Règle émise sous le pontificat de Paul VI fixe des règles plus adaptées aux diverses cultures, conformément aux orientations du Concile Vatican II[2].

Sommaire

Introduction

saint François, portrait au Sacro Speco de Subiaco.

« Pourquoi à toi ? Pourquoi à toi ? Pourquoi tout le monde court-il après toi et pourquoi chacun semble-t-il désirer te voir, et tentendre, et tobéir ? » Voilà la question que posait le frère Massée, un peu railleur, à saint François d'Assise (cf. Fior 10). Cest que la personne de François a fasciné des générations entières, et cest peut-être le saint sur qui on a le plus écrit. Pourtant, si François est si populaire, quen est-il de ses frères, de sa famille spirituelle ? On parle toujours de François d'Assise, mieux : on le cite en exemple ; mais ses fils et ses filles, qui sont-ils ? Lesprit franciscain existe-il encore aujourdhui ? Voilà lobjet de cet article : découvrir qui sont les franciscains, à notre époque et dans lHistoire[3].

Antécédents historiques[4]

Le « mouvement de pauvreté »

Une première caractéristique de cette époque féodale est le « mouvement de pauvreté », courant chrétien en réaction à lenrichissement et la politisation de lÉglise.[5]. Il y a dun côté les ordres religieux réformés ou nouveaux (cisterciens, prémontrés) et de lautre de nombreuses sectes, bientôt suspectées et persécutées par lÉglise et lÉtat (vaudois, albigeois, cathares...). Quant à lÉglise, en plus du tort causé par ces sectes, elle sembourbe dans un immobilisme féodal[6].

Les débuts de la scolastique

Un deuxième trait de ce siècle, ce sont les débuts de la scolastique. Après une certaine décadence de la vie intellectuelle, le XIIe siècle amorce un réveil. Anselme de Cantorbéry, Bernard de Clairvaux, Pierre Lombard en sont les acteurs, et cela débouchera sur la grande scolastique de saint Bonaventure et de saint Thomas d'Aquin.

Les mutations de la société

Une troisième caractéristique est que la société passe dune structure purement rurale à un début d'organisation urbaine et communale. Cest lavènement des communes et la naissance de la bourgeoisie. Cest aussi la fin du troc et la domination de largent. « La nouvelle société porte en elle le meilleur et le pire : élan vers plus de liberté et de fraternité, elle est en même temps travaillée par des forces troubles et redoutables qui peuvent se retourner contre elle et la déchirer. »[7]

On passe dun monde stable, lié à la terre, à un monde en mouvement, dun monde basé sur la vassalité à un monde fondé sur lesprit dassociation ; mais cet esprit dassociation ira de pair avec lesprit de gain, de passion de largent et du pouvoir, d de nouvelles inégalités sociales et oppressions.[8]

Le premier ordre : les frères mineurs

François d'Assise et les débuts de lordre

François naît à Assise, en 1182. Il appartient à la bourgeoisie urbaine (son père, Pierre Bernardone, est un riche marchand drapier, roturier) dune cité dimportance secondaire, existent des rivalités entre nobles et bourgeois, catholiques et cathares. Il reçoit une éducation traditionnelle peu adaptée à ce monde nouveau. Il cherche sa voie, rêve de chevalerie, part à 20 ans en guerre avec sa ville contre sa rivale Pérouse, sera fait prisonnier (Assise est vaincue, 1202), reste en captivité un an, puis tombe maladeet peu à peu se convertit.

Il finit par mépriser la gloire et la richesse et, en même temps que grandit sa soif de Dieu, il sapproche des miséreux, lépreux, mendiants. Puis le crucifix de léglise Saint-Damien lui parle : « François, va et répare ma maison qui tombe en ruines. » Il prend ces mots à la lettre, se fait maçon et répare les églises en ruine.

Giotto, Vie de saint François

En 1208 (ou 1209 ?) il entend lÉvangile de lenvoi des disciples en mission (sans doute Mt 10,9 et ss). Trois points se détachent de ce texte : lenvoi des disciples, lexigence de la pauvreté, le message de paix. « Voilà ce que je veux, voilà ce que je cherche, ce que, du plus profond de mon cœur, je brûle daccomplir ! » (1 C 21) Cest la rencontre entre lÉvangile et un homme pleinement de son époque, qui portait dans son cœur tout le bouillonnement de son temps (espérances, et détresses des plus pauvres). Il est enfin fixé sur lorientation de sa vie. Cest lacte de naissance de lordre franciscain ! (Cest effectivement le moment tout le monde saccorde à fixer la naissance de lordre franciscain[9]

Puis, cest limprévu pour François : des compagnons se présentent à lui pour partager son style de vie. Ce sont des jeunes dAssise ou des environs, surtout des laïcs. Ils vont alors à Rome faire approuver par le pape Innocent III leur mode de vie. Cest vers cette époque que François choisit comme nom les « frères mineurs », c'est-à-dire les petits, les soumis à tous, les derniers de tous.

Caractéristiques de lordre à ses débuts

Le fondement même de lesprit franciscain est celui-ci : plaire au Christ et lui ressembler. Le franciscain est dabord celui qui regarde et écoute le Seigneur Jésus, qui se conforme à sa vie et à sa parole. LOrdre franciscain est encore plus un ordre dimitateurs du Christ que de prédicateurs : « La règle de vie des frères est la suivante : vivre dans lobéissance, dans la chasteté et sans aucun bien qui leur appartienne ; et suivre la doctrine et les traces de notre Seigneur Jésus-Christ. » (1 Reg 1,1) et « La règle de vie des Frères Mineurs est la suivante : observer le saint Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ. » (2 Reg 1,1)

Mais concrètement, que signifie pour les premiers frères dobserver le saint Évangile ? On peut dégager quelques points importants[10].

L'aspect missionnaire

Cette forme de vie propose comme modèle la vie des disciples envoyés en mission par le Christ. Les membres de la communauté nont pas de demeure fixe. La mission, lannonce de la Bonne Nouvelle exige une grande liberté de mouvement, elle voue à une vie itinérante. Effectivement les premiers compagnons de François d'Assise sont souvent sur les routes. Quand le nombre des frères sera plus grand, François en enverra en Allemagne, Espagne, France, Hongrie, Syrie, et au Maroc. Lui-même voudra aller en France (mais le cardinal Hugolin len empêchera) et en Égypte, avec les croisés (mais pas pour guerroyer ; il déplorera le sang versé et tentera de convertir le sultan, Melek-el-Kamel). Tous les frères ne prêchent pas mais tous sont envoyés comme témoins de la Bonne Nouvelle.

La Règle de 1221, puis celle de 1223, consacrent un chapitre entier sur « la manière de voyager par le monde ». Cest dire si le voyage et la mission font partie de la vie des frères.

La pauvreté

Giotto : saint François renonce aux biens terrestres.

La pauvreté franciscaine nest pas dabord ascétique (« Moins je possède, plus je me possède. »), ni dabord apostolique (« Plus je me détache des biens de ce monde, plus je suis libre pour aller vers les autres. »), elle est de nature essentiellement mystique : si François est pauvre, cest quil aime le Christ et que le Christ fut pauvre (cf. 1 C 7 et 2 C 55). Les frères refusent les bénéfices ecclésiastiques. Ils vivent de leur travail chez les gens de la région ils passent, ou de laumône. Cependant ils sont tenus de refuser tout argent. François est formel sur ce point, il ne fera exception que pour les malades (cf. 1 Reg 8,1-12). Il avait bien vu que largent dans cette société nouvelle pervertissait les relations humaines, conduisait trop vite à la tentation du pouvoir. Les frères vivent cette pauvreté non pas comme un poids mais comme un honneur, une fierté, en communion avec le Christ qui navait pas une pierre pour poser sa tête.

Cf. 2 C 55 : « Jamais on ne vit un homme plus avare de son or que lui (François d'Assise) de sa pauvreté. [...] Son habit pauvre disait éloquemment quil avait accumulé ses richesses ailleurs que sur terre. Voilà pourquoi il était joyeux, voilà pourquoi il avait lâme en paix. »

La fraternité

Le groupe des frères rejette toute domination et toute préséance dans les relations entre eux. Les chapitres généraux seront démocratiques, contrairement aux autres chapitres monastiques de lépoque. Même François d'Assise ny aura pas une voix prépondérante, il ne tranchera pas au moment des décisions à prendre. « Sur aucun homme, mais surtout sur aucun autre frère, nul frère ne prévaudra jamais daucun pouvoir de domination. » (cf. 1 Reg 5,9) François refuse la préséance de labbé, il crée la fraternité. Le terme "Ordre" viendra plus tard, selon le vocabulaire de lépoque. Ce style nouveau de rapports humains est libérant, et cest ce qui contribuera sans doute le plus au succès rapide et immense de la Fraternité franciscaine, à son accroissement. Cétait ce que les communes aspiraient à réaliser, mais en vain à cause du règne de largent.[11]

Frères mineurs

« Si mes frères ont reçu le nom de petits (mineurs), cest pour quils naspirent pas à devenir grands, leur vocation est de rester en bas et de suivre les traces de lhumilité du Christ. » (2 C 148) À lépoque, le mot minores a une signification sociale (le petit peuple). Aussi lhumilité requise a également une dimension sociale : aucun pouvoir de domination des frères entre eux et dans la société. Dans la première Règle, on demande aux frères qui travaillent chez autrui de ne pas accepter un emploi qui leur donnerait puissance sur les autres hommes et les assimilerait à la classe dirigeante et dominante : trésorier, chancelier, intendantEt on ajoute : « [Chacun] se fera petit et soumis à tous ceux qui habitent la même maison. » (1 Reg 7,1-2)[12]

Obéissance à lÉglise

Cimabue : saint François à côté de la Vierge à l'Enfant.

Ce nest pas seulement dans la société civile que les frères veulent être des « mineurs », mais également au cœur de lÉglise. Cest précisément cette obéissance toute filiale à lÉglise qui les distingue des sectes de lépoque. François navait pas le monopole de lidée dun retour à lÉvangile (avec ce que cela impliquait : pauvreté, fraternité, mission). Dautres lont eue avant lui. Mais lui ne sérige pas en censeur de lÉglise. Il en voit les abus et en souffre, mais lui et ses compagnons ne se prennent pas pour des « purs » ou des « authentiques ». En fait, ils nen ont même pas lidée. Rien dans les écrits de François d'Assise nexprime une attitude de juge face à lÉglise, aucune contestation, mais bien[13] un très grand respect de lInstitution et une volonté clairement exprimée de soumission filiale.[14]

Conclusion

La grande caractéristique de François et de ses premiers compagnons, cest quils ont su entrer dans le "mouvement de pauvreté" et dans les aspirations des laïcs sans se révolter contre les prélats. De plus, aux croisades ils ont préféré substituer lévangélisation, et constituent par le premier ordre missionnaire (avec les Dominicains). François d'Assise et Claire d'Assise ont également beaucoup contribué à restaurer le clergé séculier par lexemple de leur culte pour leucharistie.

On peut encore préciser quelques caractéristiques :

La joie

Joie dimiter le Christ (Cf. 2 C 17) ; la joie est la meilleure défense contre le démon (2 C 125) ; lenseignement à frère Léon sur la joie parfaite (Fior 8) ; la joie du bien que le Seigneur opère dans les autres ; et surtout la joie paisible de ceux qui se savent « fils du Très-Haut » ; du devoir enfin dêtre joyeux en communauté : « Que les frères aient bien soin de ne pas affecter un air sombre, une tristesse hypocrite ; mais quils se montrent joyeux dans le Seigneur, gais, aimables et gracieux comme il convient. » (cf. 1 Reg 7,16 ; et aussi 2 C 128)

Lesprit cosmique

Cest un peu la synthèse de tous les points précédents. La fraternité sétend finalement à toute la Création, et pas seulement aux pauvres. Cf. Mc 16,15 : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la Création. » Cf. aussi deux des épisodes les plus célèbres de la vie de François d'Assise : le Cantique des Créatures et la conversion du loup de Gubbio (Fior 21). Dans la Bible il y a déjà le Cantique des Trois Enfants (Dn 3: toute la Création est invitée à louer Dieu. Mais François va plus loin que lauteur sacré. Quand il compose ce Cantique à la toute fin de sa vie, il sadresse aux créatures en les nommant frères, sœurs. Il fraternise avec toute la Création. Toute sa vie et son enseignement ne visent quà adhérer au Christ et à entraîner toute la Création dans cette adhésion.

Le Moyen Âge franciscain

Vincenzo Foppa : saint François reçoit les stigmates.

Très vite il y a des problèmes internes à lorganisation de lOrdre. Sa croissance a sans doute été trop rapide : partis à une douzaine en 1209 pour faire approuver à Rome leur mode de vie, les frères se retrouvent à 5000 en 1220. Et l’« Ordre des frères mineurs » sétend vite et loin : en 1217 des provinces sont fondées en Allemagne, Espagne, France, Hongrie, Syrie ; en 1224, en Angleterre. Dès la mort du fondateur, les difficultés qui avaient surgi de son vivant sur lobservance de la Règle (la deuxième Règle des Frères Mineurs, approuvée par le pape en 1223) prennent plus dimportance, surtout en ce qui concerne la pauvreté. Les supérieurs prennent des décisions, contestées par les compagnons de la première heure, et le pape intervient : la bulle Quo elongati (1230) est un premier essai de solution, mais cest aussi la première brèche ouverte dans lidéal de la pauvreté.[15]

À ce stade, il existe deux tendances dans lOrdre : une première tournée vers la passé, prête à nier la réalité de lévolution pour conserver une fidélité statique à lidéal primitif, refuse toute interprétation de la Règle. Ces sont les premiers compagnons de François et leurs disciples. On les appelle les zelanti. Lautre tendance, plus tournée vers lavenir, est prête à accepter les interprétations de la Règle qui permettront de faire face aux situations nouvelles, dans une fidélité dynamique à lidéal primitif. Cest la majorité de lOrdre. La première tendance opte résolument pour la vie dans de petits ermitages, la seconde est favorable à de grandes communautésainsi on appellera ces frères la Communauté.

Dautres problèmes surgissent, à cause de lextension de lordre et de situations nouvelles non prévues par la Règle et la bulle. Les tendances se durcissent, et les zelanti sorganisent (surtout en Provence et Toscane) jusquà former un parti, le parti des Spirituels. Ce qui définit les Spirituels, cest que non seulement ils refusent toute interprétation de la Règle, mais ils dénient même au pape tout pouvoir de le faire. On peut dire aussi quils accordent plus de prix à la pauvreté quà lobéissance, et même à la charité. La Communauté accepte la vie de clercs étudiants et prêcheurs de doctrine, les Spirituels veulent garder lidéal dune fraternité de religieux et mendiants. Il faut dire que depuis 1220 il y a une entrée en masse de clercs dans lOrdre. Le chapitre de 1239 verra le triomphe du parti des clercs.

En 1257, Bonaventure de Bagnorea devient le ministre général. Maître à luniversité de Paris, la sainteté de sa vie ne permet aucun doute sur sa fidélité franciscaine ; sa sagesse le place dans le rang des modérés. Cependant, nayant pas connu François d'Assise, n'ayant pas été formé par lui, il laisse de côté une bonne partie de lidéal non-conformiste de celui-ci. Il aggrave la « cléricalisation » en alignant lOrdre sur les usages monastiques traditionnels (ce que François a toujours refusé, cf. LP 114), par les Constitutions de Narbonne (1260), commentaire de la Règle. Mais même si lon regrette quil ait fait si peu de place aux éléments essentiels de lintuition de François d'Assise, on doit reconnaître que laction de Bonaventure fut bénéfique.

Quoi quil en soit, les franciscains passent dun Ordre mendiant à un Ordre intellectuel les maîtres abondent : Bonaventure de Bagnorea, John Duns Scot, Guillaume d'Occam, Antoine de Padoue, Roger BaconCe sont eux qui simposent et cela mécontente bien des gens.

Une autre réalité, cest la lutte du clergé séculier contre les Ordres mendiants. Le clergé séculier prend ombrage des privilèges dont ces derniers jouissent, ainsi que de linfluence grandissante quils exercent sur les fidèles. De plus, du fait que les frères mineurs deviennent un ordo studens, des rivalités surgissent entre eux et les frères prêcheurs.[16]

À la fin du XIIIe siècle, lOrdre, réorganisé, apparaît comme le corps religieux le plus imposant de la chrétienté. Le Saint-Siège y puise en abondance pour pourvoir lÉglise en cardinaux, évêques, légats, pénitenciers, et même inquisiteurs. Pourtant, la première moitié du XIVe siècle aurait pu être fatal à la « famille » franciscaine. Dabord à cause des abus : ça devient une mode pour les frères de réclamer des bénéfices et des prélatures. En cent ans, on compte 568 évêques franciscains, presque tous sans diocèse réel. Les bullaires abondent en noms de Mineurs exemptés par le Saint-Siège des devoirs de la sainte Pauvreté. En plus de ce relâchement qui abaisse la qualité, les guerres et les épidémies réduisent la quantité (lItalie perd à elle seule plus de 30 000 frères mineurs).

À lintérieur de lOrdre, les vieux compagnons de François et leurs disciples ressentent une grande tristesse de voir ainsi évoluermourir, disent-ilslidéal primitif. De longues procédures, la justice ne sera pas toujours respectée, sont entreprises par la Communauté contre les Spirituels. Ces derniers tombent eux-mêmes peu à peu dans linsoumission au pape et lhérésie. Finalement Jean XXII condamne définitivement ce mouvement en 1317.[17]

Le temps était cependant venu ce quil y avait de meilleur dans le mouvement des Spirituels allait refleurir dans la réforme de lObservance. En effet, pendant que lÉglise subit le Grand Schisme d'Occident (1378-1417), le retour à lobservance primitive de la Règle de Saint François se dessine. Ceci déclenche à nouveau une querelle entre le gros de lOrdre (les Conventuels) et ceux quon va bientôt appeler les Observants. Mais le mouvement de lObservance saffirme, sétend et simpose, sous limpulsion de gens comme Colette de Corbie (1381-1447) et Bernardin de Sienne (1380-1444). En 1517, Léon X, par la bulle Ite et vos, unit sous le nom de « Frères mineurs de la régulière observance de S. François » tous les réformés, et sépare les Conventuels des Observants, tout en retirant aux Conventuels la juridiction générale de lOrdre et en la confiant au ministre général de lObservance.

Malgré toutes ces difficultés, lOrdre na pas cessé de sétendre : Pays-Bas (1228), Dalmatie (1235), Pologne (1237), Albanie et Monténégro (1240), Scandinavie (avant 1250)… sans parler des fondations purement missionnaires en Perse, Chaldée, Inde, Chine, GuinéeOn trouve des franciscains, dans les cours, à la ville, à la campagne, sur les routes de Chine et dans les caravelles vers le « Nouveau Monde ». En 1316 on compte plus de 1 400 couvents et 35 000 religieux.

De plus, ils prennent une place considérable dans lenseignement et lexpérience spirituelle de lÉglise. François d'Assise le premier se montre un vrai maître de vie spirituelle, Bonaventure de Bagnorea lance toute une scolastique...

Enfin, il y a lapport considérable de lOrdre à la liturgie. Aymon de Faversham, ministre général de 1239 à 1244, compile des livres liturgiques qui seront utilisés par la liturgie romaine jusquà la réforme de Vatican II, sept siècles plus tard (1965). Jean de Parme, ministre général de 1247 à 1257 fixe les rites de la messe . Le pape Pie V, dominicain, donne définitivement à l'Église le bréviaire franciscain (1568), puis le missel franciscain (1570). On doit aussi aux frères mineurs la fête de la Visitation, la crèche de Noël (lidée vient de François d'Assise, trois ans avant sa mort ![18]), lAngélus, le Stabat Mater...

Les temps modernes et notre époque

Les Observants

Florence, Santa Trinita, Chapelle Sassetti : confirmation de la règle franciscaine.
Fresque du couvent de Montefalco.
Saint François aborde la côte dalmate (Monastère franciscain de Zagreb)

La bulle Ite et vos de 1517 assure théoriquement lunité de lOrdre. Mais la soumission du ministre général des Conventuels à celui des Observants devient rapidement caduque, et les Conventuels se conduisent comme un Ordre autonome. Par ailleurs, beaucoup de mouvements franciscains réformés supportent mal dêtre réunis aux Observants, perdant ainsi leur esprit, leurs usages, leur indépendance. Parmi ces réformés, certains insistent pour former des couvents de récollection (ce que la bulle permettait explicitement). Et cela conduit à de nouveaux mouvements de réforme.

LObservance se diversifie donc en plusieurs groupes, obtenant des « vicaires généraux » pour leur assurer une certaine autonomie et les représenter aux chapitres généraux de l'Observance. Les principaux sont :

Lexistence de ces groupes autonomes au sein de lObservance ne détruit pas son unité, malgré quelques controverses de temps à autre. Bien quayant des constitutions particulières, tous ces groupes obéissent au ministre général de lObservance. À la fin du XVIIIe siècle, lObservance compte plus de 77 000 membres.

Toutefois lOrdre connaît un affaiblissement général de la vie religieuse au siècle des Lumières et subit la Révolution française (ce sera vrai aussi pour les franciscains conventuels et les capucins). Mais il se reconstitue peu à peu au XIXe siècle.

En 1897, par la bulle Felicitate quadam, Léon XIII supprime les dénominations dAlcantarins, Riformatiet réunit toutes les congrégations de lObservance sous le nom de lOrdre des Frères Mineurs, OFM (dits « franciscains » en France).

À cause de leur idéal religieux de dépouillement total, les réformes de lObservance ont souvent délaissé les études. Mais il y aura quand même des centres détudes, fondés à Rome (1625 et 1884), Anvers (1768), Jérusalem (1925), et plus récemment aux États-Unis à New York, en Espagne, en Colombie, en Allemagne.

Mission franciscaine à Chimayo.

Les missions de lOrdre ont surtout fleuri en Amérique latine, grâce à lappui des rois dEspagne et du Portugal ; les Récollets ont été appelés au Canada (1619 et 1679) ; cest un observant, qui fonda la ville de San Francisco en hommage au fondateur de l'ordre; et un autre, le bienheureux Junipero Serra qui au XVIIIe siècle, organisa les missions de Californie (alors espagnole), devenues depuis les principales villes de la côte ouest des États-Unis. Les observants sont allés au Japon, au Tonkin, en Chine. Parmi les six premiers évêques chinois sacrés par Pie XI (1926), quatre étaient Franciscains.[19]

En 1955, lOrdre comptait 2486 couvents et 26061 religieux.

Les Conventuels

Ils sont historiquement la continuité de lancienne Communauté organisée par saint Bonaventure.

Quand le pape Léon X publie la bulle Ite et vos (1517), il n'envisageait la survivance de la Conventualité que comme une tolérance provisoire, pensant quelle serait plus tard supprimée, quand la plupart des Conventuels auraient embrassé la réforme. Avec la bulle il les réorganise et les encourage le plus possible à la réforme. Pie V projette même (1568) de les réunir avec les Observants, mais une vive opposition le fait renoncer à ce projet. Mais Sixte V (élu en 1585), ancien général des Conventuels, travaille à la réforme intérieure de lOrdre. En fin de compte, les Conventuels se stabilisent et se réforment, sans entrer toutefois dans des réformes continues et des diversifications comme les Observants. Eux aussi subissent le contre-coup de la Révolution française. Disparus de France à la fin du XVIIIe siècle, ils ne parviendront pas à sy réimplanter, dès le XIXe siècle comme les Observants et les capucins. Cependant ils sont présents en deux communautés, à Narbonne et à Cholet depuis quelques années.

Ils sont connus aujourdhui sous le nom dOrdre des Frères Mineurs Conventuels (OFM. Conv.).

Leur influence intellectuelle se signale par la fondation de huit facultés de théologie du XVIe au XIXe siècle.

Les conventuels ont tenu un bon rang dans la piété populaire. Leur influence dans les préservations contre les hérésies fut grande, jusquà notre époque avec la "Milice de Marie Immaculée" fondée en 1917 par Maximilien Kolbe en Pologne. Actuellement, ils soccupent beaucoup de la pastorale dans les paroisses.

En 1953 on trouvait des missionnaires conventuels en Afrique, Chine, Japon, Indonésie, Turquie, Grèce, Roumanie, Bulgarie, Danemark et dans cinq pays dAmérique latine. Ce sont eux qui gèrent la basilique Saint-François d'Assise à Assise (traité de Latran 1929).

En 1954, lOrdre comptait 3650 membres, et 512 maisons. Ils sont revenus en France en 1949 ils ont quatre maisons.

Les Capucins

Le Père Joseph du Tremblay, fameuse éminence grise
Padre Pio jeune.

Revenons encore une fois en 1517. Certains trouvent que les formes de vie présentes (la Conventualité, héritée de S. Bonaventure, et lObservance, héritée de S. Bernardin - qui est loin bien sûr den être lunique auteur mais qui en est le principal représentant) sécartent de celle adoptée par François et ses premiers compagnons. Ils veulent revenir aux origines, sur trois points notamment : abandon des grands couvents urbains pour de petits ermitages, suppression des études théologiques, transformation de lhabit imposé par Bonaventure. En 1525, Mathieu de Basci, jeune observant, obtient du pape lautorisation de réaliser ce programme. Les émules affluent.

Les premiers Capucins (appelés ainsi à cause du capuce long et pointu quils portaient à lexemple de M. de Basci) sont à la fois ermites, mendiants et prédicateurs populaires. Malmenés par les Observants à cause de leurs idées séparatistes, ils demandent au pape à être soustraits de leur juridiction : Clément VII, par la bulle Zelus religionis (1528) accède à cette requête mais les soumet au général des Conventuels et met quelques entraves au recrutement : interdiction de recevoir des Observants et de fonder hors dItalie. Malgré cela lOrdre se développe et les Capucins se font connaître et apprécier largement au concile de Trente (1545-1563). LOrdre reste encore victime de bien des attaques des autres Mineurs et Paul V doit déclarer que les Capucins sont dauthentiques fils de S. François (1608). Puis le même pape finit par leur donner leur indépendance complète (1619, presque un siècle après la bulle Zelus religionis). Ils ont désormais leur propre ministre général, égal en droits à ceux des autres frères mineurs.

En France lexpansion des capucins est prodigieuse ; ils recrutent dans les plus nobles familles, tout en étant très populaires. En 1761 ils comptent au total 1730 couvents et 34029 religieux. Avec la Révolution française il ny aura pratiquement plus un seul couvent de Capucins en France. Ils sy réinstalleront peu à peu.

Ils sont toujours désignés aujourdhui sous le nom dOrdre des Frères Mineurs Capucins (O.F.M. Cap.). En France, le plus célèbre d'entre eux est l'abbé Pierre.

Leur influence intellectuelle sest surtout fait sentir en Écriture sainte.

La première orientation des missionnaires capucins a été le monde méditerranéen et oriental (Égypte, Grèce, Levant) puis lopposition au protestantisme. Les Capucins sont allés au Brésil (1612), au Canada (1632), aux Antilles (1636), au Sénégal (1637), en Éthiopie (1638), au Dahomey (actuellement le Bénin) (1643), au Congo (1645), à Saint-Domingue (1659), en Inde (Pondichéry 1632, Madras 1642, Lhassa 1707)...

La prédication et lorganisation des missions paroissiales a toujours été et reste la grande activité des capucins. Moins connu est leur rôle dans la lutte contre certains fléaux : nombreuses léproseries missionnaires, organisation de lutte contre les incendies à Paris, contribution aux soins des pestiférés. Les capucins ont abandonné petit à petit les privilèges qui avaient motivé leur sécession : ils ont repris la vie communautaire, les bibliothèques et les études théologiques, ils forment des prêtres et même des érudits. En gros, leur statut est celui des franciscains, à cela près quils observent dans le matériau des couvents, la proportion des églises, les ustensiles du réfectoire, une plus grande pauvreté.

En 1955, lOrdre comptait 1 136 couvents et 14 839 religieux. Deux capucins furent célèbres à notre époque : le Padre Pio et l'abbé Pierre.

Et aujourd'hui ?

Aujourdhui, le concile Vatican II fait aux trois ordres lobligation de sadapter, aussi bien dans leur vie privée ou collective que dans leurs apostolats multiples. Depuis 1967, des chapitres spéciaux ont rénové les constitutions propres à chaque Ordre. Lorientation de base de ce renouvellement est la recherche dune vie de fraternité, au lieu de la « monasticisation » traditionnelle, mais peu fidèle aux origines de 1209-1220. Franciscains, et capucins surtout, tendent à renoncer aux grands couvents, pour vivre mêlés au monde en petits groupes.

Notons aussi quen sept siècles, la famille de François d'Assise a donné à lÉglise 2 500 évêques, 90 cardinaux et 5 papes. À notre époque le clergé séculier a acquis tant de valeur, un tel service semble beaucoup moins utile.

Les frères de saint François (mineurs, conventuels et capucins) forment actuellement la famille de religieux la plus importante au sein de l'Église catholique (en termes de nombre de frères). Aucune autre famille religieuse n'a autant de membres (jésuites, bénédictins, dominicains, salésiens de don Bosco, frères des écoles chrétiennes, rédemptoristes, lazaristes, cisterciens, chartreux, carmes, prémontrés, prêtres du Saint-Esprit).

Le second ordre : les pauvres dames

Sainte Claire et les débuts de l'ordre

Simone Martini : sainte Claire d'Assise

Claire Offreduccio di Favarone est née à Assise en 1193, dans une famille noble, ce qui la rapproche peu de saint François. Ses parents veulent la marier à deux reprises, mais elle refuse. Touchée par la conversion de François, elle parvient à le voir plusieurs fois en cachette. Le soir du dimanche des Rameaux 1212, Claire quitte en secret le château familial et rejoint François et les frères à la Portioncule, et entre en religion. Cest à ce moment quon fixe le début de lOrdre des Pauvres Dames. Le choix de Claire est très mal vécu par sa famille. Pourtant, quinze jours plus tard, sa sœur Agnès la rejoint.

François les établit à léglise Saint-Damien et leur écrit uneForme de Vietrès courte (huit lignes !) il leur donne comme consigne « dadopter une vie conforme à la perfection du saint Évangile » (la pauvreté en fait bien évidemment partie), et leur promet son assistance spirituelle et celle des frères.[20] Dans ses tous derniers jours, François écrit aux sœurs : « Moi le petit frère François, je veux imiter la vie et la pauvreté de notre très haut Seigneur Jésus-Christ et de se très sainte Mère, et jy veux persévérer jusquà la fin. Vous aussi, mes Dames, je vous prie et conseille de vivre toujours de cette très sainte vie et pauvreté. [...] » (Claire a inséré ces deux passages dans sa Règle.)

LOrdre se développe rapidement, sous linfluence des frères mineurs et par la cession de plusieurs abbayes bénédictines.

Caractéristiques de l'ordre à ses débuts

La basilique Sainte-Claire à Assise.

En vérité, cest la même inspiration qui guide sainte Claire et saint François. [21] Ainsi Claire et ses sœurs partagent vraiment lidéal évangélique de François, elles sont prêtes à suivre la même voie : pauvreté, fraternité, humilité, obéissance à lÉglise.

Mais les sœurs vont vivre cela différemment des frères. En effet, Claire a senti quelle et François avaient à réaliser le même idéal, mais sous des formes différentes et complémentaires. À François et à ses frères, il appartient de vivre cet idéal sur les routes en annonçant la Bonne Nouvelle, tandis quil est réservé à Claire et à ses sœurs den faire lexpérience, comme la Vierge Marie, dans laccueil et le silence de la prière.

Aussi les sœurs demeurent dans une grande pauvreté et cloîtrées. Elles vivent du travail et des aumônes apportées par les gens de la région ou par les frères. Certains frères mineurs sont chargés de faire laumône pour elles, puisquelle ne peuvent pas sortir de la clôture (excepté quelques sœurs.[22]

Claire est aussi très soucieuse de la filiation spirituelle de lOrdre des Pauvres Dames à celui des Frères Mineurs[23]. Elle promet de plus, pour elle et ses sœurs, obéissance à François et à ses successeurs. Ses écrits témoignent bien de cette détermination dobéir au pape (dabord) et à François et ses successeurs ensuite.[24]

Du Moyen Âge à nos jours

Sainte Claire reçue dans l'ordre des pauvres dames par saint François (enluminure).
Tunique de sainte Colette de Corbie

Comme on la déjà dit, lexpansion de lOrdre est rapide, en France également. Mais sainte Claire d'Assise va vivre bien eds difficultés. En 1215, le concile Latran IV interdit la rédaction de nouvelles règles de vie religieuse. On impose à Claire dadopter la règle de saint Benoît, et François doit insister pour quelle prenne le titre dabbesse (elle refusait par humilité). Cependant Innocent III lui accorde en 1216 le "privilège de pauvreté" (c.-à-d. le droit de vivre pauvre, sans propriétés légales et sans revenus) quelle demandait.

Néanmoins, en 1218, le cardinal Hugolin écrit lui-même des constitutions pour les Pauvres Dames : il insiste beaucoup sur les observations strictes, pour les clôtures, le silence, le jeûne et la mortification ; rien nest dit sur la pauvreté évangélique et lappartenance à la famille de François. Claire et le monastère Saint-Damien restent fidèles à la Forme de Vie de François, malgré les pressions officielles. Les monastères linfluence de Claire est plus directe font de même.

Hugolin, devenu le pape Grégoire IX, réalise un des plus grands désirs de Claire en confirmant lassistance spirituelle du deuxième Ordre par le premier (1227). En 1228 il essaie damener Claire à renoncer au privilège de pauvreté. Mais la sainteté manifeste de Claire, quil vénère, lemporte, et il confirme le privilège.

Cependant, dans dautres monastères, Grégoire IX puis Innocent IV imposent aux Pauvres Dames de recevoir propriétés et biens. En 1247, Innocent IV publie une nouvelle règle : elle maintient la propriété en commun et sanctionne les dispenses accordées contre la haute pauvreté. Dans son attachement héroïque à François, Claire rédige alors elle-même une règle. Le 9 août 1253, Innocent IV vient lui rendre visite et approuve enfin sa Règle (bulle Solet annuere). le 11 août, sainte Claire, qui était très malade, meurt, la bulle en main. Cest la première fois quune femme écrit une règle pour un ordre.

Il va y avoir des changements, et des bouleversements dans lOrdre. Mais cela ne prendra jamais le même caractère dramatique que chez les frères. Il y aura des luttes, mais pas cette rivalité qui peut exister pendant des siècles entre deux ou trois fractions du même Ordre. Ce nest pas si étonnant : dans les Ordres actifs, fortement centralisés, tout changement local constitue une menace pour lunion et le fonctionnement collectif ; au contraire, dans un institut contemplatif, lautonomie des monastères permet de réaliser sans troubles des réformes ou des fondations originales.

La vie des premières clarisses est très austère. Certaines jeunes femmes de santé plus délicate, désireuses dentrer dans la famille franciscaine, demandent des statuts plus compatibles avec leur constitution physique. Du vivant de Claire et avec sa bénédiction, la bienheureuse Isabelle, sœur de saint Louis, fonde un monastère à Longchamp avec une règle plus modérée, due en partie à saint Bonaventure. Urbain IV lapprouve en 1263 et dautres couvents vont ladopter (en France et en Angleterre).

Pendant tout ce temps, lexpansion continue. En 1234, la Bse Agnès ouvre un couvent à Prague. À la fin du XIIIe siècle, il y a cinquante couvents de clarisses en Espagne ; il y a des clarisses à Bruges (1240) et Ypres (avant 1256), en Pologne (1255), en Angleterre (1295), à Chypre (avant 1290). En 1384, on comptera 404 couvents et 15 000 religieuses.

Au début du XIIIe siècle lOrdre sassocie aux mouvements de réforme chez les frères. Il est vrai que beaucoup de couvents de Clarisses sétaient relâchés, à cause du Grand Schisme d'Occident et des fondations princières, opposées à lesprit de pauvreté. Le ministre général des frères mineurs et le pape favorisent la réforme chez les Clarisses. Les grands saints de lObservance (Bernardin de Sienne, Jean de Capistran, Bernardin de Feltre...) sen occupent. À cette époque la plupart des monastères suivent la Règle approuvée par Urbain IV. LObservance retourne à la Règle de sainte Claire, en ajoutant parfois plus daustérité.

En même temps, sainte Colette de Corbie (1381-1447) fonde sa réforme particulière, en France et en Belgique. Benoît XIII lui a donné son accord. Dans les monastères quelle fonde, elle introduit lobservance stricte de la Règle de sainte Claire plus des Constitutions particulières. Pie II approuve ses constitutions en 1458. La réforme des Colettines va aussi sintroduire en Espagne et par dans toutes les colonies espagnoles du Nouveau Monde. Laction de Colette sur le deuxième Ordre a été considérable et se maintient encore aujourdhui.

Enfin, la Vén. Marie-Laurence Longo (1463-1542) fonde à Naples les Clarisses Capucines. Elles observent la Règle de sainte Claire, avec les constitutions de sainte Colette ou celles de Jérôme de Castelferretti (général des Capucins 1599-1602). Paul III approuve la fondation en 1538.

Comme pour les frères, les Clarisses sont partout : îles Madère (1436), Mexique (1579), Panama, Pérou, Bolivie (1639), Philippines (Manille, 1621), Chine (1634).

Au XVIIe siècle, lOrdre atteint son apogée. Lobservance est austère. En 1680, on compte 925 couvents et 34 000 religieuses. Mais la Révolution française sera un vrai « raz-de-marée », tous les couvents de France vont disparaître. Napoléon supprime les instituts religieux en Italie (1810). LOrdre en Europe est au bord de la ruine. Il se relève cependant au XIXe siècle. LOrdre se répand aussi dans les pays de mission : Philippines, Australie (1883), Maroc, Algérie, Terre Sainte.

LOrdre des Pauvres Dames a exercé sur lÉglise une profonde influence spirituelle. Dans ses monastères, une bonne partie de la noblesse royale et princière dEurope sest vouée à la pauvreté. Les clarisses ont aussi joué un rôle considérable dans léducation de la jeunesse et lapostolat missionnaire du Nouveau Monde.

En 1949, on comptait 512 couvents et 12 457 religieuses. (Pour les Clarisses Capucines : 91 couvents.) Chaque monastère est indépendant, c'est-à-dire quil nexiste dans lOrdre ni administration centrale ni province. Les monastères sont rattachés par affiliation spirituelle à lOrdre des frères mineurs (c'est-à-dire les franciscains) - les Clarisses Capucines le sont aux Frères mineurs capucins. Les monastères actuels suivent soit la règle approuvée par Urbain IV (Clarisses Urbanistes) soit celle de sainte Claire, avec les Constitutions de Sainte Colette (Clarisses Colettines). La plupart des couvents en France appartiennent à la branche colettine. Enfin, on peut compter comme appartenant au second Ordre les religieuses Conceptionnistes, fondées au XVe siècle par la Bse Béatrix de Silva et, dans une certaine mesure, celui des sœurs de l'Annonciade, fondé par sainte Jeanne de France, fille de Louis XI.

LOrdre Franciscain Séculier (OFS)

(selon la nouvelle Règle de 1978) (autrefois Le Tiers ordre séculier)

Dès le XIe siècle apparaissent dans lÉglise des confréries de laïcs qui sappliquent à mener une vie évangélique tout en restant dans le monde, mais cest à François que revient la fondation du premier Tiers Ordre proprement dit (1221 ?), destiné à tous ceux qui, bien quobligés de rester dans le monde, aspirent à mener une vie parfaite, à limage des frères ou des Pauvres Dames.

LOrdre de la Pénitence (appelé ainsi à ses débuts) comprend des clercs et des laïcs, des hommes et des femmes, des gens mariés et des célibataires, qui vivent dans le monde et conservent leurs biens. Ils doivent éviter tout luxe du vêtement et de la table, toute dépense superflue, tout orgueil de sang ou de situation ; les riches doivent traiter les pauvres comme leurs égaux. Les tertiaires jeûnent deux fois par semaine, doivent réciter les offices, visiter leurs frères malades et assister à leur enterrement, sengagent à payer la dîme et à ne pas porter darmes. Cette dernière clause désorganisera les milices communales en Italie et raréfiera les guerres locales.

Le mouvement se répand rapidement, surtout dans les villes, et exerce bientôt une grande influence, même sur le plan politique et socialque lon pense à saint Louis, tertiaire franciscain et roi de France.

Au XVe siècle, lintérêt élevé que réclament les banquiers endette ou ruine tant de gens modestes que cen devient un fléau. Le franciscain Barnabé de Terni fonde les monts-de-piété, établissements de prêts sur gage sur intérêt.

Quelques tertiaires célèbres : sainte Élisabeth de Hongrie, saint Vincent de Paul, saint Jean Bosco, Bx Frédéric Ozanam, tous les papes contemporains de Léon XIII à Jean XXIII, Marthe Robin ; mais aussi : Dante, Pétrarque, Cervantes, Christophe Colomb, Michel-Ange, Raphaël, Palestrina, Liszt, Gounod.

Autrefois la tendance des Tiers Ordres était plus ou moins dimiter les Ordres religieux. On parlait de prieur, de père ministre, de noviciat, maître des novices, profession. Dans certains pays (surtout Italie et Espagne), les tertiaires portaient pour les cérémonies religieuses un costume distinctif, qui ressemblait beaucoup à celui du premier ou du deuxième ordre.

Aujourdhui la tendance est de sinsérer dans le monde, pour y faire pénétrer lÉvangile, plutôt que de sen séparer. Bien des observances devenues désuètes ont disparu et ont fait place à des formes plus souples. Le vocabulaire sest rajeuni : la Règle est devenue "projet de vie", le noviciat un "temps de probation", la profession un "engagement". Dans les pays de langue française, on préfère même dire "fraternités" plutôt que Tiers Ordre.

De nouvelles constitutions (appelées Règle de Paul VI, 1978) veillent à maintenir lunité du mouvement dans le monde entier et sa fidélité à lesprit de saint François, mais donnent aussi des statuts particuliers pour lui permettre une adaptation très souple à la culture et aux conditions de vie de chaque pays.

En 1993, on comptait 354 220 tertiaires, répartis en 5 195 fraternités.

Analyse : l'intuition a-t-elle survécu à l'institution ?

Zurbaran : saint Bonaventure reçoit les envoyés de l'empereur romain d'Orient au second concile de Lyon.
Un frère franciscain

Rompant avec la tradition monastique, le frère mineur, même contemplatif (penser aux ermitages), devait modeler sa vie sur celle des Apôtres et répandre partout la Bonne Nouvelle. Mais la Règle manque tout à fait de précision quand il sagit de définir les détails de la ville communautaire et apostolique. Et dautre part lidéal quelle propose se révèle si élevé quil reste difficilement praticable. Pour cette double raison, lOrdre Franciscain apparaît à la fois comme celui dans lequel la vie spirituelle trouve sa plus grande liberté dexpression, mais aussi comme celui les exigences du fondateur laissent toujours entre le but et la réalité concrète un irritant intervalle. De la médiocrité relative dans laquelle la communauté franciscaine semble retomber à chaque époque, et les soupirs quélèvent sans cesse les religieux fervents vers une observance plus rigoureuse de la Règle. Aucune famille religieuse noffre dans son histoire le spectacle de cette nostalgie de la parfaite conformité à lenseignement paternel ; aucune (si ce nest celle de saint Benoît) na subi dans son sein autant de divisions et de mouvements réformateurs.

En examinant quelques comportements franciscains de notre époque, l'on peut mesurer la présence plus ou moins importante de lintuition première.

  • Dans le Sacrum Commercium, les frères, ayant trouvé Dame Pauvreté, sont revenus avec elle sur le lieu ils habitent. À peine arrivée, elle demande à voir le cloître, loratoire, la salle du chapitre, … Les frères lui font une réponse caractéristique : « Noble Dame, notre Reine, nous tes serviteurs sommes fatigués de cette longue route, et toi aussi tu dois être lasse. Commençons donc par nous restaurer, si tu le veux bien, ensuite nous exécuterons tes moindres désirs. » (Com 59) Voilà donc un comportement franciscain au XIIIe. Au début du XXe., Jan Verkade, peintre hollandais séjourne dans plusieurs couvents franciscains et capucins dItalie, puis finit par devenir bénédictin. Dans son autobiographie, il raconte son arrivée au monastère bénédictin comme postulant. « Il était deux heures de laprès-midi, le père hôtelier me montra ma cellule et mannonça cérémonieusement que le Père abbé me donnerait audience à cinq heures. Personne ne songea à me demander si javais mangé : cest la première chose quon aurait faite dans un couvent franciscain ». Les frères du XIIIe et ceux du XXe s. ont la même attention aux humbles réalités de la vie et aux besoins les plus élémentaires de ceux qui traversent leur route, cest un comportement typiquement franciscain.
  • Lorganisation du groupe sous la forme juridique de la Fraternité na pas survécu à linstitution. On peut regretter cette disparition, car saint François et ses frères avaient sans doute choisi une structure plus souple et plus apte à favoriser la créativité. Derrière ce choix, il y avait sans doute la plus essentielle des conséquences de lintuition première : « suivre les traces du Christ », cétait pour commencer, savoir que tous les hommes sont frères, et dabord ceux qui avec François voulaient suivre les traces du Christ. Mais si la fraternité nest plus la forme juridique de lOrdre, tous ses membres se sentent pleinement frères, plus peut-être que dans tout autre Ordre. En particulier, malgré la cléricalisation, dans le premier Ordre tous portent rigoureusement le même habit, font profession des mêmes vœux et sont aptes aux mêmes charges.
  • La joie fait partie de l'idéal franciscain. Cette caractéristique fait partie des éléments de cet idéal qui subsistent toujours. La joie franciscaine : dérision de soi-même, humour dans les difficultés, bonheur du bien que le Seigneur opère dans les autres et surtout paisible allégresse de ceux qui se savent fils du Très-Haut.

François en fin de compte est véritablement un mystique, mais il na laissé aucun traité spirituel, en dehors de ses écrits de législation et de pastorale ; il na jamais fait dœuvre didactique. Cest quil vivait sa joie et sa passion au jour le jour, sans analyser ses expériences spirituelles, sans revenir sur ses états dâme. Lamour de Dieu chez le franciscain est sensible. Il ne craindra pas de le laisser déborder ; mais après coup, il ne sappesantit pas sur la faveur passée, utilisant plutôt à des besognes pratiques lardeur dont la contemplation aura embrasé son âme. Et cet esprit est resté : lordre franciscain est resté le plus nombreux dans lÉglise et a regorgé à toutes les époques de grands contemplatifs, mais a laissé une très faible quantité décrits mystiques (saint Bonaventure reste bien sûr une exception).

Enfin, tout au long de lHistoire, on voit combien les franciscains sont restés fidèles à lesprit missionnaire. Ils sont allés partout à travers le monde. Il est vrai néanmoins que les querelles internes ont parfois pris beaucoup dénergie, qui aurait pu être mieux utilisée, notamment pour les missions.

Reste la question de la pauvreté. Celle-ci, tellement présente dans toutes les réformes, a engendré problèmes et divisions.

La pauvreté chrétienne

Couvent franciscain de Lopud en Croatie.
Crèche dans l'église franciscaine de Cracovie.

Est-ce quil est nécessaire pour un chrétien, et donc pour un franciscain, dêtre pauvre ? La raison de la pauvreté de François est difficilement récusable : il aime le Christ et le Christ était pauvre.[25]

Mais la pauvreté matérielle ne suffit pas ! Il faut aussi une pauvreté « spirituelle », intérieure. On peut sattacher à autre chose quà des biens matériels, comme une fonction, une responsabilité. Cest une tentation bien connue dans les monastères, les moines, qui nont rien en propre, peuvent parfois veiller jalousement sur un poste qui leur a été confié. LÉvangile va très loin : même la dignité dêtre serviteur de Dieu, il ne faut pas sy attacher[26].

Il faut ajouter quil nest pas besoin dêtre pauvre en objets pour avoir une âme de pauvre. Les tertiaires franciscains pouvaient garder leurs biens. Le pape vit au milieu des richesses. Cela ne veut pas dire quils sont condamnés à ne pas être saints. On peut être entouré de richesses et ne pas y accorder dimportance. En fait, la pauvreté est une exigence de lAmour. La vraie pauvreté, cest celle- : renoncer à soi-même. « Renoncer à nous-mêmes sera notre plus grande et belle pauvreté. » [27]

Enfin, la pauvreté nest pas la seule vertu chrétienne. Ce nest pas non plus la plus haute vertu chrétienne : « Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je nai pas la charité, cela ne me sert de rien. [...] La plus grande dentre elles, cest la charité ». (1 Co 13,3.13) Et saint Jean de la Croix : « Au soir de cette vie nous serons jugés sur lamour. » Lamour exige la pauvreté, mais la pauvreté sans amour nest rien.

Dans lhistoire des franciscains, il ressort limpression que la pauvreté représente en fait toute lexigence de lÉvangile, et donc aussi de la Règle. Cest cette exigence qui est remise en question. Si la pauvreté est bien présente dans lÉvangile, précisons ici la position de lÉglise daujourdhui sur cette question : voici un extrait de la Lettre de Jean-Paul II pour les jeunes du monde entier, à loccasion des JMJ 2001.

« Si quelquun veut venir à ma suite, quil se renie lui-même, quil se charge de sa croix, et quil me suive » (Lc 9,23). Ces mots expriment le caractère radical dun choix qui nadmet pas dhésitations ni de retours en arrière. Cest une dure exigence qui a impressionné les disciples eux-mêmes et qui, au cours des siècles, a empêché de nombreux hommes et femmes de suivre le Christ. Or, cest précisément ce radicalisme qui a produit des fruits admirables de sainteté et de martyre, qui affermissent dans le temps le chemin de lÉglise. Aujourdhui encore, cette parole retentit comme un scandale et une folie (cf. 1 Co 1,22-25). Pourtant, cest avec elle que nous devons nous confronter, car la voie tracée par Dieu pour son Fils est celle- même que doit parcourir le disciple qui se décide à se mettre à sa suite. Il nexiste pas deux routes, mais une seule : celle qua parcourue le Maître. Il nest pas permis au disciple den inventer une autre.

On ne peut pas ne pas penser à lhistoire de la famille franciscaine en lisant ce passage.

On peut cependant préciser un point : Dieu ne demande pas limpossible, à chacun selon ses forces. François et Claire en avaient conscience : Claire autorisa Isabelle à fonder à Longchamp un couvent avec une règle plus modérée, pour les femmes de santé plus fragile. Pour François, que lon relise la Lettre à fr. Léon : « Quelle que soit la manière qui te semblera la meilleure de plaire au Seigneur Dieu et de suivre ses traces et sa pauvreté, adopte-la, avec la bénédiction du Seigneur Dieu et ma permission. » Lessentiel est de vouloir suivre le Christ sincèrement, et de ne pas « rogner » sur la pauvreté pour son plaisir personnel. D'aucuns pensent que dans l'histoire franciscaine, cest souvent pour cette dernière raison que la « très haute pauvreté » était remise en question.

À lopposé, une autre tendance serait de vivre la pauvreté absolue comme un défi, un concours dascèse entre les frères entre communautés. Dans ce cas la pauvreté nest plus motivée par lamour mais par lorgueil. Certains groupes de frères dans lhistoire franciscaine ont pu tomber aussi dans ce travers.

En guise de conclusion

Couvent franciscain de Szécsény en Hongrie.

Lintuition première est-elle encore présente dans le franciscanisme daujourdhui ? Le meilleur moyen de répondre à cette question est encore de visiter des monastères franciscains, de rencontrer des frères et des sœurs. Mais voici lavis dun capucin sur lesprit franciscain actuel :

« Aujourdhui, lesprit franciscain a tendance à donner à laction priorité sur la recherche intellectuelle, mais à une action mue par la contemplation, elle-même éclairée par un savoir structuré. Il cultive la pauvreté volontaire, mais ne méprise pas indistinctement tout ce qui est créé, et il connaît lamour de la nature et de la vie. Il veut concilier lobéissance, le civisme, avec le sentiment de lautonomie personnelle, le goût des libertés et lidéal dune fraternité, dun certain égalitarisme. »[28]

Notes et références

  1. Les frères mineurs (observants-1221, conventuels-1260 et capucins-1525), les clarisses (1212) et les ordres franciscains régulier (ex tiers ordre, 1221)
  2. Note : pour la commodité du travail, nous utilisons des abréviations pour désigner les écrits de saint François d'Assise et sainte Claire, et les premières biographies faites sur eux. Ces abréviations sont les mêmes que celles utilisées dans les ouvrages :
    • Saint François dAssise (patron des louvetaux) – Documents : écrits et premières biographies, rassemblés par Th. Desbonnets et D. Vorreux, éditions franciscaines, Paris, 1981 ;
    • Sainte Claire dAssise (patronne des louvettes) – Documents : biographie, écrits..., rassemblés, présentés et traduits par D. Vorreux, éditions franciscaines, Paris, 1983 ;
    qui sont les ouvrages de référence lon peut trouver ces écrits. Nous précisons ici celles qui sont utilisées parmi ces abréviations.
    écrits de François
    1 Reg Première Règle des frères mineurs (1221)
    2 Reg Deuxième règle des frères mineurs (1223)
    Test Testament
    Claire
    RC Règle de Claire
    V Thomas de Celano, Vie
    biographies de François
    1 C 92 Thomas de Celano, Vita Prima, § 92
    2 C 14 Thomas de Celano, Vita Secunda, § 14
    LP Légende antique de Pérouse
    Fior Fioretti
    Com Sacrum Commercium
    Les abréviations bibliques sont celles correspondant à la Bible de Jérusalem
  3. Lhistoire des trois ordres (frères mineurs, clarisses et Tiers-Ordre) sera présentée, depuis leurs origines jusquà maintenant. La rédaction na guère été facile, tant lhistoire des disciples de saint François d'Assise a été mouvementée
  4. Cette section est fort importante car le « franciscanisme » a été profondément marqué par le contexte historique dans lequel il est (on se limite ici bien sûr au contexte historique de lEurope occidentale)
  5. Déjà Bernard de Clairvaux (1090-1153) dénonçait les richesses de lÉglise, mais le mouvement va se compliquer daspirations manichéennes et millénaristes, et devient révolutionnaire et anticlérical
  6. Au niveau du clergé séculier, il y a beaucoup de laisser-aller, de corruption et de négligence des sacrements.
  7. É. Leclerc, François dAssiseLe retour à lÉvangile, Desclée de Brouwer, Paris, 1981, p.31
  8. Bref, à tous points de vue (religieux, intellectuel, social, économique), cest un monde en mouvement, en gestation, et qui le sait, et qui espère, qui attend beaucoup du présent et de lavenir. Mais déjà lélan est biaisé et ce sera aussi la loi du plus fort, ou du plus riche. À travers plusieurs épisodes de sa vie, François fera lexpérience de tout cela.
  9. TH. Desbonnets, De lintuition à linstitutionles franciscains, éd. Franciscains, Paris, 1983, p.10.
  10. Cette section est fort inspirée de É. Leclerc, op. cit., p. 93 à 104
  11. Précisons quand même que les frères font bien sûr vœu dobéissance (envers le ministre général et les supérieurs locaux) ; mais aux chapitres, toutes les voix ont la même importance.
  12. Précisons ici que François d'Assise nest sûrement pas lunique auteur de cette Règle. Cest vraisemblablement durant les chapitres quon ajustait en commun les prescriptions du projet primitif (approuvé par Innocent III), qui petit à petit ont évolué jusquà se présenter comme une vraie Règle. Cf. Desbonnets, op. cit., p. 42 et 48.
  13. Test 6-9
  14. Ce qui est remarquable quand on songe à létat de lÉglise à lépoque : elle nétait guère reluisante ! Cf. la partie « antécédents historiques ».
  15. Elle prend en effet en considération lenchaînement des fonctions juridiques sur le propriétaire réel des biens meubles et immeubles dont les frères sont usagers.
  16. Au point quen 1255, Jean de Parme et Humbert de Romans, ministre généraux respectivement des franciscains et dominicains à lépoque, rédigent une lettre commune pour imposer lentente entre leurs sujets.
  17. Ceux des Spirituels qui refusent de se soumettre après la condamnation donnent naissance aux Fraticelles, groupement nettement hérétique (qui durera jusquau XVe siècle).
  18. Cf. 1 C 84-87
  19. C.-à-d. des Frères Mineurs, anciennement appelés Observants. Dans la suite de l'article, on emploiera plutôt le terme « franciscains » pour désigner lensemble du Premier Ordre, ou même des trois Ordres.
  20. Notons ici que Claire affirme bien que cest François qui a fondé lOrdre des Pauvres Dames, pas elle. Cf. RC 1,1.
  21. Cf. 2 C 204 : « Cest le même esprit, disait-il [François], qui a poussé les frères et les Pauvres Dames à quitter le monde. »
  22. cf. RC 9,6 : « Les sœurs qui servent hors du monastère ne doivent pas sabsenter trop longtemps sans nécessité manifeste. »
  23. cf. son Testament
  24. cf. RC 1,3-5
  25. Les évangiles assurent ce fait : Mt 6,19 ; Mt 10,9-10 ; Mt 19 19,21-24 ; Lc 6,20 ; 2 Co 8,9. Le serviteur nest pas au-dessus de son maître (Mt 10,24). De plus, Jésus demande à celui qui veut vraiment le suivre (ce qui est le cas de tout franciscain: « Va, vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres [...] ; puis viens, suis-moi. » (Mt 20,21)
  26. Luc 17,10 : Nous sommes des serviteurs inutiles). Et la première Béatitude concerne la pauvreté ; mais saint Matthieu souligne la pauvreté en esprit (Heureux les pauvres de cœur, Mt 5,3) tandis que saint Luc parle bien de la pauvreté matérielle (Heureux, vous les pauvres, Lc 6,20)
  27. In Jésus, notre fondateur, intuition de base de la Fraternité de Tibériade, Belgique) Celui qui renonce à lui-même pour le Christ na "pas le temps" dêtre riche.
  28. P. Willibrord, in Encyclopædia Universalis, t. IX, Paris, 1990, pp. 931


Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Th. Desbonnets, De lintuition à linstitution, 180 p., éd. franciscaines, Paris, 1983.
  • Th. Desbonnets et D. Vorreux, Saint François dAssiseDocuments : écrits et premières biographies [rassemblés par Desbonnets et Vorreux], édition, 1503 p., éd. franciscaines, Paris, 1981.
  • L.-E. Ghesquières, « Tiers Ordre séculier », in G. Jacquemet, Catholicisme hieraujourdhuidemain, t. XIV, Letouzey et Ané, Paris, 1996, p. 1247 à 1249.
  • I. Gobry, St François dAssise et lesprit franciscain, 180 p., éd. du Seuil, Paris, 1957.
  • É. Leclerc, François dAssiseLe retour à lÉvangile, 210 p., Desclée de Brouwer, Paris, 1981.
  • É. Longpré, « Claire dAssise » (p. 1160 à 1163, t. II, 1949), « Colette » (p. 1298 et 1299, t. II, 1949) et « Dames (Ordre des Pauvres) » (p. 432 à 440, t. III, 1952), in G. Jacquemet, Catholicisme hieraujourdhuidemain, Letouzey et Ané, Paris.
  • H. Marc-Bonnet, « Histoire des ordres religieux », collection Que sais-je ? n°338, édition, Presses universitaires de France, 1968.
  • D. Vorreux, Sainte Claire dAssiseDocuments : biographie, écrits, ..., [rassemblés, présentés et traduits par D. Vorreux], 392 p., éditions franciscaines, Paris, 1983.
  • P. Willibrord de Paris, O.F.M. Cap., « François dAssise » (p. 1531 à 1536) et « Frères Mineurs » (p. 1604 à 1616), in G. Jacquemet, Catholicisme hieraujourdhuidemain, t. IV, Letouzey et Ané, Paris, 1956.
  • WillibrordC. van Dijk, « Franciscains », in Encyclopædia Universalis, t. IX, Paris, 1990, p. 931 et 932.
  • L. Iriarte, L'Histoire du Franciscanisme - Paris, Ed. Franciscaines, Cerf, 2004 -670 p
  • G.G. Merlo, "Au nom de saint François". Histoire des Frères mineurs et du franciscanisme jusqu'au début du XVIe s.- Paris, Ed. Franciscaines, Cerf, 2006 - 414 p.

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