- Stigmates
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Les stigmates sont les traces des plaies infligées à Jésus-Christ au cours de sa crucifixion, selon le Nouveau Testament.
Sommaire
Définition
Dans l'acception religieuse, stigmates est toujours un nom masculin pluriel, à la différence des significations médicale (plaie, cicatrice), judiciaire (marque d'infamie), militaire (marque faite sur les recrues dans l'Empire romain), botanique et autres.
Diverses personnes auraient présenté, à partir du XIIIe siècle, des marques semblables à celles du Christ sur diverses parties de leur corps :
- sur les mains ou les poignets, rappelant les plaies causées par les clous ;
- sur les pieds ou les chevilles, rappelant les plaies causées par les clous ;
- sur la tête, rappelant les plaies causées par la couronne d'épines ;
- sur le dos, rappelant les coups de fouet ;
- sur le flanc, rappelant la plaie causée par une lance.
Ces personnes sont dites « stigmatisées ». À ce jour, l'Église catholique romaine n'a reconnu que deux stigmatisés par décision pontificale : François d'Assise et Catherine de Sienne[1]. De nombreux tableaux et sculptures les représentent recevant les stigmates. Les autres personnes à la fois stigmatisées et canonisées (comme Padre Pio) ne font pas l'objet d'une déclaration spécifique quant à leurs stigmates.
Histoire
Il n'est pas question de stigmatisés dans le christianisme avant le début du XIIIe siècle, c'est-à-dire après la mort de François d'Assise, qui est donc chronologiquement le premier des stigmatisés. Plusieurs peintres le montrent séjournant sur le mont Alverne (La Verna ?) en 1224, voyant un séraphin à six ailes flottant dans les airs dont le corps est fixé à une croix, comme le Christ. Selon la tradition franciscaine, une fois la vision disparue, François d'Assise aurait constaté l'apparition sur son propre corps de marques semblables à celles qui furent faites à Jésus, marques qui seraient restées indélébiles mais qu'il n'a jamais révélées de son vivant. Son corps fut ainsi porteur de deux stigmates qui n'auraient été découverts qu'après sa mort.
Une procédure de reconnaissance a été ouverte concernant Padre Pio lors de sa canonisation ; d'autres ont également été béatifiés ou canonisés, comme sainte Rita, saint Jean de Dieu, Marie de l'Incarnation, Anna Katharina Emmerick, Veronica Giuliani, ou Gemma Galgani sans que l'Église les reconnaisse pour stigmatisés.
On peut citer d'autres personnes, non reconnues par l'Église, ni comme saintes ni comme stigmatisées, entre autres Thérèse Neumann ou Marthe Robin, pour lesquelles une demande de béatification a été déposée auprès du Vatican depuis plusieurs années.
Controverses
Du côté de ceux qui nient l'origine divine des stigmates, l'hypothèse la plus communément admise est que ce phénomène est une manifestation d'hystérie.
Certains auteurs ont été portés à dresser des parallèles entre le phénomène des stigmates et les menstruations. Analysant le livre de Jean-Pierre Albert, Le sang et le Ciel. Les saintes mystiques dans le monde chrétien, Claudine Leduc écrit : « Et Jean-Pierre Albert d'émettre l'hypothèse que la sainte, à cause de l'impureté du sang menstruel qui s'écoule du corps des femmes, est dans l'obligation de reconquérir sans cesse sa sainteté en faisant s'échapper de son corps un sang sublimé[2]. » Des féministes ont même écrit : « Un médecin, J. Lhermitte, a établi que la plupart des femmes (saintes ou non) ne sont stigmatisées qu'entre 15 et 50 ans, période pendant laquelle la femme a ses règles. Les stigmates sont eux aussi soumis à des rythmes cycliques : « Natuzza Evolo (it) (1924-2009) les voyait apparaître chaque année pendant le Carême, Gertrude d'Oosten (1358), chaque jour aux heures canoniales [mais] la formule la plus habituelle est qu'ils saignent le vendredi avec plus d'abondance, ou exclusivement ce jour-là, et sont à peine visibles le reste du temps »[3]. Vu que des hagiographes précisent souvent que le sang des stigmates est parfumé et que les saintes n'ont plus leurs règles[4], certains sceptiques sont portés à penser que la stigmatisation serait une conversion opérée par la conscience religieuse du sang menstruel : à un sang impur, doté, dit-on, d'une odeur forte et délétère, se substitue un sang dont le parfum signale la pureté[5]. De telles considérations, cependant, semblent difficilement conciliables avec le phénomène des stigmatisations masculines, qui présentent également de semblables caractéristiques.
Culture
Cinéma
Littérature
Dans son roman Le Complot des Franciscains [6], l'écrivain américain John Sack imagine que, à la mort de saint François d'Assise, sa dépouille a été enterrée dans un lieu secret qui ne sera découvert que plusieurs siècles plus tard. Le « complot » vise à préserver le mythe des stigmates de saint François, qui ont participé à la réputation du saint et à l'expansion de l'ordre des Franciscains. Il s'agit d'une œuvre de fiction que l'auteur ne présente pas comme une thèse historique.
Le dénouement montre les stigmates de saint François comme les marques indélébiles d'une crise aiguë de lèpre[7].
Voir aussi
Lien externe
Bibliographie
- Jean-Pierre Albert, Le sang et le Ciel. Les saintes mystiques dans le monde chrétien, Paris, Aubier, Collection historique. 1997, 458 p.
- Sous la direction de Dominique de Courcelles, Stigmates, Paris, Éditions de l'Herne, 2001, 272 p.
- Antoine Imbert-Gourbeyre, La stigmatisation. L'extase divine et les miracles de Lourdes, 1895. 2-84137-035-6 ; 544p., 16/24, 1996
Notes et références
- Dictionnaire de spiritualité, article « Stigmates ».
- Claudine Leduc
- J.-P. Albert, 1997 : 209
- C. Bynum, 1987 : 291-94
- La femme dans le christianisme : introduction
- Paru en 2005. Traduction en langue française : éd. Michel Lafon, 2006
- Il s'agirait de lèpre lépromateuse limitrophe, qui se distingue par une seule lésion de forme ovale et de couleur rosée sur le côté, ainsi que par une diminution de la vision et des croûtes maculaires sur les mains et les pieds, p. 451
Catégories :- Attribut (iconographie)
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