Abbaye Du Mont-Saint-Michel

Abbaye Du Mont-Saint-Michel

Abbaye du Mont-Saint-Michel

48° 38′ 09″ N 1° 30′ 41″ W / 48.635834, -1.511389

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Abbaye du Mont Saint-Michel
Vue générale de l'édifice
Vue générale de l'édifice

Latitude
Longitude
48° 38′ 09″ Nord
       1° 30′ 41″ Ouest
/ 48.635834, -1.511389
 
Pays France France
Région Basse-Normandie
Département Manche
Ville Le Mont-Saint-Michel
Culte Catholique romain
Type Abbaye
Rattaché à Fraternités monastiques de Jérusalem
Début de la construction Xe siècle
Fin des travaux 1523
Style(s) dominant(s) Gothique
Classé(e) Monument historique (1862)
Patrimoine mondial (1979)

Labbaye du mont Saint-Michel se trouve sur la commune du Mont-Saint-Michel[1], en Normandie, dans le département de la Manche.

Classé monument historique en 1874, le site figure depuis 1979 sur la liste du patrimoine mondial de lUNESCO et est géré par le Centre des Monuments Nationaux[2]. On le compare souvent aux sept merveilles du monde.

Sommaire

Etymologie

Attestations anciennes: in monte qui dicitur Tumba v.850, revelatio. Monte Sancti Michaelis 966, AG NLM. Le mot tumba, tombe, rare en toponymie, est à interpréter dans le sens de sépulture, voire cimetière. Le nom de l'ilot voisin Tombelaine ne procède pas du dieu gaulois Belenos, mais d'un primitif *tumb-ell-ana dérivé du précédent, avec double suffixation, formation homonyme de Tombelaine, hameau du Calvados ou de Tomblaine, commune de Meurthe-et-Moselle [3]

Histoire primitive du Mont

Les druides

Le mont même était peut-être un lieu de cultes druidiques pour les Abrincates qui habitaient la région autour du mont Saint-Michel et l'Avranchin. Selon lhistorien Gilles Deric (1726-1800), le rocher était dédié au dieu gaulois du soleil sous le nom de Mons vel Tumba Beneni : mont ou tombe de Belenos.

Les Romains

La voie construite par les Romains qui passait à louest du Mons Belenus dut, avec lenvahissement de la mer, être déplacée vers lest pour finir par disparaître en se fondant avec la voie passant par Avranches.

Début de lère chrétienne

À lavènement du christianisme dans la région, aux alentours du IVe siècle, le Mont Tombe est rattaché à lancien diocèse dAvranches.

Au milieu du VIe siècle, le christianisme simplante véritablement dans la baie. À cette époque, le Mont Tombe offre un abri à de pieux solitaires, ermites approvisionnés par le curé dAstériac, qui veillent sur le site et mènent une vie contemplative autour de deux oratoires. Le premier, dédié au premier martyr chrétien, saint Étienne est élevé à mi-hauteur du rocher. Il est suivi dun second en lhonneur du premier martyr des Gaules, saint Symphorien, élevé au pied du rocher.

Le songe de Saint Aubert

Le Mont Saint-Michel quitte, en 710, son appellation de Mont Tombe pour prendre celui de Mont-Saint-Michel-au-péril-de-la-Mer à la suite de lédification, par lévêque saint Aubert dAvranches, dun oratoire dédié à larchange saint Michel en 708. Aubert aurait reçu, au cours de son sommeil, trois fois lordre de Saint-Michel de faire ériger sur le Mont-Tombe un oratoire. Larchange aurait laissé la trace de son doigt sur le crâne dAubert. Ce crâne repose dans la cathédrale dAvranches et porte les traces dun tel stigmate.

Le sanctuaire doit être, selon les prescriptions de lange, une réplique du Mont-Gargan en Italie (Ve siècle). Aubert fait arracher une pierre cultuelle païenne présente sur le Mont Tombe et construit à la place un sanctuaire circulaire formé de morceaux de roc grossièrement empilés. En 708 environ, Aubert envoya des moines chercher au sanctuaire du Mont Gargano en Italie, dédié à saint Michel, des reliques du lieu. Puis, le 16 octobre 709, lévêque fit la dédicace de léglise et y installa un chapitre de douze chanoines. Le Mont Saint-Michel était .

Les restes de loratoire ont été retrouvés dans la chapelle Notre-Dame-Sous-Terre[4]. Ce sanctuaire est une chapelle reliquaire qui abritait le tombeau du fondateur, Aubert et certainement les reliques insignes ramenées du Mont-Gargan. La chapelle Notre-Dame-Sous-Terre est aujourdhui sous la nef de labbatiale.

Les premières constructions se révèlent insuffisantes et à lépoque carolingienne, dimportants bâtiments sont élevés, autour desquels se répartissent les cellules individuelles des religieux.

Histoire de labbaye

La collégiale Saint-Michel au IXe et Xe siècles

Les chanoines du Mont-Saint-Michel se montrèrent, durant le premier siècle de leur institution, fidèles à la mission qui les avait attachés au culte de larchange saint Michel : leur montagne devint à la fois un lieu de prière et détude, mais lère de stabilité connue par la Neustrie durant le règne de Charlemagne laissa place, à la mort de cet empereur, à une période de grands désordres. Tandis que le reste de la Gaule subissait les invasions barbares, la religion et la science trouvaient refuge et asile dans le diocèse d'Avranches, et surtout au Mont-Saint-Michel. Profitant de la désunion des petits-fils de Charlemagne, les raids et incursions des Normands, précédemment contenus, reprirent une nouvelle vigueur.

Les évènements de cette sombre époque ne suspendirent pas dabord les pèlerinages dont ce roc vénéré était devenu le centre. Les Normands atteignirent le Mont en 847. Le redoublement de calamités, que les invasions infligèrent à la Neustrie tout entière, força les religieux à quitter le Mont, qui ne resta pas cependant désert. Sa position au milieu des palus maritimes loffraient comme un asile aux populations cherchant refuge contre les Normands.

À la signature du traité de Saint-Clair-sur-Epte, le premier soin de Rollon fut de réparer, par de magnifiques bienfaits, la désolation quil avait fait essuyer aux lieux de culte. Le Mont-Saint-Michel fut un des établissements religieux quil dota de ses largesses, durant les six jours quil passa sous les blancs habits du catéchumène. Ce monastère lui dut la terre dArdevon, lune de ses plus riches propriétés. ne sarrêta pas sa bienveillance pour le Mont : il rappela sous la règle cénobitique les chanoines que la guerre en avait éloignés, et leur confirma leurs dotations anciennes. Ce refuge tumultueux redevint un lieu de prières, même cette restauration ne produisit pas leffet que ce prince avait pu sen promettre.

Le relâchement des mœurs, le désordre des temps avait plongé les chanoines dans lexistence dissipée des villes, avait trop profondément vicié leur vie pour quils pussent se plier de nouveau à labstinence de la vie solitaire. Guillaume Longue-Épée, qui succéda en 927 au premier duc de Normandie, Rollon, poursuivit la politique de restauration des monastères inaugurée par son père, jusquà son assassinat en 942, mais les nombreuses possessions dont il les enrichit, ne firent que développer leurs penchants mondains ; les villages de Madray ou Moidrey, Carcey, Mariney, Curey, les Forges, Solinnay, Macey, Dommaney, Scaley, la moitié de Crommerey, Pelton, Vergonçay, Mannay, Saint-Jean-sur-le-Rivage, avec léglise, le moulin, les prés et les vignes ; enfin le village de Mesnil-Rouge, furent ajoutés par la munificence de ce prince aux biens qui, avant les libéralités de Rollon, avaient pu suffire à leurs besoins. Les libéralités des ducs de Bretagne Conan le Tort, mort en 992, et Geoffroy Ier, mort en 1008, leur permirent de se faire ensevelir, au titre de bienfaiteurs, au Mont Saint-Michel.

Fondation de labbaye bénédictine (966)

Le rapide développement des richesses de labbatiale Saint-Michel finit par constituer un sérieux obstacle au bon fonctionnement, et même à la vocation religieuse de labbatiale. Dotés des moyens de satisfaire leurs passions, les chanoines dépensèrent en plaisirs les richesses provenant de la piété des princes tandis que léglise restait déserte ou nétait fréquentée par des clercs légèrement rétribués. Les nobles du pays cherchèrent à obtenir les bénéfices de la riche abbaye pour mieux les dépenser dans les plaisirs de la table, du monde et de la chasse, se passa désormais exclusivement leur existence.

Lorsque Richard Ier « Sans Peur », le fils de Guillaume Longue-Épée, lui succéda comme duc de Normandie, il tenta de résoudre le problème en faisant comparaître les chanoines devant lui pour leur reprocher loubli leurs débordements et leur rappeler le caractère saint de labbaye. Après sêtre efforcé, en vain, de les ramener à la régularité de la vie religieuse, par les remontrances, les prières et les menaces, Richard prit la résolution, après approbation du pape Jean XIII et du roi Lothaire, de les remplacer par un monastère de bénédictins.

Sétant rendu à Avranches, suivi dun nombreux cortège de prélats et de seigneurs et de trente religieux sortis des abbayes normandes environnantes de monastère de Saint-Wandrille, de Saint-Taurin-dÉvreux et de Jumièges, Richard expédia un des officiers de sa cour avec plusieurs soldats au Mont Saint-Michel, pour notifier ses ordres aux chanoines : se soumettre aux austérités de la vie claustrale en prenant lhabit de saint Benoit, ou quitter le Mont. Seul un accepta, tandis que tous les autres abandonnèrent les lieux, laissant labbé Maynard Ier, qui venait de labbaye de Saint-Wandrille, y établir la règle bénédictine.

XIIe siècle

Au XIIe siècle, les bénédictins du Mont-Saint-Michel auraient eu, selon quelques auteurs, une grande influence sur le développement intellectuel de lEurope en traduisant Aristote directement du grec en latin, à lépoque dautres traductions se font à Tolède depuis larabe[5].

XIIIe siècle

En 1204, après la commise pour forfaiture, le roi de France Philippe-Auguste entreprit de semparer des fiefs continentaux du duc de Normandie Jean-sans-Terre. Ayant franchi, avec une armée, la frontière de Normandie pour exécuter cet arrêt, son allié, Guy de Thouars, duc de Bretagne, se jeta sur lAvranchin à la tête dune troupe de Bretons. Le Mont Saint-Michel fut le premier point vers lequel se dirigèrent les efforts de Guy de Thouars. Impuissantes à protéger la ville, les palissades, furent emportées dun choc, la ville fut saccagée et les Montois massacrés, sans considération dâge ou de sexe, mais lassaut breton vint se briser contre les fortifications du monastère : après de longs et inutiles efforts, Guy de Thouars, désespérant de se rendre maître dune enceinte défendue avec désespoir, effectua sa retraite en livrant la ville au feu. Le sinistre se développa avec une telle violence que les flammes, sélançant vers le sommet du mont, débordèrent sur labbaye, dont elles réduisirent presque tous les bâtiments en cendres. Seuls, les murs et les voûtes résistèrent et échappèrent à cet embrasement. Philippe-Auguste ressentit la plus vive douleur de ce désastre, et, voulant effacer les traces de ce malheur, il envoya à labbé Jordan une forte somme dargent destinée à réparer ces ravages. Reconstruit dans le style architectural normand, avec tailloirs des chapiteaux circulaires, écoinçons en pierre de Caen, motifs végétaux, etc., le cloître de la Merveille est achevé en 1228.

Guerre de Cent Ans

Article détaillé : Guerre de Cent Ans.

Au début du conflit, labbaye perd tous les revenus de ses prieurés anglais.

En 1356, les Anglais prennent Tombelaine et commencent le siège de labbaye. Peu de temps après, Bertrand du Guesclin est nommé capitaine de la garnison du Mont et remporte plusieurs victoires qui permettent décarter la menace anglaise pour plusieurs années.

En 1386, Pierre Le Roy est élu abbé et ordonne la construction de la tour Perrine, de la tour des Corbins et du Châtelet afin de défendre lentrée du monastère. Après la bataille d'Azincourt, le nouvel abbé, Robert Jollivet, fait construire un rempart pour protéger la ville, ainsi quune citerne pour alimenter le Mont en eau douce. En 1419, Rouen tombe aux mains des Anglais. Le Mont est alors la seule ville de Normandie qui résiste à loccupant. Craignant la puissance anglaise, Robert Jollivet offre ses services au roi dAngleterre.

Charles VII nomme Jean VIII d'Harcourt capitaine du Mont. Le Mont est le seul site de Normandie resistant encore aux Anglais qui lancent une offensive en 1423 et font un blocus par la terre et la mer.

Le duc de Bretagne était averti, malgré son alliance avec lAngleterre, des dangers que la possession de ce roc par ce pays représentait pour ses provinces. Sur ses ordres, le sieur de Beaufort, son amiral, Guillaume de Montfort, cardinal, et évêque de Saint-Malo, équipèrent secrètement dans ce port plusieurs vaisseaux que montèrent les seigneurs de Combourg, de Montauban, de Chateaubriand, etc., avec un grand nombre de chevaliers et décuyers bretons, tous résolus à attaquer les vaisseaux anglais. Cette expédition, armée en secret avec rapidité, fut prête à mettre à la voile sans quaucun bruit de ses préparatifs neût transpiré. Elle cingla aussitôt vers lennemi. Bien que surpris, les Anglais reçurent leur choc avec fermeté, et le combat sengagea des deux côtés. Lhabileté de leurs évolutions navales eût pu même donner quelque avantage aux vaisseaux anglais, si les Bretons, prévenant leffet de ces manœuvres, ne les avaient abordés et immobilisés avec leurs grappins. À lissue du corps à corps qui sengagea alors sur chaque navire, la flotte anglaise fut jetée dans un tel désordre, que tout ce qui put échapper au fer chercha son salut dans une prompte déroute, ou périt dans les flots.

Lorsque lescadre victorieuse vint aborder au Mont-Saint-Michel, les troupes assiégeantes, redoutant une attaque combinée des Montois et des chevaliers bretons, abandonnèrent à la hâte leurs bastilles, laissant toute liberté de ravitailler la place assiégée. À peine les Anglais eurent-ils vu séloigner lescadre auxiliaire, quils sempressèrent de venir relever ses fortifications.

Le Mont Saint-Michel fut même serré avec plus de rigueur ; toutes ses communications avec la plage furent interceptées, et, à chaque marée, la garnison montoise ne pouvait tenter de ravitailler sans que la plage ne devint le théâtre descarmouches sanglantes.

Jean organise une attaque surprise et combinée d'allié, Jean de la Haye, et des assiégés contre des patrouilles anglaises qui se trouve écrasées (“plus de 200 cadavres restèrent sur place”) après quoi les Anglais se terrent dans leurs forts assiégants.

Jean d'Arcourt est tué à la bataille de Verneuil (août 1424) et est remplacé par Jean de Dunois, contesté en 1424. Les religieux du Mont renforcent leurs défenses sur leurs propres fonds. Les Anglais renforcent Tombelaine. Louis d'Estouteville remplace Jean le 2 septembre 1424, et ce dernier retire de la ville les femmes, les enfants et les prisonniers (17 novembre 1424). Tombelaine est encore renforcée. À chaque marée basse, les Anglais y descendent jusqu'aux murailles du Montt. La communication n'est possible qu'au prix d'escarmouches et de combats.

C'est en juin ou juillet 1425 que les Anglais recrutent des combattants, dont Robert Jollivet, y compris à Granville, dont Damour Le Bouffy (qui touche 122 livres pour 30 jours), et font une terrible attaque, qui échoue, contre les Michelistes et les chevaliers bretons [6].

En novembre 1425 : d'Estouteville organise unesanglante leçon de prudence” : une sortie surprise en force qui culbute les Anglais, “le massacre fut horrible”. Les religieux gagent tous leurs accessoires précieux et renforcement leurs fortifications, construisent la porte, la herse et le pont-levis. Charles VII les encourage à la défense et, puisqu'isolés, les autorise à battre monnaie en 1426. Les Anglais se sont calmés jusqu'en 1433.

En 1433, un incendie ayant détruit une partie de la ville, les Anglais en profitent pour attaquer labbaye. C'est une grande offensive de Thomas de Scales le 17 juin, par grande marée basse, avec artillerie et machines de guerre. Les chevaliers normands défenseurs du Mont Saint-Michel en firent un tel massacre que les Anglais sont repoussés, et poursuivis sur les grèves. C'était la dernière attaque des Anglais, après laquelle ils se contentent de les surveiller depuis Tombelaine et leurs bastilles. Dès lors, le Mont ne subira plus de siège jusquà la libération de la Normandie en 1450.

Les prisons de labbaye

Labbaye avait été, sous lAncien Régime, un lieu de détention pour plusieurs personnes incarcérées en vertu de différentes juridictions mais les derniers bénédictins ayant quitté le Mont en 1791, sous la Révolution, celle-ci devient alors une prison sont incarcérés, dès 1793, plus de 300 prêtres réfractaires. Après la détention de socialistes au Mont de Martin Bernard, Armand Barbès et Auguste Blanqui, divers intellectuels, dont Victor Hugo, dénoncent labbaye-prison qui sera fermée par décret impérial en 1863.

En 1794, un dispositif de télégraphe optique, le système de Chappe, est installé au sommet du clocher faisant ainsi du Mont-Saint-Michel un maillon de la ligne télégraphique Paris-Brest. En 1817, les nombreuses modifications effectuées par ladministration pénitentiaire entraînent lécroulement de lhôtellerie édifiée par Robert de Torigni.

Le monument historique

Intérieur de labbaye.

Viollet-le-Duc visita le mont en 1835, mais ce furent ses élèves, Paul Gout et Édouard Corroyer (1835-1904), qui furent destinés à restaurer ce chef-dœuvre de lart gothique français.

Des travaux urgents de consolidation et de restauration de labbaye, classée monument historique en 1874, sont effectués par Édouard Corroyer. En 1896, une flèche sélevant à plus de 170 mètres au-dessus de la mer est érigée.

Larchange Saint Michel qui couronne la flèche a été réalisé dans les ateliers Monduit qui avaient déjà travaillé pour Viollet-le-Duc .

En 1898, Paul Gout redécouvre, lors de fouilles sous le plancher de léglise, Notre-Dame-Sous-Terre qui sera complètement dégagée en 1959 une fois que larchitecte Yves-Marie Froidevaux aura installé une poutre en béton précontraint.

Renaissance religieuse

En 1966, à loccasion de la célébration sous légide dAndré Malraux du millénaire de labbaye, plusieurs monastères bénédictins envoyèrent quelques moines passer lannée 1966 au Mont, afin de célébrer à leur manière le caractère religieux millénaire du lieu, sans lequel le rocher serait sans doute resté à létat quasi naturel. Une fois lannée passée, avec son flot de visiteurs et de colloques, une poignée de moines resta, en accord avec lÉtat, propriétaire des lieux. Leur premier prieur était le père Bruno de Senneville, venu de labbaye du Bec-Hellouin.

Cette petite communauté effectua pendant près de trente-cinq ans, par sa présence et la célébration du culte, une sorte de pèlerinage permanent sur les lieux, recevant elle-même les pèlerins de tous horizons. Ces pionniers permirent alors la restauration dune communauté plus importante.

Depuis 2001, les Fraternités monastiques de Jérusalem, venues de léglise Saint-Gervais de Paris assurent la présence religieuse au Mont. Une communauté dhommes et une communauté de femmes se retrouvent pour les offices dans labbatiale (ou dans la crypte Notre-Dame des Trente Cierges en hiver), rendant ainsi à lédifice à sa destination originelle.

Le titre de père abbé du Mont

Depuis le début du XXe siècle, le père abbé de lAbbaye Saint-Michel de Farnborough porte de droit le titre de « père abbé de lAbbaye du Mont-Saint-Michel ». En effet, à cette époque, lévêque de Coutances et Avranches le lui octroya pour récompenser labbaye de Farnborough pour le service rendu par certains de ses moines (des bénédictins français de lAbbaye Saint-Pierre de Solesmes en exil) qui sont venus assurer une présence spirituelle au Mont auprès des pèlerins, de plus en plus nombreux à y revenir, rien nétant fixé pour les accueillir. La charte doctroi stipule que le père abbé portera ce titre jusquà ce quune nouvelle communauté bénédictine se réinstalle au Mont et réélise un nouveau père abbé, ce qui, nétant pas réalisé à ce jour, est encore valable.

Héraldique

Blason abbaye fr Mont Saint Michel (50).svg

Les armes de l'abbaye du mont Saint-Michel se blasonnent ainsi :

  • De sable à 10 coquilles dargent, 4, 3, 2 et 1 ; au chef de France.

Le nombre des coquilles a varié selon les époques. Le blason d'origine était probablement inversé quant aux couleurs (champ d'argent et coquilles de sable) en raison des coquilles naturelles du lieu, fort sombres.
Le chef de France, plutôt attribué aux "bonnes villes" fut donné par Louis XI, "très-dévot à saint Michel" après son pelerinage à l'abbaye en 1462.Sources: Édouard Corroyer, Description de lAbbaye, cité ci-dessous.
Ce blason est souvent attribué abusivement à la commune du Mont-Saint-Michel.

Architecture

Édifiée dès le Xe siècle siècle, labbaye bénédictine abonde en merveilles architecturales édifiées dans les styles carolingien, roman et gothique flamboyant. Le mont Saint-Michel pourrait, en ce sens, être considéré comme une mégastructure dans la mesure le tout superpose les différents bâtiments dévolus aux activités dun monastère bénédictin sur un espace exigu.

Labbaye se compose de plusieurs parties :

Abbatiale et chapelles

Façade de l'abbatiale du Mont Saint-Michel.

Notre-Dame Sous-Terre

Les agrandissements successifs de labbaye ont fini par absorber la totalité de léglise abbatiale originale fondée en 966 jusquà la faire oublier pendant plusieurs siècles, avant sa redécouverte lors des fouilles effectuées au tournant des XIXe et XXe siècles. Restaurée, elle offre un magnifique exemple darchitecture préromane.

Les autres bâtiments abbatiaux ont ensuite été élevés à lest de léglise originale, sur le sommet du rocher et surplombant celle-ci.

.

Léglise abbatiale

Les pèlerinages sintensifiant, il fut alors décidé dagrandir labbaye en édifiant une nouvelle église abbatiale à la place des bâtiments abbatiaux qui furent transférés au nord de Notre-Dame-Sous-Terre.

La nouvelle église abbatiale comportait également trois cryptes, soit la chapelle des Trente-Cierges (au nord), la crypte du chœur (à lest) et la chapelle Saint-Martin (au sud) (1031-1047). Labbé Ranulphe commence ensuite lédification de la nef en 1060. En 1080, trois étages de bâtiments conventuels sont édifiés au nord de Notre-Dame-Sous-Terre, comprenant la salle de lAquilon, servant daumônerie accueillant les pèlerins, le promenoir des moines et le dortoir. Le cellier et laumônerie de la future Merveille sont également entamés.

Colonne dans labbaye

Les nouvelles constructions recouvrent alors entièrement Notre-Dame-Sous-Terre qui demeure néanmoins utilisée pour le culte.

Reconstructions

Mal consolidées, trois travées occidentales de la nef sécroulèrent sur les bâtiments conventuels, en 1103. Labbé Roger II les fait reconstruire (1115-1125). En 1421, cest au tour du chœur roman de sécrouler. Il sera reconstruit en style gothique flamboyant entre 1446 et 1523 (avec une interruption entre 1450 et 1499).

La façade classique de labbatiale

Suite à un incendie en 1776, il fut décidé de démolir les trois travées occidentales de la nef et, en 1780, la façade classique actuelle fut édifiée. Malheureusement, les soutènements nécessaires à cette dernière ont nécessité la coupure en deux de Notre-Dame-Sous-Terre.

Les chapelles particulières

La Merveille et les bâtiments monastiques

Labbaye du Mont-Saint-Michel est divisée en deux parties : labbatiale et la Merveille. La Merveille était lendroit vivaient les moines. Vue de lextérieur, elle correspond à la partie gothique, cest-à-dire à la face nord, et a été construite en 25 ans sur trois étages.

Vue extérieure du treuil

La Merveille est elle-même organisée en deux parties : la partie est et la partie ouest. La partie est fut la première à être construite (de 1211 à 1218) et comprend trois salles : lAumônerie, la Salle des Hôtes et le Réfectoire (de bas en haut). La partie ouest, quant à elle, a été érigée sept ans après et comporte également trois salles : le cellier, la salle des Chevaliers et le cloître.

Les bâtiments de Robert de Torigni

Labbé Robert de Torigni fit édifier, à louest et au sud-ouest, un ensemble de bâtiments comportant de nouveaux logis abbatiaux, une officialité, une nouvelle hôtellerie, une infirmerie et la chapelle Saint-Étienne (1154-1164). Il fit également remanier les chemins de communication desservant Notre-Dame-Sous-Terre, afin déviter un trop grand contact avec les pèlerins et les moines de labbaye. On y trouve également une roue servant de treuil installée lors du fonctionnement de la prison destinée à approvisionner le mont en denrées et à lintérieur de laquelle marchaient des prisonniers pour la faire tourner.

Dans les ruines de linfirmerie, effondrée en 1811, il subsiste au-dessus de la porte les trois morts du Dit des trois morts et des trois vifs, représentation murale montrant initialement trois jeunes gentilshommes interpellés dans un cimetière par trois morts, qui leur rappellent la brièveté de la vie et limportance du salut de leur âme.

La Merveille

Coupe de labbaye ; la Merveille se trouve à gauche
Le cloître

Le bâtiment de la Merveille, situé juste au nord de léglise abbatiale, intègre cloître, réfectoire, salle de travail et aumônerie dans un parfait exemple dintégration fonctionnelle. Lensemble est constitué de deux corps de bâtiments de trois étages appuyé sur la pente du rocher.

Au rez-de-chaussée, le cellier sert de contrebutement. Puis chaque étage comporte une salle particulière de plus en plus légère au fur et à mesure que lon accède au sommet, de puissants contreforts situés à lextérieur, permettant de soutenir le tout. Les contraintes topographiques ont donc joué un grand rôle dans la construction de la Merveille.

Raoul des iles édifie, au-dessus de laumônerie construite sous Roger II, la salle des Hôtes (1215-1217), le réfectoire (1217-1220) et, au-dessus du cellier, la salle des Chevaliers (1220-1225) et le magnifique cloître (1225-1228).

Le cloître

On y trouve notamment un cloître, dont trois arches sont étonnamment ouvertes sur la mer et le vide. Ces trois ouvertures devaient constituer lentrée de la salle capitulaire qui ne fut jamais construite. Les colonnettes, initialement en calcaire lumachelle importé dAngleterre, ont été restaurées en poudingue de Lucerne. Le cloître abrite un jardin médiéval recréé en 1966 par frère Bruno de Senneville, moine bénédictin féru de botanique. Il est centré par un motif de buis rectangulaire bordé de treize rosiers de Damas. Les carrés de plantes médicinales, dherbes aromatiques et de fleurs symbolisent les besoins quotidiens des moines au moyen-âge. Les angles sont marqués par des cinéraires maritimes. Au centre des motifs en buis, ce trouvaient des monstres, des diables qui signifiaient que au milieu de toute merveille le mal est tout de même présent[7].

La salle dite de Belle Chaise et les bâtiments du sud-est

De même, les bâtiments de la belle-chaise et des logis abbatiaux intègrent les fonctions administratives de labbaye aux fonctions cultuelles. Labbé Richard Turstin édifie, à lest, la Salle des Gardes (qui sera depuis lentrée de labbaye) ainsi quune nouvelle Officialité, est rendue la justice relevant de labbaye (1257).

Vers 1393, sont édifiées les deux tours du Châtelet, puis ensuite la tour Perrine et une Bailliverie. Le tout sera complété, à linitiative de labbé Pierre Le Roy, par un logis personnel complétant les fortifications de labbaye même.

La ville

Une muraille fortifiée ceint la ville nichée au sud et à lest du mont. On peut voir, à proximité dune des portes, deux bombardes de 380 mm? et 420 mm? abandonnées par les Anglais.

La description des remparts et des monuments de la ville figurent à larticle sur la commune du Mont-Saint-Michel.

Notes et références

  1. Les développements consacrés à la géographie du lieu (le mont Saint-Michel, écrit avec une minuscule et sans trait dunion) figurent dans larticle Le Mont-Saint-Michel relatif à la commune du Mont-Saint-Michel (avec une majuscule et un trait dunion, celui de sa baie dans larticle Baie du mont Saint-Michel selon la nomenclature officielle de lINSEE).
  2. Abbaye du Mont-Saint-Michel - Centre des monuments nationaux
  3. François de Beaurepaire, Les noms des communes...de la Manche, éd. Picard 1986.
  4. Lactuelle chapelle Saint-Aubert, située au nord-ouest de labbaye, ne fut édifiée quau XVe siècle.
  5. Voir ici, et par ailleurs Aristote au Mont-Saint-Michel. Les racines grecques de lEurope chrétienne, par Sylvain Gouguenheim, Seuil "Lunivers historique", 2008, ouvrage cependant contesté pour sa thèse niant linfluence des traductions depuis larabe.
  6. Robert Sinsoilliez, Tombelaine: L'îlot de la baie du Mont-Saint-Michel
  7. jardins médiévaux, Mic Chamblas-Ploton, La maison rustique, Flammarion, (ISBN 2706617497)

Bibliographie

  • Lucien Bély, Le Mont Saint-Michel. Monastère et citadelle, Préface de Jean Favier, Rennes, Éditions Ouest-France, 2004 (seconde édition). (ISBN 978-2-7373-1419-3)
  • Germain Bazin, Mont St. Michel, Préface de Marcel Aubert, Paris, Picard, 1933. (ISBN 978-0878171903)
  • Louis Blondel, Notice historique du Mont-St.-Michel et de Tombelaine, Avranches, Le Court, 1816. Seconde édition en 1823.
  • Édouard Corroyer, Description de lAbbaye du Mont Saint-Michel et de ses Abords. Précédée dune Notice historique, Paris, Dumoulin, 1877. (ASIN B0000DN8C4)
  • Gazeau Véronique, Normannia monastica, princes normands et abbés bénédictins. Prosopograpie des abbés bénédictins, 2 vol., Publications du CRAHM, 2007, (ISBN 978-2-902685-38-7).
  • Paul Gout, Le Mont-Saint-Michel. Histoire de labbaye et de la ville. Étude archéologique et architecturale des monuments, Paris, Armand Colin, 1910. (ASIN B0000DRCFP)
  • Édouard Le Hericher, Histoire et description du Mont-Saint-Michel, Avranches Anfray, (vers 1850). Louvrage est divisé en trois parties : Légendes et histoire, descriptions des fortifications, de la ville et de labbaye, le rocher de Tombelaine. (ASIN B0000DL6D8)
  • Maximilien Raoul (pseudonyme de Charles-Marie Letellier), Histoire pittoresque du Mont Saint-Michel et de Tombelaine, Suivi dun fragment inédit sur Tombelène, extrait du Roman de Brut de Wace transcrit et annoté par Antoine Le Roux de Lincy, Paris, Librairie A. Ledoux, 1834.

Sources

Liens internes

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Abbaye Du Mont-Saint-Michel de Wikipédia en français (auteurs)

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