Charles François Dumouriez

Charles François Dumouriez

Charles François Dumouriez

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Charles François Dumouriez
Charles François Dumouriez
Naissance 26 janvier 1739
Cambrai
Décès 14 mars 1823 (à 84 ans)
Turville-Park
Origine Français
Allégeance Royaume de France Royaume de France
Drapeau français Royaume de France
Drapeau français République française
Flag of Royalist France.svg Armée des émigrés
Union flag 1606 (Kings Colors).svg Royaume de Grande-Bretagne
Flag Portugal (1707).svg Royaume du Portugal
Grade Général de division
Service 1758 -
Conflits Guerres de la Révolution
Commandement Armée des Ardennes
Armée du Nord
Faits darmes Bataille de Valmy
Bataille de Jemmapes
Bataille de Neerwinden
Distinctions Chevalier de Saint-Louis
Hommage Son nom figure sur lArc de triomphe de l'Etoile
Autres fonctions Ministre des Affaires étrangères
Ministre de la guerre
Famille Fils de Anne-François Duperrier-Dumouriez
Image : Le général Dumouriez

Charles François du Perrier du Mouriez, dit Dumouriez est le 26 janvier 1739 à Cambrai et mort le 14 mars 1823 à Turville-Park, près de Londres. Général français, petit fils de comédiens[1] et fils dun militaire de carrière, Anne-François Duperrier-Dumouriez.

Sommaire

Pendant la Monarchie

Il fit sa première campagne à 19 ans, comme cornette de cavalerie dans le régiment d'Escars, et il était parvenu au grade de capitaine. Officier de lAncien Régime, il sert comme capitaine pendant la guerre de Sept Ans durant laquelle il reçoit vingt-deux blessures.

À la paix de 1763, il se trouva compris dans une réforme nombreuse, nayant recueilli de sept années de service quun brevet de pension de 600 livres qui ne lui fut jamais payé et la croix de Saint-Louis. Il est fait chevalier de Saint-Louis le 1er février 1763.

Dans cette situation précaire, il alla offrir ses services à la République de Gênes qui faisait la guerre en Corse. Il fut refusé. Il alla trouver Paoli, qui le repoussa également. Il tenta alors de révolutionner la Corse au profit de la démocratie sans plus de succès. Enfin, nayant été agréé ni par les uns ni par les autres, il alla présenter au duc de Choiseul un plan pour la conquête de lîle: le ministre le repoussa durement.

Mais le beau-frère de la comtesse du Barry le fit rentrer en grâce. Le duc de Choiseul accorda à Dumouriez une gratification de 18.000 livres, et lui confia un emploi dagent secret pour une mission à la cour de Madrid.

Au retour de cette mission, il reçut un brevet daide-major général pour aller faire la guerre en Corse, sous MM. de Chauvelin et Devaux. En 1768, on lenvoie participer à l'occupation de la Corse qui vient dêtre achetée par Louis XV, roi de France, à la République de Gênes.

En 1770, on le chargea dune autre mission secrète en Pologne pour supporter militairement la confédération de Bar. Auprès des chefs du parti de lindépendance, réunis à Eperies en Hongrie. Sur ces entrefaites, le duc de Choiseul tomba en disgrâce et il se trouva sans instructions. Il se plaça alors à la tête dun parti de confédérés, attaqua 5 000 Russes commandés par Souvarof, qui le battit et dispersa sa troupe à la bataille de Lanckorona. D'Aiguillon, successeur du duc de Choiseul, le rappela en 1772.

Il alla alors aider Gustave III de Suède dans sa lutte contre laristocratie suédoise. Cette mission lui avait été donnée par le duc de Broglie, ministre de la correspondance secrète de Louis XV. DAiguillon, quon navait point informé, le fit arrêter à Hambourg et enfermer à la Bastille, puis au château de Caen, d il ne sortit quà la mort du roi, sans doute pour avoir détourné une partie des fonds destinés à ses missions dagent secret.

Louis XVI lui rendit son grade de colonel et lenvoya à Lille enseigner lexercice à la prussienne, puis, peu après, le fit gouverneur de Cherbourg, il dirigea pendant onze ans, avec talent et activité, les travaux du nouveau port.

On lavait nommé pendant ce temps brigadier en 1787, maréchal de camp le 9 mars 1788, et commandant de la garde nationale de Cherbourg. Il devint ensuite en 1789 gouverneur du Château de Caen il avait été enfermé quinze ans plus tôt.

Ministre de Louis XVI

Dès 1789, il adopte les principes de la Révolution française et écrit en leur faveur. Mais ce militaire qui joue d'importantes sommes, échoue à se faire élire aux états généraux de 1789. Quand le 18 juillet 1789, le Château de Caen est pris d'assaut par les bourgeois et le peuple de la ville, le commandant arbore la cocarde tricolore ramenant ainsi sans incident majeur le calme dans la ville[2]. Il quitte alors Caen pour s'établir à Paris, il se lie avec Armand Gensonné, La Fayette ou Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, et se faire connaître au Club des Jacobins en 1790.

Il obtient un commandement en Vendée en 1791 et est nommé lieutenant-général par ancienneté et commandant de la garde nationale de Cherbourg en août 1792.

Avec lappui des Girondins, il est ministre des Affaires étrangères le 15 mars 1792, pousse à la guerre contre lAutriche, fait licencier la Garde constitutionnelle du Roi Louis XVI et opère au renvoi des ministres Roland, Servan et Clavière.

Il est chargé un moment du ministère de la guerre, mais disgrâcié, il se retire du ministère en démissionnant le 15 juin 1792, et reprend du service.

Général des armées de la République

Il alla commander à larmée du Nord, sous les ordres de Luckner, la division du camp de Maulde; enfin, après le 10 août, par linfluence de Danton, son ami, il prit le commandement de l'armée des Ardennes, que La Fayette venait de quitter.

Dumouriez avait seulement quelques 28 000 hommes à opposer aux 60 000 du duc de Brunswick. Les ennemis menaçaient Verdun : il fait la campagne de l'Argonne et sempare des défilés de lArgonne, seul moyen d'arrêter leur marche.[3]

Larmée prussienne, retardée par plusieurs causes, donna le temps à Kellermann de rejoindre Dumouriez, le 19 septembre, avec 27 000 hommes, et à Beurnonville de lui amener 10 000 hommes. Le 20 septembre 1792, il arrête les progrès de lennemi : les Prussiens furent attaqués et la bataille de Valmy les força à la retraite. Dumouriez ne harcela pas cette armée en retraite, il ne fit que la suivre sans linquiéter, ne voulant pas enlever à Louis XVI, dont il navait jamais été lennemi, tout espoir dêtre protégé à lextérieur.

Il fit même prévenir secrètement le roi de Prusse que Custine allait envahir ses États. Au reste, son intérêt personnel était dans la balance : la Prusse lui abandonnait la Belgique, quil devait posséder avec le titre de duc de Brabant.

Dumouriez se rendit à Paris, se fit donner le commandement de larmée du Nord, fit paraître le 26 octobre, à Valenciennes, une proclamation qui excitait les Belges à se soulever contre lAutriche. Il entre en Belgique le 27 octobre.

Il se disposa, le 3 novembre, à attaquer larmée autrichienne sur les hauteurs fortifiées de Jemappes ; mais ce sont les Autrichiens eux-mêmes qui lattaquent. Il bat les Autrichiens sous les ordres du duc Albert de Saxe-Teschen à Jemappes le 6 novembre, et la Belgique est conquise. Soutenant lidée d'une République indépendante en Belgique Dumouriez soppose à la Convention.

Le putsch manqué

Dumouriez repartit fin décembre 1792 pour Paris, pour essayer de sauver Louis XVI dont le procès, juge-t-il, fut précipité. Impuissant à sauver le monarque, il voulut sassurer faire ratifier certains marchés avec les Belges. Mal reçu des Montagnards et notamment du ministre de la guerre Pache qu'il accusa de désorganiser l'approvisionnement des troupes, il sattacha aux Girondins. Eux comptaient sur lui, lui espérait deux.

Le 26 janvier 1793, il quitta Paris.

Arrivé à Amiens, il y apprit la rupture de la France avec lAngleterre, et conséquemment avec la Hollande.

Pour prendre de vitesse les armées de la coalition, il entreprit linvasion de cette république avec 13 500 hommes mal équipés et mal nourris la faute en incombant à l'administration Jean-Nicolas Pache.

Bréda et Bergen op Zoom tombèrent en son pouvoir. Il repoussa le prince Frédéric Josias de Saxe-Cobourg, et livra la Bataille de Neerwinden (18 mars 1793), les troupes françaises, tout en restant maîtresses du champ de bataille, éprouvèrent un véritable échec. Cette bataille qui eut pour lui toutes les conséquences de la défaite la plus complète, renversa tous ses projets.

A partir de ce revers, il se vit en butte à de virulentes attaques de ceux même qui avaient favorisé la défaite. La Convention, au sein de laquelle une foule daccusations sétaient élevées contre lui, décréta quil serait traduit à sa barre.

Se voyant menacé dêtre injustement traduit à la barre de l'Assemblée, décrété d'arrestation puis traduit au Tribunal révolutionnaire nouvellement établi, il accepta les ouvertures à lui faites par le prince de Cobourg qui lui proposa de se joindre à lui pour rétablir la constitution donnée par l'Assemblée nationale constituante, sortir Marie-Antoinette et ses enfants de la prison du Temple, dissoudre la Convention et rétablir une monarchie constitutionnelle.

Mais ses projets ayant transpiré, la Convention envoya (2 avril) à son quartier général (au bourg de Saint-Amand), le ministre Beurnonville et les députés Armand-Gaston Camus, Jean Henri Bancal des Issarts, François Lamarque et Nicolas-Marie Quinette, pour le suspendre et lui ordonner de venir rendre compte de sa conduite.[4]

Dumouriez, abandonné par une grande partie de ses soldats, poursuivi par lautre comme traître, néchappa quavec peine à la mousqueterie très-vive qui l'accompagna presque jusquaux retranchements de larmée autrichienne, et fut rejoint peu de jours après par environ 1 500 hommes, que le prince Frédéric Josias de Saxe-Cobourg prit à la solde de lAutriche. Dumouriez fit arrêter les commissaires. Il passe alors à lennemi, entraînant avec lui son état-major. Il fait arrêter, livrer aux Autrichiens et jeter dans les prisons dOlmütz le ministre de la guerre Beurnonville et ses quatre commissaires, ils restent trente mois. Il veut marcher sur Paris; mais il est abandonné de ses soldats, et contraint de gagner en fugitif le camp ennemi.

Dumouriez quitta le camp autrichien. À partir de cette époque, il mena une vie errante : mal vu de l'émigration ultra qui le rejetait comme "constitutionnel", il voyagea à travers lEurope. Il se rendit en Franconie, d il fut durement éconduit par lÉlecteur de Cologne, puis à Stuttgart, il ne fut pas mieux accueilli, puis, sous un nom supposé, en Suisse, en Italie, en Angleterre; mais tout séjour lui était interdit dès quil était reconnu. Enfin, il se fixa à Nériss, près de Hambourg, sur le territoire danois.

Sous le Consulat et le Premier Empire

En 1800, il alla en Russie offrir à Paul Ier de Russie ses services contre la France, mais Paul se prononça tout à coup pour la France contre l'Angleterre.

En 1800, il finit par se fixer au Royaume-Uni, dont le gouvernement lui fit une pension pour prix des conseils quil lui donnait. En 1803, à lépoque du camp de Boulogne, il alla habiter lAngleterre pour laquelle il fait de lespionnage. En 1805, il fit un voyage en Prusse. En 1807, il sétait lié avec Gustave de Suède, et il était question de lui donner le commandement de larmée suédoise, lorsque la paix de Tilsitt le força de retourner en Angleterre.

En 1808, il alla offrir ses services au Portugal menacé par la France. Il parcourut lEspagne, donna aux Espagnols le système des guérillas, et composa pour eux un ouvrage qui, traduit sous le titre de Pardidas de guerillas, fut longtemps leur manuel.

De 1812 à 1814, il fut le conseiller du ministère Castlereagh et de Wellington. On laccuse d'avoir fourni des plans aux Britanniques dans la guerre d'Espagne et aux Alliés lors de linvasion de la France en 1814.

Sous la Restauration

Pour ses conseils donnés à Arthur Wellesley de Wellington, il se voit refuser son autorisation de revenir en France par les Bourbons. Il resta en Angleterre et continua à recevoir une pension de 1 200 livres sterling et une somme annuelle de 40 000 francs, quun de ses anciens amis lui fit remettre jusquà sa mort.

Au mois de mars 1822, il quitta sa résidence de Little-Ealing et alla demeurer à Turville-Park, dans le comté de Buckingham. On lui acheta un troupeau, des vaches. Il avait 84 ans.

Il mourut le 14 mars 1823. Ses restes sont déposés dans léglise de Henley.

Son nom figure sur lArc de triomphe de l'Etoile à Paris.

Précédé par Charles François Dumouriez Suivi par
Claude Antoine de Valdec de Lessart
Ministre français des affaires étrangères
1792-1792
Pierre-Paul de Méredieu
Précédé par Charles François Dumouriez Suivi par
Joseph Servan
Ministre français de la Guerre
1792
Pierre Auguste Lajard

Publications

Dumouriez a beaucoup écrit sur la Révolution. Il a publié ses Mémoires sous ce titre : Vie et ouvrages du général Dumouriez, Hambourg, 1795. Il existe également 2 tomes reliés en un seul volume publié à Londres en 1794 sous le titre : "Mémoires du général Dumouriez, écrits par lui-même."
Et aussi : État présent du Royaume de Portugal en l'année MDCCLXVI Lausanne: chez François Grasset et Comp., 1775.

Notes et références

  1. Pour C. Mullié, dune ancienne famille parlementaire de Provence qui portait le nom de Duperrier. Dumouriez vient, par corruption, de Mouriez, nom de la femme de sa bisaïeule. Le père de Dumouriez était commissaire des guerres.
  2. Son successeur, Henri de Belzunce, fut moins habile et fut massacré par la foule le 12 Août 1789.
  3. Le 4 septembre 1792, il écrit à Paris la dépêche suivante :
    « Verdun est pris, jattends les Prussiens. Les défilés de lArgonne sont les Thermopyles de la France ; mais je serai plus heureux que Léonidas. »
    II sy maintint en effet.
  4. Dumouriez, quils trouvèrent entouré de son état-major, leur demanda quelle était leur mission. Les députés refusèrent de sexpliquer devant un aussi grand nombre d'officiers et demandèrent à passer dans une pièce voisine. Dumouriez y consentit, mais les officiers exigèrent que la porte restât ouverte. Camus lui lut alors le décret de la Convention. Dumouriez répondit qu'il ne pouvait quitter son armée dans létat de désorganisation elle se trouvait. Camus déclara que lordre était impératif; Dumouriez répondit quil ne serait pas assez sot pour se livrer lui-même aux tigres qui brûlaient de limmoler à Paris. Puis il engagea les commissaires à prendre un arrêté par lequel ils déclareraient que, obéissant à une impérieuse nécessité, ils avaient jugé quil était dangereux denlever un général en chef à une armée battue et en retraite. Il les quitta ensuite, passa avec Beurnonville dans la salle étaient les officiers de son état-major.— Les commissaires s'y présentèrent un instant après.
    « Voulez-vous obéir à la Convention? dit Camus.— Non. — Eh bien ! vous êtes suspendu de vos fonctions, vos papiers vont être saisis et votre personne est arrêtée. —Cest trop fort, s'écria Dumouriez ; à moi ! hussards ! »
    Les hussards de Berchiny se présentèrent : « Arrêtez ces hommes-,  » leur dit-il en allemand. Beurnonville demanda à partager le sort des députés. — « Oui, répondit-il, je vous rends un service ; je vous sauve du tribunal révolutionnaire. » Puis après avoir offert quelques aliments à ses prisonniers, il les envoya à Tournai, au quartier général des Autrichiens. Le lendemain, il harangua ses troupes qui restèrent muettes.

Voir aussi

Bibliographie

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  • Jean-Pierre Bois, Dumouriez : héros et proscrit : un itinéraire militaire, politique et moral entre lAncien régime et la Restauration. Paris : le Grand livre du mois, 2005. 484 p., 25 cm. ISBN 2-286-00991-0. (référence à remplacer par celle de l'édition originale)
  • Arthur Chuquet: Dumouriez, Paris 1914

Source partielle

  • « Charles François Dumouriez », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel dhistoire et de géographie, 1878 [détail des éditions]  (Wikisource)
  • « Charles François Dumouriez », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de lédition] (Wikisource)
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