Bethoven

Bethoven

Ludwig van Beethoven

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Ludwig van Beethoven
Ludwig van Beethoven travaillant à la Missa Solemnis.  Portrait de Joseph Karl Stieler, 1820.
Ludwig van Beethoven travaillant à la

Missa Solemnis.

Portrait de Joseph Karl Stieler, 1820.

Naissance 16 ou 17 décembre 1770
Bonn, Saint Empire romain germanique après 1400 Saint-Empire
Décès 26 mars 1827 (à 56 ans)
Vienne, Drapeau: Empire d'Autriche Empire dAutriche
Activité principale Compositeur
Années d'activité 1778-1826
Maîtres C. G. Neefe, J. Haydn, A. Salieri
Élèves C. Czerny
Ascendants Johann van Beethoven
Œuvres principales

Ludwig van Beethoven est un compositeur allemand, à Bonn le 16 ou le 17 décembre 1770 et mort à Vienne le 26 mars 1827.

Dernier grand représentant du classicisme viennois (après Gluck, Haydn et Mozart), Beethoven a préparé lévolution vers le romantisme en musique et influencé la musique occidentale pendant une grande partie du XIXe siècle. Inclassable (« Vous me faites limpression dun homme qui a plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes[1] » lui dit Haydn vers 1793), son art sest exprimé dans tous les genres, et bien que sa musique symphonique soit la principale source de sa popularité universelle, il a eu un impact également considérable dans lécriture pianistique et dans la musique de chambre.

Surmontant à force de volonté les épreuves dune vie marquée par le drame de la surdité, célébrant dans sa musique le triomphe de lhéroïsme et de la joie quand le destin lui prescrivait lisolement et la misère, il a mérité cette affirmation de Romain Rolland : « Il est bien davantage que le premier des musiciens. Il est la force la plus héroïque de lart moderne[2] ». Expression dune inaltérable foi en lhomme et dun optimisme volontaire, affirmant la création musicale comme action dun artiste libre et indépendant, lœuvre de Beethoven a fait de lui une des figures les plus marquantes de lhistoire de la musique.

Sommaire

Biographie

'putin merde de fais chier c'était un compositeur merdique quoi! rien de plus! il était chiant et arrêtait pas de se faire prendre des baffes par son père! pour ceux qui était censé faire une biographie : copiez ce que je vous ai dit !

1792-1802 : de Vienne à Heiligenstadt

Premières années viennoises

Joseph Haydn (1732-1809) fut le professeur de Beethoven de 1792 à 1794. Malgré une véritable estime réciproque, les relations furent souvent difficiles entre les deux artistes.
Portrait de T. Hardy, 1791.

À la fin du XVIIIe siècle, Vienne est la capitale de la musique occidentale et représente la meilleure chance de réussir pour un musicien désireux de faire carrière. Âgé de vingt-deux ans à son arrivée, Beethoven a déjà beaucoup composé, mais pour ainsi dire rien d'important. Bien qu'arrivé à Vienne moins dun an après la disparition de Mozart, le mythe du « passage du flambeau » entre les deux artistes est infondé : encore très loin de sa maturité artistique, ce n'est pas comme compositeur mais comme pianiste virtuose que Beethoven forge sa réputation à Vienne. Quant à lenseignement de Haydn, si prestigieux quil soit, il savère décevant à bien des égards. Dun côté, Beethoven se met rapidement en tête que son maître le jalouse ; de lautre côté, Haydn ne tarde pas à sirriter devant lindiscipline et laudace musicale de son élève. Malgré l'influence profonde et durable de Haydn sur lœuvre de Beethoven et une estime réciproque plusieurs fois rappelée par ce dernier, le « père de la symphonie » na jamais avec Beethoven les rapports de profonde amitié quil avait eus avec Mozart et qui avaient été à lorigine dune si féconde émulation.

Haydn, vers 1793 :

« Vous avez beaucoup de talent et vous en acquerrez encore plus, énormément plus. Vous avez une abondance inépuisable dinspiration, vous aurez des pensées que personne na encore eues, vous ne sacrifierez jamais votre pensée à une règle tyrannique, mais vous sacrifierez les règles à vos fantaisies ; car vous me faites limpression dun homme qui a plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes[3]. »

Après le nouveau départ de Haydn pour Londres (janvier 1794), Beethoven poursuit des études épisodiques jusquau début de 1795 avec divers autres professeurs dont le compositeur Johann Schenk et deux autres témoins de lépoque mozartienne : Johann Georg Albrechtsberger et Antonio Salieri. Son apprentissage terminé, Beethoven se fixe définitivement dans la capitale autrichienne. Ses talents de pianiste et ses dons d'improvisateur le font connaître et apprécier des personnalités mélomanes de laristocratie viennoise, dont les noms restent aujourdhui encore attachés aux dédicaces de plusieurs de ses chefs-dœuvre : le baron Nikolaus Zmeskall, le prince Carl Lichnowsky, le comte Andrei Razumovsky, le prince Joseph Franz von Lobkowitz, et plus tard larchiduc Rodolphe dAutriche, pour ne citer queux. Après avoir publié ses trois premiers Trios pour piano, violon et violoncelle sous le numéro dopus 1, puis ses premières Sonates pour piano, Beethoven donne son premier concert public le 29 mars 1795 pour la création de son Concerto pour piano no 2 (qui fut en fait composé le premier, à lépoque de Bonn).

Le premier virtuose de Vienne

Beethoven vers 1800. Ses talents dimprovisateur et sa virtuosité au piano le révélèrent au public viennois.
Portrait de C.T. Riedel, 1801

1796. Beethoven entreprend une tournée de concerts qui le mène de Vienne à Berlin en passant notamment par Dresde, Leipzig, Nuremberg et Prague. Si le public loue sa virtuosité et son inspiration au piano, sa fougue lui vaut le scepticisme des critiques des plus conservateurs. Un critique musical du Journal patriotique des États impériaux et royaux rapporte ainsi en octobre 1796 : « Il saisit nos oreilles, non pas nos cœurs ; cest pourquoi il ne sera jamais pour nous un Mozart. »[4].

La lecture des classiques grecs, de Shakespeare et des chefs de file du courant Sturm und Drang quétaient Goethe et Schiller, influence durablement dans le sens de lidéalisme le tempérament du musicien, acquis par ailleurs aux idéaux démocratiques des Lumières et de la Révolution française qui se répandent alors en Europe : en 1798, Beethoven fréquente assidûment lambassade de France à Vienne il rencontre Bernadotte et le violoniste Rodolphe Kreutzer auquel il dédie, en 1803, la Sonate pour violon no 9 qui porte son nom. Tandis que son activité créatrice sintensifie (composition des Sonates pour piano no 5 à no 7, des premières Sonates pour violon et piano), le compositeur participe jusquaux environs de 1800 à des joutes musicales dont raffole la société viennoise et qui le consacrent plus grand virtuose de Vienne au détriment de pianistes réputés comme Clementi, Cramer, Gelinek, Hummel et Steibelt.

La fin des années 1790 est aussi lépoque des premiers chefs-dœuvre, qui sincarnent dans le Concerto pour piano no 1 (1798), les six premiers Quatuors à cordes (1798-1800), le Septuor pour cordes et vents (1799-1800) et dans les deux œuvres qui affirment le plus clairement le caractère naissant du musicien : la Grande Sonate pathétique (1798-1799) et la Première Symphonie (1800). Bien que linfluence des dernières symphonies de Haydn y soit apparente, cette dernière est déjà empreinte du caractère beethovénien (en particulier dans le scherzo du troisième mouvement). Le Premier Concerto et la Première symphonie sont joués avec un grand succès le 2 avril 1800, date de la première académie de Beethoven (concert que le musicien consacre entièrement à ses œuvres). Conforté par les rentes que lui versent ses protecteurs, Beethoven, dont la renommée grandissante commence à dépasser les frontières de lAutriche, semble à ce moment de sa vie promis à une carrière de compositeur et dinterprète glorieuse et aisée. Czerny déclarera plus tard :

« Son improvisation était on ne peut plus brillante et étonnante ; dans quelque société quil se trouvât, il parvenait à produire une telle impression sur chacun de ses auditeurs quil arrivait fréquemment que les yeux se mouillaient de larmes, et que plusieurs éclataient en sanglots. Il y avait dans son expression quelque chose de merveilleux, indépendamment de la beauté et de loriginalité de ses idées et de la manière ingénieuse dont il les rendait[5]. »

Le tournant du siècle

Article détaillé : Testament de Heiligenstadt
Première page autographe du Testament de Heiligenstadt, rédigé par Beethoven le 6 octobre 1802. Désemparé par sa surdité débutante, il y expose à la fois son désespoir et sa volonté de continuer.
Le Theater an der Wien, haut lieu de la vie musicale à Vienne au début du XIXe siècle, voit la création de plusieurs œuvres majeures de Beethoven dont Fidelio et la Cinquième symphonie.

Lannée 1802 marque un premier grand tournant dans la vie du compositeur. Il commence en effet depuis 1796 à prendre conscience dune surdité qui devait irrémédiablement progresser jusquà devenir totale avant 1820[6]. Se contraignant à lisolement par peur de devoir assumer en public cette terrible vérité, Beethoven gagne dès lors une réputation de misanthrope dont il souffrira en silence jusquà la fin de sa vie[7]. Conscient que son infirmité lui interdirait tôt ou tard de se produire comme pianiste et peut-être de composer, il songe un moment au suicide, puis exprime à la fois sa tristesse et sa foi en son art dans une lettre qui nous est restée sous le nom de « Testament de Heiligenstadt », qui ne fut jamais envoyée et retrouvée seulement après sa mort :

Beethoven, le 6 octobre 1802.

« Ô vous, hommes qui pensez que je suis un être haineux, obstiné, misanthrope, ou qui me faites passer pour tel, comme vous êtes injustes ! Vous ignorez la raison secrète de ce qui vous paraît ainsi. […] Songez que depuis six ans je suis frappé dun mal terrible, que des médecins incompétents ont aggravé. Dannée en année, déçu par lespoir dune amélioration, […] jai misoler de bonne heure, vivre en solitaire, loin du monde. […] Si jamais vous lisez ceci un jour, alors pensez que vous navez pas été justes avec moi, et que le malheureux se console en trouvant quelquun qui lui ressemble et qui, malgré tous les obstacles de la Nature, a tout fait cependant pour être admis au rang des artistes et des hommes de valeur[8]. »

Heureusement, sa vitalité créatrice ne sen ressent pas. Après la composition de la tendre Sonate pour violon no 5 dite Le Printemps (Frühlings, 1800) et de la Sonate pour piano no 14 dite Clair de Lune (1801), cest dans cette période de crise morale quil compose la joyeuse et méconnue Deuxième Symphonie (1801-1802) et le plus sombre Concerto pour piano no 3 (1800-1802) sannonce nettement, dans la tonalité dut mineur, la personnalité caractéristique du compositeur. Ces deux œuvres sont accueillies très favorablement le 5 avril 1803, mais pour Beethoven une page se tourne. Dès lors sa carrière sinfléchit. Privé de la possibilité dexprimer tout son talent et de gagner sa vie en tant quinterprète, il va se consacrer à la composition avec une force de caractère que rien navait laissé prévoir. Au sortir de la crise de 1802 sannonce lhéroïsme triomphant de la Troisième Symphonie.

Beethoven en 1802 :

« Je suis peu satisfait de mes travaux jusquà présent. À dater daujourdhui, je veux ouvrir un nouveau chemin[9]. »

1802-1812 : la période Héroïque

De lHéroïque à Fidelio

Cest en hommage à Bonaparte (1769-1821), en qui il voit le sauveur des idéaux de la Révolution française, que Beethoven compose sa Symphonie Héroïque. Mais il se ravise en apprenant lavènement de lEmpire.
Bonaparte au pont d'Arcole,
A.-J. Gros, 1801.

La Troisième Symphonie « Héroïque », marque une étape capitale dans lœuvre de Beethoven, non seulement en raison de sa puissance expressive et de sa longueur jusquici inusitée, mais aussi car elle inaugure une série dœuvres brillantes, remarquables dans leur durée et dans leur énergie, caractéristiques du style de la période médiane de Beethoven dit « style héroïque ». Le compositeur entend initialement dédier cette symphonie au général Napoléon Bonaparte en qui il voit le sauveur de la Révolution française[10]. Mais apprenant la proclamation de lEmpire français (mai 1804), il entre en fureur et rature férocement la dédicace[11]. Pour finir, le chef-dœuvre reçoit le titre de « Grande symphonie Héroïque pour célébrer le souvenir dun grand homme ». La genèse de la symphonie sétend de 1802 à 1804 et la création publique, le 7 avril 1805, déchaîne les passions, tous ou presque la jugeant beaucoup trop longue. Beethoven ne sen soucie guère, déclarant quon trouverait cette symphonie très courte quand il en aurait composé une de plus dune heure[12], considérant - jusquà la composition de la Neuvième - lEroica comme la meilleure de ses symphonies[13].

Dans lécriture pianistique aussi, le style évolue : c'est en 1804 la Sonate pour piano no 21 dédiée au comte Waldstein dont elle porte le nom, qui frappe ses exécutants par sa grande virtuosité et par les capacités quelle exige de la part de linstrument. Dun moule similaire nait la sombre et grandiose Sonate pour piano no 23 dite Appassionata (1805), qui suit de peu le Triple Concerto pour piano, violon, violoncelle et orchestre (1804). En juillet 1805, le compositeur fait la rencontre du compositeur Luigi Cherubini pour qui il ne cache pas son admiration.

À trente-cinq ans, Beethoven sattaque au genre dans lequel Mozart sétait le plus illustré : lopéra. Il sétait enthousiasmé en 1801 pour le livret Léonore ou lAmour conjugal de Jean-Nicolas Bouilly, et lopéra Fidelio, qui porte primitivement le titre-nom de son héroïne Léonore, est ébauché dès 1803. Mais lœuvre donne à son auteur des difficultés imprévues. Mal accueilli au départ (trois représentations seulement en 1805), Beethoven sestimant victime dune cabale, Fidelio ne connaît pas moins de trois versions remaniées (1805, 1806 et 1814) et il faut attendre la dernière pour quenfin lopéra reçoive un accueil à sa mesure. Bien qu'il ait composé une pièce majeure du répertoire lyrique, cette expérience provoque l'amertume du compositeur et il ne devait jamais se remettre à ce genre, même sil étudia plusieurs autres projets dont un Macbeth inspiré de lœuvre de Shakespeare[14] et surtout un Faust daprès Goethe, à la fin de sa vie.

Lindépendance affirmée

Beethoven vers 1804, à lépoque de la Sonate Appassionata et de Fidelio. Résolu à « saisir le destin à la gorge », il compose dans la période qui sétend de 1802 à 1812 une série dœuvres brillantes et énergiques caractéristiques de son style « héroïque ».
Portrait de J.W. Mähler, 1804-1805.

Après 1805, malgré léchec retentissant de Fidelio, la situation de Beethoven est redevenue favorable. En pleine possession de sa vitalité créatrice, il semble saccommoder de son audition défaillante et retrouver, pour un temps au moins, une vie sociale satisfaisante. Si léchec dune relation intime avec Joséphine von Brunsvik est une nouvelle désillusion sentimentale pour le musicien, les années 1806 à 1808 sont les plus fertiles de sa vie créatrice : la seule année 1806 voit la composition du Concerto pour piano no 4, des trois Quatuors à cordes no 7, no 8 et no 9 dédiés au comte Razumovsky, de la Quatrième Symphonie et du Concerto pour violon. À lautomne de cette année Beethoven accompagne son mécène le prince Carl Lichnowsky dans son château de Silésie et fait à loccasion de ce séjour la plus éclatante démonstration de sa volonté dindépendance. Lichnowsky ayant menacé de mettre Beethoven aux arrêts sil sobstinait à refuser de jouer du piano pour des officiers français stationnés dans son château (la Silésie était occupée par larmée napoléonienne depuis Austerlitz), le compositeur quitte son hôte après une violente querelle et lui envoie un billet qui se passe de tout commentaire (octobre 1806:

« Prince, ce que vous êtes, vous lêtes par le hasard de la naissance. Ce que je suis, je le suis par moi. Des princes, il y en a et il y en aura encore des milliers. Il ny a quun Beethoven[15]. »

Sil se met en difficulté en perdant la rente de son principal mécène, Beethoven est parvenu à saffirmer comme artiste indépendant et à saffranchir symboliquement du mécénat aristocratique. Désormais le style héroïque peut atteindre son paroxysme. Donnant suite à son souhait de « saisir le destin à la gorge », exprimé à Wegeler en novembre 1801[16], Beethoven met en chantier la Cinquième Symphonie. À travers son célèbre motif rythmique de quatre notes exposé dès la première mesure et qui irradie toute lœuvre, le musicien entend exprimer la lutte de lhomme avec son destin, et son triomphe final. Louverture Coriolan, avec laquelle elle partage la tonalité dut mineur, date de cette même époque. Composée en même temps que la Cinquième, la Symphonie pastorale paraît dautant plus contrastée. Décrite par Michel Lecompte comme « la plus sereine, la plus détendue, la plus mélodique des neuf symphonies » en même temps que la plus atypique[17], elle est lhommage à la nature dun compositeur profondément amoureux de la campagne, dans laquelle il trouve depuis toujours le calme et la sérénité propices à son inspiration. Véritablement annonciatrice du romantisme en musique, la Pastorale porte en sous-titre cette phrase de Beethoven : « Expression du sentiment plutôt que peinture » et chacun de ses mouvements porte une indication descriptive : la symphonie à programme était née.

Le concert donné par Beethoven le 22 décembre 1808 est sans doute une des plus grandes « académies » de lhistoire (avec celle du 7 mai 1824, voir plus bas). Y sont joués en première audition la Cinquième Symphonie, la Symphonie pastorale, le Concerto pour piano no 4, la Fantaisie chorale pour piano et orchestre et deux hymnes de la Messe en ut majeur composée pour le prince Esterházy en 1807[18]. Après la mort de Haydn en mai 1809, bien quil lui restât des adversaires déterminés, il ne se trouve plus guère de monde pour contester la place de Beethoven dans le panthéon des musiciens.

La maturité artistique

Beethoven espérait beaucoup de sa rencontre en 1812 avec Goethe (1749-1832), mais il ny trouva quune indifférence calculée. Jugeant Beethoven, le poète écrit : « Je nai encore jamais vu un artiste plus puissamment concentré, plus énergique, plus intérieur. (…) Cest malheureusement une personnalité tout à fait indomptée »[19]
Portrait de J.H.W. Tischbein, 1787.

1808. Beethoven reçoit de Jérôme Bonaparte, placé par son frère sur le trône de Westphalie, la proposition du poste de maître de chapelle à sa Cour de Kassel. Il semble que le compositeur ait pendant un moment songé à accepter ce poste prestigieux qui, sil remettait en cause son indépendance si chèrement défendue, lui eût assuré une situation sociale confortable. Cest alors quun sursaut patriotique sempare de laristocratie viennoise (1809). Refusant de laisser partir leur musicien national, larchiduc Rodolphe, le prince Kinsky et le prince Lobkowitz sallient pour assurer à Beethoven, sil reste à Vienne, une rente viagère de 4 000 florins annuels, somme considérable pour lépoque[20]. Beethoven accepte, voyant son espoir dêtre définitivement à labri du besoin aboutir, mais la reprise de la guerre entre la France et lAutriche au printemps 1809 remet tout en cause. La famille impériale est contrainte de quitter Vienne occupée, la grave crise économique qui sempare de lAutriche après Wagram et le traité de Schönbrunn imposé par Napoléon ruine laristocratie et rend caduc le contrat passé par Beethoven. Jusquà sa mort la conjoncture lui restera défavorable de ce point de vue et il devra vivre ses dernières années dans une situation proche de la misère.

Néanmoins le catalogue continue de senrichir : les années 1809 et 1810 voient la composition du Concerto pour piano no 5, œuvre virtuose que crée Karl Czerny, de la musique de scène pour la pièce Egmont de Goethe et du Quatuor à cordes no 10 dit « Les Harpes ». Cest pour le départ imposé de son élève et ami larchiduc Rodolphe, plus jeune fils de la famille impériale, que Beethoven compose la Sonate « Les Adieux ». Les années 1811 et 1812 voient le compositeur atteindre sans doute lapogée de sa vie créatrice. Le Trio à lArchiduc et la Septième Symphonie sont le point dorgue de la période héroïque.

Sur le plan personnel, Beethoven est profondément affecté en 1810 par léchec dun projet de mariage avec Thérèse Malfatti, dédicataire de la célèbre Lettre à Élise. La vie sentimentale de Beethoven a suscité dabondants commentaires de la part de ses biographes. Le compositeur séprit à de nombreuses reprises de jolies femmes, le plus souvent mariées, mais jamais ne connut ce bonheur conjugal quil appelait de ses vœux et dont il faisait lapologie dans Fidelio. Ses amitiés amoureuses avec Giulietta Giucciardi (inspiratrice de la Sonate « Clair de lune »), Thérèse von Brunsvik (dédicataire de la Sonate pour piano no 24), Maria von Erdödy (qui reçut les deux Sonates pour violoncelle opus 102) ou encore Amalie Sebald restèrent déphémères expériences. Outre léchec de ce projet de mariage, lautre événement majeur de la vie amoureuse du musicien fut la rédaction, en 1812, de la bouleversante Lettre à l'immortelle Bien-aimée dont la dédicataire reste inconnue, même si les noms de Joséphine von Brunsvik et surtout dAntonia Brentano sont ceux qui ressortent le plus nettement de létude des époux Massin[21] et de Maynard Solomon[22].

Article détaillé : Lettre à l'immortelle Bien-aimée

1813-1817 : Les années sombres

Lincident de Teplitz (juillet 1812) vu par Carl Rohling, 1887. Beethoven, accompagné de Goethe (à gauche, à larrière-plan), refuse de sincliner devant la famille impériale et passe son chemin.

Le mois de juillet 1812, abondamment commenté par les biographes du musicien, marque un nouveau tournant dans la vie de Beethoven. Séjournant en cure thermale dans la région de Teplitz et de Karlsbad, il rédige lénigmatique Lettre à l'immortelle Bien-aimée et fait la rencontre infructueuse de Goethe par lentremise de Bettina Brentano. Pour des raisons qui demeurent mal précisées, c'est aussi le début dune longue période de stérilité dans la vie créatrice du musicien. On sait que les années qui suivirent 1812 coïncidèrent avec plusieurs événements dramatiques dans la vie de Beethoven, événements quil dut surmonter seul, tous ses amis ou presque ayant quitté Vienne pendant la guerre de 1809, mais rien nexplique entièrement cette rupture après dix années dune telle fécondité.

Malgré laccueil très favorable réservé par le public à la Septième symphonie et à la Victoire de Wellington (décembre 1813), malgré la reprise enfin triomphale de Fidelio dans sa version définitive (mai 1814), Beethoven perd peu à peu les faveurs de Vienne toujours nostalgique de Mozart et acquise à la musique plus légère de Rossini. Le tapage fait autour du Congrès de Vienne, Beethoven est encensé comme musicien national[23], ne masque pas longtemps la condescendance grandissante des Viennois à son égard. En outre, le durcissement du régime imposé par Metternich le place dans une situation délicate, la police viennoise étant depuis longtemps au fait des convictions démocratiques et révolutionnaires dont le compositeur se cache de moins en moins. Sur le plan personnel, lévénement majeur vient du décès de son frère Kaspar-Karl en 1815. Beethoven qui lui avait promis de diriger léducation de son fils Karl doit faire face à une interminable série de procès contre sa belle-sœur pour en obtenir la tutelle exclusive, finalement gagnée en 1820[19]. Malgré toute la bonne volonté et lattachement du compositeur, ce neveu allait devenir pour lui, et jusquà la veille de sa mort, une source inépuisable de tourment. De ces années sombres, sa surdité devient totale, seuls émergent quelques rares chefs-dœuvre : les Sonates pour violoncelle no 4 et 5 dédiées à sa confidente Maria von Erdödy (1815), la Sonate pour piano no 28 (1816) et le cycle de lieder À la Bien-aimée lointaine (An die ferne Geliebte, 1815-1816), sur des poèmes dAlois Jeitteles.

Tandis que sa situation matérielle devient de plus en plus préoccupante, Beethoven tombe gravement malade entre 1816 et 1817 et semble une nouvelle fois proche du suicide. Pourtant, sa force morale et sa volonté reprennent encore une fois leurs droits. Tourné vers lintrospection et la spiritualité, pressentant limportance de ce quil lui reste à écrire pour « les temps à venir », il trouve la force de surmonter ces épreuves pour entamer une dernière période créatrice qui lui apportera probablement ses plus grandes révélations. Neuf ans avant la création de la Neuvième Symphonie, Beethoven résume en une phrase ce qui allait devenir à bien des égards lœuvre de toute sa vie (1815:

« Nous, êtres limités à lesprit infini, sommes uniquement nés pour la joie et pour la souffrance. Et on pourrait presque dire que les plus éminents s'emparent de la joie par la souffrance (Durch Leiden, Freude)[24]. »

1818-1827 : Le dernier Beethoven

La Messe en et ladieu au piano

Une page manuscrite de la Sonate pour piano no 30 op. 109 (1820).

Les forces de Beethoven reviennent à la fin de 1817, époque à laquelle il ébauche une nouvelle sonate quil destine au piano-forte le plus récent (Hammerklavier en allemand), et quil envisage comme la plus vaste de toutes celles quil a composées jusque . Exploitant jusquaux limites des possibilités de linstrument, durant près de cinquante minutes, la Grande Sonate pour Hammerklavier opus 106 laisse indifférents les contemporains de Beethoven qui la jugent injouable et estiment que, désormais, la surdité du musicien lui rend impossible lappréciation correcte des possibilités sonores. À lexception de la Neuvième Symphonie, il en est de même pour lensemble des dernières œuvres du maître, dont lui-même a conscience quelles sont très en avance sur leur temps. Se souciant peu des doléances des interprètes, il déclare à son éditeur en 1819 : « Voilà une sonate qui donnera de la besogne aux pianistes, quand on la jouera dans cinquante ans[25] ». À partir de cette époque, enfermé dans sa surdité, il doit se résoudre à communiquer avec son entourage par lintermédiaire de cahiers de conversation qui, si une grande partie en a été détruite ou perdue, constituent aujourdhui un témoignage irremplaçable sur cette dernière période.

Beethoven a toujours été croyant, sans être un pratiquant assidu, mais sa ferveur chrétienne saccroit notablement au sortir de ces années difficiles, ainsi quen témoignent les nombreuses citations de caractère religieux quil recopie dans ses cahiers à partir de 1817[26]. Aucune preuve déterminante n'a jamais été apportée aux rumeurs selon lesquelles il aurait appartenu à la franc-maçonnerie.

Au printemps de 1818 lui vient lidée dune grande œuvre religieuse quil envisage dabord comme une messe dintronisation pour larchiduc Rodolphe, qui doit être élevé au rang darchevêque dOlmütz quelques mois plus tard. Mais la colossale Missa Solemnis en majeur réclame au musicien quatre années de travail opiniâtre (1818-1822) et la messe n'est remise à son dédicataire quen 1823. Beethoven étudie longuement les messes de Bach et Le Messie de Haendel durant la composition de la Missa Solemnis quil déclarera à plusieurs reprises être « sa meilleure œuvre, son plus grand ouvrage ». Parallèlement à ce travail sont composées les trois dernières Sonates pour piano (no 30, no 31 et no 32) dont la dernière, lopus 111, sachève sur une arietta à variations dune haute spiritualité qui aurait pu être sa dernière page pour piano. Mais il lui reste à composer un ultime chef-dœuvre pianistique : léditeur Anton Diabelli invite en 1822 lensemble des compositeurs de son temps à écrire une variation sur une valse très simple de sa composition. Après sêtre dabord moqué de cette valse[27], Beethoven dépasse le but proposé et en tire un recueil de 33 Variations que Diabelli lui-même estime comparable aux célèbres Variations Goldberg de Bach, composées quatre-vingts ans plus tôt.

La Neuvième Symphonie et les derniers quatuors

Beethoven en 1823, à lépoque de la composition des Variations Diabelli et de la Neuvième symphonie. Muré dans sa surdité devenue totale, il ne communique plus avec son entourage que par lintermédiaire de cahiers de conversation. Portrait de F.G. Waldmüller, 1823.

La composition de la Neuvième Symphonie débute au lendemain de lachèvement de la Missa Solemnis, mais cette œuvre a une genèse extrêmement complexe dont la compréhension nécessite de remonter à la jeunesse de Beethoven, qui dès avant son départ de Bonn envisageait de mettre en musique l'Ode à la joie de Schiller[28]. À travers son inoubliable finale sont introduits des chœurs, innovation dans lécriture symphonique, la Neuvième symphonie apparait, dans la lignée de la Cinquième, comme une évocation musicale du triomphe de la joie et de la fraternité sur le désespoir, et prend la dimension dun message humaniste et universel. La symphonie est créée devant un public enthousiaste le 7 mai 1824, Beethoven renouant un temps avec le succès. Cest en Prusse et en Angleterre, la renommée du musicien est depuis longtemps à la mesure de son génie, que la symphonie connait le succès le plus fulgurant. Plusieurs fois invité à Londres comme lavait été Joseph Haydn, Beethoven a été tenté vers la fin de sa vie de voyager en Angleterre, pays quil admire pour sa vie culturelle et pour sa démocratie et quil oppose systématiquement à la frivolité de la vie viennoise[29], mais ce projet ne se réalisera pas et Beethoven ne connaitra jamais le pays de son idole Haendel, dont linfluence est particulièrement sensible dans la période tardive de Beethoven, qui compose dans son style, entre 1822 et 1823, louverture La Consécration de la maison.

Les cinq derniers Quatuors à cordes (no 12, no 13, no 14, no 15, no 16) mettent le point final à la production musicale de Beethoven. Par leur caractère visionnaire, renouant avec des formes anciennes (utilisation du mode lydien dans le Quatuor no 15), ils marquent laboutissement des recherches de Beethoven dans la musique de chambre. Les grands mouvements lents à teneur dramatique (Cavatine du Quatuor no 13, Chant daction de grâce sacrée dun convalescent à la Divinité du Quatuor no 15) annoncent le romantisme tout proche. À ces cinq quatuors, composés dans la période 1824-1826, il faut encore ajouter la Grande Fugue en si bémol majeur, opus 133, qui est au départ le mouvement conclusif du Quatuor no 13 mais que Beethoven séparera à la demande de son éditeur. À la fin de lété 1826, alors quil achève son Quatuor no 16, Beethoven projette encore de nombreuses œuvres[30] : une Dixième Symphonie, dont quelques esquisses nous sont parvenues ; une ouverture sur le nom de Bach ; un Faust inspiré de la pièce de Goethe ; un oratorio sur le thème de Saül et David, un autre sur le thème des Éléments ; un Requiem. Mais le 30 juillet 1826, son neveu Karl fait une tentative de suicide. Laffaire fait scandale, et Beethoven bouleversé part se reposer chez son frère Johann à Gneixendorf dans la région de Krems-sur-le-Danube, en compagnie de son neveu convalescent. Cest quil écrit sa dernière œuvre, un allegro pour remplacer la Grande Fugue comme finale du Quatuor no 13.

La fin

Les funérailles de Beethoven le 29 mars 1827 rassemblent plusieurs milliers danonymes.
Tableau de F. Stober, 1827

De retour à Vienne en décembre 1826, Beethoven contracte une double pneumonie dont il ne peut se relever : les quatre derniers mois de sa vie sont marqués par des douleurs permanentes et une terrible détérioration physique.

La cause directe de la mort du musicien, selon les observations de son dernier médecin (le docteur Wawruch) semble être une décompensation de cirrhose hépatique[31]. Mais lexplication la plus récente, appuyée sur des analyses de ses cheveux et de fragments osseux, est quil aurait souffert toute la fin de sa vie (indépendamment de sa surdité, le compositeur se plaignait régulièrement de douleurs abdominales et de troubles de la vision) dun saturnisme chronique[32] combiné avec une déficience génétique l'empêchant d'éliminer le plomb absorbé par son organisme. Jusquà la fin le compositeur reste entouré de ses proches amis, notamment Karl Holz, Anton Schindler et Stephan von Breuning. Quelques semaines avant sa mort, il aurait reçu la visite de Franz Schubert[33], quil ne connaissait pas et quil regrette davoir découvert si tardivement. Cest à son ami le compositeur Ignaz Moscheles, promoteur de sa musique à Londres, quil envoie sa dernière lettre dans laquelle il promet encore aux Anglais de leur composer une nouvelle symphonie pour les remercier de leur soutien[34]. Mais le 26 mars 1827, Ludwig van Beethoven meurt à lâge de cinquante-six ans. Alors que Vienne ne se souciait plus guère de son sort depuis des mois, ses funérailles, le 29 mars 1827, réunissent un cortège impressionnant de plusieurs milliers danonymes. Beethoven repose au cimetière de Vienne.

Schubert en 1827 :

« Il sait tout, mais nous ne pouvons pas tout comprendre encore, et il coulera beaucoup deau dans le Danube avant que tout ce que cet homme a créé soit généralement compris[35]. »
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Style musical et innovations

Les influences

Jeunesse à Bonn

Cest à la cour du Prince Max-Franz, son protecteur à Bonn de 1784 à 1792, que Beethoven fait la découverte décisive de la musique des Bach (ici Johann Sebastian) et de celle des compositeurs de lÉcole de Mannheim.
Portrait de J.E. Rentsch, 1715.

Contrairement à une croyance répandue, les premières influences musicales qui se sont excercées sur le jeune Beethoven ne sont pas tant celles de Haydn ou de Mozartdont, à lexception de quelques partitions[36], il ne découvrit véritablement la musique quune fois arrivé à Vienneque du style galant de la seconde moitié du XVIIIe siècle et des compositeurs de lÉcole de Mannheim dont il pouvait entendre les œuvres à Bonn, à la cour du Prince-Électeur Maximilien François d'Autriche. Les œuvres qui nous sont parvenues de cette période (dont aucune napparaît dans le catalogue des opus), composées entre 1782 et 1792, témoignent déjà dune remarquable maîtrise de la composition ; mais sa personnalité ne sy manifeste pas encore comme elle le fera dans la période viennoise. Dans les Sonates à lÉlecteur WoO 47 (1783), le Concerto pour piano WoO 4 (1784) ou encore les Quatuors avec piano WoO 36 (1785), on décèle surtout une forte influence du style galant de compositeurs tels que Johann Christian Bach.

Deux autres représentants de la famille Bach constituent dailleurs le socle de la culture musicale du jeune Beethoven : Carl Philipp Emanuel, dont il joue les sonates, et Johann Sebastian Bach, dont il apprend par cœur les deux livres du Clavier bien tempéré. Mais dans les deux cas, il sagit plutôt détudes destinées à la maîtrise de son instrument quà la composition proprement dite.

Linfluence décisive de Haydn

La particularité de linfluence exercée par Haydnpar rapport, notamment, à celle exercée par Clementitient au fait quelle dépasse littéralement le simple domaine esthétique (auquel elle ne sapplique que momentanément et superficiellement) pour imprégner bien davantage le fond même de la conception beethovénienne de la musique. En effet, le modèle du maître viennois ne se manifeste pas tant, comme on le croit trop souvent, dans les œuvres dites « de la première période », que dans celles des années suivantes : la Symphonie Héroïque, dans son esprit et ses proportions, a ainsi bien plus à voir avec Haydn que les deux précédentes ; de même, Beethoven se rapproche davantage de son aîné dans son dernier quatuor, achevé en 1826, que dans son premier, composé une trentaine dannées plus tôt. On distingue ainsi, dans le style de Haydn, les aspects qui deviendront essentiels de lesprit beethovénien.

Plus que tout, cest le sens haydnien du motif qui influence profondément et durablement lœuvre de Beethoven. Jamais celle-ci ne connaîtra de principe plus fondateur et plus immuable que celui, hérité de son maître, de bâtir un mouvement entier à partir dune cellule thématique réduite parfois jusquà lextrêmeet les chefs-dœuvre les plus célèbres en témoignent, à lexemple du premier mouvement de la Cinquième Symphonie. À la réduction quantitative du matériau de départ doit évidemment correspondre une extension du développement ; et si la portée de linnovation apportée par Haydn sest révélée si grande, sur Beethoven et donc indirectement sur toute lhistoire de la musique, cest justement parce que le motif haydnien a eu vocation à engendrer un développement thématique dune ampleur jusqualors inédite.

Beethoven emprunte à Haydn son sens du motif. Ainsi, une cellule rythmique de deux mesures sert de matériau à tout le premier mouvement de la Cinquième symphonie.

Cette influence de Haydn ne se limite pas toujours au thème ou même au développement de celui-ci, mais sétend parfois jusquà lorganisation interne de tout un mouvement de sonate. Pour le maître du classicisme viennois, cest le matériau thématique qui détermine la forme de lœuvre. aussi, plus que dune influence, on peut parler dun principe qui deviendra véritablement substantiel de lesprit beethovénien ; et que le compositeur développera dailleurs encore bien davantage que son aîné dans ses productions les plus abouties. Ainsi en est-il par exemple, comme lexplique Charles Rosen[37], du premier mouvement de la Sonate « Hammerklavier » : cest la tierce descendante du thème principal qui en détermine toute la structure (on voit par exemple tout au long du morceau les tonalités se succéder dans un ordre de tierces descendantes : si bémol majeur, sol majeur, mi bémol majeur, si majeur…).

En dehors de ces aspects essentiels, dautres caractéristiques moins fondamentales de lœuvre de Haydn ont parfois influencé Beethoven. Même si lon pourrait citer quelques rares exemples antérieurs, Haydn est le premier compositeur à avoir véritablement fait usage dune technique consistant à débuter un morceau dans une fausse tonalitécest-à-dire une tonalité autre que la tonique. Ce principe illustre bien la propension typiquement haydnienne à susciter la surprise de lauditeur, tendance que lon retrouve largement chez Beethoven : le dernier mouvement du Quatrième concerto pour piano, par exemple, semble commencer en ut majeur le temps de quelques mesures avant que ne sétablisse clairement la tonique (sol majeur). Haydn est également le premier à sêtre penché sur la question de lintégration de la fugue dans la forme sonate, à laquelle il répond principalement en employant la fugue comme développement. Dans ce domaine, avant de mettre au point de nouvelles méthodes (qui ninterviendront que dans la Sonate pour piano no 32 et le Quatuor à cordes no 14) Beethoven reprendra plusieurs fois les trouvailles de son maître : le dernier mouvement de la Sonate pour piano no 28 et le premier de la Sonate « Hammerklavier » en fournissent probablement les meilleurs exemples.

Linfluence de Mozart

À partir de 1800, linfluence de Mozart chez Beethoven apparaît plus formelle questhétique.
Portrait inachevé de J. Lange (détail), v. 1790.

Davantage encore que précédemment, il faut bien distinguer dans linfluence de Mozart sur Beethoven un aspect esthétique et un aspect formel. Lesthétique mozartienne se manifeste principalement dans les œuvres dites de la « première période » ; et ce de manière plutôt superficielle, puisque linfluence du maître sy résume le plus souvent à des emprunts de formules toutes faites. Jusquaux alentours de 1800, la musique de Beethoven sinscrit surtout dans le style tantôt post-classique, tantôt pré-romantique alors représenté par des compositeurs tels que Clementi ou Hummel ; un style qui nimite Mozart quen surface, et que lon pourrait davantage qualifier de « classicisant » que de véritablement classique (selon lexpression de Rosen).

Laspect formelet plus profondde linfluence de Mozart se manifeste plutôt à partir des œuvres dites de la « deuxième période ». Cest dans le concerto, genre que Mozart a porté a son plus haut niveau, que le modèle du maître semble être demeuré le plus présent. Ainsi, dans le premier mouvement du Concerto pour piano no 4, labandon de la double exposition de sonate (successivement orchestre et soliste) au profit dune exposition unique (simultanément orchestre et soliste) reprend en quelque sorte lidée mozartienne consistant à fondre la présentation statique du thème (orchestre) dans sa présentation dynamique (soliste). Plus généralement, Beethoven, dans sa propension à amplifier les codas jusquà les transformer en éléments thématiques à part entière, se pose bien plus en héritier de Mozart que de Haydnchez qui les codas se distinguent bien moins de la réexposition.

Les sonates pour piano de Clementi

Dans le domaine de la musique pour piano, cest surtout linfluence de Muzio Clementi qui sexerce rapidement sur Beethoven à partir de 1795 et permet à sa personnalité de saffirmer et sépanouir véritablement. Si elle na pas été aussi profonde que celle des œuvres de Haydn, la portée des sonates pour piano du célèbre éditeur nen a pas moins été immense dans lévolution stylistique de Beethoven, qui les jugeait dailleurs supérieures à celles de Mozart. Certaines dentre elles, par leur audace, leur puissance émotionnelle et le caractère novateur de leur traitement de linstrument, inspirent quelques uns des premiers chefs-dœuvre de Beethoven ; et les éléments qui, les premiers, permettent au style pianistique du compositeur de se distinguer proviennent pour une bonne part de Clementi.

Ainsi, dès les années 1780, Clementi fait un emploi nouveau daccords peu usités jusqualors : les octaves, principalement, mais aussi les sixtes et les tierces parallèles. Il étoffe ainsi sensiblement lécriture pianistique, dotant linstrument dune puissance sonore inédite, qui impressionne certainement le jeune Beethoven ; lequel va rapidement intégrer, dès ses trois premières sonates, ces procédés dans son propre style. Lusage des indications dynamiques sélargit dans les sonates de Clementi : pianissimo et fortissimo y deviennent fréquents et leur fonction expressive prend une importance considérable. aussi, Beethoven saisit les possibilités ouvertes par ces innovations ; et dès la sonate « Pathétique », ces principes se voient définitivement intégrés au style beethovénien.

Un autre point commun entre les premières sonates de Beethoven et cellescontemporaines ou antérieuresde Clementi est leur longueur, relativement importante pour lépoque : les sonates de Clementi dont sinspire le jeune Beethoven sont en effet des œuvres denvergure, souvent constituées de vastes mouvements. On y trouve les prémisses dune nouvelle vision de lœuvre musicale, conçue désormais pour être unique. Les sonates pour piano de Beethoven sont connues pour avoir été en quelque sorte son « laboratoire expérimental », celui duquel il tirait les idées nouvelles quil étendait ensuite à dautres formescomme la symphonie. Par elles, linfluence de Clementi sest donc exercée sur lensemble de la production beethovénienne. Ainsi, comme le fait remarquer Marc Vignal[38], on trouve par exemple des influences importantes des sonates op. 13 no 6 et op. 34 no 2 de Clementi dans la Symphonie héroïque.

Le style héroïque et ses inspirateurs

Haendel et les anciens

Beethoven voyait en Haendel (1685-1759) le plus grand compositeur de lhistoire. Il sen inspira dans plusieurs de ses dernières œuvres dont la Missa Solemnis et la Sonate opus 111.
Portrait de B. Denner, 1733.

Une fois les influences « héroïques » assimilées, après avoir véritablement pris le « nouveau chemin »[9] sur lequel il souhaitait sengager, et après avoir définitivement affirmé sa personnalité à travers les réalisations dune période créatrice allant de la Symphonie Héroïque jusquà la Septième Symphonie, Beethoven cesse de sintéresser aux œuvres de ses contemporains, et par conséquent dêtre influencé par elles. Parmi ses contemporains, seuls Cherubini et Schubert lenchantent encore ; mais en aucune manière il ne songe à les imiter. Méprisant par dessus tout lopéra italien, et désapprouvant fermement le romantisme naissant, Beethoven sent alors le besoin de se tourner vers les « piliers » historiques de la musique : J.S. Bach et G.F. Haendel, ainsi que les grands maîtres de la renaissance, tels Palestrina. Parmi ces influences, la place de Haendel est plus que privilégiée : jamais sans doute neut-il de plus fervent admirateur que Beethoven ; qui (désignant ses œuvres complètes, quil vient de recevoir) sécrie : « Voilà la vérité ! » ; ou encore Beethoven qui, au soir de sa vie, dit vouloir s« agenouiller sur sa tombe ».

De lœuvre de Haendel, la musique du dernier Beethoven prend souvent laspect grandiose et généreux, par lemploi de rythmes pointéscomme cest le cas dans lintroduction de la Sonate pour piano no 32, dans le premier mouvement de la Neuvième symphonie ou encore dans la seconde Variation Diabelliou même par un certain sens de lharmonie, ainsi que le montrent les premières mesures du deuxième mouvement de la Sonate pour piano no 30, entièrement harmonisées dans le plus pur style haendelien.

Cest également linépuisable vitalité caractéristique de la musique de Haendel qui fascine Beethoven, et que lon retrouve par exemple dans le fugato choral sur « Freude, schöner Götterfunken » qui suit le célèbre « Seid umschlungen, Millionen », dans le finale de la Neuvième symphonie : le thème qui y apparaît, balancé par un puissant rythme ternaire, relève dune simplicité et dune vivacité typiquement haendeliennes jusque dans ses moindres contours mélodiques. Un nouveau pas est franchi avec la Missa Solemnis, la marque des grandes œuvres chorales de Haendel se fait plus que jamais sentir. Beethoven est même tellement absorbé dans lunivers du Messie quil en retranscrit note pour note lun des plus célèbres motifs de lHalleluja dans le Gloria. Dans dautres œuvres, on retrouve la nervosité que peuvent revêtir les rythmes pointés de Haendel parfaitement intégrée au style beethovénien, comme dans leffervescente Grande Fugue ou encore dans le second mouvement de la Sonate pour piano no 32, cette influence se voit peu à peu littéralement transfigurée.

Enfin, cest également dans le domaine de la fugue que lœuvre de Haendel imprègne Beethoven. Si les exemples du genre écrits par lauteur du Messie reposent sur une parfaite maîtrise des techniques contrapuntiques, elles se fondent généralement sur des thèmes simples et suivent un cheminement qui ne prétend pas à lextrême élaboration de fugues de Bach. Cest ce qui a satisfaire Beethoven, qui dune part partage avec Haendel le souci de construire des œuvres entières à partir dun matériau aussi simple et réduit que possible, et qui dautre part ne possède pas les prédispositions pour le contrepoint qui lui permettraient dy chercher une excessive sophistication.

Le style

Un compositeur classique

La théorie des trois périodes et ses limites

Postérité

Lhéritage au XIXe siècle

La remise en cause du modèle beethovénien

« Beethoven, lun de ces hommes dont il est établi de la manière la plus sûre quils ont eu du génie, navait pas de goût. (…) Il nest pas question ici de diminuer en quoi que ce soit la gloire de Beethoven. Il ne sagit que dun méchant tour joué par la fée Bon Goût, quon avait oublié dinviter au baptême. » (Debussy, 1910)[39]

Beethoven au XXe siècle

Beethoven au XXIe siècle

Lœuvre de Beethoven

Dans lhistoire musicale, lœuvre de Beethoven représente une transition entre lère classique (approximativement 1750-1810) et lère romantique (approximativement 1810-1900). Si ses premières œuvres sont influencées par Haydn ou Mozart, ses œuvres de maturité sont riches dinnovations et ont ouvert la voie aux musiciens au romantisme exacerbé, tels Brahms (dont Hans von Bulow déclara que sa Première Symphonie était "la Dixième de Beethoven[40]!" probablement à cause de son finale Brahms introduit volontairement un thème proche de celui de l'Hymne à la Joie en hommage au Maître), Schubert, Wagner ou encore Bruckner:

  • Louverture de sa Cinquième Symphonie (1807), expose un motif violentmotif omniprésent dès ses œuvres de jeunesse —, qui est réutilisé tout au long des quatre mouvements. La transition du troisième au dernier mouvement se fait attacca (sans interruption) ;
  • la Neuvième Symphonie (1824) est la première symphonie à introduire un chœur, au quatrième mouvement. Lensemble de ce traitement orchestral représente une véritable innovation ; Ajoutons que la mystérieuse introduction de 16 mesures, à incertitude tonale (seules les trois notes la, , mi sont utilisées, on ne connait donc ni la tonalité ni le mode: majeur ou mineur?) qui ouvre la symphonie, inspirera Bruckner. Par ailleurs, sa Huitième symphonie comporte une interversion des places du Scherzo et de l'Adagio comme dans la Neuvième
  • son opéra, Fidelio, utilise les voix comme des instruments symphoniques, et ce, sans se soucier des limitations techniques des choristes.

Sur le plan de la technique musicale, lemploi de motifs qui nourrissent des mouvements entiers est considéré comme un apport majeur. Dessence essentiellement rythmiquece qui constitue une grande nouveautéces motifs se modifient et se multiplient pour constituer des développements. Il en va ainsi des très fameux :

  • premier mouvement du Quatrième Concerto pour piano (donné dès les premières mesures) ;
  • premier mouvement de la Cinquième Symphonie (idem) ;
  • deuxième mouvement de la Septième Symphonie (au rythme anapestique: le tourbillonnement toujours renouvelé qui en résulte est extrêmement saisissant, à lorigine de cette grande véhémence qui « vient », sans cesse, chercher lauditeur.

Beethoven est aussi lun des tout premiers à se pencher sur lorchestration avec autant de soin. Dans les développements, des associations changeantes, notamment au niveau des pupitres de bois, permettent déclairer de façon singulière les retours thématiques, eux aussi légèrement modifiés sur le plan harmonique. Les variations de ton et couleur qui sensuivent renouvellent le discours tout en lui conservant les repères de la mémoire.

Si les œuvres de Beethoven sont aussi appréciées, cest également grâce à leur force émotionnelle, caractéristique du romantisme.

Le grand public connaît surtout ses œuvres symphoniques, souvent novatrices, en particulier les symphonies « impaires » (3, 5 ,7 et 9) et la sixième, dite Pastorale. Ses œuvres concertantes les plus connues sont le Concerto pour violon et, surtout, le Cinquième Concerto pour piano, dit LEmpereur. Sa musique instrumentale est appréciée au travers de quelques magnifiques sonates pour piano, parmi les 32 quil a écrites. Daspect plus classique, sa musique de chambre, comportant notamment 16 quatuors à cordes, est moins connue.

Œuvres symphoniques

Ludwig van Beethoven Symphonie no 9 en mineur op. 125Partition autographe, 4e mouvement

Haydn a composé plus de 100 symphonies et Mozart plus de 40. De ses prédécesseurs, Beethoven na pas hérité de la productivité car il na composé que neuf symphonies, et en a ébauché une dixième. Mais chez Beethoven, les neuf symphonies ont toutes une identité propre. Curieusement, plusieurs compositeurs romantiques ou post-romantiques sont morts après leur neuvième (achevée ou non), d une légende de malédiction attachée à ce chiffre : Beethoven, Bruckner, Dvorak, Mahler, Schubert, mais aussi Ralph Vaughan Williams.

Les deux premières symphonies de Beethoven sont dinspiration et de facture classiques. Cependant, la 3e symphonie, dite « Héroïque », va marquer un grand tournant dans la composition dorchestre. Beaucoup plus ambitieuse que les précédentes, lHéroïque se démarque par lampleur de ses mouvements et le traitement de lorchestre. Le premier mouvement, à lui seul, est plus long que la plupart des symphonies écrites à cette date. Cette œuvre monumentale, écrite au départ en hommage à Napoléon avant quil ne soit sacré empereur, révèle Beethoven comme un grand architecte musical et est considérée comme le premier exemple avéré de romantisme en musique.

Bien que plus courte et souvent considérée comme plus classique que la précédente, les tensions dramatiques qui parsèment lœuvre font de la 4e symphonie une étape logique du cheminement stylistique de Beethoven. Puis viennent deux monuments créés le même soir, la 5e symphonie et la 6e symphonie. La cinquième et son fameux motif à quatre notes, souvent dit « du destin » (le compositeur aurait dit, en parlant de ce célèbre thème, quil représente « le destin qui frappe à la porte ») peut se rapprocher de la troisième par son aspect monumental. Un autre aspect novateur est lutilisation répétée du motif de quatre notes sur lequel repose presque toute la symphonie. La 6e symphonie dite « Pastorale », évoque à merveille la nature que Beethoven aimait tant. En plus de moments paisibles et rêveurs, la symphonie possède un mouvement la musique peint un orage des plus réalistes.

La 7e symphonie est, malgré un second mouvement en forme de marche funèbre, marquée par son aspect joyeux et le rythme frénétique de son finale, qualifié par Richard Wagner, d« Apothéose de la danse ». La symphonie suivante, brillante et spirituelle, revient à une facture plus classique. Enfin, la Neuvième symphonie est la dernière symphonie achevée et le joyau de l'ensemble. Durant plus dune heure, cest une symphonie en quatre mouvements qui ne respecte pas la forme sonate. Chacun deux est un chef-dœuvre de composition qui montre que Beethoven sest totalement affranchi des conventions classiques et fait découvrir de nouvelles perspectives dans le traitement de lorchestre. C'est à son dernier mouvement que Beethoven ajoute un chœur et un quatuor vocal qui chantent l'Hymne à la joie, un poème de Friedrich von Schiller. Cette œuvre appelle à l'amour et à la fraternité entre tous les hommes et la partition fait maintenant partie du patrimoine mondial de l'Unesco. L'Hymne à la joie a été choisi comme hymne européen.

Concertos et œuvres concertantes

A lâge de 14 ans, Beethoven avait déjà écrit un modeste concerto pour piano en mi bémol majeur (WoO 4), resté inédit de son vivant. Seule subsiste la partie de piano avec des répliques dorchestre assez rudimentaires. Sept ans plus tard, en 1791, il semble que deux autres concertos aient figuré parmi ses réalisations les plus impressionnantes, mais malheureusement rien ne subsiste qui puisse être attribué avec certitude à la version originale hormis un fragment du deuxième concerto pour violon. Vers 1800, il composa deux romances pour violon et orchestre (Op. 40 et Op. 50). Mais Beethoven reste avant tout un compositeur de concertos pour piano, œuvres dont il se réservait lexécution en concert. Sauf pour le dernier, sa surdité layant complètement atteint, il a laisser son élève Czerny le jouer le 28 novembre 1811 à Vienne. De tous les genres, le concerto est celui le plus atteint par sa surdité. En effet, il nen composa plus une fois devenu sourd.

Les concertos les plus importants sont donc les cinq pour pianos. Contrairement aux concertos de Mozart, ce sont des œuvres spécifiquement écrites pour le piano alors que Mozart laissait la possibilité dutiliser le clavecin. Il fut lun des premiers à composer exclusivement pour le pianoforte et imposa ainsi une nouvelle esthétique sonore du concerto de soliste. La numérotation des concertos respecte lordre de création hormis pour les deux premiers. En effet, le premier concerto fut composé en 1795 et publié en 1801 alors que le deuxième concerto présente une composition antérieure (commencée vers 1788) mais une publication seulement en décembre 1801. Toutefois, la chronologie en reste imprécise : lors du premier grand concert public de Beethoven, au Hofburgtheater de Vienne, le 29 mars 1795, un concerto a été créé mais on ignore sil sagissait de son premier ou de son deuxième. La composition du troisième concerto a lieu pendant la période il achève ses premiers quatuors et ses deux premières symphonies, ainsi que quelques grandes sonates pour piano. Il déclare savoir désormais écrire des quatuors et va maintenant savoir écrire des concertos. Sa création a eu lieu lors du grand concert public à Vienne le 5 avril 1803. Le quatrième concerto prend naissance au moment le compositeur saffirme dans tous les genres, avec la composition des quatuors Razoumovski, à la sonate Appassionata, à la symphonie héroïque et à son opéra Léonore. De ces cinq concertos, le cinquième concerto est le plus typique du style beethovénien. Sous-titré « Lempereur », il est composé à partir de 1808, période de troubles politiques dont on retrouve les traces sur son manuscrit avec des annotations comme « Auf die Schlacht Jubelgesang » (« Chant de triomphe pour le combat »), « Angriff » (« Attaque »), « Sieg » (« Victoire »).

Lunique Concerto pour violon (Op 61) de Beethoven date de 1806 et répond à une commande de son ami Franz Clement. Il en fit une transcription pour piano, parfois désigné Sixième concerto (Op 61a). Beethoven composa également un Triple Concerto pour violon, violoncelle et piano (Op 56) en 1803-1804

Musique de scènes

Beethoven a encore composé plusieurs superbes ouvertures (Léonore III, Les Créatures de Prométhée, Egmont, Le Roi Étienne, Coriolan, La Consécration de la maison), une Fantaisie pour piano, chœur et orchestre, dont lun des thèmes sera à lorigine de lHymne à la Joie.

Enfin Beethoven sera lauteur dun unique opéra, Fidelio, œuvre à laquelle il tiendra le plus, et certainement celle qui lui a coûté le plus defforts. En effet cet opéra est construit sur la base dun premier essai qui a pour titre Leonore, opéra qui na pas reçu un accueil favorable du public. Il reste néanmoins les trois versions douverture de Leonore, la dernière étant souvent interprétée avant le finale de Fidelio.

Musique pour piano

Bien que les symphonies soient ses œuvres les plus populaires et celles par qui le nom de Beethoven est connu du grand public, cest certainement dans sa musique pour le piano (ainsi que pour le quatuor à cordes) que se distingue le plus le génie de Beethoven. Très tôt reconnu comme un maître dans lart de toucher le piano-forte, le compositeur va, au cours de son existence, sintéresser de près à tous les développements techniques de linstrument afin dexploiter toutes ses possibilités.

Sonates pour piano

Traditionnellement, on dit que Beethoven a écrit 32 sonates pour piano, mais en réalité il existe 35 sonates pour piano totalement achevées. Les trois premières étant les sonates pour piano WoO 47, composées en 1783 et dites Sonates à lÉlecteur. Pour ce qui est des 32 sonates traditionnelles, œuvres dimportance majeure pour Beethoven puisquil a donné un numéro dopus à chacune delle, leur composition séchelonne sur une vingtaine dannées. Cet ensemble, aujourdhui considéré comme lun des monuments dédiés à linstrument, témoigne, encore plus que les symphonies, du cheminement stylistique du compositeur au cours des années. Les sonates, de forme classique au début, vont peu à peu saffranchir de cette forme et ne plus en garder que le nom, Beethoven se plaisant à commencer ou à terminer une composition par un mouvement lent, par exemple comme dans la célèbre sonate dite « au Clair de Lune », à y inscrire une fugue (voir le dernier mouvement de la Sonate no 31 en La Bémol Majeur, op. 110), ou à nommer sonate une composition à deux mouvements (voir les Sonates no 19 et 20, op. 49, 1-2).

Au fur et à mesure, les compositions gagnent en liberté décriture, sont de plus en plus architecturées, et de plus en plus complexes. On peut citer parmi les plus célèbres lAppassionata (1804), la Waldstein de la même année, ou Les Adieux (1810). Dans la célèbre Hammerklavier (1819), longueur et difficultés techniques atteignent des proportions telles quelles mettent en jeu les possibilités physiques de linterprète comme celles de linstrument, et exigent une attention soutenue de la part de lauditeur. Elle fait partie des cinq dernières sonates, qui forment un groupe à part dit de la « dernière manière ». Ce terme désigne un aboutissement stylistique de Beethoven, dans lequel le compositeur, désormais totalement sourd et possédant toutes les difficultés techniques de la composition, délaisse toutes considérations formelles pour ne sattacher quà linvention et à la découverte de nouveaux territoires sonores. Les cinq dernières sonates constituent un point culminant de la littérature pianistique. La « dernière manière » de Beethoven, associée à la dernière période de la vie du maître, désigne la manifestation la plus aiguë de son génie et naura pas de descendance.

À côté des 32 sonates, il ne faut pas négliger les Bagatelles, les nombreuses séries de variations, diverses œuvres d'importance non négligeable (notamment les rondos op. 51) ainsi que quelques pièces pour piano à quatre mains.

Bagatelles

Masque de Beethoven moulé en 1812 par le sculpteur Franz Klein pour le buste réalisé la même année (Beethoven Haus de Bonn)

Les bagatelles sont des pièces brèves, fortement contrastées, souvent publiées en recueils. Le premier recueil op. 33, rassemblé en 1802 et édité en 1803 à Vienne, consiste en 7 bagatelles d'une centaine de mesures chacune, toutes dans des tonalités majeures. L'accent est mis sur le lyrisme comme on peut notamment le voir dans l'indication pour la bagatelle n°6 : con una certa espressione parlante ("avec une certaine expression parlée"). Le recueil suivant (Op. 119) comporte 11 bagatelles, mais se compose en fait de deux recueils (bagatelles 1 à 6 d'un côté et 7 à 11 de l'autre). Le second fut le premier constitué, en 1820, à la demande de son ami Friedrich Starke afin de contribuer à une méthode pour piano. En 1822, l'éditeur Peters demanda des œuvres à Beethoven. Il rassembla 5 premières pièces qui avaient été composées de nombreuses années plus tôt et les retoucha de différentes manières. Cependant, aucune de ces 5 pièces ne présentait une conclusion satisfaisante pour Beethoven et il composa donc une sixième bagatelle. Peters refusa de publier la série de 6 et c'est Clementi qui la fit paraître en ajoutant les pièces écrites pour Starke afin de constituer le recueil de 11 pièces tel qu'on le connaît aujourd'hui. Son dernier recueil (Op. 126) est uniquement composé à partir de bases nouvelles. Il est formé de 6 bagatelles composées en 1824. Lorsque Beethoven travaillait à ce recueil, il y avait 5 autres bagatelles achevées qui sont aujourd'hui restées seules à côté des trois recueils. La plus connue, datant de 1810, est la Lettre à Élise (WoO 59). Les 4 autres sont : WoO 52, 56, 81 (connue comme étant une allemande) et Hess 69. Beaucoup d'autres petites pièces peuvent être considérées comme bagatelle en tant que telle, mais elles n'ont jamais fait partie d'un projet quelconque de Beethoven de les publier dans un recueil. Voir dans les pièces mineures.

Variations

Les séries de variations peuvent être vues période par période. Il composa vingt séries au total dimportance très diverse. Celles d'importance majeure pour Beethoven sont celles pour lesquelles il attribua un numéro dOpus, à savoir : les 6 Variations sur un thème original en majeur Op. 76, les 6 Variations sur un thème original en fa majeur Op. 34 (Variations sur les ruines dAthènes), les 15 Variations sur le thème des Créatures de Prométhée en mi bémol majeur, Op. 35 (Appelées à tort Variations Héroïque du fait que le thème des Créatures de Prométhée (Op. 43) a été repris par Beethoven pour le dernier mouvement de sa symphonie no 3, symphonie dite Héroïque. Mais le thème a bien initialement été composé pour les Créatures de Prométhée) et enfin le monument du genre, les variations Diabelli opus 120.

La première période est celle Beethoven se trouve à Vienne. La première œuvre jamais publiée par Beethoven est les variations en ut mineur WoO 63. Elles furent composées en 1782 (Beethoven avait 11 ans). Avant son départ pour Vienne en 1792, Beethoven composa 3 autres séries (WoO 64 à 66).

Viennent ensuite les années 1795-1800, au cours desquelles Beethoven composa pas moins de 9 séries (WoO 68 à 73 et 75 à 77). La plupart sont fondées sur des airs d'opéras et de Singspiels à succès et presque toutes comportent une longue coda dans laquelle le thème est développé au lieu d'être simplement varié. C'est également à cette époque que Beethoven commença à utiliser des thèmes originaux pour ses séries de variations.

Arrive ensuite l'année 1802 Beethoven composa 2 séries plus importantes et inhabituelles. Il s'agit des six variations en fa majeur op. 34 et des 15 variations et fugue en mi bémol majeur op. 35. Comme il s'agit d'œuvres majeures, il leur attribua un numéro d'opus (aucune des séries antérieures n'a de numéro d'opus). L'idée de départ dans l'opus 34 était d'écrire un thème varié dans lequel chaque variation aurait une mesure et un tempo propres. Il décida également d'écrire chacune des variations dans une tonalité particulière. Le thème était ainsi non seulement soumis à la variation mais subissait aussi une transformation complète de caractère. Par la suite, des compositeurs comme Liszt feront grand usage de la transformation thématique mais elle était étonnante en 1802. Les variations op. 35 sont encore plus novatrices. Beethoven utilise ici un thème du finale de son ballet "Les créatures de Prométhée", thème qu'il utilisa également dans le finale de la Symphonie Héroïque, ce qui donna son nom aux variations ("Eroica"). La première innovation se trouve dès le départ , au lieu d'énoncer son thème, Beethoven en présente uniquement la ligne de basse en octaves, sans accompagnement. Viennent ensuite 3 variations dans lesquelles cette ligne de basse est accompagnée par un, deux puis trois contrechants, tandis que la ligne de basse apparaît à la basse, dans le médium, puis dans l'aigu. Le thème véritable apparaît enfin suivi de 15 variations. La série se finit sur une longue fugue fondée sur les 4 premières notes de la ligne de basse de départ. Puis viennent deux nouvelles doubles variations avant une brève section finale qui conclut l'œuvre.

La dernière période va de 1802 à 1809 Beethoven composa 4 séries (WoO 78 à 80 et op. 76). À partir de 1803, Beethoven eut tendance à se concentrer sur des œuvres plus vastes (Symphonies, quatuors à cordes, musique de scènes). Les 2 premières des 4 séries énoncées, composées en 1803, se basent sur des mélodies anglaises : God Save the Queen et Rule, Britannia! de Thomas Arne. La 3ème fut écrite en ut mineur sur un thème original en 1806. Le thème se distingue par sa concentration extrême : 8 mesures seulement. La mesure reste inchangée dans les 32 variations. Mise à part dans la section centrale de 5 variations (n° 12 à 16) en ut majeur, c'est la tonalité d'ut mineur qui définit le climat de l'œuvre. Contrairement à ce que certains pourraient attendre, voulant voir cette série parmi les plus grandes œuvres de Beethoven, le compositeur la publia sans numéro d'opus et sans dédicataire. Ses origines restent obscures. Puis viennent les 6 variations en majeur op. 76, composées en 1809 et dédiées à Franz Oliva, un ami de Beethoven. Il réutilisa plus tard le thème de cette série en 1811 pour le Singspiel en un acte "Les Ruines d'Athènes". Dix années s'écoulèrent avant que Beethoven n'aborde sa dernière série de variations.

Finalement, en 1822, léditeur et compositeur Anton Diabelli eut lidée de réunir en un recueil des pièces des compositeurs majeurs de son époque autour dun unique thème musical de sa propre composition. Lensemble de ces variations devait servir de panorama musical de lépoque. Beethoven, sollicité, et qui navait pas écrit pour le piano depuis longtemps, se prit au jeu, et au lieu de fournir une variation, en écrivit 33, qui furent publiées dans un fascicule à part. Les Variations Diabelli, de par leur invention, constituent le véritable testament de Beethoven pianiste.

Pièces "mineures"

Beaucoup d'autres petites pièces auraient pu prendre place dans les recueils de bagatelles. L'une d'elles est le rondo a capriccio op. 129, qu'il composa en 1795 et qu'on trouva dans ses papiers après sa mort, pas tout à fait achevé. C'est Diabelli qui fit les additions nécessaires et le publia peu de temps après sous le titre La colère pour un sou perdu. Ce titre figurait sur le manuscrit original mais n'était pas de la main de Beethoven et on ne sait pas si celui-ci avait l'approbation du compositeur. Les autres pièces brèves dans le style de la bagatelle vont de l'allegretto en ut mineur (WoO 53) au minuscule Allegretto quasi andante de 13 mesures en sol mineur (WoO 61a).

Autres pièces substantielles, l'Andante favori en fa majeur (WoO 57) et la fantaisie en sol mineur (Op 77). L'andante fut écrit pour servir de mouvement lent à la sonate "L'Aurore" mais Beethoven le remplaça par un mouvement beaucoup plus court. La fantaisie est très peu connue et est pourtant une composition assez extraordinaire. Elle est d'un caractère sinueux et improvisé : elle commence par des gammes en sol mineur et après une série d'interruptions se conclut par un thème et des variations dans la tonalité de si majeur.

Enfin, les deux rondos op. 51, composés indépendamment l'un de l'autre et publiés en 1797 et 1802, sont de proportions comparables à l'andante et à la fantaisie. Ils existent deux autres rondos (WoO 48 & 49) que Beethoven composa à l'âge de 12 ans environ.

Beethoven composa également des danses pour piano. Il s'agit des Ecossaises et Valses WoO 83 à 86, des 6 menuets WoO 10, des 7 ländler WoO 11 et des 12 allemandes WoO 12. Il existe toutefois une pièce d'importance en la Polonaise en ut majeur op. 89 qui fut composée en 1814 et dédiée à l'impératrice de Russie.

Pièces pour piano à 4 mains

Il existe très peu d'œuvres pour piano à 4 mains. Elles se résument à 2 séries de variations, une sonate, trois marches. La première série de variations (WoO 67) qui en compte huit est basée sur un thème du mécène Waldstein. La seconde série sur son propre lied "Ich denke dein" (WoO 74) fut commencée en 1799, Beethoven composa le lied et 4 variations, puis publiée en 1805 après l'ajout de deux autres variations. La sonate (Op 6) est en deux mouvements et fut composée autour de 1797. Les marches (Op 45) sont une commande du comte Browne et furent écrites vers 1803. Enfin, Beethoven réalisa la transcription de sa "grande fugue" opus 133 (Op 134) pour duo de pianistes. Il s'agissait à l'origine du finale du quatuor à cordes op. 130 mais les critiques furent tellement mauvaises que Beethoven se trouva contraint de réécrire un autre finale et l'éditeur eut l'idée de transcrire le finale original pour piano à 4 mains.

Pièces pour orgue

Beethoven n'écrivit pratiquement rien pour l'orgue. Tout ce qu'on connait est une fugue à 2 voix en majeur (WoO 31) composé à l'âge de 11 ou 12 ans et deux préludes pour piano ou orgue (Op 39) composés en 1789.

Musique de chambre

Buste de Ludwig van Beethoven

Quatuors à cordes

Le grand monument de la musique de chambre de Beethoven est formé par les 16 quatuors à cordes. Cest sans doute pour cette formation que Beethoven a confié ses plus profondes inspirations. Le quatuor à cordes a été popularisé par Boccherini, Haydn puis Mozart, mais cest Beethoven qui a le premier utilisé au maximum les possibilités de cette formation. Les six derniers quatuors et la « Grande Fugue » en particulier, constituent le sommet insurpassé du genre. Depuis Beethoven, le quatuor à cordes na cessé dêtre un passage obligé des compositeurs et un des plus hauts sommets fut sans doute atteint par Schubert. Cest néanmoins dans les quatuors de Bartók que lon trouve linfluence la plus profonde mais aussi la plus assimilée des quatuors de Beethoven ; on peut alors parler dune lignée « Haydn-Beethoven-Bartók »trois compositeurs partageant à bien des égards une même conception de la forme, du motif et de son usage, et tout particulièrement dans ce genre précis.

Sonates pour violon

À côté des quatuors, Beethoven a écrit de belles sonates pour violon et piano, les premières étant lhéritage direct de Mozart, alors que les dernières, notamment la « Sonate à Kreutzer » sen éloignent pour être du pur Beethoven, cette dernière sonate étant quasiment un concerto pour piano et violon. La dernière sonate no 10 revêt un caractère plus introspectif que les précédentes, préfigurant à cet égard les derniers quatuors à cordes.

Sonates pour violoncelle

Cycle moins connu que ses sonates pour violon ou ses quatuors, ses sonates pour violoncelle et piano, au nombre de cinq, font partie des œuvres réellement novatrices de Beethoven. Il y développe des formes très personnelles, éloignées du schéma classique qui perdure dans ses sonates pour violon. Avec des virtuoses tels que Luigi Boccherini ou Jean-Baptiste Bréval, le violoncelle a acquis de la notoriété en tant qu'instrument soliste à la fin du XVIIIe siècle. Cependant, après les concertos de Vivaldi et l'importance du violoncelle dans la musique de chambre de Mozart, c'est avec Beethoven que pour la première fois, le violoncelle est traité dans le genre de la sonate classique.

Les deux premières sonates (Op. 5) sont composées en 1796 et dédiées au roi Frédéric-Guillaume II de Prusse. Ce sont des œuvres de jeunesse (Beethoven avait 26 ans), qui présentent pourtant une certaine fantaisie et liberté d'écriture. Toutes deux ont la même construction, à savoir une large introduction en guise de mouvement lent puis deux mouvements rapides de tempo différents. Ces sonates s'éloignent donc du modèle classique, dont on peut trouver un parfait exemple dans les sonates pour piano opus 2. La première de ces sonates, en fa majeur, comporte en fait une forme sonate en son sein. En effet, après l'introduction s'enchaine une partie présentant cette forme : un allegro, un adagio, un presto et un retour à lallegro. Le rondo final présente une métrique ternaire, contrastant avec le binaire du mouvement précédent. La seconde sonate, en sol mineur, a un caractère tout différent. Le développement et les passages contrapunctiques y sont bien d'avantage présents. Dans le rondo final, une polyphonie distrubant un rôle différent aux deux solistes prend la place à l'imitation et la répartition égale des thèmes entre les deux instruments telle qu'elle était pratiquée à l'époque, notamment dans les sonates pour violon de Mozart.

Beethoven ne recompose une autre sonate que bien plus tard, en 1807. Il s'agit de la sonate en la majeur opus 69, composée à la même période que les symphonies no 5 et 6, que les quatuors Razoumovski et que du concerto pour piano no 4. Le violoncelle entame seul le premier mouvement au cours duquel on découvre un thème qu'il réutilisera dans larioso dolente de la sonate pour piano opus 110. Le second mouvement est un scherzo présentant un rythme syncopé très marqué, pouvant faire penser au mouvement correspondant de la symphonie no 7. Suit un mouvement lent très court, faisant figure d'introduction au finale comme dans la sonate l'« Aurore », lequel présente un tempo séant à un mouvement conclusif.

Beethoven achève son parcours dans les sonates pour violoncelle en 1815, dans les deux sonates opus 102. LAllgemaine Musikalische Zeitung en dira : « Ces deux sonates représentent à coup sûr ce qu'il y a de plus inhabituel et de plus singulier parmi ce qui a été écrit depuis longtemps, non seulement dans ce genre, mais pour le piano en général. Tout y est différent, complétement différent de ce que l'on a l'habitude d'entendre, même de la part du maître lui-même. » Cette déclaration sonne comme un écho lorsque l'on sait que le manuscrit de la sonate en ut majeur opus 102 no 1 porte le titre « sonate libre pour piano et violoncelle ». Cette œuvre a en effet une étrange construction : un andante mène sans interruption à un vivace en la mineur de forme sonate dont le thème est quelque peu apparenté à celui de landante. Un adagio conduit à une reprise variée de landante puis au finale allegro vivace, lui aussi de forme sonate, dont le développement et la coda font apparaître une écriture fuguée, une première pour Beethoven dans la forme sonate. La seconde sonate du groupe, en majeur, est tout aussi libre. Le deuxième mouvement, un adagio, est l'unique grand mouvement lent des cinq sonates pour violoncelle. L'œuvre se conclut par une fugue à quatre voix dont la dernière partie présente une âpreté harmonique caractéristique des fugues de Beethoven.

De ces sonates se dégage la liberté avec laquelle Beethoven se détache des formules mélodiques et harmoniques traditionnelles.

Trios avec piano

Trios à cordes

Les trios à cordes ont été composés entre 1792 et 1798. Ils ont précédé la génération des quatuors et constituent les premières œuvres de Beethoven pour cordes seules. Le genre du trio est issu de la sonate en trio baroque la basse constituée ici d'un clavecin et d'un violoncelle va voir disparaitre le clavecin avec l'indépendance prise par le violoncelle qui ne faisait jusqu'ici que renforcer les harmoniques de ce dernier.

L'opus 3 a été composé avant 1794 et publié en 1796. Il s'agit d'un trio en 6 mouvements en mi bémol majeur. Il reste proche de l'esprit de divertissement. Les trois cordes sont traitées ici de façon complémentaire avec une répartition des rôles mélodiques homogène. La sérénade en majeur opus 8 date de 1796-1797. Cette œuvre en 5 mouvements est construite de manière symétrique et s'articule autour d'un adagio central encadré par deux mouvements lent lyriques le tout étant introduit et conclu par la même marche. Enfin, les trios opus 9, au nombre de 3, voient leur composition remonter à 1797 et leur publication avoir lieu en juillet 1798. Cet opus est dédié au comte von Browne officier de l'armée du tsar. Ces trios sont construits en 4 mouvements selon le modèle classique du quatuor et de la symphonie. Dans le premier (en sol majeur) et le troisième (en ut mineur), le scherzo remplace le menuet tandis que le deuxième (en majeur) reste parfaitement classique.

Contrairement à la plupart des compositions de musique de chambre, on ne sait pas pour quels interprètes ont été écrits ces trios. Après Schubert, le trio à cordes sera pratiquement délaissé.

Ensemble divers

Bien qu'ayant écrit des sonates pour piano et violon, piano et violoncelle, des quintettes ou des quatuors à cordes, Beethoven a aussi composé pour des ensembles moins conventionnels. Il y a même certaines formations pour lesquelles il ne composa qu'une seule fois. La majorité de ses œuvres ont été composées pendant ses jeunes années, période Beethoven était toujours à la recherche de son style propre. Ceci ne l'empêcha pas d'essayer de nouvelles formations plus tard dans sa vie, comme des variations pour piano et flûte autour de 1819. Le piano reste l'instrument de prédilection de Beethoven, et cela se ressent dans sa production de musique de chambre l'on trouve de manière quasi systématique un piano.

On retrouve dans un ordre chronologique les trois quatuors pour piano, violon, alto et violoncelle WoO 36 en 1785, le trio pour piano, flûte et basson WoO 37 en 1786, le sextuor pour deux cors, deux violons, alto et violoncelle Op. 81b en 1795, la quintette pour piano, hautbois, clarinette, cor et basson Op. 16 en 1796, quatre pièces pour mandoline et piano WoO 43/44 en 1796, le trio pour piano, clarinette et violoncelle Op. 11 entre 1797 et 1798, le septuor pour violon, alto, clarinette, cor, basson, violoncelle et contrebasse Op. 20 en 1799, la sonate pour piano et cor Op. 17 en 1800, la sérénade pour flûte, violon et alto Op.25 en 1801, la quintette pour deux violons, deux altos et violoncelle Op. 29 en 1801 et les thèmes et variations pour piano et flûte Op. 105 et 107 de 1818 à 1820.

Œuvres vocales

Musique sacrée

À cela sajoutent deux messes dont on retiendra surtout la Missa Solemnis, lun des édifices de musique vocale religieuse les plus importants jamais créés.

Musique profane

Enfin, il est lauteur de plusieurs cycles de Liederdont celui titré À la bien-aimée lointainequi, sils natteignent pas la profondeur de ceux de Franz Schubert (quil découvrira peu avant de mourir), nen sont pas moins de grande qualité.

Liste classée par genre des œuvres principales

Musique symphonique

Lithographie de 1834 exposée à la Beethoven-Haus de Bonn, représentant Beethoven composant la Symphonie Pastorale.
Page de couverture dune édition originale de la Cinquième Symphonie.
Le comte Ferdinand von Waldstein, premier mécène du compositeur et dédicataire de la Sonate pour piano no 21
Atelier de Beethoven à la Schwarzspanierhaus, sa dernière résidence, en 1827. Détail dun tableau de J.N.Hoechle
Couverture de lédition originale de la Sonate pour piano no 32 op. 111 (1822) dédiée à larchiduc Rodolphe.
Le violoniste Ignaz Schuppanzigh surnommé « lobèse » fut un des plus fidèles interprètes de la musique de chambre de Beethoven. Il créa la plupart de ses quatuors à cordes, dont les cinq derniers. Portrait de J. Danhauser
Couverture dune édition originale du Quatuor à cordes no 13
Le comte Andrei Razumovsky fut lun des premiers mécènes de Beethoven à Vienne. Il reçut en 1806 les trois Quatuors à cordes opus 59.
Larchiduc Rodolphe de Habsbourg, élève de Beethoven dès 1807, fut le dédicataire de la Missa Solemnis et du Trio avec piano no 7 dit « à lArchiduc ». Détail dun portrait de J.B. Lampi

Concertos et œuvres concertantes

Beethoven a également adapté lui-même une version pour piano et orchestre de son propre concerto pour violon et orchestre en majeur, opus 61

Musique pour piano

  • Bagatelles pour piano
    • Sept bagatelles, op. 33 (1802)
    • Bagatelle en la mineur « pour Élise », WoO 59 (1810)
    • Onze bagatelles, op. 119 (1822)
    • Six bagatelles, op. 126 (1824)

Musique de chambre

  • Sonates pour violoncelle et piano
    • , op. 5 no 1 (1796)
    • no 2 en sol mineur, op. 5 no 2 (1796)
    • no 3, op. 69, en la majeur (1808)
    • no 4 en do majeur, op. 102 no 1 (1815)
    • no 5 en majeur, op. 102 no 2 (1815)
  • Œuvres diverses
    • Trio à cordes no 1 en mi bémol majeur, op. 3 (1792)
    • Trio à cordes no 2 en sol majeur, op. 9 no 1 (1798)
    • Trio à cordes no 3 en majeur, op. 9 no 2 (1798)
    • Trio à cordes no 4 en do mineur, op. 9 no 3 (1798)
    • Quintette à cordes no 1 en mi bémol majeur, op. 4 (1796)
    • Quintette à cordes no 2 en do majeur, op. 29 (1801)
    • Quintette à cordes no 3 en do mineur, op. 104 (1817)
    • Sonate pour cor et piano en fa majeur, op. 17 (1800)
    • Septuor pour cordes et vents en mi bémol majeur, op. 20 (1800)

Musique vocale

  • Cantate
    • Cantate funèbre sur la mort de l'empereur Joseph II, pour solistes, chœur et orchestre (1790)
  • Mélodies
    • Adélaïde, cantate pour une voix, op. 46 (1796)
    • Six lieder sur des poèmes de Goethe, op. 75 (1809)
    • Trois lieder sur des poèmes de Goethe, op. 83 (1810)
    • À lespérance, lied, op. 94 (1813)
    • À la Bien-aimée lointaine, cycle de six lieder, op. 98 (1816)

Utilisation contemporaine

Aujourdhui, son œuvre est reprise dans de nombreux films, génériques démissions radiodiffusées et publicités. On peut citer notamment :

  • Dans Orange mécanique (Stanley Kubrick, 1971), le personnage principal, Alex De Large, est un fan inconditionnel de Beethoven. On entend à de nombreuses reprises la 9e symphonie tout au long du film, en particulier le second mouvement ainsi que la fameuse Ode à la joie ;
  • Elephant (Gus van Sant, palme d'or à Cannes en 2003) est un film composé de très peu de dialogues avec uniquement deux morceaux comme accompagnement sonore, Lettre à Élise et Sonate au clair de lune (les deux morceaux sont joués par lun des protagonistes dans une des séquences du film) ;
  • Dans l'ombre du maître, téléfilm français réalisé en 2005 par David Delrieux et diffusé en 2008 a pour sujet la 10ème symphonie, jamais écrite.

La vie de Beethoven a aussi inspiré plusieurs films, entre autres :

Anecdotes

  • Le 1er décembre 2005, un manuscrit original comportant 80 pages de la Grande Fugue (une version pour piano à quatre mains du final du Quatuor à cordes Op. 133) a été vendu à Londres par la maison Sothebys pour 1,13 million de livres (1,6 million deuros). Lidentité de lacheteur nest pas connue. Le manuscrit avait été retrouvé dans les caves du Palmer Theological Seminary, à Philadelphie (USA) en juillet 2005.

Publications

Beethoven a laissé un Traité dharmonie et de composition qui a été traduit par Fétis en 1833.

Bibliographie

Buste de Beethoven exposé à la Beethoven-Haus de Bonn
  • Jean et Brigitte Massin, Beethoven, Fayard, 1967, 845 p. (ISBN 2-213003483) ;
    Ouvrage français de référence, en trois parties : biographie, histoire des œuvres, essai.
  • Maynard Solomon, Beethoven, Fayard, 2003, 570 p. (ISBN 2-213613052) ;
    Version révisée et augmentée de la biographie moderne de référence du compositeur.
  • André Boucourechliev, Beethoven, Seuil, 1994, 251 p. (ISBN 2-020214806) ;
    Synthèse analytique de la carrière et de lœuvre musicale du compositeur. Iconographie abondante. Catalogue sélectif des œuvres.
  • Michel Lecompte, Guide illustré de la musique symphonique de Beethoven, Fayard, 1995, 335 p. (ISBN 2-21303091X) ;
    Initiation aux symphonies de Beethoven grâce à un système de représentation graphique. Introduction au langage beethovénien.
  • Olivier Revault d'Allonnes, Plaisir à Beethoven, Christian Bourgois, 1982, 254 p. (ISBN 2-26700303-1) ;
  • Elisabeth Brisson, Le sacre du musicien : La référence à lAntiquité chez Beethoven, CNRS Éditions, 2000, 303 p. (ISBN 2-271057213) ;
    La référence à lAntiquité chez Beethoven en tant que métaphore de certaines valeurs politiques et morales et de certains principes esthétiques.
  • Philippe Autexier, Beethoven, Thames & H, 2005, 144 p. (ISBN 0-500300062)
  • Barry Cooper, Dictionnaire Beethoven, Lattès, 1991, (ISBN 2-709610817)
  • Romain Rolland, Beethoven, les grandes époques créatrices, Éditions du sablier, 1928-45
  • Pierre-Michel Menger, « Le génie et sa sociologie. Controverses interprétatives sur le cas Beethoven », Annales, 2002, n° 4, pp. 967-999. [lire en ligne]

Références, notes et citations

  1. Extrait dune conversation de Haydn avec Beethoven rapportée par le flûtiste Louis Drouet, In: Massin J et B, Ludwig van Beethoven, Fayard, 1967, p. 45
  2. Romain Rolland, Vie de Beethoven, Paris, 1903
  3. Extrait dune conversation de Haydn avec Beethoven rapportée par le flûtiste Louis Drouet in J. et B. Massin , Ludwig van Beethoven, op. cité, p. 45
  4. J. et B. Massin , Ludwig van Beethoven, op. cité, p. 64
  5. Karl Czerny était le meilleur élève de Beethoven. Il créa notamment le Cinquième concerto pour piano.
  6. Les hypothèses dune labyrinthite chronique, dune otospongiose et dune maladie de Paget osseuse ont été discutées sans quaucune puisse être confirmée a posteriori
  7. Sil est juste de dire que le musicien était par nature impulsif et caractériel, que sa farouche volonté dindépendance le rendait indocile voire détestable en public, il est tout aussi juste daffirmer quil était généreux, loyal et souvent tendre, comme lattestent sa correspondance et les témoignages de son époque.[réfnécessaire]
  8. Extrait du Testament de Heiligenstadt de Beethoven in M. Lecompte, Guide illustré de la musique symphonique de Beethoven, Fayard, 1995, p. 319.
  9. a et b Mot de Beethoven à son ami Krumpholz sur Ramifications.be.
  10. « Dans cette symphonie, Beethoven sétait proposé pour sujet Bonaparte, à lépoque celui-ci était encore premier consul. Jusqualors, Beethoven en faisait un cas extraordinaire, et voyait en lui légal des plus grands consuls romains. »Témoignage de Ferdinand Ries sur la genèse de la Troisième Symphonie
  11. « Ce nest donc rien de plus quun homme ordinaire ! Maintenant il va fouler aux pieds tous les droits humains, il nobéira plus quà son ambition ; il voudra sélever au-dessus de tous les autres, il deviendra un tyran ! »Réaction de Beethoven apprenant que Napoléon sétait proclamé empereur, rapportée par Ferdinand Ries in J. et B. Massin , Ludwig van Beethoven, op. cité, p. 128.
  12. J. et B. Massin , Ludwig van Beethoven, op. cité, p. 639
  13. Au poète Christophe Kuffner qui lui demandait laquelle de ses symphonies il préférait, Beethoven répondit : « LHéroïque ! — Jaurais cru lut mineurNon, non ! LHéroïque ! »
  14. Beethoven avait esquissé une ouverture pour cet hypothétique opéra. Willem Holsbergen a tenté de reconstituer lœuvre qui est publiée sous le numéro 454 du catalogue Biamonti
  15. « Fürst, was Sie sind, sind sie durch den Zufall der Geburt, was ich bin, bin ich aus mir selbst heraus. Es gab und wird noch Tausende von Fürsten geben, es gibt nur einen Beethoven. » Mot envoyé par Beethoven à Lichnowsky, octobre 1806, reproduit sur Cndp.fr
  16. Lettre de Beethoven à Franz-Gerhard Wegeler, 16 nov. 1801, sur (en) Beethoven-haus-bonn.de.
  17. M. Lecompte, Guide illustré de la musique symphonique de Beethoven, op. cité, p. 131.
  18. Malgré son affiche ce concert semble avoir été un désastre artistique, lorchestre nayant pas eu le temps nécessaire pour répéter et Beethoven insultant copieusement les musiciens
  19. a et b Romain Rolland, Vie de Beethoven, Paris, 1903.
  20. Cité sur Beethoven-haus-bonn.deBeethoven et largent
  21. J. et B. Massin , Ludwig van Beethoven, op. cité, pp. 232-44
  22. M. Solomon, Beethoven, Lattès, 1985, p. 185-216.
  23. Université du Québec
  24. « Wir Endliche mit dem unendlichen Geist sind nur zu Leiden und Freuden geboren, und beinahe könnte man sagen, die Ausgezeichneten erhalten durch Leiden Freude. » Extrait d'une lettre de Beethoven à Maria von Erdödy in J. et B. Massin , Ludwig van Beethoven, op. cité, p. 284
  25. Altamusica.com
  26. « Je veux donc mabandonner patiemment à toutes les vicissitudes et placer mon entière confiance uniquement en ton immuable bonté, ô Dieu ! Tienne, immuablement tienne doit se réjouir dêtre mon âme. Sois mon rocher, ô Dieu, sois ma lumière, sois éternellement mon assurance ! »Christian Sturm, recopié par Beethoven, 1818 in J. et B. Massin , Ludwig van Beethoven, op. cité, p. 339.
  27. (en) Beethoven-haus-bonn.de
  28. Pour lhistoire de la Neuvième Symphonie, se reporter à lanalyse très complète in J. et B. Massin , Ludwig van Beethoven, op. cité, pp. 699-712.
  29. « LAngleterre tient une haute situation par sa civilisation. À Londres, tout le monde sait quelque chose et le sait bien, mais le Viennois, lui, sait parler seulement de manger et de boire ; il chante et il racle de la musique insignifiante, ou en fabrique lui-même. »Beethoven à Johann Stumpff in J. et B. Massin , Ludwig van Beethoven, op. cité, p. 428
  30. J. et B. Massin , Ludwig van Beethoven, op. cité, pp. 449-50
  31. Beethoven présentait une hépatomégalie, un ictère, une ascite (on disait alors « hydropisie abdominale ») et des œdèmes des membres inférieurs, éléments dun syndrome cirrhotique avec hypertension portale
  32. (en) Health Research institute : Conférence de presse du docteur William J. Walsh, 17 octobre 2000Cest la thèse proposée en 2000 par le docteur William J. Walsh, directeur du projet de recherche sur Beethoven (Beethoven Research Project), sur la base danalyse de cheveux conservés après sa mort. Beethoven, grand amateur de vin du Rhin, avait lhabitude de boire dans une coupe en cristal de plomb un vin « sucré » au sel de plomb. Lanalyse en 2000 de ses cheveux avaient révélé des quantités de plomb importantes, ensuite confirmées par l'Argonne National Laboratory (Chicago) dans ses os, par lanalyse de fragments crâniens, les dits fragments ayant été eux-mêmes identifiés par lADN. Le plomb ingéré est chez lhomme stocké à 80 % dans los. Et les quantités de plomb relevées sont effectivement le signe dune exposition prolongée (cf. Science et Vie, no 1061, p. 20, février 2006), qui explique les perpétuels maux de ventre qui marquèrent la vie de Beethoven, son humeur instable et peut-être sa surdité (il ny a pas de lien prouvé entre la surdité de Beethoven et lintoxication au plomb), ainsi que létat de son foie.
  33. Cette hypothèse, largement répandue, est contestée par certains biographes du compositeur dont Maynard Solomon
  34. (en) Dernière lettre de Beethoven sur Beethoven-haus-bonn.de.
  35. Phrase attribuée à Schubert sur 100musique.free.fr.
  36. Source : (de) Sandberger A, Die Inventare der Bonner Hofkapelle, (dans Sandberger, Ausgewählte Aufsätze zur Musikgeschichte, II, Munich, Drei Masken, 1924, p.109-130) et Brandenburg S, Die kurfürstliche Musikbibliothek in Bonn und ihre Bestände im 18. Jahrhundert, BJ, 2e série, VIII (1975), p. 7-47 ; tous deux cités par Solomon dans Beethoven, Fayard, 2003, p. 80.
  37. Source : Rosen C, Le style classique : Haydn, Mozart, Beethoven, Gallimard, 2000, p.514-548
  38. Source : Vignal M, Muzio Clementi, Fayard/Mirare, 2003, p. 35 & 63
  39. Source : Claude Debussy, Du Goût musical, Vienne, 1910, dans : Télérama, hors-série no 132 (2006), p. 80
  40. voir page sur Johannes Brahms
  • Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.

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