- Fidelio
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Fidelio Leonore Florestan (Günther Treptow) et Leonore (Karina Kutz) dans une représentation à l'Opéra allemand de Berlin en septembre 1945 de FidelioGenre Singspiel Nb. d'actes 2 Musique Ludwig van Beethoven Livret Joseph Ferdinand von Sonnleithner Langue
originaleAllemand Sources
littérairesd’après le livret de Jean-Nicolas Bouilly pour Léonore ou l’Amour conjugal, musique de Pierre Gaveaux Dates de
composition1804, 1805, révisions en 1806, version définitive en 1814 Partition
autographepublication Artaria, Vienne, 1814 Création 20 novembre 1805
Theater an der Wien VienneCréation
française1825
Théâtre de l'Odéon ParisVersions successives - révisions de Stefan von Breuning (2e version)
- révisions de Georg Friedrich Treitschke (version définitive)
Représentations notables Personnages - Don Fernando, ministre (basse)
- Don Pizarro, gouverneur d’une prison d’État (baryton-basse)
- Florestan, un prisonnier (ténor)
- Leonore, son épouse, sous le nom de Fidelio (soprano)
- Rocco, geôlier (basse)
- Marzelline, sa fille, amoureuse de Fidelio (soprano)
- Jacquino, concierge, amoureux de Marzelline (ténor)
- Prisonniers, officiers, gardes, le peuple.
Airs Acte I
- 1 Duo : « Jetzt, Schätzchen, sind wir allein »
- 2 Aria : « O wär'ich schon mit dir vereint »
- 3 Quatuor : « Mir ist so wunderbar »
- 4 Aria : « ...man braucht auch... »
- 5 Trio : « Gut, Söhnchen, gut, hab'ich immer Mut »
- 6 Marche
- 7 Aria et chœur : « Ha! Welch ein Augenblick »
- 8 Duo : « Jetzt, Alter, jetzt hat es Eile »
- 9 Récitatif et aria : « Abscheulicher! Wo eilst du hin »?
- 10 Finale
Acte II
- 11 Introduction et Aria : « Gott! Welch Dunkel hier »
- 12 Duo : « Wie kalt ist es in diesem unterirdischen Gewölbe »
- 13 Trio : « Euch werde Lohn in besser'n Welten »
- 14 Quatuor : « Er sterbe! Doch er soll erst wissen »
- 15 Duo : « O namenlose Freude »
- 16 Finale
Fidelio, op. 72, est l’unique opéra de Ludwig van Beethoven, composé en 1804 et 1805 sous le titre Leonore, puis remanié en 1806 et en une version définitive en 1814.
Ses principaux thèmes sont la dénonciation de l’arbitraire, incarné par le gouverneur d’une prison espagnole, l’appel à la liberté, et l’amour notamment conjugal qui pousse Leonore, déguisée en homme, à risquer sa vie pour libérer son époux Florestan.
Selon la tradition même du Singspiel, l'ouvrage comporte des dialogues parlés.
Sommaire
Composition
L'opéra est commandé à Beethoven par le baron Peter von Braun qui venait de racheter le Theater an der Wien. Le livret est tiré d'une pièce de Jean-Nicolas Bouilly intitulée Léonore ou l'amour conjugal, traduite par Josef Sonnleithner, secrétaire du Theater an der Wien. Bouilly s'est lui-même inspiré d'un fait divers sous la terreur révolutionnaire: une femme s'était engagée travestie comme géolier pour libérer son mari de la prison de Tours.
Beethoven tient en très haute estime ses idéaux de liberté et de fraternité. Fidelio est si emblématique de ces thèmes que le compositeur n'hésitera pas à retravailler son œuvre à trois reprises pour qu'elle obtienne enfin le succès espéré. Le premier public est constitué le 20 novembre 1805, d'officiers français qui apprécient peu l'ouvrage, desservi par un mauvais orchestre. L’œuvre est retirée après trois représentations. En décembre de la même année, au cours d'une réunion chez les Lichnowsky, Beethoven accepte avec l'aide de Stephan von Breuning, mais à contrecœur de faire des coupures, de fusionner les 2 premiers actes et de composer une deuxième ouverture[1]. L'œuvre remaniée est donnée le 23 mars 1806, et obtient un demi-succès. Mais à la deuxième représentation, Beethoven retire l'ouvrage après une querelle avec le directeur du théâtre. Ce n'est qu'après une longue interruption que l'opéra sera mis de nouveau à l'affiche le 23 mai 1814 avec un nouveau librettiste Friedrich Treitschke. Beethoven procède à de nombreuses modifications et compose l'ultime version de l'ouverture. Le succès est cette fois durable.
Les ouvertures
Au fil des différentes révisions, Beethoven a composé quatre ouvertures pour son opéra[2]. Il est probable que l’ouverture jouée lors de la création de la première version fut celle aujourd’hui appelée l’ouverture nº 2 de Leonore (ou ouverture Leonore II) ; il s’agit d’une vaste page symphonique présentant tout le mouvement de l’opéra depuis l’atmosphère lourde et sombre de la prison, le caractère dramatique de l’action, l’arrivée de Don Fernando annoncé par le célèbre appel de trompette, et la joie extatique de la libération. Beethoven la remania pour la création de la deuxième version, en 1806 ; cette version, l’ouverture nº 3, est aujourd’hui préférée à la précédente et est devenue une pièce de concert à part entière.
Cependant, la longueur et le caractère dramatique de ces deux ouvertures produisait avec le duo semi-comique qui ouvre l’acte I un contraste tel que Beethoven la réduisit pour une représentation (qui en fait n'eut jamais lieu) à Prague en 1807 ; il est probable que l’ouverture nº 1, malgré son numéro, soit cette version. Enfin, pour la création de la version définitive en 1814, Beethoven dota son opéra, maintenant titré Fidelio, d’une nouvelle ouverture, plus courte, dans l’esprit d’un prélude, pour mieux introduire l’action de l’acte I. Cependant, suite à une question de changement de tonalité, Beethoven dut transposer son ouverture d'ut majeur à mi majeur et il perdit du temps ce qui explique que lors de la première du 23 mai 1814, l'ouverture ne fut pas prête et on dut lui substituer une autre ouverture, on pense qu'il s'agit plus de celle des Ruines d'Athènes plutôt que celle des Créatures de Prométhée. Beethoven acheva enfin la quatrième ouverture qui fut jouée lors de la deuxième représentation le 25 mai.
Au début du XXe siècle, Gustav Mahler introduisit la tradition de jouer l’ouverture Leonore III avant le finale (nº 16), à l’issue du duo du nº 15. Cette coupure dans l’action peut se justifier par le caractère solennel du final, qui ne se conclut que par l’arrivée d’un deus ex machina. Cette disposition permet de récapituler musicalement l’action de tout l’opéra, avant que le sens profond, détaché de l’histoire elle-même, n’en soit tiré par le chœur dans un effet d’ensemble qui peut rappeler la Neuvième Symphonie.
Instrumentation
L'orchestre est composé d'un piccolo, deux flûtes, deux hautbois, deux clarinettes, deux bassons, un contrebasson, quatre cors, deux trompettes, deux trombones, timbales, et cordes. S'ajoute une trompette dans les coulisses.
Argument
- Une prison d’État espagnole, non loin de Séville, au XVIIIe siècle.
Acte I
Dans la cour intérieure de la prison
Florestan est prisonnier au secret sur l'ordre de Don Pizarro, le féroce gouverneur d'une prison d'État. Pour le libérer, sa femme Léonore se déguise en homme sous le nom de Fidelio et vient travailler à la prison. Marzelline, la fille du géolier Rocco, est courtisée par Jaquino. Mais elle tombe amoureuse de Fidelio. Redoutant une visite du ministre Don Fernando, le cruel Pizarro ordonne à Rocco de tuer Florestan. Il devra le faire lui-même car Rocco refuse et se voit confier la tâche de creuser une tombe dans le cachot même de Florestan. Léonore obtient de Rocco qu’il laisse les prisonniers respirer et voir l’air libre, ce qu’ils font avec bonheur (chœur "O welche Lust"). Florestan n'est pas avec eux, et Léonore supplie Rocco pour l'accompagner dans le cachot secret.
Acte II
Dans le cachot de Florestan, puis sur le terre-plein de la prison pour la scène finale
Florestan pleure son destin mais accepte la volonté de Dieu. Lorsque Pizarro descend pour le tuer, Léonore dévoile son identité, s’interpose et le menace de son pistolet. Arrive le bon ministre Fernando qui libère Florestan. Le final s’apparente à la thématique de l’hymne à la joie de la 9e vive la liberté, vive l’amour conjugal.
Les interprètes
Lors des créations
Rôle Voix Première version
20 novembre 1805Troisième version
23 mai 1814Chef d'orchestre Ignaz von Seyfried Michael Umlauf Florestan, un prisonnier ténor Friedrich Christian Demmer Giulio Radichi Leonore, sa femme soprano ou mezzo-soprano Anna Milder Anna Milder-Hauptmann Rocco, geôlier basse Rothe Carl Friedrich Weinmüller Marzelline, sa fille soprano Louise Müller Theresa Bondra Jaquino, assistant de Rocco ténor Caché Früwald Don Pizarro, gouverneur de la prison basse baryton Sebastian Mayer Johann Michael Vogl Don Fernando, ministre du Roi basse Weinkopf Ignaz Saal Deux prisonniers ténor et basse soldats, prisonniers, gens du peuple
La seconde version de l'opéra joué le 23 mars 1806 rassemble les mêmes interprétes que la précédente à l'exception de Joseph August Röckel qui prend le rôle de Florestan.Ultérieurement
Il faut retenir la place qu'occupe Wilhelmine Schröder-Devrient dans la caractérisation du rôle éponyme tant au niveau de la voix que du tempérament[3]. La chanteuse assuma ce rôle de soprano dramatique dans une représentation de 1822, à la grande satisfaction du compositeur présent dans la salle. Par la suite, le rôle fut confié aussi bien à des sopranos dramatiques qu'à des mezzo-sopranos.
« Fidelio » est le mot de passe que doit donner Bill Hartford interprété par Tom Cruise dans le film Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick en 1999 (On connait la passion de Kubrick pour le compositeur).
Réduction pour piano
Sous la direction de Beethoven deux réductions de l'opéra pour chant et piano ont été réalisées:
- en 1810 sur la version 1806 par Carl Czerny - édition Breitkopf et Härtel
- en 1814 sur la version définitive par Ignaz Moscheles - édition Artaria
Compositeurs ayant traité le même sujet
- Pierre Gaveaux sur le livret original de Jean Nicolas Bouilly, Léonore ou l'amour conjugal - création le 19 février 1798 au théâtre Feydeau
- Ferdinando Paër d'après la pièce de Bouilly sur le livret en italien de Giacomo Cinti, Léonore - création le 3 octobre 1804 à Dresde.
- Simon Mayr sous le titre L'Amour conjugal - création le 26 juillet 1805 à Padoue
Notes et références
- Jean et Brigitte Massin, Ludwig van beethoven - Fayard 1967, p.143
- Le titre de l'opéra Fidelio s'est imposé lors de la version définitive de 1814. Les titres des précédentes versions entre Léonore et Fidelio font l'objet de controverses - Voir à ce propos jean et Brigitte Massin, p.646-647
- Jean-Louis Dutronc, L'Avant-Scène Opéra - Fidélio p.88
Annexes
Discographie
Cette liste présente quelques enregistrements particulièrement célèbres de Fidelio dans sa version définitive. Les chanteurs indiqués sont respectivement Leonore, Florestan, Pizarro et Rocco.
- Bruno Walter (1941), Metropolitan Opera, New York, Kirsten Flagstad, René Maison, Julius Huehn, Alexander Kipnis. Lys.
- Wilhelm Furtwängler (1950), Philharmonique de Vienne, avec Elisabeth Schwarzkopf, Kirsten Flagstad, Anton Dermota, Julius Patzak, Paul Schoeffler, Josef Greindl, Hans Braun, (Opus Kura).
- Wilhelm Furtwängler (1953), Wiener Staatsopernorchester, Martha Mödl, Wolfgang Windgassen, Otto Edelmann, Gottlob Frick. Rot-Weiß-Rot ; réédition Andante (label), 2005
- Ferenc Fricsay (1957), Orchester der Bayerischen Staatsoper, Leonie Rysanek, Ernst Haefliger, Dietrich Fischer-Dieskau, Gottlob Frick. Deutsche Grammophon, 1957
- Otto Klemperer (1961), The Covent Garden Orchestra, Sena Jurinac, Jon Vickers, Hans Hotter, Gottlob Frick. Enregistrement sur le vif, Covent Garden, Londres, 24 février 1961, remasterisé par Testament, 2003
- Otto Klemperer (1962), Philharmonia Orchestra, Christa Ludwig, Jon Vickers, Walter Berry, Gottlob Frick. EMI, 1962
- Karl Böhm (1969), Staatskapelle Dresden, Gwyneth Jones, James King, Theo Adam, Franz Crass. Deutsche Grammophon, 1969
- Herbert von Karajan (1970), Berliner Philharmoniker, Helga Dernesch, Jon Vickers, Zoltán Kelemen, Karl Ridderbusch. EMI, 1972
- Leonard Bernstein (1978), Wiener Philharmoniker, Gundula Janowitz, René Kollo, Hans Sotin, Manfred Jungwirth. Deutsche Grammophon, 1978
- Georg Solti (1979), Chicago Symphony Orchestra, Hildegard Behrens, Peter Hoffmann, Theo Adam, Hans Sotin. Decca, 1979
- Bernard Haitink (1990), Staatskapelle Dresden, Jessye Norman, Reiner Goldberg, Ekkehard Wlaschiha, Kurt Moll. Philips, 1991
- Simon Rattle (2003), Berliner Philharmoniker, Angela Denoke, Jon Villars, Alan Held, László Polgár. EMI, 2003
Pour Leonore dans la version de 1805 :
- John Eliot Gardiner (1996), Orchestre révolutionnaire et romantique, Hillevi Martinpelto, Kim Begley, Matthew Best, Franz Hawlata. Archiv Produktion, 1996
Bibliographie
- Maurice Kufferath, Fidelio de Ludwig van Beethoven, Paris: Fischbacher (1913)
- René Leibowitz, Les Fantômes de l’opéra. Essais sur le théâtre lyrique, chapitre III « Un rêve solitaire : "Fidelio" », Gallimard (coll. « Bibliothèque des histoires »), Paris, 1972, pp. 61–105
- « Beethoven : Fidelio », L’Avant-Scène Opéra, n° 164, mars 1995
- Daniel Banda, Beethoven : Fidelio, Paris, L'Harmattan, 1999.
Liens externes
- Le livret de Jean-Nicolas Bouilly, qui est l'origine du livret de Fidelio: Léonore, ou l'amour conjugal
- (de) Livret de Fidelio sur le site Opernführer
- (en) Distribution lors des créations et liste des premières représentations dans les principaux pays sur le site OperaGlass
- (de) Discographie de Fidelio sur le site Oper One
- Fidelio : partitions libres dans l’International Music Score Library Project.
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