Ligne de Creil à Jeumont

Ligne de Creil à Jeumont
Ligne
Creil - Jeumont
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Carte de la ligne
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Vue générale de la gare de Saint-Quentin.
Pays Drapeau de France France
Villes desservies Creil, Compiègne, Chauny, Tergnier, Saint-Quentin, Busigny, Aulnoye-Aymeries, Maubeuge, Jeumont
Historique
Mise en service 1847 - 1855
Électrification 1961 - 1964
Concessionnaire RFF (à partir de 1997)
Caractéristiques techniques
Numéro officiel 242 000
Longueur 187 km
Écartement Voie normale (1,435 m)
Électrification 25 kV - 50 Hz
Nombre de voies Double voie
Signalisation BAL
Trafic
Propriétaire RFF
Exploitant(s) SNCF
Trafic Intercités, TER, Fret selon les sections
Schéma de la ligne

La ligne Creil - Jeumont est une importante ligne de chemin de fer du Nord de la France, longue de 187 kilomètres.

Ouverte à partir de 1847 par la Compagnie des chemins de fer du Nord, elle constitue une partie de la grande artère historique entre Paris et Bruxelles, entre Creil sur la ligne Paris - Lille dont elle constitue un embranchement, et Jeumont, près de la frontière franco-belge.

Constituée par étapes au départ de Creil, elle a tenu un rôle international majeur depuis son origine, aussi bien pour les trains de voyageurs, avec les mythiques TEE, que pour les marchandises. Le lancement de Thalys par la LGV Nord en 1996 lui a fait perdre ses trains les plus nobles, lui laissant les « Corail » devenus « Intercités » en 2005, ainsi que les TER Picardie et Nord-Pas-de-Calais et toujours le fret.

Elle constitue la ligne 242 000[1] du réseau ferré national.

Sommaire

Histoire

Mises en service

Creil - Compiègne

Carte topographique représentant le tracé de la ligne.
Carte du tracé de la ligne.
La gare de Creil en 1918.

En 1842, lorsqu'une ligne est envisagée pour relier Paris à la Belgique, deux tracés sont retenus : un via Amiens, et un par Saint-Quentin. Le premier est retenu, car permettant de rassembler en long tronc commun les liaisons vers la Belgique et l'Angleterre par Boulogne, et en raison du poids économique et démographique du Nord de la France et de la Belgique occidentale.

Toutefois, l'importance économique de Saint-Quentin, grand centre industriel de la vallée de l'Oise, et l'idée de relier plus directement Paris au sud de la Belgique et à la vallée inférieure du Rhin laissent apparaître cet embranchement comme nécessaire. La ligne Erquelines - Charleroi, bientôt achevée du côté Belge, apporte un élément favorable à cette réalisation, qui permettra de relier Paris à Cologne en 517 km contre 610 via Valenciennes et Malines. Elle ouvre de nouveaux marchés à l'industrie de l'Aisne, dont les glaces de Saint-Gobain, les verreries de Folembray ainsi que les produits chimiques, les toiles, laines et châles, et rapproche les laminoirs français du Nord des hauts-fourneaux de Charleroi[2].

Considéré comme non-prioritaire en 1842, l'embranchement ne peut prétendre à une subvention. Toutefois, plusieurs compagnies proposent de le réaliser. L'adjudication échoue à celle qui propose le plus important rabais sur la durée de concession, originellement fixée à cinquante ans et un mois[3].

La loi du 15 juillet 1845 autorise l'adjudication du chemin de fer de Creil à Saint-Quentin. Le 29 décembre suivant, une ordonnance royale approuve l'adjudication de la ligne à une société, formée de plusieurs administrateurs de la compagnie du Nord, la Compagnie du chemin de fer de Creil à Saint-Quentin.

La fusion de cette compagnie avec la compagnie du Nord, dont le capital social augmente de 150 à 180 millions de francs, accélère la mise en chantier de la ligne[3].

Le 5 février 1846, l'assemblée générale des actionnaires de la compagnie accepte la cession de l'embranchement de Creil à Saint-Quentin, cession homologuée par l'ordonnance royale du 1er avril 1847. La concession est d'une durée de vingt-quatre ans et onze mois[2].

La réalisation de la ligne Creil - Compiègne dure seulement quatre mois, de juin à octobre 1847. Elle forme un embranchement de la ligne Paris - Lille à partir de la gare de Creil. La ligne ne nécessite pas d'importants ouvrages d'art, tout juste quelques ponts pour la traversée des routes. Néanmoins, les terrassements sont importants, avec un apport de sable et de cailloux pour asseoir solidement la plateforme sur les terrains inconsistants de la rive droite de l'Oise. Le tronçon est inauguré le 21 octobre 1847 : un convoi parti de Paris à huit heures emmène les administrateurs, dont J. de Rotschild, Delebecque et les frères Pereire, ainsi que les ingénieurs chargés de la construction. Il arrive à Compiègne à onze heures, où il est accueilli par la municipalité, ainsi que les autorités militaires et religieuses. La locomotive est bénie par le curé avant le traditionnel banquet. Le train inaugural quitte la ville à quatre heures et rejoint Paris en deux heures quinze[3].

Compiègne - Tergnier

Les désordres de 1848 ralentissent les travaux de la section Compiègne - Noyon, longue de 23 kilomètres : elle n'est achevée qu'au début de l'année 1849, quinze mois après la précédente. Elle suit également la vallée de l'Oise de façon plus ou moins proche, et connaît les mêmes difficultés de réalisation : les terrassements sont particulièrement importants en raison de l'inconsistance du terrain, de nature argileuse très fluide. Sur plusieurs kilomètres, la ligne est établie en tranchée dans le coteau dominant l'Oise, et les voies sont relevées d'un mètre afin de leur éviter tout recouvrement par la « roche coulante ». Les rails sont par ailleurs fixés sur des traverses jumelées pour accroître la solidité de leur assise. Deux stations sont prévues, à Thourotte et Ourscamp[4].

Un train de marchandises parcourt le tronçon dès le 29 janvier. La ligne est ouverte officiellement le 26 février 1849, le lendemain de son inauguration par le président de la République lors d'une cérémonie fastueuse, où sont présents les ingénieurs de la ligne et des représentants du peuple dont Sainte-Beuve. Après l'accueil du convoi par les autorités municipales, religieuses et militaires, le discours du préfet de l'Oise précède le traditionnel banquet, aux écrevisses de Noyon. Il souligne l'importance du chemin de fer dans l'accélération des relations et pour l'économie locale : « Désormais Noyon et Compiègne sont devenus comme les quartiers distincts d'une même ville ; Paris n'est plus qu'à quelques heures et un seul jour va suffire aux transactions qui naguère exigeaient une moitié de la semaine et un surcroît de dépenses. »[4]

Le court tronçon de Noyon à Chauny, long de 17 kilomètres, est ouvert le 21 octobre 1849, huit mois après le tronçon précédent et sans inauguration officielle, celle-ci étant prévue lors de l'ouverture de la totalité de la ligne[5].

Tergnier - Saint-Quentin

Ce tronçon, long de 22 kilomètres, est ouvert officiellement le 23 mai 1850, mais dès le 20 avril, des locomotives relient Creil à Saint-Quentin sur une seule des deux voies. L'inauguration a seulement lieu le 9 juin 1850, retardée par les travaux parlementaires. Célébrant l'achèvement de la ligne depuis Creil, celle-ci est particulièrement solennelle[6].

Le président de la République est accompagné par plus de quatre-cents invités, dont les responsables de la Compagnie du Nord. Le convoi inaugural quitte Paris à dix heures et parvient à 1 h 45 à Saint-Quentin après un arrêt à Creil. Les festivités sont rendues joyeuses par l'enthousiasme de la foule, venue applaudir cette image du progrès, mais également le prince président Napoléon. Les voies et les locomotives sont bénies par l'évêque de Soissons, puis après la réception à l'Hôtel de Ville, magnifiquement décoré, une visite à l'abbaye de Fervaque permet aux invités d'admirer une exposition consacrée aux industries et à l'horticulture, avant le banquet et les traditionnels discours.

L'embranchement de 102 kilomètres achève le réseau de la Compagnie du Nord, ensemble de 705 kilomètres le plus important en France : en 1851, 228 locomotives y circuleront. Toutefois, l'administration des Travaux Publics envisage déjà un petit réseau centré sur Saint-Quentin : après la ligne vers Erquelines et celle vers Reims, une autre ligne est prévue vers Cambrai et Douai. Elle établirait une liaison rapide entre les ports de la Manche et de la mer du nord d'une part, et les départements de l'Est d'autre part[6].

Voir aussi

Les voies en gare de Compiègne.

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • (fr) Jean Tricoire et Jean-Paul Geai, Les lignes de Paris à Lille, Bruxelles et Liège - Histoire et description de trois lignes emblématiques du Nord, Numéro spécial N°50 (2/2007) de la revue Le Train (ISSN 1267-5008)
  • (fr) François et Maguy Palau, Le rail en France - Les 80 premières lignes 1820 - 1851, 1995, 217 p. (ISBN 2950942104)

Notes et références

  1. Fascicule Gares et lignes du nord édité par le COPEF (Cercle Ouest Parisien d'Études Ferroviaires) en 1985.
  2. a et b François et Maguy Palau, Le rail en France - Les 80 premières lignes 1820 - 1851, p. 155
  3. a, b et c François et Maguy Palau, Le rail en France - Les 80 premières lignes 1820 - 1851, p. 156
  4. a et b François et Maguy Palau, Le rail en France - Les 80 premières lignes 1820 - 1851, p. 171
  5. François et Maguy Palau, Le rail en France - Les 80 premières lignes 1820 - 1851, p. 185
  6. a et b François et Maguy Palau, Le rail en France - Les 80 premières lignes 1820 - 1851, p. 188



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Ligne de Creil à Jeumont de Wikipédia en français (auteurs)

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