Église Notre-Dame-de-la-Gloriette

Église Notre-Dame-de-la-Gloriette
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Notre-Dame-de-la-Gloriette
Ancienne Sainte-Catherine-des-Arts
Image illustrative de l'article Église Notre-Dame-de-la-Gloriette
Présentation
Culte Catholique romain
Type Jésuite
Début de la construction 1684
Fin des travaux 1689
Style(s) dominant(s) Classicisme
Protection  Classé MH (1909)
SC, 30/03/1939
Géographie
Pays
Flag of France.svg
France
Région Basse-Normandie
Département Calvados
Ville Caen
Coordonnées 49° 10′ 50″ N 0° 22′ 00″ W / 49.180536, -0.36668749° 10′ 50″ Nord
       0° 22′ 00″ Ouest
/ 49.180536, -0.366687
  

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Notre-Dame-de-la-GlorietteAncienne Sainte-Catherine-des-Arts

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Notre-Dame-de-la-GlorietteAncienne Sainte-Catherine-des-Arts

L'église Notre-Dame-de-la-Gloriette, anciennement appelée Sainte-Catherine-des-Arts, est un lieu de culte construit par les Jésuites à Caen à la fin du XVIIe siècle. Ce monument fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 9 juillet 1909[1].

Sommaire

Histoire

Par des lettres patentes du 6 décembre 1608, Henri IV, malgré la résistance des habitants de Caen, fait donation aux Jésuites du Collège du Mont, situé rue Saint-Étienne (actuelle rue Arcisse de Caumont). Pendant longtemps, cette maison ne possède pas d'église et doit se contenter d'une simple chapelle aménagée dans le collège. En 1667, les Jésuites achètent à la ville, moyennant une rente, des terrains dans le Pré aux Ébats situé dans l'île des Petits Près alors en cours d'urbanisation. C'est là qu'ils jettent, en 1684, les fondements de leur église, dont la première pierre est posée, par le poète Jean Regnault de Segrais, en qualité de premier échevin de la ville. Les travaux, dirigés par le père André, procureur des Jésuites, sont achevés en cinq ans et l'église est consacrée le 31 juillet 1689 sous le nom de Sainte-Catherine des Arts.

Après la suppression de l'ordre de Jésuites en 1762, l'église est donnée à l'université de Caen qui l'aurait louée à un marchand de farines. À partir de 1791, l'abbé Chenin y célèbre le culte constitutionnel ; puis à partir de 1793, elle devient le lieu de réunion des fêtes décadaires. Il est question pendant un temps de convertir l'église en salle de spectacle ou en abattoir[2]. Comme on y avait entreposé pendant la Révolution le mobilier confisqué dans les autres églises, on envisage également de la transformer en musée quand la ville de Caen cherche un local pour ouvrir le musée des Beaux-Arts[3]. On décide finalement le 25 octobre 1801 d'installer le musée dans l'aile gauche de l'ancien séminaire des Eudistes ; mais pendant les travaux nécessaires à la reconversion de l'ancien séminaire, qui durent jusqu'en 1809, les tableaux provenant des fonds du musée du Louvre sont entreposés dans l'ancienne église des Jésuites[4].

L'église est rendue au culte catholique en 1802 et devient paroissiale sous le nom de Notre-Dame, en remplacement de celle de Froide-Rue rebaptisée Saint-Sauveur. Le 6 mars 1884, les ossements de Jean Eudes, transférés de l'église des Très-Saints-Cœurs-de-Jésus-et-Marie à Notre-Dame en 1810[5], ont été déplacés dans la crypte qui se trouve sous le transept sud de l'église[6].

Au XIXe siècle, elle fait l'objet de quelques travaux de rénovation et d'embellissement. En 1909, la totalité de l'édifice est classée monument historique (CLMH, 09/07/1909[7]). Depuis 1987, le diocèse de Bayeux et Lisieux prête l'église à la Maîtrise de Caen qui y donne 20 d’auditions par an le samedi midi, ainsi que des concerts dans le cadre de la programmation du Théâtre de Caen.

Architecture

Plan de l'église

Dimension :

  • 1163 m² en tout ;
  • 48 mètres de long ;
  • 23 mètres de large maximum (21 au niveau de la façade).

Extérieur

Comme la plupart des églises jésuites, la façade principale a fait l'objet d'un soin particulier et s'inspire de l'église du Gesù ; les portes secondaires et probablement les oculi au-dessus de ces ouvertures ont été percées en 1846-1847. A contrario, les autres façades de l'édifice sont restées nues. À cela, on peut apporter deux explications. L'une est pratique ; l'église a été érigée à proximité de la courtine complétant les remparts de Caen, construite dans les années 1590, et n'était donc pas visible de ce côté. L'autre raison est plus symbolique ; l'église est traitée comme un décor de théâtre, les Jésuites étant féru des arts de la scène dans leur enseignement, comme nous le démontre d'ailleurs la première dédicace de l'église. L'église a été construite sur un terrain marécageux au bord du Petit Odon, recouvert dans les années 1930 ; de ce fait, la façade penche légèrement vers la droite. Le parvis de Notre-Dame est délimité par une rangée d'arbres et séparé de la rue Saint-Laurent par des chaînes qui auraient servi autrefois à fermer la rue de l'université (actuelle rue Pasteur) ; ce site est classé monument historique (SC, 30/03/1939[7]).

Intérieur

L'église est orientée à l'ouest, c'est-à-dire dans le sens inverse des autres. De plan basilical, la nef est encadrée par deux bas-côtés, surmontés de tribunes en 1846-1847, et le transept est très légèrement saillant ; l'abside semi-circulaire est aveugle et le cul-de-four du chœur fut décoré en 1876 d'une scène de l'Assomption, peinte par Perrodin. Les doubleaux du chœur ont été ornés à la fin du XIXe siècle de symbole des litanies, œuvre de l'atelier Jacquier. Enfin en 1901, la coupole du transept fut revêtue d'une Glorification de Saint-Jean-Eudes par Henri Lerolle.

Mobilier

De nombreux éléments de mobilier liturgique, dont la plupart sont classés monument historique au titre d'objet[8], sont entreposés dans l'église depuis le Consulat. Certains sont entrés dans les collections du musée des Beaux-Arts de Caen, d'autres sont restés dans l'église.

Le maître-autel

Dans l'abside, s'élève un maître-autel provenant de l'abbaye aux Dames et entreposé à Notre-Dame-de-la-Gloriette après la fermeture du monastère en 1790.

L'autel est en marbre blanc. La partie inférieure date de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, à moins qu'elle ait été réalisée après la reprise du culte en 1802[9]. Elle est ornée d'un bas-relief représentant le buste de la Vierge inscrit dans un médaillon encadré de part et d'autre par des guirlandes de fleurs disposées symétriquement. De chaque côté du panneau central, trois balustres sont reliés par une tablette à hauteur d'appui. Dans la partie supérieure de l'autel, le tabernacle, réalisé dans la deuxième partie du XVIIIe siècle, est enchâssé dans un gradin. La porte en plein cintre en bronze doré est finement ciselée et encadré par des palmiers[10].

Derrière l'autel, un groupe de statues dorées posé sur un socle en marbre de Vieux représente l'Enfant Jésus entouré à sa droite par saint Joseph et à sa gauche par la Vierge. Jésus est représenté nu dans un lit de paille devant lequel sont agenouillés ses parents. Cet ensemble datant de la première partie du XVIIIe siècle est librement inspiré de la crèche réalisée par Michel Anguier pour l'église du Val-de-Grâce et aujourd'hui exposée dans l'église Saint-Roch de Paris[11].

L'autel est surmonté d'un baldaquin commandé en 1707 par Françoise Froulay de Tessé, abbesse de l'abbaye aux Dames, au moine architecte Guillaume de La Tremblaye. Ce dernier s'est très fortement inspiré du maître-autel de l'abbatiale de Saint-Germain-des-Prés réalisé quatre ans plus tôt par Gilles-Marie Oppenord. La réalisation de l'autel est attribuée à un Brodon[12], Guillaume Brodon ou ses fils André et Michel, architectes ayant participé à la construction. Il est formé d'une coiffe reposant sur six colonnes monolithes lisses corinthiennes. Les colonnes en marbre de Vieux reposent sur des socles en pierre de Caen sur lesquels on a appliqué du marbre vert. Les chapiteaux et la base des colonnes sont dorés. La coiffe en elle-même est composée de six branches en bois doré reposant sur un entablement en fer à cheval peint pour imiter le marbre et se rejoignant pour former une couronne surmontée d'un globe sur lequel est fixé d'une croix. La partie vide de l'entablement est occupée par une guirlande nuageuse sur laquelle reposent trois personnages : deux chérubins tiennent du raisin et des épis, alors qu'au milieu un ange presque grandeur nature et paraissant planer au-dessus de l'autel tient une banderole sur laquelle il est écrit IN EXCELSIS DEO (gloire à Dieu).

Cet ensemble, classé monument historique au titre d'objet depuis le 16 décembre 1907, est aujourd'hui en mauvais état, les parties en bois, notamment le bras droit de l'ange, nécessitant d'être consolidées et redorées[13].

Les autres autels et la chaire

D'autres autels en bois taillé, peint et doré sont exposés dans l'église et classés depuis le 8 juillet 1980 :

  • l'autel de sainte Anne (premier quart du XIXe siècle) avec une statue en pierre représentant l'Éducation de la Vierge ;
  • l'autel de la Vierge avec une statue en pierre de la Vierge à l'enfant ;
  • l'autel des fonts baptismaux (XVIIIe siècle) avec une toile représentant le Baptême du Christ, peinte entre 1623 et 1641 par Côme Duhey et offerte par Jacques Gervaise à l'origine pour orner une chapelle ;
  • l'autel de saint Laurent (XVIIIe siècle) avec un tableau représentant le Martyre de saint Laurent ;
  • l'autel de saint Charles Borromée (XVIIIe siècle) avec un tableau représentant saint Charles Borromée transporté au ciel ;
  • l'autel de Notre-Dame de Pitié (XVIIIe siècle) avec un tableau représentant la Déploration .

Dans les croisillons du transept, les deux autels secondaires qui se font face ont été classés le 30 avril 1909. Leur forme légèrement concave qui épouse le plan de l'édifice rend probable l'hypothèse selon laquelle ces autels auraient été conçus dès l'origine pour l'église des Jésuites. Ils sont composés d'un retable en bois avec des toiles d'Étienne Jeaurat, surmontées d'une gloire et encadrées par deux séries de deux pilastres ioniques cannelés et rudentés. Au-dessus de l'entablement, quatre volutes se rejoignent pour former un dais qui porte une croix. À l'origine, le bois était polychrome, mais il a été décapé et vernis au XIXe siècle. Dans le transept nord, le tableau, inspiré d'une œuvre de François Lemoyne, représente l'Annonciation : l'archange Gabriel surplombe la Vierge agenouillé qui méditait sur la Bible ; de son index, il pointe vers le ciel et vers la gloire dans laquelle est sculptée la colombe du Saint-Esprit. Le même dispositif est employé dans la composition du retable du transept sud : Marie-Madeleine est au pied du Christ dont le doigt indique cette fois-ci le IHS gravé dans la gloire.

Enfin une chaire, également classée depuis le 16 décembre 1907, a été remontée sur le pilier oriental séparant le chœur du transept. Selon Bouet, il daterait des années 1735-1750 et proviendrait du monastère des Bénédictins. Il est en bois sculpté et un panier fleuri est gravé sur le devant.

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La décoration du chœur

La partie inférieure des murs du chœur sont ornés par un ensemble de décor, datant de la fin du XVIIe siècle ou du début du XVIIIe siècle, classé le 16 décembre 1907. Il est constitué de lambris en bois peints surmontés d'un entablement sur lesquels reposent des statues d'ange et des reliquaires. Les panneaux, orné d'entrelacs dorés, devaient être à l'origine gris, mais ont été repeints en marron au XIXe siècle[14]. Comme le maître-autel, les cinq reliquaires en bois taillé et doré proviennent de l'abbaye aux Dames, sauf les deux qui se trouvent aux extrémités de l'abside qui étaient autrefois la propriété de l'église Notre-Dame-de-Froide-Rue. Ils offrent l'exemple de cinq types différents de reliquaire ; les deux coffrets centraux surmontent des bas-reliefs représentant pour l'un l'Annonciation et pour l'autre l'Adoration des Mages[15] ; entre ces deux bas-reliefs, un troisième de plus grande dimension illustre la Purification. Chaque reliquaire est encadré par un ange d'un mètre de haut environ en terre cuite doré assis sur des lambrequins et portant des guirlandes de fleurs. Ces anges ont peut-être été transférés de l'abbaye aux Dames[16]

Les ferronneries clôturant le chœur sont également classées depuis 8 juillet 1980. Ces grilles en fer forgé peint et doré datent de la fin du XVIIIe siècle ou du début du XIXe siècle.

L'orgue

En 1837, la paroisse a fait l'acquisition d'un orgue autrefois installé dans un château. Il a été repris par Charles Spackmann Barker qui travaillait pour la maison Verschneider. La partie instrumentale a ensuite été restaurée par Charles Mutin, Aristide Cavaillé-Coll et en 1932 par Victor Gonzalez. Enfin en 1959, la maison Rothinger a ajouté un positif de dos et a électrifié l'orgue[17]. L'orgue néo-classique de transition a été classé en deux temps :

Le buffet est orné de nœud, d'instrument de musique et d'oiseau. Il repose à l'entrée de la nef sur les tribunes construites en 1846-1847 et dont les grilles du XVIIe siècle sont classées depuis le 16 décembre 1907.

La composition du clavier est :

I Grand Orgue C–
montre 16′
montre 8′
bourdon 8′
flûte 8′
salicional 8′
prestant 4′
flûte 4′
doublette 2′
plein jeu V
trompette 8′
II Positif C–
bourdon 8′
prestant 4′
flûte 4′
quarte 2′
nasard
tierce
cymbale IV
cromorne 8′
III Récit expressif C–
principal 8′
gambe 8′
voix Céleste 8′
cor de nuit 8′
flûte 4′
octavin 2′
sesquialtera II
plein jeu IV
clairon 4′
trompette 8′
basson 16′
hautbois 8′
voix humaine 8′
Pédale C–
soubasse 16′
Soubasse 8′
principal 16′
Principal 8′
Principal 4′
bombarde 16′
Bombarde 8′
Bombarde 4′

Notes et références

Sources bibliographiques

  • Philippe Lenglart, Caen, architecture et histoire, éditions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, 2008
  • Dossier pédagogique du Musée de Normandie, réalisé par l’Association des Amis du Musée de Normandie : Caen à l'époque classique, [lire en ligne (page consultée le 15 septembre 2008)]

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