Tabernacle (objet)

Tabernacle (objet)
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Tabernacle de l'église Saint Nicolas de Haslach, en Autriche.

Le tabernacle désigne, dans l’Église catholique romaine, le meuble (ouvrage de menuiserie, d'orfèvrerie, de marbre) qui abrite le ciboire contenant les hosties consacrées au cours de la messe.

Il est en général placé au-dessus de l’autel. Il est utilisé pour l'adoration eucharistique.

Sommaire

Étymologie et emploi

À l'origine, le tabernacle désigne la tente qui abritait l’Arche d'alliance à l’époque de Moïse. En effet le mot français "tabernacle" est dérivé du Latin tabernaculum signifiant "tente, hutte". Tabernaculum est une forme diminutive de taberna, "taverne".

En italien, tabernocolo désigne un petit monument, ou une niche, comportant un saint ou la Vierge, avec le même sens que oratoire, par exemple à la croisée de chemins.

Au Québec, le terme peut se voir transformer pour devenir un sacre (c'est-à-dire un juron) en français québécois. Il sera alors le plus souvent prononcé et écrit tabarnak ou tabarnack. Aussi, pour que le sacre soit moins vulgaire, les Québécois l'ont aussi déformé et peut se dire tabarnouche, tabarouètte, tabarslaque, tabarjack.

Symbolique

Symboliquement, le tabernacle est ce qui renferme l'Essence : « Qu'importe à l'Initié la lumière du jour puisqu'il en est le Tabernacle, que son Intelligence l'éclaire et ses yeux seront éblouis ! » [réf. nécessaire].

Histoire

Les premiers siècles du christianisme

Colombe eucharistique en cuivre doré et émail du XIIIe siècle. Elle provient de l'église de Raincheval dans la Somme et est conservée au musée de Picardie à Amiens.

La conservation des espèces consacrées a eu lieu dès les premiers temps du christianisme : ainsi au temps des persécutions, les Chrétiens conservaient l'eucharistie dans leurs habitations dans de petits vases ou de petites boîtes. Cette habitude disparaîtra progressivement pour s'éteindre tout à fait au début du VIe siècle, tandis que les espèces consacrées seront de plus en plus conservées dans les basiliques. Le pain eucharistique était conservé dans un objet en forme de colombe ; on l'introduisait à travers une petite ouverture pratiquée sur le dos de la colombe et soigneusement fermée par un couvercle à charnière. La colombe elle-même était sans doute incluse dans un réceptacle en forme de tour. Tour et colombe étaient suspendues au moyen de petites chaînes, au centre du ciborium, baldaquin surmontant l’autel. La tour était habituellement en argent et la colombe en or[1].


Un exemple d'édicule du Sacrement : Saint-Martin de Courtrai.

Évolution de la réserve eucharistique en Occident

À l'époque romane, les types de réserve eucharistique se diversifient : un nouveau réceptacle, sorte de boîte ronde ou carrée, la pyxide, vient concurrencer les précédents ou parfois s'y ajouter. La réserve peut être encore suspendue au-dessus de l'autel, avec d'autres modes de fixation, parfois rangée dans une armoire ou un lieu réservé : le secretarium (sacristie).

L'évolution des coutumes se poursuit à la période gothique : on voit quelquefois les réceptacles placés sous l'autel. Mais surtout, l'habitude se répand d'utiliser une petite armoire creusée dans le mur, à droite ou à gauche de l’autel. Une ouverture circulaire ou en forme de trèfle, fermée par une grille, permettait aux fidèles d’adorer en tout temps, de l’extérieur, le Saint Sacrement. Une lampe allumée devant l’ouverture indiquait de loin le lieu où étaient conservées les espèces sacrées. À partir du XIVe siècle, se répand, depuis le nord de l'Europe, un élément architectural pleinement détaché, l'édicule eucharistique qui réalise une sorte d’exposition permanente du Saint Sacrement devant les fidèles. C'est une construction monumentale en forme de tour au sommet de laquelle est exposée l’hostie consacrée, placée dans un vase transparent.

En réaction à la Réforme protestante, et notamment aux doctrines niant la permanence de la présence réelle du Christ dans les espèces eucharistiques, la doctrine catholique est réaffirmée avec vigueur. Se développe alors l’habitude de placer le tabernacle, bien en vue, sur le maître-autel. Il est flanqué de marches (habituellement disposées sur trois ordres) sur lesquelles sont posés des chandeliers permettant d’allumer des cierges. Il a le plus souvent la forme d’une petite maison et forme la partie la plus ornée de l'autel, plus que la table elle-même[1].

Église catholique romaine

Un tabernacle en fer embouti dans une église de campagne (Moulin-Mage dans le Tarn) ; la veilleuse est allumée.

La présence réelle

Article détaillé : transsubstantiation.

Le cadre dans lequel vient s'inscrire le rôle du tabernacle est celui de la théologie de l'eucharistie de l'Église catholique romaine. Selon la doctrine de la transsubstantiation, par la consécration effectuée au cours de la messe, les hosties sont « réellement, vraiment et substantiellement » transformées ou converties en corps et sang du Christ, tout en conservant leurs caractéristiques physiques ou espèces (texture, goût, odeur : les apparences) initiales : elles deviennent Saint-Sacrement. Le tabernacle, aussi appelé réserve eucharistique, est donc le lieu le plus sacré dans une église puisqu'il renferme les hosties consacrées.

Pour témoigner de la "Présence réelle" du Christ dans le Saint-Sacrement, un voile recouvre le tabernacle : c'est le conopée[2]. En outre une veilleuse reste allumée à côté du tabernacle. On salue d'ordinaire le Saint-Sacrement en effectuant une génuflexion devant le tabernacle, en signe d'adoration. L'instruction "Inaestimabile donum" stipule qu'« il faut donner une âme à ce geste. Afin que le coeur s'incline avec un profond respect devant Dieu, la génuflexion ne sera faite ni d'une manière empressée ni d'une manière distraite. »[3].

Les normes concernant le tabernacle

La présentation générale du missel romain précise les normes relatives à la réserve eucharistique : le tabernacle doit être « placé dans un lieu très noble, insigne, bien visible, bien décoré et permettant la prière ». Il est prévu un rituel de bénédiction au moment de la mise en service d'un tabernacle.

Par opposition à la pratique antérieure au concile Vatican II, il est indiqué qu'« il est plus conforme à la vérité du signe que le tabernacle, où la très sainte Eucharistie est conservée, ne soit pas sur l’autel où la messe est célébrée ». En effet, pendant la messe, c'est l'autel, lieu du sacrifice eucharistique, qui est le centre de l'action. Il devient donc classique, dans les églises aménagées après 1969, de placer le tabernacle dans un oratoire adapté à l'adoration et à la prière personnelle des fidèles.

Pour la même raison, dès que la messe est commencée, c'est l'autel qu'on salue et non plus le tabernacle[4].

Notes et références

  1. a et b Mauro Piacenza, La conservation de l’Eucharistie
  2. Dom Robert Le Gall, Dictionnaire de Liturgie, Editions CLD
  3. Instruction « Inaestimabile donum » sur quelques normes relatives au culte du mystère eucharistique, Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.
  4. Présentation générale du Missel romain sur le site du Vatican, n° 314 à 317, n°274.

Voir aussi

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