- Collège du Mont
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Le collège du Mont est un collège intégré à l’université de Caen en 1594. De 1609 à 1762, le collège est occupé par les Jésuites et rebaptisé Collège Royal-Bourbon.
Sommaire
Le collège du Mont avant la Révolution
En 1494, les registres de l’université de Caen mentionnent pour la première fois la Pédagogie de maître Henri le Prévost dans un manoir appartenant à l’abbaye du Mont-Saint-Michel, situé rue de l’Église Saint-Étienne-le-Vieux à proximité de la porte Saint-Étienne. Le manoir est vendu en 1579 par l’abbé Arthur de Cossé-Brissac et l’enseignement est suspendu. La ville de Caen rachète le manoir en 1591 et rouvre l’étude qui est érigée en collège de l’université de Caen en 1594, par placement de fonds d’économies, provenant de concession royale. Il est en conséquence qualifié de Royal et dit Regio-Montanus.
Entre les 11 et 18 septembre de l’année 1603, Henri IV séjourne à Caen avec son confesseur, le jésuite Pierre Coton. À la suite de cette visite, le roi décide de fonder un collège de frères Jésuites afin de lutter contre la présence relativement forte des Huguenots dans cette ville où le catholicisme est jugé trop modéré. Mais les élites caennaises, qui n’ont pas participé aux excès de la Ligue, sont peu favorables à l’implantation des Jésuites. Le 3 mars 1604, Pasquier Savary, docteur en théologie, se fait passer auprès du roi pour un député envoyé par la ville de Caen pour demander la fondation d’un établissement jésuite ; mais la municipalité révèle la fraude et le projet échoue. Le roi envoie alors un prédicateur italien, Jean Gontery (ou Gontieri) afin de préparer un nouveau projet. La municipalité évoque alors un manque de moyens financiers et de locaux, mais l’abbé de Sainte-Colombe résigne le prieuré de Sainte-Barbe-en-Auge, offrant ainsi 3 000 livres de rente au collège des Jésuites qui pourtant n’est toujours pas créé. Mise au pied du mur, la municipalité se voit obliger de céder, malgré l’hostilité des Caennais clairement exprimée lors d’une assemblée générale tenue au présidial de la rue de Geôle le 4 novembre 1608[1]. Les Jésuites intriguent pour écarter Claude Colin qui était à la tête du collège du Mont depuis sa réouverture en 1594 en le faisant nommer prieur de l’Hôtel-Dieu de Caen. Par les lettres patentes du 6 décembre 1608, le roi ordonne enfin que le collège du Mont soit cédé aux pères jésuites. Ces derniers prennent possession du collège le 5 janvier 1609 et les professeurs de l’Université sont expulsés en août. Le collège des Jésuites fait finalement sa rentrée en octobre 1609.
Après la prise de pouvoir par les Jésuites, les effectifs du collège restent stables, voire augmentent. Le collège rachète des locaux et s’agrandit par étapes (1619, 1667, 1686, 1697). En 1627, on recense 918 élèves et sur la même période 20 à 28 personnes assurant l’enseignement et l’encadrement. Le programme couvre l’histoire, la géographie, le latin et le grec, la religion, la philosophie, la rhétorique, les mathématiques, la physique et un peu d’astronomie. Louis XIV adjoint au collège une chaire d’hydrographie en 1704. Le théâtre est également un élément important de l’enseignement dispensé par les Jésuites. L’enseignement étant gratuit, il est largement ouvert aux enfants des classes populaires et de la petite bourgeoisie, ce qui explique en grande partie le fort taux d’alphabétisation constaté dans la ville de Caen à la fin du XVIIe siècle.
En 1763, les Jésuites sont expulsés du royaume de France et le collège est rendu à l’université par arrêt du Parlement de Normandie du 5 mars 1763[2]. En 1786, un édit de Louis XVI, portant règlement pour l’université de Caen, conserve ce collège, avec celui du Bois, en le complétant par création, pour chacun d’eux, d’une chaire d’histoire et de géographie.
Le collège du Mont après la Révolution
Le 22 octobre 1797, l'École centrale du Calvados ouvre des cours de physique expérimentale et de chimie dans le collège. Les laboratoires de chimie ne s'installent définitivement qu'en l'an X quelque temps avant la fermeture des écoles centrales par la loi du 11 floréal an X (1er avril 1802)[3]. Après l’installation du lycée Malherbe à l’abbaye aux Hommes en 1804, l’administration préfectorale déménage alors dans l’ancien collège.
En 1854, l’hôtel de préfecture du Calvados étant définitivement terminé, le préfet Tonnet lègue une partie des bâtiments à la Société des antiquaires de Normandie qui y fonde un musée abritant ses différentes collections. En 1855, la Société française d'archéologie aménage un musée de moulages de sculptures gallo-romaines et médiévales dans l’ancienne chapelle des jésuites située au premier étage des bâtiments donnant sur la rue Arcisse de Caumont. Une autre partie des bâtiments donnant sur la rue est occupée par l’Inspection académique. En 1857, la façade d’une maison du XVIe siècle provenant de la rue des Capucins (actuelle rue Caponière) est remontée sur la façade du musée des Antiquaires. Le porche du XIIIe siècle de l’ancien Hôtel-Dieu, détruit dans les années 1830, est également remonté sur la façade du musée. Cet ensemble est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 13 juin 1927.
La majeure partie de l’ancien collège est détruite pendant la bataille de Caen. Seul l’ancien musée de la Société des antiquaires de Normandie, très endommagé, subsiste dans la cour. Pendant la Reconstruction de Caen, on prend la décision de prolonger la rue de Bras à travers la cour du collège, ce qui nécessite la démolition des vestiges du musée. À partir de novembre 1956, la façade de la rue des Capucins est donc déposée pour être remontée ensuite sur un mur aveugle de la place Pierre-Bouchard. Malheureusement, les lucarnes sont détruites par inadvertance par l’entreprise chargée des travaux. L’ancien porche de l’Hôtel-Dieu est quant à lui sauvé in extremis et remonté quelques mètres plus loin.
Anciens élèves et professeurs du collège
- Anciens élèves du collège du Mont
Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre ; Jean Eudes ; Jean-Baptiste Couture ; J. Hector St John de Crèvecoeur ; Pierre-Daniel Huet ; Jacques Clinchamps de Malfilâtre ; Jean-Baptiste Moulin ; Jean-François Moulin ; William Petty ; Charles Porée ; Gaston de Renty ; Jean Regnault de Segrais
- Anciens professeurs du collège du Mont
Père André ; Joseph-Pierre de Bonnecamps ; François-Joseph Desbillons ; Claude François Fraguier ; Paul Le Jeune ; Noël-Étienne Sanadon
Notes et références
- Christophe Coudrette, Histoire générale de la naissance et des progrès de la Compagnie de Jésus: avec l’analyse de ses constitutions & privilèges, Amsterdam, 1761
- Édouard Frère, Manuel du bibliographe normand, tome 2, Rouen, A. Le Brument, 1860
- Charles-Hippolyte Pouthas, « L'École centrale du Calvados – Organisation et fonctionnement depuis l'ouverture de l'École jusqu'à la fin de l'an X (1796-1802) », dans les Mémoires de l'Académie nationale des sciences, arts et belles-lettres de Caen, Caen, Henri Delesques, 1912, p. 304 [lire en ligne]
Sources bibliographiques
- Gervais de La Rue, Essais historiques sur la ville de Caen et son arrondissement, Caen, Poisson, 1820, p. 236-52 [lire en ligne (page consultée le 22 août 2008)]
- Lucien Musset, « Historique sommaire du Musée des antiquaires (1824-1963) », Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, t. 57 (1963-1965), Caen, 1965, p. 583-8 [lire en ligne (page consultée le 20 août 2008)]
- Frédéric Vaultier, Histoire de la ville de Caen, Caen, B. Mancel, 1843, p. 163-4.
- Dossier pédagogique du Musée de Normandie, réalisé par l’Association des Amis du Musée de Normandie : Caen à l’époque classique (XVIIe-XVIIIe), p. 33-8 [lire en ligne (page consultée le 22 août 2008)]
Liens connexes
Catégories :- École de tradition jésuite
- Université de Caen
- Société des antiquaires de Normandie
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