Remparts de Caen

Remparts de Caen

Fortifications de Caen

Les fortifications de Caen ont longtemps été un signe de la richesse de la cité, bien qu’elles n’aient pas permis de protéger la ville des agressions extérieures, notamment pendant la Guerre de Cent ans.

Le premier témoignage historique de l’existence de la ville de Caen est une charte de l’abbaye de la Trinité de Fécamp datant de 1006 qui mentionne des églises, un port, des moulins, un marché et d’autres activités, mais la ville était encore ouverte. C’est avec la construction de son château que la ville prit son essor et devint une véritable cité qui alla rapidement devenir la deuxième ville du duché de Normandie. Constituée en réalité de plusieurs ensembles fortifiés, la ville garda longtemps un développement multipolaire. Les remparts furent démantelés au XVIIIe siècle, mais il demeure quelques vestiges disséminés dans la ville.

Plan de fortifications de la ville et du château dessiné vers 1695-1713.

Sommaire

Les ensembles fortifiés

Le château

Article détaillé : Château de Caen.

Vers 1060-1080, l’enceinte du château de Caen fut construite. Ces remparts furent maintes fois réaménagés mais l’emprise du château n’a que peu évolué depuis le XIe siècle. Les accès au château en revanche ont été modifiés au fil des siècles. À l’origine, l’accès se faisait par une tour-porte au nord à proximité immédiate du donjon ; au sud, on trouvait une petite poterne accessible depuis un étroit sentier assez abrupt. Au XIIIe siècle, quand la ville devint française, Philippe-Auguste fit construire une courtine autour du donjon et on supprima partiellement l’entrée nord. Au nord-est de l’enceinte, l’accès principal fut alors aménagé, et prit le nom de Porte des Champs ou de la Pigacière. Elle fut précédée au XIVe siècle par une barbacane. À la même époque, une véritable entrée fut aménagée au sud avec la construction de la Porte Saint-Pierre qui fut, un siècle plus tard, au XVe siècle, également dotée d’une barbacane. L’enceinte, hérissée de tours, était entourée de fossés que l’on peut encore voir aujourd’hui.

Vue panoramique de l’entrée du château de Caen.

Bourg-le-Roi

La Tour Leroy sur les bords de l’Odon avant la couverture de la rivière en 1860.

Sous Guillaume le Conquérant, la cité au pied du Château fut également clôturée. D’après les chartes de l’abbaye aux Hommes, créée à cette même époque, les travaux commencèrent après la conquête de l’Angleterre et étaient terminés en 1077. Il ne s'agissait sûrement que d'une levée de terre semble-t-il précédée d'un fossé, puisque qu'un texte de 1083 mentionne une partie du cimetière Saint-Étienne-le-Vieux comme étant « située à l'extérieur du fossé au roi ». Cet ouvrage était peut-être surmonté d'une palissade en bois. La valeur défensive de l'ensemble est toutefois hypothétique. Il semble plutôt qu'il était destinée à délimiter le Bourg-le-Duc des faubourgs placés sous la juridiction des abbayes. Aucune preuve archéologique ou textuelle ne fait d'ailleurs mention d'ouvrages au nord et au sud du bourg ; peut-être la présence de barrière naturelle (le coteau de Bagatelle au nord et la rivière au sud) semblait-elle suffisante[1]. Le clos enserrait la paroisse de Saint-Sauveur, une grande partie des paroisses Notre-Dame, Saint-Étienne et Saint-Pierre et une portion plus congrue des paroisses Saint-Martin et Saint-Julien, toutes deux placées de fait en position de faubourg.

Au début du XIIIe siècle, il est plausible que l'octroi de privilèges communaux ait été accompagné d'un renforcement des structures défensives de la cité. Bien qu'aucune source écrite n'accrédite cette thèse, il est probable que les murs est et ouest aient pris leur caractère militaire à cette époque. Il ne s'agissait probablement que d'une palissade en bois percée de portes. La mention de la porte au Berger en 1245 serait la première référence à ces fortifications. Ce n'est toutefois qu'après la prise de la ville en 1346 que fut entrepris la construction d'une enceinte en pierre. Le murs étaient surmontés d'un chemin de ronde et flanqués de tour, le tout étant protégé par des fossés ou par des cours d'eau. Les différents ouvrages furent construits entre 1346 et 1354. Au nord, le nouveau mur un fossé abrupte, creusé au pied du coteau, se prolongeait jusqu'au douve du château dont il était séparé par un mur. Au sud, les "petits murs" sont élevés le long de l'Odon et une muraille est érigée entre le pont Saint-Pierre et le mur oriental à l'emplacement de l'actuel chevet de l'église Saint-Pierre. Le mur oriental est également reconstruit comme l'atteste une source datant de 1409 et précédé d'un fossé. À l'ouest, un nouveau mur est également dressé, légèrement plus proche de l'église Saint-Étienne-le-Vieux que les ouvrages en terre qui l'ont précédé.

Endommagés en 1417 et en 1450, cet ensemble d'ouvrage est reconstruit. Après la reprise en main de la ville par les Français, le système défensif est remanié par la construction de deux tours rondes protégeant l'angle nord-ouest (tour Chastimoine) et le flanc nord (tour de Silly) de la ville. L'enceinte prend alors sa forme définitive. Les murs semblent avoir été construits rapidement. Des fouilles menées sur le rempart nord en 1970 ont démontré que ce dernier reposait sur des fondations très peu profondes. L'emploi de ces méthodes de construction peu appliquées expliquerait la rapide détérioration des murailles qui durent être reprises dès le XVIe siècle[2].

L’Île Saint-Jean

Plan de Caen daté de 1705

Le nouveau duc de Normandie Robert Courteheuse, fils du Duc Guillaume fait creuser au début du XIIe siècle un canal entre la Noë (petit bras d’eau) et l’Orne. Afin que cette nouvelle rivière artificielle soit toujours en eau, il fait détourner une partie du cours de l’Orne grâce à la construction d’un barrage nommé la Chaussée Ferrée. Saint-Jean devient ainsi une île. Mais ces cours d'eaux peuvent être traversés à gué pendant l'été. Ainsi en 1343, en prévision d'une attaque de la ville par les Anglais, une palissade en bois est élevée le long des rivières. Cette enceinte n'empêche pas la prise de la ville par Édouard III. L'Île Saint-Jean est donc fortifiée à la même époque que Bourg-le-Roi. L'enceinte est également relevée après les sièges de 1417 et 1450.

Au Moyen-âge, le port de Caen était aménagé sur les berges de l’Odon, côté Saint-Jean. Il était protégé par la Tour Leroy, sur la rive gauche, et par la Tour aux Landais, sur la rive droite, reliées entre elle par une chaîne empêchant des navires hostiles de remonter le cours de la rivière.

Les abbayes

L’Abbaye aux Hommes et l’Abbaye aux Dames furent fondées au milieu du XIe siècle par le couple ducal. Toutes les deux avaient juridiction sur les faubourgs qui les environnaient ; ainsi fut formé le Bourg-l’Abbé autour de Saint-Étienne et Bourg-l’Abbesse autour de la Trinité et de Saint-Gilles. Pendant la Guerre de Cent ans, la ville fut prise et dévastée à plusieurs reprises ; les abbayes subirent également les assauts des belligérants. Les deux bourgs furent alors fortifiés.

Les nouvelles fortifications (Petits Près)

Porte Neuve, construite vers 1590 et détruite en 1798

Les deux ensembles fortifiés de Bourg-le-Roi et de Saint-Jean ne formait pas un ensemble cohérent. Entre les deux agglomérations, un morceau de campagne, les Petits Prés, pénétrait jusqu'au cœur de la ville. Pour remédier à cet état de fait, une courtine est construite à partir de 1590 pour relier la Porte Saint-Étienne et l’Île de la Cercle, appelée ensuite le Champ de foire. Ce rempart s'appuie sur deux bastions élevés l’un près de la Porte Saint-Étienne, appelé bastion des Jésuites à partir du XVIIe siècle, l’autre dans la Cercle des Jacobins, nommé bastion de la Foire. Une porte percée dans la courtine, dite porte neuve ou des Près, permettait d'entrée dans la ville depuis la Prairie. Le quartier de la Place Royale peut alors être aménagé à l’emplacement des Petits Près entre cette courtine et les enceintes de Bourg-le Roi et de l’Île Saint-Jean. Cet espace offre ainsi l’avantage de combler le vide entre la paroisse Notre-Dame et la paroisse Saint-Jean en permettant de sécuriser par la même occasion la chaussé Saint-Jacques, voie de circulation permettant de désengorger le Pont Saint-Pierre. La partie des murailles située désormais à l’intérieur de l’espace urbain devient alors obsolète.

Les portes et tours

Les portes

Plan de l’Abbaye aux Hommes, extrait du Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, par Eugène Viollet-Le-Duc, 1856

Plusieurs portes permettaient d’entrée dans la ville :

  • Porte du Pont de Darnetal ou Pont Saint-Pierre (fortifié par le Châtelet),
  • Porte de la Boucherie ou Notre Dame (dans l’actuelle rue de Strasbourg),
  • Porte Saint-Étienne (à proximité de l’église Saint-Étienne-le-Vieux),
  • Porte Arthur ou au Duc,
  • Porte Saint-Martin, du Marché, de Bayeux, Pémagnie[3] (vers le Bessin ou la Bretagne) ou Baudry (sur l’actuelle place Saint-Martin)[4],
  • Porte Saint-Julien, Calibort[5] ou Vilaine,
  • Porte au Berger,
  • Porte du Bac, Saint-Malo ou Saint-Gilles (donnant accès au port),
  • Porte Millet (entre l’Île Saint-Jean et Vaucelles),
  • Porte des Prés (sur la courtine construite en 1590, du côté ouest de l’actuelle place Gambetta).

Plusieurs portes, de moindre importance, furent provisoirement construites sur les enceintes de la ville :

  • Porte du Moulin (au bout de la rue Hamon sur l’actuel boulevard Maréchal Leclerc),
  • Porte des Jacobins (vers le Théâtre)
  • Porte de l’Ile Renaud (vers la Porte Saint-Étienne)
  • Porte des Mineurs (vers l’actuelle clinique de la Miséricorde, anciennement couvent des Cordeliers).

Le Châtelet

Le Châtelet

Le Pont Saint-Pierre était le seul point de passage entre Bourg-le Roi et l’Île Saint-Jean. Les personnes voulant traverser la ville était obligées de passer par le Pont Saint-Pierre ; depuis le nord, on entrait dans la ville par la Porte Saint-Julien, on descendait la rue Cattehoule, ou rue de Geôle, pour arriver au Carrefour Saint-Pierre où l’on rejoignait le flot de circulation en provenance de la grande rue Saint-Pierre qui drainait les flux en provenance de l’ouest entrés dans la ville par la Porte Saint-Martin ; on devait alors traverser le Pont Saint-Pierre, descendre la rue Exmoisine, ou Saint-Jean, franchir la Porte Millet, puis le Pont de Vaucelles avant de se diriger vers l’est par la rue d’Auge ou vers le sud par la rue de Falaise.

En 1203, Jean sans Terre affranchit la commune de Caen qui put se doter d’un beffroi, d’une cloche, d’un sceau et d’un hôtel municipal ; on bâtit alors sur le Pont Saint-Pierre un châtelet logeant l’hôtel de ville. La première mention directe à la maison de ville date de 1307 ; cependant, un texte du début du XIIIe siècle fait référence au parvis pratis de catellione (« pré dessus le castillon »), ce qui semble prouver que le Châtelet existait déjà à cette époque. En 1346, il fut détruit pendant la prise de la ville par Édouard III d'Angleterre et reconstruit immédiatement[6].

Le Châtelet, était une tour carrée flanquée de quatre tourelles circulaires. Le rez-de-chaussée était ouvert par des arcades afin de permettre le passage des charrois. Dans les deux niveaux supérieurs, on trouvait également dans la tour des magasins, des lieux de stockage, un corps de garde et un cachot. Il était également surnommé, comme à Rouen, le Gros Horloge car sa façade était ornée d’un cadran doré qui marquait les heures et les phases de la lune ; son carillon, symbole de la liberté communale, rythmait la vie de la cité. Sur les murs, était également inscrit la devise de la ville : un Dieu – un Roy, une Foy – une Loy.

« De fort ancienne et admirable structure, de quatre estages en hauteur, en arcs-boutans fondez dedans la rivière sur pilotins, laquelle flue par trois grandes arches ; et aux coings de cest édifice et maison sont quatre tours qui se joignent par carneaux, en l’une desquelles (qui faict le befroy) est posée la grosse orloge: ceste quelle maison, pont et rivière, séparent les deux costez de la ville, de façon que les quatre murailles d’icelle commencent, finissent et aboutissent sur ce pont, anciennement appellé de Darnetal, comme il se treuve par certaine chartre, estant au matrologe ou chartrier de la ville, de l’an 1365. »

— Sieur De Bras[7].

Le 11 mai 1754, Loguet, ingénieur de la généralité, dresse un procès-verbal en présence du président du bureau des finances et du procureur du roi dans lequel il constate que le Châtelet est lézardé dans toute sa hauteur ; estimant que le poids du bâtiment affaiblit la structure du pont, il conclue qu'il est nécessaire de le démolir « jusqu'à trois pieds de dessus du pavé dudit pont »[8]. Cette démolition s'inscrit en fait dans le grand plan de François-Jean Orceau de Fontette, intendant depuis 1752, qui souhaite améliorer la circulation dans la ville. Bien que les édiles aient progressivement désertés la maison commune au profit de l'hôtel d'Escoville depuis 1733, ils refusent de démolir ce symbole de leurs libertés communales, mises à mal par la montée en puissance de l'administration royale. Les architectes de la ville produisent une contre-expertise affirmant la solidité de l'ouvrage et la municipalité propose de rénover les façades en s'inspirant du beffroi de l'hôtel de ville de Rennes[8]. Les édiles s'adressent au Daniel-Charles Trudaine, directeur de l'Assemblée des inspecteurs généraux des ponts et chaussées ; ce dernier charge le contrôleur général des finances de trancher. Finalement Jean Moreau de Séchelles confirme la première expertise[8]. Le 3 février 1755, le bureau des finances de Caen déclare[9] :

« attendu qu'il résulte des faits contenus dans les procès verbaux, qu'il est au moins douteux que le pont Saint Pierre soit solide ; que d'un autre côté le passage est trop étroit et dangereux ; que les différens plans produits et proposés par les maire et échevins sont in suffisans pour procurer un élargissement convenable, nous avons ordonné que les bâtimens étant sur ledit pont seront démolis dans trois mois de la signification de la présente, faute de quoi après ledit temps expiré il y sera pourvu ainsi qu'il appartiendra. »

Le 15 mai, le carillon de l'horloge, installée 441 ans plus tôt, sonne pour la dernière fois le Regina cœli[9] et la démolition commence[10]. Le Châtelet est finalement démoli dans l'année, supprimant ainsi un point de congestion important sur la route entre Paris et Cherbourg.

Les tours

Les enceintes étaient hérissées d’une vingtaine de tours dont on connait le nom des principales :

  • Tour Leroy
  • Tour aux Landais, reliée à la précédente par une chaîne pour protéger l’accès au port
  • Tour Lebaski à l’extrémité de la rue Neuve-Saint-Jean
  • Tour au Massacre ou Machart, vers l’angle sud-ouest de la place d’armes
  • Tour Malguéant ou des Moulins de l’Hôtel-Dieu de Caen à proximité de la Porte Millet
Tour Machart au début du 19e (François-Gabriel-Théodore Basset de Jolimont)
  • Tour-ès-Morts, vers l’angle entre la promenade de Sévigné et le cours de Gaulle (rue Paul Toutain)
  • Tour Anzeray
  • Tour Pendant
  • Tour Saint-Jacques
  • Tour de la Boucherie ou Meritain
  • Tour Lourirette
  • Tour Chastimoine
  • Tour Silly ou des Cordeliers
  • Tour Puchot, à l’angle nord-ouest du Château pour protéger la Porte Saint-Julien
  • Tour de la Reine Mathilde, à l’angle sud-est du Château de Caen

Destruction des enceintes

La destructions des fortifications commence à la fin du XVIIe siècle par les Petits murs, rendus obsolètes par la construction de la courtine. La Tour Saint-Jacques et la Porte des Jacobins sont ainsi détruites pour ouvrir la rue de Bernières.

Mais le mouvement s'accélère dans la seconde partie du XVIIIe siècle quand les édiles et les officiers royaux conçurent de grands plans d’urbanisme pour aérer la cité médiévale. En 1716, les murs le long des quais entre la tour aux Landais et le pont Saint-Pierre sont abattus ; de l’autre côté de cette tour, les murs soutenus par des terrasses sont arasés et le terrain pavé afin d’élargir la rue des quais[11]. Afin d’aménager la place Saint-Pierre et d’améliorer la circulation générale, on détruit le Châtelet en 1755. Dans les années 1750 encore, l’intendant de la Généralité de Caen, François-Jean Orceau de Fontette, fait raser une partie des remparts vers le Coignet aux Brebis, extrémité ouest de la place Saint-Sauveur, pour aménager la place Fontette et ouvrir une nouvelle voie d’accès à la ville par l’ouest à travers les jardins de l’Abbaye aux Hommes, la rue Guillaume le Conquérant. La Tour Chastimoine est détruite à la fin des années 1780 pour construire le nouveau Palais de Justice. Vers 1750- 1760, la Porte de Bayeux est démolie pour créer la place Saint-Martin et, en 1786, on comble les Fossés Saint-Julien pour les aménager en promenade. [12]. Les fortifications des deux abbayes furent également démantelées. On aménagea les jardins de l’Abbaye aux Hommes en remblayant le terrain pour créer une grande esplanade.

Les destructions continuent tout au long du XIXe siècle jusque dans la première partie du XXe siècle. En mai 1806, la porte des Près est démolie[13]. Sur l’ancienne courtine, est créé l’actuel Boulevard Bertrand. En 1821, les vestiges de l’enceinte de l’Abbaye aux Dames furent également démolies [14] En 1830, les Tours du Massacre et Malguéant sont également démantelées. En 1922, le Canal Robert est comblé.

Les vestiges

On peut encore retrouver des traces des différentes enceintes dans le tissu urbain d’aujourd’hui :

La trace des fortifications peut également être retrouvée dans le nom des rues :

  • Rue Porte au Berger
  • Rue Porte Millet
  • Rue de la Chaussée Ferrée
  • Fossés Saint-Julien
  • Rue des Fossés du Château
  • Promenade du Fort (référence au bastion des Jésuites)

Lieux de garnison

Jusqu'au XVIIIe siècle, la ville ne disposait pas de lieux fixes pour abriter les garnisons de soldats. En fonction des besoins les soldats étaient logés chez l'habitant, ce qui n'était pas sans provoquer des tensions. Ainsi en 1514, les lansquenets à la solde de Louis XI provoquèrent un soulèvement populaire[16]. On mentionne encore en 1752 l'Auberge de la place royale qui sert épisodiquement de casernement pour les troupes de passage[17]. Enfin depuis le début du XVIIe siècle, les troupes étaient logés dans les loges de la foire quand celles-ni étaient inoccupées[18].

Les premières caserne sont construites en France sous le règne de Louis XIV. À Caen, il faut attendre la régence de Louis XV. Deux autres casernes sont aménagées au XIXe siècle dans des lieux existants et une dernière caserne est construite au début du XXe siècle au sud de la ville.

Caserne Hamelin

La première pierre de la caserne de Vaucelles est posée par l’intendant Guynet le 17 mai 1720[11]. Mais les travaux sont tout de suite interrompus pour ne reprendre qu'en 1742[19]. En 1785, on décide d'agrandir la caserne ; Louis XVI en pose la première pierre le 26 juin 1786. Guillaume-Martin Couture, architecte du roi, mène les travaux avant que l'adjudication ne soit résiliée par arrêt du Conseil le 14 août 1789[19]. Après une période d'interruption, les travaux reprennent sur des plans différent de ceux dressés à l'origine[19] en 1833 et l'extension est achevée en 1835[6]. À la fin du XIXe siècle, la caserne, rebaptisée Caserne Hamelin, pouvait abriter 1 200 hommes d'infanterie[19]. Pendant la Première guerre mondiale, la caserne est occupée par un hôpital militaire provisoire ; 200 à 300 lits étaient ouverts au HC n°30 Caen qui fonctionna jusqu'au 20 octobre 1919[20]. Dans l'Entre-deux-guerres, la caserne fait l'objet d'une demande de protection par arrêté d'inscription à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques[21]. Mais dans la nuit du 7 juin 1944, elle est touchée de plein fouet par les bombardements aériens ; dans la soirée du 18 juin, ce qui restait debout est anéanti par les tirs allemands de bombes SD1 et SD2[22]. Les derniers vestiges sont définitivement abattus en 1946[6].

Quartier Lorge

Article détaillé : Quartier Lorge.

La caserne de la Remonte, actuellement quartier Lorge, a été aménagée dans l’ancien monastère des Visitandines.

Caserne Lefèvre

Article détaillé : Château de Caen.

Quartier Claude Decaen

En juillet 1871, la municipalité entame des démarches afin de créer à Caen une école d'artillerie. Le 21 juillet, le ministère de la Défense expose ses conditions en vue d'ouvrir un nouvel établissement dans la ville : la municipalité doit participer financièrement à la hauteur de 10% et doit approvisionner la future caserne en eau. Le 3 novembre, le conseil municipal se soumet à ses exigences. Cinq ans plus tard, elle acquiert un terrain de 27 ha au lieu-dit de la Guérinière, situé alors sur la commune de Cormelles-le-Royal, dans le but de l'aménager en champ de manœuvres. Puis le projet est abandonné pendant plusieurs décennies. Il est repris en 1909 seulement. On choisit un terrain situé sur les hauteurs de Vaucelles au sud du boulevard Leroy qui marquait alors la limite méridionale de l'espace urbanisé. L'accord entre la ville et les différents ministères est finalement signé en mars 1911.[23] En 1913-1914, une nouvelle voie, baptisée avenue Albert Ier le 12 décembre 1914, est tracé dans le prolongement de la rue du belvédère afin de relier la nouvelle caserne au reste de la ville[24]. Les travaux de la caserne d'artillerie elle-même sont à peine achevés quand la Première guerre mondiale éclate. La caserne, occupée par le 43e Régiment d’Artillerie, est ensuite rebaptisée Quartier Claude Decaen en l'honneur de Claude Théodore Decaen. Après le départ du régiment, la plupart des bâtiments et le mur d'enceinte sont détruits. Une zone d'aménagement concertée, la ZAC Claude Decaen, a été créée en 1988[25] afin de construire des logements, une maison de retraite, ainsi qu'une clinique[26] ; la nouvelle grande gendarmerie de Caen doit également y être construit sur la partie encore non construite au sud-est du périmètre[27]. Un jardin public a été aménagé autour du seul bâtiment qui a été conservé.

Notes et références

  1. Christophe Collet, p. 53
  2. Christophe Collet, p. 104-113
  3. L’orthographe de cette rue différa au cours des siècles et il existe une myriade d’orthographes différentes : Pesmegnie, Paistmaignie, Pestmaisnie, Pestmesnie, Pesmegnie, Pamesine et Pemesgnie. Ce serait le nom d’une famille qui avait son hôtel particulier à l’angle de la place Saint-Sauveur et de la rue Pémagnie.
  4. Elle se trouvait au débouché de la rue Pémagnie dans l’actuelle place Saint-Martin. Toutefois, l’axe actuelle de la rue, dans la perspective de la gare Saint-Martin, ne date que des années 1880-1890 ; on peut retrouver des traces de la première opération d’alignement grâce à la série d’immeubles de facture classique du côté paire de la rue jusqu’au n° 10, alors que côté impair on retrouve l’ancien tracé de la rue au niveau des n°13 et 15.
  5. Calibourg, orthographié aussi Calibort, est l’ancien nom du Faubourg Saint-Julien; on retrouve aujourd’hui encore une rue Calibourg, entre la rue des Cordeliers et la rue de Geôle.
  6. a , b  et c Christophe Collet, Pascal Leroux, Jean-Yves Marin, Caen, cité médiévale : bilan d'histoire et d'archéologie, Calvados, Service Département d'archéologie du Calvados, 1996
  7. Charles de Bourgueville, sieur de Bras, Les Recherches et antiquitez de la province de Neustrie, à présent duché de Normandie, etc., Caen, 1833.
  8. a , b  et c Pascal Liévaux, « Les architectes du roi et l'architecture communale des villes atlantiques » dans Hélène Rousteau-Chambon (dir.) Jacques V Gabriel et les architectes de la façade atlantique, Actes du colloque de Nantes du 26-28 septembre 2002, Paris, Éditions Picard, 2004, pp. 179-181
  9. a  et b Grégoire-Jacques Lange, Éphémérides normandes, Caen, Imprimerie de Bonneserre, 1833, tome 1, pp. 95–96
  10. Ibid., p. 324
  11. a  et b Source : Journal d’un bourgeois de Caen 1652-1733 [(fr) texte intégral (page consultée le 29 mai 2008)]
  12. En 1798, Victor-Dufour planta les premiers tilleuls et Bénard, jardinier à Vaucelles, ainsi que les “hoquetons” de la ville achevèrent son œuvre en 1803.
  13. Grégoire-Jacques Lange, op. cit., p. 338
  14. Extrait de la délibération du Conseil municipal de Caen datant du 28 septembre 1821 : « Le conseil a vu avec satisfaction que tous les plans et projets ont été si bien combinés que l’église de Sainte-Trinité sera rendue tout entière au culte divin, et en qu’en même temps ce monument, remarquable sous le rapport des arts et vénérable par les souvenirs historiques qui s’y rattachent, sera dégagé des masures et constructions inutiles qui en obstruent la vue et l’accès ».
  15. À l’origine le sol dans ce secteur était plus bas, puisqu’il a été remblayé au XVIIIe siècle.
  16. Gervais de La Rue, Mémoires d'antiquités locales et annales militaires, politiques et religieuses de la ville de Caen et de la Basse-Normandie, Caen, Mancel, 1842, vol. 2, p. 353
  17. Georges Besnier, La garnison de Caen au XVIIIe siècle, Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, 1948-1951, t.51, p. 296
  18. Gervais de La Rue, Essais historiques sur la ville de Caen et son arrondissement, Poisson, Caen, 1820, p. 181
  19. a , b , c  et d Guillaume-Stanislas Trébutien, Caen, son histoire, ses monuments, son commerce et ses environs, Caen, F. Le Blanc-Hardel, 1870 ; Brionne, le Portulan, Manoir de Saint-Pierre-de-Salerne, 1970, p. 206
  20. Forum sur l'histoire du service de santé pendant la guerre 1914-1918
  21. Ministère de la Culture
  22. Caen et la Seconde guerre mondiale
  23. Philippe Lenglart, Le nouveau siècle à Caen, 1870-1914, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 1989, pp. 62–63
  24. Philippe Lenglart, ibid., pp. 97–98
  25. Caen dessine son futur / Projet de ville 2000-2010, édition ems management & société, Caen, 2000, p.83
  26. ZAC Claude Decaen
  27. Ouest-France, 19 juillet 2008

Bibliographie

  • Christophe Collet, Caen, cité médiévale : bilan d'histoire et d'archéologie, Caen, Caen Archéologie, 1996
  • Gervais de La Rue, Essais historiques sur la ville de Caen et son arrondissement, Caen, 1820 [lire en ligne]

Voir aussi

Liens externes

Articles connexes

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