Science-fiction

Science-fiction
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La science-fiction (abrégée en SF) est un genre narratif principalement littéraire et cinématographique structuré par des hypothèses sur ce que pourrait être le futur ou des univers inconnus (planètes éloignées, mondes parallèlesetc.), en partant des connaissances actuelles (scientifiques, technologiques, ethnologiquesetc.). Elle se distingue du fantastique qui inclut une dimension inexplicable et de la fantasy qui fait souvent intervenir la magie.

Amazing Stories, premier magazine de science-fiction américain

Sommaire

Étymologie et origine

Histoire du mot

Le terme français « science-fiction » a pour origine le terme anglais « science fiction » qui est apparu pour la première fois en 1853 sous la plume de William Wilson dans un essai intitulé A Little Earnest Book Upon A Great Old Subject[1]. Mais il ne s'agit que d'un usage isolé.

En janvier 1927, on trouve dans les colonnes du courrier de Amazing Stories la phrase suivante : « Remember that Jules Verne was a sort of Shakespeare in science fiction. »[2] Mais c'est en 1929, suite à l'éditorial d'Hugo Gernsback dans le premier numéro du pulp magazine intitulé Science Wonder Stories, que le terme commence à s'imposer en Amérique du Nord, aussi bien dans les milieux professionnels que chez les lecteurs, remplaçant de facto d'autres vocables alors en usage dans la presse spécialisée comme « scientific romance » ou « scientifiction »[3].

Dans son essai intitulé On The Writing of Speculative Fiction, publié en 1947 dans Of Worlds Beyond, l'auteur américain Robert A. Heinlein plaida en faveur du concept de « speculative fiction »[4], ou fiction spéculative réaliste[5] pour se démarquer des récits de fantasy qui paraissaient encore à l'époque sous l'étiquette générale de science fiction. Si le néologisme de Robert A. Heinlein connut un grand succès jusque dans les années 1960, le terme de science fiction s'est toujours maintenu comme le concept de référence.

Exemple : Le Meilleur des mondes de Aldous Huxley est un roman de type science-fiction.

Histoire du mot en France

Couverture du n°270 (juin 1976) illustrée par Philippe Legendre-Kvater

Dans le monde francophone, le terme de science-fiction s'impose à partir des années 1950[6] avec pour synonyme et concurrent direct le mot anticipation. Précédemment, on parlait plutôt de « merveilleux scientifique » ou de voyages « extraordinaires ».

Si le mot anglais original s'écrit le plus souvent science fiction, le mot français s'orthographie avec un trait d'union : science-fiction. L'abréviation française S.F., ou SF, est devenue courante à partir des années 1970[6].

Définitions et fonctionnement de la science-fiction

Une représentation répandue que l'on trouve dans les dictionnaires[7] dépeint la science-fiction comme un genre narratif qui met en scène des univers où se déroulent des faits impossibles ou non avérés en l’état actuel de la civilisation, des techniques ou de la science, et qui correspondent généralement à des découvertes scientifiques et techniques à venir.

Cette description générale recouvre cependant de nombreux sous-genres, comme la hard science-fiction, qui propose des conjectures plus ou moins rigoureuses à partir des connaissances scientifiques actuelles, les uchronies, qui narrent ce qui se serait passé si un élément du passé avait été différent, le cyberpunk, branché sur les réseaux, le space opera, la speculative fiction, le planet opera, le policier/science-fiction et bien d’autres.

Cette diversité de la science-fiction rend sa définition difficile. Mais, bien qu'il n'existe pas de consensus à propos d'une définition de la science-fiction (presque tous les écrivains ont donné leur propre définition[8]), on admet généralement que certains mécanismes narratifs caractéristiques doivent être présents dans une œuvre pour que l'on puisse la classer dans ce genre. Ainsi, The Cambridge Companion to Science Fiction[9] propose-t-il une synthèse de ces caractéristiques par la formulation de plusieurs réquisits dont l'absence semblerait interdire de parler de science-fiction.

L'expérience de pensée : le récit de science-fiction est toujours un que se passe-t-il si... ? C'est une fiction spéculative qui place les idées au même plan que les personnages.

La distanciation cognitive : le lecteur doit être embarqué dans un monde inhabituel.

« C’est notre monde disloqué par un certain genre d’effort mental de l’auteur, c’est notre monde transformé en ce qu’il n’est pas ou pas encore. Ce monde doit se distinguer au moins d’une façon de celui qui nous est donné, et cette façon doit être suffisante pour permettre des événements qui ne peuvent se produire dans notre société - ou dans aucune société connue présente ou passée. Il doit y avoir une idée cohérente impliquée dans cette dislocation ; c’est-à-dire que la dislocation doit être conceptuelle, et non simplement triviale ou étrange - c’est là l’essence de la science-fiction, une dislocation conceptuelle dans la société en sorte qu’une nouvelle société est produite dans l’esprit de l’auteur, couchée sur le papier, et à partir du papier elle produit un choc convulsif dans l’esprit du lecteur, le choc produit par un trouble de la reconnaissance. Il sait qu’il ne lit pas un texte sur le monde véritable. »

— Philip K. Dick, lettre du 14 mai 1981[10]

L'activité de compréhension du lecteur : elle fait suite à la distanciation. Le lecteur doit reconstruire un monde imaginaire à partir de connaissances qui ne relèvent ni du merveilleux ni du religieux, mais de théories ou de spéculations scientifiques, même s'il s'agit de connaissances qui violent les principes de nos connaissances actuelles. Ce monde inhabituel n'étant pas donné d'un coup, le lecteur doit se servir pour cela d'éléments fournis par l'auteur (objets techniques spécifiques, indices de structures sociales particulières, etc.). Ainsi, elle se distingue nettement de la fantasy, genre qu'elle côtoie dans les rayons des librairies, ce qui n'empêche pas l'écrivain Terry Pratchett de déclarer avec humour : « La science-fiction, c'est de la fantasy avec des boulons. »[11]

Les références à un bagage culturel commun : le vocabulaire et les thèmes de la science-fiction font partie d'une culture familière au lecteur qui lui permet de s'y reconnaître.

Sous-genres de la science-fiction

Article détaillé : Genres de science-fiction.

Hard science-fiction

Couverture du Galaxie n°140, par Philippe Legendre-Kvater (janvier 1976)
Article détaillé : Hard science-fiction.

La hard science fiction, ou « hard SF », se caractérise par une attention particulière à tous les détails du récit qui concernent les sciences et les techniques, comme la physique, l'astrophysique et la chimie, ou plus généralement à la cohérence interne du récit et à la mise en œuvre de la méthode scientifique par l'auteur. L'expression fut utilisée pour la première fois en 1957 par P. Schuyler Miller dans un compte-rendu de Islands of Space de John W. Campbell, publié dans la revue Astounding Science Fiction[12]. Ce genre est représenté par exemple par les œuvres de Arthur C. Clarke, Stephen Baxter et Greg Egan.

Voyage dans le temps

Article détaillé : Voyage dans le temps.

Le voyage dans le temps peut être un genre à part entière, ou l'un des thèmes d'une œuvre. Ce genre affronte les problèmes liés aux paradoxes temporels, comme le paradoxe du grand-père, mais peut amener à des réflexions sur certains événements historiques lorsque, par exemple, un personnage crée l'histoire qu'il voulait en fait observer, comme dans Voici l'homme de Michael Moorcock. Le classique du genre est La Machine à explorer le temps de H. G. Wells.

Uchronie

Article détaillé : Uchronie .

L’uchronie prend comme point de départ une situation historique existante et en modifie l’issue pour ensuite imaginer les différentes conséquences possibles. Un exemple est Le Maître du Haut Château de Philip K. Dick.

Cyberpunk

Article détaillé : Cyberpunk.

Le Cyberpunk est un sous-genre de la science-fiction décrivant un monde dystopique et dont l'origine remonte au début des années 1980.

Space opera

Article détaillé : Space opera.

C'est le socle de la science-fiction. Les récits de space opera ont pour caractéristique commune de se dérouler à une échelle interplanétaire.

Il est à noter que dans la littérature le Space Opera prend sa source dans les œuvres de Isaac Asimov avec le cycle de Fondation et le Cycle des Robots. On découvre ensuite le Space Opera à la télévision avec des séries comme Star Trek (États-Unis, 1964) de Gene Roddenberry et Cosmos 1999 (Angleterre, 1975) de Gerry Anderson qui révèlent au grand public le genre. Pour le cinéma, il faudra attendre l'année 1977 avec le film La Guerre des étoiles (nommé récemment A New hope) (États-Unis, 1977) de George Lucas, quatrième volet de l'hexalogie mais premier volet réalisé de la saga Star Wars, fortement inspirée des œuvres d'Isaac Asimov sans en être une copie.

De nombreux space operas relèvent de la science-fiction militaire.

Space fantasy

Article détaillé : Space fantasy.

Les récits qui mêlent à des univers de space opera certains éléments typiques de la fantasy : magie, quête initiatique, atmosphère de conte. Ce genre peut réunir aussi bien les univers futuristes façon Warhammer 40000, où elfes et orques se battent à bord d'immenses machines de guerre, que d'autres plus étranges comme Spelljammer, où elfes, nains et humains explorent l'espace à bord de navires magiques, dépourvus de la moindre trace de technologie. Un cycle présentant les caractéristiques de la space-fantasy peut également évoluer en planet-opera fantasy (citons les cycles de Ténébreuse et la Ballade de Pern par exemple).

Planet opera

Article détaillé : Planet opera.

Les récits de planet opera ont pour décor une planète étrangère aux caractéristiques déroutantes et mystérieuses que les principaux personnages ont pour mission d'explorer et de découvrir sous tous ses aspects (faune, flore, ressources). La trilogie d'Helliconia en est l'exemple canonique.

Histoire de la science-fiction

L'Histoire officielle

L'Histoire de la science-fiction fait l'objet d'une version officielle, qui se ramène en général à des étapes standards : précurseurs, fondateurs, âge d'or, renouveau et diversification. Cette Histoire officielle est une simplification qui reflète mal la complexité du genre[13]. Elle peut également occulter le fait que de nombreux aspects de l'Histoire de ce genre (comme les raisons sociales, économiques, culturelles de son développement dans tel pays) n'ont pas fait, ou très peu, l'objet d'études approfondies. Les études de la science-fiction en tant que littérature à part entière sont également peu nombreuses.

Les « précurseurs »

De même que par un débat sans fin on tente de définir la science-fiction, ses historiens ne sont pas toujours d'accord sur les origines du genre, et c'est un poncif de l'histoire officielle de la science-fiction de rechercher dans les écrits les plus anciens les origines de ce genre. Ainsi, pour certains, cela commence très tôt avec les mythes et les religions. D'autres voient les Histoires vraies, de Lucien de Samosate, comme le premier ouvrage relevant du genre[14]. Ses voyages extraordinaires auront une très longue postérité. Mais cette archéologie se heurte à une objection :

« L'erreur de tout historien de la science-fiction est de négliger qu'il ne peut y avoir de science-fiction (même baptisée « anticipation scientifique ») tant qu'il n'y a pas de sciences, et même de sciences appliquée[15]. »

D'autres, c'est le cas de Brian Aldiss dans son essai Trillion Year Spree, considèrent que le premier roman de science-fiction n'est autre que le roman Frankenstein de Mary Shelley. C'est du moins le premier ouvrage dans lequel un auteur prétend créer une histoire fantastique qui ne relève pas de la pure fantaisie ou du surnaturel : « The event on which this fiction is founded has been supposed, by Dr. Darwin, and some of the physiological writers of Germany, as not of impossible occurrence. »

Parmi les précurseurs sont souvent cités :

Les « conjecteurs rationnels »

Un train aérien. Illustration de La fin du monde de Camille Flammarion. 1911.

L'histoire officielle de la science-fiction désigne deux pères fondateurs de la science-fiction moderne : Jules Verne (1828-1905) avec De la Terre à la Lune en 1865 ou 20 000 lieues sous les mers en 1870, et H. G. Wells (1866-1946) avec notamment La Machine à explorer le temps (1895), L'Homme invisible (1897) ou La Guerre des mondes (1898). Ces auteurs ne sont cependant que deux auteurs d'une époque qui voit fleurir de nombreux romans d'anticipation scientifique. Cette floraison est favorisée par l'alphabétisation de la fin du XIXe siècle et le développement d'une littérature populaire diffusée par des revues.

  • Edward Everett Hale (1822-1909), dont The Brick Moon (1869) et sa suite Life on the Brick Moon, mettent en scène le premier satellite artificiel ;
  • le capitaine Danrit (1855-1916), qui explora les thèmes du militarisme, de la guerre et du colonialisme à travers le roman d'anticipation : La Guerre de demain (1888-1893), La Guerre au XXe siècle : L'invasion noire (1894) ;
  • les frères Boex (1856-1940, 1859-1948), qui écrivirent ensemble sous le pseudonyme J.-H. Rosny jusqu'en 1919 (avant de poursuivre leur œuvre séparément sous les noms de J.-H. Rosny aîné et J.-H. Rosny jeune). Ensemble, ils ont livré Les Xipéhuz (1887) et La Mort de la Terre (1910). En 1925, J.-H. Rosny aîné crée le terme astronaute dans son roman Les Navigateurs de l'infini ;
  • Edgar Rice Burroughs (1875-1950) et son héros John Carter dans le Cycle de Mars ;
  • Maurice Renard ;
  • Gustave Le Rouge.

L'âge d'or

Si la science-fiction a vu le jour en Europe et s’est bien développée en France, au Royaume-Uni et en Allemagne, ce sont les États-Unis, entre 1920 et 1950, qui donneront au genre son âge d'or. Ce déplacement de l'Europe aux États-Unis peut s'expliquer par plusieurs facteurs : d'une part, la presse populaire en Europe est plus exposée à la censure liée aux publications pour la jeunesse ; d'autre part, la littérature, en France particulièrement, est fortement hiérarchisée entre une littérature distinguée et une littérature de masse[16].

Un autre facteur est l'industrialisation de la presse, qui permet des publications bon marché et à gros tirage. C’est à ce moment que se multiplient les revues spécialisées de science-fiction qui suivent la tradition des pulps (revues populaires de faible qualité et très peu chères). Citons parmi les premières du genre Weird Tales, née en 1923 ; Amazing Stories, née en 1926 ; Wonder Stories, née en 1929 ; Astounding Stories, née en 1930. Aux États-Unis, plus de 30 revues existeront simultanément. L’édition sous forme de livres des textes de science-fiction est plus tardive, et se manifestera plus particulièrement après la Seconde Guerre Mondiale, avec le livre de poche, et dans des pays dont l'industrie favorise ce type de format aux détriments de la revue, comme la France. Elle précède de peu la disparition de nombreuses revues.

Ce support de parution a fortement marqué le genre. Le format et la périodicité ont fait que beaucoup de nouvelles et de courts romans (novellas) ont été écrits. Les œuvres longues n’étaient que le fait des auteurs les plus célèbres et paraissaient par épisodes, ce qui n’était pas sans conséquences sur le texte puisque les auteurs devaient s’y adapter.

De ces premiers magazines spécialisés ont émergé la plupart des principaux écrivains classiques de science-fiction : Howard Phillips Lovecraft, Isaac Asimov, Frank Herbert, Ray Bradbury, Arthur C. Clarke, Frederik Pohl, Robert A. Heinlein, Alfred Bester, A. E. van Vogt, Clifford Donald Simak, Theodore Sturgeonetc.

Si cette période voit apparaître les auteurs de référence, les productions habituelles n'en sont pas moins médiocres :

« [...] très vite les magazines se multiplient. Ils visent d'abord un public populaire et sacrifient la qualité littéraire ou même la vraisemblance à la recherche du sensationnel [...]. »[17]

Elle est aussi marquée par son temps, en particulier dans les années 1930-1940 où à travers les poncifs du genre transparaissent des thèmes nationaux et populistes :

« On définit souvent ainsi la « dernière » époque Gernsback : des récits sans véritable rigueur narrative, où les aventures s'enchaînent de façon simpliste, où la « conjecture » est réduite à un changement de décor et l'altérité des peuples et planètes extra-terrestres, simplifiée en « danger universel » ; un merveilleux scientifique proche du scientisme et s'encombrant moins de rigueur que de brillant ; une action frénétique mise au service d'une morale réactionnaire. »[18]

La science-fiction n'échappe pas non plus à l'influence du nazisme (voir Science-fiction et nazisme).

Cette période fut aussi marquée par l'émergence du cinéma, né en 1895. Celui-ci se tournera très tôt vers la science-fiction et le fantastique, avec Le Voyage dans la Lune de Georges Méliès (1902) et les films de l’expressionnisme allemand, comme le Nosferatu (Nosferatu, eine Symphonie des Grauens) de F.W. Murnau (1922) et Metropolis de Fritz Lang (1927). Parmi les films majeurs de cette période, on peut citer Frankenstein (James Whale, 1931), King Kong (Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, 1933), qui étonna par ses effets spéciaux, Le Jour où la Terre s'arrêta (The Day the Earth Stood Still, Robert Wise, 1951 — qui réalisera plus tard le premier Star Trek) et Planète interdite (Forbidden Planet, Fred M. Wilcox, 1956). Mais il ne faut pas oublier une production plus populaire mais aussi emblématique, caractérisée (avant l’ère de la télévision) par les serials, films découpés en épisodes, dont les héros s’appelaient Flash Gordon (1936, 13 épisodes) ou Buck Rogers (1939, 12 épisodes).

La bande dessinée ne fut pas en reste, avec l’explosion des comics comme Buck Rogers et Flash Gordon, et ceux qui sont consacrés aux super-héros (Superman, Batman, Wonder Woman (de la DC Comics), ou bien encore Spider-Man, les Quatre Fantastiques, les X-Men (de la Marvel)).

En France, de 1953 à 1962, les publications Artima développèrent ce genre dans des publications de kiosque, avec des histoires originales (Meteor, Atome Kid), et des traductions de matériel britannique (La Famille Rollinson dans l’espace) ou américain (Aventures Fiction, Sidéraletc.).

Mutations des années 1960-1970

Illustration de couverture du Galaxie bis n°45 (1975)

Depuis les années 1960-1970 émerge une science-fiction plus mûre. Elle se penche sur notre société et propose souvent des réflexions sur des problèmes immédiats (écologie, sociologie, rôle des medias, rapport au pouvoir, aux nouvelles technologies, à l’histoire). Elle est ancrée dans son temps et ses problématiques, tout en restant œuvre d’évasion. Elle sert aussi d'exutoire comme le fut La Guerre éternelle de Joe Haldeman, roman dans lequel l'auteur exorcise sa guerre du Viêt Nam. Cela n'empêche pas les éditeurs de continuer à publier une science-fiction purement distractive.

La science-fiction a également exploré d'autres voies à travers l'expérimentation stylistique. Au Royaume-Uni, la New Wave (en) est née autour de Michael Moorcock et sa revue New World (Brian Aldiss et J. G. Ballard, dont le roman Crash est un bon exemple des recherches formelles poursuivies par cette école). Aux États-Unis s'est développée de même la New Thing (Harlan Ellison, Roger Zelazny), un terme popularisé par Judith Merril[19]. En France, Michel Jeury s'est inspiré du Nouveau Roman dans Les Singes du temps et Le Temps incertain.

Aujourd’hui

Depuis lors, la science-fiction est un genre riche et diversifié. Elle mêle des œuvres de grande qualité (et a gagné ses lettres de noblesse littéraires avec des auteurs comme Ray Bradbury) à de la « littérature de gare ». Parmi les auteurs contemporains, on peut citer entre autres Orson Scott Card, Dan Simmons, Iain M. Banks, Alastair Reynolds ou encore Peter F. Hamilton.

Les sous-genres, évoqués au début du texte, se sont aussi multipliés et de nouveaux continuent d’apparaître.

Une nouvelle géographie

La science-fiction a aussi étendu son essor géographiquement, bien au-delà des États-Unis. On a vu, par exemple, une « nouvelle vague » de science-fiction française dans les années 1970 (avec, entre autres, Pierre Pelot (alias Pierre Suragne), Jean-Pierre Andrevon, Gérard Klein (également responsable de la collection Ailleurs et Demain des éditions Robert Laffont, qui a beaucoup fait pour donner à cette littérature ses lettres de noblesse), Michel Jeury, Philip Goy, Dominique Douay, Pierre Bordage et Ayerdhal ou encore Philippe Ebly (pour les enfants et adolescents des années 1970 et 1980). Et aussi René Barjavel qui excelle dans ce domaine. On compte aussi de nombreux auteurs de talent dans les pays de l’Est (rarement traduits en français) avec à leur tête le Polonais Stanislas Lem (Stanisław Lem) et les frères russes Arcadi et Boris Strougatski.

Si en France les revues spécialisées n’ont jamais joué un rôle de premier plan, comme aux États-Unis, elles n’en existent pas moins. Parmi les principales, on peut citer Galaxies, Bifrost, Fiction, Khimaira, Lunatique, Science fiction magazine, Solaris, Univers.

Au cinéma

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Aujourd’hui, la science-fiction est toujours bien présente. Elle a gagné plusieurs lectorats, s’est popularisée avec le cinéma et nombre de ses thèmes sont ancrés dans l’esprit de chacun. La science-fiction est un des genres majeurs du cinéma, soit sous la forme d’adaptations d’œuvres littéraires, soit sous la forme de créations originales. Le Voyage dans la Lune (1902) de Georges Méliès est ce que l'on peut considérer comme le premier film de science-fiction.

Parmi les films importants qui imposèrent un certain nombre de standards, on peut retenir 2001, l’Odyssée de l’espace (1968) de Stanley Kubrick, La Planète des singes (1968) de Franklin J. Schaffner, Star Wars (1977) de George Lucas, Alien - Le huitième passager (1979) et Blade Runner (1982) de Ridley Scott, Mad Max (1979) de George Miller. Les années 1980 peuvent être considérés comme la décennie de la science-fiction ; les plus grands exemples de sa popularité mondiale sont certainement E.T. l'extra-terrestre de Steven Spielberg et la trilogie de Retour vers le futur de Robert Zemeckis. La série télévisée Star Trek (datant de 1966) fut remise à la mode grâce à une saga de films dérivés.

Le cinéma de science-fiction s'est considérablement diversifié à partir des années 1990 avec Jurassic Park de Steven Spielberg, ainsi qu'Independence Day et Stargate (1994) de Roland Emmerich. Ce film engendra les séries à succès Stargate SG-1, Stargate Atlantis et Stargate Universe (respectivement, à partir de 1997, 2004 et 2009). La combinaison avec la comédie fut de nouveau possible grâce à Men in Black de Barry Sonnenfeld, et le drame castastrophe avec Armageddon de Michael Bay.

Plus récemment, Matrix de Andy et Larry Wachowski ouvrit une nouvelle ère pour la science-fiction, avec pour thème le danger d'un monde informatisé. Cela n'empêcha pas les retours aux sources avec le remake La Guerre des mondes (d’après H. G. Wells) et Minority Report (d'après une nouvelle de Philip K. Dick) ; deux films réalisés par Steven Spielberg, l'un des maîtres incontestés du genre.

L’idée que l’on a du film de science-fiction est souvent associée à une débauche d’effets spéciaux, mais il existe des films dits de « science-fiction minimaliste », qui mettent en scène la fiction sans aucun effet spécial, uniquement en jouant avec le cadrage, la mise en scène, le jeu d’acteurs et la musique ; citons, par exemple, La Jetée de Chris Marker (1962), Solaris et Stalker d’Andrei Tarkovsky (1979), Le Trésor des îles Chiennes de François-Jacques Ossang (1990), ou encore Cypher (film, 2002) de Vincenzo Natali, FAQ: Frequently Asked Questions de Carlos Atanes (2004) et Bienvenue à Gattaca d’Andrew Niccol (Gattaca, 1997).

Voir une chronologie détaillée dans l’article Chronologie du cinéma de science-fiction

Dans le cinéma et les séries d’animation

Concernant le cinéma d’animation, les Japonais occupent une place prépondérante tant au cinéma qu’à la télévision (on parle d’anime ou de manga eiga pour désigner ces réalisations), avec notamment des réalisateurs comme Leiji Matsumoto (univers d’Albator et ses dérivés), Katsuhiro Otomo (Akira) et Mamoru Oshii (Ghost in the Shell). Mais des réalisations françaises (Le Secret des Sélénites ou Les Fabuleuses aventures du légendaire Baron de Munchausen de Jean Image, Gandahar de René Laloux), ou bien américaines (Métal hurlant), font partie intégrante du développement de la science-fiction dans le cinéma d’animation.

La déferlante des séries d’animation japonaises (parfois co-produites avec des Français ou des Américains), qui constituèrent l’essentiel des programmes « jeunesse » de la télévision française durant la décennie 1978-1988, contribua largement à populariser le genre en France, bénéficiant d’une diffusion médiatique de masse sur des chaînes hertziennes (TF1, Antenne 2, FR3, puis La Cinq) aux heures de grande audience. De ce fait, des séries telles que Goldorak, Capitaine Flam, Albator, Il était une fois... l'Espace, La Bataille des planètes et Ulysse 31 ont marqué une génération d’enfants français.

En bande dessinée

En bande dessinée, la science-fiction est l’occasion de développer des univers esthétiques fabuleux.

Aux États-Unis, après l’explosion des comics comme Buck Rogers et surtout Flash Gordon d’Alex Raymond (1934). Les précurseurs français sont Raymond Poïvet et Roger Lecureux avec les Pionniers de l'Espérance (1945), Marijac et Auguste Liquois ou Pierre Duteurtre avec Guerre à la Terre publié par Coq hardi (1946/47) et Kline avec Kaza le Martien parut dans l’hebdomadaire OK (Belgique), de 1946 à 1948. Cette bande dessinée s'inspirait de Flash Gordon. En 1947 au Québec, le journal Le Progrès du Saguenay publie la première bande dessinée de science-fiction du pays : Les Deux Petits Nains, du jeune Paulin Lessard.

Il est difficile de ne pas parler d’Edgar P. Jacobs, dont Le Rayon U fut publié en 1943. À la fin des années 1940, il crée la série des aventures de Blake et Mortimer, un classique du genre.

Il y eut ensuite Barbarella (1962) de Jean-Claude Forest, Les Naufragés du temps (1964) de Paul Gillon et Jean-Claude Forest, Lone Sloane (1966) de Philippe Druillet, Luc Orient (1967) d'Eddy Paape et Greg et enfin et surtout Valérian, agent spatio-temporel devenu plus tard Valérian et Laureline de Jean-Claude Mézières, Pierre Christin et Evelyne Tran-Lê (de 1967 à aujourd'hui) qui popularisa le genre science-fiction en bande dessinée. Christin et Mézières souhaitaient que les aventures de Valérian et Laureline soient aussi des histoires de politique-fiction (écologie, relation de classes ou de travail, féminisme, syndicalisme, etc.) plutôt situées à gauche[20] mais non directement ou ouvertement politique comme il peut y en avoir dans Charlie-Hebdo[21]. Mézières fut largement pillé par les décorateurs et les costumiers de George Lucas, qui possédait, entre autres, nombre des albums de Valérian dans sa bibliothèque, pour Star Wars (1977)[22],[23].

Roger Leloup est un scénariste et dessinateur belge dont la série Yoko Tsuno se déroule dans un univers empreint de science-fiction.

Certains albums des Aventures de Tintin et Milou peuvent être classés dans la catégorie "science-fiction", par exemple On a marché sur la Lune, qui raconte, avec quinze ans d’avance, le premier voyage sur la lune, ou Vol 714 pour Sydney, qui fait intervenir des extraterrestres.

Parmi les grands créateurs du genre, on compte beaucoup de dessinateurs et de scénaristes français ou travaillant en France, notamment ceux qui gravitent autour du journal Métal hurlant ; citons, par exemple, Enki Bilal, Caza, Philippe Druillet, Alejandro Jodorowsky, Olivier Ledroit, Moebius et Olivier Vatine. Pareillement avec le magazine bimensuel Ere comprimée avec Dick Matena, Rafa Negrete ou encore Cacho Mandrafina.

Aux États-Unis, on peut citer Alex Raymond, Richard Corben, Frank Miller, et les Britanniques Simon Bisley, Pat Mills (scénariste) et Alan Moore (scénariste).

En 1950, Frank Hampson créa pour le magazine britannique Eagle, Dan Dare, Pilot of the Future.

Les mangas (bandes dessinées japonaises) exploitent elles aussi énormément les thèmes de la science-fiction et du fantastique. Citons par exemple Go Nagai, Katsuhiro Otomo et Masamune Shirow.

Fandom, lectorat et prix littéraires

La littérature de science-fiction a généré une importante activité : du fait de sa publication relativement marginale, elle a très tôt suscité la création de formes d'institutionnalisation qui lui étaient refusées par la littérature « distinguée » et la critique littéraire source de légitimité. Des communautés d'initiés se sont créées : l'expression fandom de la science-fiction ou fandom SF fait ainsi référence à la communauté de gens dont l'un des intérêts principaux réside dans la science-fiction, ces personnes étant en contact les uns avec les autres en raison de cette passion commune.

Des prix littéraires ont aussi été créés, d'abord par les amateurs de science-fiction, puis par des éditeurs qui ont marqué une professionnalisation du genre. Les plus importants de ces prix sont les prix Hugo et Nebula pour les États-Unis et pour la France le Grand Prix de l'Imaginaire et le prix Rosny aîné.

D'après certaines enquêtes, le lectorat de la science-fiction serait majoritairement composé de garçons, collégiens ou lycéens[24]. Des études sociologiques plus rigoureuses suggèrent en revanche que le genre n'est pas le critère dominant, la SF étant, à l'école, la littérature privilégiée des bons élèves et issus de milieux aisés[25] de même que ses lecteurs adultes disposent d'une éducation supérieure à la moyenne, technique ou non[26].

Sélection d'œuvres

Littérature

Sources

Études

  • Marc Atallah, Écrire demain, penser aujourd'hui. La Science-fiction à la croisée des disciplines: façonner une poétique, esquisser une pragmatique, thèse de doctorat sous la dir. de Danielle Chaperon, Lausanne, 2008
  • Jacques Baudou, La Science-fiction, Que sais-je ?, PUF, 1985
  • Roger Bozzetto, La Science-fiction, Armand Colin, 2007
  • Amis Kingsley (Préface de Jean-Louis Curtis), L’Univers de la science-fiction, traduit de l'américain par Élisabeth Gille, Payot, 1962
  • I. Langlet, La Science-fiction. Lecture et poétique d'un genre littéraire, Armand Colin, 2006
  • Gilbert Millet et Denis Labbé, La Science-fiction, Belin, janvier 2002
  • André-François Ruaud et Raphaël Colson, Science-fiction, une littérature du réel, Klincksieck, 2006
  • Richard Saint-Gelais, L'Empire du pseudo : modernités de la science-fiction, Québec, Nota Bene, 2005, ISBN 978-2-89518-034-0
  • Darko Suvin, Pour une poétique de la science-fiction, Presses de l'Université du Québec, 1977
  • Peter Szendy, Kant chez les extraterrestres. Philosofictions cosmopolitiques, Minuit, 2011

Dictionnaires et encyclopédies

  • Brian Ash, Encyclopédie visuelle de la science fiction, Albin Michel (ISBN 978-2-226-00691-2)
  • Claude Aziza & Jacques Goimard, Encyclopédie de poche de la science-fiction, Presses Pocket, 1986
  • Stan Barets, Le Science-fictionnaire (anciennement « Catalogue des âmes et cycles de la science-fiction » publié en 1981), « Présence du futur » Denoël
  • Francis Berthelot, Bibliothèque de l’Entre-Mondes : Guide de lecture, les transfictions, « Folio science-fiction » Gallimard
  • (en) John Clute and Peter Nicholls, The Encyclopedia of Science Fiction, New York: St Martin's Press, 1995 (ISBN 978-0-312-13486-0)
  • Jacques Goimard, Critique de la science-fiction, « Agora » Pocket, 2002
  • Lorris Murail, Les maîtres de la science-fiction, coll. Les compacts, Bordas, 1993
  • Lorris Murail, Le Guide Totem de la science-fiction, Larousse, 1999
  • François Rouiller, 100 mots pour voyager en Science-Fiction, Les Empêcheurs de Penser en Rond, 2006
  • Francis Valéry, Passeport pour les étoiles, « Folio science-fiction » Gallimard
  • Pierre Versins, Encyclopédie de l'utopie, des voyages extraordinaires et de la science-fiction, l'Âge d'homme, 1972

Références bibliographiques

Notes et références

  1. A Little Earnest Book Upon A Great Old Subject, p. 137, disponible sur Google Livres.
  2. Citations de cette expression sur le site Science Fiction Citations.
  3. Roger Bozzetto, La Science-fiction, Armand Colin, 2007
  4. Citations de cette expression sur le site Science Fiction Citations.
  5. Robert A. Heinlein, "Grandeur et misères de la science-fiction", in Robert A. Heinlein et la pédagogie du réel, Editions du Somnium, 2008.
  6. a et b Cf. « Le nouveau petit Robert, dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française », Éditions du Dictionnaire Le Robert, 1993.
  7. Voir, par exemple, la définition du Trésor de la langue française.
  8. Voir un échantillon sur Wikipedia anglophone : Definitions of science fiction.
  9. The Cambridge Companion to Science Fiction, Cambridge University Press, 2003, pp. 3-6.
  10. Philip K. Dick, nouvelles 1947-1953, Denoël, 2000
  11. Anne Besson, La Fantasy, Klincksieck, 2007
  12. Westfahl, Gary, "Introduction", Cosmic Engineers: A Study of Hard Science Fiction (Contributions to the Study of Science Fiction and Fantasy), Greenwood Press, p. 2. ISBN 978-0-313-29727-4.
  13. I. Langlet, La Science-fiction : Lecture et poétique d'un genre littéraire, Armand Collin, 2006, p. 134 
  14. Roger Bozzetto, La Science-fiction, Armand Colin, 2007 
  15. Jean Gattégno, La Science-fiction, coll. « Que sais-je » (no 1426), 1971, p. 9 
  16. I. Langlet, La Science-fiction, Lecture et poétique d'un genre littéraire, Armand Collin, 2006, p. 142.
  17. La Grande Anthologie de la science-fiction, Histoires de robots, « Introduction à l'anthologie », p. 9.
  18. I. Langlet, La Science-fiction, Lecture et poétique d'un genre littéraire, Armand Collin, 2006, p. 143.
  19. {en}Beyond the Whole Jar: An Interview With Judith Merril, Part II, Allan Weiss, SOL Rising n°19, août 1997
  20. Auracan n° 21 éditions Graphic Strip 1998 ISSN 0777-5962
  21. Les Cahiers de la bande dessinée n° 7 éditions Jacques Glénat 1970
  22. Sur les traces de Valérian et consorts Libération 13/10/1999
  23. Noirs dessins Jean-Philippe Guerand Le Nouveau cinéma novembre 1999
  24. Enquête de la revue Lecture-Jeune. Voir aussi S. Manfrédo, La Science-fiction, aux frontières de l'homme, p. 126.
  25. Ch. Detrez, M. Cartierb et Ch. Baudelot, et pourtant ils lisent..., Seuil, 1999.
  26. A. Torres, La Science-fiction française, auteurs et amateurs d'un genre littéraire (thèse de doctorat en sociologie), L'Harmattan, 1997.

Voir aussi

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