Visitation de Caen

Visitation de Caen

Monastère des Visitandines de Caen

Monastère des Visitandines
de Caen
Vue générale de l'édifice
Vue générale de l'édifice

Nom local La Visitation
Latitude
Longitude
49° 10′ 53″ Nord
       0° 22′ 31″ Ouest
/ 49.1812581, -0.3751606
 
Pays France
Région Basse-Normandie
Département Calvados
Ville Caen
Culte Catholique romain
Type Monastère
Rattaché à Ordre de la Visitation
Début de la construction 1810
Fin des travaux 1892
Classé(e) ISMH, 13/06/1927
ISMH, 18/11/1988

Le monastère des Visitandines de Caen, appelée également monastère de la Visitation de Sainte-Marie de Caen ou Visitation de Caen, est un monastère fondé par l'Ordre de la Visitation dans le Bourg-l'Abbé à Caen au début du XVIIe siècle. Chassées à la révolution, les Sœurs ont reconstitué la communauté au début du XIXe siècle et se sont installées dans l'ancien logis abbatial de l'abbaye aux Hommes.

Le cloître de l'ancien monastère fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 13 juin 1927[1].
Les bâtiments conventuels de l'ancien monastère fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 18 novembre 1988[2].
La chapelle de l'actuel monastère fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 19 novembre 2002[3].

Sommaire

Le premier monastère (1631 - 1792)

Situation du couvent dans Bourg-l'Abbé en 1672

L'implantation des sœurs de la Visitation à Caen s'inscrit dans l'important mouvement de fondation d'établissements religieux consécutif à la Contre-Réforme. Au XVIIe siècle, de nombreux monastères et couvents sont en effet fondés à Caen, ville où les Huguenots étaient autrefois nombreux[4]. Fondé à Annecy dans les années 1610 par François de Sales et Jeanne de Chantal, l'ordre se développe partout en France dans les décennies qui suivent. Six religieuses professes quittent le monastère lyonnais pour s'installer le 20 octobre 1627 à Dol-de-Bretagne[5]. Mais quatre ans plus tard, elles délaissent cet établissement insalubre et élisent domicile le 16 juillet 1631 dans une maison de la rue Saint-Jean à Caen[5]. L'année suivante, en 1632, elles choisissent de s'établir définitivement à la périphérie de la ville près du monastère des Capucins (actuel Bon-Sauveur)[6] et du Godiveau, temple protestant construit en 1611 et détruit en 1685 après la révocation de l'Édit de Nantes[7]. Elles achètent le 16 décembre 1632 un terrain de cinq acres entouré d'une muraille et dans lequel se trouve une maison, une cour, un colombier et un jardin[5]. En 1655, les Visitandines de Caen tentent de fonder une nouvelle Visitation à Saint-Sauveur-le-Vicomte ; mais elles échouent du fait de la mort de la mère supérieure, Marie du Breuil de Pontbriand, et reviennent dès 1656[5].


De 1632 à 1661, Marie-Élisabeth de Maupeou fait construire par Guillaume Brodon l'église et les bâtiments conventuels[8]. Les bâtiments conventuels sont construits de 1632 à 1647 autour d'une cour carrée aménagée en cloître dans les années 1650[8]. Les galeries sont percées par des arcades en plein cintre encadrées par des pilastres surmontées de chapiteaux d'ordre toscan. Dans l'agglomération caennaise, on retrouve ce style très sobre, typique du classicisme français, à l'abbaye d'Ardenne, dont le cloître est reconstruit quelques décennies auparavant, et à l'abbaye aux Hommes, relevée un siècle plus tard. Comme à l'abbaye aux Dames, le cloître n'est pas fermé, le bâtiment ouest étant manquant. L'église, construite entre 1648 et 1661, est consacrée par l'évêque de Bayeux, Mgr de Nesmond le 8 avril 1668[6]. Elle vient remplacer une chapelle plus petite et plus exposée au bruit du fait de sa proximité avec la route de Bretagne (actuelle rue Caponière)[9]. Marie de Harcourt-Beuvron et sa sœur Marie-françoise d'Harcourt ayant pris l'habit à la Visitation de Caen respectivement en 1646 et en 1652[10], ce nouveau lieu de culte est financé par la puissante famille d'Harcourt ; en contre-partie, la famille dispose du privilège de posséder un caveau dans l'église. Marie-françoise d'Harcourt fut par ailleurs supérieur de la Visitation de Caen de 1680 à 1683, de 1692 à 1695 et de 1704 à 1707.[10] Le style de l'édifice rappelle celui des églises jésuites[8]. Le plan prend la forme d'une croix grecque. Au dessus de la croisée du transept, le clocher en forme de dôme est surmonté d'un lanternon. La façade du portail principal est ornée de colonnes d'ordre dorique au niveau inférieur et ionique au niveau supérieur[6]. Dans les années 1780, un pensionnat est également construit à côté du monastère[11].

Le cloître de l'ancien monastère

Les Visitandines étaient à l'origine orientées vers la voie de la vita activa et s'investissaient dans la vie locale. L'institution avait pour objectif de secourir les filles et femmes à la santé fragile[12]. Le 30 juillet 1644, l'évêque de Bayeux, Mgr d'Angennes, permet à des sœurs de la Visitation de Caen de venir reprendre en main l'institut fondé par Jean Eudes pour recueillir les prostitués repenties[13]. Bien que réticente, la supérieure de la Visitation de Caen, Maris-Françoise Marguerite Patin, s'installe le 16 août 1644 au refuge avec deux autres nonnes pour gouverner l'établissement connu sous le nom de Notre-Dame du Refuge, puis de Notre-Dame de Charité[14]. Lassées du manque de moyens et de l'opposition à laquelle elles doivent faire face, les sœurs de la Visitation quittent l'institut en 1649[15]. Elles sont ensuite remplacées par une nouvelle communauté fondée ad hoc, l'ordre de Notre-Dame de Charité, qui n'est reconnue officiellement par le nouvel évêque de Bayeux, Mgr Molé, que le 8 février 1651[16]. Les Visitandines de Caen sont également envoyées à la Charité de Bayeux et au Bon-Sauveur de Saint-Lô[17]. La règle de la clôture s'est ensuite imposée et les Visitandines se sont retirées dans la vie contemplative. À Caen, leur travail été repris à partir de 1720 par Anne Le Roy qui fonde à Vaucelles une communauté non cloîtrée prenant en charge « des filles et femmes débauchées », puis des femmes aliénées, connue à partir de 1734 sous le nom de Filles du Bon-Sauveur[18].

Le 3 novembre 1789, l’Assemblée Nationale décide de mettre les biens ecclésiastiques à la disposition de la Nation. Dès le 13 janvier 1790, la chapelle est attribuée à la la cinquième sections révolutionnaires pour qu'elle y tienne ses réunions. Le 18 mai de cette même année, le District dresse l'inventaire du mobilier et des livres à l’usage des religieuses ; puis le 18 juin, l'état des aumônes libres que la Visitation faisait année commune est établi. Le 11 août et 15 août 1792, les monastères sont définitivement interdits et les congrégations hospitalières et enseignantes sont dissoutes ; le pensionnat de la Visitation est donc fermé[19]. Dès le 17 août 1792, l'armée occupe les lieux. Les sœurs sont chassées par groupes et les dernières religieuses quittent l'établissement en octobre 1792. [20]

Dès le 14 octobre 1793, une commission est chargée par la ville de dénombrer le nombre de lits pouvant être utilisés pour loger les soldats dans différents établissements de la ville, notamment à la Visitation. Des procès-verbaux dressés en novembre 1793 et juin 1794 constatent que les troupes de passage commettent des actes de vandalisme dans l'ancien établissement religieux[21]. Au début du XIXe siècle, le monastère caennais est définitivement transformé en caserne. L'église est utilisée comme une annexe militaire[9] et des écuries sont construits dans les anciens jardins à partir de 1835[8]. Vers cette date, la caserne de la Visitation est rebaptisée dépôt de Remonte, puis Quartier Lorge.

Inscription à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Le 13 juin 1927, l'ancienne chapelle et le cloître sont inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. L'ancienne église est détruite pendant la bataille de Caen en 1944 ; elle a donc été radiée de la liste des monuments historiques par l'arrêté du 15 février 1946. En revanche, les façades et toitures des anciens bâtiments conventuels ont été inscrites à leur tour le 18 novembre 1988, en même temps que les bâtiments à usage militaire construits au XIXe siècle[22].

Le monastère actuel (depuis 1810)

En 1805, l’ordre est rétabli en France par Napoléon Ier sur la demande de sa mère Laetitia Bonaparte. En 1810, les sœurs de la Visitation s'installent de nouveau à Caen. Elles font l'acquisition de l'ancien logis abbatial de l'abbaye aux Hommes, construit entre 1755 et 1759 dans le clos de la Pépinière[23]. Les religieuses de la Visitation de Caen sont définitivement autorisées par ordonnance royale du 22 février 1826[24].

Les nonnes agrandissent leur propriété en rachetant la parcelle de Mariette et les terrains de la cour des Granges[9]. De nouveaux bâtiments sont ajoutés à l'édifice originel. Au sud du monastère, elles aménagent les jardins situés entre la rue de l'Abbatiale et les anciennes fortifications de l'abbaye. Les sœurs font construire une première chapelle le 24 juin 1812, puis une seconde commencée en 1833 et bénite le 19 février 1838. En 1889, les sœurs décident de faire construire par l'architecte caennais Edmond Hébert une troisième chapelle financée grâce au legs de Louise de Vendes. L'abbé Esnault, aumônier du monastère, participe à l'élaboration des plans. Rapine, architecte des Monuments historiques, et concepteur du monastère des Visitandines d'Orléans semble aussi y avoir été associé. Les travaux commencent en juin 1890 et la première pierre est bénite par Mgr Hugonin, évêque de Bayeux, le 19 mai 1891. Après l'achèvement des travaux, la chapelle est bénite le 25 septembre 1892 et consacrée le 17 octobre 1893[25]. La façade du portail principal s'inspire de l'architecture de l'ancienne chapelle du quartier Lorge.

La sœur de Zélie Martin était visitandine à Caen[26]. Sa nièce Léonie Martin, la sœur de Thérèse de Lisieux, est entrée à la Visitation de Caen par trois fois en 1887, de 1893 à 1895 où elle prend l'habit sous le nom de sœur Thérèse-Dosithée, puis définitivement en 1899 sous le nom de sœur Françoise-Thérèse. Elle meurt en 1941 et son corps est inhumé dans la crypte de l'église.[27]

De 1909 à 1920, la communauté est exilée à Saint-Leonard-on-Sea (Borough d'Hastings, Royaume-Uni).[réf. nécessaire] Elle reçoit les visitandines d'Orléans en 1980 après la fermeture de leur monastère de Chécy[28]. Le Musée de la Visitation de Moulins doit son existence en 1991 à l’initiative (avec le soutien de la communauté) de l’archiviste de Caen, sœur Françoise Bernadette Lara, dernière supérieure d’Orléans[29].

Depuis octobre 1967, un foyer de 35 chambres accueille des étudiantes de moins de 25 ans. Cet établissement situé dans le clos de la Visitation est tenu par une religieuse mais demeure à l'écart du monastère proprement dit[30].

Inscription à l'inventaire supplémentaires des monuments historiques. La chapelle, à l'exception du chœur des religieuses, est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis le 19 novembre 2002.

Deux tableaux sont classés au titre objet[4] [31] :

  • la Fontaine de vie, panneau peint à l'huile sur bois au XVIIe siècle, sûrement par un artiste d'origine flamande, offert au monastère en 1734 (16/11/1998) ;
  • la Visitation, huile sur toile peinte par Pierre Mignard en 1660, transféré à Caen en 1985 depuis la Visitation d'Orléans (15/12/2000).
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Notes et références

  1. Base Mérimée
  2. Base Mérimée
  3. Base Mérimée
  4. a  et b Catalogue d'exposition, La peinture religieuse à Caen, 1580-1780, Musée des Beaux-Arts de Caen, 2000
  5. a , b , c  et d Cf. Pierre Gouhier, p. 148
  6. a , b  et c Cf. Trébutien
  7. Musée virtuel du protestantisme français
  8. a , b , c  et d Cf. Lenglart
  9. a , b  et c Cf. Collet
  10. a  et b Cf. Pierre Gouhier, p. 150
  11. Mémoire adressé à la Cour administrative d'appel de Nantes le 7 janvier 2002
  12. Gervais de la Rue, Mémoires d'antiquités locales et annales militaires, politiques et religieuses de la ville de Caen et de la Basse-Normandie, Caen, Mancel, 1842. Vol. 2, p. 406 [texte intégral]
  13. Père Julien Martine, Vie du R.P. Jean Eudes, manuscrit inédit publié et annoté par l’abbé Le Cointe, Caen, Imprimerie le Blanc-Hardel, 1880, tome 2, p. 145
  14. Père Julien Martine, ibid., p. 147
  15. Père Julien Martine, ibid., p. 160
  16. Père Julien Martine, ibid., p. 167
  17. Cf. Pierre Gouhier, p. 153
  18. J.-V.-F. Lamouroux, Notice sur le Bon-Sauveur, lue à l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Caen, 1824, p. 28 [texte intégral]
  19. Robert Patry, Caen pendant la Révolution de 1789, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles CORLET, 1983, p. 335
  20. Lieutenant-Colonel Legout, Le quartier Lorge, de 1632 à nos jours, Armée de Terre, 1989,
  21. Robert Patry, op. cit., p. 460
  22. Ministère de la Culture
  23. Célestin Hippeau, L'abbaye de Saint-Étienne de Caen, 1066-1790, Caen, Hardel, 1855, p. 368
  24. Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlemens avis du Conseil d'état, tome 26, Paris, A. Guyot et Scribe, 1853, 2e éditions, p. 43
  25. Patrimoine de France
  26. Le Carmel en France
  27. Sanctuaire de Lisieux
  28. La Gazette d'Orléans, 24 mars 2008
  29. Musée de la Visitation
  30. Foyer de la Visitation
  31. Ministère de la Culture - Base Palissy

Bibliographie

  • Christophe Collet, Caen, cité médiévale : bilan d’histoire et d’archéologie, Caen, Caen Archéologie, 1996
  • Pierre Gouhier, « Spiritualité visitandine en Normandie », dans Lucien Musset, Maylis Baylé (dir.), Aspects du monachisme en Normandie: actes du Colloque scientifique de l'"Année des abbayes normandes," Caen, 18-20 octobre 1979, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, 1982, (ISBN 2711620344 et ISBN 9782711620340), p. 143-154
  • Abbé Heurtevent, Histoire de la Visitation de Caen, Mémoire de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Caen, 1934
  • Philippe Lenglart, Caen, architecture et histoire, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 2008
  • Guillaume-Stanislas Trébutien, Caen, son histoire, ses monuments, son commerce et ses environs, Caen, A. Hardel, 1880, 3e édition

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